TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 28 octobre 2010

Union européenne : la délicate révision des traités

Les chefs d'Etat et de gouvernement réunis jeudi soir à Bruxelles devaient se pencher sur l'avenir du Fonds européen de stabilité financière. Si Berlin est aussi pressé de modifier les traités, ce n'est pas seulement pour des raisons juridiques.

Au coeur de la modification des traités européens, réclamée avec force par l'Allemagne à ses partenaires : la mise en place d'un mécanisme permanent de résolution des crises. L'utilité d'un tel filet de sécurité n'est plus à démontrer : installé dans l'urgence début mai, en pleine offensive des marchés financiers contre la Grèce, le Fonds européen de stabilisation financière ( FESF), structure provisoire dotée de 500 milliards d'euros de garanties d'Etat -plus une participation de 250 milliards du FMI -a largement contribué à calmer les investisseurs. Ces derniers désormais convaincus que la Grèce sera soutenue, si nécessaire, par ses partenaires, ont relâché la pression ces derniers mois. L'Allemagne a beau avoir résisté aussi longtemps que possible à l'idée de devoir porter secours à ses voisins les plus fragiles, incapables de rembourser une dette grandissante, elle s'est rendue compte que sans la promesse de son soutien, la Grèce, voire d'autres Etats de la zone, perclus de dettes, risquaient de déstabiliser l'ensemble de la zone euro. Un scénario qui risque de se reproduire très vite si les Etats membres ne s'occupent pas rapidement du dossier : le fonds de soutien a une durée de vie limitée, puisqu'il n'est actif que jusqu'en 2013.
La chancelière Angela Merkel ne veut cependant pas se contenter de proroger ce fonds. Elle veut aussi pousser son idée d'une mise en faillite organisée d'un Etat, impliquant les banques et les institutions financières pour éviter que ce soient, in fine, les contribuables allemands qui payent pour les années d'inconséquences économiques de voisins imprévoyants.
Au-delà de ces arguments de fond, l'Allemagne a aussi en mains un atout juridique décisif. Sa Cour constitutionnelle a toutes les chances de rejeter un mécanisme pérenne de gestion de crise pour la bonne raison qu'il est contraire à l'article 125 du traité de Lisbonne qui interdit à un Etat membre d'en aider financièrement un autre. Or, le Fonds européen prévoit un très important soutien de l'Allemagne à ses partenaires européens. Il faut donc modifier les traités si l'Union européenne doit se doter d'un système de gestion de crise. Un argument qui devrait convaincre ses partenaires en dépit de leur réticence à se lancer dans une nouvelle réforme des traités.
L'exercice est cependant délicat car le nouveau mécanisme doit échapper à deux écueils : le premier consisterait à laisser croire qu'un Etat sera toujours sauvé de la banqueroute quels que soit les excès de sa politique économique et budgétaire. C'est ce qu'on appelle l'« aléa moral ». Précisément ce que l'Allemagne, principal bailleur de fonds de l'Union européenne, veut éviter à tout prix. Le second serait de laisser penser qu'un Etat trop endetté sera immanquablement amené à restructurer sa dette. Ce serait prendre le risque qu'aucun investisseur ne veuille plus s'aventurer à acquérir des obligations souveraines d'un Etat en difficulté, de peur de faire des pertes. Ce serait aussi dénier aux Etats concernés toute chance de rédemption. Si la Grèce fait autant d'efforts pour remettre son économie sur le droit chemin, c'est qu'elle espère bien ne jamais avoir à restructurer sa dette.

RESPECT : LEÇON DES JEUNES GRECQUES. 

 Aujourd'hui on commémore la journée du "NON". C'est une fête nationale, et les étudiants y participent avec fierté.
QUE FERAIENT NOS LYCÉENS ? 

BHL: Mélenchon nous "prend pour des cons"




BHL: Mélenchon nous "prend pour des cons"
envoyé par Europe1fr. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

GM à plein régime en Chine

Le constructeur automobile GM, qui fabrique notamment les Chevrolet, les Cadillac et les Opel, va vendre cette année pour la première fois plus de voitures en Chine qu’aux Etats-Unis. Bel effet de ciseau !

Or dans une paire de ciseaux, il y a toujours deux lames. La lame qui baisse, c’est le marché automobile américain. Comme on achète souvent sa voiture à crédit et que le crédit s’est effondré aux Etats-Unis avec la crise financière, les ventes de voitures se sont elles aussi effondrées. Elles ont dégringolé de 16 millions en 2007 à 10 millions l’an dernier, et elles ont à peine remonté cette année.

La lame qui monte, c’est évidemment le marché chinois. Il a bondi de moitié l’an dernier. Il devrait encore progresser de 25% cette année pour dépasser les 17 millions d’automobiles. En galopant de 10% par an, il va rester longtemps le premier marché mondial. GM s’est, si l’on ose dire, laissé porter par la lame puisqu’il a tout simplement réussi à maintenir sa part de marché – une voiture sur sept vendue là-bas porte l’une de ses marques.

Il faut dire que la Chine automobile est largement sous la coupe des constructeurs étrangers, qui y vendent 70% des voitures. Mais ça pourrait ne pas durer. Pékin veut que cette proportion soit inversée en 2020 – 70% des voitures vendues en Chine seraient alors « made in China ». Défense de douter : ce que Pékin a planifié depuis trente ans est le plus souvent devenu réalité.

Cela ne vut pas dire pour autant que les constructeurs chinois vont demain nous inonder de leurs modèles. D’abord, les voitures chinoises ne sont pas assez solides. La vidéo où l’une d’entre elles, la Brilliance BS6, s’écrase lors d’un crash test à 60 kmh, a été regardée des centaines de milliers de fois sur Youtube.

Ensuite, elles copient encore un peu trop les modèles européens, ce qui leur a valu des plaintes en justice. Et puis elles ne respectent pas nos normes écologiques.

Enfin, et plus significatif, elles sont... trop chères. Même si la main d’œuvre coûte dix à vingt fois moins, il faut transporter les véhicules, payer des droits de douane. Ca fait monter la facture de 15 à 20% et là on est pratiquement au même prix que les modèles européens. Ce qui montre que l’avantage salarial de la Chine est relatif et non absolu.

Ca ne veut pas dire que les constructeurs chinois ne sauront pas se faire une place au soleil après-demain. BYD, FAW, SAIC, Chery, Great Wall ou Geery : difficile de dire lesquelles de ces marques émergeront, mais dans dix ans au moins l’une ou deux d’entre elles nous seront aussi familières que le sont aujourd’hui le Japonais Toyota ou le Coréen Hyundai.

Quant aux Français en Chine... Renault est absent et s’en mord les doigts. Mais heureusement son partenaire japonais Nissan y est bien implanté. Il s’apprête à lancer une marque à bas prix et pourra produire plus d’un million de voitures par an à partir de 2012. Côté Peugeot-Citroën, c’est différent. La Chine est déjà le deuxième marché du groupe PSA, derrière la France. Elle va bientôt accueillir sa plus grande usine. Les ambitions de PSA sont immenses. Au risque, toujours présent en Chine, de devoir laisser la majorité du capital aux partenaires locaux en cas de succès, comme GM vient d’en faire l’amère expérience.

Les images signées "DR" bientôt protégées par la loi

Nombre de photographies sont signées "DR" pour "droits réservés", mais cette pratique empêche très souvent leurs auteurs de jouir de leurs droits, une injustice à laquelle le Sénat doit remédier en adoptant jeudi une loi encadrant la notion d'image "orpheline".
"Une telle loi serait un petit pas pour le Parlement, mais un grand bond pour les photographes", a déclaré Frédéric Buxin, de l'Union des Photographes Professionnels (UPP). Il s'est plu à rappeler que les photos prises sur la lune n'avaient jamais été signées de leurs auteurs, les cosmonautes Neil Armstrong et Buzz Aldrin, auxquels n'a jamais été reconnu la fonction de photographe.
Les photos, dans la presse, dans des plaquettes d'entreprises, sur des publicités ou dans des livres sont créditées DR, "souvent par manque de professionnalisme dans la chaîne photographique", explique M. Buxin qui ne veut pas stigmatiser tel ou tel type de publication.
"La traçabilité de la viande est parfaite, celle de la photo non, alors que le numérique le permet très aisément", rappelle-t-il.
Des images mythiques, comme celle signée Marc Riboud d'une manifestante contre la guerre du Vietnam une rose à la main, sont ainsi fréquemment créditées DR alors que leur auteur est une star de la photo.
"Il y a quelques semaines en Russie, j'ai trouvé des photos de moi créditées agence Novosti, alors que je ne leur ai jamais cédé d'images", raconte de son côté le photojournaliste Sebastiao Salgado. Pour le célèbre reporter, qui soutient le projet de loi français, "les utilisateurs de photos doivent savoir vraiment ce que veut dire +droits+".
"Par l'expression oeuvre orpheline, on désigne l'oeuvre dont l'auteur ou le coauteur, ou ses ayants droit n'ont pu être identifiés ou retrouvés après des recherches sérieuses et avérées", selon l'exposé des motifs du proposition de loi.
"Un nombre croissant d'oeuvres visuelles sont exploitées dans l'édition à des fins professionnelles sans autorisation des auteurs (...) au prétexte que ceux-ci seraient inconnus ou introuvables", ajoute le texte.
"En obligeant les éditeurs à prouver qu'ils ont bien recherché l'auteur ou l'ayant droit d'une image, en les obligeant à faire du déclaratif, on évacue la spoliation", a expliqué Marie-Christine Blandin, député du Nord (Vert), une des élues à l'origine du texte.
Les vrais "oeuvres orphelines", dont les auteurs sont totalement introuvables ne sont pas légion, même si un rapport les estimait "entre 3 et 20%" des oeuvres créditées "DR", un chiffre qualifié de "peu rigoureux" par l'UPP.
Le constat des professionnels est parfois accablant : dans la presse télé, on recense parfois jusqu'à 80% de photos créditées "DR", selon l'UPP. Des photographes spoliés ont même redéfini la mention "DR" comme signifiant "droit à rien" !
La proposition de loi vise aussi à définir un régime d'exploitation des droits attachés à une oeuvre orpheline qui permettrait en cas d'identification de leur auteur de pouvoir lui reverser ces droits.
Le mode de gestion serait confié à une société d'auteurs agréée qui aurait vocation à pratiquer une gestion collective de ces droits, selon la proposition.
Une pétition en ligne a recueilli plus de 14.000 signatures, dont bon nombre de photographes et reporters prestigieux, qui eux-aussi sont parfois victimes de l'utilisation abusive de la mention "DR".

Apple tente de prendre l'ascendant sur les opérateurs télécoms

Le constructeur de l'iPhone a conçu avec le spécialiste des cartes à puce Gemalto une solution pour distribuer un téléphone avec une carte SIM scellée. Il deviendrait MVNO et vendrait les abonnements.

C'est le scénario catastrophe pour les opérateurs. Apple a commencé depuis quelques semaines à présenter sa vision de leur métier à ATT, Verizon, Deutsche Telekom, Telefonica, et en France à Orange, SFR, Bouygues Telecom. Tous ceux qui sont déjà allés à Cupertino pour entendre la bonne parole en ressortent abasourdis. Car dans le monde selon Steve Jobs, les opérateurs ne sont guère plus que des responsables de la maintenance d'un réseau de tuyaux, doublés de banquiers qui vont subventionner son téléphone. 
Qui plus est, Apple leur explique qu'il est déjà prêt techniquement. Le groupe travaille depuis un certain temps avec le spécialiste français de la carte à puce Gemalto pour gérer lui-même sa propre carte SIM, carrément scellée dans chaque téléphone. Cela signifie d'une part qu'Apple vendrait ses terminaux en direct via iTunes, sa boutique en ligne... y compris les abonnements. Devenu un opérateur mobile virtuel (MVNO) mondial, il serait également capable de gérer le passage d'un réseau d'opérateur à un autre en fonction des tarifs offerts par ces derniers. Une mise en concurrence que ne parviennent pas à réaliser aujourd'hui les MVNO, car changer d'opérateur nécessite de changer les cartes SIM.

Privés d'iPhone

Pour Gemalto, qui aimerait monter dans la chaîne de valeur, avoir moins d'usines mais prélever de plus en plus de revenus liés à sa propriété intellectuelle (brevets, licences), cette collaboration avec Apple serait une source de revenus récurrents. Le fabricant de cartes à puces français (mariage de Gemplus et d'Axalto) se fâcherait certes avec ses clients opérateurs en France. Mais il deviendrait une sorte de Qualcomm de la carte SIM -l'Américain prospère grâce à ses brevets sur la technologie de téléphonie mobile 3G.
Les opérateurs qui défilent en ce moment à Cupertino pour avoir le droit de subventionner et de distribuer l'iPad dans leur boutique craignent qu'Apple parvienne à ses fins. Ce n'est pas la première fois que le groupe californien tente de « désintermédier » les opérateurs  : au tout début de l'iPhone, la firme avait même exigé un pourcentage sur les abonnements perçus par les opérateurs  ! Mais la situation a changé, et il n'existe apparemment aucune contre-indication réglementaire ou concurrentielle, en France, au système Apple-Gemalto. Si un opérateur craque et se plie aux volontés d'Apple -qui dispose de quelques moyens de pression avec ses 14 millions de ventes d'iPhone rien qu'au troisième trimestre, et le succès de son iPad -les autres auront beaucoup de mal à résister. Il suffirait de les menacer de ne pas avoir l'iPhone 5 en juin prochain, par exemple.

Royal et Hollande rêvent de voir renoncer les favoris

Dans l'hypothèse d'un retrait d'Aubry et de DSK, les deux outsiders pourraient se retrouver face à face pour 2012. 
L'hypothèse paraît improbable et pourtant elle stimule les esprits… Et si la primaire du PS pour la présidentielle opposait Ségolène Royal et François Hollande? Entre eux, la bataille a déjà commencé: l'ex-candidate a décidé de concurrencer sur le terrain de la «jeunesse» l'ancien premier secrétaire, qui en avait fait la priorité de son projet politique (lire ci-dessous). Tous les deux rêvent de décrocher la place d'outsider et de bouleverser le jeu des favoris ainsi que leur «pacte» supposé.
Pour en arriver là, il faudrait d'abord que Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, qui distancent largement leurs concurrents dans les sondages, sortent du jeu. L'un comme l'autre envoient tellement peu de signes témoignant de leur envie d'être candidats que certains commencent à s'interroger : et si le directeur général du Fonds monétaire international et la première secrétaire renonçaient… L'incertitude permet à chacun d'échafauder des scénarios alternatifs. Les entourages des favoris démentent. «Dominique n'est pas Jacques Delors», disent les uns. Favori dans l'opinion en 1994, l'ancien président de la Commission européenne avait décliné. «Martine se prépare», assurent les autres.
Mais le doute s'est installé. Sur DSK d'abord. «Il n'y a plus beaucoup de gens pour croire au retour de l'imam caché. Les chiites sont minoritaires», s'amuse un responsable de la gauche du PS en maniant la référence religieuse à cette figure messianique de l'islam. Doute ensuite sur la volonté et les chances d'Aubry: «Dans une primaire sans DSK, personne ne fait plus de 30%. Les candidats sont ramenés à une échelle humaine», affirme Pierre Moscovici. Un membre du PS envisage un autre scénario: «Si Ségolène continue de monter et dépasse Martine dans les sondages, Aubry perdra sa qualité d'être celle qui fait barrage à Royal. Dans ce cas, les socialistes pourraient se retourner vers Hollande.»
L'hypothèse d'un effondrement des favoris est volontiers alimentée dans l'entourage de François Hollande. «Ces deux candidats potentiels peuvent ne pas l'être, même si c'est pour des raisons différentes», dit-on. Le député de l'Essonne Julien Dray théorise de son côté un «désistement en série» qui permettrait à l'ancien premier ministre Laurent Fabius de tenter sa chance. Les cartes du jeu seraient alors totalement rebattues.
Mais si le match Royal-Hollande nourrit tant les fantasmes, c'est aussi pour une autre raison, qui mêle vie privée et vie publique. Les deux responsables ont mis un terme à leur vie commune après la présidentielle de 2007. Entre eux, les relations sont toujours compliquées. Ségolène Royal évite de prononcer le nom de François Hollande. Tout au plus parle-t-elle de «l'ancien premier secrétaire». Le député de Corrèze, de son côté, a plus de facilité à évoquer la campagne présidentielle de son ex-compagne. Il distingue la «vie publique» d'aujourd'hui et sa «vie antérieure» . Récemment, il a évoqué dans Gala sa nouvelle compagne en parlant de la «femme de sa vie». «Ça pourrait lui coûter cher» durant les primaires, murmure-t-on au sein du parti: preuve que les affaires privées peuvent avoir des conséquences politiques.
Comment imaginer une compétition qui les oppose sereinement ? «En 2006, ils ne pouvaient pas être candidats l'un contre l'autre pour des raisons évidentes. Mais en 2011, qu'est-ce qui les en empêche ?», conclut un proche de l'ex-premier secrétaire. Techniquement, rien. D'ailleurs, François Hollande l'envisageait lui-même dès août 2007, comme le rapportait Le Point: «Tout est imaginable.»

AH ! LE COUPLE TERRIBLE EN EMBUSCADE, PRÊT À TOUS LES COUPS BAS.

Trois mois de conflit : les gagnants, les perdants

Amère victoire pour les uns, défaite paradoxale pour les autres, la bataille des retraites aura sans nul doute marqué le premier acte de la présidentielle.  
Nicolas Sarkozy : à court terme, une victoire à la Pyrrhus
 A court terme, le chef de l'Etat qui a gagné son bras de fer avec les syndicats semble avoir remporté une victoire à la Pyrrhus. Une très large majorité de Français perçoit sa reforme des retraites comme injuste et son passage en force est mal vu par une opinion déjà inquiétée par la crise économique et sociale. Résultat, jamais un président de la République n'a été aussi impopulaire, hormis Jacques Chirac au moment de la crise du CPE. A dix-huit mois de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy ne conserve que son noyau dur du premier tour de 2007 dans les sondages de popularité, soit environ 30%. La fermeté dont il a fait preuve pendant trois mois avec les syndicats ne lui est pas créditée en positif puisque la réforme des retraites a servi de support à de multiples colères, certaines ayant peu de rapport avec le projet lui-même.

Le chef de l'Etat entend cependant rebondir et capitaliser sur cette séquence mais il va prendre son temps. Il souhaite laisser retomber passions et tensions avant d'engager à la mi-novembre une nouvelle étape de son quinquennat; sa coloration sera sociale assurément. Le remaniement annoncé il y a quatre mois mettrait en piste un Jean-Louis Borloo Premier ministre à la tête d'une équipe gouvernementale resserrée et expérimentée. Nicolas Sarkozy entend mener à bien, d'ici l'élection présidentielle, le chantier de la dépendance des personnes âgées, de l'assurance maladie et de la désindustrialisation d'une partie croissante du territoire français. S'il réussit son virage social dans les mois qui viennent, il pourra lors de la campagne présidentielle se vanter de n'avoir pas cédé à la rue sur les retraites, alliant donc la fermeté à l'équité. Mais la reconquête d'une opinion fatiguée après cette bataille va prendre du temps.

François Fillon : chef de majorité imperturable

Depuis trois ans, le Premier ministre s'était bien gardé de se mettre en avant, soit par choix, soit par impossibilité du fait de l'hyper présidence de Nicolas Sarkozy. Pendant le conflit des retraites, plus dur et long que prévu, il a du mouiller la chemise. L'affaiblissement politique du ministre censé porter la reforme, Eric Woerth, et la diffusion du mécontentement dans différents secteurs de l'opinion a rendu la parole de François Fillon quasi obligatoire, à plusieurs reprises. L'Elysée a usé de l'arme Fillon sans compter. A l'Assemblée, c'est le Premier ministre qui a ferraillé avec l'opposition dans les moments les plus cruciaux, suscitant à chaque fois un tonnerre d'applaudissements des députes UMP admiratifs de la pugnacité du chef de leur majorité. Sur les plateaux de télévision, c'est François Fillon qui est allé dire aux Français que le pouvoir ne céderait pas sur une reforme présentée comme cruciale pour le pays. Résultat de cette séquence plus impliquant, la cote de popularité du Premier ministre a quelque peu pâli, notamment chez les sympathisants de gauche. Mais dans l'électorat de droite, sa posture de général en chef imperturbable continue d'être plébiscitée, ce qui rend son probable départ de Matignon particulier.
 
Jean-Louis Borloo : première épreuve difficile

Impitoyable système médiatique qui juge un "Premier ministre" trois semaines avant qu'il soit même nommé. Et le résultat n'est pas fameux. En effet, depuis le mois d'août, le ministre de l'Ecologie a si bien organisé sa campagne de com' pour incarner le successeur naturel de François Fillon que dans toutes les bouches, il ne fait guère de doute qu'il atterrira bien à Matignon en novembre. Mais la vie politique est tout sauf un scénario prévisible. Son souhait de rester discret dans les medias jusqu'à cette échéance est en effet venu se heurter au durcissement du conflit et à son extension aux raffineries. En tant que ministre en charge du secteur des Transports, il a été place en première ligne pour gérer la pénurie de carburants, cette pénurie qu'il a justement eu tant de mal à admettre au début, provoquant la colère de certains collègues du gouvernement et notamment du premier d'entre eux, François Fillon.
Peu ravi de voir l'hypothèse d'un Jean-Louis Borloo lui succéder à Matignon, le Premier ministre s'est laissé aller à des confidences inhabituelles dans la presse. "Borloo est un zozo. Il m'a fait passer pour un con !', a-t-il confie au JDD, après sa prestation au JT de TF1 ou il avait nié toute pénurie d'essence, sur la foi des indications erronées données par le ministère de Jean-Louis Borloo. Du côté des députes UMP, l'idée d'une arrivée de ce dernier aux commandes de la majorité ne suscite guère l'enthousiasme. La mollesse des applaudissements qui accompagnent ses interventions à l'Assemblée contraste avec les standing-ovations qui claquent lorsque François Fillon retourne s'asseoir. "Jean-Louis est charmant mais il n'est pas fait pour le job", confie à TF1 News un dirigeant de l'UMP. Fillon peut tout à fait rester. Et s'il faut changer, c'est Copé le plus structuré, et c'est un non copéiste qui le dit !'.

Martine Aubry : un gain politique limité

L'impopularité record de Nicolas Sarkozy fait-elle le bonheur de la chef de l'opposition ? La crise sociale a-t-elle propulsé  Martine Aubry en figure incontestée de l'alternance en 2012 ? La réponse est non. Certes, la Première secrétaire du PS a mené avec les deux présidents de groupe, à l'Assemblée et au Sénat, une bataille parlementaire remarquée et unitaire. Certes, Martine Aubry a permis, et ce n'est pas une mince victoire, aux socialistes de retrouver toute leur place dans les manifestations et le mouvement social. Mais tout le monde s'accorde à dire, et en premier lieu à Solferino, que le gain politique de cette victoire pour Martine Aubry n'est pas décisif. Elle a su jusque là accompagner la colère de nombreux Français contre cette reforme mais sans leur proposer encore un débouché politique naturel.

Coincée entre son aile gauche très présente et son aile réformiste, la patronne du PS n'a pas réellement renforcé la crédibilité économique et sociale de son parti pendant le conflit. Un seul chiffre : fin septembre, 63% des Français disaient ne pas croire à l'engagement des socialistes de revenir aux 60 ans pour l'âge légal de départ en retraite, un point sur lequel les dirigeants de Solférino ont entretenu le flou. Le travail sérieux du parti autour du contre-projet de reforme des retraites n'a pas été assez mis à profit, en raison du manque de mot d'ordre clair. "La référence aux 60 ans nous a ramenés au passé. Peut-être aurions-nous dû plus nous concentrer sur l'injustice globale d'une réforme ringarde", souligne un député strauss-kahnien. Reste que dans les sondages, après une bataille difficile sur le plan idéologique pour la gauche, Martine Aubry reste à un haut niveau, notamment en raison de sa cote chez les sympathisants PS. Sa stratégie de conquête des cœurs du peuple de gauche en vue des primaires est en marche.

Les syndicats : unis et responsables

Si la France reste l'un des pays les moins syndiqués au monde, jamais ses syndicats n'ont reçu autant de fleurs. De la droite, de la gauche, du centre, les compliments ont été permanents pendant les trois mois du conflit. Très soucieux de ne pas se mettre trop à dos les centrales réformistes comme la CFDT, la CGC, la CFTC ou même la CGT, l'Elysée a loué sans arrêt leur "esprit de responsabilité". L'alliance entre François Chérèque et Bernard Thibault a permis aux différentes forces politiques de compter avec un point de repère dans cette bataille où le risque de débordement était réel. Les syndicats ont affiché tant bien que mal, jusqu'au bout, une unité jamais vue depuis des décennies. Et sur les plateaux de télévision, leur connaissance du dossier et leurs qualités pédagogiques ont fait leur effet. La façon dont François Chérèque et Bernard Thibault ont mouché le ministre de l'Industrie Christian Estrosi dans l'émission Mots croisés sur France 2 la semaine dernière, avec la complicité de la patronne du Medef Laurence Parisot, a été remarquée. Combattifs pendant le mouvement, les syndicats se montrent ouverts lors de la sortie de crise, mettant aujourd'hui l'accent sur les difficultés de la jeunesse, notamment sur le front de l'emploi. Résultat de leur travail depuis des mois, les centrales syndicales voient 57% des Français se déclarer satisfaits de leur action, selon un sondage IFOP publié lundi dernier.

Retraites : vous avez dit "baroud" ?

N'allez pas parler de "baroud d'honneur" aux syndicats pour cette septième journée d'action contre la réforme des retraites : la CGT évoque 269 défilés prévus, et Bernard Thibault s'attend "à un bon niveau de mobilisation". Mais il sera dur de mobiliser. Le gouvernement, lui, estime avoir gagné.

Tous les leaders de gauche, de Martine Aubry à Cécile Duflot en passant par Jean-Luc Mélenchon ou encore Olivier Besancenot, seront dans la rue ce jeudi pour la septième journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, définitivement votée mercredi par le Parlement. A Paris, le Parti socialiste qui défend une "réforme juste et durable", se retrouvera autour de Martine Aubry, Harlem Désir, Benoît Hamon ou Jean-Paul Huchon à partir de 13 heures à l'angle de la rue Saint-Denis et du boulevard Bonne nouvelle. Les socialistes, qui ont l'intention de saisir le Conseil constitutionnel après l'adoption du texte, ne désarment pas contre le projet de loi. Martine Aubry a ainsi demandé mercredi à Nicolas Sarkozy de ne pas promulguer le texte sur les retraites, estimant que le vote de la réforme marquait la victoire "de l'injustice et du mépris" en France. Dans un communiqué, l'ancienne ministre des Relations sociales assure que les socialistes se mobiliseront "jusqu'au bout contre ce texte".
Du côté des syndicats, on réfute par avance le terme de "baroud d'honneur". Même si, reconnaît le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, "l'objectif n'est pas de battre des records" alors que la précédente journée, le 19 octobre, avait rassemblé entre 1,1 million de manifestants (selon la police) et 3,5 millions (selon les syndicats). Bernard Thibault s'attend tout de même "à un bon niveau de mobilisation", avec 269 défilés prévus, selon son syndicat. "Nous appelons de nouveau à être des centaines de milliers dans les rues directement en direction du président de la République, pour lui demander de ne pas promulguer cette loi", a lancé le leader syndical mercredi sur France 3. "Moi, je ne vois aucune perspective de sortie de crise au stade actuel, je certifie au contraire que les questions des revendications portées par ce mouvement (...) ça ne va pas s'arrêter", a-t-il ajouté. Et selon lui, les manifestants qui descendront dans la rue ce jeudi adresseront un message directement à Nicolas Sarkozy.
"C'est compliqué"
Mais les dirigeants syndicaux craignent une démobilisation comparable à celle qui a marqué mardi les manifestations de lycéens et d'étudiants, peu nombreux dans les rues de France en raison, notamment, des vacances de la Toussaint. "C'est compliqué de raidir les choses après sept jours de grève. L'atterrissage était un peu prévisible", note René Valladon, le secrétaire confédéral de Force Ouvrière. Avant même les chiffres de mobilisation dans la rue, les grèves sont annoncées en mode mineur pour ce jeudi avec, par exemple, une prévision de huit TGV sur 10 faite par la SNCF et les éboueurs s'affairant à vider les rues de Marseille des milliers de tonnes d'ordures accumulées dans les rues.
Les sondages restent largement favorables aux manifestants : 65% des Français apportent ainsi leur soutien à la journée de grève et de mobilisation de ce jeudi, selon un sondage CSA paru dans Le Parisien. C'est toutefois un chiffre en baisse de six points par rapport à la journée du 19 octobre. "Ce que l'on sait c'est qu'il y a un peu de fatigue et puis c'est les vacances scolaires (...) On ne s'attend pas à battre des records aujourd'hui mais cela montre qu'il y a un maintien de la pression et que la loi ne passe pas dans l'esprit des gens", a reconnu dès jeudi matin Jean-Claude Mailly sur France 2. Tout en mettant d'avance en garde le gouvernement, qui a selon lui "plombé" pour longtemps le dialogue social en France : "Il y a un vrai sentiment de colère, c'est de la colère pas de la résignation". "Le problème des retraites n'est pas soldé", a martelé pour sa part François Chérèque sur LCI, réfutant tout éclatement du front syndical (voir vidéo ci-dessus).
Gouvernement et élus UMP estiment néanmoins, dans l'immédiat, avoir gagné leur bras de fer avec les syndicats, même s'ils se refusent à pavoiser : "Ce n'est ni la victoire de la majorité sur l'opposition, ni la victoire du Parlement sur la rue, ni une victoire du gouvernement sur les syndicats, c'est la victoire de l'intérêt général sur les corporatismes de chacun", a ainsi martelé l'UMP Jean Leonetti. La principale menace, la grève dans les raffineries et le blocage des dépôts de carburant qui, selon le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a failli entraîner une "asphyxie totale de l'économie française", est en train de s'éloigner. Les raffineries de Petit Couronne, en Seine-Maritime, et de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, ont voté mercredi la reprise du travail, portant à sept sur 12 le nombre de raffineries en mesure d'expédier du carburant. Si cinq raffineries de Total sont toujours en grève et le resteront jusqu'à vendredi, le mouvement s'éteint. "Quoi qu'il arrive vendredi, on a montré qu'on avait une capacité de résistance", estime pourtant Charles Foulard, l'emblématique coordinateur CGT pour le groupe pétrolier, comme pour signifier qu'il s'agit d'un combat finissant.

Des dispositions du bouclier fiscal et de l'ISF jugées contraires au droit européen

La Commission européenne a demandé à la France, jeudi 28 octobre, de modifier partiellement sa législation sur le bouclier fiscal et l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), afin de se mettre en conformité avec les principes du droit européen. La Commission, gardienne des traités européens, a envoyé à Paris un "avis motivé", deuxième étape d'une procédure d'infraction européenne. La France dispose maintenant d'un délai de deux mois pour modifier sa législation, faute de quoi la Commission pourra décider de saisir la Cour de justice européenne.
 La Commission ne conteste pas le principe du bouclier fiscal, qui plafonne les impôts directs à 50 % des revenus d'un contribuable. Mais elle estime que "certains aspects de son application sont contraires au droit européen, notamment en ce qui concerne les personnes pouvant bénéficier du bouclier fiscal et les impôts pris en compte dans son calcul", explique-t-elle dans un communiqué. Dans le détail, Bruxelles conteste le fait que le bouclier fiscal ne s'applique pas aux personnes qui ne sont pas fiscalement domiciliées en France, quand bien mêmes elles perçoivent l'essentiel de leurs revenus en France. Cette limitation "va à l'encontre de la libre circulation des personnes et travailleurs", juge-t-elle.
La Commission conteste par ailleurs l'application du dispositif de plafonnement prévu pour l'ISF, qui a pour but d'éviter que le total formé par cet impôt et l'impôt sur le revenu excède 85 % des revenus nets imposables du foyer fiscal. "L'application de ce plafonnement contrevient au droit européen de la même manière que le bouclier fiscal, dans la mesure où le plafonnement ne s'applique qu'aux personnes domiciliées en France", explique la Commission.

Le commentaire politique de Christophe Barbier


DES IRANIENS RÉFUGIÉS à ATHÈNES SE COUSENT LA BOUCHE POUR OBTENIR L'ASILE

“Dans les centres de détention des migrants, nous n’avons qu’un repas par jour et dormons sur le sol.”
Quarante-cinq personnes, dont huit se sont cousues les lèvres avec du fil médical, sont en grève de la faim depuis douze jours dans une tente de fortune plantée devant l’Université d’Athènes. Tous disent qu’ils ont été forcés de fuir l’Iran parce qu’ils étaient persécutés en raison de leurs opinions politiques. Ils affirment que la police grecque les a à peine mieux traités que les Bassidji.

Le 20 octobre, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Manfred Nowak, a qualifié le système d’asile grec de “dysfonctionnel” et a accusé le gouvernement de “créer des conditions catastrophiques” pour les réfugiés. À l’issue d’une visite d’inspection de dix jours pendant laquelle il a visité des dizaines de prisons, des postes de police, des hôpitaux et des centres de rétention administrative, le rapporteur a pu constater que des détenus étaient enfermés jusqu’à six mois dans des cellules surpeuplées et sales, mal ventilées et insuffisamment éclairées. Les détenus n’auraient par ailleurs qu’un accès limité aux soins médicaux, aux avocats et aux interprètes. Le rapporteur spécial de l’ONU a enfin relevé “de nombreuses allégations cohérentes” concernant des passages à tabac par des policiers, même s’il manquait “de preuves médico-légales” pour les corroborer.
Vidéo : Premier jour de grève de la faim en face de l’Université d’Athènes. Video postée sur Youtube le 14 Octobre

“Dans les centres de détention des migrants, nous n’avons qu’un repas par jour et dormons sur le sol.”
Massoud Faramarzi Khosravi, 51 ans, demande l’asile en Grèce depuis quatre ans et demi. Il est un des grévistes de la faim.
Nous avons décidé de faire cette grève de la faim – et même de nous coudre les lèvres pour certains – parce que notre situation ici, en Grèce, est absolument insupportable et que, jusqu’à présent, l’ensemble de nos démarches sont restées sans effet. La seule réponse que nous avons eu du gouvernement, nous l’avons eu par les médias. Ils disent que nous bluffons, que nous faisons cela pour le spectacle. Mais nous n’étions que 25 au début et nous avons été rejoints par 20 autres demandeurs d’asile depuis le début de notre grève de la faim – y compris des familles avec enfants. Seraient-ils venus si nous bluffions ?
La Grèce est comme une prison, nous sommes coincés ici. Nous sommes obligés de rester sur le territoire pendant tout le temps de l’examen de nos dossiers, alors que la procédure peut prendre des années. Un homme qui manifeste avec nous est ici depuis plus de douze ans et sa demande d’asile n’a toujours pas été traitée ! S’ils nous attrapent alors que nous tentons de partir vers un autre pays européen, nous serons immédiatement expulsés vers l’Iran. Mais nous ne pouvons pas retourner là-bas, car nos vies sont en danger. Nous avons donc fait appel aux ambassades des pays de l’UE afin qu’ils déposent, pour nous, des demandes d’asile en dehors de la Grèce.
Quand je suis arrivé il ya quatre ans à la frontière turque, j’ai été arrêté et enfermé dans un centre de détention de la ville frontalière de Feres. Je suis resté là pendant plus de trois mois, dans une cellule exiguë où s’entassaient entre 20 et 40 personnes, selon les jours. Il y avait des hommes, des femmes, parfois même des enfants. Il faisait sombre et c’était sale. Nous avons dormi à même le sol. Il n’y avait pas de couvertures pour tous. Ils nous donnaient un seul repas par jour, nous avions toujours faim et soif. Plusieurs fois, j’ai été témoin de prisonniers bastonnés par les gardiens, juste parce qu’ils avaient dit ou fait quelque chose qui ne plaisait pas. Pourtant, nous ne sommes pas des criminels ! “

Le bout du tunnel

On aperçoit enfin le bout du tunnel. Les signes annonciateurs de la sortie de crise sont multiples : au plan politique, le vote des deux Assemblées est acquis et il ne restera que l’obstacle du Conseil constitutionnel à franchir avant la promulgation de la loi par le président de la République. Sur le terrain, la remise en marche des raffineries est en cours, les dépôts de carburants débloqués vont permettre le retour à la liberté de circulation. L’intervention tardive des étudiants et les manifestations de ce jeudi et du samedi 6 novembre vont ressembler à des barouds d’honneur avec les risques de débordement que cela peut provoquer.

Mais l’essentiel est joué et pour s’en convaincre il suffit de décoder les discours à la radio et à la télévision. François Chérèque pour la CFDT est déjà passé à autre chose, en l’occurrence les mesures à négocier pour l’emploi des jeunes et des seniors, tandis que le socialiste François Hollande parle du mouvement au passé et se projette vers l’élection présidentielle de 2012.

Cette fin de partie marquera une victoire pour le président de la République qui a été déterminé et tenace mais c’est d’une amère victoire qu’il s’agit dès lors que la bataille de l’opinion et de la communication a été perdue et qu’une grosse moitié du pays a approuvé sans discontinuer les opposants à la réforme.

Par sa politique sécuritaire de l’été et par sa fermeté dans l’épreuve, Nicolas Sarkozy a rallié l’ensemble de la majorité de droite, ce qui devrait lui assurer un noyau dur pour un premier tour de présidentielle autour de 30 %. Mais c’est une autre affaire de reconquérir une majorité des Français au second tour ! La reconquête du centre va donc devenir l’impératif prioritaire pour 2011-2012. Cela passe par le retour à « un ordre juste », comme dirait Mme Royal car le sentiment d’injustice fut un moteur du mouvement. Cela passe aussi par une véritable ouverture sociale en direction des classes populaires ; cela passe enfin par la nomination du Premier ministre le plus adéquat pour cette dernière phase du quinquennat. Jean-Louis Borloo apparaît, malgré quelques faiblesses, le meilleur pour le job.

L'accalmie

Exit la retraite à 60 ans. Le vote du Parlement entérine la volonté de Nicolas Sarkozy. Pourtant le débat sur l'efficacité de la loi reviendra sur le pavé. L'impréparation du dialogue sur ce projet gouvernemental a déclenché une si longue et si tenace contestation de la rue que nous ne sommes sans doute que dans une accalmie. Cette réforme importante mais jamais débattue avec l'opinion par crainte de la confrontation avec la colère populaire a été asphyxiée sous le couvercle du libéralisme autoritaire. Comme déjà l'avait été le « Livre blanc » de Michel Rocard, en 1991, sur le même sujet et pour les mêmes craintes. Mais qui peut imaginer que l'on puisse revenir sur le temps et les années passées au travail sans une nouvelle réaction de ceux, toujours les mêmes, qui sont victimes des alchimistes financiers qui transforment la richesse en pauvreté ?

Mort-né par la volonté du Sénat et de son amendement sur la remise à plat en 2013, le projet symbole de réforme des retraites de Nicolas Sarkozy n'a pas plus d'impact sur notre économie que la loi socialiste sur les 35 heures n'en a eu sur l'emploi. Le refus dédaigneux de la confrontation ne peut que générer une rancoeur sociale dont les effets se ressentiront longtemps encore dans les échéances électorales. À se contenter de ronronner, la démocratie finit toujours par se gripper au moindre grain d'injustice ou d'arbitraire.

Les syndicats quitteront le conflit tête haute pour avoir su accompagner, sans l'exacerber, la revendication des salariés sur ce qu'ils considèrent comme leur acquis social majeur. Nicolas Sarkozy, qui leur avait promis de ne pas y toucher, leur a bien facilité la tâche.

Le mauvais argument des déficits que l'on va combler ajoute encore à l'indignation. Tous les prévisionnistes s'accordent à dire que l'équilibre des comptes du système par répartition ne fera que se dégrader et la commission des finances du Sénat n'a pas fait mystère de son incrédulité. Cette certitude quasi unanime que rien n'est réglé est un véritable boulevard pour les organisations syndicales : les salariés vont payer le prix fort pour une réforme d'affichage qui ne fait que retarder les échéances.

Ces faux exemples 


Tout a été dit sur la réforme des retraites. Le contraire, aussi. Chaque argument brandi par le gouvernement, les syndicats ou l'opposition ne recèle que cette part de vérité que l'on veut entendre pour rester sourd aux autres. Car dans ce débat, tout est sujet à caution, hormis l'évolution démographique qui pousse à une réforme. Toutefois, dans la réflexion et le consensus. Un consensus qui a nécessité une dizaine d'années en Suède dont le modèle est aujourd'hui envié.
Mais apparemment en France, il y avait urgence jusqu'à tailler cette réforme (provisoire) à la hache. Au nom de qui, de quoi ? Des marchés financiers qui ne prêtent qu'aux « riches », aux pays les mieux notés ? C'est-à-dire à ceux qui réduisent leurs dépenses en commençant par le social, selon l'implacable logique néo-libérale qui, si on la suit jusqu'au bout du raisonnement, mènera un jour à la suppression de l'Etat dépensier. Au nom de l'Europe rêvant toujours des critères de Maastricht et aveuglée par son dogmatisme monétariste ? Pour le plus grand profit des autres acteurs de la mondialisation, Chine et États-Unis.
Ou bien y avait-il urgence à se mettre au diapason de Berlin, ce nouveau « phare » de la politique française, comme l'était Londres durant la IIIe République ? C'est oublier que la retraite allemande à 67 ans, montrée en exemple par le gouvernement, ne s'appliquera (peut-être) qu'en 2027. C'est oublier l'essentiel, le revenu sur lequel sont prélevées les cotisations, donc à l'origine des retraites à payer, qu'elles soient de base ou complémentaires. Un ouvrier allemand de l'automobile avec un salaire mensuel de 3000 € dispose forcément d'autres moyens que son homologue français. Surtout, c'est omettre la flexibilité du système allemand avec ses préretraites, ses multiples exceptions et ses faibles « décotes ». Ainsi outre-Rhin, pour le régime de base, une personne qui ferait valoir ses droits à pension avec 35 années de cotisation subirait une décote d'environ 7% contre 25% en France...
Les disposition légales sur la retraite cachent de multiples particularismes d'un pays à l'autre, voire à l'intérieur d'un même pays (en France subsistent toujours 38 régimes différents). Décider sans tenir compte de la pléthore des cas particuliers est un non sens. Curieusement, c'est aussi ce que disent nos parlementaires... quand il s'agit de leurs propres et confortables retraites financées à 90% par le contribuable. Mais soyons justes, ils viennent de faire un sacrifice, en réduisant leur pension de 8% dès janvier, soit l'équivalent du 13e mois... Que celles et ceux qui croient un jour percevoir - ou perçoivent déjà - un treizième mois de retraite lèvent le doigt !


Séquences


Martine, Cécile, Jean-Luc, Olivier et les autres, probablement quelques centaines de milliers d'autres, défileront aujourd'hui dans les rues de France. Pendant ce temps, Nicolas sera à Bruxelles, pour parler du G20 à ses camarades européens… Notre Président ne pouvait marquer plus nettement sa volonté de tourner la page : la réforme des retraites est votée - circulez, et même manifestez si vous voulez, il n'y a plus rien à voir. Quoi qu'en disent Martine Aubry et ses compagnons de manifestation, c'est vrai dans l'immédiat : la séquence « retraites » est close. Dès ce soir, nous assisterons donc à l'ouverture de la séquence « G20 », programmée sur plusieurs mois, bientôt entrecoupée de l'épisode « remaniement ». Pour reparler des retraites, il faudra sans doute attendre 2012. Mais bien malin qui peut dire aujourd'hui qui aura alors raison, de Martine, Nicolas ou les autres…

Après le “bras de fer”, la main tendue

À force de le dire, ça a fini par arriver : le mouvement s’essouffle. Mais pas l’angoisse du pays, qui porte les ferments d’autres révoltes. Si le rêve d’un “grand soir” s’éloigne, la peur des lendemains s’installe.


Le “déclin de la France” a cessé d’être une vague appréhension. Le spectre d’une précarité croissante, sur fond de chômage et de mondialisation, hante les familles. Aurait-on vu, sinon, des jeunes défiler pour la retraite des vieux ?


Le pouvoir l’a bien compris. Au prix d’un bel effort, le chef de l’Etat appelle ses troupes à éviter tout triomphalisme. Le “bras de fer” remporté contre les syndicats ne suscitera aucune fanfaronnade. Le vote définitif de la réforme ne sera pas brandi comme un trophée élyséen. Pas question d’aller fêter ça au Fouquet’s, même en passant par la porte de derrière !


Disciplinés, les ministres répètent à l’envi que le conflit n’a fait “ni gagnant, ni perdant”. Une véritable rengaine. Chacun récite, au mot près, la consigne venue d’en haut.


Il s’agit, désormais, de montrer patte de velours. D’abord, deux manifestations restent programmées, aujourd’hui et le 6 novembre. Mieux vaut ne pas trop souffler sur les braises.


Ensuite, l’échéance de 2012 approche. D’ici là, Nicolas Sarkozy devra se rabibocher avec les partenaires sociaux. Et aussi avec le peuple, avant que la sanction des sondages ne se retrouve dans les urnes.

Ca chauffe entre le couple Merkel/Sarkozy et l'UE

A la veille du sommet européen de Bruxelles, et face aux vives critiques de ses partenaires, la chancelière allemande a réaffirmé ce mercredi la nécessité de changer le traité de Lisbonne pour imposer à l'UE plus de discipline budgétaire et garantir sa stabilité. 
 Lancée la semaine dernière à Deauville par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy (photo ci-contre), l'idée de changer le traité de Lisbonne pour pérenniser le mécanisme d'aide aux pays en difficulté dans la zone euro provoque un tollé. Le sujet sera largement abordé jeudi et vendredi à Bruxelles à l'occasion du sommet européen. Et, à la vue des dernières déclarations des différents protagonistes, il promet de faire des vagues.


La chancelière allemande a ainsi défendu une nouvelle fois sa position ce mercredi. Selon elle, pour éviter les crises de la zone euro comme celle du printemps dernier à la suite de la faillite de la Grèce, l'UE a besoin "d'un cadre nouveau et solide" qui doit être "juridiquement inattaquable". Aujourd'hui, les traités existant permettent un renforcement de certains mécanismes de contrôle des finances publiques et de sanctions.
Ratification difficile
Mais "même avec les règles de stabilité les plus strictes possibles, nous ne pourrons pas éviter que surviennent d'autres crises", estime Angela Merkel. "Une conséquence s'impose : nous devons prendre aujourd'hui des mesures pour surmonter les crises à venir.  Cela ne marchera qu'avec des modifications des traités", affirme-t-elle. "Le fait que certains aient peur des conséquences de telles modifications dans leur pays n'est pas un argument contre ce chemin", ajoute-t-elle -la difficulté de certains pays à faire ratifier le traité de Lisbonne agit en effet comme un repoussoir pour leurs dirigeants à se lancer à nouveau sur cette voie périlleuse.

Concrètement, l'Allemagne pousse à l'adoption d'une procédure codifiée de défaillance d'un Etat, qui fasse payer aussi aux détenteurs de dette publique les pots cassés en cas de déroute financière. Les responsables politiques allemands parlaient ainsi il y a quelques mois de procédure de mise en faillite, Berlin préfère maintenant le terme de "mécanisme de crise". Pour l'instant, Angela Merkel a donc reçu le soutien de poids de Nicolas Sarkozy.
Ironie
Mais cette proposition suscite de fortes réticences. Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, l'estime dangereuse. "Cela peut conduire principalement à ce que des investisseurs en Europe ne s'engagent plus dans l'achat d'obligations", prévient-il. La République tchèque émet également des réserves. Autre proposition sensible : la possibilité pour un pays d'être suspendu de ses droits de vote au conseil des ministres des Finances lorsqu'il s'éloigne du cadre budgétaire européen.

Surtout, autant que le fond, la proposition franco-allemande irrite sur la forme. "Les décisions de l'Union européenne ne sont pas prises à Deauville", ironise ainsi la commissaire européenne Viviane Reding, ce qui a donné un nouvel échange verbale acerbe avec Paris après la polémique sur les Roms. Angela Merkel a quant elle répliqué que "sans un accord entre la France et l'Alllemagne, pas grand chose n'est possible". Pas sûr que cette remarque, bien que plutôt juste, ne plaise aux autres membres de l'UE ou à la Commission européenne.

Exporter notre savoir-faire nucléaire

Les parlementaires français vont être amenés dans les semaines qui viennent à débattre sur la stratégie d'exportation de notre industrie nucléaire. Après l'échec de la proposition française de construction de centrales nucléaires dans le Golfe et le succès des Coréens, nouveaux venus sur la scène internationale, le président de la République a souhaité repenser l'organisation de l'industrie nucléaire et le rôle que doit jouer l'Etat. Notre industrie doit être en mesure de participer activement à la renaissance du nucléaire que l'on observe dans de nombreux pays. Ce mouvement pourrait se traduire par la construction de plus de 200 centrales dans les vingt ans qui viennent. Un rapport sur le sujet a été demandé à François Roussely, ancien président d'EDF. Ce rapport, remis en juin au chef de l'Etat, a été porté à la connaissance du public sous forme d'un résumé d'une vingtaine de pages ; il recommande d'organiser « l'équipe de France du nucléaire » sous la houlette d'un capitaine unique qui serait EDF. Ceci pourrait impliquer une montée en puissance d'EDF dans le capital d'Areva (EDF détient actuellement 2,4 % du capital) et peut être une participation d'EDF à la gouvernance d'Areva. Cette recommandation est fondée sur le fait qu'EDF opère le plus grand parc nucléaire du monde et dispose d'une longue expérience dans la gestion des centrales. Elle rejoint les ambitions de l'entreprise EDF qui souhaite assurer le leadership de l'industrie nucléaire, sur le territoire national et à l'étranger.

Cette organisation de « l'équipe de France du nucléaire » correspond à une forte volonté de pilotage étatique du nucléaire par le biais d'EDF mais, du point de vue industriel et international, elle ne semble pas du tout adaptée à une demande de technologie nucléaire qui est très diversifiée et qui doit être individualisée.

Du point de vue industriel, chaque entreprise a ses métiers. Areva conçoit et construit les centrales et maîtrise la chaîne du combustible. EDF opère un parc de centrales et peut vendre des services. Bien sûr, la construction du parc nucléaire a impliqué une forte coopération entre EDF et ses fournisseurs. On peut admettre qu'EDF intervienne, à la marge, dans la conception des centrales qu'elle commande pour elle-même mais on peut difficilement imaginer qu'EDF puisse participer, de près ou de loin, à la conception, à la vente et à la construction des centrales commandées par ses concurrents. Ce serait comme si British Airways passait par Air France pour commander un Airbus ! Par ailleurs, si EDF est la plus grande entreprise nucléaire du monde, les performances de ses centrales ne sont pas les meilleures. GDF Suez, Alstom et de nombreuses autres entreprises, y compris des entreprises financières, ont aussi leur rôle à jouer dans l'aventure nucléaire internationale.

Du point de vue international, chaque pays qui veut construire une centrale a ses propres caractéristiques, ses propres exigences, notamment sur la participation de sa propre équipe nationale. Un projet est souvent segmenté pour permettre d'élargir le choix des fournisseurs et des partenaires. La réponse à ces demandes implique de la concurrence mais des complémentarités, des actions de coopération, la création de consortiums appropriés, y compris avec des partenaires étrangers, selon des modalités à inventer pour chaque cas particulier. Dans certains cas, on peut comprendre qu'un pays charge EDF ou GDF Suez d'orchestrer la construction d'une centrale, mais ce n'est en aucun cas le modèle général. Donner à EDF le leadership de l'offre nucléaire française n'est pas de nature à favoriser cette nécessaire diversité. La renaissance du nucléaire dans le monde est un phénomène autrement plus complexe que la préparation d'un match de foot. L'équipe de France doit jouer sur ses expertises, sa diversité et ses complémentarités.

Bien sûr, une concertation plus forte doit être encouragée entre les différentes entreprises concernées. Des groupes de travail ont été constitués entre EDF et Areva. Une concertation similaire pourrait être menée avec GDF Suez. Chaque projet de construction de centrale nucléaire, surtout chez les nouveaux venus, a de multiples dimensions qui impliquent la participation de différents acteurs. L'Etat a un rôle de soutien, mais qu'il laisse aux opérateurs industriels le soin de négocier au mieux.

Mieux gérer le commerce mondial


Revendications européennes, propositions américaines, réplique chinoise… A l'approche du sommet du G20 à Séoul, les échanges s'imposent enfin au coeur du débat sur le pilotage de l'économie mondiale, au-delà de la guerre des changes. Il était temps. D'abord parce que l'apparition d'excédents commerciaux massifs comme celui de la Chine, contrepartie de déficits tout aussi massifs comme celui des Etats-Unis, a joué un rôle majeur dans la crise financière. Beaucoup de pays excédentaires ont accumulé d'énormes réserves de change, générant une création de liquidités sans précédent, d'où une fantastique bulle de crédit. Ensuite, parce que la liberté du commerce est menacée. Dans les actes : le comité indépendant Global Trade Alert, animé par Simon Evenett, professeur à l'université de Saint-Gall, a recensé 746 coups de canif donnés contre le libre-échange depuis le premier sommet du G20, il y a deux ans, où les participants s'étaient engagés à renoncer à toute tentation protectionniste. Et plus encore dans les esprits : l'idée qu'une fermeture des frontières réglerait bien des problèmes revient de plus en plus souvent. Avec les élections à venir et la persistance d'un chômage élevé, la pression risque de devenir de s'accroître.


Reste à savoir comment mieux gérer les échanges. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a lancé l'idée d'un engagement des pays excédentaires à limiter leur surplus courant à 4 % du PIB. La Chine, qui devrait être cette année au-dessous de 5 %, envisagerait de l'accepter. Mais la mise en oeuvre d'un tel principe pourrait déstabiliser les gros exportateurs de pétrole comme le Koweït (30 % d'excédent !) et le Nigéria. Et pénaliser l'Allemagne (6 %) ou la Suisse (10 %), car une chute de l'excédent suppose une accélération forte de la demande intérieure, peu probable outre-Rhin, ou un freinage de l'activité. La France en sait quelque chose : passant d'un excédent de 2 % du PIB à un déficit de 2 % en moins d'une décennie, elle y a laissé un demi-point de croissance par an. Bruxelles envisage de faire pression sur la Chine pour accéder à ses terres rares et à ses marchés publics. Là encore, le chemin est périlleux. Non balisé par les règles de l'Organisation mondiale du commerce, il risque de déboucher sur un bras de fer, à l'issue incertaine. Des pays peuvent prendre des initiatives individuelles. Mais la liberté et l'équilibre des échanges sont des biens publics mondiaux. Leur avenir se fabriquera ou se dissoudra à l'OMC, au FMI et au G20.

La poussière sous le tapis


Dans une quinzaine de jours, le G20 se tiendra à Séoul. Ses membres pourront s'y féliciter du travail accompli pour domestiquer le monde bancaire depuis avril 2009, date de leur première réunion à Londres. A raison, d'ailleurs, puisque la liste des nouvelles normes imposées aux établissements de crédit en dix-huit mois est déjà longue : encadrement des bonus, réforme financière américaine, « Volker rule », Bâle III, pour ne citer que les principales. Au final, la liberté et le champ d'action des banques s'en trouvent limités. Résultat, le secteur bancaire dans son ensemble est désormais beaucoup mieux encadré. Et il le sera encore davantage lorsque la délicate question des plus grandes banques, celles qui font peser un risque sur l'ensemble du système, aura été tranchée.


L'économie mondiale y a-t-elle gagné en sécurité ? Sans doute. Pour autant, le problème de fond, lui, est loin d'être réglé. Le risque systémique n'a pas été éradiqué, il a simplement été déplacé. Au cinéma, on dirait qu'il a été mis hors-champ, c'est-à-dire qu'il n'apparaît plus sur l'écran radar des régulateurs. Car, loin de disparaître, les activités les plus risquées du « casino banking » sont en train de migrer vers le monde des fonds alternatifs. C'est le cas notamment de la très lucrative gestion pour compte propre, désormais bannie des établissements américains. En fin de semaine dernière, la firme d'investissement dans le non-coté KKR annonçait le recrutement d'une équipe de « prop'trading » de Goldman Sachs. D'autres devraient suivre.


Au total, ce seront des bataillons entiers de traders qui passeront avec armes et bagages de la lumière à l'ombre. Ils y trouveront un environnement familier dans lequel il n'existe aucune contrainte en matière de rémunération ou de fonds propres. Car cet univers du « private equity » et des « hedge funds » est le grand oublié de la nouvelle réglementation. Il faut dire qu'il n'a pas connu d'accident grave pendant la crise. Mais en ne lui imposant pas un cadre plus strict - comme c'est encore le cas dans la directive européenne en cours d'adoption -, les régulateurs prennent le risque qu'il ne prospère en toute discrétion. Il pourrait ainsi suivre à son tour le chemin emprunté par les banques d'investissement au cours des années 2000 et donner naissance à des géants bancaires occultes qui ne seraient pas Goldman Sachs ou Morgan Stanley, mais Blackstone, KKR ou Fortress. Des maisons dont l'impact systémique en cas de défaut seraient potentiellement aussi dévastateur que celui d'un Lehman Brothers.

Une version multimédia de "La Cène" de Léonard de Vinci à New York

Une version multimédia de "La Cène" de Léonard de Vinci, réalisée par le cinéaste britannique Peter Greenaway, sera présentée à New York en décembre, a annoncé mercredi la salle d'exposition Arsenal, une des plus importantes de la ville.
L'expérience représente "une manipulation de lumière, de son et d'illusion théâtrale" qui crée "un environnement dynamique et permet de voir l'oeuvre de Léonard de diverses façons", poursuit le communiqué de l'Arsenal, une ancienne armurerie située au nord-est de Manhattan sur Park Avenue.

L'exposition comporte une réplique exacte de la peinture murale réalisée au XVe siècle sur une paroi du couvent de Santa Maria Delle Grazie à Milan, considérée comme une des oeuvres majeures de l'Occident.
L'original mesure 4,6 mètres de haut sur 8,8 mètres de long, tout comme la version "revisitée" par Greenaway, qui sera exposée du 3 décembre au 11 janvier prochains.
Les visiteurs pourront d'abord voir pendant 40 minutes une animation sonore et visuelle autour de la peinture de la Renaissance.
Ils passeront ensuite dans une salle qui recréera le couvent milanais pour y admirer la copie de la "Cène", et pourront également voir une autre performance multimédia réalisée par Peter Greenaway autour des "Noces de Cana" de Paul Véronèse.
"Peter Greenaway conduit le visiteur à travers des chorégraphies qui déstructurent et reconstruisent l'oeuvre de Léonard dans une incroyable fantaisie multimédia", a déclaré Rebecca Robertson, présidente de l'Arsenal.
Greenaway a réalisé des expériences semblables avec "Ronde de nuit" de Rembrandt en 2006 à Amsterdam, avec la "Cène" de Leonardo en 2008 à Milan et avec les "Noces de Cana" à la Biennale de Venise l'an dernier.
La peinture est un art omniprésent dans l'oeuvre cinématographique de Peter Greenaway, à qui l'on doit notamment "Le ventre de l'architecte" (1987), "Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant" (1989) ou "The Pillow Book" (1996).

Dialogue sur une réforme

«Depuis un mois et demi, nous avons vu beaucoup de défilés, entendu beaucoup de slogans, mais que faites-vous, cher ami manifestant, des Français qui n'étaient pas dans la rue au cours de ces journées - disons, en moyenne, 64 millions selon la police, 62 millions selon les syndicats, puisque nous sommes à peu près 65 millions à vivre dans notre beau pays ? Même si vous n'évaluez qu'à 5 % la proportion de ceux qui approuvent la réforme des retraites, ils forment une troupe supérieure en nombre à celle des manifestants. Mais évidemment, ils font moins de bruit… -Votre ironie est déplacée : on sait que l'opinion nous approuve. Les sondages le disent clairement. -Oui, comme ils annonçaient clairement, à la veille de l'élection présidentielle de 2002, un score très serré au premier tour entre Chirac et Jospin, ou encore, en 2005, la victoire du oui au référendum sur le Traité constitutionnel européen… -Vous utilisez une vieille tactique : briser le thermomètre pour nier la maladie. -C'est que votre thermomètre me paraît très rudimentaire. Les réactions instantanées d'un millier de personnes, choisies et interrogées selon des méthodes assez peu contrôlées, ne confèrent pas un brevet de légitimité aux démonstrations de rue ni aux blocages. Placer la représentativité de cet échantillon au-dessus de celle du Parlement, c'est s'engager sur une voie dangereuse. -Arguties… Vous savez bien que la réforme est rejetée par les Français. -Une réforme n'est-elle politiquement acceptable que si elle est populaire ? Ce serait une bonne définition du populisme… Et puis, le discours de vos amis est incohérent : si le peuple est massivement derrière eux sur une question aussi importante, alors il est hors de doute que l'équipe actuelle perdra les élections de 2012. Or la gauche assure qu'elle abolira la réforme. Peut-être les manifestants craignent-ils qu'une fois revenue au pouvoir elle ne tienne pas toutes ses promesses ? Horrible soupçon… »

Cuba en retard d'une perestroïka


Fidel Castro s'est-il mis, enfin, à l'heure de la perestroïka, suivant en cela la voie tracée il y a près d'un quart de siècle par Mikhaïl Gorbatchev ? Si, comme le suggérait il y a peu « The Economist », cela est vrai, c'est en tout cas à pas encore très lents. Début septembre, le dictateur cubain, âgé de quatre-vingt-quatre ans et qui, depuis quatre ans, a cédé la plus grande partie du pouvoir à son demi-frère Raul, a fait un retour remarqué en lançant un pavé dans la mare communiste. « Le modèle cubain ne fonctionne même plus pour nous », a-t-il confié au journaliste américain Jeffrey Goldberg. Certes, le Lider maximo est revenu ensuite sur sa petite phrase, mais sans la démentir néanmoins, et en évoquant plutôt le fait d'avoir été mal interprétée. Ce qu'il fallait comprendre, c'est que ni le dictateur ni son successeur Raul ne sont prêts à adopter le « capitalisme » comme modèle. Mais ils doivent reconnaître que le socialisme tropical n'est pas « exportable ».
En fait, avec ambiguïté, Fidel n'a fait que confirmer la tentative d'ouverture de son frère, qui, depuis 2006, tente de réformer l'économie cubaine à doses homéopathiques. Avec comme objectif vraisemblable non pas de faire une nouvelle révolution, mais de sauver ce qui peut encore l'être du régime, cinquante et un ans après le renversement de Fulgencio Batista et l'arrivée au pouvoir des « barbudos » à La Havane. Car, à l'heure de l'émergence économique de pays communistes comme la Chine ou le Vietnam, les dirigeants cubains ont de plus en plus de mal à justifier l'enfermement de leur population par le seul maintien de l'embargo des Etats-Unis. Certes, depuis 1962, ces interdictions ont soumis l'île à un dur régime, mais elles ne peuvent expliquer toutes les difficultés d'aujourd'hui. Surtout que le reste de l'Amérique latine vient de connaître ses meilleures années de croissance économique - à l'exception d'une brève dépression fin 2008-début 2009 -depuis les années 1960.
Désormais privée des subventions soviétiques, Cuba a plus que jamais besoin de devises, alors que son déficit commercial dépasse les 10 milliards de dollars par an. Selon des experts réunis par la Brookings Institution, les Cubano-Américains auraient envoyé sur l'île, à leurs familles, plus de 600 millions de dollars par an en 2008 et 2009. Ce qui reste bien loin des besoins de financement du pays, même si le régime perçoit une taxe sur ces transferts.
Face à cette situation, Raul Castro a pris une série de mesures. La dernière en date est l'ouverture de plus de 1.100 magasins vendant équipements agricoles, bottes, gants et machettes à des prix moins élevés, avec comme objectif d'augmenter la production agricole. Mais la plus importante mesure depuis le passage, en mars 1968, de presque toutes les professions à Cuba dans la « fonction publique » demeure l'annonce de la suppression de plus de 1 million d'emplois, soit environ le quart de la population active. Décision d'autant plus marquante que 500.000 suppressions doivent avoir lieu d'ici au printemps prochain. L'objectif est que les personnes licenciées retrouvent des emplois dans le « secteur privé » ou s'établissent comme travailleurs indépendants. En principe, le gouvernement compte accorder quelque 250.000 autorisations de travail en compte propre. De plus, les autorités cubaines envisagent d'accorder des crédits aux nouveaux entrepreneurs, qui seraient à l'heure actuelle déjà 140.000 (sur une population totale de 11 millions d'habitants). La Havane prévoit également de créer un nouveau système fiscal afin d'imposer progressivement les nouvelles activités. Raul Castro vient par ailleurs de renouveler toute son équipe économique, avec notamment le limogeage récent de la ministre des Industries de base, Yadira Garcia. Un ministère qui gère l'essentiel des investissements étrangers, dont ceux du Venezuela et du Brésil.
Mais on ne peut pas se faire trop d'illusion. L'heure n'est pas encore au capitalisme à la chinoise.
En publiant la liste des 178 professions ouvertes désormais à l'entreprise privée, « Granma », l'organe officiel du comité central du Parti communiste cubain, affirmait que « cette forme d'emploi doit être une alternative supplémentaire » et permettre de « rechercher des solutions qui améliorent le niveau de vie des Cubains respectant toujours les principes socialistes qui régissent la Constitution ». Et toutes ces nouvelles activités se développeront sous l'oeil vigilant de l'Etat. Car il s'agit bien « non pas de détruire, mais de défendre, maintenir et améliorer le socialisme », insiste « Granma ».
Quant à la différence entre Fidel et son « jeune » frère de soixante-dix-neuf ans et compagnon de la révolution, elle est minime. Dans son dernier ouvrage, Jacobo Machover (1), professeur à Avignon et à Paris, affirme ainsi que « la succession dynastique était inscrite depuis l'entrée de la guérilla castriste à La Havane, en janvier 1959 ». C'est dans ce contexte que l'Union européenne a décidé, lundi, d'assouplir - sans l'abandonner -sa position officielle, conditionnant la reprise de relations normales avec l'île à une démocratisation du régime. Mais cet assouplissement, décidé après la libération d'une cinquantaine de dissidents, se heurte encore aux réticences des pays d'Europe de l'Est, anciens satellites de l'Union soviétique.
S'il y a un parallèle à faire avec Gorbatchev et ses réformes, c'est qu'elles ont précédé de quelques années l'implosion du système soviétique. La question est de savoir si le « socialisme tropical » peut encore tenir longtemps. D'autant que l'Amérique latine, le continent des dictatures dans les années 1970, s'est mise à l'heure de la démocratisation. Le Brésil vient encore de le confirmer. Cuba reste bien en retard d'une perestroïka.
(1) « Cuba, l'aveuglement coupable », de Jacobo Machover, Editions Armand Colin, 336 pages, 19,50 euros.Jacques Hubert-Rodier est éditorialiste aux « Echos ».

L'art de la guerre cybernétique

Le propos. En ce début de XXI e siècle, la guerre change de terrain. Les nations, les Etats en décomposition ou encore les organisations terroristes et criminelles sont en train d'ajouter un nouveau champ de bataille à leurs conflits : le cyberespace. Dans « Foreign Affairs », qui avait publié en 1947 le « long telegram » de George Kennan marquant le début de la guerre froide, William Lynn, secrétaire adjoint à la Défense américain, se penche sur le seuil que viennent de franchir les Etats-Unis en matière de cyber défense avec l'opération « Buckshot Yankee » (« le plomb du Yankee »). Le responsable a ainsi dévoilé les détails de la première attaque contre le système informatique du Pentagone, oeuvre d'une agence d'espionnage qui a inséré une carte mémoire contenant un « code malicieux » dans l'un des ordinateurs portables de l'armée américaine au Moyen-Orient. « Cette intrusion en 2008 n'est pas la seule pénétration réussie. Des ennemis ont obtenu des milliers de dossiers des réseaux informatiques aux Etats-Unis, de leurs alliés, des firmes aéronautiques, y compris des plans d'armes, d'opération et des données de surveillance ». Or l'Amérique, dit encore William Lynn, ne peut se replier derrière une ligne Maginot imaginaire face à cette menace asymétrique dont l'origine est souvent impossible à déterminer.
L'intérêt. Outre ses révélations sur l'attaque de 2008, le responsable fournit des indications sur le « US Cyber Command », le sous-commandement de la cybernétique qui a été installé en mai dernier, et ses nouvelles missions : la protection de tous les réseaux informatiques de l'armée et une rationalisation des moyens de lutte cybernétique…
La citation. « Il faut 81 mois au Pentagone pour développer un nouveau système informatique. Il a fallu 24 mois pour lancer l'iPhone. »

Etre fonctionnaire n'est plus la bonne planque

Des coupes sombres britanniques aux dégraissages engagés par les Français, les Espagnols, les Allemands ou les Lettons, la rigueur met à mal le mythe selon lequel la fonction publique échappe aux crises.
Autrefois, au pays de la fonction publique, les postes étaient fixes, inamovibles, plutôt feignants, avec un salaire indexé sur l’inflation, des  treizièmes et quatorzièmes mois, des congés abondants, des retraites plus élevées et des départs en pré-retraite plus simples à négocier. C’était le métier rêvé par trois générations d’Européens au nom de la sécurité et des avantages liés au statut de “fonctionnaire”, “civil servant”, “Regierungsbeamter”, “statale” ou “funcionario público”.
Le fonctionnaire – contrairement au salarié du privé – non seulement ne pouvait pas être licencié, mais il avait la garantie que son employeur ne ferait pas faillite. Toutefois, depuis que la crise grecque a rappelé à l’Europe que même un Etat peut faire banqueroute, le fonctionnaire ressemble de plus en plus à n’importe quel autre salarié. Le mythe de l’emploi à vie s’est envolé. Tous les gouvernements européens – des Britanniques libéraux aux Français étatistes – se sont mis, pour réduire les déficits colossaux et rassurer les marchés, à baisser les salaires, à supprimer les primes et à diminuer le nombre d’employés de la fonction publique.
Le record est détenu par le Premier minisre britannique David Cameron, avec la suppression de 490 000 “civil servants” par la Spending Review (le budget prévisionnel de l'Etat). En réalité, le nombre de postes supprimés pourrait être plus élevé : d’après le Chartered Institute of Personnel and Development ou CIPD (Institut, habilité par la Chartre Royale, pour la Formation et la Gestion du Personnel), il y aura “750 000 suppressions d’ici 2015-2016, si la coalition respecte son programme de dépenses à long terme”. Les personnes partant à la retraite ne seront pas remplacées ; et un grand nombre de fonctionnaires seront tout simplement licenciés.

Salaires gelés ou baissés, postes et primes supprimés...

En France, Nicolas Sarkozy a décidé de bloquer les salaires et de ne pas remplacer la moitié des fonctionnaires partant à la retraite. Depuis 2007, 100 000 postes ont disparu ; et en 2011, 31 638 autres postes seront supprimés. Au Portugal, après avoir gelé les salaires en 2010, le socialiste José Sócrates annonce deux autres coups de hachoir : d’un côté, une réduction des salaires de 5%, de l'autre, une interruption des promotions et des embauches.
Au début du mois, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a affirmé qu’il faudra attendre trois ans avant que les “funcionarios” récupèrent la baisse de salaire de 5% du printemps dernier. En Irlande, qui a connu une réduction des salaires publics de 14%, l’accord entre le gouvernement et les syndicats pour restreindre davantage les acquis des fonctionnaires est actuellement en suspens.
En Grèce, le gouvernement de George Papandréou a baissé les salaires publics, gelé les embauches, augmenté l’âge de départ à la retraite et supprimé les primes aux treizième et quatorzième mois. Début octobre, les vacataires du ministère de la Culture ont occupé l’Acropole pour manifester contre le non-renouvellement de leur contrat, rejoignant ainsi la cohorte des contrôleurs aériens, portuaires et ferroviaires en grève depuis des mois.

Même l'Eurocratie est touchée

Le 21 septembre dernier, la République tchèque a assisté à la plus importante manifestation depuis la chute du communisme : 40 000 fonctionnaires ont défilé dans les rues de Prague pour s’opposer à la baisse des salaires de 10% prévue par le gouvernement. En Hongrie, le Premier ministre, Viktor Orbán, a limité le nombre d’achat de voitures de fonction et de téléphones portables pour les fonctionnaires. En Lettonie, les employés du secteur public ont perdu en moyenne 30% de leurs revenus.Tous les pays sont touchés, y compris la riche Allemagne : Angela Merkel a annoncé la disparition de 15 000 fonctionnaires d’ici 2014.
L’austérité a fini par toucher la nouvelle frontière de l'emploi public : celle riche, cosmopolite et enviée des fonctionnaires de l’Union européenne. Face à ces restrictions budgétaires, la Commission européenne fait appel à des travailleurs intérimaires et propose des contrats à durée déterminée, renonçant ainsi à regonfler les rangs des permanents de l’Eurocratie. Après avoir diminué de moitié les augmentations de 2010, elle veut à présent réduire de 0,4% le salaire des eurocrates.

Le Sénat veut féminiser la direction des grandes entreprises

Le Sénat a adopté mercredi en première lecture une proposition de loi visant à favoriser la parité hommes-femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises, vrais bastions masculins. L'UMP et l'Union centriste ont voté pour, la gauche s'est abstenue.
La commission des lois du Sénat, sous la houlette de Marie-Hélène des Esgaulx, a adjoint à cette proposition émanant du patron des députés UMP, Jean-François Copé, et de Marie-Jo Zimmermann (UMP) des dispositions inspirées d'une proposition de loi de la sénatrice PS Nicole Bricq. Le texte avait été adopté par les députés le 20 janvier 2010.

La proposition prévoit un objectif au 1er janvier 2016 de 40 % de femmes dans les conseils d'administration des entreprises, des établissements publics à caractères administratif, industriel et commercial avec un palier minimal de 20 % de femmes d'ici trois ans. Les CA sans femme devront en nommer au moins une dans les six mois suivant la promulgation de la loi.
Les entreprises concernées seront les 650 sociétés cotées en Bourse mais également les sociétés employant au moins 500 salariés et réalisant un chiffre d'affaires d'au moins 50 millions d'euros.
Le non-respect des quotas par les entreprises entraînera des sanctions. Le Sénat a supprimé la sanction de nullité des délibérations pour ne retenir que celle de nullité des nominations. Il a également introduit un mécanisme de punition financière, avec une suspension temporaire des jetons de présence. Cette décision a été saluée par les sénateurs PS, qui souhaitaient toutefois une suspension définitive.