TOUT EST DIT

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samedi 30 mars 2013

S'il ne s'agissait que de Hollande...ces fondamentaux de l'économie auxquels les élites politiques françaises ne comprennent pas grand chose

La crise renforce encore le débat historique qui voit s'opposer des politiques économiques justifiées par des motifs politiques. Si nos élites avaient un peu plus conscience des réalités économiques de notre monde, ils tiendraient certainement un discours différent.

La France est depuis toujours le théâtre d’un affrontement idéologique sur les questions économiques qui bien souvient confinent à penser que les élites politiques et administratives qui dirigent notre pays font preuve d’une profonde inculture économique. Comment expliquer ce phénomène ?

Jean-Marc Daniel : Les élites françaises, particulièrement politiques, sont calquées dans une certaine mesure sur le même modèle que les autres élites du monde dont une partie a en fait une solide éducation économique qui rend encore plus problématique l’analyse de son action et de son discours. Lorsqu’on accuse François Hollande de ne rien comprendre en finance, ou plus généralement en économie, c’est entièrement faux. Rappelons qu’il a été professeur d’économie à Sciences Po et qu’il est diplômé de HEC et de l’ENA. Il a donc tous les parchemins pour comprendre l’économie, sur le papier en tout cas. Il est donc supposé être tout à fait à même de comprendre les grands enjeux économiques. Au-delà de ça, il y a deux éléments principaux qui donnent du sens à ces accusations mais qui ne valent pas uniquement pour François Hollande.
"La France est victime d’un mythe qui consiste à dire que la croissance repose sur la consommation" 



Charles Beigbeder : Une première cause semble résider dans l'enseignement de l'économie au lycée où encore récemment l'économie de marché était illustrée par le trafic de drogue ou la prostitution... et où près de la moitie des professeurs de "sciences économiques et sociales" adhèrent aux thèses marxistes éculées du syndicat trotskiste APSES (Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales). Ce phénomène étonnant s'aggrave bien entendu à l'université et dans certaines grandes écoles (ENA) dont les membres des cabinets ministériels et de la haute fonction publique sont tous issus.
 
Ce problème pourrait être circonscrit si nos futures élites destinées à la sphère publique se confrontaient à la vie réelle à travers des stages ou des petits jobs dans des entreprises, mais hélas, il n'en est rien car ceci n'est pas pratiqué ni recommandé.
Une seconde cause provient de la sphère médiatique. La principale école de journalisme (le CFJ, à Paris) s'est distinguée lors de la dernière présidentielle par son absence totale de pluralité politique : 100% des élèves ont voté à gauche, selon un sondage interne. L'enseignement des matières économiques y est évidemment assuré par des professeurs d'obédience marxiste, donnant ainsi aux futurs journalistes une vision erronée de la réalité.
Le problème de l'inculture économique des décideurs publics ne serait pas dramatique dans un pays "normal" où l'emprise publique serait minoritaire, mais malheureusement en France, celle-ci représente plus de 56% du PIB...
Les élites du secteur privé ne sont pas exemptes de responsabilité  Apres tout, n'ont-elles pas cautionné ou laissé faire beaucoup des décisions économiques aberrantes dont souffre la France ?

Quelles sont les conséquences concrètes de la méconnaissance profonde de ces élites pour les mécanismes microéconomiques, c'est à dire la réalité des entreprises ?

Charles Beigbeder : Sur les derniers mois, on peut observer une accélération des décisions économiques aberrantes : recrutement de 60.000 fonctionnaires par un Etat en situation de déficits et de crise des finances publiques, baisse de l'age de départ à la retraite au sein d'un système de retraites par répartition en faillite, maintien des 35 heures dans un monde qui augmente sa capacité de travail, fermeture de centrales électriques en parfait état de marche, refus de toute recherche scientifique sur les gaz de schiste, hausse brutale des prélèvements obligatoires puis marche arrière partielle sur les entreprises avec le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), annonce puis retrait partiel d'une fiscalité confiscatoire sur les plus-values des entrepreneurs, etc., etc.

L'agrégation de tant de décisions économiques absurdes finit peu à peu de mettre le pays à genoux avec un taux de chômage et une pauvreté élevée.

Depuis la campagne présidentielle, le débat autour de la taxe à 75% a donné une visibilité particulière à la question de la fiscalité. Qu’en est-il vraiment de la pertinence des différents discours ?

Jean-Marc Daniel : François Hollande a un rapport double à la fiscalité. Sur le plan personnel, sa position est assez trouble puisque dans sa conférence du 13 novembre ou dans la tribune d’Ayrault du 4 janvier dans Le Monde, est martelé un discours de fiscalité ne devant pas handicaper la croissance, devant porter sur les rentes, être incitative et inciter à travailler plutôt que de punir. Sur le plan idéologique de la taxation, on constate que l’affaire  des 75%, qui n’a ni sens ni impact, est devenue pour François Hollande une véritable obsession politique qui lui permet de se créer un positionnement de véritable homme de gauche. Il s’en sert à la fois comme un outil technique et politique. Le véritable problème est qu’à chaque fois, il n’arrive pas à faire la différence entre les deux. C’est une sous-estimation de ce qu’est vraiment l’économie et qui n’est pas sans rappeler la rédaction du programme commun de la gauche dans les années 1970. Il était reproché aux gens qui le rédigeaient de se priver de l’outil économique puisque ne pas avoir une bonne culture économique permet en fait de déterminer au mieux les objectifs économiques. L’erreur du discours des élites françaises est de croire que l’outil économique lui-même est soumis à des aléas politiques.
L’un des grands problèmes de l’économie française vient aussi du fait que la droite, comme la gauche, ont la nostalgie de l’époque ou on soldait des erreurs économiques par un couple dévaluation/inflation. Dans son inconscient, l’élite française espère pouvoir utiliser des outils qui sont complètement fermés : ces fameuses déflations et inflation. Ils accordent de plus leurs oreilles à des gens qui se disent économistes et qui soutiennent des solutions dépassées. Vouloir utiliser ces outils témoigne d’une déconnection, non seulement avec la restriction économique sur le plan académique, mais aussi d’avec la réalité du monde dans lequel on vit ainsi que d’une forme de paresse intellectuelle. Il est facile de se caller dans des poncifs en accusant à tort et à travers Bruxelles et la BCE en prônant la déflation. Cela permet de se dédouaner par confort intellectuel.

Qu’en est-il de l’épargne qu’il est de bon ton de vouloir mettre à contribution pour relancer la croissance ?

Jean-Marc Daniel : Là encore, il y a une double lecture. La France est victime d’un mythe, malheureusement conforté par beaucoup d’économistes, qui consiste à dire que la croissance repose sur la consommation. Or, la consommation n’est pas le moteur mais l’objectif de la croissance et l’idée que la consommation est bonne et que l’épargne est maléfique est une idée aberrante sur le plan économique mais qui est assez populaire dans la vision économique des différentes élites françaises.
D’autre part, il y a une idée qui consiste à penser  que pour lutter contre le pouvoir d’achat, il faut taper dans les bas de laine, c’est-à-dire dans l’épargne pour la remettre dans le circuit. Il y a quand même un moment où il faudra faire des sacrifices de pouvoir d’achat plutôt que d’appliquer ce genre de mesures courtermistes. Une fois encore sur ce sujet, Hollande affronte ses paradoxes puisqu’il avait dit dans sa conférence qu’il voulait adopter le point de vue de Timbergen, premier prix Nobel d’économie, qui disait que les politiques ne doivent pas raisonner en termes de prochaine élection mais en termes de prochaine génération. Or, ce qu’il dit là, est plutôt très politicien. C’est peut-être cela qui fragilise le plus François Hollande, il pourrait avoir un discours au-dessus des partis mais il gouverne comme un candidat en disant qu’il faut tirer sur l’épargne et en ménageant sa gauche avec les 75%.
La droite française est loin d’être exempte d’inculture sur la question de l’épargne puisqu’elle a également une vision  courtermiste qui date de longtemps puisque déjà sous Chirac on créait des impôts au moment où il aurait fallu laisser les marges de manœuvres se reconstituer. Il n’y a pas une vraie réflexion autour de l’entreprise et de ce circuit de financement de l’économie puisqu’on considère les fonds de pensions comme l’abomination de la désolation. Les extrêmes, quant à eux, n’entrent même pas dans ces sujets tant leur discours est incohérent. En effet, d’une part ils prétendent défendre l’épargne populaire et d’autre part ils tiennent un discours de dévaluation/inflation. Mais personne ne le leur reproche puisque tout le monde s’en moque. Ils fantasment donc sur l’inflation en niant cette réalité qui est celle que c’est la classe moyenne et le petit épargnant qui en feraient les frais.  

Qu’en est-il de la question monétaire qui fait l’objet de critiques venant de tous les bords ?

Jean-Marc Daniel : Sur la question de la monnaie, la réponse est simple. C’est un problème si technique que nos élites politiques n’y comprennent pas grand-chose. Ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de Hollande car lui sait pertinemment comment fonctionne cette politique monétaire. L’exemple le plus clair est celui  du débat autour de la loi de 1973 sur la réforme de la Banque de France qui est complètement surréaliste animé par des pseudos économistes qui alimentent l’idée que nous avons perdu à cause de l’Europe la possibilité magique de créer et d’injecter de la monnaie à l’infini. Donc là encore, il y a une incompréhension fondamentale de ce qu’est la monnaie qui se drape dans un fantasme inflationniste. Demandez aujourd’hui à n’importe lequel de ces gens quelle est l’origine de la création monétaire aujourd’hui et vous verrez qu’aucun d’eux n’est véritablement capable de vous l’expliquer. Ils ne comprennent pas ce qui dans la création de monnaie provoque de l’inflation et ce qui n’en provoque pas. Ils pensent encore la monnaie comme s’il s’agissait de pièce d’or. Ainsi, le mécanisme monétaire n’est pas compris et tout ce qui tourne autour de la monnaie devient bouc-émissaire. Une accumulation de poncifs et d’approximations.
Quant aux positions les plus extrêmes, on est dans l’aberration la plus totale sur la question de la monnaie puisqu’ils réclament le retour à l’inflation, ce qui n’est pas totalement incohérent puisque les américains le font mais ils n’admettent pas qu’ils vont appauvrir l’épargne et faire baisser le pouvoir d’achat. Mais le pire est qu’ils n’en ont probablement même pas conscience. Ce n’est même pas un mensonge mais une incompréhension.

Quelle conclusion en tirer ?

Jean-Marc Daniel : La déconnexion entre le discours politique et les réalités économiques n’est donc pas uniquement la conséquence d’une incompréhension de certaines questions. Il y a surtout une erreur de méthode, de confusion profonde entre le technique et le politique, ainsi qu’une lâcheté profonde qui s’appuie sur une façon de considérer le peuple comme n’étant pas assez mature ou curieux pour comprendre l’économie. 
Charles Beigbeder : La société civile, en particulier ses élites entrepreneuriales, ne peut plus rester les bras croises face aux défis de notre pays. Il est plus que temps qu'elle s'engage en politique !
Pour faire la pédagogie des solutions, de bon sens et bien connues pour la plupart. Et dont la plus efficace réside dans la diminution de la part publique dans l'activité nationale. Par transfert progressif du non régalien à ce secteur privé.

Le juge, le seul professionnel totalement irresponsable

Selon Claire Gallois, le système judiciaire est en faillite. Faute de moyens, mais aussi en raison de l'impunité dont bénéficient les magistrats.

Notre système judiciaire est en faillite, il est à deux vitesses, trois vitesses selon votre classe sociale, votre statut dans la vie civile, votre appartenance à un parti. Même l'adresse de votre domicile entre en compte. Que vous habitiez la Seine-Saint-Denis ou l'Élysée, votre traitement judiciaire ne sera pas le même. Le tribunal de Bobigny relaxe à tout va des délinquants coupables de violences aggravées ou de trafic de drogue, faute de moyens, de places dans les prisons, et la moitié des peines prononcées ne sont pas appliquées. 
Mais quand on tape dans le politico-médiatique, le zèle du juge est exemplaire. Déjà parce que le juge est au-dessus des lois, il peut tout faire, en toute impunité. Il peut trahir le secret de l'instruction en laissant filtrer les informations qui étayeront son désir d'instruire à charge (à décharge, vous n'y pensez pas, la présomption d'innocence n'impressionne plus personne). Il peut aussi convoquer les témoins qui lui chantent, les influencer, les contrôler : le juge Gentil a organisé une répétition générale du personnel de Mme Bettencourt, y compris le fameux majordome qui a balancé l'affaire, la veille de leur confrontation avec Nicolas Sarkozy, histoire de s'assurer de la cohérence de leurs propos.

Promotion Burgaud

Est-ce très légal ? Bien sûr. "Juge : personne à laquelle la Constitution et les lois donnent le pouvoir de prendre une décision susceptible d'être exécutée par les forces de l'ordre." La justice est un État dans l'État, et personne n'a rien à y redire. Jamais de sanction contre lui. En pleine affaire d'Outreau, on a envisagé de donner le nom du juge Burgaud à la nouvelle promotion de magistrats. Une manière de distinguer "les qualités et les mérites constatés dans la mission qu'on lui a confiée", sans doute...
Mais, ces temps-ci, notre justice veut faire dans le chic et le choc. Ne parlons pas de l'affaire Sarkozy, dont le prétexte officiel de la mise en examen (l'abus de faiblesse, NDLR) exhale quelques relents délétères. Il n'a rien trouvé d'autre, le Gentil ? J'espère qu'il ne sera pas en charge de la procédure Cahuzac. Encore que... Même notre pauvre Trierweiler est visée par une plainte pour détournement de fonds publics à cause des frais, sentimentalement justifiés, de sa présence à l'Élysée, des six personnes qu'elle a engagées pour sa communication, et de ceux d'une garde rapprochée pour conduire et ramener son garçon de 15 ans au collège dans une voiture du Palais. Plainte déposée au prétexte que la dame n'a aucun lien juridique avec la nation et que le contribuable n'a pas à payer pour elle.

Frisson d'horreur garanti

Hélas, selon 20 Minutes.fr, la plainte a été enregistrée le 15 mars au tribunal correctionnel de Saint-Étienne, d'où est originaire le plaignant, et transmise au parquet de Paris. Selon le Code pénal, article 432-15, c'est François Hollande, s'il n'était protégé par son immunité présidentielle, qui serait puni : "Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique [...], de détourner des fonds publics ou privés [...] est puni de 10 ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende." Espérons que le juge Gentil aura pris sa retraite en 2017. Ou bien qu'il tiendra compte d'une ancienne jurisprudence de la Cour de cassation qui reconnaît "le concubinage notoire"... et son corollaire, l'assimilation à un seul foyer fiscal, l'une des caractéristiques marquantes de l'ISF. 
Notre couple présidentiel doit donc faire masse unique de ses patrimoines respectifs. Et François Hollande a fait une déclaration séparée dont le montant lui fait échapper d'un cheveu à l'ISF. Si Valérie a trois sous, Hollande est bon pour un juge Gentil. Et chacun sait que pour le président, l'ISF, c'est comme la souris ou l'araignée pour d'autres, le frisson d'horreur garanti. Allez, nul doute que son honnêteté et son talent de juriste lui ont fait respecter la loi. 
Mais qu'elle est décevante, notre justice actuelle ! Elle veut qu'on reconnaisse son indépendance à tout prix, y compris celui de notre lassitude à la voir se pavaner, se hausser du col pour prouver qu'elle est aussi puissante que les puissants. 

L'île des autruches

L'île des autruches


La France n'est pas en grande forme. François Hollande etNicolas Sarkozy non plus. Le premier bat tous les records d'impopularité, au point que l'on se demande si sa cote ne lui permettra pas de trouver rapidement du pétrole. Le second, empêtré dans l'affaire Bettencourt, se débat tel un beau diable, comme s'il sentait que son retour en politique était compromis, alors que rien ne permet encore de le penser. Sans parler du docteur Cahuzac, parti prendre l'air après avoir été accusé, pendant des mois, de détenir un compte en Suisse.
Il n'en faut pas plus pour que la rumeur publique, alimentée par quelques médias, annonce la mort politique de ces trois personnages incessamment sous peu. Gageons que, contrairement aux augures, tous reviendront dans le jeu à plus ou moins brève échéance, y compris François Hollande, qui détient les clés de l'Elysée et peut à tout moment dissoudre l'Assemblée ou changer ses ministres, ce qu'il serait, pour pas mal d'entre eux, bien inspiré de faire au plus vite.
La politique est la meilleure illustration du mythe de l'éternel retour. Qu'après avoir ruiné l'économie italienne Silvio Berlusconi soit aujourd'hui aux portes du pouvoir dans son pays montre bien que, l'amnésie des peuples aidant, rien n'est jamais fini en politique tant que l'appétit et le charisme sont là. C'est ce qui rend absurde et navrant le débat public des derniers jours. Il ne s'agit pas ici d'absoudre ni d'excuser ces personnalités dans la tourmente, mais qu'il nous soit permis de dire qu'il y a là beaucoup de bruit pour rien.
A croire que la France est devenue une île dérivant loin du monde, peuplée d'autruches autistes et chicanières. Car enfin, alors que notre situation ne cesse de se dégrader, n'avons-nous rien de mieux à faire que de nous étriper sur l'accessoire ? N'est-il pas temps de nous consacrer à l'essentiel, c'est-à-dire à notre lente dégringolade depuis trente ans, sur fond de fatigue, de déficits et d'incivilités galopantes ?
Rares sont ceux qui, dans la classe politique, tiennent un discours de vérité : François Fillon, François Bayrou ou encore Manuel Valls font partie de cette espèce qui semble toujours menacée, notamment par ce qu'on peut appeler la malédiction de l'homme d'Etat. Les cimetières de la politique sont pleins de personnages de ce genre qui, avec leur langage de raison, n'ont pas trouvé l'oreille du peuple.
A moins d'un improbable retournement économique, la France est entrée dans une zone de turbulences, avec une recrudescence du populisme, de l'europhobie, de la haine sociale et des actes racistes ( + 23 % en un an ). Sans parler des mélenchonneries ou des buissonneries, qui ne sentent pas toujours la rose. Il y a de l'hystérie et de la révolte dans l'air. Pas mal de bêtise aussi. À force de conjuguer à tous les temps le verbe lantiponner, M. Hollande et son Premier ministre vont finir par laisser déborder le lait sur le feu.
D'autant que le président est l'objet d'un lourd ressentiment, y compris dans son propre camp. Le voilà déjà condamné pour une politique qu'il vient à peine d'amorcer. C'est la double peine. Il serre assez les vis pour être impopulaire, mais pas assez pour être sûr de redevenir, un jour, populaire.
Pour ne rien arranger, l'opposition, autrement dit l'UMP, n'est pas à la hauteur. La droitisation paresseuse poursuivie par M. Copé handicape gravement l'opposition, comme on vient de le voir dans l'Oise, où l'un de ses fidèles, M. Mancel, a failli se faire battre sur le fil par la candidate du Front national, preuve que les électeurs préféreront toujours l'original à la copie. Pour éradiquer l'extrême droite, il n'y a qu'une seule méthode, celle qui est appliquée avec succès à Nice par M. Estrosi : elle passe par le social et la sécurité, sans concession à la xénophobie.
Certes, la droite se démène : elle glapit, jappe ou aboie, mais en se contentant de commenter l'actualité, fût-elle anecdotique. L'épisode judiciaire autour de Sarkozy était, de ce point de vue, pathétique. Fallait-il pousser de tels cris d'orfraie après la mise en examen de l'ancien président, considéré jusqu'à nouvel ordre comme présumé innocent ? Était-il bien nécessaire d'insulter le juge Gentil ?
À droite comme à gauche, nos politiciens sont frappés par le syndrome de l'autruche : tout est bon pour jacter, dès lors que ça ne concerne pas les grands sujets comme la nécessaire baisse des dépenses publiques recommandée par l'OCDE et qui, seule, permettrait de diminuer les prélèvements obligatoires pour relancer la croissance. Au lieu de quoi les deux camps éludent et bottent en touche sans apporter de vision ni de perspective, alors que les mauvais chiffres nous tombent dessus comme à Gravelotte.
Pardonnez de parler encore de la dette, la grande absente de nos débats nombrilistes. Après avoir dépassé l'an dernier la barre des 90 % par rapport au PIB, elle a mis le cap sur les 100 %, seuil de tous les dangers. Entre deux diversions, la France s'est habituée. Elle s'est même endormie dessus. Jusqu'au réveil qui ne manquera pas de se produire.

Game over ? 56% des Français estiment que la présidence de François Hollande est d’ores et déjà vouée à l’échec


Le grand oral de François Hollande est loin d'avoir réussi à redonner confiance aux Français puisque selon un sondage Mediaprism pour Atlantico, 60% des téléspectateurs n'ont pas trouvé le président convaincant. 65% des Français estiment par ailleurs que François Hollande n'a pas la compétence pour faire face à la situation.
Le président de la République est intervenu jeudi soir lors d’une émission spéciale de plus d’une heure à la télévision, interviewé par David Pujadas. Dès la fin de l’émission, Mediaprism a interrogé un échantillon national représentatif de Français pour recueillir leur avis sur la prestation et les messages délivrés par François Hollande.
Pas pov'con, mais vraiment pov'type...vraiment !!!!
L’émission abordé les bons sujets (63%), mais n’a pas apporté de réponses précises (66% des avis recueillis).
Un manque de leadership et de force de conviction :
-         Le Président n’a pas été convaincant pour 60% des téléspectateurs.
-         75% des Français sont méfiants lorsque le Président évoque l’action du Gouvernement.
-         Le Président n’a pour les Français ni la compétence (65% des avis exprimés), ni la personnalité (71%) pour faire face à la situation.
-         Pour 66% des Français, depuis le début de son mandat, François Hollande est un « mauvais » Président.
Un discours volontariste qui ne suscite pas l’adhésion :
-         70% des Français ne font pas confiance au Président de la République pour redresser la France.
-         56% estiment que la présidence de François Hollande est d’ores et déjà vouée à l’échec.
Jean-Marc Ayrault n’est pas remis en cause :
-         pour 64% des Français, nommer un nouveau Premier Ministre ne permettrait pas d’améliorer la situation (69% des électeurs de Nicolas Sarkozy partagent cette opinion, 61% des électeurs de François Hollande)
Une forte inquiétude sociale :
-         78% des Français estiment que le risque d’une crise politique majeure est important, 60% la redoutent.
Dans la conjoncture difficile que l’on connaît, à la fois du point de vue de la cote de popularité du Président auprès de l’opinion publique (autour de 30% d’opinions favorables), et du point de vue économique et social bien sur, 57% des Français interrogés ont regardé l’émission, dont un tiers en totalité. Cette audience n’est certes pas une grande audience (à l’égard d’un programme annoncé récemment, et souvent présenté à l’avance comme potentiellement déceptif), mais traduit donc le fort niveau d’attente des Français, pour être rassurés peut-être, informés surement.
Cette émission n’a pas inversée la courbe de défiance à l’égard du Président de la République, qui n’a pas été convaincant pour 60% des téléspectateurs, et même « pas du tout convaincant » pour 46% d’entre eux. Inversement, 38% l’ont trouvé convaincant, ce qui est comparativement moins bon que le score obtenu par Jean-Marc Ayrault lors de l’émission « des paroles et des actes » du 27 septembre 2012 (44%), et moins bon que le score obtenu par le candidat socialiste lors du duel à distance avec Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle (émission du 27 avril 2012), où François Hollande était convaincant à hauteur de 47%. Le Président actuel est donc aujourd’hui moins convaincant que le candidat socialiste qu’il était, un autre indicateur de la perte de confiance mesurée par ailleurs à l’égard de la tête de l’exécutif.
Si la performance du locataire de l’Elysée n’a pas été au rendez-vous et a été jugée sévèrement, c’est aussi bien entendu parce que les enjeux sont là, les attentes fortes. 57% des téléspectateurs interrogés ont jugé l’émission intéressante, et 63% estiment qu’elle a bien abordé les sujets qui les préoccupent … mais, de façon quasi symétrique, 66% estiment ne pas avoir obtenu des réponses précises à leurs interrogations, et 66% n’ont pas été rassurés sur l’action du Gouvernement. Ils sont même 75% à se dire « méfiants » lorsque le Président s’exprime sur l’action du Gouvernement: une émission qui posent les bonnes questions, mais un Président qui ne convainc pas et n’apporte pas les réponses attendues, ce qui conforte l’opinion dans sa frustration et sa déception.
Une frustration d’autant plus grande que les Français restent majoritairement convaincus, pour 66% d’entre eux, que l’action politique peut influencer l’état de la France. Il ne sont donc pas désabusés à l’égard de la politique en général, mais toujours en quête du leadership capable de mettre en place une politique efficace. Un élément important dans un contexte général de remise en cause des élites, car si la défiance s’exprime à l’égarddes politiques, l’opinion publique reste en attente de capacité de la politique à agir sur le cours des choses.
Les Français se montrent radicaux à l’égard du Président, estimant qu’il n’a ni les compétences (65%) ni la personnalité (71%) pour faire face à la situation. Et ce jugement est très lié à la personne de François Hollande, il ne s’agit pas d’une remise en cause du Gouvernement ou du chef du Gouvernement : pour 64% des Français interrogés, la nomination du nouveau Premier Ministre ne changerait pas les choses. Jean-Marc Ayrault n’est pas le problème de François Hollande, l’enjeu est véritablement celui de la capacité à agir sur la conjoncture, à l’inverser comme s’invite à le faire le Président à propos de la courbe du chômage. Lorsque le propos est incantatoire (la courbe du chômage s’inversera, je veux créer la croissance …) et personnifié (large utilisation de la première personne hier soir), le Président de la République cherche à mettre en avant son autorité et son leadership, mais simultanément concentre sur sa personne l’ensemble des attentes et des critiques.
Surtout, l’opinion des Français sur François Hollande, homme politique qu’ils connaissent depuis longtemps, semble s’être figée : pour 61% des téléspectateurs, cette émission n’a pas changé leur opinion sur le Président de la République. Ce score d’inertie était identique lors de l’émission d’avril 2012. Mais là aussi, la lente dégradation suit son cours. En effet, lorsque l’émission a modifié l’opinion de l’interviewé, c’est en négatif : 16% ont une meilleure image de François Hollande à l’issue de l’émission, 23% une moins bonne, soit un solde négatif de 7 points.
Lorsque la conjoncture continue à se dégrader, et à toucher chacun (chômage, perte de pouvoir d’achat, insécurité, débats de société clivants …), lorsque la présidence de la république n’est pas ressentie en capacité à influer, le contexte devient non seulement morose mais anxiogène : 78% des Français estiment comme important le risque d’une crise politique majeure (manifestations, émeutes …), et 60% la redoutent.
Méthodologie :
Enquête réalisée on line dans la soirée du 28 mars à l'issue de l'intervention du président de la République.
Echantillon de 895 répondants, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas (genre, âge, catégorie socioprofessionnelle, taille d’agglomération et région)