TOUT EST DIT

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lundi 7 février 2011

"Realpolitik" ou "conflit d'intérêts", la presse anglo-saxonne analyse le rôle d'Obama en Egypte

Au quatorzième jour des protestations anti-gouvernementales en Egypte, l'administration américaine a mis, dimanche 6 février, sa dernière touche à près de deux semaines de tergiversations diplomatiques.  
"Je veux un gouvernement représentatif en Egypte, a déclaré le président Barack Obama, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision conservatrice Fox. Nous l'avons dit, vous devez engager la transition immédiatement (...). Une transition ordonnée."
L'expression "transition ordonnée" a été façonnée spécialement pour l'Egypte, rappelle le Washington Post, par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui l'a reprise toute la journée de samedi en écumant les plateaux de télévision – cinq au total.
"FLEXIBILITÉ" OU "TERGIVERSATIONS" ?
Qu'est-il arrivé au ton ferme, sans langue de bois ni néologisme employé par le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, qui, le 2 février, voulait un changement "maintenant" ? Et "maintenant", insistait-il, "ça veut dire maintenant".
Déjà samedi, Ewen Mac Askill écrivait dans The Guardian : "La position officielle des Etats-Unis sur le soulèvement égyptien a changé presque quotidiennement." Est-ce là la preuve d'une réelle et bienvenue flexibilité diplomatique ou le reflet de simples tergiversations ? Chacun voit midi à sa porte : "Les partisans d'Obama ont expliqué que les apparents changements brusques de politique étaient nécessaires pour permettre à Moubarak de s'en aller dignement. Les adversaires ont eux estimé que cela reflétait l'incertitude qui règne au cœur de l'administration d'Obama", poursuit le journaliste.
"REALPOLITIK" CONTRE "PROMOTION DE LA DÉMOCRATIE"
L'éditorialiste Ross Douthat, pour lequel "gouverner, c'est choisir", tranche : "Il ne s'agit pas de molles tergiversations pacifiques. Il s'agit de realpolitik de sang-froid", écrit-il dans le New York Times. En observant de près les faits et dires récents des Etats-Unis, "il apparaît clairement que le vrai but de l'administration d'Obama était de se passer de Moubarak tout en gardant en place les subordonnés militaires du dictateur". On pourrait alors s'étonner de voir les Etats-Unis renoncer à leur argument préféré en matière de diplomatie, à savoir apporter liberté et démocratie à tous les peuples du monde.
Deux raisons expliquent le choix de cette "realpolitik". D'une part, rappelle M. Douthat, si, dans les années 1980, Ronald Reagan se tenait lui sans frémir du côté de la démocratie c'est qu'il pouvait compter sur un Lech Walesa ou un Vaclav Havel pour le soutenir localement. Or, aujourd'hui, en Egypte, les soutiens d'Obama seraient l'opposant Mohamed ElBaradei, les Frères musulmans et la foule. "Le premier est douteux comme peut l'être un leader local, le second est dangereux et le troisième périlleusement désorganisé", écrit-il. Pas d'appui local, pas de combat pour la démocratie.
D'autre part, cette "promotion de la démocratie" est désormais trop associée à George W. Bush et, surtout, "ternie par l'engagement américain en Irak", estime Fred Hiatt, du Washington Post.

UNE POLITIQUE "FAITE À LA VOLÉE"
Enfin, et cela pourrait constituer une troisième raison : la place de l'Egypte dans le jeu géopolitique du Proche-Orient est trop cruciale pour prendre entièrement partie pour la démocratie et donc contre Moubarak. Dans un autre article du Washington Post apparaît en filigrane le lien intime entre les deux pays : les journalistes Joby Warrick et Scott Wilson racontent comment, chaque matin depuis le début du soulèvement égyptien, l'administration d'Obama se réunit pour discuter d'un "script du jour" ("play of the day").
Le lien est tellement intime entre les deux pays que les Etats-Unis ont établi eux-mêmes un plan de sortie pour Moubarak que détaille Carl Bernstein dans The Daily Beast. "Pendant une période assez courte, Moubarak resterait à la tête de l'Etat mais n'aurait plus le pouvoir. Il resterait jusqu'à ce qu'un nouveau mécanisme, peut-être une nouvelle Constitution, soit mise en place pour une transition stable, ce qui empêcherait aussi les hommes d'appareil autoritaires et corrompus de Moubarak d'avoir la main sur le processus de succession", écrit-il.
En fait, les messages contradictoires et les revirements de la politique américaine sont surtout le reflet d'une politique "faite à la volée", causée par l'impréparation des Etats-Unis à un tel scénario, explique un responsable américain sous le couvert de l'anonymat au New York Times. "Nous avons eu des séances stratégiques sans arrêt pendant ces deux dernières années, sur la paix au Proche-Orient, sur la manière de contenir l'Iran. Combien d'entre elles prévoyaient la possibilité que l'Egypte passe de la stabilité à la tourmente ? Aucune."
"CE N'EST RIEN DE MOINS QU'UN CONFLIT D'INTÉRÊT"
Pour le journal britannique The Independent, il n'y a ni "realpolitik" ni "politique à la volée" dans le jeu américain. "Les Etats-Unis, encore une fois, travaillent en infiltrés pour servir leur propres intérêts au Proche-Orient", assène un éditorial du quotidien. Dans cet article, on apprend en effet que Frank Wisner, émissaire américain en Egypte qui a plaidé samedi pour que Moubarak reste en fonctions, serait employé par un cabinet d'avocats et de lobbyistes qui travaille pour le régime de Moubarak et plusieurs "familles les plus influentes dans les affaires en Egypte". "Ce n'est rien de moins qu'un conflit d'intérêts", poursuit le rédacteur.
Pourtant, rappelle Fred Hiatt du Washington Post, "avec l'effet de levier que peut avoir 1,5 milliard de dollars d'aide annuelle, les Etats-Unis auraient pu insister davantage pour que Moubarak montre plus de tolérance". Samedi, Mme Clinton a dit qu'il fallait pousser les régimes autoritaires à s'ouvrir car "ce statu quo n'est pas viable".
Et M. Hiatt de rappeler les conditions d'existence de la liberté de parole en Chine où le Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo est emprisonné et le cas de l'Azerbaïdjan, où un autre dictateur, Ilham Aliev, "a joué sur la peur américaine de l'islam radical et le besoin des Américains en pétrole pour gagner l'indulgence des Etats-Unis quand il truque une élection ou verrouille la presse". "Les Etats-Unis vont-ils lui dire que ce statu quo n'est pas viable ?"

Par le haut

L’Europe va-t-elle enfin se doter d’une politique économique? Vendredi, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en ont posé les premiers jalons. Un "pacte" pour arriver à fixer des règles communes en matière de retraites, de salaires, d’impôts. C’est la condition pour sauver l’euro. Et sortir de la crise européenne. Un tournant décisif.
Aujourd’hui, nous avons une monnaie et des politiques. Chaque pays continue à décider des taux d’imposition, de l’indexation des salaires, de l’âge de la retraite: ici les 35 heures, là l’économie souterraine, ailleurs un dumping sur les taux d’imposition sur les sociétés. Chacun peut dépenser sans se soucier de ce que fait son voisin malgré les traités. Cela ne peut marcher durablement.

La "convergence fiscale" est un thème de fin de banquet européen qui n’a pas le même sens selon les uns et les autres. Pour les syndicats français, ça veut dire appliquer la retraite à 60 ans dans toute l’Europe. Pour les patrons allemands, cela signifie poursuivre le blocage des salaires. Pour les ministres allemands, c’est imposer l’équilibre budgétaire (inscrit dans leur Loi fondamentale) aux pays les plus laxistes.

La menace d’un éclatement de l’euro – bien réelle, quoi qu’on en dise – a provoqué un électrochoc. L’Allemagne a pris conscience qu’une menace sur la monnaie unique tuerait son commerce extérieur. Elle ne peut donc laisser tomber ni ses partenaires ni les pays en difficulté. Elle a obtenu que la France entraîne avec elle les autres pays dans un chemin vertueux.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont proposé ce "pacte". C’est un accord par le haut. Le chemin sera difficile et l’unanimité est loin d’être faite. Le vrai défi reste d’engager des réformes tardives sans casser la timide reprise. Mais c’est une victoire des politiques qui ont repris la main.

P.-S. Jacques Chirac n’est pas tout à fait une personne privée, surtout avant son procès. Nous respectons l’émotion de la famille de l’ancien président. Mais le JDD maintient ses informations de la semaine dernière, nourries par des témoignages recueillis au cours de plusieurs semaines d’enquête. Et le bal des hypocrites continuera longtemps de jouer.

Tunisie : la gauche maintient la pression sur Alliot-Marie

Les tentatives d'explications de Michèle Alliot-Marie sur ses vacances tunisiennes n'auront pas suffi à calmer la polémique. Après avoir multiplié les interventions dans les médias ces derniers jours (France 2, Canal+, France 24, Le Parisien, Europe 1), la ministre des affaire étrangères reste sous la pression de la gauche, qui continue de demander sa démission.



Premier au sein du Parti socialiste à avoir réclamé la démission de la ministre, Jean-Marc Ayrault a maintenant renoncé à ce qu'elle le fasse d'elle-même. "Je ne m'adresse plus à elle, je m'adresse à M. Sarkozy : si vous voulez donner un peu de confiance aux Français dans les institutions de la République, vous devriez changer votre ministre des affaires étrangères, c'est bien le moins", a dit sur France Info le chef de file des députés socialistes.
"LA VACANCE DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE"
Même stratégie pour François Hollande, sur i-Télé, en partenariat avec Le Monde, dimanche soir. "Ce n'est pas tant les vacances tunisiennes de Mme Alliot-Marie qui me heurtent que la vacance de la diplomatie française depuis maintenant un mois", a dit le député socialiste sur i-Télé. "Le seul responsable de cette situation, du maintien de Mme Alliot-Marie (...), c'est Nicolas Sarkozy (...). Ou il défend, maintient et conserve Michèle Alliot-Marie, comme il l'a fait avec d'autres – et il en portera lui-même la responsabilité dans l'élection présidentielle de 2012 –, ou bien il prend des décisions et il y a des choix à faire au niveau de l'équipe gouvernementale."


Hollande sur la polémique MAM
envoyé par franceinter. - L'info video en direct.

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a estimé lundi que "la seule solution" permettant à Michèle Alliot-Marie, empêtrée dans l'affaire de ses vacances tunisiennes, "de recouvrer un peu de dignité" serait "qu'elle parte". "Voilà un pouvoir, un gouvernement, qui tous les jours appelle les Français à avoir des droits mais aussi des devoirs, mais qui ne respecte pas, Mme Alliot-Marie en tête, ses devoirs à l'égard du peuple français", a déclaré M. Hamon sur France Info.
Ségolène Royal, elle, a fustigé dimanche, sur Europe 1, les "mensonges" de la ministre sur ses vacances en Tunisie, estimant qu'il s'agit d'"un nouveau coup porté à la crédibilité de la diplomatie française". "Aujourd'hui, on a une ministre des affaires étrangères qui imite le président de la République puisqu'il a érigé le mensonge en méthode de gouvernement."

"Cela devient pathétique, ridicule, grotesque", a asséné le député du Doubs Pierre Moscovici sur TV5, en partenariat avec  RFI et Le Monde. "Michèle Alliot-Marie a fait preuve d'une incompétence et d'une complaisance rares, inadmissibles", a-t-il estimé.

Des critiques renforcées par Dominique de Villepin, qui a fustigé ce cas "insignifiant mais en même temps terriblement révélateur". "Nous ne pouvons pas manquer de penser que l'impunité dont s'entourent les politiques est inacceptable", a-t-il dit sur Europe 1.
L'UMP FAIT CORPS AUTOUR DE MICHÈLE ALLIOT-MARIE
Michèle Alliot-Marie reste soutenue par les ténors de l'UMP, même si Nicolas Sarkozy ne s'est pas encore exprimé sur la question. "Il a eu des gestes d'amitié que j'apprécie", a assuré la ministre des affaires étrangères sur France 24. "Michèle Alliot-Marie a dit ce qu'elle avait à dire (...), je voudrais lui apporter mon soutien sans réserve", a dit la ministre de l'économie, Christine Lagarde, sur France 5. "Michèle Alliot-Marie s'est expliquée sur ce qui s'est passé, elle a dit qu'elle regrettait, pour moi la polémique est close", a assuré la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, sur RMC lundi matin. Michèle Alliot-Marie est "une femme qui est d'une extrême honnêteté, d'une extrême rigueur (...). Elle s'est engagée au service des Français, au service de la politique depuis des dizaines d'années, je crois que tout le monde sait bien que cet engagement, elle s'y est donnée sans compter, y compris pendant ses jours de vacances, y compris pendant ses week-ends", a-t-elle ajouté.
De son côté, Eric Woerth, lui-même au cœur d'une polémique sur de présumés conflits d'intérêts, n'a pas voulu soutenir la ministre de peur d'ajouter à son discrédit : "Je serai le dernier à soutenir Michèle Alliot-Marie parce que mon soutien, probablement, la desservirait et je ne veux pas la desservir", a-t-il expliqué sur LCP.
SANS IDÉE, LES SOCIALISTES TIRENT SUR TOUT CE QUI BOUGE, ILS ONT LA MÉMOIRE COURTE.

Les femmes au cœur du Caire

Alors que le pouvoir et les Frères musulmans dialoguent, les femmes manifestent.
 Voilées de la tête aux pieds ou habillées à la mode occidentale, les Egyptiennes sont très présentes dans les manifestations place Tahrir, au Caire, épicentre de la contestation contre le président Hosni Moubarak. « Je viens tous les jours » depuis que la place est occupée par les manifestants, affirme la romancière Sahar al-Moggi en agitant un drapeau égyptien. Après les affrontements meurtriers avec la police la semaine précédente, les manifestations ont pris mercredi un tour violent avec des heurts meurtriers entre pro et anti-Moubarak. « J'avais peur. Mais il était impossible que je reste chez moi », confie Sahar al-Moggi. « Il faut qu'hommes et femmes prennent part » aux manifestations, estime Marwa Ibrahim, une jeune femme de 25 ans au chômage malgré un diplôme en microbiologie. Beaucoup de familles ont ainsi participé aux manifestations en dépit des violences. Samedi matin, une centaine de femmes ont fait le tour de la place en scandant « Pourquoi avez-vous tué notre jeunesse ? ». Dans la foule, pas d'abus contre les femmes, qu'elles soient voilées ou non. « J'en ai souffert par le passé, mais ici, ce phénomène n'existe pas », affirme Marwa, déterminée à continuer de manifester pour sa liberté, en tant que femme.

Dominique Strauss-Kahn monte la garde

Le 1er février à Singapour, Dominique Strauss Kahn tire la sonnette d’alarme sur les déséquilibres de la croissance mondiale. Christine Lagarde s’est empressée de réagir en taclant le patron du FMI.

DSK s’inquiète de l’avenir de l’économie mondiale
Lors d’une conférence à Singapour le 1er février sur « le rôle de l’Asie et le climat général de l’économie mondiale », le dirigeant du Fonds Monétaire International (FMI) s’est indigné des déséquilibres de la croissance mondiale. « Je vois deux déséquilibres dangereux » a-t-il indiqué. Selon lui, les pays émergents frôlent la surchauffe alors que la croissance des pays développés n’est pas à la hauteur de ce qu’elle devrait être. Ensuite, les inégalités de revenus s’élargissent quotidiennement tandis que le taux de chômage gagne en proportion. L’avenir semble peu radieux pour les jeunes de notre planète : « nous sommes face à la perspective d'une génération perdue de jeunes, destinée à souffrir toute leur vie d'une détérioration des conditions sociales et du chômage » a-t-il commenté.
Le protectionnisme pointé du doigt
Autre problème majeur mis en exergue, la politique commerciale des grandes puissances économiques. La Chine, par exemple, reste convaincue que rien ne vaut une exportation internationale massive, tandis quel es Etats-Unis restent confinés à des échanges intérieurs. S’appuyant sur les événements géopolitiques actuels, Dominique Strauss-Kahn craint que « le protectionnisme commercial et financier puisse s’aggraver » entraînant de fait une « instabilité sociale et politique croissante entre les nations, et même la guerre ». La mise en garde contre la tentation du « protectionnisme financier » fait figure de modèle à suivre pour le G20, qui cherche à trouver la meilleure solution pour limiter la libre circulation des capitaux. Par là, DSK cherche à protéger les institutions financières étrangères. Un désir qui dépasserait le cadre de ses fonctions, puisque Christine Lagarde avait annoncé à l’occasion du lancement de l’institut pour l’innovation et la compétitivité qu’il faudrait créer un nouvel « organisme approprié » propre à trier entre mesures légitimes et protectionnistes.

« Crier au loup n’est pas spécialement utile »
Dans une interview accordée à Jean-Michel Apathie au micro d’RTL, la Ministre temporise l’intervention du patron du FMI, en déclarant qu’il avait eu « une petite alerte ». Même si cette déclaration s’avère réductrice aux premiers abords, Christine Lagarde modère ses propos : « Non, il ne s’affole pas du tout, il fait son métier de directeur général du Fonds Monétaire International ». Mais lorsqu’Apathie lui demande si son constat sur le futur s’avère également pessimiste, la Ministre de l’Economie ne peut s’empêcher de glisser une pique à son confrère : « je comprends qu'il soit soucieux. On ne l'a pas entendu à Davos parce qu'il n'est pas venu à Davos ; alors maintenant, on l'entend à Singapour, mais... ». Une pique bien venue dans le contexte des préparations à la présidentielle. La volonté de rassurer le peuple français ne cache-t-elle pas une motivation peut-être plus personnelle ? Donné à 64% vainqueur des élections présidentielles s’il venait à se présenter, il y a à peine quelques mois, ses récentes déclarations lui valent un revers de fortune : sa cote de popularité enregistre une baisse de sept points par rapport au mois de décembre. Sa décision de s’affranchir du passé, afin de former un Nouvel FMI où la population asiatique aura son mot à dire risque d’en faire jaser beaucoup…
Théo Garcin

Mohamed ElBaradei critique la position des Etats-Unis

L'opposant égyptien et prix Nobel de la Paix Mohamed El-Baradei a critiqué dimanche "la grande confusion" créée la veille par les propos de l'émissaire de Barack Obama en Egypte, Frank Wisner. Interrogé sur la chaîne d'information américaine CNN, M. El-Baradei a regretté d'"entendre des voix dissonantes". "Les Etats-Unis avaient très clairement dit que (Hosni Moubarak) devait partir", a-t-il rappelé. Puis samedi, "Frank Wisner a déclaré que Moubarak devait rester et ça a créé une grande confusion, une grande déception", a-t-il commenté.
M. Wisner, qui s'est exprimé à Munich lors d'une conférence sur la sécurité rassemblant de très nombreux diplomates, avait notamment expliqué que "le président Obama souhaite que nous discutions avec respect avec une personne qui est un ami de longue date des Etats-Unis". "Le rôle du président Moubarak est toujours important. Contrairement à la Tunisie, dont le président a pris la fuite, l'Egypte a toujours son gouvernement", avait-il également affirmé.
"C'est tombé sur nous comme un coup à l'estomac", a réagi M. ElBaradei sur NBC. "Les Egyptiens avaient bien accueilli les déclarations de Barack Obama que le temps de la transition était venu", a insisté, sur CNN, l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui est rentré récemment en Egypte pour participer aux manifestations demandant la chute du régime d'Hosni Moubarak.
L'administration du président Barack Obama a officiellement pris samedi ses distances avec les propos de Frank Wisner qui s'est rendu en Egypte à la demande du président américain, un haut responsable de l'administration Obama affirmant que ses propos "n'engagent que lui et non le gouvernement américain". M. Wisner participait cependant très officiellement à la conférence de Munich en tant qu'envoyé spécial du président Obama.
Depuis le début des grandes manifestations en Egypte, il y a presque deux semaines, la diplomatie américaine tente d'adopter un discours qui satisfasse à la fois la rue égyptienne, le gouvernement et les voisins de l'Egypte. Les Etats-Unis ont largement soutenu par le passé Hosni Moubarak, vu comme un allié stratégique dans la région. Tandis que Barack Obama et Hillary Clinton ont pris position ces dernières semaines en faveur d'une "transition ordonnée et démocratique" dans le pays, l'administration Obama multiplie également les signaux se voulant rassurants à destination du gouvernement et des autres alliés des Etats-Unis dans la région.

après les manifestations, les accusations

Le ministère des affaires étrangères égyptien a accusé dimanche soir, sans les nommer, des diplomates étrangers d'avoir tenté de faire entrer des armes dans le pays, en proie à une contestation sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir du président Hosni Moubarak il y a près de trente ans.

"Il a été noté que certaines ambassades étrangères au Caire ont tenté de faire entrer des armes et des appareils de télécommunications dans des valises diplomatiques, en se basant sur le principe de l'immunité" diplomatique, a indiqué le ministère dans un communiqué.

"Les autorités concernées se réservent le droit de confisquer tout équipement de télécommunications ou arme nécessitant un permis en Egypte", a prévenu le ministère, sans accuser formellement une ou des ambassades ni préciser le type d'armes en cause.
LES RESSORTISSANTS PRIÉS DE QUITTER LE PAYS
Plusieurs ambassades dans la capitale égyptienne ont renforcé leurs dispositifs de sécurité et prié leurs ressortissants de quitter le pays, théâtre depuis près de deux semaines d'une contestation populaire sans précédent sous la présidence de M. Moubarak.
Les affrontements entre militants antigouvernementaux, qui réclament le départ immédiat du président Moubarak, 82 ans, et les forces policières ont fait environ 300 morts et des milliers de blessés à travers le pays, selon un bilan non confirmé de l'ONU.

Pour Barack Obama, l'Egypte ne reviendra pas en arrière

La place Tahrir, dans le centre du Caire, était toujours occupée lundi matin par des milliers de manifestants qui ont passé la nuit sur place pour réclamer le départ immédiat du président Hosni Moubarak. L'occupation se poursuit alors qu'une amorce de dialogue politique a commencé pour tenter de trouver une issue à la crise provoquée par les manifestations incessantes depuis le 25 janvier.

 Barack Obama a déclaré, dimanche, qu'il était convaincu que l'Egypte ne reviendrait pas au point où elle était avant et que le temps était venu de changer. Dans un entretien réalisé par Bill O'Reilly, un journaliste-vedette de la chaîne conservatrice Fox, le président américain a dit que seul le président égyptien Hosni Moubarak sait ce qu'il fera face aux manifestations quotidiennes. "Je veux un gouvernement représentatif en Egypte", a dit M. Obama. "Les Egyptiens veulent la liberté, des élections libres et justes, ils veulent un gouvernement représentatif, ils veulent un gouvernement réceptif. Et nous l'avons dit, vous devez engager la transition immédiatement (...). Une transition ordonnée"
, a ajouté le président américain.
M. Obama a aussi estimé que les Frères musulmans ne sont qu'une des factions égyptiennes et qu'ils ne disposent pas d'un soutien majoritaire dans le pays, mais qu'ils sont bien organisés et que certaines tendances de leur idéologie sont anti-américaines. Dimanche, les Frères musulmans ont engagé un dialogue inédit avec les autorités. Ils ont toutefois jugé insuffisantes les réformes proposées par le régime du président Moubarak.

Face à la crise égyptienne, les Etats-Unis veulent porter leur regard "au-delà de l'horizon", vers un avenir démocratique qui doit être minutieusement préparé, a expliqué dimanche Hillary Clinton. "Nous voulons voir commencer un processus qui conduira à une transition ordonnée avec ses étapes et ses mesures concrètes qui mènent à des élections libres et équitables", a-t-elle justifié. Les Etats-Unis, a en outre souligné Mme Clinton, refusent de "préjuger" de l'avenir des Frères musulmans.

Le commentaire politique de Christophe Barbier



Réveil de l’Europe? David Cameron veut lutter contre l’intolérance islamiste!

L’Europe doit faire cesser l’intolérance des valeurs occidentales au sein de ses communautés musulmanes et des groupes d’extrême-droite si elle compte vaincre les racines du terrorisme. Le Premier ministre britannique David Cameron sonne le gong et compte bien réveiller l’Europe de son immobilisme inquiétant.
Cameron était à Munich hier ou il a participé à la Conférence Annuelle sur la Sécurité des Gouvernements Européens. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, il a tenu un discours critique contre l’islamisme. Mais plus encore, il a fait l’auto-critique de l’Europe en affirmant que trop de tolérance vers les minorités intolérantes amène la haine et la division.

Il a dit que la Grande-Bretagne avait constaté que de nombreux terroristes condamnés avait d’abord été influencé par ce qu’on appelle des “extrémistes non-violent”. Des gens qui ne sont pas impliqués dans des complots, mais qui dénoncent la politique occidentale et de la culture européenne. Un discours indirect d’incitation à commettre des actes de violence.
“Nous ne vaincrons pas le terrorisme par les seules mesures que nous prenons en dehors de nos frontières. L’Europe a besoin de se réveiller. Elle à besoin d’analyser et de voir ce qui se passe dans notre propre pays, dans notre propre union», a dit Cameron lors de la conférence.
La Grande-Bretagne et l’Allemagne ont de bruyants débats nationaux sur l’impact de l’immigration, et sur les difficultés de l’intégration de certaines communautés religieuses. Pour la France, cela devrait arriver petit à petit avec l’élection présidentielle. Sarkozy ayant décidé de choisir le terrorisme islamique comme un des thème de campagne.
“Chez nous, nous avons même toléré ces communautés séparées quand elles voulaient vivre d’une manière allant à l’encontre de nos valeurs”, explique Cameron. «Nous avons encouragé les différentes cultures à vivre des vies séparées. Nous avons laissé germer la graine de la haine.”
“C’est notre culture de tolérance qui a permis aux deux extrémistes: islamistes et d’extrême-droite, de renforcer le soutien pour leur cause. Nous avons été trop prudents. Nous avons même franchement eu peur. Peur de nous lever contre eux”, a t-il dit.
“Certains alliés européens ont critiqué la Grande-Bretagne pour héberger les pires religieux musulmans que compte l’Europe. Des religieux expulsés de leurs pays orientaux pour extrémisme. On a été critiqué pour ne pas sévir contre ces mosquées et pour laisser se promouvoir une vision pervertie de l’Islam. ”
“Si nous voulons vaincre cette menace, je crois qu’il est temps de tourner la page sur l’échec des politiques du passé», explique Cameron. “Au lieu d’ignorer cette idéologie extrémiste, nous, les gouvernements et les sociétés avons appris à y faire face.”
Réponse de la brebis: Mohammed Shafiq, de la Fondation Ramadhan: “vous tentez le diable en échauffant les esprits. Pointer du doigt les musulmans comme vous le faite alimente l’hystérie et la paranoïa de l’islam et les musulmans. “
Jusqu’à présent, aucun gouvernement européen n’a réellement osé déclarer de telles choses contre les islamistes. Pas contre les “musulmans”, non, contre les islamistes. Parce qu’a chaque mot contre les apprentis terroristes musulmans, étrangement, ce sont tous les musulmans qui se sentent visés. Il y a pourtant une barrière entre les deux.

Et maintenant, le Koweït ? Un casse-tête pour Obama…

Un groupe de jeunes koweïtiens a appelé dimanche soir à un rassemblement de masse devant le parlement, mardi, pour protester contre “des pratiques non démocratiques” utilisées par le gouvernement. L’objectif des manifestations est “de faire pression pour son éviction. “
Voilà donc un nouvel Etat prêt à se rebeller contre ses dictateurs et l’on peut s’attendre à ce que tout le monde soit content. Hormis ceux qui luttent contre l’islamisme puisque la Tunisie, l’Egypte et le Koweït ont beau être des Etats musulmans, ils n’ont pas moins combattu l’islamisme ces dernières années. J’ajoute que dans ce dernier pays, les choses sont plus compliquées mais il n’empêche, les koweïtiens collaborent beaucoup avec l’occident pour lutter contre le terrorisme.
Si le cas du Kowaït devrait donc inquiéter l’occident dans sa globalité, la question ne devrait donc pas tellement se poser aux Etats-Unis. Barack Obama devrait, en tout état de cause, inviter le peuple à continuer ses manifestations et le gouvernement à lâcher du lest.
Oui mais… La géopolitique du Proche et du Moyen Orient est souvient bien plus complexe qu’elle n’y laisse paraître. Ainsi, depuis 1991 et la Guerre du Golfe, les Koweïtiens sont dans leur très grande majorité pro-américains. Le peuple de ce pays est reconnaissant avec George Bush pour avoir sauvé le pays des troupes de Saddam Hussein.
Ainsi, quand on dit “des jeunes veulent manifester contre le gouvernement au Koweït, les choses deviennent complexes pour celui qui occupe la Maison Blanche. Que faire, soutenir les jeunes (avec qui on imagine derrière) ou, dans un premier temps en tout cas, se taire et laisser faire les répressions policières qui auront lieu ?
La situation au Koweït, malgré un certain blackout des médias, est aujourd’hui explosive. Les manifestants veulent la tête du Ministre de l’Intérieur, Cheikh Jaber Khaled Al Sabah, pour son rôle dans la mort d’un jeune, torturé par la police lors d’un interrogatoire. Pour ne pas faire trop de bruit, le gouvernement a retardé l’enquête.
Mohammad Al Mutairi Gazzai, 35 ans, est décédé le 11 Janvier dans un poste de police, après avoir été torturé pendant six jours. Seize policiers ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire.  Le Cheikh Jaber (ministre de l’intérieur), membre de la famille régnante, avait proposé sa démission… Qui a été refusée par le cabinet.


La dictature du temps

C’est décidément une révolution du quatrième type.

La crise égyptienne déjoue tous les scénarios. En apportant chaque jour son lot d’imprévisible, elle ne correspond à aucun des modèles de bouleversement politique imaginés ou expérimentés jusque-là par l’Occident. Ni répétition à la tunisienne, ni coup d’état militaire à l’africaine, ni fuite à l’iranienne: la situation est inédite et c’est bien ce qui désoriente les diplomaties étrangères.

Le temps, qui s’était accéléré à Tunis, balayant le régime en quelques heures, exerce, au Caire, une dictature implacable sur les événements. Il ralentit un processus dont chacun des acteurs sait l’issue inexorable mais ignore le calendrier et les modalités. Hosni Moubarak est déjà effacé du futur générique, son fils retiré de la distribution et éjecté de la succession comme du parti présidentiel. Mais encore faut-il réussir la sortie du vieux raïs... L’armée égyptienne a choisi de ne pas précipiter son départ, et l’impatience initiale de Washington se mue peu à peu en attente plutôt compréhensive. Plus personne, en tout cas, n’a intérêt à une accélération brutale du mouvement qui le rendrait totalement incontrôlable. Même la rue cairote n’est plus certaine que le départ immédiat du chef de l’État soit un préalable à tout changement réel.

La lecture des négociations d’hier est ambivalente. D’un côté la participation inattendue des Frères musulmans au dialogue avec le pouvoir marque un double progrès: elle décrispe les tensions et permet au parti islamique -qui renonce de lui-même à avoir un candidat à la prochaine présidentielle- d’afficher une modération rassurante à travers un légitimisme inespéré. De l’autre, les négociations mettent au jour les divisions du mouvement sur la stratégie à adopter face à Moubarak. Fragilisée, un peu fatiguée aussi, la contestation donne les premiers signes d’un essoufflement naturel: l’aspiration à retrouver une vie apaisée et à faire repartir l’économie quotidienne sera un frein puissant à la prolongation indéfinie du bras de fer pour obtenir un résultat radical: l’exil du président.

Nul ne sait si cette nouvelle phase met en branle la fameuse «transition» qui doit donner au plus peuplé des pays arabes une démocratie originale, ou si elle n’est qu’une diversion de plus pour diluer la révolte avant une reprise en main qui ouvrira la voie à une répression politique méthodique. Volontiers retors, le régime a montré, en effet, sa capacité à jouer en permanence un redoutable double jeu. Il pourrait profiter des craintes suscitées par un basculement de l’Égypte dans l’inconnu pour imposer une définition musclée de la démocratisation du système: il lui suffirait de resserrer habilement et patiemment le lien qui finirait par étouffer le besoin de liberté clamé par les manifestants de la place Tahrir.

N'oublions pas l'état des prisons
 
Le nouveau Défenseur des droits divise les parlementaires. Le très controversé projet de loi qui fusionne, dans une « super » institution, plusieurs autorités de défense des libertés ¯ le Médiateur de la République, le Défenseur des enfants, la Commission de déontologie de la sécurité et la Halde ¯ a été modifié par les membres de la Haute assemblée. Après avoir refusé que le Contrôleur général des prisons soit absorbé par la nouvelle autorité, les sénateurs se sont démarqués du texte adopté par les députés en première lecture.

La quasi-absence de débat sur l'opportunité d'absorber, dans la nouvelle structure, le très récent Contrôleur général des lieux de privation de liberté était étonnante. La fonction a été créée en octobre 2007 et son premier titulaire, Jean-Marie Delarue, n'a été nommé qu'en juin 2008. Depuis plusieurs années déjà, l'état désastreux de nos prisons a valu à la France d'être blâmée par le Commissaire européen aux droits de l'homme. Sans chercher le spectaculaire, Jean-Marie Delarue a constitué son équipe et il a déjà publié deux rapports annuels qui montrent la pleine utilité de l'institution du Contrôleur général. Il a commencé à mettre en oeuvre un véritable travail de fond, respectueux aussi bien des personnels que des détenus.

Si la situation était normale, s'il ne s'agissait que de veiller sur la bonne marche du système pénitentiaire, on pourrait considérer que la nouvelle organisation devrait permettre de remplir cette tâche. Mais il n'en est rien. En deux ans et demi, le Contrôleur général a, certes, commencé à faire bouger les choses, mais le chantier reste immense. Surpopulation, lieux dégradants, suicides, taux impressionnant de malades mentaux parmi la population carcérale... Les maux de nos prisons sont graves et profonds. Il faudra des années pour y remédier et faire que les lieux de détention ne soient plus une machine à transformer les jeunes délinquants en caïds, une antichambre de la récidive, une mécanique plus destructrice que réparatrice.

Pourquoi n'avoir pas symboliquement manifesté que la France considère ce chantier comme une priorité nationale, en détachant le Contrôleur général de la nouvelle structure ?

Dans cette période pré-électorale, où la question de la sécurité monte à nouveau, les hommes politiques n'ont guère envie de sembler se soucier davantage des détenus que des victimes. Ce n'est pas payant. Pourtant, faire de la prison un véritable outil de réinsertion serait, sans nul doute, une importante manière de lutter contre la délinquance. Notre société ne voit manifestement pas les choses de cette façon-là. Pour nombre de Français, les criminels ne doivent plus sortir lorsqu'ils ont été enfermés. Qu'importe ce qui se passe derrière les barreaux ! Le Contrôleur général leur semble un luxe inutile, une sorte de faiblesse démocratique...

À l'heure où Stéphane Hessel se taille un succès monumental avec son Indignez-vous !, les Français ont des indignations sélectives. Il aurait été de la responsabilité des hommes politiques de voir plus loin, comme l'avait fait Robert Badinter en abolissant, contre l'opinion publique dominante, la peine de mort qui faisait honte à la France. Qui dira osera dire que la patrie des droits de l'homme ne doit pas s'accommoder d'un système carcéral qui est malheureusement trop souvent un pourrissoir ? Devons-nous souhaiter un monde barricadé, où les prisons seraient pleines de criminels mis définitivement sous les verrous ?

(*) Éditeur et écrivain.

La ministre et la simple vacancière

« La prochaine fois, je ne quitterai pas la Dordogne », nous dit Michèle Alliot-Marie. Les ministres seront désormais assignés à résidence dans le vert Périgord pour de vertueuses vacances. Privés de désert et de jet. Punis au pays de Cro Magnon, ces ministres visiteront les grottes de Lascaux et les châteaux de Joséphine Baker, feront du kayak sur la Dordogne, mangeront des cèpes et du foie gras. Pourquoi le couple ministériel a-t-il lâchement abandonné la Dordogne ? « Quand je suis en vacances, je ne suis plus ministre des Affaires étrangères, je suis Michèle Alliot-Marie », répond MAM. Du coup, on comprend mieux ses erreurs de calendrier quand elle raconte ses vacances en Tunisie à la télévision. La chef de la diplomatie savait que le vendeur des rues Ahmed Bouazizi s’était suicidé avant les vacances de Noël, que des troubles avaient éclaté dans le pays, au point de proposer le savoir-faire français dans le maintien de l’ordre. Pas la vacancière Michèle Alliot-Marie. Le Quai-d’Orsay était informé que M. Miled, propriétaire d’avion privé, soutenait la candidature Ben Ali. Pas la voyageuse Michèle Alliot-Marie. L’excursion à Tozeur avec le deuxième voyage dans l’avion de l’ami ? La ministre l’avait dit d’elle-même sans le dire tout en le disant à la télévision mais n’avait pas à préciser aux journalistes ce que faisait Michèle Alliot-Marie dans cet avion. Belle leçon de langage diplomatique. Mais après tout, Michèle Alliot-Marie, (pas la ministre donc), l’a répété : « Je vais en vacances en Tunisie comme beaucoup de Français » En 2010 en effet, en plus de MAM, son compagnon et ses parents, 583 752 Français ont séjourné en Tunisie. Combien ont voyagé à l’œil en jet privé ?

Polémique à tire-d’aile...


Pour une fois que le débat politique prend de la hauteur, ne boudons pas notre plaisir. Les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie et le dernier déplacement présidentiel en sont l’illustration aérienne.


Acte 1. La ministre des Affaires étrangères reconnaît avoir emprunté fortuitement mais gracieusement l’avion privé d’un ami lui-même très ami avec Ben Ali pour se rendre sur son lieu de villégiature à Noël. En pleine révolution anti Ben Ali, la balade choque...


Acte 2. Durant son séjour tunisien, MAM convient avoir goûté une seconde fois au confort de l’aéronef pour une excursion à Tozeur. Mais se justifie-t-elle avec aplomb, “en vacances, je ne suis pas ministre mais Michèle Alliot-Marie”. Du coup MAM invente le concept d’intermittent du gouvernement, de quoi laisser songeurs les étudiants de Sciences po...


Acte 3. La presse belge révèle que Nicolas Sarkozy a mobilisé deux avions pour se rendre la semaine dernière au sommet européen de Bruxelles. Mieux qu’à la belle époque des avions du GLAM.


Sous Giscard ou Mitterrand, en des temps immémoriaux donc, le Concorde figurait dans le trousseau du locataire de l’Élysée sans que nul ne lui conteste le prestige d’un avion glouton et m’as-tu-vu. Et sans que chaque voyage ne soit prétexte à une polémique à tire-d’aile...


C’était, il est vrai, bien avant qu’un Premier ministre ne se déclare à la tête d’un “État en faillite” et qu’un président ne promette une “République irréprochable”.

Omar Souleimane

L'Egypte de Hosni Moubarak est restée trente ans sans vice-président, mais celui dont elle s'est dotée dans l'urgence il y a dix jours a largement comblé le vide. Ce général de soixante-quatorze ans issu de l'Académie militaire du Caire, qui a combattu deux fois les Israéliens, bénéficie de la confiance de ses pairs galonnés. Les dix-sept années passées à la tête des services de renseignement, tout comme son rôle dans la gestion du dossier israélo-palestinien, ont fait de lui un rouage essentiel du régime et un interlocuteur privilégié des capitales étrangères. Son anticommunisme nourri par les souvenirs de sa formation militaire dans le Moscou soviétique, son hostilité à l'Iran d'Ahmadinejad et la poigne de fer qu'il a montrée en combattant Al-Qaida et les islamistes font de cet ennemi déclaré des Frères musulmans une pièce maîtresse pour les Occidentaux sur le mouvant échiquier égyptien. Descendant d'une famille aisée de Qena, près de Louxor, l'homme élégant à la réputation d'intégrité, dont le teint foncé et la calvitie rappellent l'ancien président Sadate, était jusqu'ici très proche de Hosni Moubarak. Ce dernier lui est reconnaissant de lui avoir sauvé la vie lors d'un sommet de l'OUA à Addis-Abeba en l'incitant à circuler dans une voiture blindée, qui fut la cible d'un attentat. En son honneur, un petit-fils du raïs a même été prénommé Omar. Aujourd'hui en inconfortable posture, le chef de l'Etat ne peut qu'espérer avoir bien placé sa confiance, sous peine de devoir annoncer bientôt : « Omar m'a tuer ».

Bourse :
vive l'inflation !


Et si le retour des craintes inflationnistes était la chance des marchés boursiers occidentaux ? Après un début d'année en fanfare, les grands indices du Vieux Continent et du Nouveau Monde butent sur leurs plus hauts depuis 2008. Ils cherchent un second souffle que ni l'apaisement actuel des craintes sur la dette souveraine en Europe ni la très bonne tenue des résultats des entreprises ne leur apportent. Résultat, Wall Street, Paris ou encore Londres se traitent avec des décotes par rapport à leurs moyennes historiques.


Dans ces conditions, les tensions inflationnistes provoquées par la hausse des prix des matières premières pourraient bien fournir aux marchés actions occidentaux le propulseur qui leur a fait durablement défaut. Pour des raisons purement financières, d'abord. Traditionnellement, ces tensions pèsent en effet davantage sur les produits de taux que sur les actions. Pour des raisons économiques, surtout. La Fed et la BCE ont été très claires sur la question la semaine dernière. Pas de brutal resserrement monétaire visant à casser la formation d'une spirale inflationniste en vue dans les pays développés. On ne peut pas en dire autant des émergents. Leurs économies sont en effet plus sensibles aux variations des cours des ressources naturelles. Pour éviter la surchauffe, les plus dynamiques d'entre elles ne pourront sans doute pas échapper à une hausse des taux d'intérêt. Ce qui se traduira inévitablement par une inflexion de leur croissance et, au passage, l'explosion de quelques bulles locales. Tandis que les émergents plus fragiles mesurent déjà les conséquences sociales et politiques des hausses de prix. Tunisie et Egypte en tête.


C'est, d'une certaine manière, la résurrection du risque-pays. Un concept que les investisseurs croyaient réservé aux seules contrées les plus reculées depuis l'irruption de la thématique de la croissance miraculeuse et sans risque des émergents courant 2009. On comprend mieux pourquoi l'engouement des opérateurs de marché pour les Bourses des émergents connaît des ratés ces derniers temps. Après avoir attiré près de 100 milliards de dollars l'an dernier, ces marchés ont rendu 7 milliards sur la seule semaine dernière. Une rotation dont commencent à profiter les Bourses des pays occidentaux, dans un mouvement de balancier. Il ne s'agit évidemment pas d'un sauve-qui-peut, mais une chose est sûre, la dynamique a clairement changé de camp.

Les bonus de Wall Street et le syndrome d'Icare

Après deux ans d'abstinence très relative, les bonus sont de retour à Wall Street. Selon la dernière analyse de Reuters, l'enveloppe des rémunérations et bonus des cinq premières banques américaines a augmenté de 4 % en 2010, pour atteindre 119 milliards de dollars. On est pratiquement revenu au niveau d'avant la crise (137 milliards de dollars pour l'ensemble du secteur bancaire américain en 2007) ! Sans omettre que le salaire fixe du patron de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, a triplé l'année dernière (outre une hausse de 40 % de son bonus en actions) et que le niveau moyen annuel de rémunération de ses employés (bonus compris) représente huit fois le revenu moyen d'un foyer américain (52.000 dollars). Rien, ou presque rien, n'a changé. Juste un peu moins de cash et des stock-options différées... Le plus troublant, c'est que ce retour en force (sinon en grâce) des bonus intervient au lendemain de la publication d'un important rapport d'enquête parlementaire sur les causes de la crise financière, qui a largement fait « flop » outre-Atlantique.

« Trop d'institutions ont agi de manière inconsciente, prenant beaucoup trop de risques, avec trop peu de capital et en étant trop dépendantes de financements à court terme », résume le rapport final de 545 pages de la Financial Crisis Inquiry Commission (FCIC) publié le 27 janvier. « Tel Icare, elles n'ont pas eu peur de voler toujours plus près du soleil », ajoute le président de la FCIC, Phil Angelides, friand de métaphores littéraires. Une des principales révélations de ce rapport d'enquête édifiant sur les origines de la crise résulte d'une audition privée du président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, recueillie par les enquêteurs en novembre 2009. Pour la première fois, il y reconnaît que douze des treize principales institutions financières américaines, y compris Goldman Sachs (et à l'exception sans doute de JPMorgan Chase bien que cela ne soit pas précisé) étaient au bord de la faillite pendant « une ou deux semaines » après la chute de Lehman Brothers. Tout en éreintant les régulateurs, et en particulier l'ancien président de la Fed, Alan Greenspan, tenu pour le principal responsable de trente années de dérégulation sauvage, le rapport n'épargne ni les défaillances béantes de la Securities and Exchange Commission (SEC), ni les autres régulateurs, ni Goldman Sachs pour son rôle majeur dans la diffusion des produits toxiques. Surtout, dans sa conclusion, le rapport épingle sévèrement les défaillances de la « corporate governance » et du contrôle des risques qui ont été un « facteur clef » dans l'émergence de la crise financière. « Les systèmes de rémunération - conçus dans un environnement d'argent facile, d'intense compétition et de légère régulation -ont trop souvent récompensé les opérations à court terme, sans considération véritable pour les conséquences à long terme », estime la commission d'enquête dans ses conclusions.

Accessoirement, du fait de « l'érosion des standards de responsabilité et d'éthique », le rapport signale que le montant des pertes résultant des opérations frauduleuses sur les crédits immobiliers réalisées entre 2005 et 2007 s'élève à 112 milliards de dollars (soit presque l'équivalent de l'enveloppe totale précitée des rémunérations des cinq principales banques de Wall Street en 2010).

Paradoxalement, le rapport de la FCIC, qui fourmille de révélations sur les mécanismes pervers de la crise et les dérives de Wall Street, a été largement brocardé et minimisé par la presse américaine. Trop exhaustif, trop détaillé, à l'heure de l'information condensée en temps réel. Ou alors trop accablant pour un secteur de l'économie dont les profits représentaient 27 % des résultats de toutes les entreprises américaines en 2006, à la veille de la crise, contre 15 % en 1980 ? A en juger par les commentaires désabusés qu'elle a généralement suscités, la plus vaste enquête jamais réalisée sur la crise financière (700 témoins auditionnés, des millions de pages de documents épluchées) n'apporte pas les réponses espérées. Sans doute trop d'autoflagellation et pas assez de pistes concrètes ! Si l'opinion publique américaine pressent bien la nécessité de brider les excès de Wall Street, elle répugne encore à en tirer les conséquences. Le débat sur les bonus - et sur le niveau disproportionné des rémunérations dans la sphère financière -renvoie aux vieux démons honnis du « Big Government ». C'est la limite de l'exercice. Comme le note Alain Minc dans sa préface de « Huit Jours pour sauver la finance » (1), même si les bonus ont bien joué, comme chacun sait, le rôle de pousse-au-crime dans la prise de risques, « l'administration la plus à gauche que les Etats-Unis aient connue depuis des lustres se refuse, pour des raisons de principe, à tout plafonnement en valeur absolue, voire à toute restriction collective trop sévère ». C'est loin d'être faux. Si la question d'une limitation des bonus n'est plus taboue outre-Atlantique, elle reste encore largement théorique. Hormis quelques ajustements à la marge, tel le mécanisme de « clawback » (restitution partielle) institué par certaines banques comme Morgan Stanley en cas de performance négative, l'idée même de garde-fous est jugée irréaliste.

La crise financière était parfaitement « évitable », conclut la FCIC. Elle n'était ni une fatalité ni le produit de « modèles informatiques qui ont déraillé ». Sans doute imparfait, parfois trop bavard ou détaillé, ce rapport d'enquête n'en restera pas moins une mine pour les historiens de la crise.

(1) James B. Stewart, « Huit Jours pour sauver la finance », Grasset, octobre 2010.

Angela Merkel 2.0

La mue a été discrète. Elle n'en est pas moins majeure, et l'Europe tout entière pourrait en être bouleversée. Cette mue, c'est celle d'Angela Merkel. Certes, la chancelière allemande porte toujours les mêmes tailleurs compassés. Mais, dans sa tête, le changement est radical. En mars dernier, alors que la Grèce peinait à lever de l'argent sur les marchés financiers, elle affirmait encore devant les députés du Bundestag que « nous aurons besoin d'une disposition qui permette en dernier recours d'exclure un pays de la zone euro ». En décembre, devant le même Bundestag, la chef du gouvernement allemand expliquait au contraire qu' « on ne laissera tomber personne » dans l'Union monétaire. Lors du Conseil européen de vendredi dernier, Angela Merkel a achevé sa métamorphose. Soutenant que « l'euro appartient aussi à un projet politique », elle a présenté pour l'Europe, avec le président français, des projets d'harmonisation fiscale et même sociale. Le « gouvernement économique » cher aux Français se dessine enfin.

On aurait tort de ne voir là que de vagues projets destinés à rassurer les acteurs des marchés financiers ou les électeurs allemands. Après un formidable renouveau de l'économie, s'esquisse en Allemagne un spectaculaire aggiornamento politique et diplomatique. Tétanisée pendant la crise bancaire de 2008, acculée lors de l'épisode grec de 2010, Angela Merkel a longuement réfléchi avec ses équipes, à l'allemande. Elle est désormais convaincue que son pays ne peut plus se passer de l'Europe et de la monnaie unique. Forte de cette conviction, elle propose de nouvelles avancées dans la construction commune, une solidarité accrue et des mécanismes de surveillance et de rapprochement dans des domaines relevant jusqu'à présent de la souveraineté nationale (retraite, fiscalité...). Elle mène le jeu. Tout en tendant la main à Nicolas Sarkozy, qui avait mieux réagi qu'elle pendant la crise.

Mais Angela Merkel ne veut plus l'Europe comme avant. Elle ne s'accroche plus aux Vingt-Sept. Pour aller de l'avant dans la coordination économique, elle est désormais prête à jouer les Dix-Sept de la zone euro - voire la géométrie variable. Et, surtout, elle ne fait plus confiance aux institutions communautaires, privilégiées par les Français. Elle préfère l'action coordonnée des gouvernements, à l'anglo-saxonne. La chancelière allemande tire ainsi froidement les conséquences de l'incapacité de la Commission en général, et de son président en particulier, à s'imposer comme une force d'impulsion, par temps calme comme dans la tempête. S'amorce ainsi la relance d'une Europe très différente de celle que Paris a longtemps rêvée. Les Français ont-ils un autre projet ?

Du bon usage de la TVA

La TVA été rehaussée de 16 à 19 % en Allemagne en 2007. Ce 1 er janvier, elle est passée à 20 % au Royaume-Uni, en augmentation de 2,5 %. Cette mesure devrait rapporter de l'ordre de 15 milliards d'euros à la Grande-Bretagne. La France devrait-elle procéder aussi à une hausse de sa TVA ? Le projet en est envisagé en France, mais exclusivement comme un moyen de réduire les cotisations sociales, de façon à favoriser la production nationale, qui supporterait moins de charges sociales, et de pénaliser les importations qui seraient assujetties à une TVA plus élevée. Faire payer la protection sociale des Français par les produits chinois importés en France en quelque sorte ! Il est certes vrai que la France est l'un des pays au monde qui impose les charges sociales les plus élevées, jusqu'à 80 % du salaire net, voire plus, avec, en 2008, des cotisations pour les employeurs et les employés s'élevant à 317 millions d'euros. Mais il n'est pas certain que la baisse de quelques points des cotisations sociales soit répercutée dans les comptes des entreprises. La TVA, quoi qu'il en soit, restera un impôt. Son augmentation pèsera dans tous les cas sur les contribuables, éventuellement sur ceux qui achèteront les tee-shirts chinois plus chers. Et son augmentation ne suffirait en aucun cas à compenser les surcoûts des charges sociales.

La TVA représente en France un produit net estimé en 2010 à 126,8 milliards d'euros, soit 49 % des ressources fiscales de l'Etat. L'augmentation de 1 point de la TVA à 19,6 %, à 5,5 % ou à 2,1 % représenterait respectivement 5,9, 2,6 ou 0,6 milliard d'euros de recettes supplémentaires. Ainsi, l'augmentation de 3 points, par exemple, de tous les taux de TVA permettrait de récolter 27,3 milliards d'euros, sous réserve encore des contre-effets en matière de consommation liés à cette hausse de la TVA. Mais ce produit supplémentaire compenserait à peine les allégements de charges sur les bas salaires (22 milliards d'euros, qu'il serait plus urgent de réduire progressivement, et le déficit annuel des régimes sociaux (7,4 milliards d'euros en 2011).

Il vaudrait sans doute mieux s'attaquer d'abord aux niches de TVA et/ou à l'uniformisation des taux. Le coût des niches fiscales relatives à la TVA est estimé à 17,2 milliards d'euros en 2010, dont 13 milliards dus au taux réduit de 5,5 % appliqué à certains secteurs, tels que les travaux immobiliers et la restauration. Cette application de la TVA au taux de 5,5 % est la parfaite illustration d'une mesure stérile obtenue par la seule et intense pression politique d'une profession.

Une quinzaine de pays appliquent en Europe la TVA au taux normal sur la restauration et il n'est pas démontré que les restaurants vivent moins bien dans les pays appliquant un taux normal à la restauration, ni que les habitants y soient plus mal nourris. Quant aux promesses de création d'emplois, elles sont restées quasiment vaines.

L'adoption de taux de TVA réduits dans certains secteurs ne répond donc à aucun intérêt général. Et la France (5,5 %) qui pratique, avec la Grèce (3,5 %), le plus bas taux de TVA européen sur l'hôtellerie pourrait aisément soumettre cette profession, comme quelques autres, à l'étiage commun. C'est d'ailleurs dans cet esprit sans doute que la commission des Finances du Sénat a suggéré cet automne de relever uniformément le taux réduit de TVA de 5,5 % à 8 %, aussi bien sur les nuits d'hôtel, les ventes à consommer de repas sur place et à emporter ou encore les travaux à domicile que sur l'édition, les oeuvres culturelles, les produits alimentaires... Une hausse de 2,5 points de la TVA à 5,5 % rapporterait 6,5 milliards d'euros supplémentaires par an.

Il ne paraît donc pas opportun d'augmenter la TVA pour compenser des charges sociales, ce qui serait financièrement peu efficace et à la mesure de la déresponsabilisation supplémentaire des assurés sociaux qu'un tel dispositif générerait en faisant supporter encore un peu plus leurs cotisations par l'impôt.

Mais il peut être utilement envisagé une hausse de la TVA dans le cadre de la réforme fiscale, dont le débat est annoncé pour le printemps 2011, et pour autant qu'il ne s'agisse pas d'un accroissement d'impôts mais d'un moyen de baisser d'autres impôts et d'optimiser notre système fiscal. Une telle réforme devrait toutefois commencer par la suppression des niches fiscales, en matière de TVA comme dans les autres domaines. A cette condition, une hausse de la TVA pourrait être un moyen de simplifier la vie des citoyens et de fluidifier la vie économique, en finançant par exemple une réduction drastique des droits d'enregistrements, la suppression de l'ISF et du bouclier, la limitation des impôts locaux dont la charge est devenue pour beaucoup insupportable, l'abaissement de l'impôt sur les sociétés à 30 % pour être plus compétitif en Europe... et une réduction générale de la CSG de 1 point pour compenser une éventuelle hausse de prix due à cette augmentation de la TVA...

L'injustice faite au gardien

La civilisation de l'image commet beaucoup d'injustices, c'est dans sa nature. Cela vient, on le sait, du fait que le spectaculaire ou le dramatique ont naturellement l'esprit frappeur. Le sort du gardien de but dans les émissions sportives du dimanche soir en est l'exemple le plus saisissant : ce résumé des rencontres est exclusivement fait des « plus beaux buts de la journée » où les attaquants sont en posture de mitrailleuses et les gardiens de passoires.

Si l'on était le syndicat des gardiens de but, on exigerait une parité entre les images des buts encaissés et celles des arrêts réussis. Ceux-ci ne sont pas moins spectaculaires que ceux-là. Cette subtile déformation de la réalité conduit le public sportif à encenser les attaquants de préférence, par exemple, aux « milieux de terrain », sans qui aucun tireur ne recevrait une cartouche. Au reste ils en tirent souvent eux-mêmes avec succès. Sans compter la façon dont ils entravent, dégoûtent ou stérilisent les attaquants adverses, soulageant ainsi leurs défenseurs...

Le parallèle est trop facile avec le monde politique et économique. Les petites phrases tiennent lieu de buts marqués. Les propositions mirobolantes font taches de lumière, sans qu'on sache bien comment l'intendance suivra. Les méfaits sanglants déchirent le journal télévisé, mais les attentats déjoués ne sont pas connus, et pour cause. Que le gouvernement fasse une gaffe, il encaisse un but ; qu'il n'en fasse pas, on passe à la suite. Une banque est rarement louée pour son faible taux de créances douteuses, pourtant le socle de sa défense. Et certains succès sont célébrés malgré les moyens coûteux engagés pour les obtenir. Il en va ainsi des équipes vedettes du football, pour revenir à lui : au décompte des buts par rapport à leur budget, on sait des équipes dites modestes qui leur en remontreraient en productivité.

Les Français n'aiment pas les vendeurs

Un rapport de Cetelem s'est penché sur les relations entre le consommateur et le vendeur. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la confiance n'est pas le maître mot. Et vous, sollicitez vous les vendeurs lors de vos achats? 

Une étude publiée par l'Observatoire Cetelem montre un véritable désamour des Français à l'encontre des vendeurs. Perçus par les consommateurs comme peu compétents, hypocrites et surtout inutiles, le vendeur "est en voie de disparition" selon ce rapport.
Le vendeur n'est plus la première source d'information de l'acheteur
Le rôle traditionnel de conseil du vendeur est relégué au second plan. Moins de la moitié des personnes interrogées déclarent les solliciter pour leur achat. C'est même un tiers seulement pour les moins de 30 ans. De manière générale, seuls 31% des sondés affirment que le vendeur est l'une des deux principales sources d'informations avant d'effectuer un achat important. La France se situe dans la moyenne européenne tandis que le Royaume-Uni est le pays où le vendeur est le plus déconsidéré comme source d'information.
En cause, selon l'enquête : internet. Les sites où les consommateurs peuvent poster leurs avis sur des produits, dont la multiplication est impressionnante, ont remplacé les vendeurs. Ils sont vus comme plus sûrs que ces derniers. A cela s'ajoute, selon l'étude, "l'émergence du commerce en ligne" qui, de fait, ne nécessite pas de vendeur. Mais Cetelem note que le vendeur demeure indispensable, le plus souvent, pour "l'acte d'achat et l'information sur la disponibilité des stocks".
La fiabilité et la compétence du vendeur mises en cause
Autre explication du divorce entre le consommateur et le vendeur, le comportement et la fiabilité de celui-ci. S'il est plutôt jugé comme "aimable" (64%) et "clair" (60%) par les acheteurs, 70% estiment qu'il connait mal son sujet. Au total, seul un Français sur cinq déclare avoir été mis en confiance par le vendeur lors d'un achat important.
De même, son objectivité est mise en cause par 28% des sondés alors que moins de 20% des personnes interrogées considèrent qu'il leur a évité un mauvais choix.
Le vendeur, "conseiller d'achat" est ainsi déconsidéré dans le coeur même de son métier. "Approximation des connaissances", "manque d'objectivité", "soupçon de mise en avant des produits sur lesquels ils sont commissionnés" sont autant de raisons à cette mise en cause. D'ailleurs, seuls 22% des Français ont déclaré leur vendeur comme "passionné par son domaine."
La réinvention du vendeur
Ce véritable désamour impose "une réhabilitation du vendeur" selon l'Observatoire Cetelem, notamment en direction des jeunes. Ces derniers sont, de loin, les plus sceptiques quant au rôle de celui-ci et s'en détournent plus facilement. La pénétration d'internet chez les moins de 30 ans l'explique largement.
L'étude prédit la "disparition du vendeur traditionnel". Pour autant, elle entrevoit un nouveau profil de vendeur, apte à apporter une valeur ajoutée à sa présence en magasin. Citant les exemples d'Ikéa ou des Apple Store, le rapport met en avant les transformations qu'ont opérées certaines entreprises dans le rôle de leurs vendeurs. Par opposition à "l'esprit désincarné" du commerce en ligne, le nouveau vendeur doit être un "véritable hôte d'accueil, passionné, à l'écoute des besoins de ses clients." Pas sûr que la ola à l'entrée consommateurs dans les Apple Store suffise à restaurer la confiance.

Pourquoi le pacte économique franco-allemand irrite les Européens

La France et l'Allemagne défendent un "pacte de convergence" pour renforcer la compétitivité des économies de la zone euro. Une initiative très influencée par Berlin et déjà très critiquée. Explications.

Paris et Berlin ont décidé de ralentir la cadence. L'adoption d'un "pacte de convergence économique", annoncée pour vendredi 4 février, a finalement été repoussée à fin mars. "Nous devons au préalable nous mettre d'accord au sein de la zone euro", a expliqué la chancelière allemande Angela Merkel. Une mission dévolue à Hermann Van Rompuy. Le président de l'UE n'aura pas la tâche facile. Car les grandes lignes de ce pacte, largement influencé par l'Allemagne, suscite déjà de nombreuses oppositions.
Que propose ce pacte?L'objectif est de "renforcer la compétitivité des économies européennes", a indiqué vendredi Nicolas Sarkozy. Comment ? En mettant en place une cure d'orthodoxie à l'échelle européenne: suppression de l'indexation des salaires sur les prix là où elle n'existe pas déjà, recul de l'âge de départ en retraite, nivellement des fiscalités et mise en place de plafonds contraignants de déficit public. Le tout pouvant être assorti de pénalités.
L'Allemagne tente-elle vraiment d'imposer son modèle?Angela Merkel a clairement laissé entendre qu'elle souhaitait que le modèle retenu pour ce pacte soit à l'image de l'économie allemande. Côté français, on assure qu'il n'y a "pas de risque de domination allemande là-dedans". En réalité, le projet porte très nettement l'empreinte de Berlin. La volonté d'inscrire un plafond constitutionnel de déficit, comme il en existe déjà outre-Rhin, en est la preuve. Surtout, le pacte ne fait aucune mention d'un éventuel plafonnement des excédents et déficits commerciaux, comme le préconise Bruxelles, et encore moins de la fluctuation compétitivité-prix. De telles mesures, si elles étaient adoptées conduiraient en effet à sanctionner l'Allemagne, économie fortement exportatrice et où les salaires n'ont pas beaucoup progressé ces dernières années.
Qui s'oppose à ce pacte?La Belgique, qui refuse de supprimer l'indexation des salaires sur les prix. Une pratique également en vigueur au Luxembourg, au Portugal et à Malte. L'Espagne a également exprimé des réticences sur les objectifs de salaires. L'Autriche est réservée sur les retraites. L'Irlande et la Slovaquie s'inquiètent pour leur part de devoir relever l'impôt sur les sociétés, leur principale arme compétitivité. La Commission européenne n'apprécie guère, de son côté, d'être reléguée au second plan par le couple franco-allemand, alors qu'une réflexion sur ces sujets est déjà engagée au niveau communautaire sous son impulsion.
Pourquoi la France le soutient?D'abord parce que le moteur de l'Europe, pour Nicolas Sarkozy, c'est le couple-franco-allemand. Ensuite parce c'est la condition sine qua non pour que Berlin accepte d'augmenter la capacité de prêt du Fonds de secours de la zone euro, afin de prévenir un défaut de l'Espagne ou du Portugal. Enfin, et surtout, parce que Paris n'a pas de sacrifice à faire pour ce pacte. La désindexation des salaires sur les prix? Mitterrand l'a fait en 1983, sauf pour le Smic, mais les bas salaires ne seraient pas concernés. Le recul de l'âge de la retraite? C'est le coeur de la réforme votée en 2010. Et heureusement, l'Allemagne n'impose pas la retraite à 67 ans comme chez elle. La convergence fiscale? La réforme est en préparation. La France prévoit notamment de supprimer le bouclier fiscal et l'ISF. L'abaissement des charges sociales pesant sur le travail, compensé par une hausse de la TVA (comme l'a fait l'Allemagne), est aussi en débat. Inscrire la maîtrise des déficits dans la Constitution? Un projet de loi en ce sens sera présenté dans les prochaines semaines.

Les risques du gonflement de la dette américaine

La dette publique américaine approche la limite maximale autorisée par le Congrès. Ce plafond devra bientôt être relevé. Faute de quoi l'Etat pourrait se retrouver en défaut de paiement. Les explications en vidéo de Sébastien Julian du Centre de Prévision de L'Expansion.