TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 22 août 2012

Des universités très rituelles 


Les universités d’été – un terme générique – sont incontournables, du moins pour certains. Elles permettent aux leaders des partis et aux journalistes de se remettre dans le bain professionnel sans vraiment quitter celui des vacances. Pour l’opinion, ces rendez-vous ont aussi quelque chose de rassurant, puisqu’ils montrent que chacun sait toujours jouer la partition attendue.
Jean-Luc Mélenchon a été impeccable de ce point de vue, puisqu’il a déjà dressé un réquisitoire contre le début de ce quinquennat. Le week-end prochain, près de Grenoble, où se réunit le Front de Gauche, la charge reprendra de plus belle, nous pouvons vous l’annoncer en exclusivité mondiale.
Aujourd’hui et jusqu’à vendredi se tiennent à Poitiers, sur les terres de Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes, les « Journées d’été » d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Des Verts qui ont du mal à se débarrasser de leur culture d’opposition. Mais ils se soignent, et ils essayeront de faire bonne figure, c’est-à-dire de garder leur sens critique, sans déroger à l’esprit solidaire qu’une nouvelle majorité manifeste toujours, au moins en début de mandat. En présence des deux ministres écologistes – Cécile Duflot (Logement) et Pascal Canfin (Développement) – mais également de… Ségolène Royal, EELV évitera probablement de se mettre en porte-à-faux avec l’Élysée et Matignon.
Pas de séquence de fin août sans un passage par La Rochelle, traditionnelle ville de retrouvailles de socialistes. Cette fois, Ségolène Royale préfère ne pas venir, et cela devrait simplifier le protocole, durant une session où le PS voudra se montrer uni comme jamais et en ordre de bataille pour affronter une rentrée délicate.
La droite, en revanche, aurait davantage à craindre, cette année, d’une telle rencontre en bras de chemise. L’UMP a donc préféré renoncer, car elle se trouve devant une perspective redoutable, l’élection en novembre de son président, bataille qui s’annonce de plus en plus rude. C’est à cela que l’on reconnaît un parti qui débute une cure d’opposition : dis-moi si tu fais une université d’été, je te dirai si tu viens de perdre le pouvoir !

Après la condamnation de la femme de Bo Xilai, la Chine censure le mot "sosie" sur Internet

Les autorités chinoises ont bloqué mercredi 22 août le mot "sosie" sur divers moteurs de recherche en ligne, pour contrer des rumeurs affirmant que l'ex-avocate Gu Kailai, jugée coupable lundi de l'assassinat d'un Britannique, était représentée au tribunal par une doublure. La télévision d'Etat a diffusé quelques images de la quinquagénaire déclarant à ses juges qu'elle acceptait le verdict. Mais la Chinoise, également écrivain à succès, est apparue avec un visage bouffi et des kilos en trop qui lui donnaient une apparence très différente de celle qu'elle présente sur les photos anciennes.
De très nombreux internautes, convaincus qu'elle bénéficierait de toute façon d'un traitement de faveur vu que son époux, Bo Xilai, a été membre du Bureau politique central, ont alors propagé la thèse qu'un sosie de Gu Kailai avait été jugé à sa place. En réaction, les autorités ont préféré opter une nouvelle fois pour la censure afin d'éviter la propagation de cette idée.
UNE CENSURE RÉCURRENTE DANS LE PROCÈS GU KAILAI
Dans ce procès retentissant, Pékin a en effet multiplié les directives pour limiter les répercussions dans l'opinion publique. Les grands journaux ont ainsi reçu pour instruction claire de n'utiliser dans leurs pages que l'agence officielle Chine nouvelle, ainsi qu'il est d'usage en Chine pour les affaires sensibles.
Fragilisée par cette affaire, la Chine montre des signes de nervosité à l'approche du congrès du Parti communiste de cet automne, qui verra une transition politique se dérouler pour la première fois à l'ère des médias sociaux.

TANT QU'A CENSURER, CENSURONS LA CHINE DE LA PLANÈTE.

Hollande, de "l'idiot du village" au "grand homme"


L'écrivain Laurent Binet a suivi le candidat socialiste pendant toute la campagne. Il en a tiré un récit façon journal intime, drôle et instructif.
Au début de l'aventure, Laurent Binet a de François Hollande l'image de "sa marionnette des Guignols, qui depuis des années le présentent à peu près comme l'idiot du village". Sauf que l'écrivain n'a pas dix ans (le temps qu'il a mis pour écrire son premier roman historique HHhH, récit du parcours de l'Allemand Reinhard Heydrich, artisan de la solution finale, jusqu'à son assassinat à Prague en 1942) pour cerner son sujet. Rien ne se passe comme prévu* est un journal de campagne qui court du 20 juin 2011 au 6 mai 2012.
Laurent Binet, qui a accès à toutes les coulisses de la campagne de François Hollande grâce à Valérie Trierweiler, assume d'emblée sa subjectivité. Il laisse à Yasmina Reza la "distance de bon aloi" qu'elle avait su garder avec Nicolas Sarkozy en 2007 pour L'aube le soir ou la nuit. Et prévient son lecteur : "Si vous voulez de l'objectivité, il y a les résultats sportifs." Ce livre est donc avant tout le parcours dans le dédale d'une présidentielle d'un "électeur témoin" - c'est son expression.
Normal, donc, que cet ex-prof de ZEP de 40 ans, homme de gauche, "fils de communiste", exprime des doutes en permanence. Entre les deux tours de la primaire, il confie : "Je me sens un peu comme le supporter d'une équipe de foot. Je souhaite ardemment qu'il (Hollande, NDLR) gagne, j'ai voté pour lui dimanche dernier et je revoterai pour lui dimanche prochain." Puis, le 7 février : "Mon problème avec Mélenchon, c'est que j'ai envie de voter pour lui."

"C'est l'ange de la vengeance qui serre les poings"

C'est finalement le Hollande du Bourget qui se révélera le plus fort, puisque Binet votera pour lui dès le premier tour. Le 22 janvier, jour du fameux meeting du candidat PS, l'auteur s'emballe franchement : "Il n'y a plus de Flanby, plus de Babar, plus de gauche molle, c'est l'ange de la vengeance qui serre les poings sous nos yeux pour péter la gueule à la droite, c'est le socialisme réincarné, le champion que la gauche s'est choisi et qui sera digne de notre confiance, le cavalier noir qui va dégommer Sarkozy et sa bande, le nouveau héraut de la social-démocratie dans le monde..." Etc.
Mais Binet confie aussi sa faiblesse. Qu'il s'agisse de timidité ou de fascination, il a du mal à dialoguer avec celui qu'il qualifie vite de "grand homme". L'expression est un peu ironique, mais Hollande paraît vraiment insaisissable, la tête dans ses journaux, dans ses discours, au coeur de la foule, des journalistes. "Personne ne peut dire qu'il connaît Hollande. Pas même moi", confie Trierweiler à Binet.
Alors, il en prend son parti. Finalement, ce sont les "Hollande boys", leurs querelles, leurs envolées franches et souvent drôles qui font le miel de l'ouvrage. Car, au pays de Laurent Binet, le "off" n'existe pas. "Je ne suis pas journaliste, moi !" s'amusait-il à lancer à la troupe du Hollande Tour pendant la campagne. Effectivement, chaque propos est attribué, et cela ne manque pas de sel.

Aubry, "elle pleure tout le temps !"

Le directeur de campagne, Pierre Moscovici, lâche à propos d'un livre "jadis coécrit" avec Hollande : "95 % de ma transpiration et 5 % de son inspiration." Aquilino Morelle (conseiller) n'épargne pas Martine Aubry : "Elle pleure tout le temps ! Au conseil national, juste après l'affaire du Sofitel, elle pleurait, pas parce que politiquement ça nous mettait dans la merde, mais elle était là, bou hou hou, pauvre Dominique, il est en prison ! (...) Et puis Martine, elle ment. Elle est menteuse à un point, c'est pas croyable."
Quant au directeur de la communication, Manuel Valls, il lui arrive de bien s'amuser : "À côté du staff d'Obama, moi, je suis un gentil ! Tiens, l'autre jour, j'ai tapé un journaliste du Parisien, je lui ai fait un bleu." Quant à l'actuel ministre du Redressement productif, il est aussi égratigné par la plume caustique de Binet : "Montebourg vient s'asseoir dans la tribune des invités en saluant la foule, très empereur romain, on a toujours l'impression qu'il a l'impression que la vraie vedette, de toute façon, c'est lui."
Mais le sérieux de Manuel Valls, tout comme la désorganisation qui pouvait régner autour des déplacements - attribuée au sens de l'improvisation de François Hollande - ou encore le bal des courtisans, l'extrême concentration du candidat et le grand spectacle médiatique ressortent largement de ces 307 pages plaisantes et voulues légères.
De Hollande, l'écrivain isole cette réplique à Jean-François Copé, sur France 2, le 15 mars : "Je ne vous raconterai rien parce que je ne suis pas dans un récit." Tout y est.
* Rien ne se passe comme prévu, Laurent Binet, Éditions Grasset, 17 euros.


LA RÉALITÉ EST SOUS NOS YEUX, 
C'EST UN IDIOT.

Les effets de 40 ans de recours à la planche à billets passés sous silence

Voici une excellente nouvelle pour tous nos lecteurs adeptes de la fumette ! Une étude récente menée par des chercheurs de la University of Alabama à Birmingham a déterminé qu'un joint de marijuana par semaine pendant 49 ans ne nuit pas aux poumons.

Mais même si cinq décennies de fumette ne provoquent aucun dégât important à vos poumons, cela peut provoquer de gros dégâts à votre budget. En outre, un fort pourcentage des personnes qui ont participé à cette étude ne pouvait plus se souvenir de ce qu'était un poumon. "C'est ce truc qui permet d'inhaler de la marijuana, non ?" aurait répondu un participant à qui l'on demandait de décrire le rôle d'un poumon.

Blague à part.

L'information importante ici est qu'inhaler du cannabis pendant 50 ans n'est pas nécessairement bon pour la santé : le fait qu'un fumeur d'herbe depuis cinquante ans soit encore capable d'aspirer au travers d'une pipe à eau ne le prouve en rien. Pour notre part, nous appelons 50 ans de fumette une "mauvaise habitude". Comme la plupart des mauvaises habitudes de longue date, les conséquences se dévoilent de façon irrégulière et sporadique. Et souvent les conséquences se révèlent si lentement qu'on les remarque à peine.

Ainsi, pendant plus de 40 ans, le Trésor américain a imprimé des dollars, garantis par rien d'autre que du papier et de l'encre. C'est là une mauvaise habitude. Et pourtant, le dollar est encore là parmi nous et est toujours la monnaie de réserve. Il semble donc que cette mauvaise habitude là n'a fait aucun mal. Et cela est tout à fait vrai, tant qu'il vous importe peu de payer 4,33 dollars un Big Mac qui coûtait 50 cents en 1971.Vous avez bien lu. Le prix d'un Big Mac a augmenté de 866% depuis l'année où le président Nixon a mis fin à la convertibilité du dollar en or. J'ai mangé un Big Mac hier et, s'il était certes délicieux, il n'était pas 866% meilleur que le Big Mac que je mangeais en 1971.

"Nous vivons un âge d'or technologique," affirme Jim Grant, éditeur du Grant's Interest Rate Observer, "mais aussi dans une période sombre monétaire et fiscale... Si la science et la technologie avancent à toute vitesse, l'argent et le système bancaire reculent."

La preuve ? Un dollar datant de 1971 a perdu 88,5% de sa valeur. C'est là une mauvaise habitude. L'abrogation des droits constitutionnels est également une mauvaise habitude. Attiser la lutte des classes, militariser les appareils policiers, étendre le rôle du gouvernement dans le secteur privé, manipuler les taux d'intérêt au nom de la "politique monétaire", voilà de mauvaises habitudes.

Chose incroyable, toutes ces mauvaises habitudes se révèlent en même temps. En ce moment même. Sous nos yeux. Et pourtant, le ressenti de notre "poumon" national indique un fonctionnement tout à fait normal. De même pour notre vue, notre ouïe et nos autres signes vitaux. Nous nous sentons en pleine forme... même si nous entrons en phase terminale de notre maladie.

Mais ces mauvaises habitudes -- ces changements progressifs vers le pire -- produisent leurs conséquences néfastes si lentement que presque personne ne les remarquera... jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour les empêcher. Naturellement, personne ne connaît la date exacte à laquelle il sera "trop tard." Mais selon les recherches de Peter Turchin, les Etats-Unis s'approchent d'une sinistre échéance.

En effet, Turchin affirme que les Etats-Unis s'approchent d'une période de violents bouleversements. Il fonde sa prévision sur un champ d'études appelé "cliodynamique" qui identifie des schémas de comportements significatifs dans l'histoire d'une nation. Selon Turchin, les comportements américains opèrent dans un schéma sur 50 ans.

Turchin n'a pas donné le chiffre de 50 années au hasard. Il a rassemblé une somme importante de données historiques à propos d'incidents violents majeurs émaillant l'histoire américaine entre 1780 et 2010. Sa conclusion : un cycle de violences se répète tous les 50 ans en Amérique.

"Vers 1870, le Nord combattait le Sud lors de la Guerre de Sécession" explique livescience.com. "Un demi-siècle plus tard, vers 1920, l'agitation ouvrière, les tensions raciales et le sentiment anti-communiste ont provoqué une autre vague de violences. Puis, 50 ans plus tard, la guerre du Vietnam et le Mouvement des Droits Civiques ont déclenché un troisième accès de violences dans un conflit politique, social et racial.

"Pourquoi des cycles de 50 ans ?" demande livescience.com. "Après une période de violence soutenue [explique Turchin], les citoyens commencent à 'aspirer au retour de la stabilité et à une fin des combats.'... Le climat social dominant passe alors vers un arrêt de la violence à tout prix, et ceux qui ont directement fait l'expérience de la violence civile maintiennent la paix le temps environ d'une génération humaine -- 20 ou 30 ans. Mais la stabilité ne dure pas. Finalement, 'la génération marquée par le conflit meure ou prend sa retraite et une nouvelle cohorte se lève.'... Résultat : des périodes de conflits intenses ont tendance à réapparaître au bout d'une période d'environ deux générations (40-60 ans)."

"Mon modèle suggère," explique Turchin, "que le prochain [pic de violence] sera pire que celui de 1970 parce que les variables démographiques telles les salaires, le niveau de vie et un certain nombre de mesures de confrontations intra-élites sont bien pires cette fois-ci... Après ces huit dernières années, remarquez comment le discours de notre classe politique est devenu fragmenté. C'est sans précédent depuis ces 100 dernières années. Par conséquent, pratiquement selon toutes les mesures, il existe des pressions sociales vers l'instabilité bien pires qu'il y a 50 ans."

Mais il y a une lueur d'espoir à tout cela : après le prochain pic de troubles civils -- le pire de l'histoire -- nous sommes sensés avoir une pause de 50 ans jusqu'au prochain. Pour certains d'entre nous, cela signifie une fumette sans soucis pendant 50 ans.

Récession ou économie en amélioration pour les Etats-Unis ?

La grande information de la semaine dernière était la chute des cours des bons du Trésor. Selon Bloomberg :
“Les Bons du Trésor ont enregistré leur plus fort déclin en quatre semaines depuis décembre 2010, alors que les signes d’accélération de la croissance économique réduisent la probabilité que la Réserve fédérale lance une autre série d’achats d’actifs.”
“Les chiffres de l’emploi, du secteur de l’immobilier et du pouvoir d’achat des ménages sont les signes d’une croissance plus rapide, ce qui a aidé à réduire la demande sur les valeurs refuge de telle sorte que les rendements de références des bons à 10 ans ont été poussés à leur plus haut niveau depuis le 11 mai. La Banque centrale va communiquer le compte-rendu de sa réunion du 1er août dans laquelle elle a refusé d’initier un troisième tour de relance monétaire, une politique que l’on appelle ‘quantitative easing‘ (QE, ou assouplissement quantitatif). Le président de la Fed, Ben S. Bernanke abordera la politique monétaire lors de la conférence annuelle de la Fed de Kansas City à Jackson Hole, dans le Wyoming, le 31 août.”
‘Le marché dit qu’il n’y a pas de QE3,’ observe Charles Comiskey, chef du trading de bons du Trésor à la Bank of Nova Scotia à New York, l’un des 21 principaux opérateurs qui traite avec la Fed. ‘Les taux ont fortement reculé. Il n’est pas question d’un QE3.’

“Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a augmenté de 15 points de base cette semaine, soit 0,15 point de pourcentage, à 1,81%, selon Bloomberg Bond Trader. Le coupon de 1,625% à échéance août 2022 a chuté de 1 13/32 soit 14,06 dollars pour une valeur nominale de 1 000 dollars, à 98 9/32…”
“L’indice des indicateurs avancés de l’économie américaine a augmenté plus que prévu en juillet, signe d’une forte expansion des principales économies mondiales. L’indice de confiance du consommateur selon Thomson Reuters et l’Université du Michigan a augmenté de 72,3 le mois précédent à 73,6 dans la version préliminaire d’août, le plus haut niveau depuis mai.”
“Les ventes au détail américaines ont augmenté de 0,8% en juillet selon un rapport publié le 14 août, au-delà de l’estimation médiane des économistes dans une enquête Bloomberg. Un autre rapport datant du 3 août montre que les Etats-Unis ont gagné 163 000 emplois le mois dernier, plus que les 100 000 prévus par les analystes.”
“Les permis de construire, une procuration pour les futures constructions, ont augmenté à un rythme de 812 000, le chiffre le plus élevé depuis août 2008. Les mises en chantiers ont chuté de 1,1% à un rythme  annuel de 746 000 par rapport au chiffre de 754 000 en juin, comme le montrent les chiffres du ministère du Commerce publiés le 16 août à Washington. L’estimation médiane de 79 économistes suivis par Bloomberg News tablait sur 756 000.”
“Le nombre de chômeurs a augmenté de 2 000, à 366 000, dans la semaine du 11 août, comme le prouvent les chiffres du ministère de l’Emploi publiés le 16 août à Washington. La moyenne glissante sur quatre semaines est tombée à 373 400, le plus bas depuis juillet 2008.”
Qu’en dites-vous ? Il y a peu de temps encore nous conseillions de faire attention à une récession à venir. En fait, certains analystes pensent que nous sommes déjà en récession. Et voilà un rapport nous informant du contraire… apportant les preuves que l’économie s’améliore… voire même peut-être qu’il y a une réelle reprise.
En fait, tout est possible. Mais il ne faut pas oublier que le véritable problème en Amérique et dans les autres économies mollassonnes est le surendettement. Et de ce que nous en savons, le poids de la dette augmente, il ne diminue pas.
Que signifient donc réellement ces rapports radieux ? Les données sont-elle à ce point altérées qu’elles ne signifient plus rien ? Notre hypothèse — selon laquelle nous avons une économie lourdement endettée avec un besoin désespéré de réduire les dépenses – est-elle incorrecte ?
Nous ne le savons pas. Seul le temps nous le dira…
Mais attendez un peu : si l’économie reprend réellement, les rendements ne continueront-ils pas à augmenter ? Et les taux d’intérêt ne reviendront-ils pas à la “normale” ? Et comment une économie qui est entraînée à fonctionner sur une ZIRP (zero interest rate policy — politique monétaire basée sur des taux d’intérêts nuls ou presque) continuera-t-elle de fonctionner lorsque l’argent ne sera plus gratuit ? L’inflation n’augmentera-t-elle pas elle aussi ?
Les investisseurs et les épargnants ne chercheront-ils pas les chiffres et n’anticiperont-ils pas de plus fortes hausses des prix à la consommation ? Ne commenceront-ils pas à vendre massivement les obligations US ? Et cela ne provoquera-t-il pas le genre de cataclysme financier que les autorités tentent d’éviter ?
Oh, qu’il est merveilleux pour un Nord-Américain curieux d’être toujours en vie … Toutes ces catastrophes qui arrivent si régulièrement à des pays comme le Brésil et l’Argentine. A présent nous les voyons de plus près !
Entre-temps…
Hier soir, nous nous sommes rendus dans une fête de village — un dîner en plein air… avec un chanteur de style Las Vegas… puis des feux d’artifice. Organisée par la mairie, c’était comme un festival d’été rural, du genre qu’on pourrait trouver dans une petite ville du fin fond des Etats-Unis. De la mauvaise musique. De la mauvaise nourriture. Des femmes obèses. Des hommes maigres et burinés.
(Pourquoi est ce que la vie rurale rend les femmes costaudes et les hommes maigres ? A Paris, c’est tout le contraire : les femmes sont minces et les hommes sont gros. Certainement, le sujet mérite de plus amples études scientifiques ; nous en attendons avec impatience les conclusions.)
Nous nous sommes assis sur de longs bancs face à des tables à tréteaux. Presque tous les convives étaient des Français du coin ; la plupart d’entre eux avaient les cheveux blancs. La jeunesse a fui la campagne. En août, les jeunes vont à la plage ou à la montagne. Le reste de l’année, ils vivent dans les grandes villes, travaillent… étudient… ou glandent, vivant aux frais de l’assistance publique.
Seules restent les personnes âgées dans ces zones rurales. Et à présent elles partent elles-aussi.
“Je me souviens, dans les années 1950, il y avait six cafés en ville” se remémore un ami. “Aujourd’hui, il n’y en a plus un seul. Le dernier a fermé cet hiver.
“Et maintenant Anne-Marie [sa femme] veut aller vivre à Poitiers. Elle est fatiguée de passer les mois d’hiver ici. De plus en plus de nos amis déménagent à Poitiers. Et plus ils s’installent à Poitiers moins elle veut rester ici.
“Anne-Marie dit qu’elle ne veut pas se retrouver seule ici. Et je la comprends. Statistiquement, elle sera veuve pendant plus de 10 ans. Elle préfère donc être veuve à Poitiers plutôt qu’ici, à la campagne.”
La population de la France, comme celle des Etats-Unis, devient de plus en plus âgée. Comment ces personnes pourront-elles maintenir le style de vie auquel elles ont été habituées — avec des médicaments et des retraites payés par la génération suivante ? C’est là une autre raison pour laquelle il est si merveilleux d’être vivant ; nous assisterons à l’explosion de l’Etat guerrier et protecteur à la fois.
Attendez… Paul Ryan va rééquilibrer les finances des Etats-Unis. Oui ! Il a voté pour le programme de médicaments du président Bush : la plus grande fumisterie d’assurance maladie non financée de l’histoire. Ryan s’est également prononcé en faveur du TARP : 700 milliards de dollars pour du bidon. Il a voté pour renflouer General Motors : une industrie automobile bidon. Et il affirme que ne réduira pas d’un centime le budget du Pentagone : de loin le plus grand objectif bidon de tous les temps. Existe-t-il une supercherie pour laquelle il ne votera pas ?
Un chanteur est monté sur scène vers 21h, interprétant d’horribles chansons françaises de rock des années 1980. Nos amis français semblaient les apprécier. Les quelques rares jeunes filles présentes levaient les bras et balançaient les hanches. Les personnes âgées étaient patiemment assises sur les bancs.
“Je pense que je n’ai jamais entendu de musique aussi mauvaise” ai-je crié à l’oreille d’Elisabeth.
La performance du chanteur était épouvantable. Et il ne s’arrêtait pas. Il continua à beugler ainsi jusqu’à minuit. Même les vaches du champ voisin se retirèrent du côté le plus éloigné de la colline.

Les Etats-Unis comptent sur le terrorisme pour relancer leur économie

▪ “J’aime cuisiner avec du vin” nous confie notre hôtesse dans un sourire. “Parfois j’en mets même dans mes plats.”
Rien à signaler sur les marchés. Rien de bon non plus. Tant que rien ne se passe, ça va.
La crise qui a débuté en 2007 n’est toujours pas résolue. Près de 1 5000 milliards de dollars de dettes doivent encore être soit remboursés soit annulés. Beaucoup de mauvaises nouvelles restent à venir !
Nous avons déjà fait remarquer que les pays développés font face à une crise. Il ne s’agit pas de la crise que relatent les journaux. C’est plus grave que cela. Le modèle de ces pays — mis au point par le premier chancelier de l’Allemagne, Otto von Bismarck — ne fonctionne plus.
On ne peut pas dépenser plus qu’on ne gagne, génération après génération, et compter sur des générations plus nombreuses et plus riches pour continuer ainsi éternellement. Dans le monde développé du moins, les taux de croissance de l’économie sont aujourd’hui trop faibles. Les générations futures sont trop peu nombreuses.

Commentateurs, économistes et autres observateurs avisés glosent pour savoir lequel de l’austérité ou du stimulus est le moyen le plus adéquat pour la “reprise”. Cette discussion est une supercherie. Aucune des deux solutions ne fonctionnera. Si vous possédez plus que vous ne pouvez payer, vous ne pouvez ni économiser ni dépenser pour vous en sortir. Lorsque la dette est douteuse, elle est douteuse. Impossible à rembourser. Pourrie. Sans valeur.
La seule chose valable à faire est de passer aux aveux… admettre qu’on s’est trompé… tout annuler… et se remettre au travail.
Mais il n’existe pas de vérité si évidente qu’on ne puisse nier.
Par conséquent, lorsqu’en 2008 la crise de la dette a frappé, les débiteurs puissants — comme ceux de Wall Street — voulaient que les banques centrales les renflouent. Ces renflouements… subventions… cautions… et l’impression de monnaie dans le cadre d’un assouplissement quantitatif continuent. Le dernier en date est un programme “de relance” de 66 milliards de dollars annoncé par le Brésil ! Bonne chance.
▪ Voulez-vous connaître le plus grand programme de relance de tous les temps ?
La Seconde Guerre mondiale. Oui, vous lisez bien. Il est largement reconnu que la guerre a sorti l’économie américaine de la Grande Dépression.
Oui, la Seconde Guerre mondiale était un plan de relance classique. Des milliers de milliards de dollars ont été dépensés. Des milliers de milliards de dollars ont été perdus. Et à la fin, le monde était appauvri.
Mais peu importait. La croissance — des années 1950 jusqu’aux années 1970 — a réduit le poids de la dette et la douleur des pertes. Les pays développés étaient à nouveau riches !
Nous reparlons de cela uniquement parce que les dépenses du Pentagone sont à nouveau sur le devant de la scène. Paul Ryan a été désigné comme l’homme numéro deux des Républicains. Ces derniers fondent de grands espoirs sur lui. Leur numéro un est un raté. Personne ne semble l’apprécier. Cela n’est guère surprenant. Il semble creux — prêt à dire tout et son contraire pour arriver à la Maison Blanche.
Romney est un homme riche — avec une fortune estimée à près de 250 millions de dollars. Mais Sheldon Adelson — qui finance la plupart des groupes qui soutiennent les candidats républicains — est bien plus riche (environ 10 fois plus). Romney a fait le calcul.
Et Romney s’y connaît en chiffres. Il sait que les Etats-Unis se dirigent vers la catastrophe. Il doit également savoir que l’Amérique pourrait équilibrer son budget simplement en réduisant ses dépenses militaires superflues. Mais Adelson et l’industrie militaire ne permettront pas une réduction du budget du Pentagone. A ce stade, se montrer en faveur d’un équilibre budgétaire pourrait être bon pour les Etats-Unis. Mais cela serait mauvais pour les ambitions présidentielles de Monsieur Romney.
Romney est peut-être creux. Mais il n’est pas idiot. Il sait que la “guerre contre le terrorisme” est une arnaque… et que les guerres au Moyen-Orient ont été des catastrophes qui ont coûté des milliers de milliards de dollars. Mais Adelson est un ardent supporter d’un Etat d’Israël militarisé, agressif… soutenu par le Pentagone. Et Romney est “son homme.”
▪ Ce qui nous amène à Paul Ryan. Voici un homme également censé être bon en mathématiques. Il sait reconnaître un cinq d’un sept. Il peut faire des additions et des multiplications. Il comprend la différence entre un gain et une perte. Il peut voir ce qui arrivera si on continue à dépenser plus qu’on ne gagne.
Et pourtant… ô surprise… pas une seule réduction des dépenses militaires/sécuritaires dans le budget qu’il propose.
Oui, cher lecteur, la vérité s’impose. Les Etats-Unis dépensent bien trop pour la guerre et les préparatifs de guerre. La probabilité d’être tué dans un attentat terroriste est de une sur 3,5 millions. Dépenser des milliers de milliards de dollars pour faire la guerre aux terroristes… et sans doute inciter plus de terroristes à vouloir vous tuer… c’est de l’argent dépensé à mauvais escient.
D’ailleurs, qui sont ces terroristes ?
Il faut lire l’article de John Mueller et Mark G. Stewart intitulé “The Terrorism Delusion: America’s Overwrought Response to September 11″ (“L’illusion du terrorisme : la réponse jusqu’au-boutiste de l’Amérique au 11 septembre”, NDLR) dans le dernier numéro de International Security.
Les auteurs passent au crible 50 cas de “complots islamistes terroristes” supposés contre les Etats-Unis. Qu’ont-ils trouvé ? Les soi-disant terroristes étaient “incompétents, inefficaces, inintelligents, stupides, ignorants, mal organisés, dans l’erreur, confus, amateurs, abrutis, déconnectés des réalités, crétins, irrationnels et idiots.”
Autrement dit, pas le genre de troupes disciplinées et averties qui pourraient inquiéter le ministère de la Défense.
Certes, si on a de l’argent à jeter par les fenêtres, pourquoi ne pas le faire de la façon dont on le souhaite ? Le Pentagone peut dépenser son argent aussi mal que n’importe qui d’autre. Mais ni les Etats-Unis ni aucune autre nation développée n’a de l’argent à perdre. Tous souffrent de trop de dépenses publiques… trop de dettes… et trop de promesses qui ne peuvent être tenues. A moins de trouver un nouveau modèle, tous se dirigent vers la faillite.
▪ Toutefois, la position des Etats-Unis est unique. Le pays gaspille une si grande partie de son budget que ses finances pourraient facilement être assainies. Ce gaspillage pourrait cesser du jour au lendemain.
Tout compris, les dépenses de défense, de guerre et de sécurité coûtent au contribuable américain entre 1 000 et 1 200 milliards de dollars par an. 300 milliards de cette somme peut-être sont dépensées à des fins légitimes de défense. Le reste — environ 900 milliards de dollars– pourrait être effacé du budget et rendu aux citoyens. La faillite du pays, le déshonneur, les guerres inutiles, l’inflation, la crise — tout cela pourrait être évité.
Cela est si évident que les bonzes du parti Républicain — Romney et Ryan — pourraient le voir s’ils le voulaient. Mais il n’est pas dans leur intérêt d’ouvrir les yeux.

L’inégalité pétrolière 


Mauvaise nouvelle, on ne peut plus faire semblant de croire que l’ère de l’énergie facile est sans fin. Sa majesté le pétrole s’épuisera. À défaut d’apprendre à rompre avec la dépendance aux ressources fossiles, elles se paieront de plus en plus cher.
Bonne nouvelle, la France veut plafonner les prix de l’essence. Sauf à faire méthodiquement les poches des pétroliers (on attend de voir), on adapterait les taxes, le carburant étant un impôt avant tout. Autrement dit, serait transférée sur le budget national une nouvelle part de la facture. Le contribuable, y compris non motorisé, paiera ce que l’automobiliste « économisera ».
Quand bien même il s’agit de soutenir l’activité et le pouvoir d’achat, une détaxation créerait une jurisprudence ambiguë pour l’État. Comme s’il avait les moyens de jouer l’amortisseur fiscal des futurs chocs pétroliers.
Tout aussi gênant pour un pouvoir, s’il est soucieux d’équité, un blocage indistinct des prix se révélerait injuste : les utilisateurs de moyens de transports économiques et ceux qui réduisent leur empreinte carbone en profiteraient faiblement, voire pas du tout. Tandis que l’État subventionnerait chaque litre brûlé par les rouleurs inconséquents et les acheteurs aisés d’engins surdimensionnés. Curieuse manière de préparer l’avenir et une nécessaire transition écologique.
Au plan politique, la volonté de tenir une telle promesse électorale s’avère à double tranchant pour tout gouvernement, surtout de gauche. Elle peut entretenir indirectement le fantasme d’une énergie pour toujours accessible, tout en accroissant la distorsion entre riches et modestes face au coût de la vie. On comprend que, d’avance, la mesure ait été donnée pour transitoire.

Made in France

Ce ne serait qu’un symbole certes, mais quel symbole ! Laisser l’entreprise PSA Peugeot-Citroën quitter le CAC 40 – cet indice boursier qui mesure les performances des 40 plus grandes sociétés françaises – ce serait un peu écorner la France, ou du moins celle de papa. Penser que la firme qui fabrique nos voitures, nos scooters, nos outils, et aussi nos vélos depuis des lustres, qui a déposé des milliers de brevets, inventé, et tant employé, n’ait plus sa place parmi la fine fleur des entreprises françaises… C’est un bout d’enfance, des images, des émotions, et aussi des certitudes sur la vieille Europe qui s’envolent. Que les actionnaires perdent un peu d’argent, c’est la loi du genre, mais que Peugeot-Citroën n’ait plus les reins assez solides pour préserver des emplois, créer du made in France et exporter… C’est un peu du pays qui fout le camp.

Le “blouse” du patient…


Elle me fait bien rire cette histoire de pétition nationale lancée contre la blouse ouverte dans le dos à l’hôpital (lire en page 4). Vous vous rendez compte du sacrilège : parfois, on peut voir vos fesses ! On peut imaginer votre cambrure et même distinguer, si vous en avez, quelques poils sur votre postérieur. Le tout, à l’hôpital ou en clinique. C’est-à-dire le lieu où on vous tripote, où on vous ausculte, et où vous acceptez, en général jamais par choix ni de bon gré, de laisser les soignants “travailler” sur votre corps. Le lieu où par définition, vous renoncez forcément à une partie de votre intégrité. Le lieu où évidemment, vous consentez à vous laisser faire par des médecins qui, eux, ont LE savoir. Le lieu où pendant les visites du matin, vous recevez contraint, et en général au réveil, une cohorte d’internes collés à la blouse blanche, avec stylos multi-couleurs dans la poche, du chef de service. Une joyeuse équipe, sur le qui-vive depuis des heures, qui vient soulever vos draps et regarder si le pansement n’a pas coulé, si vos urines ont bien rendu, et si votre poche est à changer. Alors c’est vrai, une blouse fermée dans le dos, ça va vraiment tout changer.

Top 50 des banques les plus sûres au monde : La France rétrograde

Dans son classement 2012 des 50 banques les plus sûres au monde, le magazine Global Finance rétrograde le secteur bancaire français.
Le magazine Global Finance a publié son classement annuel des banques les plus solides au monde. Comme l'année précédente, les cinq premières places sont exclusivement occupées par des banques publiques. Mais la Caisse des dépôts française, deuxième l'année passée, est la seule à quitter le quinté de tête et occupe désormais la sixième place. L'Allemande KfW bankengruppe se positionne toujours en tête du classement, suivi par la banque néerlandaise BNG et la suisse Zürcher Kantonalbank.
L'Europe toujours au top...
Le magazine a classé les banques en fonction de la qualité des actifs des 500 plus grandes banques au monde et des notations -attribuées par les agences Moody's, Standard & Poor's et Fitch- de leurs lignes de crédit à long terme.  Point positif pour le vieux continent, les 10 banques les plus sûres au monde, au sens de Global Finance, restent européennes. On observe cependant que l'espagnole Banco Santander, dixième en 2011, n'est tout simplement plus présente dans le top 50. De son côté, BBVA anciennement en 17eme position ne figure plus au palmarès. La très grave crise bancaire de l'autre côté des Pyrénées n'y est certainement pas étrangère.
 
...mais la France perd des places
Du côté français, les banques ont été d'une manière globale rétrogradée,  puisque la Société Générale, 35ème en 2011, le Crédit Agricole, 21ème, et LCL, 27ème, sortent du classement.BNP Paribas perd de son côté 32 places et se retrouve 47ème. Seuls le Crédit Mutuel et la Banque Postale ont fait mieux qu'en 2011, passant de la 39ème à la 36ème place pour le premier et entrant à la 43ème place pour la seconde. 
La crise de la dette de la zone euro et les dégradations des notes de plusieurs groupes bancaires français lors des 12 derniers mois ont clairement joué en leur défaveur. 
Les banques basées au Canada, à Singapour et en Australie ont de leur côté tiré leur épingle du jeu et squattent les vingt meilleures places. Les banques britanniques et américaines ne sont en revanche pas à la fête. Elles ne sont plus que 7 dans le classement. La première d'entre elles étant sans surprise HSBC, qui rétrograde tout de même de la 16eme à la 23ème place.

Grèce : un contrôle fiscal déclenche une émeute

La lutte contre l'évasion fiscale fait partie des engagements du gouvernement en Grèce, mais la population accepte mal ce tour de vis.
Vendredi dernier un contrôle de la brigade de la haute délinquance financière d'un restaurateur de bord de mer sur l'île d'Hydra en Grèce (soupçonné de ne pas fournir de factures à ses clients et donc de ne pas acquitter de TVA) a presque dégénéré en émeute.

Le gérant du restaurant contrôlé ayant refusé de s'exécuter, il a été interpellé et transféré au commissariat, déclenchant une vague d'indignation chez les commerçants de l'île. Ces derniers ont notamment établi un barrage devant le poste de police et interrompu le trafic des bateaux pour Athènes, afin d'empêcher son transfert vers la capitale. L'approvisionnement en courant et en eau du poste de police aurait même été coupé pendant toute la nuit. L'État a dû dépêcher des unités de brigade antiémeute d'Athènes en renfort, transportées par des navettes de la marine grecque. De légères échauffourées ont éclaté avec des habitants de l'île lors de leur arrivée.
Voici l'histoire telle que racontée par les media français (voir Le FigaroLe Nouvel Observateur notamment), tous ont vraisemblablement repris une dépêche d'agence de presse sans chercher à enrichir l'article ou même détailler ce qui s'est passé : l'essentiel de l'information consiste à dire que des restaurateurs fraudent en Grèce mais que de courageux inspecteurs du fisc cherchent à agir ; cela déclenche des émeutes qui semblent n'avoir pour origine qu'une volonté des commerçants de frauder le fisc, les autorités locales condamnent ces agressions et autres incivilités, et le gouvernement est contraint d'envoyer les forces spéciales pour résoudre la situation.
Cependant nos confrères français oublient de préciser les conditions exactes de l'arrestation de ce restaurateur : il aurait fait un malaise durant son arrestation (ce qui aurait obligé la police a retarder son transfert à Athènes dans le cadre de la procédure), et dans la foulée, comme la police et les inspecteurs du fisc souhaitaient embarquer quelqu'un tout de même, le fils du restaurateur, simple employé du restaurant, aurait été arrêté, conduit au poste menotté puis finalement libéré. Ce sont ces deux événements, s'ajoutant apparemment à bien d'autres ces dernières semaines, qui ont déclenché la colère des habitants de l'île d'Hydra qui s'estiment persécutés.
Ce genre d'événement prend de plus en plus d'ampleur en Grèce, et pourrait prochainement toucher la France.

Impôts : vers une rentrée fiscale très chaude


Trente trois. Ce n’est pas la température qu’affiche le thermomètre mais le nombre de milliards d’euros que le gouvernement va devoir trouver pour boucler le budget 2013 en ramenant le déficit public à 3% contre 4,5% cette année. Principalement par les impôts.
Trente trois. Ce n’est pas la température qu’affiche le thermomètre mais le nombre de milliards d’euros que le gouvernement va devoir trouver pour boucler le budget 2013 en ramenant le déficit public à 3% contre 4,5% cette année.
Pour trouver cette somme, le gouvernement devra alterner entre réduction de dépenses et hausse de la fiscalité. Tout laisse à craindre que la seconde option l’emporte largement.
L’ensemble des prélèvements devrait être concerné.
L’impôt sur le revenu, d’abord, avec la création annoncée d’une tranche à 45% pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part. Promesse de François Hollande à ses électeurs, la création d’une super tranche à 75% est également attendue pour les revenus dépassant 1 million d’euros, ce qui risque d’accélérer le nombre d’expatriations fiscales, vers la Suisse, la Belgique ou le Royaume-Uni qui a publiquement invité les français fortunés à traverser la Manche.
Parmi les autres thèmes de réjouissance, les contribuables doivent s’attendre à un plafonnement du quotient familial et à un nouveau tour de vis sur les revenus du capital et du travail. L’avantage tiré des niches fiscales pourrait être plafonné à 10.000 euros alors que l’imposition de la plus-value réalisée lors de la vente de la résidence principale est à nouveau évoquée.
Les entreprises ne seront pas non plus épargnées, notamment avec une hausse de l’impôt sur les sociétés.

VOILÀ QUI EST  INTELLIGENT, 
LES SOCIÉTÉS N'EMBAUCHERONT PLUS, 
N'INVESTIRONT PLUS, 
IL N'Y AURA PAS PLUS DE CROISSANCE.


La droite libérale, orpheline de Sarko ?


Nicolas Sarkozy remis en selle ? Selon un sondage Ifop-JDD 53% des sympathisants UMP souhaiteraient que l’ancien président soit de nouveau candidat en 2017. Et 40% qu’il reprenne sa place dans le débat public. 7 % seulement des ex-sympathisants, ayant apparemment perdu toute sympathie pour le candidat malheureux, ne veulent plus entendre parler de lui. « Mon retour n’est pas du tout d’actualité », a certes précisé l’intéressé. Ce sondage lui laisse néanmoins, au cas où il changerait d’idée, une porte entrebâillée. N’était-ce pas ce que souhaitait le président battu lorsqu’il annonçait vouloir « se mettre au vert au moins deux ou trois ans » ? En gardant la possibilité de se poser, si l’occasion s’y prête, en un éventuel recours de la droite libérale ?  
Ceux qui se sont plus ou moins mis en piste pour prendre la direction de l’UMP – les 18 et 25 novembre prochains –, c’est-à-dire, par ordre de popularité décroissante dans les  sondages : François Fillon, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko Morizet, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, Christian Estrosi, Dominique Dord, tous ceux-là devront compter avec l’ombre de Nicolas Sarkozy venant leur titiller la roue. Du moins en ce qui concerne les deux premiers de la liste. Quant aux autres, à mon avis, il va y avoir de grosses défections dans leurs rangs… Y compris chez les outsiders Kosciusko-Morizet et Le Maire…
Une lucarne reste donc ouverte pour l’éventuel retour de Nicolas Sarkozy. Ou du moins, lui permettant, s’il en éprouve le besoin, de peser sur le débat politique. Mais pour revenir vers les Français, il ne faudrait pas que l’ancien président de la République se trompe de fenêtre, choisissant par exemple celle de la Syrie, qu’il semble confondre avec le bow-window libyen. Très à tort d’ailleurs, puisque le cinéma de Bernard-Henri Lévy dans lequel l’ex-président avait cru bon de jouer les premiers rôles (et surtout les producteurs, question pognon) n’a pas laissé que de bonnes impressions dans les souvenirs des Français. Quelques mois après, certains d’entre eux, constatant les conséquences désastreuses de cette affaire  qui se sont développées au Mali (conséquences néfastes aussi sur la politique étrangère de certaines grandes puissances) seraient même tentés de siffler la fin du film. Et, avec lui, son auteur, ses interprètes et ses sponsors.
Quand les caciques de l’UMP, emboîtant avec un bel ensemble le pas de Nicolas Sarkozy, dénoncent de concert « l’inaction » de François Hollande en Syrie, ils satisfont sans doute la classe médiatico-humanitaire (qui de toute façon ne votera jamais pour eux). Mais ils affligent, sans même s’en rendre compte, une grande partie des électeurs de droite…
La droite de ceux qui « ne sont pas tous des lâches »
Député UMP, vice-président du Conseil général des Alpes-Maritimes et accessoirement membre de la droite populaire, Lionnel Luca confiait la semaine dernière ses états d’âme à un quotidien de gauche… L’élu du sud s’y présentait comme républicain (tendance bonapartiste), jacobin, gaulliste (avec un fond de catholicisme social). Fort de toutes ces références, Lionnel Luca pense, citant pour l’occasion J.-P. Chevènement, que « la gauche a oublié le peuple, et la droite la patrie ». C’est vrai. A condition de préciser qu’il s’agit de la droite libérale. La droite nationale n’a jamais elle, mis de côté la patrie. Et pour cause  : elle lui est en quelque sorte consubstantielle.
A propos de l’insécurité et du châtiment des criminels, deux sujets à l’ordre du jour, (surtout après les inquiétantes  déclarations de Christine Taubira), l’élu des Alpes-Maritimes n’hésite pas, même s’il la juge dans le contexte européen « inapplicable », à évoquer la peine de mort. « Je suis pour la mise hors d’état de nuire d’un criminel et pour la sanction proportionnée à la nature du crime. Sans être dans la loi du talion, on ne peut pas accepter qu’après trente ans de détention un individu particulièrement dangereux, ayant délibérément ôté la vie, puisse sortir. Je regrette qu’on ajoute à ce débat une dimension moralisatrice. » Et de constater : « Si je dis : je suis pour la peine de mort (…) je suscite l’horreur absolue. Le Japon et les Etats-Unis sont des démocraties et pratiquent pourtant la peine de mort… » L’application de celle-ci n’a en effet rien à voir avec la démocratie. Mais tout à voir en revanche avec la subversion des institutions.
Au journaliste qui lui fait remarquer que les partisans de la peine de mort sont aujourd’hui très minoritaire, Luca répond : « A droite, nous sommes des lâches. Si on veut faire carrière dans cette société moralisatrice, il faut être bien vu de ceux qui écrivent, ces curés laïcs qui donnent l’absolution au nom de ce qu’il faut penser. Moi je fais parti des mal pensants. » Là notre député UMP se vante peut-être un peu. Les vrais « mal pensants » sont rarement interviewés dans Libération.
Le FN coupe l’UMP en deux
 Propos lucides et fermes également sur l’islamisation de la France. « Depuis une vingtaine d’années, un islamisme intégriste conquérant veut nous imposer sa façon de vivre. » Et de rappeler que dans notre pays : « Deux tiers de la  viande qu’on consomme sont abattus selon l’abattage rituel alors que celui-ci devrait être dérogatoire (…). Ça ne me dérange pas qu’un musulman mange halal, mais je ne veux pas manger halal ou casher sans le savoir et je ne veux pas payer une taxe pour une religion qui n’est pas la mienne. » La plupart des Français pensent la même chose…
Mais, dans le corps de cet entretien, Lionel Lucas rappelle aussi, de façon paradoxale par rapport à ses déclarations, qu’il et un adversaire résolu du mouvement national. Le seul parti qui défend les positions qu’il a exposées. « Le FN est un adversaire, un grand parti démagogue (…)Nous on règle les problèmes dans la fermeté, pas dans l’extrême. » Si les nationaux apparaissent aujourd’hui comme extrémistes, alors que l’immense majorité d’entre eux ne le sont nullement, c’est parce que depuis cinquante ans les responsables de cette droite libérale, à des degrés divers, n’ont cessé de dériver vers la gauche, comme aimantés par son idéologie. A force de s’éloigner toujours davantage des fondamentaux de droite, ceux qui sont restés fidèles à ces derniers, apparaissent, aux yeux de cette droite libérale déportée à gauche par de forts courants progressistes, comme autant d’étrangers. De lointains énergumènes. Pourtant, si la droite veut lors des prochaines échéances, reprendre le pouvoir à la gauche, cette reconquête passe forcément par des alliances électorales entre la droite libérale et la droite nationale. Si les candidats de l’UMP et du centre refusent farouchement ces alliances, dans les sondages, « 52% des sympathisants UMP y sont favorables ». Pour l’UMP – il y va de sa tactique électorale – voilà donc un  nœud gordien à trancher avant les 18 et 25 novembre prochains… 
Les 52% d’électeurs UMP qui souhaitent des alliances électorales avec le FN partagent sans doute les positions de Lionel Lucas sur la patrie ou la mise hors d’état de nuire des criminels. Sans doute sont-ils excédés par cette société moralisatrice de curés laïcs nous prêchant du matin au soir la Tora des droits de l’homme… Sans doute sont-ils écœurés par les carriéristes de la politique, taisant leurs convictions pour ne pas déplaire à leurs adversaires. Alors pourquoi ne pas rejoindre la droite « de ceux qui ne sont pas tous des lâches »,  et encore moins des carriéristes ? La droite qui n’a pas honte d’afficher ses idées ? Ce serait sans doute aussi une bonne façon de faire avancer au plus vite le débat sur les alliances.