« Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots » écrivait Arthur Rimbaud. L’image du bateau ivre s’impose en cette rentrée où l’on voit la politique du gouvernement vilipendée sur la place publique par certains de ses principaux ministres. La houle est forte, certes, et les vents contraires. Mais on croyait que le capitaine François Hollande avait fixé le cap, dans sa grande interview auMonde la semaine dernière. Quelques jours ont suffi pour comprendre que la barre n’était pas tenue.
Les frondeurs du PS, loin de revenir dans le sillage de l’Elysée et de Matignon, ont reçu ce week-end des renforts de poids venus des rangs mêmes du gouvernement. Après Arnaud Montebourg, c’est Benoît Hamon qui a réclamé un changement de cap économique, à gauche toute.
Les règles de la Ve République qui posent le président de la République en arbitre du jeu politique et le Premier ministre en chef de la majorité imposent au couple exécutif de réagir, faute de quoi la paralysie le guetterait. « Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite » proclamait lui-même François Hollande en avril 2013. Le chef de l’Etat est, aujourd’hui comme alors, confronté à la contradiction fondamentale de son quinquennat : comment mener une politique de réformes avec une majorité qui n’en veut pas ?
Parce qu’il a cru pouvoir concilier les contraires, qu’il s’est bercé d’illusions sur la profondeur de la crise et qu’il n’a pas voulu jouer cartes sur table, le président de la République est confronté aujourd’hui à un problème autrement plus sérieux : celui de restaurer sa crédibilité et son autorité, en France comme auprès de nos partenaires européens. Faute de quoi l’esquif gouvernemental continuera à être ballotté par les flots, jusqu’à s’écraser sur les récifs.