La plus vieille chaussure en cuir jamais découverte a près de 5 500 ans, et son état de conservation est incroyablement bon, révèle une étude scientifique menée par une équipe internationale et dont les résultats ont été publiés sur le site américain PLos One, mercredi 9 juin.
Découverte en 2008 dans une caverne située dans la province arménienne de Vayotz Dzor, région frontalière de l'Iran et de la Turquie, le soulier est fait d'un seul morceau de cuir, probablement une peau de bovidé, et a visiblement été travaillé pour épouser le pied droit de celui ou celle qui le portait. Elle était maintenue fermée par un lacet en cuir introduit dans une vingtaine d'œillets.
Lors de sa découverte, la chaussure était remplie d'herbe séchée mais les chercheurs ne peuvent déterminer si cette herbe visait à garder le pied au chaud ou à conserver la forme du soulier. Impossible également de déterminer si le soulier appartenait à un homme ou une femme, a observé Ron Pinhasi, un archéologue du College Cork en Irlande, principal auteur des recherches. Ses dimensions, qui correspondent à un 37, auraient en effet pu être celles d'un homme de l'époque, ces derniers étant de plus petite taille qu'aujourd'hui. Par ailleurs, précise l'étude, la taille ainsi que la forme des pieds peuvent sensiblement différer d'un groupe ethnique à un autre.
UNE CONCEPTION PARTICULIÈREMENT SOPHISTIQUÉE
L'étude souligne en outre que la conception de la chaussure, une pièce de cuir attachée par des liens plus ou moins complexes, se retrouve largement à travers l'Europe et à travers les époques préhistoriques, ce qui suggère que ce type de soulier a été porté pendant peut-être plusieurs milliers d'années et dans des régions très éloignées les unes des autres. Il est par ailleurs possible, selon les auteurs de l'étude, que ce type de chaussure – très élaborée pour l'époque – ait été inventé à un endroit, puis diffusé à travers l'Europe au fil du temps.
Ces hypothèses ne pourraient cependant être confirmées que si un grand nombre de chaussures préhistoriques étaient découvertes dans toute l'Eurasie. Seule conclusion solide, et pas des moindres : cette découverte montre clairement que l'usage de la chaussure en Europe est probablement bien plus ancien qu'on ne le pensait jusqu'à présent.
UNE CHAUSSURE ANTÉRIEURE À ÖTZI, "L'HOMME DE GLACE"
Les chercheurs ont souligné que la caverne bénéficiait d'un environnement sec, frais et constant, ce qui a créé des conditions de préservation exceptionnelles, non seulement pour cette chaussure, mais aussi pour les différents objets qui y ont été découverts, tels de grands récipients dont beaucoup contenaient du blé, de l'orge, des abricots et d'autres plantes comestibles. Une épaisse couche de fumier de chèvre recouvrait également le sol de la caverne ce qui a, en séchant, littéralement scellé les objets recouverts, les préservant pour des millénaires.
"Nous pensions tout d'abord que le mocassin et les autres objets contenus dans la caverne dataient seulement de 600 à 700 ans car ils étaient en très bon bon état", explique Ron Pinhasi. Ce n'est qu'après avoir envoyé ces objets dans deux laboratoires, un à l'Université d'Oxford (Grande-Bretagne) et l'autre en Californie, où ils ont été datés au radiocarbone, que les chercheurs ont réalisé que le mocassin était antérieur de plusieurs centaines d'années à ceux portés par Ötzi, l'humain congelé et déshydraté depuis plus de 5 000 ans, découvert fortuitement en septembre 1991 à 3 200 mètres d'altitude à la frontière austro-italienne. Jusqu'à présent, les souliers d'Ötzi étaient considérés comme les plus vieux au monde.
jeudi 10 juin 2010
La plus vieille chaussure du monde découverte en Arménie
Le tocsin allemand
François Mauriac disait qu'il aimait tellement l'Allemagne qu'il préférait qu'il y en ait deux. Il fut bien servi. Jusqu'en 1989, après que le mur de Berlin se fut écroulé.
Sans doute Nicolas Sarkozy préférerait-il aussi qu'il y ait deux Allemagne, tant il est vrai que, malgré les dénégations officielles, le fossé se creuse à grande vitesse entre nos deux pays. Deux logiques s'affrontent. Deux logiques apparemment inconciliables. Celle du pessimisme actif (Merkel) et celle de l'optimisme volontariste (Sarkozy).
Le chancelier Kohl disait naguère avec humour noir: «Nous sommes un drôle de peuple. Quand tout va bien autour, il se terre dans la cave et fait sonner le tocsin.» Alors, quand tout va mal...
N'en déplaise aux souverainistes, dont les lunettes idéologiques brouillent la vue, avec la création de l'euro l'Allemagne a fait don à l'Europe de sa personne ou, du moins, ce qui revient à peu près au même, de sa monnaie forte, le mark, la chair de sa chair. Une bonne affaire pour nous tous, sur le Vieux Continent. Notamment pour les laxistes, réfugiés derrière le paravent germanique.
Mais, devant le laisser-aller des Grecs et des autres, qui a entraîné le fiasco que l'on sait, l'Allemagne rêve désormais, inconsciemment ou non, de reprendre son bien: ce capital monétaire que ses partenaires ont lamentablement dilapidé, en poussant au bout une philosophie que Louis-Ferdinand Céline avait bien résumée : «On ne meurt pas de dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire.»
Si l'Europe court un risque aujourd'hui, c'est bien que l'Allemagne quitte l'euro. Européenne mais pas trop, la chancelière est donc plus que jamais en position de force. Par notre faute, après trente ans de mauvaise gestion.
SeinProthèses défectueuses, 400 femmes portent plainte
Les porteuses de prothèses mammaires PIP ont rendez-vous ce matin au tribunal de grande instance de Marseille, où plus de 400 plaintes seront déposées contre la société Poly Implant Prothèse (Var), fabriquant des prothèses défectueuses. L’affaire a été révélée il y a deux mois. Le 30 mars dernier, l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé retirait du marché les prothèses. L’Afssaps avait constaté un taux de rupture anormal des implants, utilisés en chirurgie esthétique et pour la reconstruction post-cancer. Le silicone employé était également différent de celui qui avait été déclaré. PIP a été placé en liquidation judiciaire. Dans la région, les femmes n’ont pas été épargnées. Elles témoignent.
Les porteuses de prothèses mammaires PIP ont rendez-vous ce matin au tribunal de grande instance de Marseille, où plus de 400 plaintes seront déposées contre la société Poly Implant Prothèse (Var), fabriquant des prothèses défectueuses. L’affaire a été révélée il y a deux mois. Le 30 mars dernier, l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé retirait du marché les prothèses. L’Afssaps avait constaté un taux de rupture anormal des implants, utilisés en chirurgie esthétique et pour la reconstruction post-cancer. Le silicone employé était également différent de celui qui avait été déclaré. PIP a été placé en liquidation judiciaire. Dans la région, les femmes n’ont pas été épargnées. Elles témoignent.
Deux femmes, quatre prothèses PIP posées il y a quelques
mois pour masquer les traces d’un cancer dévastateur, et autant de « bombes à retardement », dit l’une d’elles. Pour Marie (1) et Valérie, soignées dans des établissements de la région, l’enjeu de l’action en justice qui démarre aujourd’hui à Marseille n’est pas d’obtenir la prise en charge financière du remplacement des prothèses défectueuses. Ni le dédommagement du préjudice subi. C’est au-delà. « J’en veux à ces gens qui fraudent, à tous ceux qui ne respectent pas l’autre. C’est écœurant. Mais je me demande si ça vaut le coup. Ce n’est pas ça l’important. L’important, c’est d’être vivant, ce n’est pas de faire un procès », souligne Marie, qui n’exclut pas de rejoindre la lutte, même si « pour le moment », elle se « dit non » : « On est confronté à tellement de choses difficiles… Les sentiments affluent ».
Pour Valérie, attaquer en justice, c’est aussi dire non. Non à une grande incompréhension, « comment, aujour- d’hui encore, on peut vendre des prothèses qui ne sont pas conformes ? » Non à cet inacceptable supplément de souffrance imposé à des vies trop malmenées. « Quand la prothèse de mon sein gauche s’est fissurée, j’ai cru que c’était un cas isolé », se souvient-elle. Elle « fait le rapprochement » lorsque le scandale est révélé, fin mars. Aujourd’hui, ces derniers mois de souffrance restent aigus : « La rupture de la prothèse a été tellement brutale que j’ai déclenché une forte fièvre, avec des convulsions. La première chose que je fais chaque matin en me levant est de regarder si mon sein droit n’est pas enflé, j’attends avec impatience de changer la prothèse. J’avais accepté qu’on m’enlève un sein sans que le cancer soit déclaré, parce qu’il y avait un trop gros risque. Je ne voulais pas avoir à le surveiller tous les six mois. Ce n’est pas pour surveiller ma prothèse tous les six mois », résume-t-elle.
« En vingt ans de maladie, j’ai subi sept interventions, les défectuosités des prothèses, j’en ai plein le dos », témoigne encore Marie, qui raconte le cancer et ses rechutes, les multiples prothèses qu’il faudra changer, des anciens modèles en sérum physiologique aux PIP remplies de « gel frelaté », de ce « gel dégueulasse », qui lui fait penser à un scandale plus ancien, « quand on avait découvert de l’huile de vidange dans des sardines à l’huile ». Elle explique : « Lorsque l’affaire a été révélée, je l’ai occultée pendant quelques jours. Puis j’ai regardé mon numéro de lot en espérant que je passerais à travers… Mais personne ne passera à travers. Encore une fois, le ciel me tombe sur la tête. J’ai tellement l’habitude… Je n’en fais pas une affaire personnelle, c’est une question globale de santé publique. J’aurais pu avoir un moment de répit, je ne l’ai pas. Je sais que ces prothèses, il faudra les enlever. Encore des consultations, une anesthésie. Je vais replonger dans le monde des malades, pour six mois de plus de ma vie. Repasser sur le billard et peut-être que cette fois je vais y rester. Parce que des gens ont fraudé. Parce qu’ils n’ont pas fait leur boulot. Ce n’est pas rien. »
Quoi qu’en disent les messages rassurants de l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, qui conseille juste pour l’instant un suivi régulier des femmes concernées : « Je ne suis pas particulièrement anxieuse. Mais qu’est-ce qu’on en sait, que ce n’est pas très grave sur le plan médical ? On ne sait pas. Cette affaire, ce n’est rien que pour ceux qui n’ont rien. »
La BCE devrait poursuivre sa politique de liquidités
Sur fond de nouvelles tensions sur le marché interbancaire, la Banque centrale européenne devrait, de l'avis d'économistes, maintenir le cap de sa politique monétaire lors de la séance de son Conseil des gouverneurs d'aujourd'hui.
Le retrait des mesures non conventionnelles de politique monétaire n'est pas pour demain. La Banque centrale européenne (BCE), qui réunit aujourd'hui son Conseil des gouverneurs, devrait, de l'avis d'économistes, se dire prête à poursuivre sa politique généreuse d'allocation de liquidités. « La BCE ne peut pas faire grand-chose d'autre que de continuer à proposer des liquidités pour le marché. Elle doit tenir compte d'un contexte actuel qui s'est nettement tendu sur le marché interbancaire », estime Ulf Krauss, économiste sur les marchés obligataires à la banque Helaba. Les prêts entre banques en viennent à se renchérir ces derniers temps, car de nombreux établissements ont dans leurs livres d'importants engagements dans les obligations émises pas des Etats de la zone euro qui connaissent des grandes difficultés. En dépit de confortables réserves, davantage de banques ont participé aux récentes procédures d'allocation à court terme par la BCE et des liquidités en dollar ont été recherchées. Un signe que le marché des prêts entre banques tend à s'assécher, en pouvant plonger nombre d'établissements dans l'asphyxie. La BCE va en tenir compte et, en réponse, « Jean-Claude Trichet va chercher à ramener le calme sur les marchés en expliquant que la BCE se tient garante comme prêteur de dernier ressort. Il ne peut laisser la situation empirer sur le marché interbancaire », note Ulf Krauss.
Transparence
Après les achats d'obligations d'Etat en difficulté financière par la BCE, les doutes se sont par ailleurs propagés sur le degré de priorité qu'elle accordait au strict respect d'une inflation maîtrisée. A grand renfort d'explications, la BCE a expliqué dernièrement qu'il s'agissait d'abord de rendre au marché obligataire son fonctionnement normal, en faisant baisser les rendements exigés sur la dette souveraine de certains Etats comme la Grèce. Mais le succès de cette entreprise dépendra à terme du volume d'intervention et de la rapidité à agir par l'institution. Jean-Claude Trichet est attendu ici pour faire oeuvre de transparence sur ce sujet. « Un programme de rachat limité dans le temps et en volume ne conviendrait pas à l'objectif recherché », note Michael Schubert. Les économistes n'attendent pas en revanche de commentaires sur le cours de l'euro, qui s'est installé cette semaine sous 1,19 dollar. « La BCE peut bien vivre avec ce cours », estime Ulf Krauss. L'institution doit enfin revoir ses estimations de croissance et d'inflation. Elle devrait les relever légèrement par rapport à mars, s'attendent les économistes de Commerzbank. De 0,8 %, la croissance en 2010 devrait passer à 0,9 % en zone euro et l'inflation de 1,2 à 1,4 %. Ce qui est un signe plutôt adressé en direction du relèvement des taux que d'un relâchement.
"La Coupe du monde, une aliénation planétaire"
Fabien Ollier est directeur de la revue Quel sport ? Il a publié un grand nombre d'ouvrages participant de la critique radicale du sport dont notamment L'Intégrisme du football en 2002, Footmania en 2007, Le Livre noir des J.O. de Pékin en 2008. A quelques jours de l'ouverture de la Coupe du monde de football, Fabien Ollier dresse un état des lieux sans concession de cette grand-messe planétaire orchestrée par "la toute-puissante multinationale privée de la FIFA".
Vous comparez le sport en général, le football en particulier, à une aliénation planétaire. Que vous inspire la Coupe du monde ?
Fabien Ollier : Il suffit de se plonger dans l'histoire des Coupes du monde pour en extraire la longue infamie politique et la stratégie d'aliénation planétaire. Le Mondial sud-africain ne fait d'ailleurs pas exception à la règle. L'expression du capital le plus prédateur est à l'œuvre : les multinationales partenaires de la FIFA et diverses organisations mafieuses se sont déjà abattues sur l'Afrique du Sud pour en tirer les plus gros bénéfices possibles. Un certain nombre de journalistes qui ont travaillé en profondeur sur le système FIFA ont mis en évidence le mode de fonctionnement plutôt crapuleux de l'organisation. Ce n'est un secret pour personne aujourd'hui. De plus, il y a une certaine indécence à faire croire que la population profitera de cette manne financière. Le nettoyage des quartiers pauvres, l'expulsion des habitants, la rénovation luxueuse de certains townships ont été contrôlés par des "gangs" qui n'ont pas l'habitude de reverser les bénéfices. Avec la majorité de la population vivant avec moins de 2 euros par jour, cet étalage de richesse est pour le moins contestable.
Le déploiement sécuritaire censé maintenir l'ordre, assurer une soi-disant paix civile n'est autre en réalité que la construction d'un véritable Etat de siège, un Etat "big brother". Les hélicos, les milliers de policiers et de militaires ne sont là que pour contrôler, parquer la misère et protéger le luxe, pour permettre aux pseudo-passionnés de football de "vibrer". La mobilisation de masse des esprits autour des équipes nationales induit la mise en place d'une hystérie collective obligatoire. Tout cela relève d'une diversion politique évidente, d'un contrôle idéologique d'une population. En temps de crise économique, le seul sujet qui devrait nous concerner est la santé de nos petits footballeurs. C'est pitoyable.
Pourtant, les Français sont plutôt critiques avec leur équipe nationale.
On assiste plutôt à la réduction de chaque citoyen en analyste de café des sports par un processus d'identification. C'est un supportérisme obligatoire déguisé en "pensée critique", dans les bons comme dans les pires moments. Il existe en réalité une propension du plus grand nombre à réclamer sa part d'opium sportif. Mais pour que le désamour des Français à l'égard des équipes de mercenaires millionnaires évolue en véritable prise de conscience, je souhaite que l'équipe de France ne passe pas le premier tour. Leur manière de jouer si mal tout en étalant de manière indécente un rythme de vie particulièrement nauséabond est la preuve d'une morgue terrible vis-à-vis de quelques principes éthiques et moraux élémentaires. Malheureusement, chaque victoire de l'équipe de France fait reculer de plusieurs centimètres la pensée critique dans ce pays. Je n'apprécie pas le développement du totalitarisme sportif. Nous venons d'en finir avec Roland-Garros, le Mondial prend place et nous aurons ensuite le Tour de France. Le système des retraites peut être pulvérisé en silence.
Comment appréhendez-vous alors le succès français en 1998 analysé et célébré par de nombreux intellectuels comme un événement positif dépassant le simple cadre sportif ?
La victoire de l'équipe de France a généré une défaite de la pensée. De nombreux intellectuels ont choisi de descendre dans les vestiaires au lieu de s'emparer de domaines sociopolitiques d'importance. Ils mettent en œuvre une pensée caricaturale qui consiste à constater amèrement les dérives du sport mais à noyer le tout dans un discours idéaliste sur les "valeurs positives" du sport : "Oui, le sport entraîne parfois des comportements limites mais je ne peux pas faire autrement que de m'y laisser prendre". Trop d'intellectuels ont succombé aux "passions vibratoires" et aux "extases" sportives ; ce sont eux qui légitiment à présent l'horreur sportive généralisée : violences, dopage, magouilles, crétinisme des supporters, etc.
Votre thèse réfute l'idée du football ou du sport en général comme simple reflet de la société avec son lot de violences.
En effet, une grande partie de ceux qui défendent le sport et le football les dédouanent en leur conférant un simple effet miroir d'une société violente. "On ne peut pas demander au football d'être moins violent que la société". A mon sens, il n'est pas seulement le reflet, le football est également producteur de violences sociales, générateur de violences nouvelles. Il impose un modèle de darwinisme social. Cela tient à sa structure même : le football est organisé en logique de compétition et d'affrontement. Jouer ce spectacle par des acteurs surpayés devant des smicards et des chômeurs est aussi une forme de violence. Une logique contradictoire se fait d'ailleurs jour. D'un côté, les supporters ont conscience du fait que les sportifs gagnent des sommes folles par rapport au néant qu'ils produisent mais de l'autre côté, dans une soif d'identification liée à leur propre misère, il y a une impossibilité à ne pas "rêver" devant cette marchandise vivante qui démontre que l'on peut se hisser au sommet de l'échelle.
Une autre image d'Epinal du football lui attribue un rôle d'exutoire des nationalismes et des guerres.
La symbolisation de la guerre n'existe pas dans les stades, la guerre est présente. Le football exacerbe les tensions nationalistes et suscite des émotions patriotiques d'un vulgaire et d'une absurdité éclatants. Je réfute l'idée d'un procès de civilisation. Le sport provoque une forme de violence différente, moins évidente qu'une bombe mais ne participe absolument pas à un recul de la violence. Il y a de multiples coups d'épingle à la place d'un grand coup d'épée.
Vous regrettez le ralliement de la gauche aux valeurs de droite léguées par le sport de pointe. En quoi consiste-il ?
Le sport est indéniablement politique. A ce titre, il génère des valeurs politiques. Il est intéressant d'essayer de savoir si ces valeurs sont de droite ou de gauche. Il me semble que la gauche a rompu avec ses valeurs pour se rallier au modèle de droite fondé sur le principe de rendement, de hiérarchie et de compétition. Voir Marie-George Buffet dénoncer le foot-spectacle et se retrouver en finale de la Coupe du monde 98 vêtue du maillot et criant ses encouragements à l'équipe de France, c'est assez schizophrénique. Il y a une défaite politique de la gauche vis-à-vis de la stratégie de développement capitalistique effectuée par le sport de pointe à travers les multinationales privées qui l'organisent tels que la FIFA, l'UEFA et le CIO. L'exemple de l'attribution de l'Euro 2016 à la France est frappant. A gauche, les Verts, le PCF ont signé une lettre de soutien à la FFF. Par cet acte, ils ont fourni un blanc-seing à toute forme de dilapidation de l'argent public. En période de crise, comment la gauche peut-elle ne pas être sensible à l'attribution d'une enveloppe d'1,7 milliard d'euros à la rénovation des stades ? Il paraît incroyable que cela soit des multinationales privées qui décident de ce qu'un Etat doit mettre en œuvre en matière de politique économique.
L'humour peut être féroce en politique, mais attention aux cibles faciles, surtout quand on s'en prend au physique ou à la vie privée.
Daniel Cohn-Bendit aurait-il réagi ainsi à vingt ans? Quoi qu'il en soit, le coup de gueule, samedi, du leader d'Europe Écologie devrait relancer un débat non seulement chez les politiques mais chez les humoristes ou prétendus tels. De quoi s'agit-il ? Le matin même, le numéro deux des Verts, Jean-Vincent Placé, conteste le projet de Dany - une candidature d'Éva Joly en 2012 - en qualifiant la célèbre juge de «vieille éthique». Il lui préfère une «jeune dynamique» : Cécile Duflot. «Je ne veux pas d'une organisation où on peut dire des choses comme ça ! » crie Dany. Mais n'a-t-il pas lui-même traité Placé de «crétin politique»? «Ça n'est pas la même chose, merde !»
Cibles faciles
Il a raison : ça n'est pas la même chose de critiquer les idées d'un adversaire ou de s'en prendre - comme la presse d'extrême droite des années 40 - à son physique et à sa vie privée. On se souvient des «Guignols» contre Édith Cresson lorsque François Mitterrand la nomma Premier ministre. On se souvient aussi de Roselyne Bachelot en pleurs, une émission l'ayant imaginée, à cause de son rire, dans des poses lascives. Certains cultivent ce genre : Guy Carlier, maintenant sur Europe 1, dépeint Nadine Morano «dansant de toutes ses forces... comme on imagine qu'elle fait l'amour». Il moque Ségolène Royal, son «cul en arrière comme celui des bébés qui commencent à marcher avec des couches» ou Christine Boutin, qui «réprime un rot aux effluves chargés de viennoiseries»...
Un homme brisé
Les cibles catholiques sont privilégiées. Faire de l'humour aux dépens d'un juif ou d'un musulman, c'est s'exposer, comme le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, à un tollé. Tandis qu'un catho, c'est pain bénit ! Le nouveau chroniqueur de France Inter, François Morel, se croyait donc à l'abri - au contraire de Stéphane Guillon, blâmé pour ses chroniques graveleuses sur «DSK» ou Éric Besson - en s'en prenant à un «Tartuffe » - Philippe de Villiers - à propos du drame entre deux de ses fils. Mais, vendredi, un magistrat respecté, Philippe Bilger, l'écoute. Il réagit dans son blog : «Dans tous les cas, cette affaire intra-familiale constitue un bouleversement, une dévastation, au moins un terrible chagrin»... Et de lâcher cette flèche, terrible pour les médias : «Mais Philippe de Villiers, qui n'est plus quelqu'un d'important et qu'on peut traîner sans vergogne dans la boue humoristique, n'a pas droit évidemment à cette belle tradition républicaine qui veut qu'on n'offense pas davantage un être déjà brisé par un sort privé.» J'entends déjà «Si on ne peut même plus rigoler !». Certains, pourtant, y parviennent, sans tirer au-dessous de la ceinture. Mais ceux-là ont un peu de coeur. Et beaucoup de talent.
* Christine Clerc
Le problème avec l'Iran, c'est que plus la communauté internationale le punit, plus il persiste à la narguer. À ce stade, aucune repentance n'est à attendre de la part des mollahs, et la résolution 1929, rédigée par les États-Unis et co-parrainée par l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, n'aura sans doute pas d'avantage d'effets que les trois précédentes.
L'important, c'est que des éléments nouveaux se sont faits jour durant la préparation de ce vote. Tout d'abord, au grand déplaisir des grandes puissances, le Brésil et la Turquie ont tenté de jouer leur propre partition pour ouvrir une troisième voie. Sans succès, mais l'Iran a bien compris que c'est dans l'hémisphère sud qu'il trouvera des soutiens. L'autre nouveauté, c'est que la Russie, qui soutenait mordicus le régime iranien, l'un des principaux acheteurs de ses armements modernes, a pris quelques distances avec lui. Rien de très significatif, sans doute, puisque les huit types d'armements lourds interdits à la vente à l'Iran n'incluent pas les missiles anti-aériens S-300 russes. Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, n'est pas à un paradoxe près : tout en soutenant la résolution 1929, il a qualifié les sanctions d'« inefficaces », ce que Washington et les Européens contestent. Pour autant, cette nouvelle condamnation qui vise des banques et des dignitaires du régime ne devrait pas changer grand-chose : la population ne jouira pas de davantage de liberté, mais restera persuadée que l'éventuel armement nucléaire de l'Iran serait une bonne chose. La course au nucléaire de la république chiite demeure un problème majeur, que les nouvelles sanctions n'aideront pas à régler.
Si seulement ce n'était qu'un scandale Christine Boutin ! Un coup de bec du volatile. Une petite montée d'adrénaline du mercredi. Un de ces abus, le plus souvent invisibles, qui ni vu, ni connu, sucent légalement le sang de la République à longueur de législature. Si seulement !
Le plus ridicule dans cette histoire, ce n'est même pas le sérieux du travail de l'ancienne ministre du logement, plutôt travailleuse, qui avait pondu, il y a quelques années, un excellent rapport sur les prisons, alliant sensibilité et bonne connaissance du dossier... Le plus grotesque, ce n'est même pas l'intitulé de sa mission, fumeux jusqu'au burlesque. « Les conséquences sociales de la mondialisation » : on dirait du Christian Clavier dans un dialogue des Bronzés.
Non, le plus navrant, c'est l'aveuglement constant, on oserait dire volontaire, des élites politiques françaises sur l'insaisissable train de vie de l'État. L'inutilité objective de tous ces rapports, le plus souvent intelligents, mais qui s'accumulent au fond des armoires, n'est que la partie émergée d'un iceberg de gaspillages passés en pertes et profits. Les observateurs de la vie politique sont les témoins de cette désinvolture détestable à l'égard de l'argent public. Ils ne peuvent pas dire qu'ils ne savaient pas. Mais, que voulez vous, cela fait partie du folklore national. Dénoncez les dérives et vous êtes un pisse-froid ! Pire : un démagogue populiste qui fait le jeu des extrêmes !
Pour les équipes au pouvoir ce n'est jamais le moment de faire le ménage. Trop de ministres ? Mais cela fait combien d'années qu'on entend ça... et qu'on voit arriver des cohortes de secrétaires d'État sortis du néant avant d'y retourner ? Ah, il y a aussi les cabinets pléthoriques... Vieille rengaine, mais après chaque acte de contrition, l'inflation de conseillers - pas tous indispensables - continue de plus belle... La communication gouvernementale ? Combien de campagnes ont passé la rampe pour combien de gras budgets pour des communicants amis ?
Pour les gouvernants, on dirait que ce n'est jamais le moment de montrer l'exemple. Quand le président de la République s'augmente de 140 % en toute bonne conscience, quand les ministres refusent l'idée de baisser leur salaire de 10 % (ils gagnent entre 12 000 et 14 000 € par mois) - au prétexte que c'est..., mais oui, « démagogique » bien sûr ! - comment peuvent-ils ordonner un serrage de vis général ? Tous sont les promoteurs zélés de cet « effort national » qu'ils ne vivent pas, sinon par procuration. Et dont ils s'exonèrent avec de si bonnes raisons. Pas de rigueur, effectivement, dans cette bulle ouatée dont la prétention fait sourire tout le reste de l'Europe. Le pouvoir à la française reste désespérément étanche à une décence pourtant vitale - crise ou pas ! - pour le respect et l'avenir du politique.
C'était il y a un an, le 12 juin 2009. Une élection présidentielle se jouait en Iran entre le candidat sortant, Mahmoud Ahmadinejad, et ses concurrents réformateurs. Le monde retenait son souffle, dans l'espoir d'une ouverture à Téhéran. Les Iraniens, manifestement désireux de changement, attendaient le résultat avec fébrilité. Le pouvoir commença par verrouiller les canaux d'information. Puis, par délivrer le verdict. Ahmadinejad était reconfirmé avec, officiellement, 63 % des voix. Personne n'y crut. Des centaines de milliers de manifestants, les jours suivants, descendirent dans la rue en scandant « Où est passé mon vote ? ». Un mouvement spontané, diffus, innovant, grâce à Internet, était né.
Un an plus tard, le changement n'a pas eu lieu. Au fil des mois, le régime et son principal bras armé, les Gardiens de la révolution, ont imposé une répression progressive. 170 journalistes ou blogueurs ont été arrêtés, une vingtaine de journaux suspendus, des milliers de manifestants arrêtés, souvent torturés, parfois exécutés. Selon Amnesty International, cent quinze exécutions capitales ont été pratiquées depuis janvier. Le régime a mis du temps à reprendre le contrôle de la rue. Il a dû subir de nombreuses semaines de manifestations et de contestation ouverte sur Internet - phénomène sans précédent depuis la révolution de 1979 - mais, en apparence du moins, il est parvenu à mâter le « mouvement vert », la couleur de la contestation dans les rues de Téhéran.
En apparence, seulement, car c'est un ordre plus précaire qu'il n'y paraît qu'Ahmadinejad, et derrière lui l'ayatollah Khamenei, ont imposé. « Le mouvement vert est obligé de marquer une pause, le régime est toujours là et son renversement a été un échec, affirme François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran de retour d'Iran, mais les gens ne sont pas déprimés, ils n'ont pas le sentiment d'avoir vraiment perdu et sont convaincus que leur heure viendra. La république islamique a passé un seuil, les choses ne seront plus jamais comme avant. »
L'Iran n'est d'ailleurs plus celui qui renversa le Shah. 70 % de la population à moins de 30 ans et vit désormais dans les villes. Le pays compte 3 millions d'étudiants et une majorité de femmes parmi eux. Le voile reste omniprésent, mais la femme iranienne joue un rôle de plus en plus prépondérant sur la scène sociale. Comme en Occident, cette génération est sans doute moins portée sur l'idéologie que ses pères, mais pas démobilisée pour autant et en quête de liberté d'expression. On l'a vu depuis un an.
Retranché derrière l'appareil militaro-sécuritaire, le régime en place a en outre perdu en partie une légitimité incontournable depuis 1979, celle des religieux. La plupart des responsables influents du clergé chiite critiquent le gouvernement et soutiennent le mouvement réformateur. Jusqu'où ? C'est l'une des clefs de l'avenir immédiat. Tout porte à croire que le sommet de l'État iranien est actuellement isolé, mais une structuration politique de la contestation manque encore.
Dans un tel contexte intérieur, le dossier nucléaire est un levier vital pour Ahmadinejad. Les nouvelles sanctions élaborées par les grandes puissances ont sans doute davantage le mérite de rallier Moscou et Pékin à un texte commun, que de menacer réellement le président iranien, car c'est surtout de l'intérieur que le fruit peut tomber.
Cependant, à chaque fois que l’euro s’approche trop du seuil de 1,19 dollar, la monnaie unique a tendance à rebondir. Pour l’instant, ce seuil n’est pas encore franchi mais les investisseurs s’attendent à ce que les nouvelles des prochains jours viennent faire fléchir la paire EUR/USD encore un peu plus.
Il est probable que la publication dans l’après-midi du Livre Beige de la Fed viennent porter un coup de plus à l’euro. En effet, ce rapport devrait mettre en évidence le différentiel de croissance de part et d’autre de l’Atlantique. La croissance américaine se reprend assez rapidement, bien que le chômage demeure un problème. Ainsi, il est probable que la banque centrale américaine soit amenée, plus tôt que prévu, à remonter ses taux d’intérêt.
A l’inverse, la zone euro continue de s’enfoncer dans la crise. Elle fait face à une croissance jugée plutôt molle et est soumise à la crise de la dette des Etats, avec des cas emblématiques comme la Grèce ou encore la Hongrie. Le chômage demeure un problème persistant, évoluant autour de 10% dans la zone euro avec seulement l’Allemagne qui s’en tire plutôt bien. L’annonce du retour dans la récession de la Finlande aujourd’hui a également refroidi les ardeurs des cambistes.
De plus, les rumeurs continuent de pénaliser le taux de change de l’euro. Ainsi, aujourd’hui, le ministre des Finances grec a dû démentir pour la énième fois les rumeurs concernant une faillite de son pays lors d’un point de presse. Cependant, de tels démentis ne suffisent pas à rassurer. Selon un sondage qui a beaucoup fait parler de lui, 41% des investisseurs et des analystes financiers interrogés par Bloomberg estiment que la Grèce va être contrainte d’abandonner l’euro et 73% estiment qu’une faillite du pays est probable.
Pour les analystes du marché des changes, le prochain seuil à franchir pour l’euro est celui de 1,17 dollar, soit le niveau de lancement de l’euro en 1999. Ce seuil pourrait être franchi d’ici à l’été. D’autres analystes n’hésitent pas à pronostiquer un euro à 1,10 dollar, un niveau qui date de l’été 2003. Une fois ce support atteint, plus personne ne peut vraiment juger de l’évolution de la monnaie unique européenne.
En dépit des discours qui tentent de rassurer, l’euro est affaibli mais n’est pas encore une menace pour l’économie européenne. Au contraire.
La monnaie unique européenne pourrait toutefois réserver quelques surprises, notamment face au yen. Il est probable qu’elle opère dans les semaines qui viennent un rebond momentané face à la devise nippone qui devrait être pénalisée par l’annonce de mesures d’austérité et par la déflation qui frappe l’archipel une nouvelle fois.
Répondre à un boycottage par un autre boycottage, est-ce pertinent ? Un réseau de cinémas indépendants français – Utopia – le pense, qui a choisi de déprogrammer (au moins temporairement) un film israélien, une comédie sentimentale produite grâce à un fonds de l’État hébreu d’aide à la création cinématographique, afin de marquer son opposition à la politique israélienne et à l’arraisonnement meurtrier de bateaux turcs qui tentaient de briser le blocus de Gaza.
La stratégie choisie est curieuse, quand l’on connaît l’extrême susceptibilité des milieux culturels à l’égard de tout ce qui ressemblerait à une censure, à une atteinte à la liberté d’expression. Regrettable, surtout, si l’on veut bien se souvenir que le cinéma israélien a, durant ces dernières années, offert au public international des films de grande qualité, sans complaisance, très critiques, même, à l’égard de la politique du gouvernement ou des guerres menées par Tsahal, sur les blocages de la société ou les excès de certains courants religieux : on pense à Valse avec Bachir d’Ari Folman, à Lebanon de Samuel Maoz, aux Citronniers d’Eran Riklis, à La Visite de la fanfare d’Eran Kolirin, ou encore tout récemment à Ajami, de Scandar Copti… Et tant d’autres. Financés, pour une part, par des fonds d’État, ce qui, au passage, nous rappelle la richesse du débat culturel en Israël.
Les questions ou la colère demeurent, face au blocus de Gaza, sur les moyens choisis pour stopper l’aide humanitaire. Mais l’attitude d’Utopia n’est pas la bonne. Au contraire, le rôle des « observateurs étrangers », qui vivent loin de la zone de conflit et doivent se garder d’alimenter les haines, c’est de donner de l’écho à ceux qui, de l’intérieur, avec courage et talent, veulent faire bouger les certitudes et les frontières. Le boycottage, que l’on a cru un temps abandonné, a été confirmé hier par la codirectrice du réseau, revendiquant le pacifisme et la visibilité du geste. S’est-elle demandé s’il ne contribuait pas à élever des murs plutôt qu’à les abattre ?
Sale temps pour les privilèges : quand la crise met tout le monde à cran, mieux vaut cacher ses bonnes fortunes. Madame Boutin en fait l'amère expérience. L'ancienne ministre s'était vu offrir une mission sinécure à 9500 euros, pour calmer ses ardeurs présidentielles. Pratique sans doute discutable, mais trop répandue depuis trop longtemps pour faire vraiment scandale. Du moins par temps calme, car la crise aiguise rancœurs et jalousies. Résultat : haro sur la missionnaire. Mais elle n'est pas seule à subir la mauvaise humeur du temps. Hier, c'était les Bleus. C'est aussi Nicolas Sarkozy, tous les jours, et selon les jours Martine Aubry ou Ségolène Royal. L'atmosphère est au lynchage, avec la ronde des populistes de tous horizons, où Noël Mamère donne la main à Jean-Marie Le Pen et Rama Yade. Comme cela n'est pas près de finir, un conseil aux Bleus : gagnez, ou vous serez lynchés.
A la différence de François Mitterrand, Nicolas Sarkozy n'est pas Dieu. En tout cas pas surnommé comme tel. Sinon, il eût été facile de se demander si une main divine ne s'était pas penchée sur le sort de Christine Boutin. Car franchement, se voir attribuer une mission à 9 500 euros par mois au moment où l'on envisage un coup de rabot sur les dépenses d'un Etat exsangue, relève du miracle. Un peu comme si le pape était intervenu pour faire plier le chef de l'Etat. A moins que l'ancienne ministre, grande croyante et pratiquante, n'ait été touchée par la grâce après s'être directement entretenue avec le Seigneur. Quoi qu'il en soit, la révélation de cette mission, confirmée par l'intéressée, a de quoi choquer l'opinion. Pour des raisons d'économie budgétaire certes, mais aussi pour le montant des émoluments qui paraît disproportionné au regard des responsabilités confiées à l'ex-députée, et enfin pour l'objectif qu'elle est censée remplir et qui a trait aux plus démunis. C'est toujours étrange de voir certaines bonnes âmes se mettre avec force faste au service de la pauvreté. Surtout aux frais d'une puissance publique qui, pour l'heure, n'est pas chiche avec ses parlementaires à la retraite... Mais c'est encore plus gênant de devoir s'interroger sur l'éventuelle contrepartie négociée entre la "missionnée" et le président. Nicolas Sarkozy a-t-il ainsi fait rentrer dans le rang celle qui ne décolérait pas après son limogeage du gouvernement au point de brandir une candidature dissidente en 2012 ? Le filon semble quand même un peu gros. D'autant que si tel était le cas, le dommage politique pour celui qui envisage un second mandat serait autrement douloureux. Même si le silence de Christine Boutin vaut de l'or, mieux vaudrait ne pas l'avoir acheté.
Des grands événements qui marquent l’actualité aux sujets plus légers, le blog "The big picture" raconte la vie du monde à travers des photos. Le photo-journalisme retrouve ainsi une place de choix sur la Toile
Plein écran et grand format. C’est ainsi que sont exposées les images sur The Big Picture , blog souhaitant redonner une place de choix à la photo de presse. Rarement croisés dans les médias, des clichés sur la crise thaïlandaise, le volcan islandais Eyjafjöll ou encore la marée noire en Louisiane sont sélectionnés par Alan Taylor pour « leur qualité, leur originalité et leur lien avec l’actualité ». Plus qu’un livre d’images virtuel, ce site offre un podium grand format au défilé des photographies.
Alan Taylor, développeur de contenus multimédias pour le site du quotidien américain The Boston Globe , lance son photo-blog en juin 2008. Avec une idée simple : « Les humains sont des créatures visuelles, avec qui je veux partager des histoires sous forme de photos. » Peu doué avec un appareil, il décide de mettre en valeur celles des autres, professionnels comme amateurs.
6 millions de pages vues par mois
« Pendant plusieurs années, j’ai partagé des images trouvées par hasard sur Internet avec des amis, raconte-t-il. Un jour, j’ai réalisé qu’en travaillant pour un journal, j’avais accès à beaucoup de photos extraordinaires et que je pouvais offrir au monde ce que j’offrais à mes amis. »
Les lundis, mercredis et vendredis, il passe quelques heures à compiler et éditer de nouvelles séries de photos. S’il confesse un faible pour l’astronomie, il fonctionne surtout à l’envie. Alan Taylor reprend ensuite les légendes originales des photos, en s’assurant « qu’elles sont précises et bien écrites ».
Le blog a trouvé son public : environ six millions de pages par mois ont été vues en 2009. En allemand, italien, espagnol ou arabe, les internautes sont bavards dans les commentaires. Alan Taylor aimerait développer l’interactivité, en jouant avec les réseaux sociaux et en permettant aux visiteurs de choisir des thèmes. Toujours avec l’envie de susciter « de l’empathie, des questionnements et bien sûr de l’excitation ».
Julie KOCH
Une surveillance accrue
L’Europe tout entière tente de rassurer les marchés affolés par la crise de la dette avec une cure d’austérité qui s’étend à tous les pays et une surveillance plus sévère des budgets et des statistiques, dont la Bulgarie pourrait être la première victime.
Les ministres européens des Finances, réunis hier à Luxembourg, ont trouvé un accord de principe pour doter l’office européen des statistiques Eurostat de pouvoirs d’enquête élargis, avec des droits d’inspection dans les pays de l’UE afin de vérifier la fiabilité des données qu’ils fournissent sur leur dette.
Le renforcement des pouvoirs d’Eurostat est la conséquence des multiples révisions des chiffres grecs qui ont provoqué la crise actuelle dans la zone euro, et va dans le sens d’un durcissement de la discipline budgétaire censé éviter une nouvelle crise.
Les ministres s’étaient déjà mis d’accord lundi soir pour créer de nouvelles sanctions contre les pays trop laxistes.
Plus généralement, les pays européens tentent de calmer les marchés avec d’importants programmes d’austérité.
Dernier en date, le gouvernement hongrois a présenté mardi des mesures pour réduire son déficit, passant par une taxation des banques et des réductions des dépenses publiques.
L’Allemagne a aussi annoncé un budget 2011 de grande rigueur. Auparavant, Athènes, Madrid et Lisbonne, mais aussi Paris ou Rome avaient déjà annoncé des économies.
«Les pays qui ont le plus contribué à l’incertitude» devraient être «les plus ambitieux», a déclaré le ministre suédois des Finances, précisant qu’il visait «évidemment l’Espagne et le Portugal», deux pays considérés par les économistes comme les plus à risques après la Grèce.