TOUT EST DIT

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vendredi 17 août 2012

La mère de François Fillon, Anne Fillon, est décédée dans la nuit des suites d'une longue maladie

Nous avons appris le décès d'Anne Fillon, mère de François Fillon, alors qu'elle était âgée de 80 ans.  
De son nom de jeune fille Anne Soulet, cette femme, mariée au notaire Michel Fillon, était passionnée d'histoire, et en avait fait son métier.
L'historienne et professeure à l'Université du Maine, mère de quatre garçons, François, Pierre, Arnaud et Dominique, est toujours restée très discrète sur la carrière de son fils ainé.
Pourtant, en 2010, alors que François Fillon est reconduit à la tête du gouvernement, elle se réjouissait de sa commune de Sablé-sur-Sarthe à la radio du caractère de son enfant, qui reste toujours "plus un fils qu'un Premier ministre" lorsqu'il lui rend visite, sans pour autant s'étonner de sa réussite : "Il y a une continuité dans sa vie, je trouve que petit, il était déjà un peu comme il est aujourd'hui, avec énormément de maîtrise de lui".
"Fière" du parcours de François Fillon, Anne l'était donc assurément. Mais l'inquiétude pointait également souvent le bout du nez, jusqu'à se demander parfois si elle n'aurait pas souhaité une autre vie pour son fils ainé. "J'ai peur, plus que mon mari […]. Je dis très souvent, mais je ne le pense peut-être pas vraiment que j'aurais aimé le voir faire autre chose", avait-elle ainsi déclaré en 2010.

Russie : des camps pour femmes hérités du Goulag

Les camps auxquels les trois membres de Pussy Riot sont condamnées abritent quelque 640.000 prisonniers, dont près de 52.000 femmes.

«La colonie, ça a été un choc. Je suis arrivée au début de l'hiver, la neige tombait sans discontinuer. J'ai vu une foule de femmes identiques, portant les mêmes vestes grises en coton matelassé et les mêmes foulards sur la tête.» C'est ainsi que Svetlana Bakhmina décrit son entrée à la colonie n°14, située dans le village de Partsa, à 450 km au sud-ouest de Moscou. Comme beaucoup de Moscovites, Svetlana Bakhmina, condamnée pour détournement de fonds dans le cadre de l'affaire Ioukos, a purgé sa peine loin des siens, dans le district de Zoubovo-Poliana, un morceau de Mordovie à peine grand comme les Yvelines où, le long d'une même route, défilent les palissades grises de 17 colonies.
Hérités du Goulag, le système pénitentiaire russe en a conservé les camps. Derrière les barbelés, des baraques de 100 ou 200 lits, une cour, une cantine, une zone de «quarantaine» pour les nouveaux arrivants, une infirmerie et une usine, où travaillent les détenues, moyennant un petit salaire.

«Aucune intimité»

Les journées, raconte Svetlana, s'y répètent à l'identique: «Réveil à 6 heures, appel dans la cour. À 7 heures, petit déjeuner, puis départ pour le travail. À 13 heures, cantine, puis retour au travail, jusqu'à 16 ou 17 heures. À 18 heures inspection, puis dîner. Extinction des feux à 22 heures.» Elle dit aussi le déchirement de n'avoir pas vu grandir ses deux fils. Outre les six visites courtes accordées dans l'année, les détenues peuvent prétendre à quatre «parloirs familiaux» de trois jours, dans un petit studio mis à disposition. Son mari n'a jamais voulu y conduire les enfants. «Dans sa structure même, la colonie est un univers d'hommes. Il n'y a aucun espace d'intimité. Cela casse complètement les repères de genre. Pour beaucoup de détenues, c'est très traumatisant», relève Lioudmila Alpern, du Centre d'action pour la réforme de la politique pénale. Depuis plus de vingt ans, cette sociologue milite pour les droits des détenues, «un contingent marginal, qui n'intéresse personne». Pour preuve, elle avance sa première victoire: avoir obtenu, à la fin des années 1990, l'obligation légale de fournir des protections périodiques aux détenues.
Selon le Service fédéral d'application des peines, en 2011, la Russie comptait quelque 640.000 prisonniers, dont près de 52.000 femmes. «Les femmes sont particulièrement exposées aux malversations de l'administration pénitentiaire, car elles ne résistent pas, elles intériorisent la violence. Historiquement, seules les détenues politiques se sont distinguées par leur insoumission», observe Lioudmila Alpern.
Dans Grise est la couleur de l'espoir, la dissidente soviétique Irina Ratouchinskaïa écrit: «Nous vivons derrière des barbelés, on nous a tout pris, on nous a séparés de nos amis et de nos familles, mais tant que nous ne participons pas(à ce système, NDLR),nous sommes libres.» Près de trente ans plus tard, les Pussy Riot professent la même insubordination. Au dernier jour du procès, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, a lancé à la juge: «Derrière nos barreaux, nous sommes plus libres que ceux qui nous accusent.»

12 travaux d'Hercule + 1 : créer son entreprise en Grèce

Théodore PERDIKAKIS est le co-fondateur de l'agence ATTP, une agence de publicité qui se place parmi les 10 premières d’Athènes. Dans son portefeuille de clients, l'agence compte l'enseigne de hard discount Lidl, Leroy Merlin, et la banque HSBC. Depuis un an, la crise touche de plein fouet son activité. En 2011, la société a perdu 50% de ses effectifs.
Lorsqu'elle s'est lancée en 2000, l'entreprise connait pourtant une croissance fulgurante. Ses locaux au design dernier cri sont jalousés dans toute la ville. Aujourd'hui, alors que l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro court dans Athènes, l'entrepreneur grec observe avec amertume le monde de l'entreprise dans lequel il a du se faire une place. Mais des signes positifs peuvent aussi être relevés, telle la mise à disposition de "Hub"; ces grands espaces qui se sont vidés des moyennes ou grandes entreprises en faillite et qui sont désormais proposés à de plus petites entreprises pour un faible coût. Pour l'instant, ATTP résiste et tient ses quartiers, mais "c'est très dur", confie Théodore Perdikakis.

Envisage-t-on la création d’entreprise en Grèce comme un moyen de s’en sortir face à la crise ?

Non, ici ce n’est pas une règle pour s’en sortir. Mais dans le même temps, la crise ne va pas empêcher de créer quelque chose de nouveau. Je dirais qu’en Grèce, c’est encore possible de créer son entreprise et que l’on peut même aussi profiter de la crise. C’est ce qu’il s’est passé en 2009, lorsqu’une agence de publicité a profité du départ de Leo Burnett, - la filiale de Publicis qui a quitté le marché grec à cause de la situation qui se dégradait déjà beaucoup -, en récupérant une partie de ses affaires.

Les démarches pour créer son entreprise sont-elles faciles ?

Elles ne le sont absolument pas. C’est d’ailleurs l’un des problèmes les plus graves de notre économie que les experts de la troïka (la mission mandatée par le FMI, la BCE et l’UE ndlr) ont d’ailleurs souligné lors de l’une de leur dernière visite dans notre pays. Ici, créer son entreprise, c’est presque une torture. La lourdeur et l’importance de la bureaucratie est inimaginable, même pour un entrepreneur de l’Europe du Nord qui se plaint aussi parfois des démarches à accomplir. Pour illustrer cette difficulté, nous racontons souvent l’histoire de ce promoteur grec dans le Péloponnèse qui avait prévu de faire construire plusieurs hôtels dans un endroit magique de la région. Pour y parvenir, cela lui a pris dix ans et, après les avoir comptés, il a dû signer... 20.000 documents à l'administration. Imaginez alors un peu pour un simple entrepreneur !

D’autre part, la corruption qui sévit dans notre pays touche évidemment la création d’entreprise. Généralement, l’entrepreneur a la possibilité de percevoir des fonds de la communauté européenne. Mais avant cela, il y a des fonctionnaires qui sont chargés de juger de la qualité du projet. Cette mission ils la remplissent avec un message à peine dissimulé : « Si vous voulez que le projet soit retenu par l’UE, il nous faudra 100.000 euros en contrepartie ».
La culture entrepreneuriale est-elle dans l’ADN grecque ?

Oui, je le crois. Les Grecs ont dans leur nature le goût du talent et celui de la prise de risque. Le milliardaire Aristote Onassis, l’armateur et ancien époux de Jacqueline Kennedy est pour nous un exemple de réussite. Je crois donc que les Grecs sont de vrais entrepreneurs. Mais dans le même temps, une mentalité un peu primaire persiste chez les gens ; avec l’idée selon laquelle les entreprises utilisent le capitalisme pour réussir et que c’est mal. Pour eux, c’est mauvais de gagner de l’argent.

Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

De l’extérieur, il faut comprendre la mentalité de mon pays. Il a été profondément marqué par la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, à la fin du Moyen-Age. Depuis cette date, le pays a appris à se plier à cette autorité. Lorsqu’il se réveille, en 1880, il est complètement perdu. Pendant des années, il est façonné par une mentalité, celle de l’Orient. Et avec elle, une certitude : l’Etat est un ennemi. Pendant 400 ans, la Grèce n’a pas eu la possibilité d’embrasser tous les changements économiques et culturels qui ont fait la force de l’Europe du Nord. Aujourd’hui, elle essaye de rattraper ce retard. Mais comprenez que, ne pas payer ses impôts à l’Etat, c’est quelque chose de tout à fait normal ici. Voilà pourquoi je sais que nous sommes de vrais entrepreneurs : nous aimons agir individuellement. Le revers de la médaille est que nous ne sommes pas bons collectivement. Les Grecs ne comprennent pas que l’intérêt individuel doit passer avant par l’intérêt général. En, d’autres termes, pour se réaliser, il faut un environnement favorable.

Quelles sont les attentes des entrepreneurs grecs ?

Il faut en finir avec la bureaucratie. Cela passe par une simplification de notre système de taxes qui est très injuste et corrompu : ceux qui payent sont ceux qui payent beaucoup trop par rapport à ceux qui ne payent rien du tout. Il faut ensuite baisser les impôts des entreprises et
Conseilleriez-vous à un entrepreneur français de venir s’installer en Grèce ?

Il faut du courage. Mais la crise offre de nombreuses opportunités dans tous les domaines. Par exemple, je constate l’ouverture de nombreux « Hub », ces espaces en commun ou incubateurs. Les entreprises ferment et les espaces se réaménagent pour de plus petites entreprises logées sur un même espace. Néanmoins, ce qui lui manquera cruellement sera le nombre de Business Angels potentiellement intéressés par son projet. Il n’y a plus beaucoup d’argent dans notre pays pour soutenir les projets prometteurs.
mieux répartir l’impôt en faisant payer tout le monde.



Sécurité : gesticuler empêche d'articuler


La sécurité ! Le sujet est revenu à la une ces derniers jours, avant même que les incidents d'Amiens-Nord ne soient placés sous les projecteurs. Les interrogations sur les centres d'éducation fermés pour mineurs, la création des fameuses zones de sécurité prioritaires, les actions contre les camps de Roms datent d'avant la visite de François Hollande à des victimes d'agression à Grenoble ou son hommage mardi aux gendarmes tuées en juin. Occuper le terrain sur lequel la droite va inévitablement attaquer est logique pour le PS, toujours suspect d'être laxiste. Mais l'impression de cacophonie, entre les prises de position de la garde des Sceaux Christine Taubira et celles du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, n'éclaire guère la logique qui préside au sein du gouvernement sur le sujet. Critique du tout-répression et tout-enfermement contre fermeté martiale et recrutement de policiers, la caricature est trop simple. Du coup, ces annonces font écho à l'ère Sarkozy, toujours dans l'émotion et le tout sécuritaire. L'exemple d'Amiens pourrait pourtant être le déclencheur d'une autre politique, un temps annoncée. Celle où on cesse d'accumuler des dispositifs, ZSP, Anru, zone franche, etc., où on évalue leur efficacité et leur empilement, et où on repense tout en simplifiant, puisque ca ne marche pas ; et où on rapproche la police des habitants. Cela serait plus parlant pour les citoyens et plus simple pour les administrations, sans coûter plus cher. Bref, adopter une façon « normale » de gouverner en lançant et articulant des réformes de fond et dans la durée, et en les expliquant, pas en gesticulant et en cédant aux premières pressions de l'actualité.

Le nouveau procès de Moscou 

Pour Vladimir Poutine, la liberté est une émeute. Dans son monde comme dans son vocabulaire, il n’existe ni malfaiteurs légers ni délits. La contestation, quel que soit son degré, a automatiquement valeur d’acte criminel.
Le procès intenté à ce trio de punkettes érigé en ennemi public n°1 n’est ainsi que le nouvel avatar d’une politique intérieure brutale comme un fouet. Basée sur la répression, la crainte et l’étouffement, et qui a besoin de temps en temps d’exemples pour que la société ne l’oublie pas.
Après la journaliste Anna Politkovskaïa, l’oligarque Mikhail Khodorkovski, le blogueur Alexeï Navalny et d’autres encore, c’est au tour des Pussy Riot de faire office de « piqûres de rappel ». Il ne faut pas occulter cette symbolique dimension-là.
Ridicule, ce procès ? Disproportionnées, les peines encourues ? Du point de vue de l’Occident peut-être, pas de celui de Poutine. L’ancien colonel du KGB sait parfaitement ce qu’il fait et à qui il s’adresse. Et il est illusoire de penser qu’il est aujourd’hui le moins du monde embarrassé par la publicité donnée à cette affaire. Au contraire, cela renforce encore son image d’homme fort.
Qu’importe en effet que l’opinion internationale pousse des cries d’orfraie à chacune des atteintes portées aux droits de l’homme, c’est sans valeur pour le maître du Kremlin. Il sait que le monde ne peut composer sans lui, qu’il est intouchable hors de ses frontières.
Il sait aussi, et le vent du printemps arabe le lui a rappelé, que paradoxalement plus aucun despote n’est à l’abri chez lui. Ce qui l’a incité à resserrer encore l’étau d’un cran.
Avec ce procès, il entend ainsi réaffirmer sa totale emprise sur la société russe, sur les tribunaux et la puissante Église orthodoxe, supplétifs zélés du régime. Le peuple doit comprendre et surtout accepter que sa seule liberté est de se taire, qu’il n’existe aucune place pour la contestation.

Tempête dans un verre d’eau


Le site auquel je soumets régulièrement mon « carnet de notes » décide vendredi de mettre en ligne un papier « léger », pour le week-end, intitulé « Un vent glamour souffle sur le Palais-Bourbon ».
Et de lister, sans exhaustivité, quelques sept élues dont l’apparition – avec leur jeunesse, leur élégance, leur charme, qui n’exclut évidemment pas leur compétence ou leur intelligence – transforme un peu le paysage politique. Que n’avait-il pas fait là, ce site ? Sur Twitter, très vite, les accusations de « machisme » affolent les tweetos et provoquent toutes sortes de réactions, certaines amusées ou bienveillantes. D’autres franchement grossières ou menaçantes. Des sites prennent le relais, non sans humour,  comme Terra Femina qui – réponse de la bergère au berger – décide de lister à son tour les « plus jolis hommes de l’Assemblée nationale »… Quant au Lab Europe 1, il embraye avec son top… des plus beaux sénateurs.
Qu’avaient donc osé faire les rédacteurs de ce papier, sinon ce que font régulièrement la plupart des magazines ? C’est pourtant cet angle, léger, futile, qui a déchainé les protestations et commentaires au point de faire de cet article l’un des plus discuté sur Twitter vendredi, prenant place parmi les trois premiers « trending topics » du jour. Et permis que l’on voit à nouveau surgir les règles du politiquement, culturellement et sociétalement, « correct ». Étrangement, les publicités qui marchandisent littéralement le corps féminin à longueur de pages et d’écrans, ne semble pas susciter les même levées de boucliers.
Le site a bien sûr maintenu l’article. Il n’avait rien de répréhensible. Mais on peut s’interroger sur cette nouvelle capacité de pression des tweetos. Que représentent-ils ? Quelle opinion ? Ils ont toute liberté de s’exprimer, certes. Mais de la même façon que la presse a le droit d’émailler un contenu sérieux et documenté, de quelques articles de teneur plus superficielle.
Tempête dans un verre d’eau ? Oui, mais intéressante petite tempête.

Les Pussy Riot risquent trois ans de camp

Dans l'attente du verdict en milieu de journée, la mobilisation internationale s'intensifie. Une manifestation est prévue à Paris.
Les trois jeunes femmes du groupe de punk rock russe Pussy Riot, contre lesquelles le parquet de Moscou a requis trois ans de camp pour une "prière" anti-Poutine dans une cathédrale, connaîtront leur jugement vendredi, journée mondiale de soutien pour leur libération.

À 11 heures GMT (13 heures en France), la présidente du tribunal Khamovnitcheski de Moscou doit entamer la lecture du jugement de Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, qui comparaissent depuis fin juillet et sont en détention provisoire depuis cinq mois. Les prévenues doivent répondre de "hooliganisme" et d'"incitation à la haine religieuse" pour avoir chanté le 21 février, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une "prière punk" dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir.
Le procureur a requis trois ans de camp contre chacune d'elles, expliquant avoir tenu compte de leur casier judiciaire vierge et du fait que deux des femmes ont des enfants en bas âge. La peine maximale est de sept ans de camp. Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe et l'une des femmes a comparé ce procès à celui des "troïkas de l'époque de Staline", en allusion aux groupes de trois personnes (troïka) qui, du temps de la terreur stalinienne, condamnaient à des années de camp ou même à mort de manière arbitraire et expéditive.
Alors que l'affaire a profondément divisé la société russe, la juge chargée du procès, Marina Syrova, a été placée jeudi sous protection de l'État à la suite de menaces qui émaneraient de partisans du groupe. Les trois femmes ont reçu de nombreuses marques de soutien international, notamment de la part de députés allemands, de la chanteuse américaine Madonna, de l'artiste d'avant-garde Yoko Ono, veuve de John Lennon, ou encore de l'ex-Beatles Paul McCartney.
Une journée mondiale de soutien aux Pussy Riot a d'ailleurs lieu vendredi, avec des actions dans de nombreuses capitales Londres, Varsovie ou encore New York. À Paris, un rassemblement est prévu à 12 h 30, place Igor Stravinski.

POUTINE VEUT TOUS LES POUVOIRS, BIEN SÛR,
LE DICTATEUR NE SUPPORTERA PAS
LA CONTESTATION DE CES TROIS JEUNES FEMMES. 
LES GOULAGS N'ONT PAS DISPARU.

Easyjet fait plier les pilotes français

Après un jour de grève le 15 août, les pilotes français ont arrêté le mouvement. L'accord signé avec la direction et le SNPL est pourtant très éloigné de leurs revendications. La Tribune dévoile les modalités de l'accord.

 Un jour de grève et puis s'en va pour les pilotes français d'Easyjet. Avec un accord très éloigné de leurs revendications.
Jeudi 16 août, au lendemain du premier jour de grève des pilotes français dans l'histoire d'Easyjet, un accord a été trouvé entre la direction et le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). Le préavis de grève pour vendredi (17 août) et dimanche (19 août) est levé. Le SNPL a annoncé jeudi dans la soirée avoir obtenu des « réponses satisfaisantes à ses revendications », qui portaient sur une hausse de salaire de plus de 3% et d'un bonus représentant 2% de la rémunération annuelle. Ceci alors que la compagnie ne voulait pas aller au-delà d'une augmentation de 2,08%.
Hausse salariale de 2,11% et un bonus représentant 0,25% du salaire annuel
Pourtant, l'accord signé est, selon nos informations, assez éloigné des revendications. La compagnie n'a pas cédé. Elle a daigné accepter une augmentation des salaires de 2,11% et un bonus représentant 0,25% du salaire annuel. A cela s'ajoutent des contreparties sur la garantie salariale en cas de perte de licence d'un pilote pour des raisons de santé (six mois de salaires sont ainsi assurés, puis au-delà 70% du salaire) ainsi que l'engagement de la direction d'ouvrir prochainement des négociations sur les conditions de travail (mise en place du temps alterné).
Au final, malgré ces maigres avancés, certains pilotes ont « un goût amer ». Ils n'ont pas réussi à faire bouger la direction. Auraient-ils obtenu davantage en continuant le mouvement? Nul ne le saura. Easyjet se devait en tout cas de rester ferme pour éviter de voir proliférer ailleurs des mouvements similaires. Elle l'a été d'autant plus qu'elle a bien réussi à contrer la grève du 15 août en assurant l'ensemble de son programme de vols, sans perturbations.  Pour autant, la compagnie rencontrait des difficultés pour réitérer cette performance vendredi et dimanche.

AH ! CES TRAVAILLEURS FRANÇAIS, ILS SE PRENNENT POUR LE NOMBRIL DES COMPAGNIES....ALORS QU'ILS NE SONT QU'UN FARDEAU INSUPPORTABLE

Double peine 


Pauvre juillettiste ! Chaque jour de son mois de congés il a guetté une éclaircie, un rayon de soleil, un frémissement à la hausse du mercure. Pendant un mois il a surveillé les flashes météo afin de décider avec la plus grande finesse dans quel coin de France il pourrait planter sa tente sans craindre l’inondation, ou l’achat d’urgence d’un auto bronzant… Peine perdue. Le mois de juillet a été pourri presque partout, presque tout le temps.
Une fois rentré au bercail, et, surtout, au travail, sans avoir pu recharger ses batteries, qu’est-ce qu’il apprend le juillettiste ? Que ses collègues, eux, sucent des glaces, se prélassent sur un sable sec, et jouent à la pétanque sans coupe-vent. Pire, à partir d’aujourd’hui il va subir quelques jours de canicule en ville, mal dormir dans un appartement surchauffé et sans un souffle d’air… Et il devra en plus surveiller les personnes âgées de son entourage. La guigne.
Rien de bien grave en vérité. Les Canaries sont ravagées par les flammes, les Philippines connaissent des pluies torrentielles, et les États-Unis une telle sécheresse qu’ils ne parviennent plus à faire pousser leur maïs. Ça va mieux ?

La Syrie n'est pas la Libye 

  Il n'est pas bon d'aborder de manière politicienne les questions de politique étrangère. Alors que le rôle de la France dans le monde a été quasiment absent de la campagne présidentielle, voilà que naît une polémique sur un prétendu immobilisme de nos dirigeants, sur l'opportunité d'aller à Moscou pour infléchir Poutine, ou encore sur le rôle plus important que pourrait jouer notre pays au Conseil de sécurité de l'Onu...
La tragédie syrienne, dans sa complexité extrême, mérite mieux que des formules simplistes ou des accusations sommaires.
Il faut le répéter une fois encore : la Syrie n'est pas la Libye, Alep n'est pas Benghazi. Certes, dans les deux cas, des civils souffrent et sont délibérément pris pour cibles. Mais les données stratégiques, diplomatiques et géographiques sont très différentes. Dans le cas libyen, ni la Russie ni la Chine ne s'opposaient à une intervention militaire occidentale à laquelle la Ligue arabe avait donné sa bénédiction. Ce qui n'est pas le cas, aujourd'hui, en Syrie.
Le régime Kadhafi n'était pas un acteur clé de l'équilibre régional et il n'existait pas de risques sérieux d'internationalisation du conflit. Bref, le risque que prenait alors la France en poussant à une intervention militaire était réel mais « raisonnable ». L'engagement stratégique n'est pas un jeu de poker. Si François Hollande faisait aujourd'hui du « Nicolas Sarkozy » en Syrie, rien ne dit qu'il serait suivi par ses alliés d'hier et Paris risquerait de se retrouver bien seul. On ne brandit pas avec légèreté la menace d'une intervention militaire directe que l'on ne peut tenir.
Ne pas « refaire la Libye » ne veut pas dire ne rien faire. Si nous ne pouvons ni ne devons pas envoyer nos avions et nos pilotes, nos bateaux et nos marins, nous devons nous poser la question : existe-t-il vraiment une alternative à la fourniture d'armes, notamment des armes antitanks et anti-aériennes, aux rebelles ? Certes, l'option est loin d'être idéale. Nous devons être conscients des risques d'escalade qu'un tel choix implique. Moscou et Téhéran, qui soutiennent le pouvoir actuel de Damas, sentent bien que l'équilibre des volontés politiques est en train de basculer du côté des rebelles. Ils entendent nous dissuader d'intervenir à leurs côtés. Il nous appartient de ne pas céder à ce bluff. Pour des raisons stratégiques, tout autant qu'humaines.
Ma conviction personnelle est qu'en dernier ressort, et ce moment est venu, il faut armer les rebelles. C'est se doter des moyens d'influer sur eux, de les encourager à s'unir et à contenir les plus extrêmes d'entre eux qui demeurent encore très minoritaires. C'est aussi préparer l'après-Assad, plutôt que de se contenter d'appréhender les risques de désordre, sinon de chaos. C'est enfin agir, de manière peut-être décisive, sur le calendrier d'une guerre dont la prolongation rendra la reconstruction de la Syrie toujours plus difficile et plus coûteuse.
En d'autres termes, il s'agit pour nous de mettre en harmonie nos discours et nos actes. On ne peut, ainsi que nous le faisons, dénoncer l'inhumanité d'un régime et continuer d'assister, passifs pour l'essentiel, à l'escalade de ses crimes. Cette prise de risque réelle, mais nécessaire, doit s'accompagner d'une pédagogie lucide et responsable.

Debtocracy : La crise grecque pour les nuls...par des manipulateurs

Hier soir, dans un grand élan d'ouverture d'esprit mais aussi par esprit de curiosité, je me suis astreint à un exercice d’autoflagellation pour le libéral que je suis ; j'ai regardé Debtocracy. Ce documentaire, sur la crise de la dette en Grèce, réalisé par des Grecs et qui fait fureur sur la toile dans les milieux de gauche, semble être l'objet d'un boycott des grands médias. Il n'en fallait pas plus pour propager une épidémie de complodite aiguë parmi les sympathisant d'extrême gauche et chez les alter-mondialistes sur un terreau fertile qu'est le monde de la finance. Compte rendu d'un documentaire qui n'en est pas vraiment un.
La première chose qui surprend, quand on sait que le budget du film serait de seulement 8.000 euros, est la très grande maitrise technique dont ont fait preuve les bénévoles ayant participé à ce projet. Bonne nouvelle donc, le talent n'est pas une affaire de gros sous et on sent que ce petit monde a mis tout son cœur à l'ouvrage pour accoucher d'un œuvre construite comme une belle série policière américaine, on est loin de l'amateurisme soixante huitarde. Le fonds par contre laisse largement à désirer et on se demande si cette maitrise artistique n'a comme unique but que de nous laisser bourrer le crâne avec des idées fumeuses et des théories saugrenues.
Debtocracy n'a pas la prétention de montrer la vérité crue et nue. Plutôt qu'un documentaire il se classe dans la catégorie des film-militants, à la Michael Moore, qui ne s’embarrassent pas de montrer des points de vues différents et contradictoires sur un problème majeur en laissant au spectateur une petite place pour son libre arbitre. Les deux auteurs, Katerina Kitidi et Aris Hatzistefanou le revendiquent même, après tout selon eux leurs "contradicteurs ont largement eu le temps et l’espace médiatique pour faire valoir leur position". Ce que tu ne voudrais pas que l'on te fît, ne l'inflige pas à autrui, c'est pas leur tasse de thé.

Debtocracy est un plaidoyer assez bien ficelé dont l'objectif principal est de justifier le non-remboursement de la dette par l'Etat Grec et tout les arguments sont bons, même les plus contradictoires, pour arriver à cette fin, le principal étant le caractère odieux de cette dette selon une jurisprudence du droit international.
Pour Kitidi et Hatzistefanou, tout le monde est coupable ; patrons, banquiers, hommes politiques, Union européenne, BCE, FMI, Allemagne, USA, les Chinois etc. tout le monde sauf le peuple grec bien sûr, innocent comme l'agneau. Et pour étayer leur discours on nous sert un florilège de thèses le plus souvent fausses, parfois contradictoires mais qui ont toutes un point commun ; ne jamais poser la responsabilité du peuple grec dans ses comportements inciviques et le choix de ses élites.

Le film est divisé en trois parties inégales ; La crise et le monde, l'exemple équatorien et enfin le cas grec.
La crise est avant tout mondiale
Dans cette première partie sont repris trois thèmes pour expliquer la crise de la dette que connait principalement les pays occidentaux. La mondialisation aurait été organisée par le "Capital" afin de pouvoir prendre sa revanche sur les travailleurs et casser le modèle social construit dans beaucoup de pays occidentaux ; une sorte de Protocoles de sages de Sion- j'ai du mal à me retenir de rire-. Leur cheval de Troie serait la Chine et ses travailleurs payés avec "un bol de riz". Personnellement je suis toujours étonné quand la gauche internationaliste reprend les arguments de la droite nationaliste en demandant un replis sur soit. Si on veut vendre à la Chine il faut bien qu'elle aussi puisse nous vendre quelque chose pour que le système fonctionne.
Conséquence de la mondialisation, les ménages et les Etats se seraient tournés vers l'endettement pour compenser la baisse des salaires pour les premiers et des dépenses sociales en hausse ainsi que des recettes fiscales en baisse pour les seconds. Voici une théorie intéressante et qui est souvent reprise par des économistes qu'ils soient de gauche ou de gauche. Sauf que le postulat concernant les ménages est faux, de nombreuses études ont montrés que cette perception de baisse de pouvoir d'achat était globalement sans fondement, les salaires progressent mais beaucoup moins fortement que pendant les 30 glorieuses. Est-ce que les Etats s'endettent à cause de l'effet de ciseaux dévastateur pour les comptes publics que sont la hausse des dépenses publique et la baisse des recettes ? Personnellement je crois plutôt que le coupable est le clientélisme qui sévit chez beaucoup de politiques ; je dépenses donc je suis.

3èm argument, la financiarisation de l'économie et la poids de plus en plus important des banques qui lorsqu'elles vacillent et sont secourues par les pouvoirs publics déstabilisent à leur tour les Etats. Enfin un argument qui semble tenir la route encore que si cela est valable pour l'Irlande ou l'Espagne (cf. Bankia) cela l'est beaucoup moins pour la Grèce. C'est même l'inverse dans ce le cas d’Athènes, la baisse de valeur des obligations publiques grecques eu des répercutions dévastatrices sur le bilan des banques grecques qui en étaient gavées.

Petit détail assez cocasse, si tout au long de ce film on casse du Boche et du Yankee, on se se gène pas le moins du monde pour demander à ce qu'on suive l'exemple américain de solidarité entre Etat fédéral et Etats fédérés. Le sous entendu est bien sûr que l'UE devrait pourvoir aux besoins des Etat européens impécunieux. Ceci est faux à double titre. D'abord il existe depuis les années 80 un budget pour venir en aide aux régions les moins avancées (le terme sous-développé est réservé à l'Afrique et à l'Asie) au travers duquel les contributeurs net au budget de l'UE ont déversé et continu de déverser des dizaines de milliards d'euro sans grand résultats tangibles - si ce n'est un grand nombre d’autoroutes et d'aéroports régionaux - puisque la Sicile est toujours la Sicile.
Ensuite le ratio d'écart de richesse entre l'Etat le plus riche de l'UE, en terme de PIB par habitant, le Luxembourg et celui le plus pauvre, la Bulgarie, est de 6,8 alors que ce même ratio est de 7,4 entre le district de Columbia et Puerto Rico. La solidarité entres Etats américains se fait par la transhumance de la main d’œuvre plutôt que par des transferts. Quand le Minnesota a connu un trou de 5 milliards dans son budget, il n'a pas été sauvé par la Californie ou Washington, le gouverneur a simplement pris la décision de fermer des services publics.
Rafael Correa el Libertador
La partie la plus longue et malheureusement la plus indigeste. Une musique de fonds c'est sympa mais de la salsa - et pourtant j'aime les musiques latines - dans les oreilles avec des chansons à la gloire du président Rafael Correa (ci-contre) c'est une torture.

Qu'elle idée saugrenue que celle de prendre un petit pays d'Amérique du Sud pauvre- que peut de personnes pourraient situer sur un carte - comme exemple à suivre pour un pays relativement riche - à l’échelle de la planète bien sûr - qu'est la Grèce ? Puisque que quasiment personne ne connait ce pays, il est plus facile pour une narrateur de raconter n'importe quoi sans se griller.
L'Equator est, à ma connaissance, le seul pays au monde a avoir répudié sa dette de son propre chef, en usant de la jurisprudence de la dette odieuse et surtout en y mettant les formes s'il vous plait ; commission d'enquête composées d'experts internationaux qui ont travaillé sur les comptes publics pendant 14 mois - pas à la sauvage comme la Russie de Lénine ou imposé par les USA à ses partenaires en Irak sans d'ailleurs y faire référence pour ne pas créer un précédent.
Malheureusement comparaison n'est pas raison. Comment mettre sur un pied d'égalité un emprunt qui va servir à financer une ligne de chemin de fer pour désenclaver une région perdue en pleine forêt amazonienne au seul profit d'une multinationale qui y exploite une mine de cuivre et de la dette accumulée pour payer grassement des fonctionnaires qui n'en glandent pas une au siège d'un ministère ? Dans le second cas on peut dire qu'une partie du peuple grec en a bien profité contrairement aux paysans équatoriens.
la dette odieuse appliquée à la Grèce 
Enfin nous arrivons au cœur du sujet, où l'on parle plus précisément de la Grèce. Malheureusement on reste sur sa faim en écoutant la pauvreté et la fragilité des arguments avancés.
Les problèmes de la Grèce mais aussi de l’Irlande et du Portugal seraient à mettre sur le compte de leur situation géographique. Les zones périphériques souffriraient plus que le cœur de l'UE. A croire que nos amis journalistes n'ont jamais entendu parler de la Finlande et de la Suède et de leur bonne santé économique.
Autre idée saugrenue, les jeux olympiques auraient plombé les finances de l'Etat. D'abord personne n'a jamais forcé la Grèce à les accueillir, c'est même l'inverse, Athènes a fait le forcing pour gagner l'appel d'offre lancé par le CIO. Les jeux de Los Angeles, Séoul, d'Atlanta et Sydney ont été bénéficiaires, ceux de Barcelone tout juste à l'équilibres et ceux d'Athènes...aussi ! 100 millions de dollars de bénéfices pour un investissement de plus de 15 milliards : C'est certes moins glorieux que Sydney et ses 1,75 milliards de bénéfices pour un mini-budget de 4,5 milliards mais cela reste un excédent. Il faut donc chercher ailleurs une explication.

L'autre explication va être cherchée chez la tête de Turc favorite de la gauche grecque, L'Allemagne, qui non contente d'avoir "déclaré la guerre à ses travailleurs" dixit le commentateur, aurait aussi forcé la Grèce a continuer à lui acheter du matériel militaire. Comme si Berlin était l'unique fabriquant d'arme européen. A mon humble avis, Merkel n'a pas dû forcer trop la main de Papandréou puisque depuis 30 ans, Athènes a le budget militaire le plus important d'Europe rapporté aussi bien en terme de PIB que d'habitants.
Ce qui est globalement étrange c'est que ce reportage fuit les sujets les plus importants, comme l'appartenance de la Grèce à la zone euro qui est plébiscité par plus de 70% des Hellènes. Le problèmes de la fraude fiscale n'est pas non plus abordé ni celui des exemptions fiscales dont bénéficient légalement les armateurs et les membres du clergé. Bien sûr les sur-effectifs dans la fonction publique et dans les entreprises nationalisées n'est même pas effleuré. A trop vouloir plaire à son public et chercher des coupables chez les barbares, les réalisateurs sont surement passé à côté des vrais problèmes et donc des vraies solutions.
Des mensonges répétés deviennent-ils des vérités ?
 
Il y a dans ce documentaire un savant mélange d’informations factuelles que personne ne peut nier - le peuple souffre à cause de la crise - un peu de pathos et de nombreuses affirmations fausses qui à forces d'être répétées deviennent des vérités pour un public peu au fait des problèmes économiques et qui est exaspéré par la suite de scandales financiers et par les baisses successives de pouvoir d'achat. C'est pas à des Grecs qu'on va apprendre la rhétorique.

Les auteurs de ce documentaire se trompent en demandant une commission d’enquête pour déterminer si la dette grecque est odieuse ou pas. Personne ne peut préjugé des résultats qui en sortiront, qu'est-ce que le gouvernement devra faire si cette commission n'arrive pas à démontrer le caractère illégale d'une grande partie de la dette grecque ? La Grèce ne doit pas chercher à rembourser la totalité de sa dette, tout simplement parce qu'elle ne le peut pas et c'est le meilleur des arguments qui soit.


La Grèce, première ruine de l’Europe politique


les matins d'été - La grèce aujourd'hui par franceculture
C’est un peu comme la pierre de Sisyphe, puisque les références à la Grèce ancienne sont très en vogue en ce moment… Dans le rôle de Sisyphe, le gouvernement grec, et dans le rôle de celui qui en a imposé l’absurde nécessité : une Troïka (FMI, Banque mondiale et Union européenne) de plus en plus exigeante. La pierre de Sisyphe parce que les chiffres de la croissance publiés hier le montrent bien : les politiques d’austérité n’ont eu aucun effet pour l’instant, le PIB est en chute de plus de 6%... Et que va devoir faire le gouvernement grec bien ennuyé de présenter de si mauvais chiffres à ses évaluateurs ? Serrer encore la vis, sabrer encore dans les dépenses. La Grèce est entrée c’est officiel dans sa cinquième année de récession… le taux de chômage atteint aujourd’hui 23%, le salaire minimum est passé en-dessous des 600 euros. Un dirigeant d’entreprise publique a été limogé, la semaine dernière, pour avoir refusé de baisser les salaires de ses employés… de 35% en deux ans comme l’exigent les nouvelles règles du jeu. La semaine prochaine, le gouvernement d’Antonio Samaras doit rembourser plus de 3 milliards d’euros d’obligations détenues par les banques centrales d’Europe. Sa seule solution est de parvenir à les convaincre d’attendre encore. Mais combien de temps pourra-t-il tenir et à quel prix ? Grand entretien de 7h35 à 8h30 avec Stathis Kouvelakis, professeur de philosophie politique au King’s College de Londres, spécialiste de la Grèce.

Tiendra, tiendra pas ? 


Le Syrien Bachar al-Assad poursuit sa sanglante répression dans un pays en proie à la guerre civile. Le « printemps arabe » a certes montré qu’un soulèvement populaire pouvait renverser des régimes paraissant solidement accrochés à leur pouvoir. Ce fut le cas en Libye, où une offensive militaire a mis fin au régime en place à Tripoli. Mais comparaison n’est pas raison.
Kadhafi était dans une approche délirante, Assad est au contraire d’une froideur au scalpel et il conserve plus de soutiens intérieurs que n’en avait son ex-homologue de Tripoli. Surtout, Damas possède une armée puissante, qui en fait une force doublement redoutable. Si elle reste aux commandes, elle dispose de capacités offensives inquiétantes ; si elle perd le contrôle de son armement, ce dernier pourrait passer aux mains de forces incontrôlables, en particulier des mouvements islamistes radicaux, prêts à occuper le terrain.
À propos de la Syrie, il faut donc se méfier des raisonnements par analogie ou solutions à l’emporte-pièce, la plus inconséquente étant l’intervention militaire, la plus odieuse étant le laisser-faire. Pas forcément rapide et spectaculaire, la seule voie, aussi étroite qu’incertaine, est diplomatique, et sur ce plan, quelques timides résultats viennent d’apparaître.
Les pays musulmans ont suspendu Damas de l’Organisation de coopération islamique (OCI), une manière de se démarquer fortement. Et surtout, la Chine appelle « toutes les parties concernées » à accepter un cessez-le-feu et une médiation internationale. Sans lâcher véritablement Al-Assad, Pékin prend quelque distance avec son protégé, au moment où le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est en tournée dans les pays voisins de la Syrie, plaidant pour une « transition politique ».
A contrario, cela signifie que personne ne semble disposé à armer directement les rebelles. Le président-bourreau n’est donc pas à la veille de sa chute – l’Onu, constatant sa propre impuissance, venant de mettre fin à la mission de ses observateurs – pour autant, l’étau commence peut-être à se resserrer.
Tiendra, tiendra pas ? Malgré les apparences, la seconde option n’est plus tout à fait à exclure…

Liban : La Syrie lance son plan B


Beyrouth, le 16 août 2012, 9 h 30. – L’arrestation de l’agent syrien, l’ancien ministre et ancien député Michel Samaha n’a pas fait imploser la scène libanaise. Au contraire. Pendant quelques jours nous avons eu comme une union sacrée (!) autour de la stabilité et de la sécurité nationale. Dans son édition datée du 15 août, notre confrère de l’Orient-Le Jour révélait que Damas avait donné ordre à ses troupes de libérer Samaha « à n’importe quel prix ». Mais l’ordre était double. Samaha n’ayant pas réussi à mettre le pays à feu et à sang en créant des heurts intercommunautaires, on passe au plan B.
Les prémices de ce plan nous ont été servies par un uléma salafiste de Tripoli (nord) qui a directement attaqué le Saint-Père. Cheikh Bakri a exigé du pape des « excuses », sans quoi il pouvait faire son deuil de sa visite au Liban. Nous n’avons pas compris pourquoi il exige des excuses, et encore moins à quel propos. Peu importe : l’information qui est très vite passée à la trappe des actualités n’a retenu l’attention de personne. Nous étions occupés ailleurs et nous savons tous que Bakri, cheikh sunnite salafiste de Tripoli, est la voix de son maître. Et son maître est le Hezbollah dont il est l’homme des basses œuvres au nord-Liban. N’empêche : cela prouve une chose, que Damas et ses inféodés n’ont pas renoncé à vouloir empêcher la visite de Benoit XVI au Liban comme ils n’ont pas renoncé à allumer une guerre confessionnelle au Liban.
Nous étions occupés ailleurs par une autre milice du Hezbollah.
D’abord les faits. Un certain Hassan Moqdad est fait prisonnier par l’Armée Syrienne Libre (ASL) en Syrie les armes à la main, alors qu’il se battait au sein des milices gouvernementales. L’ASL découvre très vite que Moqdad est une grosse huile du Hezbollah. Pendant 48 heures rien ne bouge à Beyrouth, hormis un communiqué du Hezbollah affirmant que Moqdad n’est pas membre du parti. Soudain, au milieu du calme plat du 15 août, le « bras armé » du clan des Moqdad enlève dans la Banlieue-Sud de Beyrouth près de trente Syriens dont des membres de l’ALS qu’ils sont allés arracher de leurs lits d’hôpitaux dans diverses régions du pays. Et le grand jeu nous est servi.
Route de l’aéroport coupée dans les deux sens, les vols à l’arrivée ont été détournés sur Chypre et la Jordanie, conférence de presse avec la mise en scène de rigueur : prisonniers reconnaissants tout ce que leurs geôliers leur dictaient… Jusqu’à ce que le porte-parole du clan annonce qu’un ultimatum de 48 heures est donné à l’ALS pour qu’elle libère Hassan Moqdad et qu’au terme du délai des ressortissants turcs, qataris, émiratis et saoudiens seront enlevés. Nous étions encore bien loin des 48 heures quand un Turc a été effectivement enlevé.
L’Arabie Saoudite, le Koweit, les Emirats-Arabes-Unis, le Qatar et Bahreïn ont appelé leurs ressortissants à quitter « immédiatement » le pays. Mais comment ? La route de l’aéroport était bloquée. On ne pouvait hier passer qu’à pied avec ses valises en traversant le mur de pneus en feu. Mais il y a pour ces ressortissants un autre problème.
Il y a quelques semaines nous avions rapporté l’enlèvement de 11 Chiites libanais « en pèlerinage » aux lieux saints chiites en Syrie. Ils n’ont toujours pas été rendus à leurs familles malgré tous les efforts de la Turquie, de Saad Hariri en personne et des Saoudiens. Ils ont été localisés dans la ville de Azaz entre Alep et la frontière avec la Turquie. Azaz est depuis quelques jours un quartier général de l’ALS et tient pour la révolution la route de la Turquie. Les forces du régime semblaient jusqu’à hier avoir pris acte de cette situation et nous n’avions plus noté d’accrochages ou de combats autour de Azaz ou pour la reprise de Azaz.
Mercredi, l’aviation syrienne bombarde Azaz avec une violence méthodique qui ne laisse aucune chance à la population. Bilan : des dizaines de morts (80 ?) et des dizaines de blessés. Immédiatement les médias qui gravitent autour du régime syrien ou qui lui sont acquis annoncent la mort des 11 Chiites libanais. Et c’est l’embrasement.
Les familles vont rejoindre le clan Moqdad pour couper la route de l’aéroport et d’autres au passage et menacent dans chacun de leurs communiqués : la personne de Saad Hariri, la communauté sunnite libanaise, la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite ? Ces derniers pays conseillent vivement à leurs ressortissants d’éviter à tout moment la route de l’aéroport.
Les annonces – preuve à l’appui – affirmant dans un premier temps que seuls 4 otages sont portés disparus, puis jeudi matin, que les 11 sont en sécurité en Turquie n’y ont rien fait. La tension demeure et l’unique exigence des familles est le retour des onze. Les « preuves de vie » ne suffisant plus à calmer leur colère. Preuve que le Hezbollah a changé de tactique.
Qui est le clan Moqtad ? Pilier du Hezbollah, il regroupe 17 000 personnes et un bras armé – il faut les avoir vus ! – à la mesure de leur nombre. Si on compte parmi eux quelques familles sunnites ou même grecques orthodoxes, ils sont presque tous Chiites et Hezbollah.
Il est 10 heures à Beyrouth ce jeudi matin où j’écris, et la route de l’aéroport est « momentanément » ouverte comme nous ont prévenus et les Moqtad et les familles des pèlerins. Les vols d’Air France détournés mercredi étaient attendus en début d’après-midi à Beyrouth. Mais nul ne savait si à ce moment-là la route serait toujours ouverte.
Dans la Békaa, le principal axe routier qui commande l’axe au Liban-sud (chiite) était coupé par des familles sunnites ripostant à la fermeture de la route de l’aéroport.
Tout cela nous promet de beaux jours. Mercredi soir j’ai trouvé un supermarché ouvert et j’ai fait le plein. Comme mon voisin.

La Grèce a la cote.. sur le marché des îles privées

A l'achat, le prix d'une île est très variable. Toutes tailles confondues, on peut compter de 25 000 à 180 millions d'euros. Pour les spécialistes, une île prisée sera caractérisée par un climat chaud et un environnement politique stable. Dans ce marché cosmopolite, les îles grecques ont particulièrement la cote. En France, les achats se concentrent sur la Bretagne où les prix sont plus raisonnables.
60 millions d'euros, c'est le prix auquel a été récemment achetée l'île seychelloise d'Arros : l'ancienne propriété de Liliane Bettencourt. Pourtant, elle est loin d'être représentative du marché mondial des îles privées. Les îles privées sont en réalité beaucoup plus abordables qu'on aurait pu croire.
Private Islands Inc. est l'une des plus grandes agences spécialisées dans la vente d'îles privées. Elle revendique un catalogue de 550 îles dans le monde entier et une vingtaine de transactions par an.
Les prix sont variables. Pour une petite île de 3 000 m2, au milieu d'un lac panaméen, il faut compter 30 000 dollars (24 346 euros). A l'opposé, il y a l'île grecque de Patroklos, à une cinquantaine de kilomètres d'Athènes : 320 hectares en pleine mer Méditerranée pour la modique somme de 180 millions d'euros !
Chris Krolow, PDG de la société, raconte à l'AFP : « Nous avons tous types de clients, des actrices, des princesses, mais aussi des gens « normaux ». Nous avons récemment vendu une île à un instituteur pour 250 000 dollars (203 000 euros), une île dans l'Ontario avec une petite maison ».
Un climat chaud pour une île « de qualité »
Selon lui, une île « de qualité » doit remplir trois critères : un climat chaud, un environnement politique stable et la possibilité d'acheter réellement le terrain et pas seulement un droit d'utilisation. Dans ces conditions, Chris Krolow estime que « les Bahamas, Belize ou Panama sont des endroits parfaits ».
En revanche, en 2010, Farhad Vladi, PDG de Vladi Private Island (le principal concurrent de Private Islands Inc), mettait en garde les potentiels acheteurs : « Beaucoup de gens ont acheté des îles au large du Honduras ou de Belize en oubliant qu'il y a des pirates dans ces zones, une humidité incroyable, des millions de moustiques, des maladies comme la dengue, des serpents ».
Farhad Vladi estime alors que l'Amérique du Nord ou l'Europe offre une « situation politique et sanitaire » beaucoup plus stable.
Les îles grecques sont particulièrement recherchées
Les îles grecques, souvent bien équipées et au climat idéal, sont particulièrement recherchées.
Nicolas Mugni, de l'agence Demeures de Grèce, informe que le marché local est constitué de « 60 à 70 îles, mais qui ne sont pas toutes constructibles ». Cela limite la marché à « une dizaine » de biens.
Le catalogue de l'agence démarre à 3 millions d'euros pour « une île constructible mais dans un endroit retiré ». Il va jusqu'à 45 millions d'euros pour une île bien plus grande et « plutôt destinée à un développement touristique ».
Nicolas Mugni souligne qu'il travaille essentiellement avec « des hommes d'affaires » : « c'est un petit marché, il n'y a pas beaucoup de clients potentiels ». La dernière vente qu'il a réalisée date de 2009 pour un montant de 5 millions d'euros.
En Bretagne, les tarifs sont beaucoup moins élevés
En France, le marché se concentre essentiellement sur la Bretagne. Les tarifs évidemment sont beaucoup moins élevés.
Dans le Morbihan, une île de 1 à 5 hectares se négocie entre 1,5 et 3,5 millions d'euros. Frédéric Dubois, expert immobilier indépendant spécialiste de la région, explique à l'AFP qu' « une quinzaine » de ces îles seulement sont totalement privées, ce qui restreint le marché à « une transaction tous les deux ou trois ans ».
Frédéric Dubois précise qu' « il faut distinguer nos acheteurs de ceux que l'on peut retrouver dans le Pacifique ou les Dom-Tom. Ici, on n'est pas dans l'ostentatoire. Ce sont des gens qui ont un lien fort avec la région, des gens discrets, pas du tout dans le show off ». Parmi les propriétaires, l'expert immobilier évoque « quelques hommes ou femmes politiques », « de gros industriels » ou encore « un producteur de cinéma ».

Les censeurs de prière et autres lanceurs d'anathèmes républicains croient-ils vraiment que l’Église construit ses discours sur l'air du temps?

Dans sa prière pour la France de l'Assomption, l’Église catholique a pris position contre le mariage homosexuel, s’attirant les foudres de nombreuses associations. Mais pourquoi l'Église renierait-elle une position qui est la sienne depuis toujours ?
Tous les étés on y a droit. Les aoûtiens anti-cathos, sans doute lassés du soleil et des plages, aiment à brûler du catho. L'an passé c'était le coût, soi-disant exorbitant, des JMJ espagnoles ; cette année c'est une prière, une simple prière pour la fête du 15 août, de celle qu'on dit dans des églises ouvertes à tous et à toutes - les même que celles qui accueillent les sans-papiers et les Roms -, initiée par la Conférence des évêques de France (connue pour être un affreux repaire de dangereux extrémistes) et qu'on déforme à loisir pour satisfaire un scandale qui n'en est pourtant pas un.
Avant de critiquer et de lancer des anathèmes républicains, encore faut-il avoir quelques connaissances religieuses - et je ne parle pas là de la position, pourtant identique, des religions musulmanes et juives sur la question de l'homosexualité... Cette prière proposée par les Evêques de France, contenant quatre intentions, est une prière universelle;  liturgiquement : la prière que les fidèles adressent à Dieu pour le monde lors de la célébration de la messe;  traditionnellement, on y prie pour les souffrances dans le monde, pour les plus pauvres, les plus démunis, les plus fragiles, les plus exposés à la violence; elle permet aux fidèles de porter des intentions de l'Eglise, de tous les hommes, et les leurs en particulier, en fonction de l'actualité.
Au passage, la solennité du 15 août célèbre l'Assomption de la Vierge Marie - un jour férié d'ailleurs, rappelons-le aux laïcards qui ont pu faire la grasse matinée ce jour-là -; la Vierge Marie est Celle qui intercède entre les hommes et Dieu, Elle est la Consolatrice par excellence selon la foi catholique. Première évidence : si on ne croit pas à la Vierge Marie, qu'est-ce que cela peut bien faire à ces incroyants que les chrétiens la prient comme bon leur semble. Ça rappelle les athées qui s’immiscent dans le débat sur la messe en latin : en quoi cela les concerne véritablement ?
Et voilà que cette prière, à laquelle invitent les évêques de France, après avoir souligné le respect de vie - qui est contre ? - et la nécessaire attention sur les victimes de la crise économique - qui est contre ? -, demande à ce que "les enfants cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes" - qui est contre ? - et puissent "bénéficier pleinement de l'amour d'un père et une mère" - qui est contre ?
Au passage, chacun aura noté que ni le mot mariage ni le mot homosexuel n'est mentionné dans cette prière ce qui montre combien les réactions sur ce texte font apparaître une exacerbation dramatique des passions et la stigmatisation de mauvaise foi de toute position dissidente annonciatrice d'un refus de tout débat futur.
Le raccourci est immédiat : l’Eglise est contre le mariage homosexuel, donc contre les homosexuels. Fermez le ban.
Et on feint - une fois de plus - de découvrir l'eau tiède en ce qui concerne la position de l'Eglise catholique sur le mariage et sur la famille.
Qu'attendaient donc certains médias, les associations militantes homosexuelles et autres auto-considérés bien-pensants ? Que l'Eglise de France, fille aînée de l'Eglise, dise ce qu'elle n'a jamais dit jusqu'à présent depuis 20 siècles, tout ça parce qu'un simple projet de loi sur le mariage homosexuel est proposé et risque d'être adopté en 2012 par une majorité politique qui ne sera plus la même d'ici quelques mois ou quelques années ? Qu'on considère qu'une loi en préparation doive empêcher un magistère multiséculaire, celui-là même que d'aucuns, du haut de l'autorité que leur confèrent leurs quelques trente ou quarante ou cinquante années, qualifient allègrement et abondamment "d'archaïque", de réaffirmer, ne serait-ce que spirituellement et liturgiquement, son attachement à un fondement de notre société - et osons dire de nos civilisations - en dit long sur le relativisme qui s'installe comme un nouveau Mammon.
Ah oui, au passage, "archaïque" signifie : ancien, qui n'est plus en usage. N'est-ce plus en usage que de souhaiter à nos enfants de ne plus "être l'objet de désir ou de conflit des adultes" ? A qui veut ont faire croire qu'il n'est plus "bénéfique d'avoir un père et une mère" au prétexte de statistiques récentes et sans recul sur les familles monoparentales en oubliant que la filiation d'un père et d'une mère n'est en rien effacée par ces situations de fait ? Par quel habile tour de passe-passe idéologique veut-on nous faire accroire qu'en une poignée d'années, le modèle familial, qui a eu cours depuis plusieurs millénaires, a disparu alors que même les dinosaures, archaïsmes des archaïsmes, ont mis bien plus que le temps qui nous sépare de mai 68 pour disparaître ?
L'Eglise croit et prophesse qu'un homme est né d'une vierge, est mort crucifié sur une croix et est ressuscité alors qu'il était Fils de Dieu, ceci est bien plus scandaleux et invraisemblable que tout le reste, alors, s'il vous plaît, Messieurs les censeurs, indignez-vous pour vos pauvres idées, mais laissez les autres, qui s'adressent à leur Dieu, croire en ce qu'ils n'ont cessé de croire. Puisque cela ne vaut apparemment même pas un débat au vu de vos réactions, cela vaut au moins une petite prière que chacun, d'ailleurs, reste libre d'adresser ou pas. Au mieux ils auront eu raison, au pire cela ne servira à rien et ne changera pas le monde. Un nouveau pari pascalien en quelque sorte.

LA RÉPUBLIQUE N'A RIEN A DIRE DE LA RELIGION, 
LES DEUX ÉTANT SÉPARÉES.

L’Église se mêle de ce qui la regarde

L'appel à la prière du cardinal André Vingt-Trois à l'occasion de l'Assomption contre l'ouverture du mariage civil à tous les couples a créé une polémique. Les opposants à cette prière pensent que l'Église n'a pas à prendre position dans les débats publics. L’Église serait-elle la seule institution en France à laquelle on puisse dénier le droit de s’exprimer ?
C’est certes répondre par un titre facile à un autre indigent mais, si le Huffington Post et Caroline Mécary ont choisi de placer ainsi le débat au ras des pâquerettes, c’est à n’en pas douter par crainte de perdre l’attention des lecteurs. Je m’en voudrais de faire l’inverse. « De quoi l’Eglise se mêle-t-elle ? », voilà qui dit abruptement ce que d’autres sous-entendent.
Et Caroline Mécary ne hausse pas non plus le niveau dans l’opposition à l’Eglise et à sa liberté d’opinion et de parole. Il n’y a guère plus de quatre ans, Yves de Kerdrel, éditorialiste au Figaro, tenait un discours approchant et relevait lui-même, pour s’en féliciter que, trente ans plus tôt, l’amiral de Joybert avait vigoureusement renvoyé les évêques à leurs sacristies, alors qu’ils avaient eu le front de s’élever contre la prolifération nucléaire. Qu’ils s’occupent plutôt de remplir leurs églises au lieu de se mêler des choses de la Cité !
La contributrice du Huffington Post n’a donc pas eu à chercher bien loin pour nous gratifier de ce développement indigent. Avant, pour faire bonne mesure, de rappeler la complicité de l’Eglise avec les crimes de l’esclavage, son silence face au nazisme et, to top it all, la capote, voilà qu’elle fulmine :
« nous ne sommes plus au XIXème siècle et l’Eglise devrait davantage s’occuper de la crise de confiance qu’elle traverse, plutôt que d’entériner des choix d’un autre âge ».
On notera en passant qu’une fois encore l’argument du temps est central : l’Eglise devrait se conformer à l’opinion du moment. Voilà qui lui assurerait la popularité. Seulement, l’Eglise est comme ça, amoureuse de l’intemporel et probablement la dernière à ne pas laisser aller ses positions au gré des enquêtes d’opinion.
Mais ne nous attardons pas trop sur Caroline Mécary. On le sait : tout ce qui est excessif est insignifiant. Et la violence du propos traduit suffisamment l’allergie de la dame à la contradiction, tout comme son souci de mettre à bas l’autorité morale que, finalement, elle reconnaît en creux à l’Eglise (puisqu’elle ne se consacrerait pas à l’abattre, dans le cas contraire). Cette violence contraste d’ailleurs vivement avec la mesure avec laquelle ont été composées les intentions de prière concernées. Chacun jugera :
1. En ces temps de crise économique, beaucoup de nos concitoyens sont victimes de restrictions diverses et voient l’avenir avec inquiétude ; prions pour celles et ceux qui ont des pouvoirs de décision dans ce domaine et demandons à Dieu qu’il nous rende plus généreux encore dans la solidarité avec nos semblables. 2. Pour celles et ceux qui on été récemment élus pour légiférer et gouverner ; que leur sens du bien commun de la société l’emporte sur les requêtes particulières et qu’ils aient la force de suivre les indications de leur conscience. 3. Pour les familles ; que leur attente légitime d’un soutien de la société ne soit pas déçue ; que leurs membres se soutiennent avec fidélité et tendresse tout au long de leur existence, particulièrement dans les moments douloureux. Que l’engagement des époux l’un envers l’autre et envers leurs enfants soient un signe de la fidélité de l’amour. 4. Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère.
Non, le plus instructif est bien la permanence du propos, de l’amiral de Joybert à Caroline Mécary, en passant, à un degré moindre, par Yves de Kerdrel.
Une fois encore, on constate que l’Eglise est la seule institution et même la seule personne (morale) en France à laquelle on puisse dénier le droit de s’exprimer : elle devrait gérer l’affluence à ses messes et se cantonner au Salut de ses fidèles. Point barre.
D’autres le disent plus posément mais, en rappelant le caractère laïc de la République française, ou en composant une prière républicaine, ils signifient d’une certaine manière que la parole de l’Eglise serait illégitime.
Prolifération nucléaire, travail dominical, roms, mariage et adoption homosexuels… L’Eglise ne devrait pas s’en soucier.
C’est passer à côté du christianisme, et de la foi en général.
Que serait donc la foi si elle ne se traduisait pas au quotidien ? Que serait un croyant qui se contenterait d’assister à la messe le dimanche sans que sa foi n’ait la moindre incidence sur son quotidien ? Combien de fois Jésus fustige-t-il ceux qui se bornent au respect formel de la Loi et croient s’être acquittés de leur devoir par quelques ablutions (quelques Notre Père, aujourd’hui) ? Je crois entendre Jacques Brel fustiger les bourgeois qui se pressent à l’église pour oublier aussitôt toute charité. Et, Brel mis à part, combien en ai-je entendu critiquer ces catholiques hypocrites qui, sortant de la messe, seraient les plus belles vipères ?! « Ah, ça se dit catho et puis… »
On ne peut pas être catholique et indifférent au sort de l’autre. On ne peut pas être catholique et considérer que, tant que cela ne nous touche pas nous-même et notre famille, nous ne sommes pas concernés. Oui, un catholique et l’Eglise en général sont solidaires des hommes et femmes avec lesquels ils vivent. Ils sont solidaires de la société et du pays dans lequel ils sont établis, dont ils sont citoyens (même si, soit dit en passant, leur fidélité dernière va à Dieu et non aux lois temporelles – et temporaires : quand bien même la laïcité interdirait aux catholiques de s’exprimer en tant que tels, ce qui n’est heureusement pas le cas, ils seraient fichus de ne pas s’y tenir). Alors ils se préoccupent de la marche du monde et leur foi irrigue leurs positions de citoyens, comme leurs convictions philosophiques et morales irriguent les positions des autres citoyens. De la même manière, et aussi légitimement.
C’est aussi ce qui conduit l’Eglise, après s’être efforcée de discerner la position conforme, à intervenir pour la paix, pour les pauvres, pour les faibles. Cela fait d’ailleurs généralement consensus (on en veut pour preuve l’absence de réaction aux autres intentions de la même prière universelle, alors qu’ils ne sont pas moins intrusifs dans la vie de nos concitoyens), mais que le propos se fasse plus concret et, au lieu d’en débattre, on intimera aux catholiques de se taire. Il ne paraît pourtant pas objectivement insoutenable de penser qu’il est de l’intérêt des plus faibles d’entre nous, les enfants, d’être préservés des expérimentations sociales des adultes, et de bénéficier d’un père et d’une mère.
 De cela, on peut débattre – n’en déplaise à ceux qui voudraient faire passer ce choix fondamental sans discussion. Il se trouve d’ailleurs que l’Eglise semble être la dernière à ne pas céder sous la terrible menace de la « ringardisation » (elle est certainement immunisée). Mais, de grâce, que l’on ne nous sorte plus l’argument sournois de la crise de l’Eglise, ni même la laïcité, pour tenter de museler les catholiques.
Au final, puisque de Joybert à Mécary, pour les sujets les plus divers, on utilise le même argument, on aura bien compris la réalité du problème : des divergences de fond et non une question de laïcité. Que les adversaires ou contradicteurs de l’Eglise aient donc le courage et l’honnêteté de se porter sur le terrain des idées au lieu de lui dénier le droit de s’exprimer.