TOUT EST DIT

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dimanche 9 janvier 2011

Attali: "DSK est certainement le meilleur héritier"

Conseiller spécial de François Mitterrand à l'Elysée, Jacques Attali fut l'un des collaborateurs les plus proches de l'ancien chef de l'Etat. Pour leJDD.fr, il explique qui, selon lui, serait à l'heure actuelle son meilleur héritier. Dominique Strauss-Kahn a, selon lui, "la compétence, la culture et la volonté nécessaire à cette fonction".
De nombreuses personnalités du PS sont à Jarnac pour les 15 ans de la mort de François Mitterrand. Quel est votre sentiment vis-à-vis de ce défilé de politiques autour de sa mémoire?
C'est la moindre des choses! Sans lui, ils ne seraient rien. J'aimerai seulement que cela ne soit pas suivi, entre deux visites, de critiques violentes de son action, ou de comportements qu'il n'aurait pas approuvé. En particulier sur l'Europe.
Dominique Strauss-Kahn est considéré, selon un sondage du JDD paru samedi*, comme le meilleur héritier de Mitterrand. Qu’en pensez-vous?
Pour avoir été pendant dix ans le plus proche collaborateur de François Mitterrand, je mesure assez bien la nature de la fonction présidentielle. Très différente de celle de Premier ministre. Le meilleur héritier est celui qui est le mieux placé pour l'emporter. C'est ce que ce sondage veut dire. Dominique est certainement celui-là. Il a la compétence, la culture et la volonté nécessaire à l'exercice de cette fonction. 

Qui d’autre, au sein du PS ou ailleurs, peut prétendre être un digne héritier de l’ancien président?
Laurent Fabius avait été choisi comme tel par François Mitterrand. Il est parfaitement préparé à cette fonction. Ségolène Royal en a la volonté et l'énergie. D'autres sont possibles. Martine Aubry est premier secrétaire.

Le mitterrandisme est-il toujours d’actualité et peut-il encore répondre aux enjeux actuels de la France?
Oui bien sûr. Il se résume à deux objectifs: social-démocratie et Europe. Jamais la France n'a eu plus qu'aujourd'hui besoin de ces deux priorités. Et le mitterrandisme a aussi un critère de jugement: ne rien faire dont on ne puisse être fier dans 20 ans. Rien n'est plus actuel.



Différences

C’est un discours pesé et travaillé, voulant conjurer les colères des fous de Dieu… Mais le diable est dans les détails et Nicolas Sarkozy l’a laissé ricaner vendredi, en dénonçant ce "plan pervers d’épuration religieuse" qui viserait les chrétiens du Moyen-Orient. La tragédie des Coptes et syriaques est incontestable. Mais les mots présidentiels méritent qu’on les analyse dans toutes leurs conséquences.
S’il est un plan, il a un auteur. Pour l’Elysée, Al-Qaida est coupable, qui veut chasser les chrétiens du Levant. Mais alors, sauf à considérer Al-Qaida comme l’aboutissement apocalyptique mais fidèle de l’islam contemporain, ce drame s’inscrit dans une bataille globale, où les sociétés musulmanes sont visées par la même terreur que les Coptes d’Alexandrie. Le combat est politique, de la liberté contre le fascisme, et transcende frontières et religions.

Pourtant, le président français sape cette évidence par glissements successifs. Ayant dénoncé "l’épuration religieuse", il vante "la diversité, humaine, culturelle et religieuse" française et occidentale, et ajoute: "Les droits qui sont garantis, chez nous, à toutes les religions, doivent être réciproquement garantis dans les autres pays." Puis il évoque une chrétienne pakistanaise, condamnée à mort pour blasphème par un tribunal du Pendjab. L’exemple est malvenu et un mot est en trop: "réciproquement".

Les lois contre le blasphème ne relèvent pas de la même dénonciation que l’incendie d’AlQaida. Et la laïcité ou la liberté religieuse, valeurs universelles, ne doivent pas s’appliquer par "réciprocité", dans un échange entre Islam et Occident. Implicitement, Nicolas Sarkozy exprime une vision du monde musulman malade d’intolérance, auquel s’opposerait un monde occidental, comprenez chrétien, tolérant envers ses minorités. Et il suggère une assimilation, une parentèle entre chrétiens d’Orient et musulmans d’Europe ou de France: de citoyens indifférenciés d’une république laïque, ils deviennent éléments minoritaires d’une société heureusement "bénévolente"!

Que ce discours soit tenu lors de voeux aux autorités religieuses françaises, et aborde également incidents racistes et prières de rue ("la République ne peut pas accepter qu’une religion investisse l’espace public sans son autorisation"), ajoute à la confusion. On parlait de l’Orient tragique, on atterrit rue Myrha. Les frontières sont abolies, les différences sont expulsées du discours public, la guerre des civilisations se conjure au coin de la rue, et la République a le vertige! On peut dire que le Président est lucide sur l’état réel de nos sociétés et prend de front les haines latentes qui font de l’islam un ennemi intérieur et extérieur. On peut saluer son propos de tolérance et de modération et discuter au fond de l’inéluctable communautarisme. Mais il reste un sentiment de perplexité, quand les mots d’un homme d’Etat viennent contredire ses aspirations et les plus sincères et les plus élevés.

L'amorce d'une remontée pour l'exécutif

Selon le baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine, janvier 2011 marque une hausse de trois points pour Nicolas Sarkozy et François Fillon.

Pour Nicolas Sarkozy, 2011 commence mieux que 2010 ne s'était achevé. Décembre dernier avait été marqué par le plus bas historique (24 %) de la cote de confiance du Président. Janvier 2011 marque une nette remontée (+ 3 points) pour le chef de l'Etat comme pour son Premier ministre. Reste à savoir si cette tendance se confirmera dans les mois à venir alors que, jusqu'à présent, les remontées ont toujours été de courte durée. L'Elysée a intégré depuis longtemps que la reconquête de l'opinion serait une tâche de longue haleine, compliquée par une conjoncture économiquemaussade mais aussi par une absence d'incarnation de l'opposition. Tant que le Parti socialiste n'aura pas un candidat clairement désigné, Nicolas Sarkozy sera la seule cible de tous les opposants. Du jour où le PS sera en ordre de marche, son candidat deviendra lui aussi une cible et les compteurs des sondages bougeront. A condition que le chef de l'Etat arrive à tenir sur sa nouvelle ligne d'un Président «protecteur», moins en vue dans les médias, laissant davantage son Premier ministre monter en première ligne. Comme il l'a exprimé aux membres de son gouvernement lors du Conseil des ministres de ce mercredi:«Ne vous laissez pas détourner de votre tâche.»

Marine progresse encore
La fille de Jean-Marie Le Pen ne dépasse pas encore le record de son père dans le baromètre, mais s'approche de ses niveaux (19%) de septembre 1996, quand le FN imposait des triangulaires à la droite aux législatives et faisait gagner la gauche.
H ollande devant Royal
L'année commence bien pour François Hollande.L'ancien premier secrétaire gagne 3 points et surtout passe devant Ségolène Royal. De quoi le rassurer sur la validité de sa stratégie pour les primaires du PS.
» Consulter le baromètre (pdf)
Sondage TNS Sofres effectué pour Le Figaro Magazine. Dates de réalisation: les 3 et 4 janvier 2011. Echantillon national de 1000 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgées de 18 ans et plus, interrogées en face à face à leur domicile par le réseau des enquêteurs de TNS Sofres. Méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage, PCS) et stratification par Région et catégorie d'agglomération.

Les socialistes à la recherche de l'inspiration sur la tombe de Mitterrand

Martine Aubry, Mazarine Pingeot, Ségolène Royal, Gilbert Mitterrand, réunis côte à côte devant la tombe de François Mitterrand, à Jarnac, samedi 8 janvier. A moins de cinq cents jours de l'élection présidentielle de 2012, le PS veut célébrer la mémoire du seul chef d'Etat socialiste de la Ve République.

Le temps n'est plus à l'inventaire comme dans les années Jospin. La gauche, après avoir essuyé trois échecs consécutifs (1995, 2002, 2007) veut retrouver les marches du pouvoir. Mais quinze ans après la mort de François Mitterrand, le parti reste sans leader naturel. Comme pour conjurer la spirale de l'échec, les prétendants sont venus toucher le symbole. "Symbole du courage", du "volontarisme", "de la réconciliation de la France", diront Martine Aubry et Ségolène Royal.
"PARLER AUX FRANÇAIS"
Alors que les socialistes cheminent entre le cimetière et la maison natale de François Mitterrand, transformée en musée, la primaire socialiste souffle sur Jarnac. Ségolène Royal a comme, souvent, pris un pas d'avance sur tout le monde en revendiquant sa filiation avec celui dont elle fut la conseillère à l'Elysée puis la ministre dans un entretien au Monde. "J'ai envie de succéder à François Mitterrand", déclare la candidate.

Devant les micros à la sortie du cimetière, sans la citer, Martine Aubry, lui rétorque : "L'essentiel de ce qu'est la politique, ce n'est pas de parler de soi, de la façon dont on arrive au pouvoir, mais de ce qu'on veut faire pour la France, de parler aux Français. Les Français veulent retrouver la France qu'ils aiment, une France, forte, juste solidaire, enviée dans le monde".
QUELQUES ABSENTS
Le parfum d'élection qui entoure l'hommage n'a pas échappé à plusieurs grandes figures de la Mitterrandie : Robert Badinter, Pierre Joxe, Michel Charasse, Roland Dumas, ni aucun des anciens premiers ministres n'ont fait le déplacement. Il y a bien sûr quelques historiques : Hubert Vedrine, Pierre Bergé, Louis Mermaz, Louis Mexandeau, Jack Lang, Anne Lauvergeon ou encore Gilles Menage.
Dans les rangs des candidats, François Hollande et Manuel Valls ont boudé la cérémonie, comme les Strauss-kahniens. Arnaud Montebourg est lui au premier rang. "Tu es venu chercher des signatures ?", plaisante Bertrand Delanoë.
"AUCUN N'A SON SOUFFLE"
Le maire de Paris envoie aux journalistes son message : "François Mitterrand, c'est l'exemple entre l'amour de la France et son engagement à gauche, cela doit nous inspirer. C'est une indication du chemin à parcourir pour qu'en 2012, il y ait rencontre entre la majorité sociale et la majorité politique du pays. François Mitterrand a construit patiemment l'alternative. Ce fut un long combat. Il donnait du temps au temps, n'avait pas le sens de l'éphémère et du spectacle".
Jack Lang dessine, lui, les qualités du futur candidat : "courage et imagination, conviction forte". "Il s'agira dans un an d'élire un président, non pas quelqu'un qui obéit à la mode du moment".
Observant le ballet à distance, Jean-Claude Fournier, trente ans de militantisme charentais, ironise. "Nous étions quinze l'an dernier. Nous sommes 450 aujourd'hui !" Grand admirateur de François Mitterrand, qu'il avait rencontré à deux reprises, ce proviseur en retraite juge le modèle sans héritier. "Aucun n'a son souffle. Lorsqu'il parlait, il nous transportait".
Sophie Landrin