TOUT EST DIT

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lundi 6 février 2012

Au secours, la gauche revient !

Certes, nous ne sommes pas en 1981, avec ses départs précipités, au lendemain du 10 mai, de Français fortunés glacés par la perspective d'un gouvernement "socialo-communiste". Le mur de Berlin est tombé. Le Parti communiste ne fait plus peur à personne. L'alternance a été apprivoisée.

Mais la tentation de l'exil est là et les expatriations fiscales se multiplient en vue de l'élection présidentielle. "Je vais demander à mon agent immobilier d'estimer la valeur de mes appartements et de mes vignobles en France, explique un chef d'entreprise français d'origine libanaise, spécialisé dans l'industrie de produits chimiques. Et j'attendrai le 22 avril de voir comment se passent les choses. Si elles sont défavorables à mes intérêts, je lui demanderai de tout liquider et j'irai m'installer aux Etats-Unis, où l'on respecte les personnes et les revenus des gens qui travaillent."
Il n'est pas un cas isolé. Tous le disent : conseils en gestion de patrimoine, avocats fiscalistes, agents immobiliers spécialisés dans le haut de gamme. "Nous n'avons jamais vu autant de gens partir à l'étranger. Des clients qui redoutent les élections et craignent que ce soit pire après, quel que soit le vainqueur", témoigne un grand assureur français.
La décision officielle de supprimer le bouclier fiscal, prise par Nicolas Sarkozy le 12 avril 2011 pour satisfaire sa majorité parlementaire, a fait l'effet d'une douche froide sur les plus riches de nos compatriotes. Il y a eu un accroissement et une accélération "considérable" des demandes de délocalisations à partir du moment où, au début de l'année, le revirement présidentiel est devenu plausible, assurent des avocats parisiens dans un rapport confidentiel sur l'expatriation fiscale, qui date du mois de mars 2011.
"UN REGAIN D'INTÉRÊT"
Depuis lors, ce courant ne faiblit pas. Le budget 2012 et les plans Fillon dits d'équilibre des finances publiques du 24 août et du 7 novembre 2011 n'ont pas rassuré. Ils prévoient des rafales de hausses d'impôts : la contribution sur les hauts revenus, l'augmentation des prélèvements sociaux sur les revenus du capital, l'alourdissement des droits de succession ou de la fiscalité sur les dividendes et les intérêts…
Stéphane Jacquin, directeur de l'ingénierie patrimoniale de Lazard Frères Gestion, constate "un regain d'intérêt" de ses clients pour une éventuelle délocalisation "depuis la réforme de la fiscalité du patrimoine à l'été 2011 et, dernièrement, à l'approche des échéances électorales". "Certains préparent leur départ. Ce sont aussi bien des gens qui ont récemment vendu leur entreprise que des détenteurs d'un patrimoine d'origine familiale que l'on appelle le 'old money'. On voit même des personnes ayant un patrimoine inférieur au seuil de la dernière tranche de l'ancien barème de l'ISF [impôt de solidarité sur la fortune], soit 16 millions d'euros, envisager de se délocaliser", analyse-t-il.
Son témoignage est corroboré par celui d'Eric Vincent, de l'agence Paris-Rive gauche-Emile Garcin. "Nous avons des clients qui réfléchissent sérieusement à leur déménagement en prévision des élections. Ils nous demandent d'estimer leurs biens en France et, dans la conversation, on comprend que c'est parce qu'ils réfléchissent à une expatriation. Ce sont des gens de catégorie sociale assez élevée qui ont des postes ou des fonctions très importantes dans des conseils d'administration ou des entreprises", raconte cet agent immobilier.
La possibilité d'une victoire à la présidentielle du candidat socialiste, dont le projet de réforme fiscale cible les grandes entreprises et les plus fortunés, n'arrange pas leurs affaires. Thierry Chomel de Varagnes, directeur associé de l'agence Paris-Rive gauche de Barnes, est catégorique : "J'ai des clients qui m'ont dit clairement que s'il était élu, ils reverraient leur organisation patrimoniale et quitteraient la France."
LES ACTIFS AUSSI S'INTERROGENT
François Hollande a prévu de revenir dans une large mesure sur l'allégement de l'ISF consenti par Nicolas Sarkozy en contrepartie de la suppression du bouclier fiscal. Il veut supprimer le prélèvement forfaitaire libératoire sur les dividendes et les intérêts et taxer ceux-ci comme les revenus du travail. Il ne reviendra pas sur la contribution sur les hauts revenus décidée par le chef de l'Etat et portera même à 46 % (contre 45 % actuellement) la tranche marginale d'imposition pour les plus hauts revenus (à partir de 500 000 euros par part). "Avec de telles propositions, l'ensemble des revenus financiers d'un patrimoine rapportant 5 % par an sera absorbé par les impôts. Il sera donc difficile de maintenir son patrimoine et de le protéger contre l'inflation", analyse Stéphane Jacquin.
Les détenteurs de patrimoines familiaux ne sont pas les seuls concernés. Les actifs aussi s'interrogent. Dans un rapport de 2008 sur l'ISF, Philippe Marini, sénateur UMP de l'Oise, avait souligné que le cap des deux délocalisations fiscales par jour avait été largement franchi en 2006 (843 en 2006, contre 666 en 2005). Le rapporteur général de la commission des finances du palais du Luxembourg avait constaté que la moyenne d'âge des redevables à l'ISF délocalisés était de 54 ans (contre 66 ans en moyenne pour les redevables à l'ISF). Les contribuables qui se délocalisent, analysait-il alors, sont des entrepreneurs, qui disposent à la fois de capitaux et d'expérience, plutôt que des retraités.
Ce constat est partagé par les auteurs du rapport sur l'expatriation fiscale de mars 2011. Ceux-ci ont observé un rajeunissement des "exilés fiscaux" et une diminution significative de la taille de leur patrimoine. Ils expliquent cette évolution par le souci de ces actifs, souvent propriétaires-dirigeants et managers d'entreprises, d'échapper à la taxation des plus-values de cession de participations. "Un chef d'entreprise qui vend son affaire peut accepter d'acquitter l'ISF parce qu'il cesse d'être exonéré sur ses biens professionnels. Mais il ne supporte pas de laisser un tiers de sa plus-value au fisc", témoigne, sous couvert d'anonymat, un avocat fiscaliste renommé.
VERS LA BELGIQUE, LA SUISSE ET LE ROYAUME-UNI
Les destinations les plus fréquentes des candidats au départ sont la Belgique, la Suisse et le Royaume-Uni. Ces trois pays présentent l'avantage d'être proches de la France et bien plus attractifs sur le plan fiscal. Hélène Van de Velde est responsable de l'agence Emile Garcin de Bruxelles. "Depuis le début de cette année, témoigne-t-elle, nous avons de plus en plus de demandes de renseignements de clients qui cherchent à savoir quels sont les prix, quels sont les bons quartiers."
En Belgique, il n'y a ni ISF, ni taxe sur les revenus locatifs, ni plus-values sur les actifs financiers. La taxation des dividendes et intérêts est nettement moins élevée qu'en France, tout comme l'imposition des successions. "Ici, on est très taxé sur le travail et moins sur la fortune, poursuit-elle. Beaucoup de Français viennent s'installer en Belgique tout en travaillant en France car une heure vingt de TGV entre Bruxelles et Paris, c'est parfois moins long qu'un trajet embouteillé entre Neuilly et Paris."
Mais le paradis des plus fortunés restent sans conteste le Royaume-Uni et la Suisse. Outre-Manche, le régime fiscal dit des résidents non domiciliés permet à tout non-Britannique s'installant au Royaume-Uni de n'être imposable que sur les revenus dégagés ou transférés dans ce pays. "Les gens s'installent à Londres et mettent leur patrimoine au Luxembourg ou en Suisse. Ils échappent ainsi à toute l'imposition sur les revenus ou les plus-values", explique Stéphane Jacquin.
S'installer en Suisse peut prendre du temps. Mais le jeu en vaut la chandelle ! Il faut préalablement demander un permis d'établissement, l'équivalent d'un visa à durée limitée auprès de la commune d'arrivée – sachant que les vingt-six cantons ont tous leurs propres règles, leur police, leur justice et leur fiscalité –, avant d'aller négocier son forfait fiscal.
C'est-à-dire le montant annuel de l'impôt à verser. Cette spécialité helvétique permet aux riches étrangers d'être imposés selon leur train de vie (frais de logement, d'habillement, dépenses en cures ou vacances, frais d'entretien de yacht, avions privés et limousines,etc.) et non en fonction de leurs revenus et de leur fortune.
L'ANNÉE 2012 S'ANNONCE EXCEPTIONNELLE
Et le montant du forfait peut aussi dépendre de la volonté de l'expatrié de financer une place publique ou une école, par exemple. Les cantons de Genève, de Vaud et du Valais sont devenus champions en la matière, alors qu'à Zurich ce système, jugé trop injuste, a été aboli par un référendum cantonal.
Quelque 5 500 personnes en ont bénéficié en 2010, dont 2 000 Français selon les estimations, rapportant à la Suisse 668 millions de francs (553,9 millions d'euros). Dans sa liste des "300 plus riches" pour 2011, le journal Bilan a recensé 43 exilés français, dont deux nouveaux arrivants, qui disposent d'un patrimoine supérieur à 100 millions de francs.
L'avocat vaudois Philippe Kenel, star en la matière, avoue avoir aidé une trentaine de Français à passer la frontière en 2011. L'année 2012 s'annonce exceptionnelle. Pour le seul mois de janvier, il a monté le dossier de dix personnes, des Français dont la fortune dépasse les 10 millions d'euros, et qui "comprennent bien que l'Etat français a besoin d'argent, et qu'on ne les laissera pas tranquilles, quel que soit le vainqueur à l'élection présidentielle".
A Genève et ailleurs, le business de la délocalisation, également porté par les craintes suscitées par la crise de la zone euro, se porte à merveille. Comme Me Kenel, des bataillons d'avocats, de conseillers fiscaux et de banquiers s'activent depuis quelques mois pour satisfaire les interrogations et les besoins de Français fortunés qui veulent sauter le pas avant la présidentielle.
"Beaucoup n'ont pas encore pris la décision finale, mais ils ont déjà sur leur table de nuit le dossier constitué", témoigne le responsable d'un family office (gestionnaire de patrimoine familial) qui compte parmi ses clients de très riches industriels. "Nous nous préparons à leur arrivée, car les vaches à lait maltraitées finiront par aller brouter chez nous", ajoute-t-il, avouant que certains de ses collègues se frottent les mains et vont même jusqu'à souhaiter la victoire à l'élection présidentielle du socialiste François Hollande.
Claire Guélaud et Cécile Prudhomme avec Agathe Duparc (à Genève)

Angela Merkel proclame son soutien à Nicolas Sarkozy

«Il est normal de soutenir un parti ami», a déclaré la chancelière allemande lors d'une conférence de presse commune avec le chef de l'État à Paris.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont une nouvelle fois insisté sur leur «grande convergence de vues», à l'issue du 14e conseil des ministres franco-allemand. Une rencontre dont l'objectif était notamment de travailler à la convergence franco-allemande, vantée lors de son allocution télévisée par Nicolas Sarkozy la semaine dernière, et d'évoquer les problèmes actuels de la zone euro.
Interrogée sur son éventuel soutien au candidat - non déclaré - Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande a par ailleurs répondu, à titre personnel, par l'affirmative. «Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans car nous appartenons à des partis amis», a-t-elle déclaré. Elle a rappelé que Nicolas Sarkozy était venu la soutenir en 2009 lorsqu'elle briguait un second mandat, et que le candidat socialiste, François Hollande, s'est de son côté rendu récemment au congrès du SPD allemand. «Il est normal de soutenir un parti ami», a-t-elle justifé. La chancelière sera de nouveau ce soir aux côtés du président français à l'occasion d'une interview commune, retransmise sur France 2 et ZDF.
A propos de l'euro, la chancelière allemande et le président français ont renforcé ce lundi la pression exercée sur les dirigeants grecs. Alors que le spectre d'une faillite du pays se rapproche, le couple franco-allemand a insisté sur la nécessité pour la Grèce de conclure les négociations engagées actuellement d'une part avec ses créanciers privés, d'autre part avec la Troïka. «Il ne peut y avoir de nouveau programme [ndlr: de nouvelle aide] si la Grèce ne conclut pas avec la Troïka», a précisé Angela Merkel, qui a souligné que le temps presse. «Je ne comprends pas l'intérêt qu'il y aurait à encore laisser passer du temps». Les différents partis de la coalition gouvernementale grecque échouent pour l'instant à se mettre d'accord sur de nouvelles mesures d'austérité, exigées par l'Union européenne et le FMI en contrepartie de son aide.

Proche d'un accord en Grèce


Le couple franco-allemand s'est cependant montré rassurant sur l'issue de ces négociations. «Jamais nous n'avons été aussi proches d'un accord», a estimé Nicolas Sarkozy. Si la chancelière n'entend pas exonérer la Grèce des efforts à fournir, elle a évoqué la possibilité de verser les intérêts d'emprunt liés à sa dette sur un compte bloqué, «pour être sûr que cet argent sera durablement disponible». «Nous voulons que la Grèce reste dans l'euro», a martelé la chancelière. Le chef de l'Etat a de son côté cité en exemple le travail accompli par le nouveau premier ministre italien, Mario Monti. «Il fait un travail remarquable. C'est le chemin à suivre».
Sur la question de la convergence fiscale, les deux dirigeants ont rappelé leur volonté de rapprocher leurs impôts sur les sociétés. «Notre conviction est que ce rapprochement créera une zone de stabilité qui confortera toute l'Europe», a plaidé Nicolas Sarkozy. La France dispose actuellement d'un impôt sur les sociétés dont le taux est plus élevé qu'en Allemagne. Son assiette, en revanche, y est plus large. Les ministre des Finances français et allemands ont travaillé à un livre vert, pour aboutir à une convergence. «Notre idée est d'élargir l'assiette de l'IS français et ainsi de pouvoir baisser les taux», a expliqué Nicolas Sarkozy. «J'espère que ces travaux seront finalisés avant le 50e anniversaire du Traité de l'Elysée», en janvier 2013, a précisé Angela Merkel.

Argent du foot : la dérive jusqu'où ?


Le « marché d'hiver » vient de prendre fin sur les étals du football. Pour attirer Beckham au PSG, l'émirat du Qatar était prêt à aligner 800 000 € par... mois. Non, il n'y a pas d'erreur de zéro, c'est bien cela : huit cent mille euros ! L'esprit chavire et l'on doit se pincer en se demandant si l'on n'est pas dans un mauvais rêve. L'opération n'a pas abouti, c'est vrai, du moins... pour l'instant et en France. À l'étranger, on apprend dans le même temps qu'Anelka va rejoindre la Chine pour un salaire, cette fois hebdomadaire, de 230 000 €. On approche donc du million par mois, d'ailleurs dépassé, toujours à l'étranger, par Eto'o (20 millions annuels), Rooney (13,2 millions) ou Ronaldo (13 millions). Le mieux pourvu en France, Pastore, culmine à 5,3 millions... Une misère ! Sans compter les régimes fiscaux et sociaux très favorables, les contrats commerciaux qui se chiffrent en millions d'euros. Tout cet or et ces paillettes confirment le constat dressé, il y a dix ans, par le Conseil économique et social : « L'aventure sportive du champion, naguère symbole vivant du romantisme de la compétition, s'efface devant le marché. La glorieuse incertitude du sport cède à la recherche de la rentabilité du spectacle sportif. » Bref, le tiroir-caisse est devenu le coeur vivant d'un monde de fric et de toc. Ah, les belles femmes et les belles décapotables... L'image d'un bonheur de pacotille, là où prévalait, il n'y a pas si longtemps, celle de l'effort modeste au service de l'équipe. Étonnez-vous de voir proliférer les caprices de ces enfants gâtés que sont devenus les footballeurs et combien d'autres ! La compétition entre eux devient souvent plus vive que sur le terrain avec l'équipe adverse. Chacun n'a de cesse de se placer sous l'oeil des caméras de télévision pour faire monter sa cote. Où êtes-vous Fontaine et Kopa... Mimoun et Jazy...vous les héros du stade et de la piste d'autrefois ? Par-delà les raisons nombreuses qui expliquent cette immense et scandaleuse dérive, par-delà l'indulgence de bien des supporteurs qui gagnent à peine en une vie ce que leurs idoles perçoivent en un mois, la question est de savoir si l'on peut tolérer cela dans une démocratie fondée sur la justice autant que sur la liberté. Il faudrait comprendre pourquoi les 29 millions d'euros de « retraite chapeau » obtenus par l'ex-PDG de Carrefour, ou les 13 millions empochés à son départ par l'ancien patron du groupe Vinci, pourquoi ces pratiques ont justement fait hurler tandis que, s'agissant des sportifs, on se montre plus compréhensifs : « Ils nous font tant rêver ! » ? Dans les deux cas, on a affaire à de l'injustifiable, à ce qui ne peut se justifier ni au regard de la raison ni à l'aune de la justice. Il est déjà difficile d'admettre des écarts de salaire, pourtant tenus pour raisonnables, de l'ordre de 1 à 20 et jusqu'à 40... Mais un rapport, comme dans le cas présent, de 1 à 400, voire 500, qui de sensé peut l'admettre, même au nom de la brièveté des carrières sportives ? On comprend l'indignation d'un député UMP et du leader du groupe socialiste à l'Assemblée, qui suggèrent d'imposer sans retard à ce Mercato, comme ailleurs, un salaire maximum. Ce serait bien le minimum ! Ce qui suppose, pour d'évidentes raisons, une décision internationale au sein de la Fifa. Cela n'est pas acquis !

Doublement débile

Débile. 1. Faible de constitution 2. (Fam) Stupide. L’adjectif défini par le petit Larousse illustré s’applique particulièrement bien à la dernière polémique créée par Claude Guéant. Il a suffi que le ministre de l’Intérieur déclare devant des étudiants de l’Uni que « toutes les civilisations ne se valent pas » pour enflammer la controverse sur Twitter et inspirer la chronique politique dominicale. Oui toute cette affaire est doublement débile, à commencer par le propos du ministre de la police qui, semble-t-il, parle plus vite qu’il ne pense. Le dernier raccourci sémantique qu’il vient d’emprunter à toute vitesse l’exposait, il le savait, au dérapage. Qu’importe, il a préféré une nouvelle fois faire crisser les pneus. L’essentiel était-il, comme pour l’un de ces jeunes des cités qu’il a dans le collimateur, de faire du bruit ? Si oui, c’est gagné ! Comme l’a fait diplomatiquement remarquer Alain Juppé, M. Guéant a allègrement confondu « civilisation » et « régime politique » au risque d’invalider d’emblée son hasardeuse démonstration. En somme, il soustrait la culture. Du coup, l’argument était, comment dire ? « faible de constitution ». Et plus prosaïquement, stupide puisque de sophisme en sophisme, il ne démontre rien, et n’aboutit nulle part sinon à l’infini d’un certain néant intellectuel. La réaction de la gauche n’en a pas moins été, elle aussi, « faible de constitution » et pour tout dire « stupide ». Fallait-il perdre autant d’énergie à dénoncer le calcul politicien du ministre pour vampiriser des voix du Front national ? Cette hargne a dérapé dans un contresens. Car – et c’est bien le plus navrant - le ministre a sans doute été sincère dans sa déclaration. Il pense vraiment ce qu’il dit. Il n’a donc pas eu à trop forcer sa nature pour prétendre ne pas voir où était le problème. Les certitudes du M. Guéant flattent l’ignorance véhémente de ceux qui liront dans ses paroles un nouvel encouragement à dévaloriser publiquement, à coup de sous-entendus, les communautés non européennes. Si c’était le but – on se gardera des procès d’intention – il n’y a plus qu’à se féliciter que M. Guéant ne soit pas ministre des Affaires étrangères. Il est temps que les élections arrivent car à ce rythme la France pourrait se mettre à dos toute cette Méditerranée dont il n’y a pas si longtemps elle vantait encore l’Union avec elle au nom de tant d’héritages communs.

Complotite aiguë  

ça ressemble à une nouveauté. Ca brille comme une nouveauté. C’est séduisant comme une nouveauté. Mais c’est un produit recyclé…. La théorie du complot ne date pas d’hier mais en ces temps de crise elle connaît un succès français aussi inquiétant qu’inattendu, et d’autant plus spectaculaire qu’elle répond à des interrogations sans réponse. Un film si puissamment anxiogène qu’il parvient à noyer les vraies questions sur la situation du pays. Ça marche toujours : plus la menace est vague, et plus elle est efficace. Les politiques, effrayés par leur impuissance à peser sur les grands équilibres économiques, ont, les premiers, brandi le glaive contre l’ennemi invisible. François Hollande n’a-t-il pas théâtralement déclaré la guerre à « la finance internationale. » Avant lui, Nicolas Sarkozy avait depuis longtemps promis de tordre le cou aux pirates des paradis fiscaux. On a vu le résultat. Et voilà que les journalistes s’y mettent. Avec circus politicus, qui a fait le buzz cette semaine, deux d’entre eux dénoncent les réseaux occultes qui manipuleraient les démocraties du monde. Les dirigeants de nos pays ne seraient que des marionnettes de quelques officines cosmopolites déterminées à profiter de la faiblesse du reste de l’humanité. Comme toujours, ces démonstrations sont à première vue convaincantes, reposant invariablement sur des enquêtes « fouillées » et menées aux quatre coins du monde. Les éléments de preuves, il y en a, sont presque trop bien ficelés, cependant, pour ne pas inspirer la méfiance. C’est toujours la même histoire : quand on pose un postulat, il est assez aisé de trouver les éléments qui le rendent cohérent. Les illuminati seraient donc toujours à l’œuvre à moins que les scénaristes avec cartes de presse n’aient trop regardé la série « The Event ». Cette façon de mettre nos sociétés sous tension est une de ces manipulations, officiellement pour la bonne cause, mais non sans visées commerciales, qui n’est pas sans risque. De la mise en cause des élites souterraines à l’ostracisation d’un groupe ou d’une communauté, il n’y a qu’une frontière mince qu’en d’autres temps certains ont franchie en véhiculant le pire. Instrumentaliser certaines vérités pour achever de déconsidérer la démocratie représentative n’est assurément pas recommandable.