TOUT EST DIT

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vendredi 20 juillet 2012

Pas de vacances pour la crise


Le président du Conseil italien, Mario Monti, a annoncé qu'il n'y aura pas de vacances pour son gouvernement. Au-delà du signal médiatique, Il Professore, comme on l'appelle dans la péninsule, sait que la trêve estivale est souvent la période de tous les dangers sur le plan monétaire. Elle est souvent exploitée pour des actions de guérilla monétaire tant par les gouvernements (dévaluations) que par les marchés qui profitent de la faiblesse des échanges pour mener à moindre coût des actions spéculatives.

C'est aussi la période privilégiée pour sortir les cadavres du placard (plans sociaux, restructurations...). Bref, l'époque est bien finie des étés paisibles à l'abri des tempêtes en tous genres.
L'été 2012 ne se présente pas sous les meilleurs auspices. La croissance mondiale est au ralenti, y compris au sein des pays émergents (Chine, Brésil...). Les perspectives aux États-Unis sont molles alors que va se dérouler, jusqu'en novembre, la campagne présidentielle. La Grande-Bretagne se porte mal en dépit des injections massives de liquidités de la Banque d'Angleterre. Les membres de l'Union européenne, à l'exception de quelques pays comme la Pologne, la Suède ou l'Allemagne, n'ont que de médiocres perspectives en vue (0,3 % de croissance au sein de l'Union) et la zone euro ne parvient toujours pas à rassurer.
Fin juin, le dernier sommet du Conseil européen a été, à première vue, un succès : l'Allemagne y aurait fait quelques concessions qui donneraient un peu de répit aux pays les plus exposés, Espagne et Italie. Les Bourses ont salué les résultats avec un bond substantiel. Perdu puis regagné depuis... La baisse sans précédent du taux de la BCE (Banque centrale européenne), de concert avec d'autres banques centrales dont celle de Chine, s'est soldée par un « flop » : alors que la baisse du taux de référence (à 0,75 %) aurait dû satisfaire les investisseurs, les Bourses mondiales se sont repliées dans un bel ensemble !
Le cercle vicieuxde la récession
Ces paradoxes ont une explication : la panne de confiance. Gouvernements et banques centrales ont beau multiplier les mesures techniques en prétendant à chaque fois que l'euro est solide, la Grèce sortie de l'ornière, l'Espagne mise au sec et l'Italie à l'abri, personne n'y croit vraiment. Comme l'a écrit l'éditorialiste du Financial Times, le sentiment dominant est que le naufrage est toujours possible. Les pays européens et les États-Unis sont criblés de dettes. Les coupes sombres ou les augmentations d'impôts tuent les espérances de croissance, sapent le moral des citoyens. Et le cercle vicieux de la récession semble désormais bien enclenché. La globalisation, en créant une profonde interdépendance entre pays, rend la situation encore plus inextricable et il n'y a pas de Roosevelt à l'horizon...
Cette situation d'extrême précarité et fragilité nous met sous la menace de décisions erronées ou tardives qui rendent, à chaque fois, les mesures à prendre plus douloureuses ou moins efficaces. C'est pourquoi l'été 2012 pourrait être, à nouveau, celui de tous les dangers. Pour la zone euro dans son ensemble. Pour la France en particulier. Il suffirait de peu de chose, par exemple un plan de rigueur qui ne convainc pas les marchés, pour enclencher une tempête de suroît dont les gens de l'Ouest savent qu'elles sont les plus terribles.

Héritages



Il faut être en France très riche, ou très maladroit, pour payer des droits de succession. Un peu moins aujourd’hui, certes, après que les socialistes ont alourdi ces droits pour alléger les déficits. Tout de même, neuf héritages sur dix resteront exonérés d’impôt. Est-ce trop, ou pas assez ? Allez savoir, nous sommes tellement contradictoires... Nous nous voulons toujours héritiers de la Révolution, qui mit les aristocrates à la lanterne et abolit leurs privilèges... Mais nous sommes aussi un peu tous descendants d’Auvergnats, adeptes du matelas rembourré au Louis d’or et du bas de laine gonflé de billets. Nous sommes Français, citoyens d’un très vieux pays qui se rêve jeune et révolutionnaire. Féroces contempteurs des «fils de», et féroces défenseurs du pécule épargné pour nos enfants. Et bien sûr sans pitié pour les politiques qui prétendent gouverner nos contradictions.

Commission Jospin, Jouyet à la CDC : la République des copains

L’Etat PS prend tranquillement ses marques dans la froidure (sic) estivale. Ces mêmes socialistes, qui pendant cinq ans ont dénoncé le « clan Sarkozy », se partagent les postes et les honneurs dans un entre-soi qui en dit long sur leur conception de la morale publique.
Après la nomination à la tête de la Caisse des dépôts du socialisto-sarkozyste Jean-Pierre Jouyet, sauvé des eaux de l’ouverture par la grâce de son amitié de trente ans avec François Hollande, c’est un autre proche du président de la République qui est prestigieusement recasé : Lionel Jospin.
L’ancien Premier ministre mythique du socialisme à la française (tellement brillant qu’il a réussi à se faire battre par Jean-Marie Le Pen) revient au premier plan avec sa nomination à la tête d’une commission (il va falloir s’habituer à ce terme tant François Hollande semble l’apprécier et vouloir en faire l’alpha et l’oméga de sa politique) pour la moralisation de la vie politique.
Quels curieux messages envoyés par le pouvoir socialiste que de prétendre s’atteler à l’indispensable besoin de modernisation de notre système démocratique en rappelant coup sur coup un ancien socialiste qui aura mangé à tous les râteliers en devenant ministre de Nicolas Sarkozy… et son mentor qui était pourtant très bien dans sa retraite de l’île de Ré.
Les commentateurs et journalistes de gauche nous resserviront sans doute la soupe du « Sarko faisait pareil »… Mais justement, n’a-t-il pas été éreinté pour ses pratiques, qui ne sont pourtant jamais allé aussi loin que le spectacle que nous donne à voir la gauche au pouvoir.

François Hollande avance de biais 


Lors d’un déplacement, mardi matin, dans un centre de soins palliatifs animé par des religieuses protestantes, le président de la République a donné pour cadre symbolique à l’ouverture d’une nouvelle « réflexion » sur l’euthanasie un lieu qui répond à la souffrance de ceux qui pourraient être tentés de vouloir leur propre mort, en la soulageant.
D’ailleurs François Hollande n’a pas prononcé le mot « euthanasie », car comme avec l’IVG, c’est l’euphémisme qui permet de faire passer les légalisations des gestes mortels : il a appelé cela « un acte médical assumé », dans « les cas exceptionnels où l’abstention thérapeutique ne suffit pas à soulager les patients aux prises avec une douleur irréversible ».
Que de bizarreries dans cette phrase ! Depuis quand l’« abstention thérapeutique » permettrait-elle de soulager la douleur ? Qu’est-ce qu’une « douleur irréversible » ? Un processus peut l’être. Mais avoir mal ?
Il faut, me semble-t-il, comprendre cette phrase dans le véritable contexte de la loi Leonetti qu’il est donc question de remettre en discussion. La loi Leonetti, contrairement à ce que l’on prétend, n’est pas une loi contre l’euthanasie, même si elle pose correctement de nombreux points, permettant aux patients de récuser des soins qui font plus de mal que de bien, et faisant une juste distinction quant aux gestes médicaux qui peuvent, pour soulager le patient qui souffre, hâter la mort sans comporter l’intention de la donner, et les actes qui ont pour but de provoquer la mort qui, eux, sont apparemment proscrits.
Apparemment parce que la loi Leonetti permet aussi, même chez des personnes dont la mort n’est pas imminente et qui ne souffrent pas de recevoir une alimentation « artificielle », même chez des personnes qui ne sont pas en phase terminale, de cesser cette alimentation, ce qui a pour effet et pour but de causer la mort au terme d’un délai plus ou moins long.
En ce sens l’abstention thérapeutique visée par Hollande pourrait bien être le retrait de ces soins ordinaires qui sont pourtant dus au malade sous peine de l’euthanasier « par omission », dans tous les cas où l’alimentation ne fait pas plus de mal que de bien et ne cause pas de souffrances indues.
Ce genre de cas a provoqué la mobilisation du lobby de l’euthanasie qui a pointé les souffrances inhumaines, pour le malade « désintubé » et son entourage qui assiste à des agonies dures et prolongées, que peut causer l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation, et qui en a tiré argument pour demander une révision de la loi Leonetti. L’euthanasie permettant d’aller vite serait bien plus humaine : voilà le refrain.
En insistant sur les soins palliatifs, en tournant autour de l’euthanasie avec une précaution de crabe, François Hollande ouvre consciemment un peu plus la place à la « mort choisie ». Il s’entoure de mille précautions, allant jusqu’à saluer les préoccupations « spirituelles » sur la valeur de la vie ; il a même reçu le cardinal Vingt-Trois à la veille de sa visite au centre Notre-Dame du Lac, à Rueil-Malmaison, pour lâcher ce qui demeure une bombe, fût-elle munie d’un silencieux.
Leonetti lui-même attend l’ouverture d’un « large débat public »… pour mieux faire connaître sa propre loi ; Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité et ancien Monsieur-Droits LGBT de l’UMP, préférerait un référendum pour ne pas enterrer la question dans une commission (une euthanasie lente ?) et dénonce la nomination du Pr Didier Sicard pour mener cette « mission sur la fin de vie ». Voici l’ancien président du Comité consultatif national d’éthique, qui a ouvert la porte à tant de transgressions, bombardé « proche de la théologie morale catholique ».
Celui-ci n’a pourtant pas brandi un drapeau pro-vie, ni même des principes clairs. « Je suis médecin, mais je plaide pour que le débat soit plus sociétal que médical. Il faut aller à la rencontre de ceux qui ne parlent jamais, et non reconstituer un puzzle avec ceux que l’on connaît déjà », dit-il : « Je vais chercher à tout prix à me tourner vers les citoyens, comprendre ce que les cadres, les ouvriers, les paysans pensent », il est soucieux « d‘éviter une discussion figée par les positions pro ou anti-euthanasie ». « Je ne viens pas avec un armement idéologique, religieux ou médical et je m’interroge, comme l’ensemble des Français (…). Il faut aller chercher les naïvetés sur la question, plus que les jugements abrupts. »
S’il voulait discréditer le principe du respect de la vie : tu ne tueras pas, il ne s’exprimerait pas autrement. Et d’ailleurs il avoue :  
« Certains jours, je trouve inacceptable que quelqu’un disant souhaiter en finir n’obtienne pas de réponse. »
Il ne faudra pas se laisser duper par les entourloupes et autres embrouillaminis qui laissent prévoir un « débat » pipé…