TOUT EST DIT

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mercredi 23 novembre 2011

L’Allemagne, comme la Grèce, a maquillé ses comptes !

Selon un article du Monde (lire), l’ensemble des grands argentiers européens (ministres, banquiers, institutionnels) affirment que l’Allemagne a truqué son déficit. 

En son temps, la Grèce, sur les conseils des experts du Goldman-Sachs, a maquillé son déficit pour le « cacher sous le tapis » (voir).
C’est aujourd’hui au tour de l’Allemagne de voir  ses manipulations dévoilées.
Selon les spécialistes, la méthode allemande apparaît plus « maline » que la méthode grecque: beaucoup d’emprunts allemands engagés pendant la crise n’ont pas été réalisés par le Trésor Fédéral Allemand, mais par des Fonds Fédéraux Spéciaux (les « Sondervermögen »).
Comment ça marche ?
L’Etat Fédéral dispose de 14 fonds spéciaux, créés par l’article 48 de la loi d’organisation financière allemande.
Ces Fonds permettent de réaliser des emprunts pour soutenir des secteurs ou des politiques, sans que l’Etat Fédéral ne soit impliqué. Il s’agit « d’opérateurs », ou d’une « externalisation des engagements« .
Grâce à cette méthode, l’Allemagne est parvenu à maquiller une partie de son déficit, qui est supérieur de 2 points au déficit affiché et de sa dette qui est, en réalité, bien supérieure à 60% du PIB.
Jusqu’à présent, les marchés n’ont pas trouvé d’intérêt à contester la validité des chiffres allemands.
Cependant, alors que la croissance de son PIB devrait passer de 3% à 1%, certains spéculateurs à la baisse pourraient attaquer l’Allemagne et utiliser cette information.
Un tel aveu viendrait porter un coup considérable à la stabilité de la zone euro, dont le dernier Etat vertueux et dynamique serait perdrait la confiance des marchés.
On peut dire que son avenir ne tient plus qu’à la volonté des marchés financiers de se voiler la face… mais jusqu’à quand ?
Retrouvez l’article sur le blog de Aktès en cliquant ici.

Samaras s'engage pour le plan UE, veut changer certaines politiques

 Le dirigeant du parti de droite grecque, Antonis Samaras, a indiqué mercredi dans une lettre adressée aux créanciers du pays (UE-FMI-BCE) qu'il soutenait les objectifs du plan européen de sauvetage de la Grèce, qui requiert néanmoins selon lui quelques modifications dans sa mise en oeuvre.


La Nouvelle Démocratie (droite grecque) soutient pleinement les objectifs d'ajustement budgétaire sur l'élimination du déficit public et l'inversion de la dynamique de la dette, écrit M. Samaras, soulignant qu'il croit cependant que certaines politiques doivent être modifiées pour garantir la réussite du plan.

La lettre d'une page et demie a été envoyée au président de la Commission européenne José Manuel Barroso, au chef de file des ministres des Finances la zone euro Jean-Claude Juncker, au nouveau président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi et à la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI) Christine Lagarde.

M. Samaras dit également être en faveur des outils déjà utilisés quoique mal utilisés, tels que la réduction des dépenses publiques, la lutte contre l'évasion fiscale, les réformes structurelles et le programme de privatisations.

Au plan budgétaire, nous croyons que certaines politiques doivent être modifiées afin de garantir la réussite du plan, poursuit-il dans sa lettre. ceci d'autant plus que, selon les dernières prévisions économiques de l'Union européenne, la Grèce sera en 2012 le seul pays européen à traverser sa cinquième année consécutive de récession ! ajoute-t-il.

M. Samaras, qui s'est récemment rallié à l'idée d'un gouvernement d'union nationale avec les socialistes et l'extrême droite pour sauver la Grèce de la faillite, avait jusqu'à présent refusé de s'engager par écrit sur l'accord conclu fin octobre à Bruxelles concernant le deuxième plan de sauvetage du pays, un engagement qu'exigeaient ses créanciers.

A la suite d'un appel de M. Barroso lundi, la chancelière allemande Angela Merkel a aussi exhorté mercredi le parti conservateur grec à s'engager sur les réformes nécessaires destinées à garantir le versement d'un prêt vital pour Athènes, jugeant son opposition d'autant plus regrettable qu'elle émanait de sa propre famille politique.

Guéant accuse Hollande d'organiser "l'abaissement de la France" à l'ONU

Le ministre de l'intérieur Claude Guéant a accusé, mercredi 23 novembre, François Hollande d'"organiser l'abaissement de la France dans les instances internationales" en proposant que son siège au Conseil de sécurité de l'ONU soit attribué à l'Union européenne.

Claude Guéant a expliqué avoir "découvert une phrase de l'accord entre les Verts et les socialistes tout à fait étonnante puisque les deux partis, donc M. Hollande, proposent qu'au Conseil de sécurité [de l'ONU], ce soit désormais un représentant de l'Union européenne qui siège et que, par conséquent, la France n'y siège plus". Le ministre a ajouté trouver "ça très étonnant", "extraordinaire" et méritant "d'être connu des Français".

Selon l'accord PS-EELV, en cas de victoire de la gauche aux élections du printemps, "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global : siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de Sécurité, renforcement du rôle des ONG."

Les deux formations n'ont pas précisé dans ce texte si le siège européen qu'ils appellent de leur voeu devait remplacer celui occupé actuellement par la France au Conseil de sécurité, où siège également, comme autre pays européen, la Grande-Bretagne.

HOMMAGE A DANIELLE 

Projet UMP : Sarkozy sceptique sur la suppression des 35 heures

Lors d'une réunion d'arbitrage à l'Élysée, le président a exprimé ses réserves sur la mesure-phare du projet économique de l'UMP.


 Mesure-phare du projet présidentiel de l'UMP, la réforme des 35 heures pourrait bien finir au placard. Nicolas Sarkozy n'entend pas reprendre cette proposition à son compte. C'est ce qu'il a signifié lundi soir au patron du parti majoritaire Jean-François Copé, et à Bruno Le Maire, le responsable du projet, lors d'une réunion d'arbitrage du projet à l'Élysée. "Ce point a suscité un débat. Nicolas Sarkozy a argumenté, chacun s'est exprimé", reconnaît Valérie Rosso-Debord, députée proche de Jean-François Copé.

Même si le président n'a pas souhaité aller jusqu'au veto, l'Élysée confirme son scepticisme. "Nicolas Sarkozy est inquiet au sujet des allègements des charges", explique un conseiller du président. Ces allègements sont censés compenser le surcoût des 35 heures pour les entreprises et protéger les emplois non qualifiés. S'ils étaient supprimés, "cela reviendrait à augmenter le coût du travail et risquerait d'entraîner une hausse du chômage", explique ce proche de Nicolas Sarkozy. Et de résumer : il n'est pas "fanatique" de cette solution. Le chef de l'État l'avait d'ailleurs déjà laissé entendre en janvier dernier, lorsque l'aile libérale de l'UMP incarnée par Hervé Novelli avait dévoilé cette proposition controversée.
Une mesure pour les députés
À l'UMP, on admet que le projet pour 2012 - qui sera ficelé et chiffré autour de la mi-décembre - ne peut être qu'une "boîte à outils" pour le chef de l'État. Libre à ce dernier, qui ne compte pas déclarer sa candidature avant fin janvier, de choisir ensuite les thèmes forts de sa campagne. "Le projet du parti majoritaire n'engage pas totalement le président", explique-t-on à l'Élysée.
Alors simple faire-valoir, le projet UMP ? Non, répond Valérie Rosso-Debord. "Les propositions qui ne seront pas reprises par le chef de l'État pour la présidentielle - notamment celle des 35 heures - pourront faire partie de la plate-forme législative portée par l'UMP à l'Assemblée", assure-t-elle. Une façon de ne pas perdre la face.

Nouvelle publication massive d'e-mails de chercheurs sur le climat

La méthode, le contenu, jusqu'au pseudonyme utilisé : tout, ou presque, rappelle l'affaire dite du "climategate". Ce mardi, un nouveau dossier contenant des e-mails présumés de la Climatic Research Unit (CRU), un département de l'université d'East Anglia, en Grande-Bretagne, a été publiés sur Internet. Le fichier a depuis été supprimé.

Une personne se faisant appeler "foia", en référence au Freedom Of Information Act, qui permet aux citoyens du Royaume-Uni de demander l'accès à tout document du service public, a transmis à un blog un lien vers un fichier contenant 5 000 e-mails, auxquels s'ajoute un dossier encrypté contenant, selon "foia", 220 000 messages supplémentaires.

Dans un bref communiqué, l'université d'East Anglia a reconnu que les 5 000 messages pourraient être authentiquement des courriels échangés par ses chercheurs. Selon l'université, aucune faille de sécurité récente n'a été détectée dans son infrastructure informatique ; elle laisse entendre que les messages pourraient provenir de l'ensemble des documents présumés piratés en 2009.

TEMPÊTE POLITIQUE
Cette année-là, un certain "foia" avait transmis à des blogs de climatosceptiques un premier lot de messages échangés par les chercheurs de la CRU. Elle affirmait qu'ils contenaient la preuve que certains scientifiques avaient délibérément occulté ou modifié des données pour accréditer leur démonstration de l'importance du réchauffement climatique.
La publication des documents avait coïncidé avec la tenue d'un important sommet international sur le réchauffement climatique à Copenhague. La CRU, une partie importante de la communauté scientifique et des hommes et femmes politiques avaient alors dénoncé une tentative de manipulation visant à faire échouer le sommet. Certains pays, dont l'Arabie saoudite, avaient effectivement profité de la publication des documents pour remettre en question la réalité du réchauffement climatique.
Mais les chercheurs de la CRU avaient été rapidement blanchis par une enquête parlementaire, qui concluait que leurs recherches étaient conformes aux pratiques en vigueur. Ce "climategate" avait toutefois rouvert le débat sur l'accès aux données scientifiques. La CRU se refusait notamment à rendre publics certains relevés de températures, expliquant qu'ils étaient le fruit d'une collaboration internationale entre plusieurs équipes de chercheurs et qu'ils ne pouvaient donc pas prendre seuls l'initiative de les publier. L'enquête parlementaire avait également montré que certains e-mails avaient été effacés par le directeur de la CRU pour éviter qu'ils puissent tomber sous le coup d'une demande de Freedom Of Information Act.

ENQUÊTE AU POINT MORT
Après la publication des documents, l'université avait porté plainte contre X, s'estimant victime d'un piratage informatique. Mais l'enquête, toujours ouverte deux ans après les faits présumés, est toujours au point mort.
Dans un point d'étape sur l'enquête, publié par la police après une demande basée sur le… Freedom Of Information Act (PDF), la police du Norfolk expliquait en mai dernier que l'enquête était toujours en cours. "Les investigations se poursuivent et plusieurs enquêteurs continuent de travailler avec des organisations spécialisées pour faire aboutir cette enquête. Il serait prématuré de nous prononcer davantage à ce stade de l'enquête."
Plusieurs éléments tendraient à montrer que les messages auraient pu être hébergés sur un serveur mal sécurisé. L'hypothèse d'un piratage politique, exécuté par des pirates russes, a été défendue par certaines organisations écologistes et scientifiques, mais aucune preuve n'a pour l'instant été apportée de l'implication de pirates étrangers. Certains climatosceptiques ont également évoqué la piste d'une fuite d'origine interne, là non plus sans qu'aucune preuve soit apportée.

UN ÉTRANGE MESSAGE DE REVENDICATION
Principale différence avec la publication précédente, "foia" a, cette fois, inclus un message de revendication dans le dossier publié. Il y explique avoir sélectionné les 5 000 messages après des recherches dans l'ensemble de la base de données, auxquels il a ajouté ses propres remarques.
Surtout, dans une sorte de mini-manifeste, "foia" explique que "plus de 2,5 milliards de personnes vivent avec moins de deux dollars par jour. Chaque jour, près de 16 000 enfants meurent de faim et des maladies liées à la malnutrition. Si un dollar peut sauver une vie, l'inverse est nécessairement vrai. La pauvreté est une sentence de mort. Les états doivent investir 37 trilliards de dollars dans les technologies de l'énergie d'ici à 2030 pour stabiliser leurs émissions de gaz à effets de serre. Les décisions que nous prenons aujourd'hui devraient être basées sur l'ensemble des informations à notre disposition, et non en cachant le déclin", faisant vraisemblablement allusion par ce dernier terme aux émissions de gaz à effet de serre, l'auteur semblant considérer que des informations accréditant les thèses climatosceptiques figurent dans les documents.
Pour l'université d'East Anglia, la publication des documents serait plutôt "une tentative, minutieusement préparée, pour relancer une controverse sur le changement climatique dont la recherche scientifique a démontré qu'elle était sans fondement dans trois études séparées et indépendantes".

Et maintenant, allemand pour tous

"L'Europe parle allemand !", se réjouit le député allemand Volker Kauder. Attention à l’excès de confiance, met en garde la Berliner Zeitung. Ce n’est pas à cela que ressemble une fédération de démocraties libres. 

Quand Gerhard Polt a sorti au cinéma son formidable “Man spricht deutsh”, en 1988, on pouvait rire de bon cœur, et en toute innocence, de cette caricature des touristes allemands en Italie. Deux ans avant la réunification, il était indéniable que le chauvinisme empreint de condescendance des Allemands était certes monnaie courante dans les campings et autour des Stammtische [grandes tables réservées où se retrouvent des habitués], mais aussi que la politique de la RFA était profondément européenne, en pensée comme dans la pratique, et n’avait rien d’hégémonique.
Aujourd’hui, l’essayiste britannique Timothy Garton Ash préconise l’introduction d’un nouveau verbe dans la langue anglaise : to kauder. La définition : tenir des propos de comptoir sur la scène politique européenne. Il faisait ainsi référence au discours du chef du groupe CDU-CSU [au Bundestag] Volker Kauder le jour du congrès du parti. Ce proche de la chancelière Angela Merkel avait évoqué les événements de la semaine avec éloquence : “Aujourd’hui, tout d’un coup, l’Europe parle allemand !”

La satire devenue réalité

Volker Kauder ne faisait pas allusion au projet auquel s’accroche vainement la CDU de faire de l’allemand la langue d’usage à Bruxelles, mais au diktat de l’Allemagne imposant à ses voisins de mener une politique d’épargne et de stabilité, en d’autres termes une politique d’austérité. Moins de vingt-cinq ans après le film, la satire est devenue réalité.
L’Europe redoute l’hégémonie allemande quand les Allemands n’y trouvent rien à redire. Pour leurs dirigeants, c’est un succès. La conclusion des touristes du film de Gerhart Polt – l’Italie serait un beau pays s’il n’y avait pas les Italiens – est désormais reprise dans le quartier du gouvernement, à Berlin.
Après les désastres de la politique hégémonique allemande, que nous devons à Bismarck, Guillaume II et Hitler, et qui ont finalement conduit à une déchéance politique et morale totale de la nation allemande, l’intégration de la RFA dans la communauté européenne (occidentale) a toujours eu deux objectifs : le retour du pays dans la communauté internationale et une assurance contre ses ambitions hégémoniques.
C’est le mérite historique de Konrad Adenauer, de Willy Brandt et de Helmut Kohl que d’avoir conduit cette politique de manière à la fois crédible et fructueuse sur plusieurs décennies. Mais, lorsqu’on a entrevu, en 1990, qu’une Allemagne unifiée nettement plus puissante que les deux fragments d’Etat qu’étaient la RFA et la RDA allait émerger au cœur de l’Europe, les voisins de l’Allemagne, et certains cercles allemands, se sont demandé si cette politique allait pouvoir durer.
Helmut Kohl et les siens ont répondu avec Thomas Mann : “Nous ne voulons pas d’une Europe allemande, mais d’un Allemagne européenne.” Comme en gage de bonne volonté, ils ont même renoncé au mark, symbole aimé et choyé du miracle allemand de l’après-guerre.
Cependant, cette évolution s’est accompagnée d’un changement de mentalité qui, insidieux au départ, n’est apparu concrètement pour la première fois qu’avec le jugement de la Cour constitutionnelle sur le traité de Lisbonne en 2009. Celle-ci a souligné la souveraineté de l’Etat allemand comme si l’objectif était une Europe allemande. Mais il a fallu attendre la crise de l’euro pour que cette interprétation juridique ne devienne une pratique politique nettement plus rigide que toutes les décisions des juges de Karlsruhe.

Angela Merkel a une passion pour l'Europe

D’une certaine manière, il faut reconnaître à Volker Kauder le mérite de s’être affranchi des formules diplomatiques compassées avec ses fanfaronneries arrogantes et péremptoires. Peut-on encore parler d’Europe démocratique, égalitaire et diverse quand, sous la houlette de l’Allemagne, on impose aux pays du Sud de la zone euro, comme s’ils n’avaient pas le choix, la politique d’austérité échafaudée à Berlin et mise en œuvre par de prétendus gouvernements d’experts ? Et puis comment concilier la pression politique exercée par Berlin sur la Banque centrale européenne avec l’indépendance que celle-ci ne cesse de proclamer ?
Au crédit d’Angela Merkel, on peut dire qu’elle n’a pas cherché à endosser ce rôle directeur. Pourtant la puissance économique de l'Allemagne, qui a été d’abord le fruit d’un euro prospère, puis d'une politique d’austérité ces dernières années, oblige désormais la chancelière à exercer un leadership selon les intérêts allemands.
C’est ainsi que le projet de référendum en Grèce a été qualifié de menace, que la France a été poussée à emboîter le pas de l’Allemagne, et que la voie suivie débouche finalement sur un noyau dur d’inspiration allemande, composé des pays de la zone euro – et peut-être bientôt des seuls pays les plus solides de la zone euro.
Le fait qu’Angela Merkel vienne de se découvrir une passion pour l’Europe est une bonne nouvelle. Mais il s’agit d’une tout autre Europe que la fédération de démocraties libres et égales dont ses précurseurs avaient rêvé jadis.

Une rigoriste peu rigoureuse

Berlin se pose en havre de stabilité au cœur de la crise – et les marchés financiers y croient. Pourtant, le pays ne respecte pas tous les critères de discipline budgétaire. Une attitude à la fois arrogante et dangereuse. 

Les investisseurs des marchés financiers et les dirigeants politiques allemands n’ont en réalité que peu de choses en commun : en règle générale, les premiers ne comprennent pas pourquoi les seconds ont besoin de tant de temps pour appliquer les décisions prises lors des sommets de crise. A l’inverse, les premiers sont les boucs émissaires tout désignés des seconds dès qu’il s’agit d’attribuer à quelqu'un la paternité de la crise.
Etonnamment, les uns et les autres tombent néanmoins d’accord sur un point : leur opinion de la politique budgétaire allemande. Jugée solide, elle est érigée en exemple pour tous les pays endettés du Sud de l’Europe. Même si les faits disent tout à fait autre chose, personne ne veut vraiment remettre en question cette vérité générale.

Un modèle pas si rigoureux

Ce qui permettait au chef du groupe CDU-CSU [au Bundestag], Volker Kauder, de jubiler récemment lors du congrès du parti : en Europe, désormais, "on parle allemand". Ce chauvinisme fier-à-bras résume plutôt bien la politique de sa chancelière. Depuis l’éclatement de la crise de l’euro au printemps 2010, le leitmotiv d’Angela Merkel peut se formuler ainsi : si tout le monde était aussi fort que les Allemands pour faire des économies, il n’y aurait pas de problèmes.
Il faut reconnaître une chose à Angela Merkel : elle a été manifestement très convaincante. Les investisseurs des marchés financiers, en tout cas, ont visiblement cru la chancelière. Tandis qu’ils imposent une hausse des taux d’intérêt à la quasi-totalité des autres pays de la zone euro pour les achats d’obligations d’Etat, ils donnent leur argent quasiment pour rien au ministre des Finances allemand.
Les arguments rationnels ne permettent guère de comprendre comment nous en sommes arrivés là. Naturellement, si l’on y regarde d’un petit peu plus près, on s’aperçoit que des pays comme l’Espagne ou l’Italie ne vont pas aussi mal, loin de là, que l’envolée de leurs taux d’intérêt ne le laisserait penser. Et que l’Allemagne, plus particulièrement, n’est pas le modèle de rigueur qu’elle prétend être.
Dans ses derniers pronostics, la Commission européenne table sur un taux d’endettement de 81,7% du produit intérieur brut (PIB) pour l’Allemagne en 2011. C’est nettement plus que le plafond des 60% prescrit par le Pacte de stabilité européen – ce même pacte dont le gouvernement fédéral rebat les oreilles des pays du Sud de l’Europe, et qu’il aimerait tant renforcer. Qui veut prescrire un durcissement des règles ferait mieux de s’y conformer lui-même.
Jean-Claude Juncker, le chef du gouvernement luxembourgeois, est donc en droit de s’irriter du paternalisme allemand. Malgré la crise qu’elle traverse, l’Espagne est par exemple beaucoup plus proche de respecter le pacte de stabilité, avec un taux d’endettement de 69,6%, que l’Allemagne. Même les Néerlandais (64,2%) ou les Finlandais (49,1%) sont mieux placés que les Allemands pour se poser en gardiens européens de la discipline budgétaire.

Le made in Germany fabriqué à des coûts avantageux

La seule chose qui incite aujourd’hui à faire confiance aux finances publiques allemandes est le ratio de déficit relativement faible du pays, c’est-à-dire l’endettement supplémentaire rapporté à la performance économique. Le fait qu’il soit largement inférieur à celui des pays en crise du Sud de l’Europe a de multiples raisons – dont aucune, cependant, n’est liée à l’image de modèle de rigueur que se donne volontiers le gouvernement.
Au contraire : l’Allemagne n’épargne pas. Les dépenses du budget fédéral ont même augmenté récemment et devraient tourner autour des 300 milliards d’euros dans les années à venir, selon le budget prévisionnel. Le programme d’austérité adopté dans l’effervescence à l’automne dernier a aussi peu évolué que la règle d’or que les Allemands colportent si volontiers en Europe.
Si le ratio de déficit baisse, c’est uniquement du fait de la conjoncture favorable de ces derniers dix-huit mois. Elle a permis à l’Allemagne d’engranger des recettes fiscales plus élevées que prévues tout en dopant le PIB. Comme il est calculé sur la base de l’endettement supplémentaire, le ratio déficit-PIB recule. Mais cela n’a pas grand-chose à voir avec les mesures d’austérité.
La bonne santé économique du pays jusqu’à présent n’est pas le résultat d’une ascèse – ou en tout cas, pas de celle de l’Etat. Si le made in Germany est aussi prisé à l’étranger, c’est surtout grâce aux employés allemands qui fabriquent des produits de qualité à des coûts relativement avantageux.
En faisant avec arrogance l’éloge de la discipline de l’Etat allemand, le gouvernement actuel fait beaucoup de dégâts en Europe. En Grèce, en Espagne ou en Italie, où ils étaient estimés pour leurs vertus – en tout cas autrefois – les Allemands sont désormais considérés comme des pères-la-rigueur arrogants qui veulent apprendre aux gens du reste du continent comme ils doivent vivre et travailler. Cela ne pourra pas fonctionner indéfiniment.