TOUT EST DIT

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dimanche 4 avril 2010

DSK : l'économie mondiale n'est "pas sortie d'affaire"

L'économie mondiale n'est "pas sortie d'affaire", a déclaré dimanche le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, en marge d'une visite en Jordanie. Pour Dominique Strauss-Kahn, si la reprise mondiale avait été plus rapide qu'attendu, la demande privée n'était pas suffisamment forte pour marquer le début de la fin de la récession prolongée que subit l'économie.
"On observe une reprise de la croissance un peu partout, mais presque partout, les chiffres de la croissance sont liés au soutien public et la demande privée reste plutôt faible et insuffisante", a-t-il déclaré. Tant que la demande privée ne sera pas suffisante pour apporter de la croissance, il sera difficile de dire que la crise est terminée, a-t-il ajouté. Dominique Strauss-Kahn a également indiqué que si une récession en W - une récession suivie d'une légère reprise puis d'une autre récession -, n'était pas à exclure, le FMI ne la prévoyait pas.

Vendredi, l'administration Obama avait publié les chiffres de l'emploi pour le mois de mars aux Etats-Unis. Le ministère du travail américain a calculé que le secteur privé avait créé près de 130 000 emplois au mois de mars, soit les meilleurs chiffres depuis 2007. Le gouvernement américain se dit confiant sur le front de l'emploi, et estime que les créations de postes devraient s'accélérer.

Dominique Strauss-Kahn a toutefois refusé de commenter les chiffres publiés dimanche dans la presse italienne, qui rapporte que l'institution monétaire a relevé ses prévisions de croissance mondiale, expliquant qu'il ne les évoquerait que lorsqu'ils auront été officiellement rendus publics, dans "dix jours".

Rumeurs sur le couple Sarkozy : l'Elysée à la recherche d'un complot

"Pour que la peur change de camp, il fallait qu'il y ait une procédure judiciaire. Maintenant, on va voir s'il n'y a pas une espèce de complot organisé, avec des mouvements financiers, pourquoi pas." Interrogé par Rue89, Pierre Charon, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, s'est félicité de la plainte déposée par le Journal du Dimanche, après la publication de rumeurs visant le couple présidentiel sur un blog hébergé par le site du journal.
Le 9 mars dernier, les rumeurs publiées sur le blog avaient été reprises par plusieurs journaux étrangers, qui tous citaient comme source le Journal du Dimanche. Or, si le blog est bien hébergé sur le site de l'hebdomadaire, il n'était pas alimenté par la rédaction du site. Deux personnes ont démissionné suite à cette publication ; un responsable de Newsweb, filiale de Lagardère éditant le site Internet du JDD, et un employé, non journaliste, soupçonné d'avoir publié l'article sur le blog spécialisé dans les informations "croustillantes".

UNE PLAINTE QUI A PEU DE CHANCES D'ABOUTIR

D'après les informations du Nouvel Observateur, c'est sur pression de l'Elysée que la direction du Journal du Dimanche a également porté plainte pour "introduction frauduleuse de données dans un système informatique". Une enquête préliminaire de police a été ouverte par le parquet de Paris.

Il n'est pas sûr cependant que la plainte du Journal du Dimanche puisse aboutir. L'"introduction frauduleuse de données", définie par l'article 323-3 du code pénal, sanctionne en effet "Le fait d'introduire frauduleusement des données dans un système de traitement automatisé ou de supprimer ou de modifier frauduleusement les données qu'il contient". Puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende, ce délit vise en premier lieu les manipulations de bases de données, bancaires par exemple : c'est d'ailleurs l'un des chefs d'inculpation qui ont été retenus à l'encontre de Jérôme Kerviel, dont le procès doit s'ouvrir en juin.

Or, il sera difficile de prouver qu'un blogueur a "introduit frauduleusement" des données en publiant une note, un blog étant précisément un outil de publication, à moins de prouver que le blog a été piraté. Mais même si la procédure n'aboutit pas, elle aura permis l'ouverture d'une enquête. Et, peut-être, "fait changer la peur de camp", comme le souhaite M. Charon.

L'ELYSÉE CHERCHE UNE AUTRE SOURCE

En parallèlle, l'Elysée a mobilisé ses spécialistes informatiques pour remonter la piste de la rumeur. D'après l'entourage du président de la République, Nicolas Sarkozy soupçonnerait Rachida Dati d'avoir participé à la diffusion des rumeurs, ce que nie l'ancienne Garde des sceaux.

Pour Jean-Noël Kapferer, auteur du livre "Rumeurs, le plus vieux média du monde", les rumeurs sont, sauf exception, une production sociale spontanée, sans stratégie particulière, similaire à celle des histoires drôles. Le public se saisit de l'histoire imaginaire car elle revêt une signification pour lui ou parce qu'elle fournit une apparence d'explication à divers phénomènes, explique ce chercheur.

Pâques aux tisons

Mais où est donc passé le printemps? Depuis quatre mille ans, son solstice coïncide avec la Pâque juive avant les Pâques chrétiennes. Cette année, nous en scrutons les pousses.


Il en va de notre économie comme du temps. Le chômage s’allonge, les entreprises ferment. Une situation qui provoque le désespoir. Surtout quand les esprits déréglés ne dessinent plus de perspectives. Pourtant, regardons autour de nous. Les pays "émergents", la Chine, le Brésil, l’Inde, entraînent le monde dans leur reprise, très forte. Le commerce mondial est reparti. Et cette semaine, les Etats-Unis ont confirmé leur reprise. L’optimisme est au plus haut depuis 2004. Les créations d’emplois sont là, ce ne sera pas une jobless recovery. Une Amérique nouvelle émerge: moins tournée vers la consommation immédiate et l’endettement.

Et sans "Grenelle", le consommateur se met au vert et les Etats-Unis auront besoin de moitié moins de pétrole que prévu d’ici à quinze ans. L’Allemagne est repartie mais la France prendra plus de temps: les amortisseurs de crise sont, chez nous, des étouffoirs de reprise. Nous avons du mal à voir la sortie de la crise comme les Hébreux ne croyaient pas à leur libération d’Egypte ou les chrétiens au mystère de leur rédemption. Mais, oui, le printemps arrive. Malgré ces Pâques aux airs de Toussaint.

Les riches de plus en plus riches en France

La France abrite de plus en plus de riches. C'est ce que révèle l'Insee dans une étude publiée vendredi intitulée "Les revenus et le patrimoine des ménages". Si les indicateurs classiques d'inégalités de niveau de vie restent globalement stables (les 10 % de ménages les plus aisés gagnent un peu plus de trois fois ce que perçoivent les 10 % les plus pauvres), le nombre de foyers très riches
a fortement augmenté entre 2004 et 2007. Ceux qui gagnent plus de 500.000 euros par an ont littéralement explosé, de 70 %, en trois ans, passant de 6.500 personnes à 11.000 ! Un chiffre qui intervient en pleine polémique sur le bouclier fiscal.

La tendance s'explique essentiellement par l'augmentation du patrimoine des personnes concernées. Et pour cause : de fin 2003 à fin 2007, le CAC 40 est passé de 3.500 à 5.600 points. Du coup, les revenus du patrimoine ont logiquement bondi de 46 % et ceux exceptionnels - par exemple les plus-values ou les levées d'option - de 55 %. À eux seuls, les 1 % les plus riches - ceux qui ont déclaré au minimum 84.500 euros de revenus au fisc en 2007 - concentrent près du tiers des revenus du patrimoine. Les effets de la crise financière devraient donc modifier cette tendance dès 2008.

En attendant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, les impôts n'ont pas contribué à corriger la tendance à l'augmentation rapide des revenus des plus aisés. L'enquête de l'Insee révèle en effet que 1 % des plus riches ont bénéficié d'un taux d'imposition moyen de... 20 % de leurs revenus, grâce au petit jeu des niches fiscales. De quoi alimenter une belle polémique à ce sujet, alors que les caisses de l'État sont vides...

Les familles monoparentales, particulièrement exposées à la pauvreté

Si les revenus du patrimoine ont explosé, ceux du travail ont connu une évolution plus classique. Ils n'ont progressé "que" de 11 % en trois ans et les revenus moyens des 90 % de Français les moins dotés, encore moins vite, de 9 %. Du coup, le niveau de vie annuel moyen en métropole s'est établi en 2007 à 21.080 euros, soit environ 1.760 euros (1,6 % de plus qu'en 2006). En 2007, les salariés les mieux rémunérés du privé, souvent dirigeants ou financiers, sont payés sept fois plus que la moyenne des salariés à temps complet et ont bénéficié de hausses de salaires "substantielles" de 2002 à 2007, bien supérieures à l'ensemble des salariés.

Enfin, à l'autre bout du spectre, le taux de pauvreté connaît "une relative stabilité après une longue baisse", a expliqué Jean-Louis Lhéritier, un expert de l'Insee, lors d'une conférence de presse. En 2007, le seuil de pauvreté correspond à un niveau de vie de 908 euros par mois et concerne 13,4 % de la population, soit 8 millions de personnes. Les familles monoparentales, les personnes vivant dans un ménage immigré et les chômeurs restent particulièrement exposés au risque de pauvreté monétaire. "Plus de 30 % des personnes vivant au sein d'une famille monoparentale sont ainsi confrontées à la pauvreté", note l'Insee. Le risque d'être pauvre est 4,7 fois plus élevé si on est au chômage. Les ménages d'immigrés sont particulièrement fragiles. Plus d'un tiers des personnes qui en sont issues vivent sous le seuil de pauvreté.

Henri IV, la mort en direct

Quelle scène ! Décrite par un homme qui se trouvait à quelques mètres et dont l'historien Michel Cassan reproduit le témoignage inédit, elle reste l'une des plus saisissantes de l'histoire de France. Imaginez l'étroite rue de la Ferronnerie, le carrosse royal qui s'engage, puis s'arrête
, bloqué par un attelage. Un homme surgit, grimpe sur la roue arrière et se jette sur le souverain. Deux coups de couteau ! Le sang jaillit. En pleine rue, sans le moindre viatique, le roi de France s'éteint. Imaginez les cris, le carrosse emportant le roi mort à bride abattue sur les rues pavées : vite, il faut devancer la rumeur qui se répand aussitôt, il faut faire croire qu'Henri IV s'est éteint en monarque, dans son palais.

L'annonce de l'assassinat est retenue deux heures par le pouvoir. En ces temps où l'on ne circule qu'à cheval, elle mettra dix jours à atteindre l'ensemble du territoire. Comment est-elle prise par des Français qui vivent là leur deuxième régicide en vingt ans ? Comment la violence de cette scène est-elle supportée, alors que la paix est encore si fragile ? Des troubles politiques aux décès psychosomatiques en passant par la peur qui suinte des livres de raison, Michel Cassan, en érudit, raconte l'ampleur du traumatisme. Et, pour la première fois, l'une des scènes les plus incroyables de la royauté vue par le peuple de France.
La Grande Peur de 1610 , de Michel Cassan (Champ Vallon, 280 p., 23 euros).

Pougatchev, l'homme qui veut relancer France Soir

PRESSE - Ce fils d'oligarque n'a que 25 ans et tente de ranimer le vieux quotidien mythique de Pierre Lazareff. Il a mis 50 millions sur la table et promet une rentabilité rapide. Un pari impossible?

Sur l'avenue des Champs-Elysées, où la plupart des enseignes ont disparu des façades d'immeubles au nom de la préservation du prestige des lieux, on ne voit qu'elle. Depuis huit mois, le numéro 100 abrite les locaux de France Soir , et personne ne peut l'ignorer. Face au célèbre Fouquet's, le quotidien a eu l'autorisation de s'afficher en grand! Oublié Aubervilliers, où la rédaction s'était installée pour être, disait-on, au plus près de son lectorat populaire (et accessoirement faire des économies de loyer). Oubliés aussi, les sombres locaux étroits du XVIIe arrondissement où le titre en perdition s'était réfugié avant son rachat. Le voilà sur la troisième avenue la plus chère du monde! Le nouveau France Soir a de l'argent et de l'ambition, et le faire savoir était la priorité de son nouveau propriétaire, Alexandre Pougatchev, fils cadet d'un oligarque russe qui a racheté le titre il y a quinze mois. Le faire savoir à qui? «A la presse française. Elle doit savoir qu'on a envie de relancer ce journal et qu'il y a de l'argent derrière.»

Depuis deux semaines, plus personne ne l'ignore. Affiches, spots radio et TV: 20 millions d'euros ont été dépensés pour annoncer la nouvelle formule du quotidien, lancée le 17 mars. Une campagne d'une ampleur inédite dans la presse française au service d'un objectif stupéfiant: faire passer les ventes de France-Soir de 23.000 à 200.000 exemplaires!

Comment expliquer que personne dans la profession ne parvienne à prendre réellement au sérieux cette énième tentative de ressusciter le mythique quotidien façonné par Pierre Lazareff il y a plus de soixante ans? Jalousie, lucidité? «Il pense qu'il est plus malin que tout le monde, mais il court après un lectorat qui n'existe plus», grince un bon connaisseur de la presse française. Lorsque, trois jours après le lancement de la nouvelle formule, France-Soir s'est fait piéger par une photo prétendument récente de Johnny en vacances, tous les confrères se sont gaussés avec des mines faussement apitoyées. Dur, dur...

«Le président», puisque c'est ainsi que tout le monde au journal appelle ce jeune homme blond de 25 ans, reçoit dans son bureau du 3e étage - pas le plus grand ni le plus beau, qui est occupé par sa directrice générale, Christiane Vulvert. Visage fin aux traits slaves mais allure de golden boy londonien, Alexandre Sergueïevitch Pougatchev comprend mal qu'on puisse douter de la réussite de son entreprise. «On a vendu 150.000 exemplaires le premier jour! 50.000 de plus, ce n'est pas si loin...», répond-il avec une fraîcheur désarmante dans un bon français teinté d'accent russe. «On va maintenant analyser les ventes, région par région, pour savoir qui nous achète, on va organiser des groupes de lecteurs et on adaptera la formule.» Oh bien sûr, il le sait, une fois passé le succès de curiosité du premier jour, les ventes se sont tassées. Mais, qu'on se le dise, la reconquête ne fait que commencer. «Nous n'avons pas encore travaillé sur les grands comptes et les abonnements qui comptent pour l'OJD, vous savez, c'est de la diffusion France payée», énonce-t-il, usant d'un jargon de vieux patron de presse français. Et si la campagne de lancement concoctée par Publicis met en scène des nouveaux lecteurs arpentant le plus russe des ponts de Paris - le pont Alexandre III -, il ne faut y voir aucune allusion au nouveau propriétaire: «C'est une référence au film 125, rue Montmartre avec Lino Ventura.» Le président connaît ses classiques.

Il reste l'essentiel: le nouveau France Soir va-t-il rencontrer son public? Pour parvenir à ses fins, Pougatchev veut faire de son quotidien «un journal populaire, de qualité, avec des infos exclusives et des photos exclusives». Un clone du Parisien? Les premiers numéros lui ressemblent étrangement, mais il s'offusque qu'on puisse même faire la comparaison: «Il n'y a personne sur ce créneau, pas de concurrence», assure-t-il, là encore avec une assurance confondante.

Pendant des mois, Pougatchev et son bras droit, Christiane Vulvert - que certains appellent «la vraie patronne» -, ont reçu tout ce que Paris compte de vieux routiers du journalisme, de grosses pointures des médias en délicatesse avec leur employeur ou de gloires déchues en quête d'une dernière aventure. Malgré son gros carnet de chèques (on murmure qu'il aurait proposé 500.000 euros à un célèbre journaliste pour le poste de directeur de la rédaction), il a eu bien du mal à constituer son équipe. Mais il a tout de même fini par rassembler 90 personnes, dont une soixantaine de journalistes, un mélange de jeunes reporters et d'anciens expérimentés. Des chroniques ont été confiées à Patrick Poivre d'Arvor, Thierry Roland, la météo à Laurent Cabrol, etc. A la tête de la rédaction, Christian de Villeneuve, un vrai pro de la presse populaire, ex-directeur de la rédaction du Parisien, tout juste débarqué de celle du Journal du dimanche. Arrivé la veille du lancement de la nouvelle formule, Villeneuve s'est laissé séduire par ce «modèle économique inédit» dans la presse : des moyens très importants, une petite équipe, un format réduit (une quarantaine de pages, contre 80 au Parisien). Pour insuffler un esprit «commando» à la rédaction, une demi-douzaine d'anciens du Parisien ont été recrutés. Côté commercial et publicité aussi, des renforts sont arrivés.

France-Soir reste une petite structure, mais le journal retrouve peu à peu un fonctionnement normal. «Nous étions dans le dénuement absolu, se souvient Gérard Carreyrou, éditorialiste indépendant qui signe les billets politiques depuis trois ans. A un moment, nous n'avions même plus d'abonnement à l'AFP.»

Pougatchev ne se mêle guère de la vie au jour le jour du journal. Entre la rédaction et lui, il y a comme une distance polie. «Il est un peu froid, mais c'est sans doute de la timidité», avance un journaliste. Le jeune boss - sans doute le benjamin des troupes - a participé deux ou trois fois à la rituelle conférence de rédaction du matin, debout et sans dire un mot. «Il s'intéresse réellement et veut comprendre», raconte un journaliste qui a travaillé à ses côtés pendant plusieurs mois. Mais il a tout à apprendre: «Il a même demandé une fois à quoi servait un directeur de la rédaction!»

Comme tout patron de presse qui se respecte (ou qui joue le jeu), Pougatchev a entreposé dans son bureau quelques souvenirs de l'époque héroïque du journal, comme le fac-similé de la une annonçant la chute de Diên Biên Phu. L'époque où France-Soir tirait à plus d'un million d'exemplaires.

«Une des marques les plus connues en France »

Que représentent pour un jeune Pétersbourgeois de tout juste 25 ans (il les a fêtés en janvier) ces morceaux d'histoire de la presse française? D'histoire de France tout court? «Une marque, répond-il sans hésiter.France-Soir est une des marques les plus connues en France. J'ai acheté une marque», répète-t-il. Même si le journal était tombé à 22.700 exemplaires (chiffre officiel en 2009), «son nom reste très présent dans la tête des gens». C'est en tout cas ce qu'a vendu Jean-Pierre Brunois, le précédent propriétaire du titre, lorsque «après avoir fait le tour de tout le monde» (c'est Alexandre qui le dit) il est venu chercher Sergueï Pougatchev en 2006. Les deux hommes ont un ami commun, le magnat de l'immobilier monégasque Michel Pastor. L'oligarque, qui rachètera l'année suivante le traiteur Hédiard à Pastor, accepte de prendre 20% du capital. En janvier 2009, «l'investissement de portefeuille» se transforme en prise de contrôle. «Mon père voulait vendre sa part», déclare à l'époque Alexandre au Figaro. Mais lui veut y croire et c'est donc, une fois naturalisé français, comme l'exige la loi, qu'il prend les rênes du quotidien.

Jamais auparavant le jeune Pougatchev n'avait manifesté le moindre intérêt pour la presse. Arrivé en France il y a dix ans sans parler un mot de notre langue, il a passé sa jeunesse sur la Côte d'Azur entre les propriétés de son père, notamment une somptueuse villa à Saint-Jean-Cap-Ferrat, et l'International University of Monaco, un petit campus richement doté, qui accueille la jeunesse dorée du monde entier et s'est fait une réputation avec son master en produits de luxe et sa «capacité à faciliter de nouvelles opportunités de carrières»... C'est là, entre soirées en smoking et cours de management en anglais, qu'Alexandre et son frère aîné vont découvrir la douce France. Tous deux vivent aujourd'hui à Paris, l'aîné travaillant dans la finance.

Combien de temps son père lui a-t-il donné pour rentabiliser l'investissement dans France Soir? Deux ans? Cinq ans? Alexandre Pougatchev part d'un grand éclat de rire : non, c'est en 2010 qu'il vise la rentabilité. Les Pougatchev, qui ont déjà investi plus de 50 millions d'euros dans l'affaire, auront-ils la patience d'attendre au-delà? Certes, les sommes engagées ne pèsent pas grand-chose pour un oligarque qui a accumulé deux milliards de dollars (1,5 milliard d'euros), selon le magazine américain Forbes. Cela n'en fait pas - et de loin - l'homme le plus riche de Russie, mais autorise quelques fantaisies dans les investissements. Et laisse penser que l'intérêt pour France-Soir est ailleurs... «Tous les oligarques rachètent des journaux, explique un spécialiste des nouveaux maîtres de la Russie. Ils veulent à la fois corriger l'image de la Russie en Europe et se bâtir un réseau d'influence.» Outre-Manche, le milliardaire Alexandre Lebedev, déjà propriétaire du tabloïd The Evening Standard (290.000 exemplaires) vient de racheter le réputé The Independent.

Sergueï Pougatchev, le père, âgé de 47 ans, a connu Vladimir Poutine au tout début des années 90 lorsque ce dernier travaillait à la mairie de Saint-Pétersbourg. S'il a fait l'essentiel de sa fortune dans la banque, au point d'être un temps surnommé« le banquier du Kremlin », il a largement investi ces dernières années dans le complexe militaro-industriel russe ainsi que dans l'immobilier. Il est notamment propriétaire des deux grands chantiers navals de Saint-Pétersbourg, qui sont au cœur de délicates négociations sur la vente par la France des navires de guerre Mistral à la Russie (où ils seraient en partie construits). La directrice de France Soir, Christiane Vulvert, a reçu la Légion d'honneur des mains du président de la République le jour même du lancement de la nouvelle formule. De là à voir la main de l'Elysée dans ce sauvetage... Mais pourquoi précisément voler au secours de France-Soir dont la capacité d'influence est plutôt limitée ? Sauf à parier sur le succès de cette relance auprès d'un électorat populaire qui s'est éloigné du pouvoir.

Les frasques du père, la discrétion du fils

Conscient que l'univers des oligarques charrie autant de fantasmes que de craintes, Alexandre fait tout pour faire oublier qu'il est le fils de son père. Ce dernier n'est venu qu'une fois visiter la rédaction («On ne l'a pas vu, se souvient un journaliste, mais on a aperçu les deux gros vans noirs de sa sécurité garés devant l'immeuble»). Le fils n'assume qu'un seul goût de luxe: celui des belles voitures (une Bentley noire, ces temps-ci). Une passion qui lui a valu un retrait de permis l'été dernier. Pour le reste, la discrétion est de mise. Tout juste sait-on que son épouse et ses deux jeunes enfants vivent à Vienne, où il passe bon nombre de ses week-ends.

Rien à voir avec le flamboyant paternel dont la vie privée s'étale dans les tabloïds britanniques. Sergueï Pougatchev vit dorénavant avec une superbe comtesse russe de 35 ans (l'héroïne du spot de pub d'Hédiard, c'est elle), descendante de Tolstoï et rencontrée à Londres où elle réalisait des documentaires sur les chevaux pour la télévision. Ils vivraient désormais l'essentiel du temps sur la Côte d'Azur, même si, officiellement, Sergueï Pougatchev est retenu à Moscou et préoccupé uniquement des intérêts de la République de Touva, un petit territoire de 300.000 habitants aux portes de la Mongolie dont il a été nommé sénateur en 2001.

A la grande différence de ses pairs et nonobstant ses frasques, cet homme à la barbe fournie - ce qui lui donne un petit côté Romanov - est très proche de l'Eglise orthodoxe russe. «C'est un homme pieux, grand bienfaiteur de l'Eglise orthodoxe. Il a même enchâssé des icônes dans la carlingue de son avion», raconte un expert ès oligarques. La décision du gouvernement français, début mars, de vendre à la Russie un splendide site en bordure de Seine, à deux pas de la tour Eiffel, pour y construire une vaste église orthodoxe, n'a pu que le réjouir...

ON NE PEUT QUE SE RÉJOUIR DE VOIR UN JOURNAL COMME FRANCE SOIR DEVENIR
LA PRAVDA

Pâques, ce mot signifie « passage ». Il ...


Pâques, ce mot signifie « passage ». Il vient de la tradition biblique, commémorant la libération d'Égypte. Dans les temps anciens, les Hébreux, alors esclaves de Pharaon, s'enfuirent dans le désert pour gagner « la terre promise où ruissellent le lait et le miel », enseignent les Écritures.

La semaine dernière, ce grand passage de l'esclavage à la liberté fut célébré dans les synagogues. Et maintenant, sur toute la terre, les chrétiens célèbrent cet autre grand passage, celui de la mort à la vie : condamné à mort et exécuté au terme d'un faux procès, Jésus de Nazareth est apparu vivant à ses amis.

Puis, ces « douze hommes en sandales » ont fait trembler des empires en proclamant cette incroyable nouvelle au péril de leur vie. Près de deux mille ans plus tard, cet évènement n'a pas rejoint l'étagère poussiéreuse des légendes que l'on finit par oublier. Aujourd'hui encore, on continue de s'en souvenir. Certains sont même tués parce qu'ils annoncent cette nouvelle, à leurs yeux plus précieuse que leur propre vie. Car cet évènement dérange toujours autant les tyrannies, remet en cause les coutumes irrespectueuses des personnes, bouscule les mentalités enfermées dans le matérialisme.

Dans ces deux traditions, juive et chrétienne, l'évènement célébré se passe la nuit comme en écho à toutes les nuits humaines, à toutes les aurores guettées avec ferveur ou inespérées : de la nuit de la douleur à l'aube de l'espérance, de la sombre et lourde peine à la consolation lumineuse et douce, de l'angoisse à la plénitude.

Dans ces deux traditions, l'évènement tourne les regards vers une promesse, vers un avenir ouvert, bon, heureux mais pas toujours visible à l'oeil nu. Comme s'il sollicitait une partie secrète de l'être. Comme s'il invitait à une marche intérieure.

Mais cette promesse, ne fait-elle pas aussi écho à l'espérance de bonheur qui vit au plus profond des coeurs et que même les plus grands chagrins n'éteignent jamais complètement ? N'invite-t-elle pas à se tourner vers la joie, à se mettre en marche pour accomplir cette espérance ? À l'image de l'apostrophe biblique : « Ne pensez plus aux choses passées, voici que je vais faire une chose nouvelle, déjà elle pointe. Ne la reconnaissez-vous pas ? »

DÉFINITION

ABSTENTION: Mutisme électoral qui en dit long.