TOUT EST DIT

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samedi 29 juin 2013

FRANÇOIS HOLLANDE CHARGE NICOLAS SARKOZY SUR LES LIGNES À GRANDE VITESSE


C'EST PAS MOI C'EST L'AUTRE - En déplacement à Bruxelles, François Hollande avait manifestement très envie de parler des lignes à grande vitesse. Alors que le chef de l'Etat n'est pas interrogé sur le sujet lors d'une conférence de presse, il prend lui même les devants pour évoquer le rapport Duron"C'est toujours intéressant de répondre à des questions qui ne sont pas posées", justifie-t-il. 

Ce rapport sur les infrastructures de transport préconise de miser sur la desserte de proximité et non plus sur la grande vitesse. Résultat : une partie des 70 grands projets élaborés sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en particulier des lignes de TGV, sont menacés. 

Et ce vendredi 28 juin, c'est bien l'ancien président de la République que vise son successeur.


Pour lui, trop de lignes à grande vitesse ont été promise sous le précédent quinquennat : 
(Les lignes TGV) avaient  été promises dans des conditions invraisemblables.
Il y en avait pour 240 milliards, et à chaque fois qu'une autorité se déplaçait elle promettait une ligne TGV.
François Hollande reproche à l'opposition un double discours : d'un côté de demander des économies, de l'autre se plaindre de l'arrêt de ces projets. 
Au même moment où d'un côté de l'échiquier politique on dit : il faut faire des économies. (...) Et maintenant les gens disent  : "vous avez annoncez la ligne TGV" -pas nous, mais nos prédécesseurs- mais qui va la payer ? qui va la financer ?  
"C'est de l'argent public, on doit être responsable et cohérent", se défend le chef de l'Etat, attaquant les critiques : 
C'est tellement facile. On demande devant l'hémicycle plus de dépenses, et devant les contribuables moins d'impôts. A un moment ça ne marche plus. 
Problème, les critiques viennent aussi bien de la droite que de la gauche. Privé de ligne à grande vitesse, Jean-Paul Denanot, président socialiste du conseil régional du Limousin a exprimé "certaines inquiétudes", regrettant que "la LGV Poitiers-Limoges ne soit classée qu'en priorité 2".
La députée-maire de Pau Martine Lignières-Cassou, du Parti socialiste,  mise encore sur l'arbitrage de Jean-Marc Ayrault qui doit avoir à l'esprit un souci "d'aménagement du territoire et de solidarité nationale".
"Notre économie béarnaise est entièrement mondialisée. Nous relier au reste de l'Europe et du monde est une nécessité absolue", plaide la parlementaire. 
Le président socialiste de la communauté urbaine de Marseille, Eugène Caselli, a estimé quant à lui que différer la construction de plusieurs LGV, dont celle de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, serait "un mauvais coup porté à Marseille".
Dans l'Aude, les élus locaux ont même boycotté la venue de ministres. Le député-maire socialiste de Carcassonne, Jean-Claude Perez, a affiché sa solidarité avec les protestataires, "tant qu'une position claire ne sera pas prise concernant le dossier important de la LGV".

François Hollande entre pouvoir et devoir


Réformer la France « autant que possible », dit le chef d'Etat. Là est tout le problème. Il ménage trop les intérêts là où il faudrait lancer l'offensive. Il a préféré écarter les refontes complètes de la fiscalité, des retraites ou de la santé.

La France a pris du retard, ma mission est de la faire avancer autant que de possible. »Ainsi s'exprimait François Hollande en introduction de son émission, dimanche 16 juin, sur M6. Cette phrase résume tout : le diagnostic, « le retard » de la France, et sa stratégie politique d'avancer « autant que de possible ». Il faut revenir sur ces deux termes, car ils éclairent la double erreur du chef de l'Etat et laissent prévoir la condamnation de la France à la stagnation.
Le retard. Certes, la France a pris du retard sur toutes ses réformes. François Hollande l'a reconnu devant la gauche allemande : Gerhard Schröder a engagé le fer de la compétitivité dix ans plus tôt. Pareil sur les retraites. Alors que s'ouvre la quatrième réforme en vingt ans, la France rétive a toujours fait « trop tard trop peu » sur ce sujet comme sur les autres et elle doit en permanence remettre l'ouvrage sur le métier au risque de faire fondre la confiance des Français dans le système. La santé idem : la Sécu est annuellement dans le trou. Les performances à l'école reculent sans émouvoir vraiment. Le logement : la pénurie n'a jamais été comblée depuis l'abbé Pierre malgré mille dispositifs, dix mille décrets, cent mille déclarations de ministres et des dépenses publiques deux à trois fois supérieures à celles des autres pays. Le déficit, justement, il comptabilise tous ces « retards » : la France ne change pas, elle maintient par la dette ses habitudes, ses rentes et ses avantages.
Il est donc temps de s'y mettre, François Hollande a raison. Et nous en venons à sa stratégie. Le chef de l'Etat croit bien faire en ouvrant un à un les chantiers du déficit, de la compétitivité, de la flexibilité du travail, des retraites, etc. Toujours, il le fait dans la concertation avec les organisations syndicales et professionnelles, il écoute, pèse et tranche, non sans courage parfois, mais avec l'oeil fixé sur les réactions de rejet. Rejet au sein de son parti, fondamentalement opposé à toutes ces réformes marquées par la rigueur et la diminution « des acquis ». Et rejet du peuple, fondamentalement attaché aux rentes, ce que de Gaulle, qui connaissait les Français, nommait « leur goût des privilèges ». Voilà la source du « autant que de possible ». François Hollande se fait, dans sa conscience, une idée de la vitesse maximale possible des réformes sans aller à l'accident, et partant de là, il pense faire honnêtement et consciencieusement son travail de faire avancer la France, de combler ses retards. Il fait tout ce qu'il peut.
Hélas, il ne fait pas ce qu'il doit. Il doit plus à la France, elle doit faire plus. Pourquoi ? A cause du diagnostic du « retard » qui, sur le plan intellectuel, est à la fois incomplet et faux. L'incomplétude vient du fait que François Hollande ne s'interroge pas, en tout cas ne dit rien, sur le pourquoi du retard français. Il ne dit pas qu'il s'agit d'une bataille idéologique perdue en France à gauche comme à droite : voilà vingt ans que les beaux esprits de la « résistance » à la mondialisation ont banni comme des traîtres ceux qui prônent l'adaptation. Campant à Valmy, ils ont chanté victorieusement que l'ennemi venu de l'extérieur allait égorger « vos fils et vos compagnes », entendez allait s'en prendre à notre modèle social. La mondialisation, cette horreur « antifrançaise ».
Tant que François Hollande n'a pas réglé son compte à ce camp de la résistance, y compris avec ses ministres qui en sont, il ne comblera jamais le retard, ou il le fera toujours mal, toujours en défensive, toujours sans allant, c'est-à-dire en fin de compte toujours insuffisamment. Il lui faut retourner le fond des mentalités : la mondialisation n'en veut pas à notre modèle social, elle s'en moque du moment que l'économie est efficace. Cela impose non pas de le détruire mais d'en réduire un peu le coût (d'environ 10 % du PIB pour ramener les dépenses publiques au niveau allemand) et surtout de l'adapter. Ce n'est pas négligeable, mais la France a largement de quoi supporter cet effort de guerre économique.
« Retard » : diagnostic faux. Il ne s'agit en effet pas simplement d'un retard. L'adaptation de l'Etat providence passe par l'allégement des charges, on vient de le dire, mais surtout par un changement de nature. Les résistants ont raison sur l'analyse, nous sommes entrés dans l'ère schumpétérienne de la mobilité, de la précarité, de l'innovation permanente. Mais, plutôt que de rêver comme eux à un retour impossible à la stabilité d'hier, il faut doter chaque Français d'une capacité à bouger. Puisqu'on a cité de Gaulle continuons, nous sommes dans une guerre de mouvement. C'est là où le« autant que de possible » vient échouer : il ménage les intérêts quand il faudrait inventer l'offensive. Toutes les réformes engagées par François Hollande sont dès lors insuffisantes par nature. Elles laisseront toujours la France en retard.
Dernier exemple en date, l'outre-mer. Les salaires plus élevés qu'en métropole avec une productivité très inférieure font de nos îles lointaines des absurdités économiques et les condamnent au chômage croissant. Après avoir promis des remises en cause fortes, le gouvernement a décidé de juste rogner quelques millions. Que faire ? Combler le vrai déficit français qui est celui des idées. Le président de la République a écarté les refontes complètes, de la fiscalité (comme le proposait l'économiste Thomas Piketty), des retraites (modèle suédois), de la santé (comme le propose le prix Nobel Muhammad Yunus). Il aurait dû au contraire mobiliser son courage politique et le nôtre, et ouvrir sans tabou tous les chantiers d'une nouvelle France sociale, pour la projeter en avance dans le XXI e siècle.

"L'Europe" et ses "élargissements": stop ou encore?


L'adhésion de la Croatie à l'Union européenne (UE) et l'entrée annoncée de la Lettonie dans la zone euro redonnent un peu de vigueur au débat européen sur "l'élargissement" et fournit l'occasion de quelques utiles rappels à la fois civiques, diplomatiques et politiques.
1. Les "élargissements" confirment que "l'Europe" demeure attractive, malgré la crise
La volonté d'adhésion de pays comme la Croatie et la Lettonie confirme tout d'abord que, si la crise européenne en cours a indubitablement affaibli l'image de "l'Europe" auprès de ses citoyens et à l'extérieur, "l'Europe" demeure un authentique pôle d'attraction.
Cinq pays sont actuellement considérés par les autorités européennes comme "candidats" à l'adhésion à l'UE : la Macédoine, le Monténégro, la Serbie, l'Islande et la Turquie, les négociations n'étant à ce stade ouvertes qu'avec les deux derniers. Trois autres sont considérés comme "candidats potentiels", l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. Pour ces pays, l'UE conserve un énorme attrait en tant qu'espace de réconciliation et de stabilité d'abord, comme espace d'échanges économiques également, enfin comme espace historique et géographique incarnant la "famille européenne" aux yeux du monde, et à laquelle il est logique d'appartenir. Seuls des pays aussi périphériques que l'Islande et la Turquie semblent désormais plus réservés quant à la perspective d'aboutir à une adhésion pleine et entière à l'UE, qui demeure en revanche particulièrement mobilisatrice pour les pays de l'Europe du Sud-Est.
La volonté lettonne de rejoindre la "zone euro" traduit une réalité politique du même type : face à une crise financière de dimension mondiale et à des stratégies d'investissement et attaques spéculatives tout aussi globales, l'appartenance à l'union monétaire constitue un point d'ancrage bienvenu d'un point de vue économique et politique. Il faudra naturellement que les tensions liées à la gestion de la crise de la zone euro s'apaisent davantage pour que d'autres pays puissent s'engager sur le chemin de la Lettonie - la Lituanie étant sur les rangs à l'horizon 2015. Pour autant, il est concevable que les citoyens de ces pays pourront faire un calcul comparable à celui récemment opéré par les Européens déjà membres de la zone euro, tous très conscients des avantages d'appartenir à une union monétaire et très majoritairement opposés à un hypothétique retour à leur monnaie nationale.
2. La politique d'élargissement est l'un des principaux outils de la politique étrangère de l'UE

L'adhésion à l'UE de la Croatie rappelle également que la politique d'élargissement est l'un des principaux outils de l'introuvable "politique étrangère et de sécurité", si difficile à faire émerger sur d'autres enjeux. Cette politique a d'ores et déjà permis à l'UE de contribuer à la stabilité et au développement économique de nombre de ses voisins, notamment en Europe centrale. Elle a d'abord pour but de faire entrer l'Europe chez ses voisins, avant que ce ne soit l'inverse, et est à ce titre un vecteur d'influence-clé pour l'UE.
La Croatie a ainsi dû consentir d'intenses efforts tout au long de ses négociations d'adhésion afin de respecter les conditions juridiques, économiques et politiques requises, et être ainsi en mesure de rejoindre l'UE près de dix ans après son voisin slovène. Des efforts comparables ont été engagés par la Serbie, qui a par exemple été conduite à conclure récemment un accord avec le Kosovo dans l'espoir d'obtenir l'ouverture de telles négociations. De même, c'est la perspective d'une adhésion à l'UE qui a conduit les pays de l'ex-Yougoslavie à livrer la quasi-intégralité de leurs criminels de guerre présumés au Tribunal pénal international de La Haye, et donc à créer les conditions d'une réconciliation durable dans cette région.
À l'inverse, l'influence de l'UE vis-à-vis de la Turquie semble avoir décru en proportion des difficultés et atermoiements entourant les négociations ouvertes avec ce pays - d'où la décision récente de les relancer. Si la perspective d'adhésion ne saurait certes constituer l'unique instrument de la politique européenne de "bon voisinage" qu'il s'agit de développer au niveau du continent tout entier, il est donc plus que jamais utile de souligner qu'elle n'a pas encore épuisé toutes ses vertus politiques.
3. La stratégie d'élargissement de l'UE doit être réajustée sur plusieurs points
La stratégie européenne d'élargissement sera d'autant plus efficace et légitime qu'elle sera ajustée d'un point de vue juridique, social et politique.
Ajustement juridique d'abord, dès lors que, pour des raisons diverses, la situation de pays comme la Bulgarie, Chypre, la Grèce, la Hongrie et la Roumanie suscite d'intenses controverses, au point de nourrir un questionnement sur le "voile d'insouciance" qui a parfois pu recouvrir les précédentes vagues d'adhésion. Il s'agit donc désormais d'assortir la stratégie d'élargissement d'un contrôle extrêmement strict du respect des conditions liées aux adhésions au moment des négociations autant qu'après leur conclusion ; cette exigence vaut pour les adhésions à l'UE et à la zone euro tout comme à l'espace Schengen ; elle pourra paraître un peu injuste pour les nouveaux pays candidats, mais c'est le prix à payer pour garantir la cohésion et la solidité des "clubs" qu'ils entendent rejoindre.
La stratégie d'élargissement doit également être ajustée d'un point de vue social, dès lors que l'Europe n'est pas seulement un lieu de réconciliation, mais aussi un espace de délocalisations, aussi limitées dans leur ampleur que coûteuses pour leurs victimes et pour l'image de l'UE. Il convient dès lors d'organiser une prise en charge européenne claire et explicite des Européens qui pourraient pâtir des prochaines adhésions, quand bien même leur impact sera réduit (le PIB de la Croatie représente ainsi 0,3 % du PIB total de l'UE). Si l'entrée de l'Espagne et du Portugal a donné lieu à la mise en place de Programmes intégrés méditerranéens, rien de comparable n'a été établi à l'occasion du "grand élargissement" de 2004. Il est essentiel, à la fois symboliquement et concrètement, que de telles "dépenses d'ajustement" soient prévues dans la perspective de l'adhésion des pays de l'ex-Yougoslavie, et impératif qu'une application étriquée du principe de subsidiarité en matière sociale ne fasse pas obstacle à un tel accompagnement.
La stratégie d'élargissement doit enfin être ajustée d'un point de vue politique, ce qui suppose de tenir un discours clair sur les nouvelles frontières de "l'Europe" afin d'éviter l'impression d'une fuite en avant sans limites. Pour l'UE, cela doit conduire à clarifier rapidement le statut de l'ensemble de nos voisins, qui ne sont pas tous destinés à la rejoindre, notamment en Europe orientale. Pour la zone euro, qui a théoriquement vocation à accueillir la quasi-totalité des pays de l'UE (sauf les deux ayant négocié des clauses d'exemption), il s'agit de préciser à quelles conditions et à quels rythmes de nouvelles adhésions pourraient être envisagées, à la lumière des enseignements de la crise en cours.
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C'est sur de telles bases politiques que les autorités européennes pourront le plus aisément entretenir les dynamiques interne et externe en matière d'élargissement, aussi bien au niveau de l'UE qu'à celui de la zone euro. Tout comme c'est en envisageant ces élargissements à cette double échelle qu'elles pourront le mieux concilier élargissement et approfondissement de l'intégration européenne à court et moyen termes.

Compromis sur le budget et le chômage des jeunes

Compromis sur le budget et le chômage des jeunes



Arrivé jeudi à Bruxelles pour un nouveau sommet européen, François Hollande a dû faire face, pour commencer, à la mauvaise humeur de José Manuel Barroso (et sans doute de l’ensemble de la Commission européenne), après les échanges peu amènes, façon noms d’oiseau, que ce dernier a eu, ces derniers jours, avec certains ministres socialistes français. Situation encore compliquée, si possible, par la déclaration du président français lui-même, assurant que la question des personnes était « secondaire »…
« Lorsque le Front national s’est retrouvé au deuxième tour de la présidentielle française en 2002, était-ce la faute de la Commission que je ne présidais pas encore ? », a lancé jeudi Barroso.
Un point sur lequel, apparemment, ces gens sont d’accord, c’est que la présence du Front national au second tour d’une élection présidentielle pose problème…
Cela dit – parce que les humeurs chagrines de nos hommes politiques sont parfois des révélateurs… –, le but du sommet n’était pas d’étudier ces brouilles personnelles, mais bien de se pencher sur le projet de budget 2014-2020 de l’Union européenne.
De ce fait, il s’agissait encore d’un budget de crise. Mais, en l’état actuel (et quasi systémique) de l’Europe, peut-il en être autrement ? Les difficultés économiques sont nombreuses et, pour tout citoyen européen, qu’il soit Français, Polonais ou Espagnol, les chiffres mêmes du budget européen sont ceux d’un gouffre béant. On s’étonnera, au passage, de ne jamais entendre parler du coût – généralement pharaonique – de ces sommets européens. Il est vrai que, en un temps où nombre d’entre nous sont contraints de se serrer la ceinture, la révélation de ces sommes ferait assurément mauvaise impression – fussent-elles justifiées…
  

Un accord ? Non, des compromis

Dès lors, on devrait être heureux d’apprendre qu’il y a eu, selon la déclaration qu’en a fait à la presse, au terme de la première journée, son président Herman Van Rompuy, « un accord du Conseil européen » ; et qu’en outre « l’approbation par les Etats membres est sans équivoque ».
Ce qui ne signifie nullement qu’il y ait lieu de se réjouir.
D’abord, parce que ce budget ne sera effectif que s’il obtient l’approbation finale du Parlement européen. Or celui-ci a montré à plusieurs reprises, et encore très récemment (Présent du 20 juin), qu’il y avait, sur ces questions économiques, certaines tensions avec le Conseil européen, même si François Hollande les dit aplanies aujourd’hui.
Ensuite, parce que rien ne prouve que ce budget – de 960 milliards d’euros ! – soit un bon budget. L’expérience en la matière commande de rester circonspect, tant il est vrai que les compromis, que sont toujours ces accords, finissent par coincer quelque part – et généralement plutôt au niveau national qu’européen.
Il n’y a pas à chercher bien loin pour s’en assurer… Dès son arrivée à Bruxelles, le Premier ministre britannique a posé un ultimatum à ses partenaires, assurant qu’il ne voterait point ledit budget sans l’assurance de la préservation absolue du rabais britannique. Thatcher pas définitivement morte !
Manifestement, certains pays peuvent se permettre de taper du point sur la table, puisque Herman Van Rompuy a pu rassurer totalement David Cameron, en déclarant qu’il n’y aurait « rien de changé pour le rabais britannique ».
En échange, si l’on peut dire, les autres pays ont obtenu la garantie qu’ils obtiendraient une compensation. Le terme a quelque chose tout à la fois d’insultant et de mesquin…
  

Prudence verbale

Pour en venir – tout de même… – au vif du sujet, François Hollande a déclaré que la France devait « tenir » sa dépense publique en 2013 (ah !), mais jugé néanmoins « prématuré » (tiens donc !) de donner un chiffre. Il faut dire que, après les risques de dérapage des déficits publics signalés par la Cour des comptes, il vaut mieux rester prudent… Car, comme le dit avec une admirable perspicacité Jean-Marc Ayrault : « Malheureusement, du fait de l’absence de croissance, ce que dit la Cour des comptes est vrai. Mais, à la fin de l’année, nous verrons. »
Les Français ont noté le rendez-vous, Messieurs !
Continuant leur réflexion, les dirigeants européens se sont mis d’accord, dans la nuit de jeudi à vendredi, pour affecter environ huit milliards d’euros à la lutte contre le chômage des jeunes. Treize pays, spécialement touchés, seront concernés par cette « Initiative pour la jeunesse ». Dont la France… qui, pour les deux prochaines années, bénéficiera ainsi de 600 millions, pour 300 000 jeunes concernés.
Nos politiques n’avaient guère le choix, depuis que se dresse le spectre d’une « génération perdue », selon l’expression de Barack Obama.
L’avenir des jeunes est un « test de crédibilité » pour l’Europe, a souligné le président du Parlement européen, Martin Schulz. Il est dommage que tous ces responsables politiques agissent comme si les jeunes n’étaient pas, avant tout, l’avenir de leurs pays…
  

Chômage toujours…

Car, en France tout spécialement, une fois de plus, les chiffres ne sont pas bons. Notre ministre du Travail peut évoquer de « petits signes » d’amélioration, mais ceux-ci, après une succession de « mauvais » mois, ne sauraient constituer une tendance. D’autant qu’en mai donc, 36 400 demandeurs d’emploi ont disparu des listes principales de Pôle Emploi, pour la simple raison qu’ils n’avaient pas actualisé leur situation…
La droite n’a pas manqué de moquer Michel Sapin, parlant de « trompe-l’œil statistique » – voire de « maquillage des chiffres » ou d’« effets d’aubaine ». Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a dénoncé, avec même un brin d’honnêteté, la méthode : « On l’a fait aussi, tous les gouvernements s’y sont essayés. »
Bref, l’« éclaircie » revendiquée par les socialistes est à l’image de notre météo depuis l’élection de François Hollande…
Un sondage publié alors que François Hollande arrivait à Bruxelles le prouve logiquement : 76 % des Français sont mécontents de la politique sociale du gouvernement.
Il est vrai qu’il n’en fait pas d’autre. 
Pour la politique, la vraie, c’est Bruxelles qui tient les manettes.

A Bruxelles, François Hollande va battre en retraite


Le Conseil européen qui s' est ouvert jeudi à Bruxelles était crucial pour la France. Les chefs d’Etats et de gouvernements  qui se réunissent doivent approuver les « recommandations » de politique économique, adressées aux pays membres, dont, évidemment celles de la France.   
Nous avions analysé  dès le 2 mai en détail la « galère » dans laquelle la commission propose d’embarquer la France en échange d’un délai de deux  ans pour ramener le déficit public sous les 3% du PIB. 

Dans ce fatras néolibéral on reconnaît sans peine toutes les lubies idéologiques de l’establishment européen : réduction des dépenses sociales, libéralisation des marchés, désendettement accéléré, etc. 

Et, bien sûr, négation absolue de la responsabilité de la politique austéritaire généralisée dans la récession qui touche la zone euro depuis deux ans ! Si le PIB plonge, c’est la faute aux retraités, aux chômeurs trop bien indemnisés, au monopole d’EDF, aux coiffeurs trop chers et aux taxis râleurs… 
  
Dans ce catalogue édité à et par Bruxelles, on trouve même quelques provocations à l’encontre d’un gouvernement élu depuis à peine un an, comme ce plan « clés en main » de la réforme des retraites, l’enjoignant de «  prendre des mesures d'ici à la fin de l'année 2013 pour équilibrer durablement le système de retraite en 2020 au plus tard, par exemple en adaptant les règles d’indexation, en augmentant encore l'âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux, tout en évitant une augmentation des cotisations sociales patronales. » Au moins deux  dispositifs (l’âge de départ et les cotisations) sont absolument contraires aux déclarations explicites du gouvernement français. 
  
Le coup est tellement rude que François Hollande  avait répliqué dès le 29 mai, l’air martial : « La commission européenne n'a pas à dicter ce que nous avons à faire. »   Le Président de la République a toujours affiché la même ligne : les réformes sont voulues et mises en œuvre par le gouvernement français, pas question donc d’apparaître comme le « petit télégraphiste » de Bruxelles au risque d’apporter du vent au moulin des « populismes ». 
  
Suivant les procédures européennes, les « recommandations pays » ont ainsi été examinées par le conseil des ministres de l’Economie et des Finances vendredi 21 juin à Luxembourg. On aurait pu s’attendre à ce qu’elles soient largement amendées, au moins dans ce qu’elles ont de plus insupportable et d’humiliant pour les gouvernements, ou que le ministre Pierre Moscovici renvoie aux auteurs une copie aussi manifestement imbécile. 

Or, de l’aveu même du commissaire Olli Rehn qui s’en est félicité, le texte est sorti très peu changé (1). Normal,  puisque le ministre et ses hauts fonctionnaires avaient préféré faire de la dentelle, en négociant le texte mot à mot, dans une autre instance, le Comité économique et financier, auquel siègent les directeurs du Trésor, dont Ramon Fernandez pour la France. 
  
Le bilan est à déchiffrer dans la version anglaise, seule disponible, datée du 17 juin. Pour les retraites, ils ont  réussi à faire remplacer l’expression « âge légal de départ » par « âge effectif de départ » (point 1). La référence aux régimes spéciaux s'évanouit. La rôle des partenaires sociaux n'apparait qu'au point 2 consacré à la nécessaire baisse des cotisations patronales. Un peu mince..Et bien sûr au point 6 sur la réforme de l’indemnisation du chômage (point 6). 
 Ouf, la République est sauve ? Non, pas tout à fait... 
Jeudi soir le président de la République va avoir juste quelques minutes pour convaincre ses 26 pairs, d’adopter officiellement les recommandations amendées. Et à ce stade, il ne sera plus question de finasser. Sa seule ambition sera de pouvoir affirmer qu’il reste le maître des réformes sociales du pays. Le minimum absolu pour ne pas sortir humilié du conseil européen. 
Le reste, tout le reste, comme l’ouverture du marché des voyageurs de la SNCF,  sera donc approuvé par le conseil européen. Et même débarrassée de ses aspects les plus provocateurs, cette couleuvre sera d’autant plus dure à avaler que la Commission, forte de l’approbation du Conseil, pourra rappeler périodiquement au gouvernement français qu’il a l’obligation de mettre en œuvre les réformes contenues dans les « recommandations », qu’il a approuvée solennellement devant ses pairs ! Avec un « gouvernement économique » européen ainsi agencé, contraignant à de telles finasseries, il sera de plus en plus difficile de prétendre au respect de la démocratie en matière de politique économique et sociale, ce qui renforcera évidemment les courants politiques anti-européens. Arnaud Montebourg avait bien vu l’enjeu en qualifiant « Monsieur Barroso (…) de carburant du Front national ». François Hollande, lui, pourrait être le pompier de l’incendie qui commence… 
(1) On trouvera sur le site contrelacour une comparaison « avant-après » sur les pièces du dossier… 
Article corrigé le 27 juin à 21h15 

Mais pourquoi nos politiques français sont-ils si nuls?


Le déficit budgétaire continue de se creuser. C’est ce qu’a annoncé Didier Migaud en rendant son rapport. La Cour des comptes continue ainsi d’enflammer le débat sur le déficit budgétaire. Désormais, tous les clignotants sont au rouge. La nécessité contrainte de réduire la dépense publique et les projets de réforme qui viennent de l’extérieur du monde politique accentuent l’idée que nos responsables sont à côté de la plaque. Mais pourquoi sont-ils si nuls ?
Le dictionnaire nous dit que nul « n’équivaut à rien, est sans valeur ». C’est exactement le sentiment de l’opinion publique française à l’égard des hommes politiques qu’ils soient de droite ou de gauche.  « Les politiques sont inefficaces, incapables de délivrer un résultat, démagos, prometteurs ». On connait la musique dont le refrain en arrive à remettre en cause leur honnêteté et leur morale. L’air du « Tous pourris » tient la tête des hit-parades.
N’exagérons rien. Les hommes politiques sont nuls aujourd’hui parce qu’ils n’ont aucun résultat correspondant aux attentes des populations : pas d’emplois, pas de progrès, pas de richesses créés mais au contraire le sentiment d’un immense gâchis.

Le personnel politique est nul pour trois raisons majeures

La première raison, c’est l’incompétence. Les responsables politiques aujourd’hui n’ont pas la compétence pour comprendre et gérer la complexité des dossiers qui s’imposent dans le monde moderne. La mondialisation, le progrès technologique, les questions de santé, de fiscalité, de commerce extérieur, d’éducation requièrent  des expertises que les élus n’ont pas pu acquérir. Alors ils n’ont, certes, pas nécessairement l’obligation de tout savoir. Ils sont entourés d’une administration, d’une batterie de conseillers. Mais encore faut-il qu’ils sachent de quoi il retourne. Sinon, c’est l’administration qui prend le pas alors qu’elle ne porte pas la responsabilité.
La plupart du temps, l’homme politique fait semblant de connaître les dossiers. Il se croit obligé de donner un avis sur tout et n’importe quoi. Très souvent une promesse qu’il ne tiendra évidemment pas. Au mieux l’opinion ne le prend pas au sérieux, au pire elle se désespère ou se révolte devant tant de maladresse et d’incompétence. Parce que tout se sait. Un homme politique ne peut plus raconter d’histoires.
Aujourd’hui, les problèmes les plus importants sont d’ordre économique et social. Ils naissent et se résolvent dans l’entreprise et interfèrent avec le fonctionnement des marchés mondiaux. Combien de responsables politiques, députés, sénateurs ou ministres ont travaillé dans l’entreprise ? Combien ont voyagé à l’étranger et pratiqué le commerce extérieur qui est le théâtre de la guerre moderne ? Les hommes politiques qui ont cette expérience sont très peu nombreux à droite comme à gauche.
Résultat, les hommes politiques sont inadaptés aux problèmes. Si encore ils savaient comme autrefois gérer les opinions, leur expliquer, les emporter dans leur élan… Si d’ailleurs, ils avaient de l’élan ! Mais ce n’est plus le cas. Les moyens de la communication moderne nécessitent d’autres qualités charismatiques. L’importance des réseaux sociaux fait que l’information ne descend plus du haut vers le bas. Mais circule de façon transversale. Le chef doit donc travailler autrement s’il veut rester en lien.
La deuxième raison, c’est l’idéologie, une maladie bien française. Le responsable politique s’inscrit dans une idéologie. Cette idéologie commande toutes ses propositions et ses comportements. Les actions politiques ne correspondent pas à une réalité mais à un corps de principes. C’est stupide.
Cette maladie est un héritage de l’histoire politique française, de la culture et de l’éducation. La France est soit de gauche, soit de droite. Le problème c’est que depuis l’effondrement du bloc communiste, ce clivage n’a plus de sens. La planète toute entière fonctionne en économie de marché, sauf peut-être en Corée du Nord… et encore.
L’économie de marché a ses règles, ses contraintes et ses réalités auxquelles on peut difficilement déroger sauf à se retrouver hors-jeu. La France est en train de se mettre hors du jeu international. Le vrai clivage aujourd’hui existe entre ceux qui croient au progrès scientifique, à la confrontation, à la concurrence réglementée. Comme le code de la route permet de circuler dans des conditions de  sécurité acceptables. Le clivage ne passe pas entre la droite et la gauche. Il passe à l’intérieur des familles politiques traditionnelles. D’où la confusion, l’inadaptation, l’incapacité à sortir des choix et des stratégies cohérentes et légitimées par des majorités fortes.
Nous avons à gauche des conservateurs et des hommes de progrès. Nous avons à droite le même clivage. Du coup, c’est ingouvernable ou alors dans une direction floue et nulle.
L’emprise de l’idéologie écarte l’action politique de la réalité et de la responsabilité. Certains viendront combattre la mondialisation ou l’Europe parce qu’ils considèrent que l’ouverture des frontières représente un risque de perte de souveraineté. Ce faisant, ils créent les conditions de l’appauvrissement, ce qui est le meilleur moyen de perdre son indépendance. On s’attaquera aux riches jugés idéologiquement comme déplacés alors que le vrai scandale c’est le nombre grandissant des pauvres. Les riches partiront ailleurs.
Par idéologie, certains politiques iront jusqu’à plaider pour la décroissance alors que l’humanité n’a pas d’autre choix que la croissance si on veut sortir la planète des émergents de la misère. Par idéologie les écologistes s’opposeront à toute expérimentation dans les nouvelles énergies alors qu’ils seront les premiers à réclamer des initiatives économiques capables de créer de l’activité et des emplois.
La plupart des aprioris idéologiques ne tiennent pas devant le principe de réalité. Les hommes politiques ne veulent pas assumer les principes de réalité. Donc ils les nient ou alors ils maquillent les faits et les chiffres. C’est nul.
Troisième raison, l’obsession du marché politique. Le responsable politique en France (et d’ailleurs dans la plupart des démocraties) fait une carrière politique. La politique c’est son métier. Le problème est là. Pour l’exercer et garder son job, il doit être à l’écoute de ses clients, de ses électeurs.
Comme le marché politique peut zapper l’homme politique tous les cinq ans, celui-ci a peu de temps pour agir sauf s’il agit pour faire plaisir à ses clients. Ce qu’il fait. A droite comme à gauche, un président, un ministre, un député agira pour conforter la majorité, l’enseigne, à laquelle il appartient.
Il fera tout pour être élu et réélu. D’où le programme et les promesses généreuses. Puis il fera tout pour se maintenir au pouvoir. Faute de résultats, il fera des promesses encore et toujours et multipliera les boucs émissaires en cas de non-résultats. Ce qui fait qu’un homme politique au pouvoir passe plus de temps à trouver des excuses ou des raisons de ne pas avoir fait ce qu’il devait faire plutôt que de le faire vraiment.
En règle générale, l’homme politique se met publiquement en phase avec son électorat. D’où l’envahissement par la démagogie, le populisme, et finalement le blocage. D’où le double langage : public et privé. « Je ne peux pas dire la vérité, mes électeurs ne le comprendraient pas… ». Les principaux dossiers servent par conséquent de livret à des championnats d’Europe d’hypocrisie. C’est vrai sur les impôts, les retraites, les dépenses de santé, les dépenses publiques. Toutes les grandes réformes échouent parce que les hommes politiques n’ont pas le courage d’affronter leur opinion publique. Le temps politique est trop court. Les responsables considèrent qu’une réforme qui ne peut produire d’effets qu’à long terme est politiquement suicidaire.
« A quoi bon sortir telle ou telle réforme si c’est pour se mettre à dos la moitié de la France et être battus aux prochaines élections. A quoi bon ? » La plupart des réformes de fond sont donc repoussées de législature en législature.

Keynes disait très cyniquement, « ne nous occupons que du court terme, à long terme on sera mort ! »

Dans des contextes de croissance rapide générant des recettes abondantes, on pouvait raisonner à court terme, aujourd’hui ce n’est plus possible. Keynes est mort. Les hommes politiques ne veulent pas le reconnaître. Ils sont prêts à l’accommoder à toutes les sauces. A droite comme à gauche.
C’est inefficace et beaucoup d’indices montrent que les opinions publiques qui ont des poussées de  fièvre populiste ou d’extrémisme sont aussi prêtes à acheter un discours de vérité. Ce qu’ils ne faisaient pas avant, c’est vrai. En bref, ils attendent des responsables politiques un peu moins de nullité à court terme pour plus de résultats à long terme. Ce ne serait quand même pas difficile que d’essayer.

Un projet de loi relatif à la lutte contre la fraude fiscale s’apprête à violer tous les principes essentiels au fonctionnement d’une démocratie libérale.


À son tout début, la Révolution française a fait œuvre libérale en faisant promulguer par le roi Louis XVI, le 3 novembre 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen comprenant 17 articles plus que jamais d’actualité aujourd’hui où le pouvoir semble vouloir en abolir les termes.
En effet, par un communiqué de presse en date du 22 juin dernier titré « Robespierre 2013« , le Parti libéral démocrate (PLD) tire la sonnette d’alarme s’agissant des nouvelles dispositions punitives en cours d’élaboration en matière de fiscalité par un gouvernement décidé à passer outre l’État de droit.
Un projet de Loi Fiscale (No 1011 relatif à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière) s’apprête à violer tous les principes essentiels au fonctionnement d’une démocratie libérale. Ce texte nous rappelle les heures sombres de notre histoire en encourageant activement la délation et en légalisant le recours par l’administration fiscale à des preuves obtenues de manière illicite.
Au moment où la fiscalité s’emballe pour atteindre des niveaux historiquement spoliateurs, le pouvoir est en passe d’octroyer les pleins pouvoirs aux douanes et services fiscaux. Le PLD ne cautionne aucunement la fraude fiscale. Cela ne justifie pas pour autant qu’on applique les méthodes de lutte contre le grand banditisme et le terrorisme pour traquer les fraudeurs fiscaux : écoutes, garde à vues prolongées… Tout est prêt pour instaurer une dictature fiscale sans règles ni contre-pouvoir.
D’ailleurs, nous avons vu le retour de la pratique du chantage au bluff fondé sur des listes volées, indigne d’un État de droit. C’est l’amorce d’une spirale du chantage, de la dénonciation, de la vengeance dans un environnement de tensions et de defiance.
Le gouvernement français exige aussi d’un certain nombre de démocraties respectables (et bien mieux classées que la France par une institution comme Transparency International) qu’elles appliquent les mêmes reniements de leurs principes constitutionnels au nom de cette traque, faisant naître des tensions diplomatiques supplémentaires.
Il n’aura donc pas fallu bien longtemps, tout juste treize petits mois, aux socialistes drivés par l’énarque François Hollande pour accomplir l’impossible qui, comme chacun sait, n’est pas français mais tend à le devenir : achever en fanfare le travail de démolition d’une nation aux racines millénaires.
Devant un tel hallali clairement programmé de longue date, nous sommes fondés à nous demander si les socialistes et leurs séides n’ont finalement pas décidé, prenant tout à coup conscience de leur impuissance à gouverner par gros temps, de se saborder en pratiquant une politique de la terre brûlée. Sinon, comment justifier la dérive morale et intellectuelle qui s’est emparée du pléthorique et inapte gouvernement Ayrault tirant à hue et à dia, concoctant d’ineptes projets de loi destinés à devenir la norme dans un pays de plus en plus fragilisé, bref, à installer durablement en France le désordre civil ?
Maxime Tandonnet :
Les plus hauts responsables politiques, aveuglés par la passion d’eux-mêmes, la fureur des idéologies, manipulés par mille groupuscules haineux, ne sont, il faut le savoir, absolument pas conscients du malaise qui s’est emparé du pays. Ils vivent dans un autre monde, celui de leur nombril.
Pour peu que l’on se donne la peine d’ouvrir grand les yeux, les signes abondent qui dénotent, au sein de notre classe politique, un glissement accéléré vers la négation pure et simple du réel et donc de sa prise en compte dans l’élaboration des décisions, recourant alors au seul renfort d’une idéologie létale.
Dans son dernier livre France : état d’urgence – Une stratégie pour demain (Odile Jacob, janvier 2013), l’économiste Christian Saint-Etienne sonne le tocsin à toute volée portant ainsi témoignage de la situation de désespoir dans laquelle, en ce début de 21ème siècle, gît une France tirant fierté de son aveuglement.
Nous sommes sur le point de subir une défaite économique et industrielle aussi ignominieuse que le fut celle de 1940 (…) Mais la défaite est aussi inutile et évitable qu’en 1940 (…) C’est la vision des chefs qui gouvernent la France qui est aussi tarée que celle de 1940 (…) Il faut rebâtir la France en urgence, en la gouvernant par l’intelligence et l’amour de ce qu’elle est dans le monde tel qu’il est, ou se préparer au pire. 2013 et 2014 seront nos années de vérité. Battons-nous !
Eh bien, puisque nous y sommes en plein, jetons toutes nos forces dans un ardent réarmement moral hors duquel la France, profondément blessée par des décennies riches en reniements et autres turpitudes ordinaires, ne retrouvera pas la force vitale nécessaire à son retour parmi les nations de premier plan.

LE TOUR DE FRANCE 2013 PART AUJOURD'HUI