mercredi 16 avril 2014
How French are you, le test américain qui tue… mais à quel point méritons nous les stéréotypes que les Américains véhiculent sur nous ?
Nicholas Marks : Pour moi, le stéréotype "abusif" est soit non justifié, soit tellement usé qu'il ne devrait pas avoir lieu d'être. Quelques exemples : les Français et la baguette. D'accord, il est beaucoup plus probable de voir quelqu'un avec une baguette sous le bras dans une rue en France qu'aux Etats-Unis ou une file d'attente (surtout le dimanche) devant une boulangerie à Paris qu'à Los Angeles. Mais cela prouve quoi ? (Il n'est pas rare d’apercevoir une grosse Américaine avec un flacon de Coca deux litres à Atlanta, mais TOUTES les femmes américaines ne sont pas de grandes consommatrices de Coca Cola - mais cela "colle à l'image d’Épinal".)
Par contre, toujours pour moi, un travers avéré est un "constat". Exemples : les affaires Cahuzac ou DSK ou Zidane : un français peut se permettre de mentir d'une manière éhontée au public alors que cela se paie très cher aux Etats-Unis (et au Royaume-Uni aussi). Autre exemple : la peur du courant d'air chez les Français : je n'ai jamais connu un seul ressortissant de France qui n'ait pas peur du chaud-froid et de se trouver en "plein courant d'air". D'accord, ce n'est pas un "travers"... mais une phobie avérée. J'ai constaté des crottes de chien... avenue Foch à Paris. Vu le prix du mètre carré on peut se demander si l'étiquette "les Français sont sales" n'est pas quelque peu justifié.
Les Français font tout le temps grève et manifestent tout le temps.
Oui, avéré. Le plus énervant c'est que cela sert la plupart du temps à rien et n'est souvent absolument pas justifié (changement à l'horaire d'hiver pour les cheminots, mis à pied d'un journaliste à France Inter...). Toutefois, comme une grève française ne dure pas longtemps en règle générale et n'est efficace que peu souvent, dans l'ensemble ça ne me gêne pas. (Et, à l'époque où j'étais salarié, une grève de transport fournissait toujours une bonne excuse pour un bon retard de l'arrivée au travail.)
Les Français se plaignent vraiment tout le temps.
Oui, certain. Le verre n'est pas seulement à moité vide, on n'arrive même pas à le trouver et de plus il est sale !
Les Français mangent des baguettes à outrance, aiment les fromages qui puent, mangent des huîtres, des grenouilles, des escargots et du foie gras.
Faux. Bien qu'on ait un problème lors d'une réunion de famille (couscous, mais pas de pain ! mon dieu ...), je pense que c'est surtout les générations plus âgées qui consomment la baguette à outrance. Je connais beaucoup de français qui n'achètent pas de pain tous les jours et qui - pire ! - n'aiment pas le fromage, surtout ceux qui puent, qui ne mangent jamais des huîtres, grenouilles, ou foie gras.
Les Français fument trop.
Oh oui ! Et surtout dans les endroits où c'est formellement interdit. (J'ai le souvenir d'avoir passé un quai de gare du RER A en train en voyant quatre contrôleurs dont trois fumaient... Mieux, une maman d'un petit en bandoulière sur le ventre, le mégot au bec).
Les Français aiment le vin et l’alcool en général. Ils commencent même à en boire très tôt.
Oui, et non. Je trouve que les Français aiment le vin en général (bien que les nouvelles générations, moins) et l'alcool (surtout le whisky) mais pas qu'ils commencent à boire tôt, à l'exception des alcooliques, bien entendu.
Les Français sont pessimistes.
Sûr. Il suffit de regarder la tête des gens dans les transports, et pas que le matin ! Dans mon entourage/belle famille et chez les collègues, français, force est de constater que l'avenir n'est pas rose (et ne l'a jamais été !).
Les Français n’aiment pas les riches, ni les gens qui réussissent.
Pas vraiment. Je trouve qu'ils ne leur vouent pas une admiration particulière, mais qu'ils ne les détestent pas non plus.
Les Français sont superficiels et pédants.
Non, pas particulièrement "superficiels" (cela dit, je suis Américain...). Mais "pédants", oh que oui ! Pire, tout bon français DOIT avoir une opinion sur tout sujet, même s'il n'y connait rien. (Et, le Français n'hésite pas à corriger le français, parlé par un étranger ; je connais une Québécoise qui s'est fait corriger un mot car ce n'était "pas du français !")
Les Français n’aiment personne.
Je pense que les Français aiment beaucoup et sincèrement leur proches. Mais n'aiment pas du tout l'étranger, dans le sens de quelqu'un qu'ils ne connaissent pas. ("Les Italiens, cela passe et encore. TOUS les autres sont des cons.")
Les Français sont fans des films et séries américaines mais aiment pourtant critiquer les Américains.
Je trouve qu'il y a là aussi une question de génération. Je ne trouve pas qu'ils aiment particulièrement les films et séries s'ils ont plus de quarante ans, par contre, plus quand ils sont jeunes. Critiquer les Américains ? Oui, les Français adorent cela. Là aussi, plus généralement, ceux qui ont un certain âge aiment faire cela, mais il y a aussi tous ceux qui "adorent les Etats-Unis".
Je le pense. Surtout chez les Américains qui n'ont jamais mis les pieds ici. Par contre, ceux qui y ont voyagé généralement aiment la France (peut-être moins les Français...). Je suis convaincu que les médias américains maintiennent cela, comme une sorte de blague récurrente facile. (Il n'y a pas si longtemps une de mes tantes aux Etats-Unis avait demandé à une de mes filles s'il y avait des McDonald's en France... comme si c'était la marque d'un pays civilisé).
Je pense qu'il s'agit :
1) de notoriété : si on demande à un Américain lambda ce qu'il pense d'un Slovaque ou d'un Belge il n'y aura aucune réponse. Mais les Français ont une réputation (justifiée ou pas) et une abondance de clichés autour d'eux.
2) Les Français, tels qu'on les décrit dans les livres, au cinéma et à la télévision, sont bardés de stéréotypes (dont quelques travers justifiés) - un peu comme les Chinois dans "Benny Hill" - on reconnait tout de suite et on rit, ou sourit, mais c'est de la facilité.
3) Dans les médias américains, surtout de droite (Fox News) il y a un agenda anti-français qui s'explique par :
- votre non-acceptation aveugle de la politique étrangère américaine (guerre d'Irak),
- l'indépendance de celle de la France (Syrie, Mali) qui va parfois contre les intérêts américains
- et (sans que cela soit dit) le refus par les conservateurs du "modèle français" comprenant le chômage bien indemnisé, de longues vacances ou congés maternités payés, des systèmes d'éducation ET de santé de qualité souvent gratuits, des TGV, des Airbus et (il ne faut pas le dire !) des femmes belles qui fument et qui boivent !
J'ai passé pas mal de temps en province et je trouve que certains travers ou traits (pessimisme, baguette, vin) sont plus exacerbés ou forts en province alors que d'autres (égoïsme, pédanterie, anti-américanisme primaire ...) le sont plus à Paris.
Mais je pense qu'un Américain "normal" ne pourrait pas faire la différence entre le Parisien et le provincial. Il aura déjà du mal à la faire entre un Français et un Italien ou un Allemand... ce sont tous des Européens pour nous.
Je dirais que non. Il y a vraiment une image particulière des Français, chez les Américains, et vice versa.
Il y a une réelle "identité française". Aucun Américain ne traiterait un Hongrois d'arrogant, un Portugais de pédant, un Suisse de sale, un Suédois de menteur, ou un Irlandais de chiant. Non, les travers des Français, s'ils sont dans certains cas partagés avec d'autres nationalités, forment néanmoins un faisceau de torts - réels ou perçus comme tels - qui distinguent bien le Français de tout autre étranger.
Un PS de « Camba »
Un PS de « Camba »
Après le « gouvernement de combat », voici donc « le PS de Camba ». Hier soir, comme prévu, pour ne pas dire comme imposé par l'exécutif, Jean-Christophe Cambadélis a été élu (mais non plébiscité) premier secrétaire par le conseil national du PS. Voici donc cet ancien trotskiste devenu, en quelque sorte, le Valls du Parti socialiste. Car on n'en finirait pas de souligner les similitudes ayant caractérisé l'accession de ces deux ambitieux aux postes qu'ils guignaient ouvertement. Même s'il a été adoubé par François Hollande, au mépris des règles de démocratie interne, Jean-Christophe Cambadélis n'était pas davantage le candidat de c'ur du chef de l'État pour diriger le PS, que Manuel Valls ne l'était pour diriger le gouvernement.
L'un et l'autre ont plus imposé leur présence qu'ils n'ont été sollicités. Et cela par la grâce d'une déroute électorale. Tout comme Valls est un anti-Ayrault, « Camba » est un anti-Désir, chargé de remettre de l'ordre dans la maison socialiste ébranlée. Le nouveau premier secrétaire, fin politique et habile man'uvrier, incarne ce professionnalisme désormais revendiqué. Comme Manuel Valls, il entend travailler collégialement à l'unité avec un secrétariat national « resserré et paritaire ».
Tout comme Manuel Valls encore, qui a obtenu une confiance vigilante au Parlement, « Camba » a dû compter hier soir avec la contestation de l'aile gauche du parti réclamant une direction collégiale et un congrès extraordinaire. Pour calmer cette impatience, il a proposé des « États généraux socialistes » et une conférence militante où sera discutée l'orientation politique du parti.
Parce qu'enfin, Cambadélis devra, comme Valls, jouer loyalement la synthèse sans être un béni-oui-oui. Porter la parole militante, en désaccord grandissant avec le discours élyséen, constituera une tâche funambulesque s'il veut être un premier secrétaire provisoire… qui dure. Surtout que se profilent des élections européennes que le PS abordera dans l'ambiguïté. Cambadélis va jouer gros. Décidément, Valls et « Camba », même combat !
Salaire inférieur au Smic : comment Pierre Gattaz va tuer cette bonne idée
Pierre Gattaz, a suggéré de créer un salaire d’entrée dans l’entreprise à un niveau inférieur au Smic. L’idée est bonne mais l’enthousiasme du président du Medef risque de la tuer.
Cette affaire de coût du travail va constituer le vrai test de la capacité du gouvernement à assouplir le droit du travail pour rendre le marché de l’emploi fluide. Le système français souffre d’un coût du travail excessif mais aussi d’un manque de souplesse. C’est d’une évidence biblique, l’existence du Smic a accéléré la délocalisation industrielle et a provoqué du chômage. Le coût du travail s’est retrouvé depuis une dizaine d’années trop élevé par rapport aux conditions d’équilibre de l’entreprise. Les entreprises ont fermé et les syndicats ont préféré se battre pour améliorer l’indemnisation chômage. Le pays tout entier a fait le choix du chômage plutôt que du travail.
Les entreprises ont été dissuadées d’embaucher et les demandeurs d’emplois n’ont pas été franchement encouragés à trouver un job. Résultat, la France compte désormais 10% de chômeurs.
De l’avis de la majorité des experts, la solution passerait par un déblocage du marché de l’emploi. C’est-à-dire par une simplification des procédures, un déverrouillage des seuils qui bloquent le développement des entreprises, une flexibilité plus grande y compris sur les salaires… avec, pourquoi pas, des Smic différents selon les régions et comme vient de le dire Pierre Gattaz, l’instauration d’un Smic inférieur au niveau légal pour inciter les jeunes à mettre un pied dans l’entreprise plutôt que de commencer par la case "Pôle Emploi" !
Le problème, c’est que tout cela n’appartient pas au logiciel de la gauche. Les militants du Front de gauche, du Parti communiste et les adhérents syndicaux sont en général vent debout contre ce type de réformes. Ces dernières sont donc restées de tout temps dans les cartons pour des raisons strictement idéologiques.
Manuel Valls est arrivé à Matignon sans trop d'a priori. Il a d’emblée parlé de réformer le droit du travail, d’introduire plus de flexibilité... François Hollande lui-même s’est laissé convaincre, par quelques-uns de ses amis économistes, dont Elie Cohen, de réfléchir à un salaire minimum moins élevé et pourquoi pas un salaire régionalisé pour tenir compte des différentiels de pouvoir d’achat. Manuel Valls a soulevé quelques inquiétudes dans les rangs de ses amis politiques mais pas de levées de boucliers. La gauche est dans un tel état qu'elle n’a pas d’autre choix que d’accepter les prescriptions de l’un des leurs, même si ces prescriptions ne paraissent pas dans la ligne du parti.
Dans les coulisses, tout était donc possible pour Manuel Valls qui veut absolument faire repartir la machine économique. Mais à une condition : de ne pas faire de provocation à l’adresse des militants de gauche.
Or, si Pierre Gattaz s’empare de cette idée pour la défendre avant même que le gouvernement l’ait formalisée, il provoque immédiatement une réaction de rejet de la part des syndicats. Ça n’a pas manqué. Tous les syndicats sont plus ou moins montés au créneau contre cette idée du Medef redevenu pour le coup le repère des "affreux-capitalistes-prêts-à-tout-pour-optimiser-leurs-dividendes".
Reste à savoir comment vont réagir les politiques, non ceux de droite (Ils n’ont guère travaillé à trouver des idées nouvelles), mais les politiques de gauche brûlés vifs… On aurait voulu tuer dans l’œuf une mesure intelligente et pragmatique qu'on n’aurait pas fait les choses différemment. Les pires adversaires de Manuel Valls sont tapis au sein même de sa famille. Pour l’instant, ils grognent un peu mais attendent de voir. Maintenant, si on agite le chiffon rouge, ses adversaires vont se réveiller et obliger François Hollande à calmer le jeu.
Et si vous débranchiez (un peu) votre portable ?
Trop, c'est trop ! On consulte son portable à tout moment, même en pleine discussion. Des voix s'élèvent pour inviter à une utilisation plus modérée du téléphone.
Au point qu'on commence à faire la chasse à ces impolitesses. Depuis la semaine dernière, les membres du gouvernement ont ordre de ne plus allumer leur portable durant leur réunion hebdomadaire à l'Elysée.
« Pour être concentré sur ce que nous avons à faire, le président de la République a décidé qu'il n'y aurait plus de portable au Conseil des ministres. Chacun aura à discuter et à écouter ce qui se dit », a déclaré sans rire Stéphane Le Foll, le nouveau porte-parole du gouvernement. Une instruction qu'ils suivront sans doute à la lettre aujourd'hui pour la Journée nationale de la conversation, qui tente de remettre au goût du jour l'art de se parler... et de s'écouter.
Avec le développement des smartphones, les mauvaises habitudes ont gagné du terrain. D'après le cabinet d'étude Millward Brown, les Français passent en moyenne soixante-dix-neuf minutes devant leur écran de téléphone chaque jour. Ils l'utilisent surtout pour prendre des photos ou des vidéos, consulter leurs e-mails et rechercher des informations sur le Web, a établi de son côté le cabinet Deloitte. « Quand je travaille, je ne regarde pas trop mon portable. Mais, quand je suis en repos, je le consulte environ tous les quarts d'heure, même si je suis avec du monde », avoue Adélaïde, une infirmière de 27 ans. « J'essaie de faire des efforts parce que ça m'agace dans le sens inverse », reconnaît cette accro à Facebook.
Sur le réseau social, justement, de nombreux groupes antiphubbing se sont créés pour encourager les internautes à consulter leur smartphone avec modération et à contrer le développement de la Fomo (fear of missing out), un syndrome qui touche ceux qui se connectent par peur de manquer un événement important.
Aujourd'hui, ces anti sont surtout actifs dans les pays anglo-saxons, où le terme s'est popularisé. Aux Etats-Unis, plusieurs restaurants proposent ainsi des réductions aux clients qui laissent leur téléphone aux vestiaires. En Allemagne, des chercheurs ont lancé Menthal, une application disponible sur Android (en anglais) qui permet de calculer le temps qu'on passe sur son téléphone durant la journée. Elle a été téléchargée plus de cent mille fois.
En France, le problème commence à être pris en compte. « A cause des smartphones, les gens sont connectés en permanence, mais ils ne se parlent plus », regrette Guillaume Villemot, créateur de la Journée de la conversation et de son festival qui se déroule jusqu'à dimanche*. « Avec l'arrivée des réseaux sociaux, il faut trouver de nouveaux codes de conversation pour recréer du lien social », ajoute ce spécialiste de la communication. C'est le moment de partager vos idées, en vrai.
Visualisez la scène. Vous participez à un dîner entre amis, vous recevez un SMS. Que faites-vous ? Réponse A : vous le lisez. Réponse B : vous l'ignorez. Dans le premier cas, vous êtes un phubber, dans le second... un menteur ! Vous ne connaissez peut-être pas encore ce terme, mais le phubbing -- action de snober son interlocuteur en consultant son téléphone -- touche tout le monde, jusqu'aux ministres.
« Pour être concentré sur ce que nous avons à faire, le président de la République a décidé qu'il n'y aurait plus de portable au Conseil des ministres. Chacun aura à discuter et à écouter ce qui se dit », a déclaré sans rire Stéphane Le Foll, le nouveau porte-parole du gouvernement. Une instruction qu'ils suivront sans doute à la lettre aujourd'hui pour la Journée nationale de la conversation, qui tente de remettre au goût du jour l'art de se parler... et de s'écouter.
Avec le développement des smartphones, les mauvaises habitudes ont gagné du terrain. D'après le cabinet d'étude Millward Brown, les Français passent en moyenne soixante-dix-neuf minutes devant leur écran de téléphone chaque jour. Ils l'utilisent surtout pour prendre des photos ou des vidéos, consulter leurs e-mails et rechercher des informations sur le Web, a établi de son côté le cabinet Deloitte. « Quand je travaille, je ne regarde pas trop mon portable. Mais, quand je suis en repos, je le consulte environ tous les quarts d'heure, même si je suis avec du monde », avoue Adélaïde, une infirmière de 27 ans. « J'essaie de faire des efforts parce que ça m'agace dans le sens inverse », reconnaît cette accro à Facebook.
Sur le réseau social, justement, de nombreux groupes antiphubbing se sont créés pour encourager les internautes à consulter leur smartphone avec modération et à contrer le développement de la Fomo (fear of missing out), un syndrome qui touche ceux qui se connectent par peur de manquer un événement important.
Aujourd'hui, ces anti sont surtout actifs dans les pays anglo-saxons, où le terme s'est popularisé. Aux Etats-Unis, plusieurs restaurants proposent ainsi des réductions aux clients qui laissent leur téléphone aux vestiaires. En Allemagne, des chercheurs ont lancé Menthal, une application disponible sur Android (en anglais) qui permet de calculer le temps qu'on passe sur son téléphone durant la journée. Elle a été téléchargée plus de cent mille fois.
En France, le problème commence à être pris en compte. « A cause des smartphones, les gens sont connectés en permanence, mais ils ne se parlent plus », regrette Guillaume Villemot, créateur de la Journée de la conversation et de son festival qui se déroule jusqu'à dimanche*. « Avec l'arrivée des réseaux sociaux, il faut trouver de nouveaux codes de conversation pour recréer du lien social », ajoute ce spécialiste de la communication. C'est le moment de partager vos idées, en vrai.
Un vote de confiance déjà caduc
Un vote de confiance déjà caduc
Il n’a pas fallu plus de quelques jours au nouveau gouvernement pour comprendre à quel point il était sous surveillance : contrairement à ce que François Hollande avait espéré, la France n’obtiendra de l’Europe aucun délai de grâce pour ramener ses déficits publics à 3 %. Ce sera en l’an 2015. Le chef de l’Etat avait pourtant lui-même tenté de repousser cette contrainte. C’était au lendemain de la raclée électorale : le gouvernement, disait-il, devait « convaincre l’Europe » que le pacte de responsabilité et les efforts d’économies « devaient être pris en compte dans le respect de nos engagements » de remise en ordre de nos finances publiques. Cela pouvait permettre de relâcher un peu la pression gestionnaire, de distribuer quelques milliards sous forme d’aides ou de baisses d’impôts, manière de « tenir compte de la demande de justice sociale exprimée dans les urnes », selon la terminologie propre aux grands blessés électoraux de la gauche. C’est sur cette ligne d’assouplissement des contraintes que Manuel Valls a bâti son discours de politique générale ; c’est sur cette ligne qu’il a obtenu la confiance de la majorité.
Mais voilà, en une semaine, tout a changé : les Européens ne se sont pas laissé fléchir. Ils ne se sont pas non plus laissé intimider par le bras de fer promis par Paris. C’est par conséquent avec sa majorité que le chef de l’Etat devra mener ce bras de fer.
Nous voilà donc face à la réalité, dans toute sa brutalité. Avec, pour le gouvernement, une équation redoutable à résoudre : la mise en place d’un plan d’austérité sans précédent, avec remise en cause de quelques monuments du modèle social à la française et baisse du nombre des fonctionnaires. Une équation à une inconnue : un président au plus haut de l’impopularité peut-il conduire un programme politique aussi naturellement impopulaire ?
Valls vu des marchés
Qu’attendent donc les marchés ? Des preuves que la France évolue
Les marchés ont totalement ignoré le discours de politique générale du nouveau Premier ministre. Ils sont beaucoup plus préoccupés de savoir si la Banque centrale européenne va se décider à faire du QE (quantitative easing, assouplissement quantitatif), quand et comment, que du discours de politique économique de la France, qui s’inscrit dans la lignée des deux premières années de la mandature. La bonne nouvelle est que la France n’est pas un sujet ; la mauvaise est qu’elle ne fait pas rêver.
Les marchés ont ignoré ce discours parce qu’il s’inscrit dans une longue lignée d’annonces du même genre, séduisantes en théorie, décevantes en pratique. Le pacte de compétitivité s’est résumé a une petite baisse des coûts du travail, bien trop faible pour combler en tendance l’écart des coûts du travail avec l’Allemagne ou les pays du sud. Le pacte de responsabilité annoncé en janvier se traduira par une autre baisse, mais encore plus faible. Les grands mouvements de baisse de l’impôt sur les sociétés sont prévus après la mandature en cours, tout comme l’abandon de la clause de compétence généralisée, courageuse et importante, mais prévue pour 2021. Quant aux 50 milliards d’euros de dépenses publiques économisées, auxquels il faut ajouter plus de 10 milliards d’euros de nouvelles baisses d’impôt, les détails sont toujours maigres.
Bref, les marchés n’ont pas été impressionnés, ni en bien ni en mal : injuste ? Peut-être, mais cela reflète le manque de crédibilité de la France en comparaison des quatre grands pays de l’Union européenne quand il s’agit de réformes. Ce n’est pas la capacité de la France à produire des richesses qui est mise en cause, c’est sa capacité à évoluer. La confiance dans la richesse productive du pays est reflétée par la note souveraine, mais les doutes par le tassement des investissements directs. On reproche à la France de ne pas évoluer en comparaison des autres pays européens. Le Royaume-Uni a renoué avec 3 % de croissance en dépit de l’austérité. L’Espagne a reformé son marché du travail, sa compétitivité, et semble sortir de la crise tirée par des exportations dynamiques. Le discours de l’Italien Matteo Renzi, lancé vigoureusement sur le respect de l’objectif de finances publiques, assorti de quelques réformes structurelles, et avec une réforme électorale importante à la clé, a semblé beaucoup plus volontariste.
Mais qu’attendent donc les marchés ? Des preuves que la France évolue. Plutôt qu’un plan dont le premier objectif serait d’arriver à faire taire les complaintes bruxelloises, ils espèrent un plan d’ajustement budgétaire qui viserait à corriger les travers de notre système social, son inefficacité. Les transferts sont plus coûteux en France qu’ailleurs en proportion des montants redistribués, les multiples niveaux de gouvernance locale laissent dériver les dépenses publiques. Les investisseurs attendent aussi une réforme du marché du travail qui viserait à accroître l’employabilité plutôt qu’à protéger à l’extrême ceux qui ont déjà un emploi ; du leadership en Europe plutôt que « basher » la Banque centrale européenne. En bref, un mot d’ordre : moderniser.
Laurence Boone est membre du Cercle des économistes et directrices des études économiques pour l’Europe à Bank of America Merrill Lynch.
Une bouffée d’espoir
Une bouffée d’espoir
"Europe, il faut tout changer". Tel est le titre du livre que Laurent Wauquiez vient de publier sur l’Europe aux éditions Odile Jacob. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy et François Fillon écrit: "Oui, nous avons besoin d’Europe, mais pas de cette Europe-là. Encore faut-il ouvrir le débat. Cela suppose de l’audace et du courage, juste ce minimum de volonté pour secouer les tabous solidement établis, depuis Schengen jusqu’à l’Europe à 28, en passant par le protectionnisme et la liberté de circulation. Aujourd’hui, soit on est pro-européen et sommé de défendre tout ce que fait Bruxelles, soit on est anti-européen, et l’Europe devient porteuse de tous les vices.Au fond, on a renoncé à toute forme de liberté de pensée. Je réclame ce sursaut de lucidité qui doit permettre à des pro-européens de dire que ce n’est plus possible. Europe, oui, tout doit changer." Cet ouvrage marque une prise de conscience, de la part d’un homme politique important du camp des Républicains modéré, d’une réalité essentielle pour l’avenir. Il ne comporte pas une once d’idéologie anti-européenne. Il est tout en pragmatisme, en rejet des tabous et des dogmes, fondé sur la simple observation des faits et la dénonciation des échecs. Ce qu’il dit sur Schengen et la politique européenne de l’immigration est frappé au sceau du bon sens. Ses observations ne sont pas contre l’Europe mais bien au contraire, dans son intérêt à long terme… D’ailleurs, quitte à manquer à la modestie, il faut dire que j’écrivais à peu près la même chose, 13 ans auparavant, dans mon livre "Le grand bazar ou l’Europe face à l’immigration" (L’Harmattan, 2001), mais à l’époque dans l’indifférence ou l’ironie de mes rares lecteurs… Les temps changent, et parfois en bien. Bravo à Laurent Wauquiez donc, en espérant que sa clairvoyance ne sera pas perdue, que l’intelligence de son livre fera des émules et débouchera sur des suites dans le sphère du réel, de la politique!
Prix public 19,90€
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