TOUT EST DIT

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jeudi 16 janvier 2014

LE SÉNAT LIMITE À NOUVEAU L’INTERDICTION DU CUMUL DES MANDATS AUX SEULS DÉPUTÉS


L’Assemblée devrait rétablir en dernière lecture la version du gouvernement appliquant cette interdiction à tous les parlementaires.

Le Sénat a à nouveau limité dans la nuit de mercredi à jeudi l’interdiction du cumul des mandats aux seuls députés, mais l’Assemblée devrait rétablir en dernière lecture la version du gouvernement appliquant cette interdiction à tous les parlementaires.
180 sénateurs se sont prononcés en faveur de la version établie par leur commission des lois qui les exempte de l’interdiction du cumul, 119 ont voté contre, les autres se sont abstenus ou n’ont pas pris par au vote.
Le Sénat s’était déjà exonéré du dispositif en septembre. Les sénateurs avaient adopté le texte du ministre de l’Intérieur Manuel Valls après avoir voté un amendement les autorisant à continuer à exercer une fonction exécutive locale – en plus de leur mandat national – à la différence des députés, ou des eurodéputés.
Le texte voté par le Sénat établit par ailleurs le non-cumul des indemnités pour les parlementaires et les élus locaux, les limitant à l’indemnité parlementaire de base (5.514 euros net par mois). Il s’agit d’éviter ainsi que les sénateurs ne soient accusés d’agir par seul intérêt financier.

Quand la peopolisation des hommes politiques a-t-elle commencé ?


L’utilisation en France de la vie privée à des fins de communication politique s’est systématisée depuis une trentaine d’années mais en réalité, c’est un phénomène beaucoup plus ancien, dont l’éclosion au XIXe siècle coïncide avec la mise en place des modalités du journalisme moderne. L’émergence du reportage-interview et les progrès de l’illustration de presse favorisent un traitement journalistique se voulant plus proche de l’homme qui se cache derrière la fonction politique : les élus sont le plus souvent dépeints dans leur foyer, à travers leurs habitudes domestiques. Des échos mondains des grands quotidiens généralistes ou spécialisés (Gil Blas) des années 1880-1890, aux célèbres opérations séduction de Valéry Giscard d’Estaing, en passant par la vedettisation des dirigeants français ou étrangers dans les revues d’évasion de l’entre-deux-guerres, les médias français n’ont jamais vraiment hésité à mettre en scène la vie privée des hommes politiques. Cependant, cette tendance s’est largement renforcée à la fin de la IVeRépublique, en raison d’une crise de la représentation propice à la recherche d’un homme fort, puis sous la Ve République, dont les institutions commandent désormais la personnalisation du pouvoir.

CGT : la terre brûlée

CGT : la terre brûlée


La CGT fait-elle de l’idéologie ou du syndicalisme? L’affaire de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord est un cas d’école. Il y a dix-huit mois, la CGT a refusé une offre de reprise sans licenciement sec, avec 530 emplois sauvegardés et de généreuses indemnités. Résultat : aujourd’hui, tout le monde est licencié avec des indemnités au rabais. Belle opération, merci la CGT!
Question : le leader cégétiste local, Mickaël Wamen, a-t-il cherché à défendre les intérêts des salariés? Ou s’est-il laissé déborder par ses convictions communistes et 

anticapitalistes, puisque Mickaël Wamen fait également de la politique – 6,3% des voix aux dernières législatives dans la Somme.

Mais la politique de la terre brûlée ne s’arrête pas là. Maurice Taylor, le patron de Titan – le diable incarné pour la CGT – propose de racheter l’usine d’Amiens-Nord, d’y investir 40 millions d’euros, avec à la clé 330 embauches. Mais l’homme d’affaires américain, au caractère bien trempé, pourrait bien se raviser après le nouveau coup de force de la CGT en début de semaine : la séquestration de deux cadres pendant plus de vingt-quatre heures.
Cette nouvelle affaire vient ternir un peu plus l’image désastreuse des relations sociales en France. D’après le classement annuel du World Economic Forum, la France se classe au… 135e rang sur 148 en matière de "qualité dans les relations du travail". Nous sommes derrière le Mozambique et Myanmar ! Et, avec cette nouvelle affaire, nous ne risquons pas de gagner des points. Mardi, la France était à la une du Financial Times avec ce titre : "France : des syndicalistes prennent des cadres en otage". Belle publicité, merci la CGT!
Du bout des lèvres, Thierry Lepaon, le secrétaire général de la CGT, regrette ces méthodes : "Ce n’est pas dans nos pratiques habituelles, mais cela peut arriver. " Nous voilà prévenus : quand la CGT n’est pas contente, elle peut prendre en otage. Et tant pis si tout le monde coule!

D’ÉQUERRE…

D’ÉQUERRE…


S’il veut réduire le nombre des régions et « en finir avec les enchevêtrements » admini-stratifs, François Hollande va devoir s’armer de courage. Pour reconquérir l’opinion et donner un nouvel élan à son quinquennat, il devra fendre l’armure. L’image est faible tant ce président, aimable politicien amateur de com-promis et de synthèses, va devoir se muer en comman-dant des forces spéciales. Autant dire se faire violence. Pourquoi ? La raison est simple : il s’attaque un peu tard à une réforme ardue que l’on sait toujours plus facile à accoucher dans la douleur et en express dès l’état de grâce consécutif à son élection. Ensuite il devra remanier pour confier ce chantier à un républicain de haute volée. Un ou une pointure, audacieux et madré, diplomate mais insensible aux lobbys des élus de province qui défendront bec et ongles leurs fromages. On se souvient de Gaston Defferre voici 30 ans. Le casting est aujourd’hui plus délicat. Entre « pacte de responsabilité » et « choc de simplification », il ne peut prendre le risque de se payer de mots, qui ne résoudraient pas les grands maux de la société française, sur les-quels presque tout le monde est d’accord. Il devra mettre sa majorité parlementaire d’équerre. Et faire preuve de hardiesse. C’est ici le véritable carburant de sa survie. Et pour éviter d’être mazouté comme une mouette, on lui conseille la nitroglycérine…

Changement de paysage

Changement de paysage


On ne sait pas si François Hollande parviendra à modifier la carte de France des régions mais il a déjà fait bouger le paysage politique. C'est peu dire que les réactions à sa troisième conférence de presse bousculent les frontières partisanes. Dans le court terme, il y a là matière à réconfort pour un président qui s'est sorti de l'exercice avec un certain cran, dans les conditions que l'on sait. En témoigne le sondage CSA pour BFMTV dévoilé hier soir. Une majorité de Français ont trouvé François Hollande tourné vers l'avenir (54 %), courageux (51 %) et présidentiel (51 %). Bien que de forts doutes subsistent sur sa capacité à rassurer (30 %) ou à convaincre (28 %), François Hollande n'a pas été répudié par l'opinion malgré son aventure galante.
On ajoutera que plus de quatre millions de Français l'ont suivi à la télévision, soit deux fois plus que pour sa précédente conférence de presse. La performance est honorable même si une curiosité plus ou moins malsaine a dopé l'audience. En vérité, François Hollande a réussi un pari qui n'était pas gagné d'avance en parvenant à imposer l'image du personnage public sur celle de l'homme privé.
En s'abstenant de faire du sentiment, François Hollande a opéré un étonnant rétablissement. Partant d'une position calamiteuse, il a paradoxalement renforcé sa « présidentialité ». Au lyrisme du Bourget s'est substitué le pragmatisme d'un néo-réformateur rebondissant sur ses échecs. Il reste à juger sur la durée ce qu'il en sera de la concrétisation des nombreux chantiers ouverts.
Une chose est sûre : le chef de l'État, se posant d'abord en patriote, en appelle à une trêve dans les affrontements bipartisans. Il y a de l'habileté dans sa façon d'affoler les boussoles des partis. La gauche de la gauche ne se reconnaît plus dans une politique que la droite avait revendiquée en son temps sans la mettre en 'uvre, mais qu'elle refuse aujourd'hui de cautionner. Quant aux centristes, ils hésitent. Drôles de jeux politiciens quand la crise justifierait des majorités d'idées pour changer enfin le paysage.

Première dame

Première dame
Une première dame, cela avait un sens, autre qu’anecdotique et polémique, dans un grand pays tel que l’était encore la France dans les années 1950, comme le montre cet extrait de mon livre sur l’histoire des présidents de la République, à propos de l’épouse de René Coty (1954-1958):
Son épouse, Germaine, est présente à ses côtés à l’Elysée. On ne lui connaît guère d’influence de nature politique mais elle s’investit avec passion dans l’action sociale, rendant visite aux hospices, orphelinats, hôpitaux. Son décès, le 13 novembre 1955 à Rambouillet, laisse le chef de l’Etat accablé. En quelques mois, elle s’était rendue profondément populaire dans le pays.
 « La mort de Madame Coty restera, dans le souvenir de ceux qui l’ont vécu, quelque chose d’extraordinaire. Il y eut un phénomène de bouleversement général tel qu’il est impossible de ne pas en chercher la signification. » 
 Les obsèques de Madame Coty donnent lieu à un moment de ferveur et d’émotion nationale à la Madeleine.
 « Des écoles entières vinrent à la Madeleine et les enfants tenaient une rose à la main. Les Parisiens défilèrent pendant des heures. Ce fut simple et poignant. Le peuple semblait vouloir montrer à quel point il aime les vertus simples et profondes, à quel point il est sevré de l’affection la plus nécessaire, celle que l’on donne. Lorsque, après la cérémonie funèbre, le convoi déboucha sur le quai, trente péniche massée à la Concorde firent entendre un long mugissement en signe de deuil, tandis que la mariniers, massés sur le pont, alignés bord à bord, se découvraient. » (le Prestige français, 1956).
Voici une image, j’insiste, du temps où la France était toujours une grande Nation…
Couv. Histoire présidents

Le billet de Michel Schifres

La terrine du chef


A moins qu’on n’ait pas été prévenu du changement, cette année devrait comporter 365 jours. Une angoisse saisit : cette durée sera-t-elle suffisante ? Ne faut-il pas d’ores et déjà l’augmenter, passer à 500, voire 600 jours ? Cela paraîtrait raisonnable tant le chef de l’Etat assure vouloir débroussailler de multiples chemins. Partout des chantiers s’ouvriront, des discussions se tiendront, des concertations auront lieu. Et hop un comité ici, et hop un conseil là, et hop un concours ailleurs. Les départements, les régions ? A revoir. Même avec l’Allemagne, la concertation sera permanente. On n’arrêtera pas. Grâce à cette terrine du chef mitonnée par M. Hollande, lui, qui a déjà beaucoup de surnoms, en a gagné un nouveau : ce vibrionnant satisfait était hier Géo Trouvetou.

Social-démocrate ou social-acrobate ?

Social-démocrate ou social-acrobate ?


Ce sont ses amis socialistes, ceux qui l’ont pratiqué pendant une décennie à la tête du Parti socialiste, qui en parlent le mieux, eux qui ont si souvent expérimenté « la méthode Hollande » : il parle, il séduit, il promet, il embrouille, et le lendemain, on se réveille avec le sentiment d’avoir été floué. Si le discours introductif de la conférence de presse du président de la République, mardi, était effectivement séduisant, prometteur sur le plan des réformes et du rôle enfin reconnu aux entreprises dans le fonctionnement et le redressement de l’économie, il faut bien admettre qu’au lendemain de ce bel exercice de communication, s’est installé un insistant parfum d’embrouille.
Sur le calendrier d’abord : on pensait le sujet du coût du travail et des marges des entreprises urgent. Pourtant on attendra 2015 au mieux pour commencer à réduire les cotisations familiales des entreprises. On est loin du « choc de compétitivité ».
Même incertitude sur le financement de cette nouvelle politique. C’est même d’un épais brouillard qu’il s’agit : si on met bout à bout tout ce qui a été promis à Bruxelles, aux marchés et aux entreprises, on aboutit au chiffre véritablement astronomique de 40 à 45 milliards par an de baisse des dépenses. C’est un programme de guerre budgétaire et de coupes sociales sans commune mesure avec les pistes avancées par François Hollande, et qui exigerait, s’il était appliqué, de remettre lourdement en cause plusieurs missions de l’Etat et autant de prestations sociales… Quant aux impôts des ménages, devenus « lourds, trop lourds », on ne parle plus de les réduire. Le ras-le-bol fiscal et la réforme ont été escamotés.
Bousculer le jeu, renverser la table des promesses, déplacer les lignes, enjamber les clivages est habile politiquement. Mais pour l’heure, la social-démocratie à la Hollande ressemble plutôt à de la social-acrobatie.