TOUT EST DIT

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vendredi 7 mai 2010

Comment Merkel et Sarkozy veulent sauver l'euro

Dans une lettre commune adressée aux présidents de la Commission européenne et de l'Union européenne, la chancelière allemande et le chef de l'Etat souhaitent «renforcer la surveillance budgétaire».

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy reprennent l'initiative à la veille du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement. La chancelière allemande et le chef de l'Etat français ont appelé jeudi dans une lettre commune à «aller plus loin» et à «tirer les leçons de la crise» grecque afin «d'éviter qu'une crise de cette nature ne se reproduise».

Dans ce texte adressé à Herman Van Rompuy, président de l'Union européenne, et à Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, ils détaillent comment «renforcer la gouvernance économique». L'enjeu ? «Préserver les acquis de la création de l'euro».

Les deux dirigeants réclament une véritable remise à plat du fonctionnement de la zone euro. D'abord sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance qui a fait la preuve de son inefficacité : «Renforcement de la surveillance budgétaire», «élargissement» des critères de Maastricht «aux questions structurelles et de compétitivité» mais aussi «un cadre robuste pour la résolution des crises».

Les marchés financiers sont également pris pour cible. «Il est aussi indispensable de renforcer la régulation des marchés financiers», proclament Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. «La réaction des marchés financiers au cours des derniers jours a amplifié la crise.» Paris et Berlin appellent par exemple à «renforcer la transparence et la sécurité des transactions sur les marchés dérivés», mettant en cause implicitement le rôle des «CDS» («credit default swaps», assurance contre le risque de défaut) dans la crise actuelle.

Les agences de notation ne sont pas oubliées. «La décision d'une agence de notation de dégrader la note de la dette grecque avant même que ne soient connus le programme des autorités et le montant du plan de soutien doit nous inviter à réfléchir sur le rôle des agences de notation dans la propagation des crises», écrivent Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. La concurrence sur le marché de la notation, dominé par trois acteurs anglo-saxons (Standard & Poor's, Moody's, Fitch), doit en conséquence être «renforcée».

Le problème de la faillite des banques est également abordé. «Les Etats ne devraient pas être contraints de secourir les banques», est-il écrit. «Dès lors, la France et l'Allemagne soutiendront l'établissement d'un régime strict de gestion et de résolution des crises et s'engagent à l'appliquer.»

Grèce : la BCE n'achètera pas de dettes d'États

La Banque centrale européenne estime avoir déjà fait beaucoup de concessions en acceptant le programme de 110 milliards d'euros en faveur de la Grèce. Elle se refuse à financer les déficits publics en créant de la monnaie.

La BCE s'est refusée, jeudi, à entrer dans le jeu des analystes anglo-saxons qui lui recommandaient d'acheter en bonne et due forme des titres d'État, comme l'avaient fait l'an dernier la Fed américaine et la Banque d'Angleterre. «Nous n'avons pas discuté de cette possibilité», a martelé Jean-Claude Trichet. Car la question lui a été posée plusieurs fois, lors de la conférence de presse qui a suivi jeudi la réunion mensuelle de son conseil des gouverneurs.

La rencontre se tenait à Lisbonne, selon une coutume qui veut qu'une fois par semestre la BCE se réunisse dans une capitale de la zone euro. «Le Portugal n'est pas sur le même bateau que la Grèce», a insisté le patron de l'euro, et «l'Espagne n'est pas la Grèce» . De même «un défaut de paiement (de la Grèce) est à mes yeux, hors de question» a-t-il répété.

«Arsenal nucléaire»

Ces bonnes paroles ont déçu les marchés (voir ci-dessous). «Quand une banque centrale est confrontée à un mouvement spéculatif, elle dispose d'une arme absolue qui est la création de monnaie, par nature infinie», explique un gestionnaire de fonds. Mais la BCE ne veut manifestement pas mobiliser «l'arsenal nucléaire», selon l'expression de Bruno Cavalier, l'économiste d'Oddo Securities. «Si elle devait décider, un jour, de monétiser la dette publique de certains pays de la zone euro, on pourra ipso facto signer l'acte de décès de l'UEM».

Les syndicats appellent à une journée nationale d'action le 27 mai

L'intersyndicale CGT, CFDT, FSU, Solidaires et UNSA a annoncé, jeudi 6 mai, l'organisation d'une journée nationale d'action le 27 mai avec grèves et manifestations pour défendre l'emploi et les retraites.

Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion au siège de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis), les syndicats ont demandé à "l'ensemble de leurs organisations" d'organiser des "actions unitaires de haut niveau donnant lieu à des grèves et des manifestations interprofessionnelles dans les territoires". Les syndicats ont également dénoncé, dans ce texte commun, "le gel des dépenses de l'Etat pour les trois ans à venir", en réaction au coup de frein sur les dépenses publiques annoncé jeudi par le premier ministre, François Fillon.
La dernière journée de grèves et de manifestations remonte au 23 mars, et il y avait eu 800 000 manifestants environ selon la CGT, et 380 000 selon la police. Le choix de la date du 27 mai vise notamment à "peser sur les décisions concernant les retraites du gouvernement", qui doit communiquer aux partenaires sociaux un avant-projet de loi entre mi-juin et fin-juin.

Mardi, Force ouvrière avait, seule, appelé à une journée de grève générale le 15 juin. Critiquant "les journées d'action à répétition", FO ne participe plus depuis l'automne aux réunions de l'intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FSU, Solidaires, UNSA).

LE SYNDICALISME EST MORIBOND, IL TOURNE EN ROND, SA BANDEROLE EST DÉCHIRÉE, IL NE PARVIENT À RIEN, POURQUOI ?
PARCE QU'UN SYNDICAT NE DOIT PAS CONFONDRE ENTRE LES INTÉRÊTS DES "TRAVAILLEURS" ET SES PROPRES INTÉRÊTS POLITIQUES.

Hadopi, c'est dans un mois: la loi sera-t-elle applicable?

Un an après sa chaotique adoption parlementaire, la loi censée lutter contre le téléchargement illégal n'est toujours pas appliquée.

En début de semaine, l'équipe qui pilote Hadopi a fait le point sur l'avancée du projet. Principale annonce : les mails d'avertissement devraient être envoyés aux pirates à partir de la fin juin.
Au-delà de l'annonce, la loi a-t-elle vraiment les moyens d'être efficace, et surtout d'aller jusqu'au bout de sa logique : couper la connexion Internet des pirates récidivistes, dernière étape de la sacro-sainte riposte graduée ?

N'est-elle pas, finalement, morte avant même d'être née ?

Sur Le Post, deux spécialistes de cette loi font le point et laissent poindre un horizon funeste.

1. Des mails envoyés en juin, c'est faisable ?

"Ce délai me paraît réaliste", confie au Post Aurélien Moch, membre de la Ligue Odebi, très active contre l'Hadopi.

"Après, vont-ils envoyer des mails à des gens qui ont vraiment téléchargé ? Rien n'est moins sûr car les adresses IP sont falsifiables", nuance-t-il.

En effet, les anti-Hadopi se sont activés pour contrer la loi.


2. Les adresses IP repérées seront-elles exploitables ?

Ça risque d'être compliqué. Courant avril, la nouvelle bête noire d'Hadopi a vu le jour. Son nom : Seedfuck.

"Ce logiciel associe une adresse IP avec un fichier disponible sur les réseaux de peer-to-peer. Ça fait donc croire à TMG, l'entreprise chargée de collecter les adresses IP, que tel internaute, plutôt qu'un autre, télécharge un fichier", explique Marc Rees, rédacteur en chef de PCInpact, très à la pointe sur le sujet.

"Seedfuck a aussi un versant noir", précise le journaliste. "On risque de faire accuser des innocents. Mais le développement de ce logiciel montre la forte réactivité des réseaux, alors que l'Hadopi n'en est qu'à ses balbutiements."


3. Hadopi sera-t-elle dépassée par la technologie ?

"Ce n'est pas ce que je leur souhaite, mais il y a des chances", répond Marc Rees.

"Ils vont faire un buzz médiatique en envoyant des mails. Quelques personnes vont être secouées devant les caméras, ils vont espérer un effet psychologique, qui va s'affaiblir avec le tremps. Et c'est tout", résume le journaliste.


4. Toujours pas de logiciel de sécurisation : c'est légal ?

Tout internaute pourra installer un logiciel de sécurisation. Un mouchard, somme toute, censé prouver que vous n'avez pas téléchargé.

Problème : l'Hadopi n'a toujours pas de logiciel à conseiller.

"C'est là que c'est cocasse, puisque l'Hadopi va quand même envoyer des mails", note Aurélien Moch, de la ligue Odebi. "C'est comme si on verbalisait un automobiliste pour avoir enfreint le code de la route sans qu'il y ait de panneau de signalisation."

Du coup, le logiciel ne serait-il réduit qu'à un outil de communication pour rassurer l'opinion publique ?

"Ce logiciel a un poids politiquement, mais juridiquement, Hadopi est libre de faire ce qu'elle veut, avec ou sans logiciel", explique Marc Rees de PCInpact.


5. Hadopi sera-t-elle un jour applicable ?

"Avant qu'on arrive à une coupure de connexion Internet, il va s'écouler beaucoup de temps", estime Aurélien Moch de la Ligue Odebi. "Les fournisseurs d'accès à Internet n'arrivent toujours pas à couper la ligne Internet sans couper en même temps le téléphone et la télé."

"Quand bien même ils y arriveraient, ça prendrait un temps fou avant qu'un juge ne se décide à couper la connexion", poursuit-il.

"J'ai de gros doutes", renchérit Marc Rees de PCInpact. "Il manque encore 4 décrets d'application."

Pour faire simple, la loi sur le téléchargement illégal est parue au Journal Officiel. Reste maintenant à trouver les outils pour passer des principes à la pratique.

"La publication des décrets a été promise pour juin, mais c'est ultra compliqué. Le texte de l'Hadopi n'est pas encore achevé. On va voir comment elle va se concrétiser", conclut Marc Rees.



Vous l'aurez compris, le feuilleton d'Hadopi qui nous tient en haleine depuis un an et demi est loin d'être fini.