Pas de panique, seule la bouteille fond, pas le contenu. Le comité interprofessionnel des vins de Champagne veut un standard de bouteille plus léger de 65 grammes pour réduire l'émission de carbone de la filière. Le comité précise que cette innovation n'est pas discernable à l'œil nu, la bouteille perdant moins de 10% de son poids habituel (900 g). "En 2002, le pôle technique et environnement du CIVC a établi le bilan de la filière champagne et s'est engagé à réduire l'empreinte carbone de 25%". Une bouteille qui passe de 900 g à 835g doit réduire cette empreinte de 8.000 tonnes, l'équivalent de l'émission actuelle de 4.000 voitures.
Cette nouvelle bouteille c'est moins de CO2, mais aussi, moins de sous dépensés :"Avec cette bouteille plus légère, mais tout aussi performante, nous réalisons un double avantage, écologique d'une part mais aussi économique en raison de la baisse des frais de transport", a-t-il souligné.
Si moins de grammes c'est moins de pollution, alors pourquoi ne pas alléger un peu plus la bouteille? "Le champagne nécessite une bouteille plus résistante (que les autres vins) du fait du dégagement de gaz qui exerce une pression de 6 kilogrammes au centimètre carré", a expliqué le CIVC. En fait, on demande aux verriers de réaliser des flacons pouvant résister jusqu'à 20 kg par centimètre carré.
Selon les professionnels du champagne, l'allègement de poids par rapport à l'actuel flacon de 900 g correspond à la plus forte diminution du poids possible sans modification sensible des caractéristiques. Les verriers garantissent sur cette bouteille de 835 g les mêmes performances mécaniques que celles de l'actuelle. Le groupe Vranken-Pommery a déjà expérimenté avec succès cette innovation."Nous avons mis cette bouteille à l'essai en 1994 et nous l'utilisons dans l'ensemble du groupe depuis 2002", a déclaré son PDG Paul-François Vranker.
mercredi 17 mars 2010
La bouteille de champagne perd du poids
Merkel prône un mécanisme d'exclusion de la zone euro
Implicitement, c'est évidemment la Grèce qui est visée. La chancelière allemande répète avec force l'opposition de son pays à un soutien trop rapide à Athènes. Et s'enferme dans une stratégie d'isolement.
Son ministre des Finances Wolfgang Schäuble l'avait déjà dit, Angela Merkel l'a répété avec force mercredi, devant les députés allemands : la zone euro devrait pouvoir exclure un de ses membres, "quand il ne remplit pas les conditions" d'appartenance à la monnaie unique. Une attaque qui vise évidemment la Grèce confrontée à un déficit budgétaire quatre fois supérieur à la limite de Maastricht.
La chancelière allemande justifie ce "carton rouge" interne à la zone euro par l'inadaptation des mécanismes du Pacte européen de stabilité et de croissance. Ces derniers prévoient notamment des pénalités financières et des amendes mais qui seraient inapplicables, selon Angela Merkel. Un pays "ne peut pas payer quand il n'a pas d'argent", explique-t-elle.
La chef du gouvernement allemand en profite pour réaffirmer son opposition à un soutien trop rapide à la Grèce. "Une manifestation de solidarité rapide ne peut pas être la bonne réponse", affirme-t-elle. Il faut au contraire "attaquer le problème à la racine", à savoir que la Grèce remette elle-même de l'ordre dans ses finances publiques. Ce n'est pas la spéculation sur les marchés financiers qui a mis Athènes en mauvaise posture, mais "la violation des années durant du Pacte de stabilité", a-t-elle rappelé, précisant que la spéculation n'avait fait que "renforcer" cet effet.
A lire aussi: Pourquoi l'Allemagne traîne des pieds pour aider la Grèce
Lundi soir, les ministres des Finances de la zone euro ont pourtant mis au point les grandes lignes d'un plan d'aide éventuel à la Grèce, qui pourrait être activé si la situation grecque empirait. Mais depuis, le gouvernement allemand n'a de cesse d'affirmer que ces dispositions n'ont pas valeur de "décision politique".
Pour la chancelière, la solution passe donc par la création d'un fonds monétaire européen (FME), qui, sur le modèle du Fonds monétaires international (FMI), viendrait en aide aux pays en difficultés. Mais cette idée, déjà mise en avant par Wolfgang Schäuble, est loin de faire l'unanimité en Europe.
Le FME, porte de sortie de la zone euro?
Le discours allemand insiste en effet de plus en plus sur les sanctions qui seraient attachées à ce dispositif, et notamment cette fameuse exclusion de la zone euro, et de moins en moins sur l'aide qu'il apporterait. "Le FME est un écran de fumée", commentait le Financial Times cette semaine, "il ne s'agit pas d'aider les pays en difficultés, il s'agit de les aider à sortir" de la zone euro.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a pourtant jugé à plusieurs reprises "absurde" une exclusion de l'un ou l'autre membre de la zone. Mais l'idée est très populaire dans l'opinion publique allemande.
Reste que l'obsession de l'orthodoxie budgétaire de Berlin irrite ses partenaires. Et notamment la France pour qui les déficits budgétaires de ses membres ne sont pas les seuls déséquilibres auxquels est confrontée la zone euro. La ministre de l'Economie française Christine Lagarde a initié la fronde en dénonçant le modèle économique allemand qui favorise le commerce extérieur et les excédents commerciaux au détriment de la demande intérieure... et des importations en provenance des partenaires européens. Mercredi, elle a d'ailleurs enfoncé le clou en enjoignant l'Allemagne à baisser les impôts, pour stimuler la consommation.
Les prises de position de Berlin en faveur de la rigueur budgétaire interviennent à un moment où l'Allemagne peut difficilement se poser en donneuse de leçon. Le déficit budgétaire fédéral atteindra cette année un record, et mercredi Angela Merkel et son équipe se sont fait taper sur les doigts par Bruxelles: "la stratégie budgétaire présentée n'est pas suffisante", a jugé la Commission européenne. "L'Allemagne est donc invitée à préciser la stratégie budgétaire qui lui permettra de corriger son déficit excessif".
"Les banques créent des besoins que les clients n'ont pas"
Christine Lagarde vient de commander un rapport sur les tarifs bancaires à l'ancien patron du Crédit Agricole, Georges Pauget. La réaction de Marie-Anne Jacquot, porte parole de l'AFUB (Association Française des Usagers de Banque).`
Georges Pauget vient d'être nommé par Christine Lagarde pour remettre un rapport sur les tarifs bancaires. Que pensez-vous de cette nomination ?
Nous sommes bien sur un peu sceptiques à l'égard de cette nomination. Certes, Georges Pauget est un homme du sérail qui a l'avantage de bien connaître son sujet. Néanmoins, il y a un pendant à cette nomination : le risque de corporatisme. Jusqu'à présent l'ancien président de la FBF et du Crédit Agricole SA n'a pas fait preuve d'une grande modération lorsqu'il s'agissait de tarifs bancaires. Le risque est donc que ce rapport conduise à l'adoption de mesures sans grande efficacité, comme à chaque fois que l'on tente de réguler les tarifs bancaires.
Christine Lagarde cite notamment sur un rapport remis par la Commission européenne, selon lequel la France serait en 3ème position des frais bancaires les plus élevés. Comment expliquez-vous ces chiffres ?
Il est difficile de les expliquer étant donné que la transparence n'est pas le point fort des banques. Depuis l'année dernière, obligation est faite aux banques d'envoyer chaque année un récapitulatif des frais prélevés à ses clients. Mais cela ne signifie que la composante de ces frais soit connue. Elaborés entre banquiers, les tarifs et frais de commissions bancaires sont construits dans la plus grande opacité. Dans cette situation, les tarifs ne peuvent baisser. Sans concurrence réelle entre les banques, il n'y a en effet aucune raison pour qu'elles baissent leurs prix.
Lire aussi : tarifs bancaires trop chers, les banquiers ont-ils raison de protester
Christine Lagarde s'attache particulièrement aux "frais en cascade", aux "services gratuits qui sont devenus facturés" et aux "packages"...
C'est en effet un autre problème récurrent. Les banques sont guidées par un appétit tarifaire sans limite. Elles multiplient les frais de commissions dans des proportions inimaginables. Illustration, les personnes qui font appel à l'AFUB se font prélever en moyenne entre 5 et 15% de leur salaire mensuel par les frais bancaires. C'est impensable, surtout lorsque l'on sait que ces frais font l'objet d'un prélèvement avant facturation. Par ailleurs, les banques ne respectent pas leurs engagements en matière de gratuité. En 2004, elles s'étaient engagées à ne pas facturer un certain nombre de services comme le retrait d'espèces en agence ou encore la mise à disposition de chéquiers. Mais elles sont peu nombreuses à suivre ces promesses.
La consommation française en matière de services bancaires est-elle différente des autres pays ?
C'est l'un des arguments avancé par les banques pour expliquer le montant de leurs frais. Elles estiment que les Français sont très friands de services bancaires et qu'ils bénéficient de nombreuses agences, de l'interbancarité... Cela est vrai. La France fait partie des pays les plus bancarisés au monde. Ce n'est pourtant pas la faute des consommateurs si le réseau est si dense, mais plutôt celle des banques qui répercutent le prix de leur appareil industriel hypertrophié sur les clients.
Aujourd'hui la clientèle demande seulement à avoir une offre qui réponde à sa demande. Ce qui n'est pas vraiment le cas quand les banquiers tentent par tous les moyens de leurs vendre des packages, aux services multiples, dont ils n'ont pas besoin. En réalité, c'est bien les banques qui créent des besoins que les clients n'ont pas. Dans certains établissements, des clients se font même parfois clôturer leurs comptes car ils ne consomment pas suffisamment...
Comment expliquez-vous que seulement 4% des Français changent de banque chaque année?
En la matière, on ne peut pas nier qu'il y ait eu une certaine amélioration législative. La nouvelle réglementation a en effet rendu plus facile la mobilité bancaire. Mais deux problèmes fondamentaux demeurent. Il est très difficile de quitter une banque dans laquelle on a un emprunt immobilier. Les modalités restent particulièrement lourdes. Ensuite, les usagers n'ont pas une connaissance suffisante des tarifs pratiqués dans chaque banque pour vouloir changer d'établissement. Pour cela, il faudrait que les banques fassent de la publicité sur ces frais et commissions, et non pas seulement sur les taux d'intérêt. Mais justement, elles n'y ont aucun intérêt !
Quelles sont vos propositions pour mettre en place une régulation durable? Faut-il par exemple plafonner ces tarifs ?
Non, pas nécessairement. Encore une fois il faut faire jouer pleinement la concurrence afin que le marché se régule de lui-même. Pour ce faire, une chose est essentielle : la véritable transparence. Il faudrait instaurer une publication périodique du panier du client de banque. Sur une dizaine ou quinzaine de services les plus courants, les établissements bancaires seraient classés en fonction de leurs tarifs. Aujourd'hui il existe des palmarès, réalisés par les médias et des acteurs privés, mais ils se basent toujours sur des profils et non sur des services. Par exemple, pour un jeune couple, il vaut mieux être à la BNP qu'au CIC où l'inverse. Mais ce que les clients veulent savoir avant tout, c'est combien coûte la carte bancaire ou le virement dans telle ou telle banque...
DSK sceptique sur la création d'un fonds monétaire européen
Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a estimé, mercredi 17 mars, que l'idée allemande d'un fonds monétaire européen constituait "une distraction" par rapport aux problèmes budgétaires urgents du moment que doit régler la Grèce. "La question principale pour la Grèce n'est pas celle-là", a-t-il déclaré lors d'une intervention au Parlement européen à Bruxelles, le problème pour ce pays est "budgétaire et il faut le régler".
Dans ce contexte, "il n'est pas nécessaire d'être distrait de ce qui doit être fait sur le plan budgétaire, en laissant son imagination créer de nouvelles institutions", a jugé le directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Il a, en outre, relevé que la proposition allemande impliquait un changement du traité de Lisbonne régissant aujourd'hui l'UE. "Cela ne pourra être fait du jour au lendemain", a-t-il dit.
Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a récemment proposé la création d'un tel fonds régional pour la zone euro, d'une part pour venir en aide à l'avenir à des pays qui seraient confrontés, comme la Grèce aujourd'hui, à de graves difficultés financières. Mais aussi et surtout pour durcir la discipline budgétaire des pays membres. Berlin veut notamment qu'un pays de la zone euro puisse être exclu s'il se refuse à respecter les règles. La chancelière allemande, Angela Merkel, l'a répété mercredi : cela devrait pouvoir être le cas "en dernier recours", et "quand un pays ne remplit pas les conditions, encore et encore".
S'il juge que ce n'est pas la priorité du moment, M. Strauss-Kahn a en revanche assuré ne pas être opposé sur le principe à la création de fonds monétaires régionaux dans le monde, à condition que le FMI conserve une autorité supranationale. "J'ai la ferme conviction qu'il faut une institution multilatérale au-dessus de tout le système mais il est tout à fait possible de travailler avec des fonds monétaires régionaux", a-t-il dit.
Pour en savoir plus :
- Lire un entretien avec l'économiste allemand Daniel Gros, directeur du Center for European Policy Studies (CEPS), organisme européen qui plaide pour la création d'un fonds monétaire européen (La Tribune).
Pour Baroin, l'UMP doit se réveiller après la claque reçue
François Baroin demande à ce que la majorité présidentielle se réveille avant dimanche, second tour des élections. Le député UMP dénonce l'attitude de son parti qui fait "comme si rien ne s'était passé".
"On a pris une claque, la vertu d'une claque en politique, c'est au moins de réveiller", a déclaré François Baroin ce mercredi sur l'antenne d'Europe 1. Le député UMP de l'Aube a ainsi critiqué l'attitude de la majorité présidentielle qui fait, selon lui, "comme si rien ne s'était passé" alors que "nous avons fait le plus bas score de toute l'histoire de la droite parlementaire depuis 30 ou 35 ans".
François Baroin a également estimé que le président Nicolas Sarkozy doit "entendre le message" de "l'électorat de droite".
Pour cela, un message envers les abstentionnistes et les électeurs ayant "dès à présent sanctionné le gouvernement en rejoignant le FN", lui semble inévitable.
Baroin a finalement mis en cause "l'ouverture à gauche trop soulignée, trop prononcée, trop affirmée" conduite par le président de la République. "Ca fait des grands courants d'air à droite" et "notre électorat ne le supporte pas", a-t-il lancé.
MODEM - Corinne Lepage quitte François Bayrou
Ce n'est pas une surprise... mais cela reste un coup dur pour François Bayrou. Corinne Lepage annonce officiellement qu'elle a décidé de "démissionner du MoDem". L'ancienne ministre de l'Environnement ne cesse, depuis la création du parti centriste, en mai 2007, dont son mouvement Cap 21 est membre fondateur , de pourfendre la stratégie de François Bayrou. Elle lui reproche de n'avoir dans le viseur que son destin personnel, en fait la présidentielle 2012, au mépris du travail collectif d'élaboration d'un projet crédible, et surtout écologiste. "La direction du MoDem est aujourd'hui incapable de changer de mode de fonctionnement, d'entendre les militants comme les électeurs et, surtout, elle ne parvient pas à construire une stratégie qui n'ait pas pour seul objectif l'élection présidentielle", résume-t-elle dans un entretien au Monde .
Dans une lettre adressée à ses "amis du Mouvement démocrate" , Corinne Lepage rappelle qu'elle "[a] longtemps espéré et lutté" au sein du parti. Mais elle n'y croit plus et baisse les armes, comme tant d'autres avant elle. "Cette opposition serait d'autant plus vaine que les conclusions des élections européennes n'ont pas été tirées, que la gouvernance reste la même et qu'elle va encore se resserrer pour préparer 2012", déplore la députée européenne.
Vers Europe Écologie
Corinne Lepage avait planifié de ne s'exprimer qu'après les élections régionales, mais, déjà le 18 février dernier, elle confiait au point.fr qu'il faudrait "tirer les conséquences de ces élections" . Les résultats catastrophiques du MoDem au premier tour - il n'a même pas atteint les 4 % - l'ont sans doute incitée à ne pas attendre les résultats du second pour larguer les amarres.
Corinne Lepage a désormais la ferme intention d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Elle qui a soutenu Europe Écologie en Alsace pour ces élections - provoquant d'ailleurs la colère de François Bayrou -, parce que c'était la seule région où les écolos "avaient une chance de devancer le PS et de symboliser une autre voix", confirme ce dont tout le monde se doutait : "Je suis bien entendu tout à fait ouverte à travailler avec Europe Écologie."
UN CON.
LE MOT
Hier soir, je discutais avec mon ami d'enfance, on parlait du fait de s'investir dans un projet.
— Les banques, ne prêtent plus, il est donc impossible ou presque de prendre un commerce, alors on opte pour le système D.
_ Le système D, c'est ce qui marche quand les politiques sont nuls, qu'ils soient de gauche ou de droite. Alors tu sais....les élections j'm'en fouts un peu.
«La victoire de la gauche ne doit pas passer par l'abstention»
La mondialisation néolibérale comme l’évolution de la société française marquée par l’épuisement du modèle républicain et laïque ont été absents des débats. Pour Chistophe Guilluy, géographe, il n'y a pas à chercher plus loin dans l'abstention.
Que retenir de ce premier tour ?
Christophe Guilluy : A presque 54 % d’abstention, le sujet le plus évident est que cette élection s’est faite sans le peuple : 23,5 millions d’électeurs ne se sont pas déplacés. Ce niveau avoisine le double de celui observé lors de l’élection présidentielle de 2007. Dés lors une question s’impose : est ce que cette dynamique va devenir le modèle ? Si l’on exclut le suffrage très suivi de 2007 grâce à la stratégie de Nicolas Sarkozy, les classes populaires ne se déplacent plus pour voter.
On objecte souvent qu'il ne s'agit que d'une élection Régionale ?
Oui, c’est vrai. C’est exactement le type d’élection dont les gents se détournent. Les thématiques abordées comme les programmes sont par nature consensuels : tout le monde est écologiste. Faire le distinguo entre les propositions de Jean-Paul Huchon et de Valérie Pécresse relève de la chirurgie de précision : toutes les thématiques qui y sont abordées sont transversales. Il n’y a pas de sujet clivant, et au fond, tout le monde se contrefout d’un couloir de bus ou pas de couloir de bus. Quand on gagne 800 euros par mois, on ne se déplace pas pour se prononcer sur des couloirs de bus. On attend que les politiques abordent des sujets qui sont sur le disque dur. En ce sens, l’abstention est rationnelle.
Le disque dur ?
Le fond : la mondialisation néolibérale, l’évolution de la société française marquée par l’épuisement du modèle républicain et laïque. La réussite de Nicolas Sarkozy en 2007 était bien d’avoir fait croire, notamment dans les classes populaires qu’il pouvait rompre avec ces deux dérives. Cette stratégie a montré ses limites dans l’action, dans la réalité. Comme pour les élections européennes, les territoires qui n’ont pas voté sont ceux où vivent les classes populaires. C’est là que l’on trouve les perdants de la mondialisation, les laisser pour comptes de la « modernité ». Face à eux l’offre politique s’est unifiée et du coup s’est raréfiée. Tant que les partis de gouvernement ne sont pas prêts à remettre en question cette donne qui leur est absolument défavorable, les élections sans le peuple sont en passe de devenir le modèle.
Si l’avenir de la gauche passe par l’abstention, ce n’est qu’une victoire à la Pyrrhus
Mais alors, que pensez du vote FN ?
A mon sens, le Front national a une influence réelle au sein des classes populaires. Elle est plus importante que ce qu’en révèle le scrutin. Pour en apprécier l'impact réel, il faudrait doubler son score, car il est le plus mordant dans les classes populaires. Le parti des Le Pen n’a pas disparu, il n’était que caché par Nicolas Sarkozy. Qu’on le souhaite ou pas, qu’on s’en inquiète ou pas, la campagne du FN contre « l’islamisation » et la mondialisation a fonctionné. Du coup, la combinaison abstention plus vote FN constitue un positionnement fort de l’électorat contre les partis de gouvernement.
Pourtant, la gauche a gagné, non ?
Doit-elle s’en réjouir ? Faire un résultat quand les couches populaires ne vont pas voter, quelle victoire, en effet !!! Dans les centres urbains elle a fait le plein. Ainsi dans l’hyper-centre parisien dans le 4ème arrondissement, la gauche a-t-elle fait des résultats exceptionnels : 31 % pour la liste Huchon, 23% pour les Verts, et même 9% pour le Front de gauche, cela donne 63 % ! Si l’avenir de la gauche passe par l’abstention, ce n’est qu’une victoire à la Pyrrhus. Pis si le seul avenir de la droite c’est Nicolas Sarkozy version 2007, là aussi il y a un mur. Il ne pourra pas rejouer le même coup, le monsieur capable de renverser la table.
Il y a ce que l’on voit, les soirées électorales, et ce que l’on ne voit pas, les effets de la mondialisation néolibérale et l’émergence d’un modèle multiculturaliste en décalage avec le modèle républicain classique. Si le modèle, ce sont des partis qui n’abordent pas ces questions, l’expression populaire se jouera en dehors des urnes. C’est déjà le cas et cela s’exprime tant au travers d’actions individuelles, comme les choix résidentiels (recherche des meilleures écoles, d’un environnement choisi , évitement de certains quartiers), comme au sein de l’entreprise où les gents s’organisent en dehors des organisations syndicales.
Du bricolage et de l'abstention
Et si les abstentionnistes étaient aussi des bricoleurs ? Philippe Petit analyse le phénomène le plus important du premier tour tout en répondant à Elisabeth Badinter.
Où sont les hommes ? Apparemment il n’y a aucun rapport entre le taux élevé des abstentions et le bricolage ?
Nous allons essayer d’en trouver un.
Il est parfois de doctes pensées qui frisent l’arrogance. Dans un entretien paru dans « Causeur » de mars 2010, l’historienne des idées Elisabeth Badinter lâche cette phrase qui ne laisse pas de surprendre à propos des pères à la maison : « Aujourd’hui, les voitures, on s’en moque, et plus personne ne bricole ». Cette phrase déboule après un argumentaire raisonné apportant la preuve que la répartition des tâches domestiques demeure encore aujourd’hui très inégale entre les hommes et les femmes. Ce qui est vrai. Mais en conclure que les hommes ne bricolent plus. Comment y croire ? Sauf erreur de ma part, cela contredit le taux d’affluence au « Salon du Bricolage », ainsi que la réalité de la France sub-urbaine, des pavillons, ou des grands ensembles. Pour des pelouses garnies de fleurs, combien de cabanes au fond du jardin, où s’entreposent, comme hier dans le garage, les outils du délit ? Ou bien Madame Badinter ne sillonne pas les routes de France, ou bien elle s’aveugle. Le bricolage, affaire d’hommes, est aussi une affaire de femmes. Et rares sont les cuisines des milieux populaires et des classes moyennes qui ne soient l’objet d’un montage en kit. Alors, pourquoi cette affirmation péremptoire ?
C’est un peu comme les abstentions. Tout le monde a son avis sur la question. Front du refus des indifférents, disent les uns. Rejet contestataire, disent les autres. Sous la IV République, il était de bon ton de s’en prendre au régime des Assemblées. C’est même pour cette raison que fut inventé la V République. Dont le programme se trouve dans le discours de Bayeux du Général de Gaulle en 1946.
Aujourd’hui, une absence de mobilisation des électeurs, c’est la mort annoncée de la démocratie : la fin du parlementarisme rationalisé. Que les motifs de l’abstention soient très hétérogènes, cela est une évidence. Mais ce n’est pas en multipliant les radios trottoirs et les enquêtes individualisées que l’on parviendra à se faire une idée de l’indifférence qui frappe les électeurs potentiels.
Le Monde Magazine a tenté cette fin de semaine un petit tour d’horizon des motivations de ces indifférents. Il y avait le réfractaire, la distante, le déçu … Tous avaient de bonnes ou de mauvaises raisons de ne pas aller voter aux régionales. D’autant que les appels à la mobilisation, pour être réels, avant l’élection, furent plutôt discrets. Au regard des manifestations des infirmières, des enseignants, des ouvriers de chez Siemens, l’enthousiasme électoral fut finalement de faible ampleur. La campagne électorale ne restera pas dans les annales des grandes campagnes. Certes, il y eut des meetings plein d’ardeur, et il n’est pas dit que les abstentionnistes d’un jour, le seront d’un autre, mais on aurait tort d’interpréter l’indifférence supposée de ce dimanche à un simple accident de parcours. Ce n’est pas parce que presque toutes les nuances de l’échiquier politique sont représentées au premier tour que la cohérence doit se retrouver forcément au second tour.
Que ce soit la faute du bricolage ou d’autre chose – ces élections sont l’occasion de réfléchir sur « L’État de Nicolas Sarkozy ». Ce que fait la revue « Esprit » dans son numéro de Mars-Avril 2010.
Elles sont l’occasion de s’interroger sur l’antisarkozisme.
Car ce n’est pas forcément le plus voyant, le plus tonitruant, qui est le plus efficace.
L’État entrepreneur ce n’est pas une idée du président Sarkozy, c’est une idée de la gauche en 1983.
Ce dossier tombe donc à point nommé. Il est suffisamment complet – sur les collectivités territoriales, sur le Grand Paris, sur la sécurité – pour servir de guide électoral entre les deux tours.
D’ailleurs, pourquoi on ne distribuerait pas des Guides électoraux. Il existe bien un Guide du suivi judiciaire !
Au moins, il serait possible de savoir ceux qui suivent ou pas le Guide…
Philippe Petit
L'approbation à Nicolas Sarkozy au plus bas depuis 2007
Deux études d'opinion, publiées mardi 16 mars et réalisées avant le premier tour des élections régionales, confirment que le niveau d'approbation à la politique de Nicolas Sarkozy n'a jamais été aussi bas, et que l'écart de popularité se creuse entre le chef de l'Etat et son premier ministre.
Selon le baromètre Paris Match-IFOP, seuls 36 % des Français ont déclaré "approuver plutôt" ou "tout à fait" l'action présidentielle, contre 64 % qui ne l'approuvent "plutôt pas" ou "pas du tout". De plus, pour la première fois depuis son accession à l'Elysée, moins d'un Français sur deux juge que M. Sarkozy est "capable de réformer le pays" (47 %) et qu'il "renouvelle la fonction présidentielle" (47 %). Et seul un Français sur trois (33 %) estime qu'il "mène une bonne politique sociale".
En contraste, 62 % des personnes interrogées estiment que François Fillon "dirige bien l'action de son gouvernement", 63 % qu'il est "un homme de dialogue" et 47 % qu'"il mène une bonne politique sociale".
FILLON PLUS PRÉSIDENTIABLE EN 2012
L'autre sondage, l'observatoire BVA pour Orange, L'Express et France Inter, rapporte une tendance similaire : une majorité de personnes interrogées (43 %) préférerait voir François Fillon représenter l'UMP à l'élection présidentielle de 2012, contre 29 % pour Nicolas Sarkozy et 28 % qui ne se prononcent pas.
Une donnée à relativiser, cependant, car les sympathisants de droite penchent à 52 % en faveur du chef de l'Etat contre 34 % pour son premier ministre. "Le haut niveau de ceux qui citent tout de même François Fillon souligne le désamour dont pâtit le président auprès d'une proportion importante de son électorat", souligne néanmoins Gaël Sliman de BVA. "Si le revers électoral" des régionales se confirme au second tour, "cette situation compliquerait singulièrement la tâche de Nicolas Sarkozy", poursuit-il.
Sur le front de la popularité, Nicolas Sarkozy et François Fillon gagnent chacun en un mois deux points, selon cette étude, pour atteindre respectivement 41 % et 53 %.
La crédibilité de l'opposition est, elle aussi, en hausse. Ainsi, selon le sondage BVA, 30 % des interrogés pensent que, s'il était au pouvoir, le PS "ferait mieux que le gouvernement actuel" sur la politique économique et sociale, une hausse de 3 points par rapport à novembre, tandis que 21 % jugent qu'il ferait "moins bien" et 46 % qu'il ferait "ni mieux ni moins bien".
Pour l'IFOP, 40 % des Français jugent que l'opposition "ferait mieux que le gouvernement actuel si elle était au pouvoir", soit son meilleur score depuis l'élection de Nicolas Sarkozy. Et ce même si une majorité de 60 % pense au contraire qu'elle ne ferait pas mieux.