TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 3 septembre 2011

Papandréou: Le PASOK sortira le pays de la surveillance et de la dépendance

Le premier ministre et président du PASOK, Georges Papandréou, a assuré que le PASOK sortira le pays de la surveillance et de la dépendance et fera en sorte qu'il puisse aller de l'avant de ses propres forces.

"Aujourd'hui, notre formation politique sortira le pays de la surveillance et de la dépendance, et elle lui permettra de se tenir à nouveau debout", a affirmé M. Papandréou, dans son intervention samedi en réunion de la Conférence nationale du PASOK, qui coïncide, le 3 septembre, avec le jour anniversaire de la fondation du parti.

M. Papandréou a souligné que "les citoyens nous jugeront en 2013, et d'ici là nous aurons non seulement réussi à sortir la Grèce de la crise, mais nous aurons achevé des changements aussi nombreux et importants, qu'ils auront posé les bases d'une marche différente de la Grèce à l'avenir".

"Alors, les citoyens pourront juger à sa juste valeur la dimension de l'oeuvre historique et nationale que nous avons offerte au cours de notre mandat", a insisté M. Papandréou, se disant fier d'avoir "répondu à l'appel national de l'histoire".

M. Papandréou, qui a annoncé à cette occasion la convocation d'un Congrès du PASOK au printemps 2012, n'a pas manqué de se référer en ouverture de son discours à ce jour qui marque le 37e anniversaire de la fondation du PASOK (3 septembre 1974), en rappelant que "notre fondation est venue exprimer des aspirations du peuple grec et de la Grèce et satisfaire la nécessité de réprésentation d'une grande part de la société grecque qui était jusque là laissée en marge".

Se référant à la grande ligne idéologique du PASOK, M. Papandréou a indiqué que le parti considère le marché comme un outil qui est régulé par l'Etat, et l'Etat un outil démocratique au srvice de l'Homme et de la société.

"La gauche dogmatique est incapable d'exprimer une conception radicale de l'Etat", a lancé M. Papandréou, posant la question "quel Etat voulons-nous, un Etat qui soit l'otage des divers intérêts ou un Etat de prévoyance, de transparence, de justice et d'égalité devant la loi?" "Si nous voulons la seconde version, nous devons être prêts à nous heurter à des conceptions et pratiques et à ne pas dissimuler des logiques conservatrices derrière des slogans révolutionnaires", a-t-il ajouté.

Le PASOK "est et restera toujours une force politique et sociale majoritaire de la gauche patriotique, démocratique, socialiste et écologique", a renchéri M. Papandréou, situant un des enjeux prioritaires dans la mise en place d'une "gouvernance mondiale, sinon d'une gouvernance démocratique européenne forte, qui posera des régulations, des conditions et des contrôles".

Au plan purement économique, M. Papandréou a parlé de la nécessité d'une nouvelle stratégie européenne de développement axée sur l'"économie verte", mais aussi sur l'urgence de trouver de nouveaux moyens de financement au niveau européen, grâce notamment à l'imposition d'une taxe sur les transactions financières, alors qu'à propos de la crise de la dette en Europe, il a plaidé pour l'émission d'euro-obligations.

La Grèce en mauvais Etat

La dette grecque serait désormais hors de contrôle. Le constat vient d'Athènes même, délivré par une commission parlementaire. Asphyxié par une récession plus forte que prévue et miné par l'économie souterraine, le pays semble bien incapable d'honorer ses échéances. 
La scène se passe à Hydra, une île du golfe Saronique, à deux heures de bateau du Pirée, fréquentée par la bonne société grecque, y compris le Premier ministre Georges Papandréou. A l’issue d’un dîner dans une taverne réputée qui réunissait, courant août, une dizaine de convives, la patronne apporte l’addition : 150 euros. Elle est faite à la main, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été enregistrée. Payer en carte de crédit ? Hors de question, il n’y a pas de terminal. Ce sera donc cash. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la taverne travaille pour l’essentiel au noir et échappe ainsi à l’impôt.
Cette taverne n’est pas une exception, loin de là. Dans toute l’île, les restaurants, mais aussi les cafés, fraudent le fisc au vu et au su de tous, tout comme les pensions non déclarées qui doublent la capacité hôtelière d’Hydra. Ainsi, un établissement ayant pignon sur rue propose sept chambres à 50 euros minimum, payables cash et sans facture. Si l’on compte quatre mois de saison, cela rapporte 42 000 euros au propriétaire (moins les charges) net d’impôt. Les cafés et les entrepreneurs ne sont pas en reste. Ce sont ainsi plusieurs millions d’euros qui échappent au fisc rien qu’à Hydra. Ceux qui payent leurs impôts, comme les hôtels officiels, ont la désagréable sensation d’être les dindons de la farce, surtout depuis que la pression fiscale s’est accrue.

L'Etat incapable de fonctionner

Mais, pour autant, les dénonciations restent peu nombreuses (18 500 signalements en 2010 contre 4 500 en 2009). Chacun sait que la plupart des inspecteurs du fisc sont corrompus et fermeront les yeux en échange d’un fakelaki, une "enveloppe". Certes, on constate ici ou là des progrès, une rupture avec deux siècles de fraude massive, comme sur l’île ionienne de Leucade où la plupart des tavernes distribuent des reçus fiscaux en bonne et due forme. Mais cela reste l’exception : restaurants, taxis, cafés, entrepreneurs, l’économie clandestine est partout et ses fruits visibles (voitures de luxe, constructions neuves, bateaux de plaisance, etc.). Elle représente toujours, selon les estimations, entre 30 à 40% de l’économie grecque, sans compter l’Eglise et les sociétés d’armement légalement exemptées d’impôt…
Deux ans après le début de la crise, la Grèce ne semble donc toujours pas avoir pris la mesure de sa gravité et des efforts qu’elle devra faire pour éviter la faillite : plus de 160 % du PIB – 360 milliards d’euros – de dette publique, un déficit 2011 qui dépassera les 7,5% du PIB espérés puisqu’il est déjà de 14,69 milliards d’euros au 1er juillet pour un objectif annuel de 16,68 milliards…
Certes, des réformes sont votées, mais elles ne sont pas ou peu appliquées. La mission de la "troïka" (Commission, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), qui vient de débarquer à Athènes pour évaluer les progrès accomplis avant de lui verser une nouvelle tranche d’aide, ne pourra que constater que la Grèce est la version moderne du tonneau des Danaïdes : exiger de nouvelles coupes budgétaires ne sert à rien tant que l’Etat ne sera pas en état de fonctionner. "Nous avions cru que la Grèce était un pays normal, nous avons eu tort, reconnaît-on désormais à Paris. Son problème ne se réglera pas en un ou deux ans. Il faut l’aider à bâtir un Etat qui fonctionne et cela prendra du temps, ce qui implique qu’on la tienne à l’écart des marchés jusque-là."

Le déni de la réalité

La toute nouvelle Commission de contrôle du budget, composée de personnalités indépendantes, a d’ailleurs estimé, mercredi, que la dette était désormais "hors de contrôle". Certes, la récession économique explique en partie ce dérapage incontrôlé : sans doute – 4,5% en 2005 contre – 3,5% attendu, soit – 10% en trois ans. Mais plusieurs pays européens ont connu une récession encore plus forte (-10,5% en 2010 en Lettonie) sans être dans la situation grecque.
Athènes paye surtout son absence d’Etat, comme le reconnaît la Commission de contrôle du budget : "Il est clair que le problème de ce pays n’est pas seulement le volume de sa dette publique, mais aussi l’incapacité de consolider la gestion budgétaire actuelle. Malgré le gigantesque effort d’ajustement budgétaire, aucun excédent primaire n’a été dégagé et, au contraire, le déficit primaire s’est creusé."
Elle pointe notamment l’incapacité de lutter contre la fraude fiscale. Au lieu de s’attaquer enfin au problème de l’incompétence et de la corruption de ses services, le ministre des Finances grec, Evangélos Vénizélos, s’est contenté, dans la plus pure tradition de déni local, de publier un communiqué qualifiant de "gaffe" ce rapport.
Rien d’étonnant, donc, à ce que plusieurs pays, dont la Finlande, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et la Slovaquie se fassent tirer l’oreille pour verser la nouvelle aide financière convenue lors du sommet du 21 juillet. Car la Grèce semble être un cas particulier : l’Irlande, par exemple, elle aussi sous assistance financière, est en voie de redressement accéléré. La question est désormais posée : Athènes pourra-t-elle éviter la faillite ?


Contrepoint

Non, les Grecs ne sont pas fainéants

"Nous devons à la Grèce le début de l’aventure européenne, nous devons tout à la Grèce", assure Liviu Antonesei dans Adevărul. "On ne peut pas affirmer que les Grecs méritent leur sort ni les envoyer au diable, les jugements globaux sur les peuples sont toujours insultants", estime l’écrivain roumain, qui considère que qualifier les Grecs de paresseux est "ignoble et injuste : des vieux de 70 ans portent des bagages sur les ânes pour les touristes à Santorin, le paysan grec travaille hardiment pour s'occuper des vignes, des oliviers sur le plateau de Lassithi [en Crète], toute boutique ferme après minuit et aucun barman ne se permet d'éteindre la lumière avant le départ du dernier client… ".
Le problème des Grecs n'est pas la peur du travail, mais la rigueur fiscale, remarque Liviu Antonesei. De plus, l'aide versée à la Grèce n'est pas "de l'argent donné mais des emprunts que les générations de Grecs payeront cher. Quand je pense aux biens culturels volés par certains de leurs créditeurs, je trouve cela injuste, mais c'est la vie. La civilisation européenne  a une dette à vie envers la Grèce."

Un cinéma sens dessus dessous

Les films énigmatiques de Yórgos Lánthimos et Athiná-Rachél Tsangári sont-ils les produits des turbulences économiques que traverse la Grèce ? Et les deux cinéastes continueront-ils à tourner dans ce pays troublé ? s'interroge The Guardian. 
 C’est sans doute le pire baiser de l’histoire du cinéma. Deux jeunes femmes se font face devant un mur blanc. Elles allongent le cou et se plaquent les lèvres l’une contre l’autre en remuant maladroitement les mâchoires. Pas une once de passion dans cette scène. On dirait plutôt deux oiseaux qui essaient de se nourrir mutuellement. Après une minute de cette atroce étreinte, elles marquent une pause. L’une d’elles confie qu’elle a envie de vomir. Elles recommencent gauchement avant de se cracher dessus, de se tirer la langue et de souffler comme des chats quelques instants plus tard.
Le reste du film – Attenberg, de la réalisatrice grecque Athiná-Rachél Tsangári – n’est guère moins étrange. Son héroïne, Marina, est une marginale de 23 ans répugnée à la perspective de tout contact physique. Elle est également proche de son père mourant, dont elle dit qu’elle l’imagine nu "mais sans pénis". Parmi ses passe-temps, les chansons du groupe Suicide et les documentaires de David Attenborough. Si son personnage fait penser aux looseuses excentriques des comédies romantiques du cinéma indépendant américain, façon Zooey Deschanel, elle en est tout l’inverse. Comme le film qui l’entoure, Marina cherche à provoquer par ses excentricités, mais c’est aussi quelqu’un d’intelligent, de sensible et de rationnel, dans un sens.

La nouvelle vague grecque

Les amateurs de cinéma exotique relèveront qu’Attenberg n’est pas le premier film étrange à nous venir de Grèce ces derniers temps. L’année dernière, nous avons eu Canine, de Yórgos Lánthimos, l’étude surréaliste et pince-sans-rire d’une famille dysfonctionnelle dans laquelle les trois enfants adolescents vivent cloîtrés chez eux et sont désinformés sur ce qui se passe à l’extérieur, à tel point qu’ils en arrivent à croire que les chats sont des tueurs, les zombies de petites fleurs jaunes et l’inceste un passe-temps quotidien.
Ces dernières années, la Grèce a brusquement troqué son image de paradis des vacanciers et de spécialiste des mariages pharaoniques contre celle d’un pays indiscipliné et fauteur de crises – qui ne sont pas seulement économiques : n’oublions pas que la Grèce a eu droit à ses propres émeutes en 2008. Par conséquent, il est sans doute normal que le cinéma du pays change, lui aussi.
Le nombre croissant de films excentriques dans le cinéma grec indépendant a poussé les renifleurs de tendances à proclamer l’arrivée d’une "nouvelle vague" grecque, ou comme certains l’appellent, la "drôle de vague grecque". Que cette appellation soit justifiée, qu’il y ait une vague ou non, qu’elle soit drôle ou non, une chose est sûre : Yórgos Lánthimos et Athiná-Rachél Tsangári en sont les meilleurs représentants. Canine a remporté un prix à Cannes et a été nommé aux Oscar ; Ariane Labed a été sacrée meilleure actrice à la Mostra de Venise l’année dernière pour son rôle dans Attenberg.
Le fait qu’un pays qui est cul par-dessus tête tourne des films qui ne le sont pas moins est-il une coïncidence ? Attenberg n’évoque pas directement la crise financière grecque, mais à sa manière, il parle de la génération actuelle et de l’héritage qui lui a été laissé. Le film se passe dans les années 1960, dans une ville industrielle nouvelle appelée Aspra Spitia, qui a manifestement connu des jours meilleurs. Le père mourant de Marina, architecte, se lamente du fiasco de son utopie moderniste. "Nous avons bâti une colonie industrielle à la place d’une pâture à moutons en croyant faire la révolution", lui confie-t-il. "Je te laisse dans les mains d’un siècle nouveau sans t’avoir rien appris".
Canine également, malgré son abstraction, peut être interprété comme un réquisitoire à l’encontre de la vieille génération, auquel cas les scènes montrant des adolescents, trébuchant les yeux bandés dans leur propre jardin, se faisant des anesthésies pour passer le temps et citant des extraits de films américains sans avoir la moindre idée de ce qu’ils disent, trouvent un certain sens.

Ridicule et tragique

Malgré le succès de Canine, Yórgos Lánthimos n’a pas l’impression que le cinéma grec est en train de bouger. "La vérité, en fait, c’est qu’au bout d’un moment, les gens ont besoin de déceler des phénomènes", confie-t-il. "Ce n’est pas tout à fait une coïncidence, mais j’ai peur qu’il n’y ait pas de fondement à ce cinéma. Il n’y a pas de philosophie commune – ce qui est une bonne chose à mon sens. Notre point commun, c’est que nous n’avons pas d’argent, et donc que nous sommes obligés de faire des tout petits films très bon marché".
S’il est une chose qui unit la nouvelle génération grecque, c’est l’importance de la famille, observe Athiná-Rachél Tsangári. "C’est une obsession grecque. Si notre politique et notre économie sont dans un tel pétrin, c’est parce qu’elles sont gérées comme une famille. Tout repose sur les accointances". Plus généralement, les jeunes Grecs se heurtent à la tyrannie de leurs ancêtres et à la nostalgie grecque de sa propre histoire. "Nous essayons tous de subvertir le 21e siècle".
Reste à savoir si ce sera facile. Alpis [les Alpes], le nouveau film de Yórgos Lánthimos (produit par Athiná-Rachél Tsangári, naturellement), sera présenté à Venise cette semaine. "C’est l’histoire d’un groupe de personnes qui proposent de jouer le rôle de gens décédés aux parents et amis de ces derniers", raconte-t-il. "En gros, c’est une infirmière, à l’hôpital, qui va voir les gens qui viennent de perdre quelqu’un et qui les considère comme des clients. C’est à la fois ridicule et tragique". Mais après ce film, Yórgos Lánthimos songe à arrêter de tourner en Grèce : "Je pensais que le succès de Canine m’ouvrirait des portes, mais je n’y crois plus. Je ne sais pas combien de temps les gens se sacrifieront encore pour leur art".


Efficacité des politiques

Au moment où va débuter la campagne pour l'élection présidentielle, alors que la crise économique se poursuit, on entend souvent dire que, de toute façon, les politiques n'y peuvent rien. Cette attitude désabusée est dangereuse pour notre démocratie. En effet, si tel était le cas, à quoi bon débattre et faire campagne, à quoi bon voter ?

En 2007, au début de ce quinquennat, le Premier ministre actuel, M. François Fillon, avait déclaré qu'il se trouvait à la tête d'un pays « en état de faillite ». Il avait été, semble-t-il, vertement rabroué ; d'abord parce qu'on contestait la réalité de ce constat ; ensuite, parce qu'on affirmait qu'un pays ne peut pas se trouver en état de faillite. Cette dernière assertion paraît fausse quand, par exemple, on regarde une nation comme la Grèce (ou bien les États-Unis) dont « quasiment tous les États sont en faillite » si l'on en croit Claude Bébéar (1). L'analyse de M. François Fillon paraît aujourd'hui tout à fait pertinente.

Si l'on avait tiré les conséquences de ce que disait le Premier ministre, nous n'en serions probablement pas là où nous en sommes aujourd'hui, face à des problèmes si graves que certains croient les politiques incapables de les résoudre. Pourtant, dans d'autres pays, les gouvernants avaient perçu le danger, comme le Premier ministre français et même avant lui. Des mesures avaient été prises au Canada, en Suède, par exemple, et aussi en Allemagne par le Chancelier Schröder. Ces pays sont aujourd'hui en meilleure posture que la France pour affronter la crise. C'est bien la preuve que les politiques peuvent agir. De plus, dire que les gouvernants sont impuissants, c'est nier leur responsabilité, c'est-à-dire les effacer davantage, les rapetisser encore. Ce serait attiser le désir, latent chez certains, de trouver l'homme providentiel, l'homme fort qui règlerait les questions...

Aux citoyens de les choisir

On accuse la finance, les marchés d'être à l'origine de nos malheurs, mais qu'est-ce que l'on désigne par ces mots, sinon des décisions, des orientations qui sont prises par des hommes. Ceux-là peuvent avoir leurs défauts, à commencer par celui de l'avidité qui les incite à poursuivre la satisfaction de leurs intérêts personnels plutôt que la réalisation du Bien commun. Cependant, ces hommes agissent dans des pays où des lois, des règlements existent. C'est bel et bien aux politiques de veiller à leur application et de les améliorer au besoin pour « éviter les abus de pouvoir des marchés » (1).

Ainsi, on critique l'euro que l'on accuse de tous nos maux. Pourtant, ce qui est critiquable, c'est de ne pas avoir appliqué avec assez de rigueur les règlements concernant cette monnaie. Ne devait-on pas rester au maximum à 3 % de déficit pour que l'édifice ne soit pas fragilisé ? Or, la plupart des pays de la zone euro ont allègrement dépassé ce chiffre. C'était bien aux gouvernements d'éviter une telle dérive. Et c'est aujourd'hui seulement que ces gouvernements, en Europe, s'avisent de leur erreur et s'efforcent de faire adopter par leurs parlements la règle d'or interdisant de voter des budgets par trop déficitaires.

C'est ainsi reconnaître l'erreur commise et montrer qu'on peut ne pas la prolonger, ce qui manifeste l'efficacité possible du politique. Les politiques ont bien les capacités d'agir. Mais à condition qu'ils échappent à « l'imprévoyance, à la pusillanimité, à la tromperie, à l'incompétence, à la couardise » (1). Aux citoyens, donc, de sélectionner les femmes et les hommes honnêtes, compétents, courageux et... avides, avides de servir le Bien commun hors de toute démagogie.



(1) Les Échos, supplément, septembre 2011

Il faudrait mettre la Grèce sous tutelle... mais on ne peut pas

"La dette grecque est maintenant hors de contrôle", c'est le constat accablant d'une commission d'experts nommée par le ministère des Finances grec. Certains envisagent, pour le salut de la zone Euro, de mettre la Grèce sous tutelle. Est-ce seulement possible ?

Atlantico : Comment expliquer que la Grèce, même avec l’appui du Fonds de soutien européen, ne puisse toujours pas restaurer l’état de ses finances ? 

Nicolas Bouzou : Les Grecs connaissent une forte récession. L’arithmétique d’une dette est assez simple : on ne peut la rembourser que lorsque les recettes fiscales (taux de croissance économique plus inflation) sont supérieures aux taux d’intérêts.
En France, on a une croissance économique d’une moyenne d’1,5% et une inflation de 2%, cela fait des recettes fiscales qui augmentent de 3,5% par an. Les taux d’intérêts sur la dette étant autour de 3%, nous sommes à la limite mais cela reste supportable. La Grèce connait aujourd’hui une récession de 5%. Cela veut dire que même si on leur prêtait de l’argent à un taux d’intérêt zéro, ce qui n’est bien sûr pas le cas, sa dette continuerait d’augmenter mécaniquement. Or, la Grèce, si elle s’endette aujourd’hui sur les marchés, s’endette à 15 ou 20% et quand elle s’endette auprès du Fond de soutien européen, c’est à un taux moyen de 5%.
Le comité d’experts a raison. A l’heure actuelle, la dette de la Grèce est insoutenable. Au minimum, si l’on était sérieux, il faudrait que le Fonds de soutien prête à la Grèce sans intérêts.

En quoi le fait que la dette grecque soit "hors de contrôle" est-il une menace pour l’Union européenne ?

C’est une menace pour l’Union européenne parce que les banques ont passé des dépréciations d’actifs sur la Grèce qui, je crois, ne sont pas assez suffisantes. C’est d’ailleurs l’idée qui est en train de tourner dans la tête des régulateurs internationaux. A partir du moment où la dette grecque est hors de contrôle, cela veut dire que l’on va avoir un défaut, sur une partie de la dette grecque, supérieure a ce qui a été provisionné, déprécié par les banques. Pour les créanciers de la Grèce, c’est quand même un vrai sujet d’inquiétude.
Dès le début de cette affaire, il aurait fallu prêter à la Grèce des sommes extrêmement importantes à des taux d’intérêts nuls. Plus on attend, plus cela sera compliqué à faire.

La dernière solution serait-elle de mettre la Grèce sous tutelle ?

Idéalement, oui, il faudrait mettre la Grèce sous tutelle. Mais on ne peut pas car les traités ne le prévoient pas. Théoriquement, on pourrait procéder de la même manière qu'en France où les collectivités locales peuvent être mises sous tutelle de l’Etat. L’Etat les financerait et les gèrerait totalement. En théorie, cela pourrait se passer comme cela mais comme l’intégration européenne en termes économique et financier n’est pas allée très loin, on a de grosses difficultés à intervenir sur le budget grec.
Là où il faut agir aujourd’hui, c’est plus sur la question de la croissance que sur celle du budget. Les Grecs, contrairement à ce que l’on peut dire, ont fait énormément d’efforts. Il est difficile de leur demander aujourd’hui d’aller plus loin en termes d’austérité. On voit bien que cela a, en plus, des effets négatifs sur la croissance.

Existe-t-il, selon vous, une solution efficace et rapide à prendre pour venir en aide à la Grèce ?

La Banque centrale européenne pourrait intervenir sur le marché des changes de manière à faire baisser l’Euro. Si vous faites baisser l’Euro de 20%, il est sûr que la croissance en Grèce, très assise sur le secteur touristique, repartira. Il faut jouer là-dessus pour faire repartir les recettes fiscales.
Politiquement, c’est très compliqué, des pays comme l'Allemagne s'y opposerait fortement. En Europe, Il y a une partie des pays qui a du mal à exporter avec une monnaie forte (les pays méditerranéens, dont la France) et une autre partie (Allemagne, Pays-Bas, Autriche) qui y arrive et qui, par conséquent, peuvent importer des biens de consommation et des matières premières, dans des monnaies qui ont dévaluées. Il faut faire comprendre à nos amis allemands que la survie de la zone Euro passe par un redémarrage de la croissance dans les pays qui sont aujourd’hui en perte de compétitivité.

Les décisions prises, jusqu'à présent, par les gouvernement européens vous paraissent-elles suffisantes ?

On est allé de déceptions en déceptions. On a toujours l’impression que les gouvernants n’ont pas pris la mesure de la crise. La dernière réunion Sarkozy-Merkel en est la preuve. Il aurait fallu des mesures techniques à prendre rapidement comme les euro-obligations ou comme l’expansion du Fonds de soutien européen. Au lieu de cela, des mesures extrêmement « cosmétiques » sont sorties des différents sommets organisés, comme la création d’un conseil d’un conseil des ministres des finances européens, qui, au passage, existe déjà.
Je souhaite que les gouvernants européens prennent enfin des décisions précises que l’on puisse appliquer rapidement.  Le contraire équivaudrait à renforcer le mal.

PS : douleur blanche

Un capitalisme financier hystérique imposant ses caprices à des peuples hébétés et, chez nous, la dette publique, le chômage de masse, un pouvoir affaibli par le décri du président, voilà, se dit-on, qui livrera aux socialistes l'Elysée sur un plateau ! Est-ce si sûr ? Le PS, en tout cas, ne fait pas le faraud. Il n'est pas dans son assiette. Il attend que la primaire lui dispense un leader, un cap et du coeur au ventre. Une petite révolution.

Il fut un temps où la gauche française avait toujours 20 ans et l'espérance violente de la jeunesse. Son coeur battait à l'unisson des "damnés de la Terre". Elle dépliait pour tous son rouge tablier. Son "Internationale" chantait "Du passé faisons table rase (...), le monde va changer de base...". Mais voilà ! Le nouveau train du monde laisse la gauche sur le quai. Pourquoi ? Parce que la chute du communisme a congédié la déesse Révolution et que l'horizon de toute la gauche en est désenchanté. Le PC, seul, est défoncé. Mais le socialisme français subit, lui, les dommages collatéraux d'un effondrement historique.

D'autant que l'avenir du monde n'est plus ce qu'il était. Les damnés de la Terre ont pris leur destin à bras le corps. Ils renvoient à notre gauche de "riches" ses beaux discours contre l'oppression des faibles. Car les faibles, ce sont eux ! De la mondialisation et de sa jungle ils s'accommodent sans broncher. Ils attendent des lendemains qui chantent mais chanteront pour eux. Ils tiennent nos pauvres pour enviables. Ils n'aspirent qu'à les rattraper. Si bien que notre gauche qui fut jeune et ardente devient une ménagère de 50 ans empruntée et défensive. Elle court après sa jeunesse et une marmaille dispersée.

Vous objectez que le socialisme français a déjà amplement liquidé sa nostalgie révolutionnaire. C'est presque vrai ! Mais, s'il demeure le plus à gauche de tous les socialismes européens, c'est qu'il souffre encore vaguement de la mise au tombeau de la Révolution. D'une douleur blanche, comme celle du mutilé souffrant de son membre perdu. Dans ce deuil inachevé, il lui reste un patrimoine, une tradition, un territoire d'opposition, les vestiges du magistère intellectuel acquis à sa cause, une religiosité diffuse dans la fonction publique, dans l'enseignement paupérisé... Et, pour ranimer la flamme, l'aspiration égalitaire, toujours plus vivace chez nous que chez nos voisins.

François Mitterrand fut le grand accoucheur de ce socialisme à l'identité flottante. Converti tardif, il a fait du PS un marchepied vers le pouvoir. Il est élu en 1981, en rassemblant toute la gauche dans le Programme commun. A contre-courant du monde, il prétend "rompre avec le capitalisme". Mais, en 1983, il sort de son chapeau une révolution empaillée et le capitalisme de M. Tout-le-Monde. Il expédie sa gauche, devenue notre ménagère de 50 ans, au supermarché des "avantages acquis", de la retraite à 60 ans, et après lui des 35 heures ruineuses, autant d'aménités financées par la dette publique. Le malaise identitaire du PS vient de cet escamotage : être promu, en 1981, sur une illusion et l'avoir, en deux ans, perdue. Mais tout ce tête à queue dans le brouillard, sans vraie reconstruction !

La grande affaire pour le PS, c'est de se réconcilier avec l'histoire et la géographie. Avec l'histoire, en visitant son cimetière. Avec la géographie, en constatant que la mondialisation qui déferle se meut dans l'économie de marché comme un poisson dans l'eau. Le système capitalisme s'y déploie comme le moins systématique des systèmes. Son organisme monétaire est détraqué, mais il va son chemin cahin-caha, ici avec des démocraties naissantes, là, comme en Chine, avec le dirigisme despotique du Parti. Notre fol endettement de vieux riches apparaît à tous les "émergents" comme le vice de vieillards exténués qui font payer à la postérité leurs derniers délices.

Cela, le PS l'a enfin compris ! Il laisse au Front de gauche, au Front national et à leurs sabres de bois le soin de guerroyer contre des moulins à vent. S'il parvient à gérer la délicate innovation de la primaire, le PS peut repartir d'un meilleur pied. En offrant au candidat désigné par le "peuple de gauche" une légitimité surplombant un appareil délabré, le PS épouse la logique de la Ve République. Une ascèse pour nettoyer ses placards de leurs vieilleries idéologiques et redonner du corps à l'ectoplasme du parti. La crise, la dette enfermeront, bon gré mal gré, les candidats dans la règle d'or de budgets maîtrisés. Sur le chemin où le socialisme allemand a trouvé sa voie, le PS peut découvrir la sienne. Que cette gauche, dans le miroir de la crise, se refasse une jeunesse, c'est, ma foi, la grâce qu'on lui souhaite !

Je ne vote certes pas à sa primaire. Mais je lui souhaite bon vent. Dans une démocratie éreintée par trente années d'incuries, l'avènement d'une opposition rénovée servirait, à sa manière, l'intérêt national. La gauche n'a que trop rêvé. Faut-il, ce coup-ci, rêver pour elle ?

La ND accuse M. Vénizélos de "tentative de tromper les citoyens"


La ND a accusé vendredi le gouvernement de tentative de tromper les citoyens et de haute irresponsabilité, commentant les événements qui se sont déroulés jeudi soir dans les concertations avec la Troïka (UE-BCE-FMI) et la conférence de presse du ministre des Finances, Evanghelos Vénizélos, le lendemain.
"Après avoir bouleversé le pays dans la nuit profonde avec des fuites irresponsables concernant des soi-disant cris de résistance face à la Troïka, M. Vénizélos est apparu aujourd'hui faire des recommdantations à lui-même et au gouvernement", a affirmé le porte-parole de la ND, Yannis Michelakis, soutenant que le gouvernement s'efforce à présent "de dissimuler son échec et son insuffisance par des artifices médiatiques bon marché".
M. Michelakis a noté également que le gouvernement reporte les concertations avec la Troïka après la visite du premier ministre, Georges Papandréou, à la Foire internationale de Thessalonique (FIT), qui marque à la fois la rentrée politique et un aperçu de la politique économique à venir.
"La vérité, c'est qu'ils (le gouvernement) se sont trompés dans toutes leurs évaluations et tous leurs objectifs. Et que se sont avérées justes toutes les remarques et toutes les prévisions de la ND et de (son président) Antonis Samaras", a conclu M. Michelakis.