TOUT EST DIT

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jeudi 23 avril 2009

Confessions d'un banquier pourri: la crise financière vécue de l'intérieur

C'est l'incroyable récit d'un ex-dirigeant de banque qui préfère rester anonyme et qui signe "Crésus" ce livre sur l'histoire secrète du krach de septembre 2008, sur la faillite de Lehman Brothers. On y découvre les dessous du secret bancaire suisse et surtout les « pratiques mafieuses » des banquiers. Extraits.

A tous ceux qui font encore confiance à leur banque... Tel est l'incipit de « Confessions d'un banquier pourri », publié sous le pseudonyme de Crésus, aux Editions Fayard (sortie en librairie le 15 avril, 17,90 euros). Rempli de confessions choc, il offre un récit hallucinant des milieux de la haute finance et de la crise financière de septembre 2008. A tel point qu'il pose la question de sa crédibilité. Philippe Cohen, rédacteur en chef du site Marianne2.fr - le magazine a publié en exclusivité des extraits du livre dans son numéro du samedi 11 avril - précise qu'il a pris la précaution de soumettre ce témoignage à un banquier qui l'a jugé tout à fait crédible. Nous avons été autorisés à en proposer également quelques morceaux choisis.

Le petit jeu va maintenant être de savoir qui est Crésus ? L'auteur donne quelques indices : « Vous ne me connaissez pas. J'ai grandi dans l'ombre, au coeur du sérail de l'argent, écrit-il dans le prologue de son livre. Je suis un parasite de la haute finance, l'un des membres du directoire d'une des plus grandes banques de France. A peine surpayé, j'ai ramassé quelques dizaines de millions d'euros en une quinzaine d'années. Une paille, comparée aux salaires et aux primes des traders que je dirige. Ou plutôt que je dirigeais. Voilà cinq mois, j'ai été écarté des affaires par un président soudain très à cheval sur les règles et le contrôle des risques. » Une idée ?
Les subprimes : comment les banquiers ont réalisé le « casse du siècle »

« Eh bien, quand on m'interroge, je compare les banquiers à des bouchers pas très consciencieux. En fait nous avons fait disparaître les crédits à hauts risques dont nous voulions nous débarrasser en les mélangeant avec des créances de bonne qualité. La fabrication de ce cervelas d'un genre nouveau s'appelle la titrisation. Ensuite, on débite les nouveaux titres en tranches, qu'on vend en engrangeant au passage de belles commissions. [...] Quand les morceaux de viande avariée - en l'occurrence les subprimes - pourrissent et devienne toxiques, ça contamine toute la saucisse, et les acheteurs tombent malades. »

« Le processus était assez simple : au départ, on balançait aux structures des impayés ou des crédits à risques. Ensuite les types qui vendaient notre camelote noyaient ces produits incasables dans toutes sortes de liquidités avec deux objectifs : d'abord faire passer le risque de la Banque vers la Bourse, comme on se débarrasserait d'un mistigri encombrant, et, deuxième objectif, nettoyer nos bilans, puisque les créances invendables disparaissaient du passif pour réapparaître miraculeusement dans la colonne des actifs. »

« Pour sauver notre résultat, ne restait finalement que notre métier de base : nos clients les plus modestes, tous ces braves gens qui tiraient le diable par la queue. C'était eux qu'on assommait. Les marges sur nos encours de crédit allaient d'ailleurs progresser de 20 à 21% cette année. Que ce fussent les crédits à la consommation, les prêts-relais ou les découverts, toutes ces niches étaient incroyablement rentables, malgré ce qu'en disait notre discours officiel. Les crédits immobiliers se révélaient, eux aussi, très satisfaisants, avec une marge de l'ordre de 16%. Toutes nos divisions allaient perdre de l'argent, exceptée la banque de détail, justement. En ce domaine, nous avions encore quelques idées pour améliorer encore l'ordinaire. En multipliant les propositions à la clientèle, on avait réussi à faire exploser les frais bancaires : virements, chèques de banque, retraits, ouvertures de comptes, remises de cartes de crédits, consultations de comptes sur le net, tout justifiait un prélèvement d'apparence anodine. L'ensemble représentait à la fin plus de la moitié de notre bénéfice annuel!

Où étaient les sanctions ? Devions-nous rendre des comptes ? Et à qui d'ailleurs ? A nos conseils d'administration ? Plaisanterie ! A l'Etat ? Une mascarade ! Les « camarades » de l'inspection des Finances ne nous gênaient pas, c'est le moins qu'on puisse dire. Aux médias ? Ils ne posaient pas beaucoup de questions et prenaient nos communiqués les plus effrontés pour argent comptant. Les banquiers du monde entier étaient en train de réaliser en toute impunité le casse du siècle. [...] de Paris à New York, une bande avait accumulé des fortunes invraisemblables. »
Les dessous de la faillite de Lehman Brothers :

Le livre évoque une prostituée de luxe qui a recueilli les confidences d'un important actionnaire saoudien à qui Henry Paulson avait annoncé qu'il allait lâcher la banque Lehman Brothers. Autrement dit, elle accuse l'ex ministre américain au Trésor de délit d'initié.

Banquier pourri

En ce moment les banquiers se sentent parfois victimes, c'est ce qui ressort de certaines de leur interventions, ou de celles de leur défenseurs grand adepte du laisser faire et de la subvention des pertes par l'argent public. Un ouvrage qui sort en ce moment va sans doute corriger dans le bon sens l'image de cette profession.
L'expansion propose les meilleurs pages d'un ouvrage signé par Crésus, un banquier anonyme et intitulé "Confessions d'un banquier pourri". En voici un extrait choisi par mes soins. Vous comprendrez aisément qu'il m'interpelle.

« Pour sauver notre résultat, ne restait finalement que notre métier de base : nos clients les plus modestes, tous ces braves gens qui tiraient le diable par la queue. C'était eux qu'on assommait. Les marges sur nos encours de crédit allaient d'ailleurs progresser de 20 à 21% cette année. Que ce fussent les crédits à la consommation, les prêts-relais ou les découverts, toutes ces niches étaient incroyablement rentables, malgré ce qu'en disait notre discours officiel. Les crédits immobiliers se révélaient, eux aussi, très satisfaisants, avec une marge de l'ordre de 16%. Toutes nos divisions allaient perdre de l'argent, exceptée la banque de détail, justement. En ce domaine, nous avions encore quelques idées pour améliorer encore l'ordinaire. En multipliant les propositions à la clientèle, on avait réussi à faire exploser les frais bancaires : virements, chèques de banque, retraits, ouvertures de comptes, remises de cartes de crédits, consultations de comptes sur le net, tout justifiait un prélèvement d'apparence anodine. L'ensemble représentait à la fin plus de la moitié de notre bénéfice annuel!

J'aimerai bien connaitre le nom de cette banque, par ce que la dernière phrase m'interpelle. Pas vous ? Rue89.com se pose le problème suivant: Comment déterminer le nom de Crésus en déduction de certains faits relatés dans l'ouvrage. Une courte liste ressort de leurs investigations. Les banques concernées sont d'après le site en ligne: la Société Générale, BNP-Paribas ou le groupe Crédit Agricole.

Je précise aussi à mes lecteurs, que dans ce billet "banquier" caractérise le cadre de haut niveau surpayé et pas du tout le ou la guichetière qui n'a plus trop de responsabilités et est soumis à la pression de financiers. Ceux là disposent désormais d'outils comme les blogs pour raconter ce qui se produit. Il leur est très facile de rester anonyme ou d'envoyer leur témoignages à certaines associations comme l'UFC et l'AFUB. Cette dernière en a publié certains sur son blog.

Exemple choisi :

"Pour information, je travaille en banque et depuis un certain temps maintenant, j'essaie, à mon niveau, de combattre le système de l'intérieur. Le PNB (seules lettres qu'on en bouche les cadres de direction) ayant priorité sur toute autre approche, les banques pratiquent une tarification de plus en plus excessive et notamment auprès de leur clientèle la plus vulnérable qui n'ose pas se défendre ("tarification punitive"). Vous comprendrez aisément la situation délicate dans laquelle, en tant que salarié, je me trouve sans pour autant accepter tout et n'importe quoi."

On appréciera le lien avec Cresus qui explique que tout est fait dans la banque de détail pour maximiser les profits. On est alors en droit de se poser une question simple. Est ce que les multiples frais bancaires ne seraient pas la source de financement de certaines horreurs bancaires dont la défaillance fait actuellement l'actualité?

François Fillon - France Inter