mercredi 23 mai 2012
Valérie Trierweiler a sa marionnette aux Guignols
Made in France : la solution ?
En France , le « made in France » avait fait sensation
au début de la campagne présidentielle.
On peut même dire qu’il a donné le « la »
d’une campagne quelque peu déprimante. Analysons-en les tenants et
aboutissants en détail.
En France , le « made in France » avait fait sensation au début de la
campagne présidentielle. On peut même dire qu’il a donné le « la »
d’une campagne quelque peu déprimante. A quelques jours des élections,
il est sans doute nécessaire de revenir sur cette « vague » (Note de Contrepoints: article paru initialement fin avril 2012).
Rappelons d’abord quelques chiffres. Si « la France » importe dans
presque tous les secteurs de l’économie, ces importations sont
particulièrement importantes dans les secteurs des produits industriels
(181Mds€), des équipements électriques, électroniques et informatiques
(96,7Mds€), dans les matériels de transport (64,3Mds€), et dans le
secteur de l’énergie (pétrole, gaz, produits raffinés : 47,3Mds€). Sans
surprise, nos importations de services représentent des sommes bien
moins importantes puisque le service demeure bien souvent une activité
par essence de proximité.
Ces chiffres d’importations sont-ils une mauvaise nouvelle ? Pour
répondre il faut se tourner vers les chiffres des exportations cette
fois-ci, et ceux-ci indiquent que la France exporte également dans ces
secteurs, et souvent pour des montants à peu près identiques ! « Nous »
importons et exportons des voitures ; « nous » importons et exportons
des avions, « nous » importons et exportons des produits électroniques,
« nous » importons et exportons des produits alimentaires, etc. Il n’y a
guère que dans le secteur de l’énergie que nous importons beaucoup plus
que nous exportons.
Allons plus loin : lorsqu’on importe un produit, il y a bien souvent
des composantes qui viennent de France. Prenons par exemple une voiture
allemande, conspuée d’ailleurs par M. Bayrou qui roule donc… en Audi
(!). Une Audi peut être équipée de pneus Michelin : plutôt une bonne
nouvelle pour la firme française. Par ailleurs, les importations sont
souvent des importations de produits intermédiaires. Par exemple, on
importe du pétrole ou des composants afin de produire des biens en
France qui seront ensuite exportés. Réduire ces importations
pénaliserait lourdement nos exportations !
La question des importations et des exportations et donc bien plus
complexe qu’on le prétend. Et freiner les importations en augmentant les
tarifs douaniers par exemple, ou en mettant des quotas aurait pour
résultat que les produits coûteraient plus cher et seraient dans bien
des cas de moins bonne qualité. Donc les entreprises françaises
paieraient un prix plus élevé pour leurs fournitures et donc auraient
plus de mal… à exporter.
La France est cinquième exportateur mondial. Faudrait-il se couper du
monde avec une politique protectionniste ? En particulier à l’égard de
l’Asie ? Ces pays répondront par des représailles. Et si « nous » ne
commerçons plus avec l’Asie, nos exportations baisseront de façon
substantielle. La France est aussi le cinquième PIB mondial (derrière
les États-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne). L’analyse économique
nous enseigne que l’on se développe en échangeant (principe de la
division du travail). Une économie développée est donc systématiquement
une économie qui exporte beaucoup et qui importe beaucoup.
Beaucoup critiquent le « modèle allemand ». Il y a de bonnes choses
faites en Allemagne et il y en a de mauvaises. Sans doute pouvons-nous
nous inspirer de certaines politiques globales qui visent à faciliter la
création d’entreprises, qui facilitent la fluidité de la demande et de
l’offre de travail, qui permettent l’innovation dans les secteurs de la
formation et de l’apprentissage, qui maintiennent les charges sociales à
un niveau raisonnable. Par contre, évitons les « paris fait par la
Nation » du genre : « nous allons conserver nos industries et développer
nos propres sources d’énergie ». Non pas que l’industrie soit un
mauvais secteur ou que les nouvelles sources d’énergie ne soient pas
intéressantes. Mais concentrer toute l’énergie des entrepreneurs et des
employés (et des contribuables) dans une direction choisie par un groupe
d’experts soi-disant éclairés est extrêmement dangereux. Les politiques
industrielles, qui reviennent à la mode dans le discours politique,
font plus de mal que de bien pour la bonne et simple raison que les
décideurs ne sont jamais… les payeurs.
Le « made in France » est en réalité un argument populiste, dangereux
et sans aucun fondement théorique. Pour ceux qui mettent en avant ces
arguments, la France va mal à cause des autres et il faudrait vivre en
autarcie. Cette position est ridicule. Ce qu’il faut souhaiter c’est que
la terre entière achète du « Made in France » parce que nos produits
auront une réputation de bon rapport qualité/prix. Voilà ce que nous
devons viser.
Pierre Garello le 19 avril 2012 -
(*)Pierre Garello est professeur d’économie à l’Université
d’Aix-Marseille et directeur de recherches à l’Institut de recherche en
économie et fiscalité.
L’antihollandisme pour succéder à l’antisarkozysme ?
Xavier Bertrand : "La réforme des retraites n'est pas un sujet sur lequel on peut passer en force ou en catimini pour ne pas s'expliquer devant le Parlement"
Le deuxième point, c’est qu’ils veulent passer en catimini et de force par décret parce qu’ils ne veulent pas s’expliquer devant le Parlement. Parce qu’ils craignent à la fois une surenchère de l’extrême gauche et du Parti communiste. Car je vous le dis, il va y avoir énormément de déçus avec le décret que prépare le PS. Beaucoup pensent aujourd’hui revenir à la retraite à 60 ans, alors même que dans le décret tel qu’il est prévu, il y aura beaucoup moins de bénéficiaires que ce que pensent les électeurs.
Yamina Benguigui : « à qualité égale, priorité au beur »
Yamina Benguigui, la nouvelle ministre déléguée aux Français de l’étranger et à la Francophonie, estime que les emplois devraient être réservés aux immigrés par rapport au « blanc de souche ».
Yamnina Benguigui, réalisatrice, présentatrice télé (Hollande semble
décidément bien sensible à cette humble profession) et chantre de
l’antiracisme, a été nommée ministre dans le gouvernement Ayrault. Cette
femme considère que pour les embauches, en France, « à qualité égale,
priorité au beur puisqu’il a eu plus d’obstacles à franchir qu’un blanc
de souche ».
Il faudrait que les gouvernants arrêtent de nous mettre des pseudos politiques peoples sortis de nul part, dont la présence est uniquement due au symbole qu’ils représentent.
Au delà de ce problème de « politique show-business », présent à gauche comme à droite, en France comme aux États-Unis, si les nominations, comme ministres, de ces peoples sont toutes aussi grotesques que celle de Benguigui, tous ne se permettent pas des discours de discrimination raciale.
En nommant ministre une telle femme aux positions idéologiques anti-françaises nauséabondes, à la limite du racisme, Jean-Marc Ayrault et François Hollande ont fini de convaincre de leur irresponsabilité.
En voyant Yamina Benguigui au ministère, on comprend mieux les couleurs des drapeaux qui ont fleuri place de la Bastille le soir de l’élection de François Hollande. C’était donc cela le fameux rassemblement des Français promis par le candidat avant son élection ?
Ayrault et Aubry surjouent l'entente
Le premier ministre et la patronne du PS mettent en garde contre la cohabitation.
La maire de Lille, qui n'a presque pas siégé à l'Assemblée en 1997, avant d'être battue en 2002 par Sébastien Huyghe (UMP), a salué en Jean-Marc Ayrault «un exceptionnel maire de Nantes», et elle s'est dite «heureuse de ce duo à la tête de l'État» entre François Hollande et son chef du gouvernement. «Quand on joue collectif, on gagne. Si on ne joue pas collectif, on ne gagne pas», a lancé Martine Aubry, qui a prévenu qu'en l'absence de majorité à l'Assemblée «le changement est fini».
Très à l'aise au milieu des siens, Ayrault, qui a présidé pendant quinze ans le groupe socialiste avant d'accéder à Matignon, a mis en garde les ministres présents (dont Laurent Fabius, Manuel Valls, Delphine Batho, Benoît Hamon et Alain Vidalies), ainsi que les députés PS - peu nombreux -, contre les risques d'une cohabitation, en cas de victoire de la droite aux législatives. Dramatisant les enjeux, le premier ministre a martelé: «Une cohabitation, ce serait l'affaiblissement de la France face à nos partenaires en Europe et dans le monde», «l'application du programme de la droite, qui prévoit dès l'automne prochain une augmentation de la TVA alors que nous voulons une réforme juste», «la poursuite de la réduction des effectifs dans l'éducation nationale» et «ce serait aussi l'austérité généralisée alors que nous voulions lier rigueur de gestion et croissance pour tous».
«La France est entendue»
Tels sont les thèmes qui devraient être au cœur de la campagne législative du PS: «Voilà ce que nous allons répéter jour après jour avec Martine Aubry, dont je salue le dévouement et le désintéressement. Ensemble, nous tiendrons meetings, ensemble, nous mènerons campagne.» Le chef du gouvernement a assuré qu'à l'occasion des rencontres de François Hollande aux États-Unis, «les lignes bougent» et «la parole de la France est entendue».Au passage, Ayrault n'a pas manqué de souligner «le bonheur» qu'il a connu en présidant le groupe socialiste à l'Assemblée «pendant quinze ans». Il s'est enfin engagé à ce que l'opposition ne soit pas, à l'avenir, «négligée». «Il n'y aura pas, à l'issue du vote, l'écrasement d'un camp par un autre», a précisé Ayrault, qui a aussi promis que «les nominations importantes» feront «l'objet d'une concertation». Mais il a taclé la révision constitutionnelle de juillet 2008 - que seul Jack Lang, au sein du groupe PS, avait votée - jugeant qu'elle ne constitue qu'une «multiplication de trompe-l'œil».
Rythmes scolaires : le changement, c’est maintenant !
À peine nommé ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon
a annoncé qu’il voulait mettre fin à la semaine de 4 jours. Voilà donc
le premier gros chantier annoncé : la réforme des rythmes scolaires. Pas
de doute, on sent qu’avec ce nouveau gouvernement, il va y avoir du
changement à l’école !
Monsieur chamboule tout |
Ces sujets de l’importance la plus haute, on les rencontre 110 rue de Grenelle à Paris. Au Ministère de l’Éducation Nationale. Mais il y a des saisons pour avoir la chance de les observer dans leur milieu naturel. En fait, on les observe de façon systématique voire stéréotypée à chaque changement de Ministre de l’Éducation Nationale : ce sont les inlassables rythmes scolaires, le classique poids du cartable, et j’en passe. Toujours les mêmes. Des débats à n’en plus finir depuis des décennies.
Prenons exemple sur les rythmes scolaires. Tous en ont fait une problématique centrale.
- Vincent Peillon, notre nouveau ministre, vient de remettre le dossier sur la table.
- Luc Chatel l’a fait.
- Xavier Darcos l’a fait.
- Et ainsi de suite : Gilles de Robien, Luc Ferry, Jack Lang, Ségolène Royale, François Bayrou, Lionel Jospin, et tous leurs prédécesseurs, ont réfléchi, réformé, disserté sur les rythmes scolaires. René Haby, ministre de Raymond Barre en 1977, les traitait déjà.
Dans les débats des derniers jours, la semaine de 5 jours serait la seule saine pour l’enfant. J’ai fait toute mon école primaire en ne travaillant que le lundi, mardi, jeudi, vendredi, je crois pour l’instant m’en être remis et avoir plutôt bien réussi.
L’uniformité. Un dirigisme profond, d’un temps de travail qui ne pourrait qu’être fixé par l’État, pour tous, sans alternative. Une norme, unique.
Et si tout simplement, nous redonnions la liberté à nos écoles ? Et si chaque école, avec son équipe pédagogique, avec les parents d’élève, s’efforçait de trouver par eux-mêmes la solution la plus adéquate ? En associant cette mesure avec l’abolition totale de la carte scolaire, on laisserait alors le choix aux parents de choisir l’école qui répond le mieux à leurs attentes, choisir l’école qu’ils estimeront la meilleure, la plus adaptée à leurs enfants, en fonction des particularités et des besoins de chacun de ces enfants. On pourrait qui plus est en quelques années avoir des données sur la réussite des différents modèles. Le concept de chèque-éducation se révèle par ailleurs un encouragement à la mise en place et à l’amélioration de telles pratiques.
La France est régulièrement en fin de classements dans les études internationales sur les systèmes éducatifs. La France a toujours défendu un modèle d’éducation monolithique, standardisé, uniformisé, sans alternative. Il est temps d’évoluer, et de rendre la liberté aux plus à mêmes d’évaluer ce qui est le mieux pour le bien-être et la réussite de nos enfants : leurs parents, leurs instituteurs.
La problématique actuelle porte sur les rythmes scolaires. Mais le raisonnement et les conclusions à tirer sont valables pour toutes les problématiques de l’Éducation Nationale, mais également de l’État français. La centralisation se révèle être un échec. Redonnons leur chance à la liberté et aux individus. Le changement, c’est maintenant.
La question du 1er tour
Comme c’était prévisible, Nicolas Sarkozy a été battu.
Le suicide en direct de François Bayrou, le seul homme politique capable d’appeler à voter pour un candidat tout en disant que ce candidat est nul, ne l’a pas aidé. Mais rien ne pouvait aider encore Nicolas Sarkozy. Disons qu’il a limité les dégâts : la défaite a été honorable.
Comme c’était prévisible aussi, François Hollande a été élu.
Comme c’était prévisible, François Hollande a prononcé des discours vides.
Et comme c’était prévisible, les foules extatiques ont aimé.
François Hollande aime la jeunesse et la justice. Il aurait été étonnant qu’il dise qu’il apprécie la vieillesse et l’injustice. Il aurait pu ajouter qu’il aime la santé davantage que la maladie, le beau temps davantage que la pluie, et, pourquoi pas, que l’eau mouille, que la paix, c’est beau, et que le soleil luit à midi en plein été. Des jeunes filles seraient tombées en pâmoison.
François Hollande va composer un gouvernement, et ce gouvernement sera beau comme un discours de François Hollande. Les journalistes des grands médias courbés à ses pieds trouveront ce gouvernement merveilleux.
François Hollande sera reçu par les chefs d’Etat et de gouvernement du reste du monde.
La réalité fera son retour assez vite, mais les mauvaises nouvelles glisseront sur François Hollande sans l’atteindre.
Il est socialiste, donc toute montée du chômage sera attribuée aux forces sournoises du capitalisme qui voudront que François Hollande échoue.
Les jeunes gens qui n’ont pas d’emploi et qui ont acclamé François Hollande n’auront toujours pas d’emploi sous François Hollande, mais trouveront que ce n’est pas grave, et que la misère est plus belle dès lors que François Hollande est à l’Elysée.
Et puis, des réformes fondamentales seront votées ou promises, et dès lors, des milliers de gens seront prêts à tous les sacrifices : imaginez, le mariage gay, la contraception libre et gratuite pour les mineurs. Elle n’est pas belle, la vie ?
François Hollande a dit qu’il voulait la croissance et pas la rigueur, et donc il y aura la croissance, et s’il n’y a pas la croissance, ce sera la faute des odieux capitalistes. Car les socialistes ne sont jamais responsables de rien, par définition.
François Hollande est certain que les autres dirigeants européens voudront, comme lui, pouvoir dépenser plus, et il ne doute pas qu’Angela Merkel va financer les dépenses de la France, et si Angela Merkel refuse, François Hollande dira qu’elle est odieuse et mérite de perdre les élections en Allemagne.
Un récent rapport de la Cour des Comptes annonçait que la France devait procéder à des coupes drastiques dans son budget, ce qui coïncide parfaitement avec les projets dispendieux de François Hollande, mais François Hollande dira qu’il n’a pas besoin de faire des coupes drastiques, qu’il peut financier ses projets en augmentant les impôts des particuliers et des entreprises, et si particuliers et entreprises ne sont pas au rendez-vous, il dira que c’est parce que les particuliers et les entreprises sont méchants, à moins qu’il ne dise que c’est la faute de Nicolas Sarkozy.
De toute façon, tout ce qui ira bien s’accomplira grâce à François Hollande, et tout ce qui ira mal sera la faute de Nicolas Sarkozy. Comme assez rapidement rien n’ira bien et que tout ira mal, ce sera, beaucoup, la faute de Nicolas Sarkozy.
Voici trente et un an, les partisans de François Mitterrand s’étaient rassemblés place de la Bastille. La France était censé passer de la nuit à la lumière. Deux années plus tard, un slogan servait à définir les socialistes : « la faillite nous voilà », avait tiré ironiquement pour définir le gouvernement Mauroy finissant un quotidien de droite (cela existait encore en ce temps là).
Trente et un an plus tard, les enfants de ceux qui ont acclamé François Mitterrand étaient rassemblés à la Bastille pour acclamer François Hollande. Ils ont dans la tête les imbécillités qui étaient déjà dans la tête de leurs parents, et montrent que les imbécillités peuvent se transmettre de génération en génération. Les imbéciles, dit un vieux dicton, ne changent pas d’avis. On peut ajouter au dicton : leurs enfants non plus.
La différence avec 1981, c’est que la faillite arrivera beaucoup plus vite. La faillite est quasiment déjà là. Elle n’attendait plus que celui qui viendrait la déclarer : il est là et sera bientôt à l’Elysée.
La différence est aussi que ce sera cette fois une faillite aux dimensions de l’Europe. Je l’ai écrit plus haut : elle n’est pas belle, la vie ?
Et si vous boudez votre plaisir, je vous parlerai des drapeaux sur la place de la Bastille : en cherchant bien, il devait rester quelques drapeaux français. Un drapeau américain ou israélien aurait été très malvenu. Les drapeaux de quelques régimes islamiques, par contre, étaient à leur place. Les drapeaux de la gay pride étaient tout à fait à leur place eux aussi.
C’est superbe, un peuple rassemblé dans l’harmonie et la lucidité.
Grèce: le scénario catastrophe de la sortie de l'euro
Personne ne travaille dans ce sens, assure-t-on côté européen. Mais néanmoins, quelle voie pourrait être empruntée?
Christine Lagarde, la patronne du FMI, évoquait récemment le besoin d’évaluer les «mécanismes de sortie» ordonnée du malade grec de la zone euro. Du côté du Conseil européen et de la Commission européenne, on insiste sur le fait que les traités ne prévoient pas de sortie de la monnaie unique et que de toute façon, on ne travaille pas dans ce sens. Des options sont pourtant disponibles.Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en décembre 2009, «tout Etat membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'Union» (Article 50 du traité sur l’Union européenne). Si la Grèce le voulait, elle pourrait donc sortir de l’UE et ensuite faire une demande pour adhérer de nouveau en demandant une clause de dispense de la zone euro.
Ce serait cependant «un chantier pharaonique» qui prendrait des années, selon Marianne Dony, une professeure spécialisée en droit institutionnel à l’Université libre de Bruxelles.
- 1. Si la demande de sortie est unilatérale, l’accord fixant les modalités du retrait doit être négocié avec l’Union.
- 2. Etre admis de nouveau dans l’UE requiert un traité d’adhésion qui doit être approuvé et ratifié par les parlements nationaux de tous les Etats membres. «Par rapport à une crise à court terme ce n’est pas du tout approprié», estime Marianne Dony.
Pour la petite histoire, l’article 50 «n’était pas conçu pour faire une opération de passe-passe de ce genre», confie Alain Lamassoure, député européen qui faisait partie de la Convention européenne. Cette «clause de divorce», qu’il avait suggérée, «est le seul moyen de s’assurer qu’à tout moment, tous les pays membres de l’Union européenne s’y sentent à l’aise».
L’article visait à fermer le clapet aux eurosceptiques:
«On pensait à l’époque essentiellement au Royaume-Uni ou la République tchèque, à un certain moment, des pays qui nous cassent les pieds en tapant à longueur de journée sur l’Union européenne. Maintenant, on est en mesure de leur dire “écoutez les gars, si vous êtes si mécontents, la porte est là vous pouvez la prendre quand vous voulez”.»
Protocole
Sortir de la zone euro sans sortir de l’Union n’est pas explicitement prévu dans les traités. Il est cependant possible d’annexer un protocole aux textes, estime Marianne Dony. Actuellement, il y a 37 protocoles [PDF]. Ce sont des textes juridiques rattachés aux traités qui permettent de prendre en compte, entre autres, les sensibilités de certains pays. La clause d’exemption d’adoption de l’euro du Royaume-Uni en est un exemple (Protocole 15).Tout comme un traité, un protocole doit être soumis à l’aval des parlements nationaux, grec inclus. Pour cette raison, Richard Corbett, du cabinet du président du Conseil européen Herman Van Rompuy, écarte cette option d’un revers de la main.
«Dans une situation de sortie [de la zone euro] dans les prochains jours ou les prochaines semaines, ce qui demeure improbable et personne ne travaille en ce sens, comment diable voulez-vous avoir le temps de négocier, approuver et ensuite ratifier un protocole dans 27 parlements nationaux en temps pour que ce soit de quelque utilité?»
Sortie volontaire
Que ce soit en faisant un aller-retour hors de l’Union ou à travers un protocole, une sortie ordonnée de la Grèce de la zone euro implique une demande de celle-ci. Pas d’ambiguïté sur ce point. «Le traité nous interdit d’une manière absolue de leur imposer [de sortir de l’euro]», assure Dony.Mais une demande de sortie de la zone euro de la part d’Athènes n’aurait pas de sens. Si la Grèce venait à avoir une nouvelle monnaie propre, elle subirait immédiatement une dévaluation immense contre l’euro. Le coût de la dette grecque en serait donc décuplé. «Parce que comme toutes les dettes sont libellées en euros, rembourser en euros des dettes alors que vous aurez des drachmes ça devient in-remboursable», juge Lamassoure.
Non seulement les banques grecques, mais aussi les entreprises et les familles grecques endettées seraient donc en faillite. «C’est toute la Grèce qui est en faillite collective [avec un scénario pareil]. Aucun Grec ne peut accepter ça, ce n’est pas notre intérêt non plus», estime Lamassoure.
Sortie désordonnée
Si les traités interdisent d’imposer une sortie de la monnaie unique, «il peut y avoir des pressions telles qu’on en arrive à ce que ce soit la Grèce qui le demande tout de même», avance Marianne Dony. Son de cloche similaire du côté de l’eurodéputé britannique, aussi membre de la Convention, Andrew Duff. «On ne peut pas pousser la Grèce hors de l’euro, elle peut tomber hors de l’euro», dit-il. Plus question de sortie ordonnée dans ce cas-là.«Cela impliquerait que l’Etat grec ait arrêté de fonctionner comme une forme de gouvernement viable, soit politiquement soit juridiquement», explique Andrew Duff.
«Si aucun gouvernement qui puisse respecter les conditions imposées à la Grèce par le FMI et l’Union européenne ne peut être mis en place, alors il n’y aura plus d’argent et il ne sera plus possible de payer l’armée et les fonctionnaires et les gens se mettront à faire la queue [devant les banques].»Richard Corbett acquiesce:
«Le scénario de la Grèce sortant de l’euro est un scénario de panique, chaos et krach.»
Un long week-end
L’eurodéputé Duff suggère de regarder le calendrier pour savoir quand cela pourrait se passer.«[La sortie de la zone euro] doit se dérouler lors d’un long week-end. Il faut avoir autant de temps que possible pendant lequel les marchés sont fermés.»Pour autant, il ne souhaite en aucun cas une sortie de la Grèce de la monnaie unique. Alain Lamassoure ne l’imagine pas non plus et s’offusque des propos tenus par des grands dirigeants laissant planer le doute. «Injurier les Grecs ou les menacer de les jeter de l’euro, ça ne peut que pousser ces partis politiques extrémistes», estime-t-il.
Richard Corbett fait un parallèle avec les Etats-Unis pour expliquer son étonnement vis-à-vis des propos «désinvoltes» de certains politiques qui parlent librement de la sortie de la Grèce de l’euro. «La Californie est dans un état de banqueroute de temps en temps, ou est proche de l’être, puis elle revient in extremis, pourtant personne ne suggère que cela puisse entraîner la Californie à sortir de la zone dollar», rappelle-t-il.
Gaspard Sebag
Réveiller la croissance, vaste tâche
Au G8 de Camp David, les pays les plus riches sont tombés
d’accord pour relancer la croissance, notamment en Europe. Cela passe
par un changement radical de politique par rapport à l’austérité
pratiquée jusqu’à présent. Les dirigeants sont-ils prêts ?
En 1990, la Suède a connu une crise financière très intense, due à
l'éclatement d'une bulle immobilière. Une crise en partie surmontée par
la création de bad banks [structures de défaisance ou
“banques-poubelles”] ayant permis de racheter les actifs toxiques. Les
autorités sont entrées en action immédiatement pour sauver les banques
en difficulté, dont les pertes atteignaient 12 % du PIB. A la crise
financière a succédé une crise économique qui a réduit de 4 % la
croissance réelle (corrigée de l'inflation). L'économie suèdoise a mis
quatre ans à retrouver son PIB d'avant la crise.
Quels enseignements tirer de la crise suédoise ? Le bien-être
économique passe par un système financier au fonctionnement normal,
générant du crédit pour les ménages et les entreprises. Par ailleurs, le
simple fait de stabiliser le système financier n'est pas une garantie
de prospérité : il faut en même temps un plan de sauvetage pour
l'économie réelle, afin de relancer la production et de créer des
emplois, et un tel plan doit avoir des objectifs aussi ambitieux que le
sauvetage financier.
Communiqué final
Ces deux dernières années, l'Europe a oublié ces évidences, avec les résultats que l'on sait : on n'a pas fait baisser les primes de risque des pays à problèmes, et ceux-ci n'ont pas réduit les déficits publics comme ils auraient dû. Au contraire, dans presque tous ces pays, la dette publique a augmenté, le chômage s'est envolé, les classes moyennes se sont appauvries et la mortalité des entreprises s'est accrue. Aujourd'hui, le sommet du G8, qui s’est tenu à Camp David (Etats-Unis) propose d'éviter le naufrage complet et d'octroyer des aides non seulement aux banques, mais aussi aux citoyens. Le climat intellectuel de notre époque est-il vraiment en train de changer ? Va-t-on privilégier la croissance par rapport à l'austérité ? C'est du moins ce qui ressort du communiqué final du sommet. Il s'agit de sortir du "moment Minski" (de l'économiste du même nom), où les débiteurs ne peuvent pas payer, les créanciers ne veulent pas payer, et où tout le monde cherche à annuler la dette en même temps.Le communiqué final du G8 reconnaît aussi que les différentes zones de la planète ne se trouvent pas au même moment du cycle : “Nous nous engageons à prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer nos économies et lutter contre les tensions financières, en reconnaissant que les mesures adaptées ne sont pas les mêmes pour chacun d'entre nous”. Cela vaut pour les Etats-Unis et l'Europe, mais aussi pour l'Union européenne, où, par exemple, la conjoncture allemande n'est pas la même que la conjoncture espagnole.
Bon sens économique
La position du G8 doit désormais trouver sa traduction dans chacune des régions [le 23 mai, les dirigeants de l'UE se retrouvent à Bruxelles pour une réunion extraordinaire consacrée aux moyens de relancer la croissance], y compris dans les pays émergents. Le prochain G20 a lieu en juin. Ce sera sa septième édition depuis le début de la Grande Récession [appellation anglo-saxonne de la crise économique de 2008]. Lors des trois premiers sommets (Washington, Londres, Pittsburg), les participants ont défendu le même bon sens économique : crédit bon marché, relance budgétaire et aides aux banques pour empêcher l'effondrement du système financier qui s'était produit au début des années 1930.Mais l'action politique n'a pas eu, loin de là, la force d'empêcher la hausse constante et intense du chômage, la baisse de la production et l'arrêt de la demande. Aux G20 suivants de Toronto, Séoul et Cannes, les participants n'ont pas reconnu l'insuffisance des politiques de relance et le monde s'est divisé en deux : ceux qui estimaient que l'absence de croissance restait le problème principal, et ceux qui appelaient à des politiques de stabilisation budgétaire et d'austérité pour revenir aux équilibres macroéconomiques. Les résultats sont là.
Le G20 va bientôt se réunir de nouveau, cette fois à Mexico. Il s'agit de savoir si les dirigeants vont suivre, pour l'économie réelle, le même principe rooseveltien adopté pour les finances : autant de phases de recapitalisation qu'il le faudra pour parvenir à les sauver. Si cela ne marche pas la première fois, il faut réessayer.