TOUT EST DIT

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lundi 15 octobre 2012

Sécurité routière: les radars n'ont jamais autant flashé

Les automobilistes renouent avec de mauvaises habitudes et appuient de nouveau sur l'accélérateur. Selon des chiffres que Le Figaro révèle, le nombre de messages d'infractions (MIF) recueillis par le biais des radars automatisés sur nos routes a considérablement grimpé. Il a fait un bond de 14,3% entre janvier et août dernier par rapport à la même période de 2011. 13,81 millions de messages contre 12,09 millions.
Depuis la mise en place des radars automatisés en 2003, un record historique a même été atteint cet été. La barre des 100.000 messages d'infractions a été dépassée en une seule journée le 21 juillet dernier. Du jamais-vu!
Au-delà de ces données générales, les radars tournent à des régimes différents selon leur emplacement. Entre les gros pourvoyeurs de PV comme le plus important de France situé sur l'A10 à Saint-Avertin en Indre-et-Loire(voir infographie) et ceux plus modestes situés sur de petites routes, la hausse moyenne par radar est de 4,7%.

Un chantier inabouti

Ce relâchement est en partie lié à la mesure prise l'an passé par Claude Guéant, alors ministre de l'Intérieur, qui avait décidé de retirer les panneaux signalant les appareils flashant et de les remplacer par des radars pédagogiques. Un chantier totalement inabouti à ce jour car nombre de panneaux sont toujours en place. Or des chiffres recueillis par les services de l'État font apparaître que les automobilistes se font davantage flasher par un radar précédé d'un appareil pédagogique. L'augmentation est même de 15% environ. Une tendance que confirme l'Antai, l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions, cet établissement public qui se charge de la mise en œuvre du programme automatisé. «Nombre d'usagers n'ont pas compris que ces appareils pédagogiques annoncent le plus souvent un dispositif sanction. Il est vrai aussi que certains sont installés seuls sur les routes. Alors les automobilistes s'y perdent et se font avoir!», note un spécialiste.
Cette hausse des vitesses pourrait aussi être liée, comme le soulignent certains experts, à l'assouplissement du permis à points voté en février 2011 par les parlementaires. Ainsi le délai de trois ans pour reconstituer son capital de 12 points est passé à deux ans, exception faite des infractions de 4e comme de 5e classe et des délits. Le délai d'un an pour récupérer le point perdu a, quant à lui, été porté à six mois. «Cela a sonné comme un mauvais signal dans la tête des gens qui ont été moins vigilants aux panneaux», décrypte un fonctionnaire.

Moins de tués sur les routes

Pour le ministère de l'Intérieur, cette hausse d'automobilistes flashés est tout simplement inéluctable. «Elle est mécanique. Plus on met en place de radars, plus il y a des messages d'infractions», note son porte-parole, Pierre-Henry Brandet. Le déploiement de ces appareils ayant toujours cours sur nos routes, leur nombre atteignait au 15 septembre les 3883 dont 2152 fixes. Fin 2013 et une fois le programme d'installation achevé, on en comptera 4 250, radars feux rouges compris. Mais mystère des chiffres et des analyses: ce bond des messages d'infractions n'a pas pour corollaire une augmentation du nombre de tués. Au contraire! Depuis le début de l'année, 248 vies ont été sauvées, soit une baisse de 8,3% par rapport à 2011. La vitesse continue à tuer mais les accidents mortels ont indiscutablement des causes multiples.
Enfin, rappelons que cette augmentation des MIF ne se traduira pas en fin d'année par une hausse strictement identique de procès-verbaux. Malgré le recours à un matériel de plus en plus sophistiqué, nombre de clichés vont encore «à la poubelle», car illisibles.
Toutefois, l'État mise bel et bien sur un accroissement des recettes. Elles devraient même atteindre un niveau record, entre 675 et 700 millions d'euros, contre 639 millions en 2011, comme l'avait révélé cet étéLes Échos. Une cagnotte à laquelle participent d'ailleurs les automobilistes étrangers. Depuis juillet et à la suite d'un accord bilatéral entré en vigueur, les Belges se voient dorénavant adresser leur PV à leur domicile, comme c'est déjà le cas pour les Suisses et les Luxembourgeois.

CE N'EST PLUS DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE, 
C'EST DU RACKET FISCAL !

Les "Pigeons", histoire d'un vaudeville en trois actes

Le 28 septembre, le jour de la présentation en Conseil des ministres du Projet de loi des finances 2013, La Tribune publiait la missive d'un entrepreneur dénonçant l'alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail. Dans la foulée, les "Pigeons" naissaient sur Facebook, et sonnaient le début d'une bataille entre le gouvernement, l'opposition, les syndicats et les organisations patronales.
ACTE I : LA NAISSANCE D'UN MOUVEMENT
Pendant la présidentielle, François Hollande a promis d'aligner la fiscalité du capital sur celle du travail. D'après des rumeurs de presse, son gouvernement compte transformer l'essai le 28 septembre, jour de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi de finances (PLF) pour 2013. Scandalisé par cette politique, Jean-David Chamboredon, patron du fonds des entrepreneurs Internet ISAI, nous adresse une tribune le même jour. A ses yeux, la mesure plomberait la croissance des PME :
Sa tribune fait l'effet d'une bombe. Les entrepreneurs sont, semble-t-il, nombreux à partager son opinion. Le week-end qui suit, les "Pigeons", "mouvement de défense des entrepreneurs français", naissent sur la Toile. Une page Facebook est créée dans la nuit de vendredi à samedi (totalisant à ce jour 67.276 "j'aime"), couplée d'un manifeste. Celui-ci fustige en particulier un dispositif du PLF 2013, visant à taxer jusqu'à 60% les plus-values de cessions d'entreprises. Un compte Tweeter voir également le jour : les #GEONPI font leur nid sur les réseaux sociaux, et appellent à manifester le dimanche 7 octobre à Paris.
Le 3 octobre, rebelote. Ils lancent un appel collectif dans nos colonnes. Dans cette missive, plusieurs "créateurs et patrons de PME", comme ils se définissent, donnent de la voix. "Nous ne nous considérons pas comme une caste de citoyens supérieurs, dont les revenus devraient bénéficier d'un traitement fiscal de faveur", tancent-ils :
Comme le décrypte La Tribune dans son édito le même jour : une jonction est alors en train de se faire entre deux types d'entrepreneurs. A savoir "de riches et moins riches patrons" du net, et les "pauvres" auto-entrepreneurs:
ACTE II : BUZZ ET NEGOCIATIONS
Grâce au catalyseur des réseaux sociaux, les médias s'emparent de la fronde des "Pigeons". Certes, ils ne sont pas franchement organisés, ils ne comptent pas parmi les négociateurs habituels que sont le Medef ou les syndicats. Mais l'initiative fait de sérieux remous. Et pour cause, dans l'opinion, le débat bat son plein. "Pigeons" et "anti-pigeons" se volent copieusement dans les plumes.
Dans une autre tribune, Jean-David Chamboredon constate ainsi le succès du mouvement sur les réseaux sociaux :
Conséquence, le 3 octobre, des ministres et des parlementaires s'engagent à discuter avec des organisations représentatives des problèmes soulevés par les "Pigeons". Le collectif prend acte, et décide d'annuler sa manifestation du 7 octobre :
Au lendemain, le 4 octobre, Pierre Moscovici, le ministre de l' Economie et Fleur Pellerin, la ministre de l'Economie numérique, reçoivent des jeunes entrepreneurs :
Et le même jour, le ministre de l'Economie assure que le gouvernement acceptait de "bouger" sur la taxe des plus-values de cession. Une semi-victoire pour les "Pigeons", qui demeurent pourtant méfiants :
Le gouvernement pensait peut être calmer le jeu en agissant de la sorte. Mais c'est tout le contraire qui va se produire. Pour les médias, les "Pigeons", aussi désorganisés soient-ils, ont réussi à parler au sommet de l'Etat. L'affaire s'internationalise, la presse étrangère couvre l'événement. Même le Wall Street Journal s'y colle. Pour le quotidien américain, le gouvernement français "s'est incliné sous la pression" :
Fort de ce succès, les « Pigeons » s'organisent. Et trouvent en Jean-David Chamboredon leur porte-parole. Le lundi 8 octobre, il officialise sa nouvelle casquette dans nos colonnes :
ACTE III : L'IMPASSE
Désormais, les "Pigeons" comptent bien jouer les arbitres. Ils pressent le gouvernement. Dans le même temps, les organisations patronales, trop heureuses de profiter de la rampe de lancement offerte par les "Pigeons", montent au créneau. Mardi 9 octobre, dans un appel collectif adressé au gouvernement au terme d'une réunion secrète, les présidents de douze associations patronales, dont le Medef, demandent au président Hollande de renoncer à son projet de nouvelle taxation des plus values :
Les négociations n'aboutissent pas et traînent en longueur. Les acteurs se braquent, d'autant que Bercy n'a pas franchement goûté à la tentative de récupération du mouvement des "Pigeons" par Laurence Parisot, la présidente du Medef :
Reste qu'en attendant, le succès des "Pigeons" fait des petits. Mercredi, les artisans de l'UPA décident de faire pression sur le gouvernement via une pétition, afin de le faire reculer sur l'augmentation des cotisations sociales des indépendants. Jeudi, les "Canaris", collectif de patrons nantais, ont également fait parler la poudre, manifestant leur hostilité à la taxation des cessions de jeunes entreprises. A l'heure du web social roi, d'autres escadrilles de "Pigeons" pourraient bien faire leur apparition dans le ciel de l'Hexagone. Et s'inviter, elles aussi, à la table des négociations.

Il faudra 2 ans de plus à la Grèce pour se réformer

Les experts des grands créanciers internationaux de la Grèce ont conclu après examen de ses comptes que le pays aurait besoin de deux années supplémentaires pour mener à bien ses réformes de structure. Les experts internationaux sont formels : il faut accorder deux ans de plus à La Grèce. Les auditeurs de la troïka - FMI, Union Européenne et Banque Centrale Européenne - ont en effet " demandé la semaine dernière aux ministres des Finances de la zone euro de donner deux ans de plus à la Grèce", selon des informations publiées ce week-end par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Or, le report de certaines des réformes structurelles à 2016 coûterait environ 30 milliards d'euros aux créanciers de la Grèce, a affirmé le Spiegel, et supposerait soit un abandon de certaines créances, soit une aide additionnelle.
7,8 milliards d'euros de sacrifices pour les Grecs ou 9,2 milliards ?
La Grèce estime que ce délai de deux ans devrait lui permettre de mettre en oeuvre les coupes budgétaires et les réformes de structure sans étouffer l'économie déjà très mal en point. Le FMI est prêt à lui consentir ce répit, d'ailleurs la directrice générale,Christine Lagarde, a plaidé jeudi 10 octobre pour que la Grèce obtienne ce délai de 2 ans pour brider son déficit. Mais certains pays de la zone euro restent réticents à prêter davantage et  exigent encore plus d'efforts d'Athènes.
Les divergences entre les instances internationales portent aussi sur l'évaluation de la situation. Alors que la Grèce s'est engagée à réduire la dette nationale à 120% de son produit intérieur brut en 2020, la BCE et le FMI évaluent plutôt ce chiffre à 140% à la même date. La Commission européenne se révèle pourtant plus optimiste en tablant sur 128%, indique Der Spiegel.
Le gouvernement grec jugeait initialement suffisant un train de 7,8 milliards d'euros de sacrifices financiers qu'il impose au peuple grec en échange d'une tranche de crédit de 31,5 milliards qu'il attend depuis juin. Les négociations avec la troïka portaient ce week-end sur un montant de 9,2 milliards d'euros, selon une source du ministère grec des Finances. Le Premier ministre Antonis Samaras a en tout cas prévenu que son pays n'était pas en mesure de supporter davantage d'austérité et que si la prochaine tranche d'aide financière prévue n'arrivait pas, les coffres de la Grèce seraient vides en novembre.

Absurde repentance


Le président vient de se prononcer à Dakar pour une « réparation » du crime que fut l’esclavage.  Ce mea culpa d’un chef de l’Etat français me paraît discutable dans la mesure où l’esclavage se confond avec l’histoire de l’humanité et non pas l’histoire de France, comme le montre un expert de ce sujet:
« L’esclavage est une période de l’histoire universelle qui a affecté tous les continents, simultanément parfois, ou en succession. Sa « genèse » est la somme de tout ce qui est advenu pendant un temps indéterminé dans divers lieux. La traite africaine des esclaves vers le Maghreb, puis en Europe, qui est à l’origine de l’esclavage en Afrique noire, n’a fait que prendre la relève des traites qui duraient depuis des siècles en Asie, sur le continent européen et autour de la Méditerranée. Les Slaves ont fourni leur contingent de « slaves », les Esclavons, d’esclaves, nos ancêtres les Gaulois vendaient régulièrement leurs captifs d’Angleterre aux Romains, les Vikings en capturaient et en vendaient au long de leurs cabotages. Pirates musulmans et chrétiens se capturaient mutuellement… L’esclavage était amorcé depuis longtemps et il faudrait, pour l’expliquer en Afrique, en expliquer l’apparition sur le continent euro asiatique. Pourtant c’est paradoxalement en Afrique, le dernier des contingents ayant fourni la traite, que l’on cherche encore une explication originelle à l’esclavage. » Claude MEILLASSOUX Anthropologie de l’esclavage le ventre de fer et d’argent – PUF 1986.
Ce n’est donc pas la France, par la voix de son président, qui devrait se repentir, mais l’humanité toute entière. Quand « Matignon » annonce qu’il étudie les « moyens de réparer l’esclavage », à quoi pense-t-il? A réparer l’histoire de l’humanité depuis les origines ? Je doute que le budget de l’Etat, avec son déficit de 5,2% du PIB, y suffise…Bref, au fond, ne faudrait-il pas tout simplement, dans cette logique, se repentir d’être des hommes?
Ajoutons que ce repentir français à propos de l’esclavage est d’autant plus sidérant que la France a été le premier pays de l’histoire du monde à abolir l’esclavage, par décret de la Convention du 27 avril 1794, montrant ainsi l’exemple, avant même le décret du 4 février 1848 de la Seconde République, rendant cette abolition définitive. Napoléon Ier, la Restauration puis la monarchie de Juillet et la Seconde République ont à plusieurs reprises interdit « la traite négrière« . Un jour, en 2008, en visite au Gabon, j’ai fait la connaissance d’un haut fonctionnaire d’une soixantaine d’années, grand, mince, petite moustache. « Les Gabonais ont un regret me dit-il de se voix grave et douce, celui de s’être séparés de la France en 1960. La France, nous l’aimons comme notre propre pays en souvenir des navires de guerre français, qui sillonnaient les côtes africaines, au XIXème siècle, pour frapper les trafiquants d’esclaves. »
Qu’il y a-t-il derrière l’idéologie de la repentance? La haine de soi bien sûr, la haine de la nation, la haine de la France. On efface les victoires, les moments de gloire, de grandeur et de réussite mais on s’invente, on se fabrique des crimes à soi, des crimes odieux dont on s’accable avec délectation pour mieux s’auto-détester. Comment ensuite, accepter d’appartenir à un pays aussi coupable ? Dès lors on encourage la dissolution, la fragmentation, les particularismes, le repli identitaire, au détriment de la communauté nationale. La repentance exacerbée est un moyen détourné, dissimulé, masqué bien entendu, de se débarrasser de la France en catimini. Elle ouvre la voie à la division et à la discorde civile, préparant ainsi de futurs malheurs.

IEP : Institut d'Études Politisé

Le refus de laisser son financement à la charge de ceux qui en bénéficient pour le faire peser sur tous les contribuables est le meilleur moyen d'enfermer l'enseignement dans un vase clos de la pensée étatiste.
La disparition du directeur de l'IEP Paris et le rapport préliminaire de la Cour des Comptes sur la gestion de l'établissement donnent lieu à de nombreux débats, et certains aimeraient en profiter pour donner toujours plus de place à l’État dans l'enseignement supérieur. Là où la mise à contribution des étudiants et les partenariats avec des entreprises permettent de faire financer les établissements par ceux qui bénéficient de l'enseignement et de rapprocher les étudiants du monde du travail, il faudrait que l’État s'immisce pour toujours plus de contrôle et aux frais du contribuable pour déboucher sur une issue constructiviste.

La Cour des Comptes fait un constat qu'elle devrait étendre à de nombreux pans de l'intervention de l’État : "l'absence de tout contrôle exercé par l’État, pourtant principal financeur de la fondation, apparaît particulièrement fautive".
Plutôt qu'un appel à un État vigilant sur ses dépenses pour éviter que le poids qu'il fait peser sur l'économie soit un fardeau inutile, Nicolas Robin, président de l'UNEF Sciences Po et Arnaud Bontemps, vice-président du Conseil de direction de l'IEP de Paris, auteurs d'une tribune dans Le Monde, préconisent un État qui s'immisce dans la gestion, au motif que le financement par les bénéficiaires de l'enseignement serait dangereux : "La réduction actuelle de la part du financement public par rapport à celle du financement privé de l'établissement est ainsi porteuse de dangers réels, tant sur l'ouverture sociale que sur l'indépendance de l'établissement".
Leur raisonnement illogique stipule que les frais de scolarité variables selon le niveau de revenus – fondamentalement injuste par ailleurs – oblige l'établissement à comporter une part dans ses effectifs d'étudiants issus de milieux aisés. Ainsi, le financement par les plus aisés des autres rend l'établissement dépendant de leur financement :
Une des raisons majeures de cette réduction provient de l'explosion des frais de scolarité, calculés sur la base du revenu de la famille de l'étudiant. Sur la période 2003-2012, leur plafond a triplé, passant de 4000 à 13 500 euros annuels. Ces frais de scolarité représentent aujourd'hui un quart des ressources de l'établissement, et leur augmentation continue est allée de pair avec un financement décroissant de l’État par étudiant. Sachant que les boursiers sont exonérés de frais de scolarité, ce modèle de financement n'est viable qu'à la condition de garder une proportion importante d'étudiants payant des frais de scolarité élevés. 20% des étudiants, issus de familles disposant d'un revenu supérieur à 200 000 euros par an pour une famille avec deux enfants, ainsi que les étudiants dont le foyer fiscal est situé en dehors de l'Espace économique européen, paient aujourd'hui le montant maximum de frais : sans ce "quota" d'étudiants très aisés ou étrangers, l'établissement ne pourrait plus se financer, ce qui rend la diversification sociale du corps étudiant impossible.
La "diversification du corps étudiant" telle que conçue dans leur logique constructiviste est donc impossible : pour faire entrer plus d'étudiants issus de milieux modestes, il faut maintenir une part d'étudiants payant plus cher pour les financer. La diversité est donc pour eux uniquement mesurée à la part d'étudiants de milieux modestes…
Aussi peu souhaitable à leurs yeux que la présence d'étudiants de milieux aisés est celle des entreprises finançant l'établissement :
La solution de plus en plus souvent évoquée par les dirigeants de Sciences Po consiste à se tourner vers le mécénat d'entreprise. Alors qu'un logo L'Oréal orne déjà le hall d'entrée de l'Institut, il ne faut pas avoir peur de poser la question de l'influence que peuvent porter ces financeurs - rarement désintéressés - sur les contenus académiques et sur l'orientation des enseignements. Un établissement d'enseignement supérieur, de surcroît lorsqu'il prétend incarner un modèle institutionnel et pédagogique pour l'ensemble du milieu universitaire, ne peut risquer à ce point de sacrifier son indépendance scientifique.
On sent bien l'indépendance "scientifique" des auteurs quand ils appellent à faire financer l'établissement uniquement par l’État. C'est alors qu'intervient le collectivisme si cher à nos deux compères :
Les ménages et les entreprises doivent être mis à contribution, mais cette contribution ne saurait garder la forme directe qu'elle revêt actuellement. C'est bien au contraire par la solidarité nationale, à travers l'impôt, que doit être financé l'enseignement supérieur. Il revient donc à l’État d'assurer un financement suffisant à Sciences Po, comme au reste de l'enseignement supérieur. Ce financement public doit aussi mettre le gouvernement en position de rappeler à Sciences Po ses obligations et missions de service public […] en particulier en ce qui concerne la démocratie et l'ouverture sociale.
Le financement par l’État – toujours dans ce souci d'indépendance scientifique – permettra également à l’État de décider de tout, partout, pour tout le monde. Et à mettre en place notamment une "ouverture sociale" unilatérale. Ils admettent pourtant que la diversité s'est accru ces dernières années : "Les efforts d'ouverture sociale de Sciences Po doivent être repensés et amplifiés. Au-delà des critiques de la Cour des comptes, l'évolution de la composition sociale de l'IEP traduit une diversification de ses étudiants".
Et pour ajouter un peu de piment à l'article et pour que leurs coreligionnaires s'y retrouvent, les auteurs ont sellé leur cheval de bataille constructiviste favori, la reproduction des élites : "Cette politique de démocratisation doit s'étendre, car elle permet d'éviter que, la sélection favorisant les jeunes issus des catégories sociales supérieures, l'établissement ne s'ancre trop dans une logique de reproduction des élites."
À la reproduction des élites, les auteurs préfèrent leur concentration, en donnant toujours plus de place à l’État dans la gestion de tous les pans de la vie des citoyens, de l'école au cimetière. Le refus de laisser son financement à la charge de ceux qui en bénéficient pour le faire peser sur tous les contribuables est le meilleur moyen d'enfermer l'enseignement dans un vase clos de la pensée étatiste, dont il souffre aujourd'hui et qu'illustrent les auteurs.
"Au fond, le débat qui s'ouvre sur le statut de Sciences Po et sa place dans l'enseignement supérieur français doit déboucher sur une issue constructive." On ne peut qu'être d'accord ; il faut veiller à ce que l'issue soit constructive, et non constructiviste.

Les œuvres d’art dans le collimateur du fisc

Un amendement déposé par le socialiste Christian Eckert prévoit d’inclure les œuvres d’art valant plus de 50.000 euros dans le calcul de l'ISF.
Les inspecteurs du fisc vont-ils se mettre à visiter les salons des belles demeures françaises afin d’y repérer les œuvres d’arts d’une valeur supérieure à 50.000 euros ? C’est la question que l’on peut se poser si l’amendement, déposé par le socialiste Christian Eckert, voté par la commission des Finances de l’Assemblée nationale, est maintenu.
Cet amendement prévoit d’inclure les œuvres d’art valant plus de 50.000 euros dans le calcul de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Impossible de les repérer sans y mettre les grands moyens !
La taxation des œuvres d’art est un sujet récurrent, alternativement brandi par la droite et la gauche. En juin 2011, un député UMP, Marc Le Fur, avait déjà déposé, sans succès, un amendement en ce sens. C’est maintenant au tour de la gauche de brandir cette menace.
Filippetti et Fabius s’y opposent
La proposition de Christian Eckert, député de Meurthe-et-Moselle et rapporteur général PS de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, a des détracteurs de poids. À commencer par Aurélie Filippetti, ministre de la Culture. Quand elle était dans l’opposition, celle-ci avait  défendu un amendement similaire en accusant le gouvernement Fillon de «(…) pérenniser une énorme niche fiscale (…) qui bénéficiera à quelques milliers de contribuables extrêmement fortunés».

Aujourd’hui, la grande cheftaine de la rue de Valois s’est ravisée et elle peut compter sur le soutien implicite du très influent Laurent Fabius, fils d’antiquaire, qui, même s’il s’interdit de participer officiellement au débat, est très actif en coulisse.
Un coup fatal pour le marché de l’art français
Une taxation des œuvres d’art aurait pour conséquence de réduire encore la place que Paris occupe sur le marché de l’art.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : écrasée par la fiscalité, elle ne représente plus qu’environ 4% du marché mondial de l’art (en valeur) contre 80% dans les années cinquante. Artcurial, une société de vente française, est reléguée au 5ème rang des officines, loin derrière Christie’s et Sotheby’s qui se taillent la part du lion.
Ce recul est logique: les ventes sont, en moyenne, taxées à 15% en France, soit 5 fois plus qu’en Asie. La réglementation se montrant par ailleurs tatillonne quand il s’agit de sortir les œuvres du territoire national. La taxation à l’ISF créerait un désavantage compétitif supplémentaire.
Autre effet redouté par les experts : certains collectionneurs seront  tentés d’expatrier leurs œuvres, de les dissimuler derrière des paravents juridiques ou, pire, de les vendre.
Suite à cette raréfaction, les musées, qui acquièrent beaucoup de pièces majeures grâce aux dations, perdraient une  partie de cet avantage. C’est alors le contribuable qui devrait leur fournir des fonds pour procéder à de nouvelles acquisitions…
Le pire est que cette mesure, qui donnera aux collectionneurs le sentiment d’être fliqué en permanence, ne rapporterait pas grand chose à l’État, environ 50 millions d’euros, selon Christian Eckert. Prendre le risque de mettre une filière professionnelle en difficulté pour 50 M€, il serait étonnant que le gouvernement ne laisse pas l’amendement Eckert s’enliser.


À lire sur le sujet : Dossiers du Contribuable n°8 « Les folies de la culture bobo », 68 pages – 4,50 €. Sur la boutique de Contribuables Associés à cette adresse :www.contribuables.org.

Laurence Parisot : «La situation est gravissime»

La présidente du Medef estime que des décisions en faveur de la compétitivité doivent être prises d'urgence.


Quel est votre diagnostic sur l'économie française? Laurence PARISOT. - Nous savons tous que la situation économique est gravissime. Moi-même, je disais avant l'élection que la situation était préoccupante. Mais aujourd'hui, nous sommes passés d'un avis de tempête à un avis d'ouragan. Certains patrons sont en état de quasi-panique. D'un côté, le rythme des faillites s'est accéléré durant l'été et aucun secteur d'activité n'affiche de prévisions autres que pessimistes jusqu'à la fin de l'année. Et par ailleurs, nous assistons à une défiance généralisée des investisseurs, résidents comme non-résidents. Lorsque, pour investir, ils ont le choix entre plusieurs pays, les grands investisseurs étrangers excluent maintenant la France d'emblée. Dans ce contexte qui devient réellement dramatique, chacun doit prendre la mesure de l'urgence des décisions.
Justement, qu'attendez-vous du rapport que doit remettre Louis Gallois au gouvernement au sujet de la compétitivité?
Je ne peux préjuger du contenu final du rapport mais une chose est certaine: la déception des patrons sera immense si un homme tel que Louis Gallois, qui fut un très grand chef d'entreprise et capitaine d'industrie, ne montre pas comment créer un véritable sursaut, ce que l'on appelle un choc de compétitivité. Il y a dix ans, l'Allemagne était l'homme malade de l'Europe et si nous ne faisons rien, bientôt ce sera au tour de la France.
Louis Gallois a plusieurs fois milité pour un choc de 30 à 50 milliards afin de réduire le coût du travail. Partagez-vous son diagnostic?
30 milliards d'euros, ce serait le minimum pour réduire l'écart avec l'Allemagne. Or il est possible de financer une telle somme sans pénaliser le pouvoir d'achat des salariés. Nous avons baptisé la double hélice le système qui permettrait de le faire: nous proposons d'agir simultanément sur quatre paramètres. D'un côté, on baisserait à la fois les charges patronales et les charges salariales. De l'autre, on augmenterait légèrement la CSG et la TVA hors produits de première nécessité. Cette hausse des impôts indirects serait compensée par les deux premières baisses de cotisations. Peut-être faudrait-il prévoir des ajustements spécifiques pour les non-salariés ou les retraités qui, eux, n'en bénéficieraient pas. Nous sommes sur le point de demander officiellement au Haut Conseil du financement de la protection sociale de mesurer par des simulations précises l'impact de nos propositions.
À quel rythme faut-il créer ce choc?
Ce choc doit être court et se produire sur deux ans, trois ans maximum. Le décrochage de la France est trop sérieux, on ne peut étaler cette réforme sur toute la durée du quinquennat.
Y a-t-il d'autres pistes que des hausses d'impôts pour financer un tel choc aussi rapide?
Oui, il serait faux de croire qu'il n'y a pas marge de manœuvre. Les rapports de la Cour des comptes ou de l'Inspection des finances l'expliquent. Il faut s'attaquer immédiatement aux dépenses publiques pour retrouver notre compétitivité, et le gouvernement pour le moment ne l'a pas fait. Je qualifierais même de trompe l'œil la réduction de 10 milliards qu'il affiche. Elle consiste seulement en un ralentissement de la hausse habituelle des dépenses. Imaginez une personne qui, après avoir grossi chaque année de deux kilos, croirait maigrir en n'en prenant qu'un!
Pourquoi vous être opposée avec autant de force à la taxation des plus-values de cession au même niveau que les revenus?
Vouloir aligner la fiscalité du capital sur celle du travail, cela procède d'une profonde erreur de raisonnement économique, que l'on commet régulièrement en France dans les milieux politiques de droite et de gauche. L'ignorance économique dans laquelle les Français ont été maintenus depuis des années est scandaleuse et explique ce grand «bordel» intellectuel. Rappelons que l'investisseur en capital comme l'entrepreneur ne gagnent pas à tous les coups: il arrive souvent qu'ils ne retrouvent pas leur mise initiale. Il faut donc que leur prise de risque soit récompensée lorsqu'elle est réussie, c'est-à-dire rémunérée différemment, et suffisamment. Sinon, pourquoi ne placeraient-ils plutôt dans un immeuble ou un bas de laine leur argent déjà taxé? Si le capital n'est pas rémunéré à la hauteur du risque, plus personne n'investira dans une entreprise, et les entreprises elles-mêmes ne pourront plus se développer. Ensuite, tout s'enchaîne: moins d'entreprises, moins d'employeurs, moins de salariés, et pour finir moins d'emplois… Faire baisser le chômage en un an, le gouvernement doit le comprendre, c'est un objectif qui n'est pas tenable sans le succès des entreprises.
Est-il pour autant réaliste de demander le retrait de cette disposition du projet de loi de finances?
Il faut dire les choses clairement. L'article 6 n'est pas acceptable, même modifié. Nous ne serons pas les complices d'une erreur économique fondamentale et désastreuse. Sur ce refus vient de se constituer pour la première fois de l'Histoire ce que l'on pourrait appeler une interpatronale de vingt organisations, qui toutes demandent le retrait pur et simple de cet article.
Quel est globalement l'état d'esprit des chefs d'entreprise?
Aujourd'hui, un vent de fronde se lève de partout, aussi bien des TPE que du CAC 40. Cela va bien au-delà d'une jacquerie fiscale. Si la coupe est pleine, c'est qu'aucun relais ne valorise l'entrepreneur en France. Tout au contraire, il se heurte en permanence à un a priori systématique contre lui.
Craignez-vous un exode massif des chefs d'entreprise?
Nombreux sont ceux qui se posent la question de rester ou de partir. Notre pays devient hélas de moins en moins attractif chaque mois, tandis que nos voisins s'attachent à le devenir de plus en plus. Voyez la jeune génération qui choisit maintenant volontiers de faire ses études ou de créer des entreprises hors de France. Comment ne pas comprendre?
Qu'attendez-vous de la négociation sur la sécurisation de l'emploi?
Qu'en fonction de la conjoncture, elle enlève de la rigidité aux entreprises et leur redonne de la souplesse tout en facilitant le rebond professionnel des salariés. C'est ainsi qu'elle remplirait son objectif de relancer la compétitivité hors coût. Le Medef sera forcément exigeant car il y a des tabous à renverser. Ainsi le mot de flexibilité devient imprononçable alors que des entreprises meurent de ne pas avoir les moyens de s'adapter rapidement. Si la durée des plans sociaux se raccourcissait et s'ils étaient mieux sécurisés juridiquement, nous pourrions accepter de renforcer les obligations de reconversion des sites et de formation des salariés, mais aussi d'étendre la portabilité de certains droits qu'un salarié perd lorsqu'il est amené à quitter une entreprise. Je suis convaincue que nous pouvons avancer tous ensemble de manière constructive.
Le débat sur la suppression des 35 heures rebondit à droite. Vous êtes toujours sur cette ligne?
J'avais mis cette question sur la table des négociations en 2008 mais, à l'époque, le gouvernement n'avait pas souhaité s'engager dans cette voie. Nous sommes toujours favorables à une durée conventionnelle du travail qui serait déterminée par accord d'entreprise, voire par accord de branche, et qui pourrait évoluer selon les circonstances. Avec le débat sur les accords dits activité emploi, le sujet est en fait au cœur de la négociation. Il nous faut essayer de trouver un cadre qui permette aux entreprises en difficulté de modifier leurs paramètres de masse salariale, d'effectifs, de durée du travail.
L'exécutif ne pratique-t-il pas un double langage à l'égard des entreprises? Alors que Jean-Marc Ayrault dit tout le bien qu'il pense de vous en ouvrant votre université d'été, Arnaud Montebourg passe son temps à vous taper dessus…
Je ne soupçonne d'un double langage ni le président de la République, ni le premier ministre. Ils mesurent clairement à quel point l'avenir de notre pays passe par les entreprises. Mais le gouvernement et la majorité n'ont pas pris conscience de l'extrême gravité de la situation économique, ni de l'intensité de la crise. Et surtout, ils ne font pas le lien entre macroéconomie et microéconomie, entre les grands équilibres fondamentaux et la vie quotidienne de chaque entreprise. Ils ne réussiront pourtant que s'ils le comprennent. Quant à ­Arnaud Montebourg, je lui ai dit qu'il faisait preuve d'un interventionnisme social intempestif. Il doit apprendre à faire confiance aux partenaires sociaux dans l'entreprise.