jeudi 28 octobre 2010
Union européenne : la délicate révision des traités
BHL: Mélenchon nous "prend pour des cons"
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Le constructeur automobile GM, qui fabrique notamment les Chevrolet, les Cadillac et les Opel, va vendre cette année pour la première fois plus de voitures en Chine qu’aux Etats-Unis. Bel effet de ciseau !
Or dans une paire de ciseaux, il y a toujours deux lames. La lame qui baisse, c’est le marché automobile américain. Comme on achète souvent sa voiture à crédit et que le crédit s’est effondré aux Etats-Unis avec la crise financière, les ventes de voitures se sont elles aussi effondrées. Elles ont dégringolé de 16 millions en 2007 à 10 millions l’an dernier, et elles ont à peine remonté cette année.
La lame qui monte, c’est évidemment le marché chinois. Il a bondi de moitié l’an dernier. Il devrait encore progresser de 25% cette année pour dépasser les 17 millions d’automobiles. En galopant de 10% par an, il va rester longtemps le premier marché mondial. GM s’est, si l’on ose dire, laissé porter par la lame puisqu’il a tout simplement réussi à maintenir sa part de marché – une voiture sur sept vendue là-bas porte l’une de ses marques.
Il faut dire que la Chine automobile est largement sous la coupe des constructeurs étrangers, qui y vendent 70% des voitures. Mais ça pourrait ne pas durer. Pékin veut que cette proportion soit inversée en 2020 – 70% des voitures vendues en Chine seraient alors « made in China ». Défense de douter : ce que Pékin a planifié depuis trente ans est le plus souvent devenu réalité.
Cela ne vut pas dire pour autant que les constructeurs chinois vont demain nous inonder de leurs modèles. D’abord, les voitures chinoises ne sont pas assez solides. La vidéo où l’une d’entre elles, la Brilliance BS6, s’écrase lors d’un crash test à 60 kmh, a été regardée des centaines de milliers de fois sur Youtube.
Ensuite, elles copient encore un peu trop les modèles européens, ce qui leur a valu des plaintes en justice. Et puis elles ne respectent pas nos normes écologiques.
Enfin, et plus significatif, elles sont... trop chères. Même si la main d’œuvre coûte dix à vingt fois moins, il faut transporter les véhicules, payer des droits de douane. Ca fait monter la facture de 15 à 20% et là on est pratiquement au même prix que les modèles européens. Ce qui montre que l’avantage salarial de la Chine est relatif et non absolu.
Ca ne veut pas dire que les constructeurs chinois ne sauront pas se faire une place au soleil après-demain. BYD, FAW, SAIC, Chery, Great Wall ou Geery : difficile de dire lesquelles de ces marques émergeront, mais dans dix ans au moins l’une ou deux d’entre elles nous seront aussi familières que le sont aujourd’hui le Japonais Toyota ou le Coréen Hyundai.
Quant aux Français en Chine... Renault est absent et s’en mord les doigts. Mais heureusement son partenaire japonais Nissan y est bien implanté. Il s’apprête à lancer une marque à bas prix et pourra produire plus d’un million de voitures par an à partir de 2012. Côté Peugeot-Citroën, c’est différent. La Chine est déjà le deuxième marché du groupe PSA, derrière la France. Elle va bientôt accueillir sa plus grande usine. Les ambitions de PSA sont immenses. Au risque, toujours présent en Chine, de devoir laisser la majorité du capital aux partenaires locaux en cas de succès, comme GM vient d’en faire l’amère expérience.
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Royal et Hollande rêvent de voir renoncer les favoris
Pour en arriver là, il faudrait d'abord que Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, qui distancent largement leurs concurrents dans les sondages, sortent du jeu. L'un comme l'autre envoient tellement peu de signes témoignant de leur envie d'être candidats que certains commencent à s'interroger : et si le directeur général du Fonds monétaire international et la première secrétaire renonçaient… L'incertitude permet à chacun d'échafauder des scénarios alternatifs. Les entourages des favoris démentent. «Dominique n'est pas Jacques Delors», disent les uns. Favori dans l'opinion en 1994, l'ancien président de la Commission européenne avait décliné. «Martine se prépare», assurent les autres.
Mais le doute s'est installé. Sur DSK d'abord. «Il n'y a plus beaucoup de gens pour croire au retour de l'imam caché. Les chiites sont minoritaires», s'amuse un responsable de la gauche du PS en maniant la référence religieuse à cette figure messianique de l'islam. Doute ensuite sur la volonté et les chances d'Aubry: «Dans une primaire sans DSK, personne ne fait plus de 30%. Les candidats sont ramenés à une échelle humaine», affirme Pierre Moscovici. Un membre du PS envisage un autre scénario: «Si Ségolène continue de monter et dépasse Martine dans les sondages, Aubry perdra sa qualité d'être celle qui fait barrage à Royal. Dans ce cas, les socialistes pourraient se retourner vers Hollande.»
L'hypothèse d'un effondrement des favoris est volontiers alimentée dans l'entourage de François Hollande. «Ces deux candidats potentiels peuvent ne pas l'être, même si c'est pour des raisons différentes», dit-on. Le député de l'Essonne Julien Dray théorise de son côté un «désistement en série» qui permettrait à l'ancien premier ministre Laurent Fabius de tenter sa chance. Les cartes du jeu seraient alors totalement rebattues.
Mais si le match Royal-Hollande nourrit tant les fantasmes, c'est aussi pour une autre raison, qui mêle vie privée et vie publique. Les deux responsables ont mis un terme à leur vie commune après la présidentielle de 2007. Entre eux, les relations sont toujours compliquées. Ségolène Royal évite de prononcer le nom de François Hollande. Tout au plus parle-t-elle de «l'ancien premier secrétaire». Le député de Corrèze, de son côté, a plus de facilité à évoquer la campagne présidentielle de son ex-compagne. Il distingue la «vie publique» d'aujourd'hui et sa «vie antérieure» . Récemment, il a évoqué dans Gala sa nouvelle compagne en parlant de la «femme de sa vie». «Ça pourrait lui coûter cher» durant les primaires, murmure-t-on au sein du parti: preuve que les affaires privées peuvent avoir des conséquences politiques.
Comment imaginer une compétition qui les oppose sereinement ? «En 2006, ils ne pouvaient pas être candidats l'un contre l'autre pour des raisons évidentes. Mais en 2011, qu'est-ce qui les en empêche ?», conclut un proche de l'ex-premier secrétaire. Techniquement, rien. D'ailleurs, François Hollande l'envisageait lui-même dès août 2007, comme le rapportait Le Point: «Tout est imaginable.»
Trois mois de conflit : les gagnants, les perdants
Le chef de l'Etat entend cependant rebondir et capitaliser sur cette séquence mais il va prendre son temps. Il souhaite laisser retomber passions et tensions avant d'engager à la mi-novembre une nouvelle étape de son quinquennat; sa coloration sera sociale assurément. Le remaniement annoncé il y a quatre mois mettrait en piste un Jean-Louis Borloo Premier ministre à la tête d'une équipe gouvernementale resserrée et expérimentée. Nicolas Sarkozy entend mener à bien, d'ici l'élection présidentielle, le chantier de la dépendance des personnes âgées, de l'assurance maladie et de la désindustrialisation d'une partie croissante du territoire français. S'il réussit son virage social dans les mois qui viennent, il pourra lors de la campagne présidentielle se vanter de n'avoir pas cédé à la rue sur les retraites, alliant donc la fermeté à l'équité. Mais la reconquête d'une opinion fatiguée après cette bataille va prendre du temps.
François Fillon : chef de majorité imperturable
Depuis trois ans, le Premier ministre s'était bien gardé de se mettre en avant, soit par choix, soit par impossibilité du fait de l'hyper présidence de Nicolas Sarkozy. Pendant le conflit des retraites, plus dur et long que prévu, il a du mouiller la chemise. L'affaiblissement politique du ministre censé porter la reforme, Eric Woerth, et la diffusion du mécontentement dans différents secteurs de l'opinion a rendu la parole de François Fillon quasi obligatoire, à plusieurs reprises. L'Elysée a usé de l'arme Fillon sans compter. A l'Assemblée, c'est le Premier ministre qui a ferraillé avec l'opposition dans les moments les plus cruciaux, suscitant à chaque fois un tonnerre d'applaudissements des députes UMP admiratifs de la pugnacité du chef de leur majorité. Sur les plateaux de télévision, c'est François Fillon qui est allé dire aux Français que le pouvoir ne céderait pas sur une reforme présentée comme cruciale pour le pays. Résultat de cette séquence plus impliquant, la cote de popularité du Premier ministre a quelque peu pâli, notamment chez les sympathisants de gauche. Mais dans l'électorat de droite, sa posture de général en chef imperturbable continue d'être plébiscitée, ce qui rend son probable départ de Matignon particulier.
Jean-Louis Borloo : première épreuve difficile
Impitoyable système médiatique qui juge un "Premier ministre" trois semaines avant qu'il soit même nommé. Et le résultat n'est pas fameux. En effet, depuis le mois d'août, le ministre de l'Ecologie a si bien organisé sa campagne de com' pour incarner le successeur naturel de François Fillon que dans toutes les bouches, il ne fait guère de doute qu'il atterrira bien à Matignon en novembre. Mais la vie politique est tout sauf un scénario prévisible. Son souhait de rester discret dans les medias jusqu'à cette échéance est en effet venu se heurter au durcissement du conflit et à son extension aux raffineries. En tant que ministre en charge du secteur des Transports, il a été place en première ligne pour gérer la pénurie de carburants, cette pénurie qu'il a justement eu tant de mal à admettre au début, provoquant la colère de certains collègues du gouvernement et notamment du premier d'entre eux, François Fillon.
Martine Aubry : un gain politique limité
L'impopularité record de Nicolas Sarkozy fait-elle le bonheur de la chef de l'opposition ? La crise sociale a-t-elle propulsé Martine Aubry en figure incontestée de l'alternance en 2012 ? La réponse est non. Certes, la Première secrétaire du PS a mené avec les deux présidents de groupe, à l'Assemblée et au Sénat, une bataille parlementaire remarquée et unitaire. Certes, Martine Aubry a permis, et ce n'est pas une mince victoire, aux socialistes de retrouver toute leur place dans les manifestations et le mouvement social. Mais tout le monde s'accorde à dire, et en premier lieu à Solferino, que le gain politique de cette victoire pour Martine Aubry n'est pas décisif. Elle a su jusque là accompagner la colère de nombreux Français contre cette reforme mais sans leur proposer encore un débouché politique naturel.
Coincée entre son aile gauche très présente et son aile réformiste, la patronne du PS n'a pas réellement renforcé la crédibilité économique et sociale de son parti pendant le conflit. Un seul chiffre : fin septembre, 63% des Français disaient ne pas croire à l'engagement des socialistes de revenir aux 60 ans pour l'âge légal de départ en retraite, un point sur lequel les dirigeants de Solférino ont entretenu le flou. Le travail sérieux du parti autour du contre-projet de reforme des retraites n'a pas été assez mis à profit, en raison du manque de mot d'ordre clair. "La référence aux 60 ans nous a ramenés au passé. Peut-être aurions-nous dû plus nous concentrer sur l'injustice globale d'une réforme ringarde", souligne un député strauss-kahnien. Reste que dans les sondages, après une bataille difficile sur le plan idéologique pour la gauche, Martine Aubry reste à un haut niveau, notamment en raison de sa cote chez les sympathisants PS. Sa stratégie de conquête des cœurs du peuple de gauche en vue des primaires est en marche.
Les syndicats : unis et responsables
Si la France reste l'un des pays les moins syndiqués au monde, jamais ses syndicats n'ont reçu autant de fleurs. De la droite, de la gauche, du centre, les compliments ont été permanents pendant les trois mois du conflit. Très soucieux de ne pas se mettre trop à dos les centrales réformistes comme la CFDT, la CGC, la CFTC ou même la CGT, l'Elysée a loué sans arrêt leur "esprit de responsabilité". L'alliance entre François Chérèque et Bernard Thibault a permis aux différentes forces politiques de compter avec un point de repère dans cette bataille où le risque de débordement était réel. Les syndicats ont affiché tant bien que mal, jusqu'au bout, une unité jamais vue depuis des décennies. Et sur les plateaux de télévision, leur connaissance du dossier et leurs qualités pédagogiques ont fait leur effet. La façon dont François Chérèque et Bernard Thibault ont mouché le ministre de l'Industrie Christian Estrosi dans l'émission Mots croisés sur France 2 la semaine dernière, avec la complicité de la patronne du Medef Laurence Parisot, a été remarquée. Combattifs pendant le mouvement, les syndicats se montrent ouverts lors de la sortie de crise, mettant aujourd'hui l'accent sur les difficultés de la jeunesse, notamment sur le front de l'emploi. Résultat de leur travail depuis des mois, les centrales syndicales voient 57% des Français se déclarer satisfaits de leur action, selon un sondage IFOP publié lundi dernier.
Retraites : vous avez dit "baroud" ?
Des dispositions du bouclier fiscal et de l'ISF jugées contraires au droit européen
La Commission européenne a demandé à la France, jeudi 28 octobre, de modifier partiellement sa législation sur le bouclier fiscal et l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), afin de se mettre en conformité avec les principes du droit européen. La Commission, gardienne des traités européens, a envoyé à Paris un "avis motivé", deuxième étape d'une procédure d'infraction européenne. La France dispose maintenant d'un délai de deux mois pour modifier sa législation, faute de quoi la Commission pourra décider de saisir la Cour de justice européenne.
La Commission ne conteste pas le principe du bouclier fiscal, qui plafonne les impôts directs à 50 % des revenus d'un contribuable. Mais elle estime que "certains aspects de son application sont contraires au droit européen, notamment en ce qui concerne les personnes pouvant bénéficier du bouclier fiscal et les impôts pris en compte dans son calcul", explique-t-elle dans un communiqué. Dans le détail, Bruxelles conteste le fait que le bouclier fiscal ne s'applique pas aux personnes qui ne sont pas fiscalement domiciliées en France, quand bien mêmes elles perçoivent l'essentiel de leurs revenus en France. Cette limitation "va à l'encontre de la libre circulation des personnes et travailleurs", juge-t-elle.
La Commission conteste par ailleurs l'application du dispositif de plafonnement prévu pour l'ISF, qui a pour but d'éviter que le total formé par cet impôt et l'impôt sur le revenu excède 85 % des revenus nets imposables du foyer fiscal. "L'application de ce plafonnement contrevient au droit européen de la même manière que le bouclier fiscal, dans la mesure où le plafonnement ne s'applique qu'aux personnes domiciliées en France", explique la Commission.
DES IRANIENS RÉFUGIÉS à ATHÈNES SE COUSENT LA BOUCHE POUR OBTENIR L'ASILE
Le 20 octobre, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Manfred Nowak, a qualifié le système d’asile grec de “dysfonctionnel” et a accusé le gouvernement de “créer des conditions catastrophiques” pour les réfugiés. À l’issue d’une visite d’inspection de dix jours pendant laquelle il a visité des dizaines de prisons, des postes de police, des hôpitaux et des centres de rétention administrative, le rapporteur a pu constater que des détenus étaient enfermés jusqu’à six mois dans des cellules surpeuplées et sales, mal ventilées et insuffisamment éclairées. Les détenus n’auraient par ailleurs qu’un accès limité aux soins médicaux, aux avocats et aux interprètes. Le rapporteur spécial de l’ONU a enfin relevé “de nombreuses allégations cohérentes” concernant des passages à tabac par des policiers, même s’il manquait “de preuves médico-légales” pour les corroborer.
Vidéo : Premier jour de grève de la faim en face de l’Université d’Athènes. Video postée sur Youtube le 14 Octobre
Nous avons décidé de faire cette grève de la faim – et même de nous coudre les lèvres pour certains – parce que notre situation ici, en Grèce, est absolument insupportable et que, jusqu’à présent, l’ensemble de nos démarches sont restées sans effet. La seule réponse que nous avons eu du gouvernement, nous l’avons eu par les médias. Ils disent que nous bluffons, que nous faisons cela pour le spectacle. Mais nous n’étions que 25 au début et nous avons été rejoints par 20 autres demandeurs d’asile depuis le début de notre grève de la faim – y compris des familles avec enfants. Seraient-ils venus si nous bluffions ?
La Grèce est comme une prison, nous sommes coincés ici. Nous sommes obligés de rester sur le territoire pendant tout le temps de l’examen de nos dossiers, alors que la procédure peut prendre des années. Un homme qui manifeste avec nous est ici depuis plus de douze ans et sa demande d’asile n’a toujours pas été traitée ! S’ils nous attrapent alors que nous tentons de partir vers un autre pays européen, nous serons immédiatement expulsés vers l’Iran. Mais nous ne pouvons pas retourner là-bas, car nos vies sont en danger. Nous avons donc fait appel aux ambassades des pays de l’UE afin qu’ils déposent, pour nous, des demandes d’asile en dehors de la Grèce.
Quand je suis arrivé il ya quatre ans à la frontière turque, j’ai été arrêté et enfermé dans un centre de détention de la ville frontalière de Feres. Je suis resté là pendant plus de trois mois, dans une cellule exiguë où s’entassaient entre 20 et 40 personnes, selon les jours. Il y avait des hommes, des femmes, parfois même des enfants. Il faisait sombre et c’était sale. Nous avons dormi à même le sol. Il n’y avait pas de couvertures pour tous. Ils nous donnaient un seul repas par jour, nous avions toujours faim et soif. Plusieurs fois, j’ai été témoin de prisonniers bastonnés par les gardiens, juste parce qu’ils avaient dit ou fait quelque chose qui ne plaisait pas. Pourtant, nous ne sommes pas des criminels ! “
On aperçoit enfin le bout du tunnel. Les signes annonciateurs de la sortie de crise sont multiples : au plan politique, le vote des deux Assemblées est acquis et il ne restera que l’obstacle du Conseil constitutionnel à franchir avant la promulgation de la loi par le président de la République. Sur le terrain, la remise en marche des raffineries est en cours, les dépôts de carburants débloqués vont permettre le retour à la liberté de circulation. L’intervention tardive des étudiants et les manifestations de ce jeudi et du samedi 6 novembre vont ressembler à des barouds d’honneur avec les risques de débordement que cela peut provoquer.
Mais l’essentiel est joué et pour s’en convaincre il suffit de décoder les discours à la radio et à la télévision. François Chérèque pour la CFDT est déjà passé à autre chose, en l’occurrence les mesures à négocier pour l’emploi des jeunes et des seniors, tandis que le socialiste François Hollande parle du mouvement au passé et se projette vers l’élection présidentielle de 2012.
Cette fin de partie marquera une victoire pour le président de la République qui a été déterminé et tenace mais c’est d’une amère victoire qu’il s’agit dès lors que la bataille de l’opinion et de la communication a été perdue et qu’une grosse moitié du pays a approuvé sans discontinuer les opposants à la réforme.
Par sa politique sécuritaire de l’été et par sa fermeté dans l’épreuve, Nicolas Sarkozy a rallié l’ensemble de la majorité de droite, ce qui devrait lui assurer un noyau dur pour un premier tour de présidentielle autour de 30 %. Mais c’est une autre affaire de reconquérir une majorité des Français au second tour ! La reconquête du centre va donc devenir l’impératif prioritaire pour 2011-2012. Cela passe par le retour à « un ordre juste », comme dirait Mme Royal car le sentiment d’injustice fut un moteur du mouvement. Cela passe aussi par une véritable ouverture sociale en direction des classes populaires ; cela passe enfin par la nomination du Premier ministre le plus adéquat pour cette dernière phase du quinquennat. Jean-Louis Borloo apparaît, malgré quelques faiblesses, le meilleur pour le job.
Tout a été dit sur la réforme des retraites. Le contraire, aussi. Chaque argument brandi par le gouvernement, les syndicats ou l'opposition ne recèle que cette part de vérité que l'on veut entendre pour rester sourd aux autres. Car dans ce débat, tout est sujet à caution, hormis l'évolution démographique qui pousse à une réforme. Toutefois, dans la réflexion et le consensus. Un consensus qui a nécessité une dizaine d'années en Suède dont le modèle est aujourd'hui envié.
Mais apparemment en France, il y avait urgence jusqu'à tailler cette réforme (provisoire) à la hache. Au nom de qui, de quoi ? Des marchés financiers qui ne prêtent qu'aux « riches », aux pays les mieux notés ? C'est-à-dire à ceux qui réduisent leurs dépenses en commençant par le social, selon l'implacable logique néo-libérale qui, si on la suit jusqu'au bout du raisonnement, mènera un jour à la suppression de l'Etat dépensier. Au nom de l'Europe rêvant toujours des critères de Maastricht et aveuglée par son dogmatisme monétariste ? Pour le plus grand profit des autres acteurs de la mondialisation, Chine et États-Unis.
Ou bien y avait-il urgence à se mettre au diapason de Berlin, ce nouveau « phare » de la politique française, comme l'était Londres durant la IIIe République ? C'est oublier que la retraite allemande à 67 ans, montrée en exemple par le gouvernement, ne s'appliquera (peut-être) qu'en 2027. C'est oublier l'essentiel, le revenu sur lequel sont prélevées les cotisations, donc à l'origine des retraites à payer, qu'elles soient de base ou complémentaires. Un ouvrier allemand de l'automobile avec un salaire mensuel de 3000 € dispose forcément d'autres moyens que son homologue français. Surtout, c'est omettre la flexibilité du système allemand avec ses préretraites, ses multiples exceptions et ses faibles « décotes ». Ainsi outre-Rhin, pour le régime de base, une personne qui ferait valoir ses droits à pension avec 35 années de cotisation subirait une décote d'environ 7% contre 25% en France...
Les disposition légales sur la retraite cachent de multiples particularismes d'un pays à l'autre, voire à l'intérieur d'un même pays (en France subsistent toujours 38 régimes différents). Décider sans tenir compte de la pléthore des cas particuliers est un non sens. Curieusement, c'est aussi ce que disent nos parlementaires... quand il s'agit de leurs propres et confortables retraites financées à 90% par le contribuable. Mais soyons justes, ils viennent de faire un sacrifice, en réduisant leur pension de 8% dès janvier, soit l'équivalent du 13e mois... Que celles et ceux qui croient un jour percevoir - ou perçoivent déjà - un treizième mois de retraite lèvent le doigt !
Martine, Cécile, Jean-Luc, Olivier et les autres, probablement quelques centaines de milliers d'autres, défileront aujourd'hui dans les rues de France. Pendant ce temps, Nicolas sera à Bruxelles, pour parler du G20 à ses camarades européens… Notre Président ne pouvait marquer plus nettement sa volonté de tourner la page : la réforme des retraites est votée - circulez, et même manifestez si vous voulez, il n'y a plus rien à voir. Quoi qu'en disent Martine Aubry et ses compagnons de manifestation, c'est vrai dans l'immédiat : la séquence « retraites » est close. Dès ce soir, nous assisterons donc à l'ouverture de la séquence « G20 », programmée sur plusieurs mois, bientôt entrecoupée de l'épisode « remaniement ». Pour reparler des retraites, il faudra sans doute attendre 2012. Mais bien malin qui peut dire aujourd'hui qui aura alors raison, de Martine, Nicolas ou les autres…
À force de le dire, ça a fini par arriver : le mouvement s’essouffle. Mais pas l’angoisse du pays, qui porte les ferments d’autres révoltes. Si le rêve d’un “grand soir” s’éloigne, la peur des lendemains s’installe.
Le “déclin de la France” a cessé d’être une vague appréhension. Le spectre d’une précarité croissante, sur fond de chômage et de mondialisation, hante les familles. Aurait-on vu, sinon, des jeunes défiler pour la retraite des vieux ?
Le pouvoir l’a bien compris. Au prix d’un bel effort, le chef de l’Etat appelle ses troupes à éviter tout triomphalisme. Le “bras de fer” remporté contre les syndicats ne suscitera aucune fanfaronnade. Le vote définitif de la réforme ne sera pas brandi comme un trophée élyséen. Pas question d’aller fêter ça au Fouquet’s, même en passant par la porte de derrière !
Disciplinés, les ministres répètent à l’envi que le conflit n’a fait “ni gagnant, ni perdant”. Une véritable rengaine. Chacun récite, au mot près, la consigne venue d’en haut.
Il s’agit, désormais, de montrer patte de velours. D’abord, deux manifestations restent programmées, aujourd’hui et le 6 novembre. Mieux vaut ne pas trop souffler sur les braises.
Ensuite, l’échéance de 2012 approche. D’ici là, Nicolas Sarkozy devra se rabibocher avec les partenaires sociaux. Et aussi avec le peuple, avant que la sanction des sondages ne se retrouve dans les urnes.
Ca chauffe entre le couple Merkel/Sarkozy et l'UE
A la veille du sommet européen de Bruxelles, et face aux vives critiques de ses partenaires, la chancelière allemande a réaffirmé ce mercredi la nécessité de changer le traité de Lisbonne pour imposer à l'UE plus de discipline budgétaire et garantir sa stabilité.
Lancée la semaine dernière à Deauville par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy (photo ci-contre), l'idée de changer le traité de Lisbonne pour pérenniser le mécanisme d'aide aux pays en difficulté dans la zone euro provoque un tollé. Le sujet sera largement abordé jeudi et vendredi à Bruxelles à l'occasion du sommet européen. Et, à la vue des dernières déclarations des différents protagonistes, il promet de faire des vagues.
Concrètement, l'Allemagne pousse à l'adoption d'une procédure codifiée de défaillance d'un Etat, qui fasse payer aussi aux détenteurs de dette publique les pots cassés en cas de déroute financière. Les responsables politiques allemands parlaient ainsi il y a quelques mois de procédure de mise en faillite, Berlin préfère maintenant le terme de "mécanisme de crise". Pour l'instant, Angela Merkel a donc reçu le soutien de poids de Nicolas Sarkozy.
Mais cette proposition suscite de fortes réticences. Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, l'estime dangereuse. "Cela peut conduire principalement à ce que des investisseurs en Europe ne s'engagent plus dans l'achat d'obligations", prévient-il. La République tchèque émet également des réserves. Autre proposition sensible : la possibilité pour un pays d'être suspendu de ses droits de vote au conseil des ministres des Finances lorsqu'il s'éloigne du cadre budgétaire européen.
Surtout, autant que le fond, la proposition franco-allemande irrite sur la forme. "Les décisions de l'Union européenne ne sont pas prises à Deauville", ironise ainsi la commissaire européenne Viviane Reding, ce qui a donné un nouvel échange verbale acerbe avec Paris après la polémique sur les Roms. Angela Merkel a quant elle répliqué que "sans un accord entre la France et l'Alllemagne, pas grand chose n'est possible". Pas sûr que cette remarque, bien que plutôt juste, ne plaise aux autres membres de l'UE ou à la Commission européenne.
Revendications européennes, propositions américaines, réplique chinoise… A l'approche du sommet du G20 à Séoul, les échanges s'imposent enfin au coeur du débat sur le pilotage de l'économie mondiale, au-delà de la guerre des changes. Il était temps. D'abord parce que l'apparition d'excédents commerciaux massifs comme celui de la Chine, contrepartie de déficits tout aussi massifs comme celui des Etats-Unis, a joué un rôle majeur dans la crise financière. Beaucoup de pays excédentaires ont accumulé d'énormes réserves de change, générant une création de liquidités sans précédent, d'où une fantastique bulle de crédit. Ensuite, parce que la liberté du commerce est menacée. Dans les actes : le comité indépendant Global Trade Alert, animé par Simon Evenett, professeur à l'université de Saint-Gall, a recensé 746 coups de canif donnés contre le libre-échange depuis le premier sommet du G20, il y a deux ans, où les participants s'étaient engagés à renoncer à toute tentation protectionniste. Et plus encore dans les esprits : l'idée qu'une fermeture des frontières réglerait bien des problèmes revient de plus en plus souvent. Avec les élections à venir et la persistance d'un chômage élevé, la pression risque de devenir de s'accroître.
Reste à savoir comment mieux gérer les échanges. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a lancé l'idée d'un engagement des pays excédentaires à limiter leur surplus courant à 4 % du PIB. La Chine, qui devrait être cette année au-dessous de 5 %, envisagerait de l'accepter. Mais la mise en oeuvre d'un tel principe pourrait déstabiliser les gros exportateurs de pétrole comme le Koweït (30 % d'excédent !) et le Nigéria. Et pénaliser l'Allemagne (6 %) ou la Suisse (10 %), car une chute de l'excédent suppose une accélération forte de la demande intérieure, peu probable outre-Rhin, ou un freinage de l'activité. La France en sait quelque chose : passant d'un excédent de 2 % du PIB à un déficit de 2 % en moins d'une décennie, elle y a laissé un demi-point de croissance par an. Bruxelles envisage de faire pression sur la Chine pour accéder à ses terres rares et à ses marchés publics. Là encore, le chemin est périlleux. Non balisé par les règles de l'Organisation mondiale du commerce, il risque de déboucher sur un bras de fer, à l'issue incertaine. Des pays peuvent prendre des initiatives individuelles. Mais la liberté et l'équilibre des échanges sont des biens publics mondiaux. Leur avenir se fabriquera ou se dissoudra à l'OMC, au FMI et au G20.
Dans une quinzaine de jours, le G20 se tiendra à Séoul. Ses membres pourront s'y féliciter du travail accompli pour domestiquer le monde bancaire depuis avril 2009, date de leur première réunion à Londres. A raison, d'ailleurs, puisque la liste des nouvelles normes imposées aux établissements de crédit en dix-huit mois est déjà longue : encadrement des bonus, réforme financière américaine, « Volker rule », Bâle III, pour ne citer que les principales. Au final, la liberté et le champ d'action des banques s'en trouvent limités. Résultat, le secteur bancaire dans son ensemble est désormais beaucoup mieux encadré. Et il le sera encore davantage lorsque la délicate question des plus grandes banques, celles qui font peser un risque sur l'ensemble du système, aura été tranchée.
L'économie mondiale y a-t-elle gagné en sécurité ? Sans doute. Pour autant, le problème de fond, lui, est loin d'être réglé. Le risque systémique n'a pas été éradiqué, il a simplement été déplacé. Au cinéma, on dirait qu'il a été mis hors-champ, c'est-à-dire qu'il n'apparaît plus sur l'écran radar des régulateurs. Car, loin de disparaître, les activités les plus risquées du « casino banking » sont en train de migrer vers le monde des fonds alternatifs. C'est le cas notamment de la très lucrative gestion pour compte propre, désormais bannie des établissements américains. En fin de semaine dernière, la firme d'investissement dans le non-coté KKR annonçait le recrutement d'une équipe de « prop'trading » de Goldman Sachs. D'autres devraient suivre.
Au total, ce seront des bataillons entiers de traders qui passeront avec armes et bagages de la lumière à l'ombre. Ils y trouveront un environnement familier dans lequel il n'existe aucune contrainte en matière de rémunération ou de fonds propres. Car cet univers du « private equity » et des « hedge funds » est le grand oublié de la nouvelle réglementation. Il faut dire qu'il n'a pas connu d'accident grave pendant la crise. Mais en ne lui imposant pas un cadre plus strict - comme c'est encore le cas dans la directive européenne en cours d'adoption -, les régulateurs prennent le risque qu'il ne prospère en toute discrétion. Il pourrait ainsi suivre à son tour le chemin emprunté par les banques d'investissement au cours des années 2000 et donner naissance à des géants bancaires occultes qui ne seraient pas Goldman Sachs ou Morgan Stanley, mais Blackstone, KKR ou Fortress. Des maisons dont l'impact systémique en cas de défaut seraient potentiellement aussi dévastateur que celui d'un Lehman Brothers.
Une version multimédia de "La Cène" de Léonard de Vinci à New York
L'expérience représente "une manipulation de lumière, de son et d'illusion théâtrale" qui crée "un environnement dynamique et permet de voir l'oeuvre de Léonard de diverses façons", poursuit le communiqué de l'Arsenal, une ancienne armurerie située au nord-est de Manhattan sur Park Avenue.
L'exposition comporte une réplique exacte de la peinture murale réalisée au XVe siècle sur une paroi du couvent de Santa Maria Delle Grazie à Milan, considérée comme une des oeuvres majeures de l'Occident.
L'original mesure 4,6 mètres de haut sur 8,8 mètres de long, tout comme la version "revisitée" par Greenaway, qui sera exposée du 3 décembre au 11 janvier prochains.
Les visiteurs pourront d'abord voir pendant 40 minutes une animation sonore et visuelle autour de la peinture de la Renaissance.
Ils passeront ensuite dans une salle qui recréera le couvent milanais pour y admirer la copie de la "Cène", et pourront également voir une autre performance multimédia réalisée par Peter Greenaway autour des "Noces de Cana" de Paul Véronèse.
"Peter Greenaway conduit le visiteur à travers des chorégraphies qui déstructurent et reconstruisent l'oeuvre de Léonard dans une incroyable fantaisie multimédia", a déclaré Rebecca Robertson, présidente de l'Arsenal.
Greenaway a réalisé des expériences semblables avec "Ronde de nuit" de Rembrandt en 2006 à Amsterdam, avec la "Cène" de Leonardo en 2008 à Milan et avec les "Noces de Cana" à la Biennale de Venise l'an dernier.
La peinture est un art omniprésent dans l'oeuvre cinématographique de Peter Greenaway, à qui l'on doit notamment "Le ventre de l'architecte" (1987), "Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant" (1989) ou "The Pillow Book" (1996).
«Depuis un mois et demi, nous avons vu beaucoup de défilés, entendu beaucoup de slogans, mais que faites-vous, cher ami manifestant, des Français qui n'étaient pas dans la rue au cours de ces journées - disons, en moyenne, 64 millions selon la police, 62 millions selon les syndicats, puisque nous sommes à peu près 65 millions à vivre dans notre beau pays ? Même si vous n'évaluez qu'à 5 % la proportion de ceux qui approuvent la réforme des retraites, ils forment une troupe supérieure en nombre à celle des manifestants. Mais évidemment, ils font moins de bruit… -Votre ironie est déplacée : on sait que l'opinion nous approuve. Les sondages le disent clairement. -Oui, comme ils annonçaient clairement, à la veille de l'élection présidentielle de 2002, un score très serré au premier tour entre Chirac et Jospin, ou encore, en 2005, la victoire du oui au référendum sur le Traité constitutionnel européen… -Vous utilisez une vieille tactique : briser le thermomètre pour nier la maladie. -C'est que votre thermomètre me paraît très rudimentaire. Les réactions instantanées d'un millier de personnes, choisies et interrogées selon des méthodes assez peu contrôlées, ne confèrent pas un brevet de légitimité aux démonstrations de rue ni aux blocages. Placer la représentativité de cet échantillon au-dessus de celle du Parlement, c'est s'engager sur une voie dangereuse. -Arguties… Vous savez bien que la réforme est rejetée par les Français. -Une réforme n'est-elle politiquement acceptable que si elle est populaire ? Ce serait une bonne définition du populisme… Et puis, le discours de vos amis est incohérent : si le peuple est massivement derrière eux sur une question aussi importante, alors il est hors de doute que l'équipe actuelle perdra les élections de 2012. Or la gauche assure qu'elle abolira la réforme. Peut-être les manifestants craignent-ils qu'une fois revenue au pouvoir elle ne tienne pas toutes ses promesses ? Horrible soupçon… »
L'art de la guerre cybernétique
Etre fonctionnaire n'est plus la bonne planque
Le fonctionnaire – contrairement au salarié du privé – non seulement ne pouvait pas être licencié, mais il avait la garantie que son employeur ne ferait pas faillite. Toutefois, depuis que la crise grecque a rappelé à l’Europe que même un Etat peut faire banqueroute, le fonctionnaire ressemble de plus en plus à n’importe quel autre salarié. Le mythe de l’emploi à vie s’est envolé. Tous les gouvernements européens – des Britanniques libéraux aux Français étatistes – se sont mis, pour réduire les déficits colossaux et rassurer les marchés, à baisser les salaires, à supprimer les primes et à diminuer le nombre d’employés de la fonction publique.
Le record est détenu par le Premier minisre britannique David Cameron, avec la suppression de 490 000 “civil servants” par la Spending Review (le budget prévisionnel de l'Etat). En réalité, le nombre de postes supprimés pourrait être plus élevé : d’après le Chartered Institute of Personnel and Development ou CIPD (Institut, habilité par la Chartre Royale, pour la Formation et la Gestion du Personnel), il y aura “750 000 suppressions d’ici 2015-2016, si la coalition respecte son programme de dépenses à long terme”. Les personnes partant à la retraite ne seront pas remplacées ; et un grand nombre de fonctionnaires seront tout simplement licenciés.
Salaires gelés ou baissés, postes et primes supprimés...
En France, Nicolas Sarkozy a décidé de bloquer les salaires et de ne pas remplacer la moitié des fonctionnaires partant à la retraite. Depuis 2007, 100 000 postes ont disparu ; et en 2011, 31 638 autres postes seront supprimés. Au Portugal, après avoir gelé les salaires en 2010, le socialiste José Sócrates annonce deux autres coups de hachoir : d’un côté, une réduction des salaires de 5%, de l'autre, une interruption des promotions et des embauches.Au début du mois, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a affirmé qu’il faudra attendre trois ans avant que les “funcionarios” récupèrent la baisse de salaire de 5% du printemps dernier. En Irlande, qui a connu une réduction des salaires publics de 14%, l’accord entre le gouvernement et les syndicats pour restreindre davantage les acquis des fonctionnaires est actuellement en suspens.
En Grèce, le gouvernement de George Papandréou a baissé les salaires publics, gelé les embauches, augmenté l’âge de départ à la retraite et supprimé les primes aux treizième et quatorzième mois. Début octobre, les vacataires du ministère de la Culture ont occupé l’Acropole pour manifester contre le non-renouvellement de leur contrat, rejoignant ainsi la cohorte des contrôleurs aériens, portuaires et ferroviaires en grève depuis des mois.
Même l'Eurocratie est touchée
Le 21 septembre dernier, la République tchèque a assisté à la plus importante manifestation depuis la chute du communisme : 40 000 fonctionnaires ont défilé dans les rues de Prague pour s’opposer à la baisse des salaires de 10% prévue par le gouvernement. En Hongrie, le Premier ministre, Viktor Orbán, a limité le nombre d’achat de voitures de fonction et de téléphones portables pour les fonctionnaires. En Lettonie, les employés du secteur public ont perdu en moyenne 30% de leurs revenus.Tous les pays sont touchés, y compris la riche Allemagne : Angela Merkel a annoncé la disparition de 15 000 fonctionnaires d’ici 2014.L’austérité a fini par toucher la nouvelle frontière de l'emploi public : celle riche, cosmopolite et enviée des fonctionnaires de l’Union européenne. Face à ces restrictions budgétaires, la Commission européenne fait appel à des travailleurs intérimaires et propose des contrats à durée déterminée, renonçant ainsi à regonfler les rangs des permanents de l’Eurocratie. Après avoir diminué de moitié les augmentations de 2010, elle veut à présent réduire de 0,4% le salaire des eurocrates.
Le Sénat veut féminiser la direction des grandes entreprises
La proposition prévoit un objectif au 1er janvier 2016 de 40 % de femmes dans les conseils d'administration des entreprises, des établissements publics à caractères administratif, industriel et commercial avec un palier minimal de 20 % de femmes d'ici trois ans. Les CA sans femme devront en nommer au moins une dans les six mois suivant la promulgation de la loi.
Les entreprises concernées seront les 650 sociétés cotées en Bourse mais également les sociétés employant au moins 500 salariés et réalisant un chiffre d'affaires d'au moins 50 millions d'euros.
Le non-respect des quotas par les entreprises entraînera des sanctions. Le Sénat a supprimé la sanction de nullité des délibérations pour ne retenir que celle de nullité des nominations. Il a également introduit un mécanisme de punition financière, avec une suspension temporaire des jetons de présence. Cette décision a été saluée par les sénateurs PS, qui souhaitaient toutefois une suspension définitive.