TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 1 mars 2012

Une fronde anti-austérité monte en Europe

Alors que le conseil européen qui s'est ouvert ce jeudi 1er mars s'apprête à signer le Pacte budgétaire, une douzaine de pays, ménés par l’Italie, contestent la politique de la rigueur à tout prix du couple “Merkozy” et plaident pour une politique de relance de la croissance. 

Le président français Nicolas Sarkozy l'a porté à bout de bras, en soutien de la chancelière allemande Angela Merkel. Son adversaire socialiste François Hollande promet de le renégocier s'il est élu président de la République. Le pacte budgétaire est soumis à la signature de 25 chefs d'Etat et de gouvernement européens, vendredi 2 mars, à Bruxelles – seuls le Royaume-Uni et la République tchèque devraient s'abstenir –, mais le débat à son sujet n'est pas clos pour autant.
Cette signature ouvre la voie à une procédure de ratification qui s'annonce délicate, à l'heure où la crise des dettes souveraines connaît un répit relatif en marge du sauvetage de la Grèce. Mardi 28 février, le premier ministre irlandais de centre gauche, Enda Kenny, a annoncé, contre toute attente, son intention d'organiser un référendum pour ratifier le pacte.

Eviter la mise en cause du MES

En France, M. Sarkozy s'est résolu à ne pas précipiter la ratification parlementaire avant les élections présidentielle [22 avril-6 mai] et législatives [10-17 juin], mais il entend y procéder au plus vite s'il est réélu. Au contraire, si M. Hollande l'emporte, de nombreux responsables de gauche ne veulent pas entendre parler d'une ratification du texte en l'état. Dès le sommet européen de juin, ils espèrent muscler le volet croissance et gouvernance économique d'un traité avant tout conçu pour inscrire dans le marbre la discipline budgétaire chère à Mme Merkel.
Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, que les chefs d'Etat et de gouvernement doivent confirmer pour deux ans et demi dans ses fonctions, veut éviter la mise en cause de l'autre traité, sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), en cours de ratification. Sous pression pour augmenter la force de frappe de ce fonds de secours permanent, l'Allemagne a insisté pour lier politiquement les deux textes.
Sur le fond, l'opposition entre M. Sarkozy et M. Hollande sur le nouveau traité reflète le débat du moment entre les Vingt-Sept. Après avoir donné la priorité à l'austérité, sous la pression des marchés, ils doivent discuter de la meilleure façon de soutenir leurs économies sans creuser davantage les déficits.
Les plans d'austérité, en vigueur un peu partout sur le continent, sont de plus en plus contestés par les syndicats et par les opinions publiques, sur fond de montée du chômage dans les pays les plus fragiles. Ils risquent de surcroît, de l'avis de nombreux dirigeants, d'aggraver la récession qui menace. " En ce moment, on insiste trop sur les pénalités financières et les paquets d'austérité ", a jugé le socialiste Martin Schulz, président du Parlement européen, lors d'une visite à Athènes, mardi.

"Une crise de croissance"

Les mises en garde en ce sens se sont multipliées. Douze pays, dont l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Pologne, demandent de réorienter la politique économique défendue par le tandem Merkel-Sarkozy. " La crise à laquelle nous faisons face est aussi une crise de croissance ", ont-ils fait valoir dans un courrier rédigé à l'initiative de Mario Monti, président du conseil italien.
Mais, dans l'esprit des douze signataires de cette lettre, le remède passe par davantage de libéralisations, par la réforme du marché du travail dans chacun des Etats et par une plus grande ouverture commerciale du continent. Ce ne sont pas vraiment les solutions préconisées par la gauche française !
La récession qui menace les Vingt-Sept inquiète de surcroît leurs partenaires internationaux. A plus court terme, l'enjeu est aussi – et peut-être surtout – de préciser les modalités d'application du pacte de stabilité et de croissance, tel que renforcé depuis l'automne. L'Espagne demande à revoir à la baisse les objectifs qui lui sont fixés, demande repoussée d'un revers de main par la Commission et la Banque centrale européennes.
Avec un souci qui risque de compliquer le début de mandat du prochain président français : protéger la crédibilité du dispositif de surveillance collective qui émerge peu à peu de la crise de la zone euro.

Néandertal, déjà navigateur en Grèce entre -100 et -50.000 ans ?

Publiant ses travaux dans Archaeological Science, un chercheur grec s'est basé sur la découverte d’outils paléolithiques sur des îles grecques et sur les données concernant le niveau de la Méditerranée à l’époque pour établir que l’Homme de Néandertal aurait atteint ces îles en bateau. 
La Crète, ou bien Leucade, Céphalonie ou Zante, en Grèce : autant d’îles où des outils néandertaliens ont été découverts ces dernières années. Comment l’Homme de Néandertal a-t-il fait la traversée ? Pas à pied sec, selon George Ferentinos, de l'Université de Patras (Grèce).
Compilant des données géologiques, ce chercheur soutient qu’il y a 100.000 ans, la Méditerranée, avec un niveau inférieur de 120 mètres au niveau actuel, devait tout de même avoir, au large la Grèce, une profondeur d’environ 180 mètres. Il était donc impossible pour ces hommes d'avoir traversé ainsi la mer. Reste donc l’hypothèse d’une traversée en canoë ou en radeau, sur ces bras de mer qui font pas moins de 5 à 12 kilomètres de long (40 pour la Crète). Faites de bois, les embarcations utilisées se seraient alors dégradées au cours du temps sans laisser de trace.
L’explication est toutefois contestée par Paul Pettitt, de l'Université de Sheffield (Royaume-Uni), qui suggère que les Néandertaliens peuvent avoir tout simplement… nagé jusque là, et souligne en outre que les outils trouvés sur ces îles n’ont pas fait l’objet d’une datation absolue. Il est attesté que l’Homo sapiens, lui, a utilisé des embarcations dès -50.000 ans, au moins.

Deux monnaies valent mieux qu’une

Plutôt que de sortir de la zone euro, les pays les plus endettés feraient mieux d’adopter également une devise nationale. Elle circulerait parallèlement à la monnaie unique, sur le modèle de ce qui s’est fait dans les pays ex-soviétiques au moment de l’indépendance, suggère un politologue estonien. 

Après deux ans d’intenses efforts et de dépenses, la situation de la Grèce, du Portugal et de quelques autres Etats périphériques en matière d’exportations, de collecte d’impôts, et de concurrence, n’a fait que s’aggraver.
Une fois ce constat dressé, il n’y a pas beaucoup d’issues. D’abord, les Etats endettés ne peuvent pas abandonner la monnaie unique, car cela frapperait les créanciers qui attendent d’être remboursés en euros. En outre, les pays endettés n’arrivent pas à garantir le fonctionnement normal de leurs entreprises, car il n’y a pas d’euros en circulation et ils n’ont pas le droit de les imprimer eux-mêmes.

La devise nationale pour les besoins internes

Il ne reste donc que deux solutions : soit solliciter des emprunts à long terme, en euros, auprès du FMI et de l’UE, ou introduire une monnaie nationale (drachme, escudo) en parallèle, que l’on peut imprimer soi-même en cas de besoin.
La première variante (considérée aujourd’hui comme la plus vraisemblable) ne peut fonctionner qu’à condition que les pays exportateurs “sages” de l’UE (l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg) aient constamment envie de verser de l’argent à des pays périphériques.Toutefois, il se pourrait que ces derniers n’aient pas la motivation nécessaire pour améliorer la situation.
L’autre possibilité serait de mettre en circulation une devise nationale, parallèlement à l’euro. Les créanciers trouveraient ainsi leur compte: les débiteurs pouvant plus facilement rembourser leurs dettes en euro, monnaie qui viendrait des exportations et des subventions européennes. Pour les besoins internes au pays, on utiliserait la devise nationale.
Cette solution garantirait également une stabilité interne puisque les salaires des enseignants, des pompiers ou des médecins seraient payés en devise nationale, réimprimable en cas de besoin. Le taux de change entre l’euro et la monnaie nationale serait flottant, ce qui conduirait très probablement à une baisse annuelle d’environ 20% du pouvoir d’achat et des salaires réels.

Une expérience qui a déjà fait ses preuves

Cette situation ne rendrait pas les Grecs et les Portugais heureux mais ce n’est pas ce que l’on cherche aujourd’hui. Nous avons plutôt besoin d’Européens du Sud qui, bien que mécontents et affamés, décident d’aller au travail pour un salaire qu’ils ont jusqu’à présent considéré comme insuffisant. Pour nous, la vraie plus-value serait de pouvoir éviter d’avoir à verser nos euros au fonds d’aide européen et éviter de dévaluer l’euro à force de constamment le réimprimer.
Ce modèle a-t-il déjà fonctionné ? Nous pouvons prendre pour exemple notre expérience de la fin des années 1980 et du début des années 1990, lorsque parallèlement au rouble [la monnaie qui avait cours lorsque l’Estonie faisait partie de l’Union soviétique], et avant l’arrivée de la couronne [en 1992], nous avions aussi des dollars et des deutsche marks.
C’est justement à cette époque que sous l’influence des monnaies parallèles et de la forte inflation, il y a eu une redistribution des ressources et des dépenses dans la société.
Pour une partie de la population, il est que cela a été difficile, mais il n’empêche que les écoles et les hôpitaux étaient ouverts, que personne n’a brûlé de voitures, qu’il y avait une gouvernance et que l’économie s’est vite adaptée pour devenir plus compétitive et orientée vers les exportations. Et en seulement quelques années, l’Estonie est devenue, aux yeux des investisseurs étrangers, l’un des pays les plus attractifs au monde.

Dans la peau d’un Grec

A quoi ressemblerait la vie d’un fonctionnaire Allemand moyen si la République fédérale était contrainte de suivre la même cure d’austérité draconienne qu’elle impose en ce moment à la Grèce ? Avec l’aide de quelques experts, Cicero a essayé de l’imaginer. 
Appelons-le Erich Hansen. Erich Hansen est éducateur dans le public dans une petite ville de la Hesse [dans le centre de l’Allemagne]. Avec les jeunes qu’il accueille dans sa structure, il fait des allers et retours réguliers à Marbourg, non loin de là, pour y jouer au bowling.
A l’avenir, Erich Hansen devra se poser la question de savoir s’il ne serait pas préférable d’emmener les enfants dans la forêt – le ticket d’entrée au bowling pourrait devenir trop onéreux, et Erich Hansen doit se serrer la ceinture. Comme le reste de la République fédérale.
Appuyons-nous sur l’hypothèse formulée par la fondation Hans Böckler avec l’aide de l’Institut de macroéconomie et de recherches conjoncturelles (IMK) pour comprendre à quoi ressemblerait l’Allemagne si elle était soumise aux mêmes plans de rigueur que la Grèce.
Le salaire d’Erich Hansen fonderait de 3 250 euros mensuels à 2 760. En revanche, sa cotisation d’assurance-maladie bondirait en un an de 530 euros, pendant que la TVA passerait de 19 à 22 %. L’éducateur, qui aime bien prendre une petite bière et griller une cibiche après le travail, doit s’attendre à une flambée de 33 % des taxes frappant l’alcool, le carburant et les cigarettes.

Le pays se "tiers-mondialise"

Le climat est tendu chez les collègues d’Erich Hansen. Le gouvernement a annoncé la suppression de 460 000 postes dans le secteur public. Les retraités allemands devront compter avec une baisse de 1 000 euros de leurs revenus annuels. Une perspective effrayante quand on songe aux manifestations que les gels des salaires ont déclenchées par le passé en Allemagne.
La raison pour laquelle Erich Hansen et les autres doivent se serrer la ceinture, c’est parce que si l’on transpose sous nos latitudes les exigences imposées à la Grèce, la République fédérale devra économiser près de 500 milliards d’euros sur cinq ans. C’est ce qu’a calculé Henner Will, expert à l’IMK, qui est arrivé à la conclusion que la troïka formée par la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international avait sous-estimé les répercussions de la politique d’austérité.
Le produit intérieur brut grec va se contracter de 2,6 % en 2011, prévoyait-on officiellement lors de la présentation du plan de rigueur imposé à la Grèce. Au bout du compte, il aura dévissé de 5 %, rien de moins, et l’on ne parle ici que de l’année 2011 : car la politique d’austérité grecque ne fait que commencer.
Les chiffres sont effrayants et sans équivoque : l’austérité mènera les Grecs à la ruine si l’on poursuit dans cette voie. Plus le chœur sur la question grecque s’enrichit de nouvelles voix, plus le concert dure, et plus tout ce qui touche à l’avenir de l’euro, de la Grèce et donc de l’Europe devient une question de foi. Comment l’histoire se terminera-t-elle ? Nul ne le sait.
Un regard vers la Grèce suffirait à redresser la barre et à montrer que, pour les citoyens grecs, l’affaire est pliée depuis longtemps : la débâcle est complète et le pays se "tiers-mondialise" – un phénomène qui n’est encore en Allemagne qu’une menace, que l’on brandit comme un chiffon rouge.
Pendant ce temps, Erich Hansen a perdu son emploi. L’éducateur a dû faire une croix sur ses indemnités de chômage. L’Etat lui prend 600 euros par an. Erich contribue ainsi au sauvetage de l’euro.

Référendum surprise en Irlande

Le 28 février, le gouvernement irlandais a créé la surprise en annonçant l’organisation d’un référendum sur le nouveau pacte budgétaire européen. Malgré un contexte de profonde récession, de chômage élevé et de mécontentement croissant à l’égard de l’UE, la presse irlandaise estime qu’il n’existe pas d’autre choix que de voter Oui.
L’Irlande est sur le point de devenir le premier et seul pays de la zone euro à donner un verdict populaire sur le pacte budgétaire européen. Conclu en janvier dernier sous l’impulsion de l’Allemagne, le traité qui prévoit l’inscription d’une règle sur l’“équilibre budgétaire” dans la législation nationale et confère à la Cour européenne de justice le droit d’imposer des sanctions contre les Etats en infraction, devrait être signé officiellement à Bruxelles par 25 membres de l’UE (le Royaume-Uni et la République tchèque ont choisi de rester à l’écart) le vendredi 2 mars.
Mais le ministre de la Justice irlandais a jugé nécessaire un référendum pour la ratification du texte juridique de dix pages. Se conformant à son avis, le Taoiseach a annoncé devant le Parlement qu’il serait demandé au peuple irlandais son “autorisation”.

Logo – The Irish Times, Dublin
Je suis fermement convaincu que c’est dans l’intérêt supérieur de la nation que ce traité soit approuvé, car nous pourrions ainsi poursuivre dans la voie des progrès que le pays a régulièrement réalisés depuis un an.
Se souvenant que l’Irlande a rejeté des traités de l’UE par le passé, d’abord ceux de Nice et de Lisbonne en 2001 et 2008, avant des les approuver en 2002 et 2009 respectivement, l’Irish Times affirme que “le peuple a l’habitude de répondre Non à la question qu’on lui pose”. Il n’empêche que le journal salue la “conviction enthousiaste [du Taoiseach] que le peuple… prendra la bonne décision”. Le quotidien, résolument européen, de Dublin assure que :
Logo – The Irish Times, Dublin
… qu’un rejet ouvrirait d’épouvantables perspectives pour ce pays. Comme le traité n’exige pas une ratification par tous les Etats participants avant d’entrer en vigueur, un Non de l’Irlande laisserait ce pays sur le bord de la route, tandis que le reste de la zone euro avancerait dans une plus étroite intégration. L’Irlande resterait officiellement un membre de la zone euro, mais elle serait malheureusement exclue du noyau de prise de décision qui s’est d’ores et déjà placé à l’avant-garde de l’UE. Surtout, un Non priverait l’Irlande d’un accès ultérieur aux mécanismes de sauvetage et aux liquidités — le bouclier qui joue un rôle capital pour notre stature sur les marchés et notre redressement.
Pour l’Irish Examiner, tout les Irlandais doivent être conscients des “conséquences de leur vote et de ce que leur décision signifie pour nous et nos enfants”
Logo – Irish Examiner, Cork
Ceux qui s’y opposeraient, au lieu de simplement le rejeter parce qu’ils sont à juste titre en colère à cause de tant de conséquences affreuses et injustes liées à la perte de l’indépendance économique du pays, devraient présenter un autre moyen viable de financer cet Etat en faillite. Cela devrait être le test décisif pour toute proposition autre que la ratification. Nous sommes placés devant un dilemme absolu — nous sommes soit à l’intérieur soit en dehors, aussi peu agréable que soit cette réalité restrictive. Il est difficile d’imaginer que nos collègues européens, qui eux-mêmes se battent sur tous les fronts, puissent obligeamment faire quelques arrangements spéciaux pour un petit Etat membre aussi désespérément tributaire des prêts européens, aussi draconiennes que soient les conditions assorties à ce financement.
Prédisant que le gouvernement soutiendra qu’un Non aura des “conséquences catastrophiques”, l’Irish Independent note que :
Logo – Irish Independent, Dublin
Une petite consolation tient au fait que la question est plus facile à comprendre que le contenu et les implications du traité de Maastricht ou de celui de Lisbonne. Les gouvernements ont, avec beaucoup de malhonnêteté, prétendu que ces traités avaient peu d’importance. L’impression d’avoir été floués éprouvée par les électeurs, a certainement contribué à la défaite du gouvernement — au moins lors de la première consultation. Avec un peu d’effort, on peut effectivement comprendre le pacte budgétaire. On peut prédire, sans trop de risques de se tromper, ce qui arriverait si le pacte était rejeté. […] L’autre grand paradoxe est que le pacte budgétaire ne comporte rien ou presque qui ne soit déjà dans le droit irlandais, en raison du durcissement des règles de la zone euro intervenu l’année dernière, à l’exception, peut-être du statut constitutionnel.

L'Europe dans la campagne présidentielle


L'Europe va-t-elle faire son entrée dans la campagne présidentielle ? Le thème n'est pas « porteur » dans un tel scrutin. C'était pourtant l'un des paris (guère réussi pour l'instant) du Front de gauche, qui y voyait un moyen de ressusciter la dynamique contre la Constitution européenne de 2005. Le résultat mitigé, hier, de la « mobilisation contre l'austérité » à l'appel de la Confédération européenne des syndicats, n'est pas de nature à changer la donne. Pourtant, à l'heure où la Grèce s'enfonce dans un abîme sans fin, tandis que l'Espagne connaît les premières conséquences des coupes budgétaires, au lendemain de la ratification en catimini par le Parlement français du Mécanisme européen de stabilité (MES) et à la veille du sommet européen de Bruxelles où devrait être signé le nouveau « Traité européen de stabilité », la question aurait toute sa place dans le débat actuel. Ce Traité européen, instaurant « la règle d'or budgétaire », s'apparente de fait à une réduction de souveraineté… Et le MES, salutaire à court terme, reste absurde dans son principe, en cherchant à contourner l'orientation néolibérale de l'Europe depuis le Traité de Maastricht tout en voulant s'inscrire dans ce cadre, en liant notamment fermement les deux textes (d'où les contorsions du PS autour d'un vote d'abstention assez injustifiable). L'initiative irlandaise récente de soumettre à référendum la ratification du pacte européen, relance en tout cas la légitimité d'une telle demande en France aussi. Une option rejetée par Nicolas Sarkozy (malgré son engouement récent pour ce type de consultation populaire) et sur laquelle François Hollande est pour le moins flou.

L'Ouest a besoin de métropoles puissantes 

Les chiffres de croissance démographique des plus grandes aires urbaines de l'Ouest (Nantes, Rennes, mais aussi, à un moindre degré, Caen, Angers, Brest, Le Mans) sont très élevés. Ils sont même souvent parmi les plus forts de France. Ce renforcement des « métropoles » régionales inquiète ceux qui rêvent d'un aménagement « équilibré » des territoires, où les populations seraient étalées de façon homogène sur le sol régional, bien réparties au sein d'un harmonieux chapelet de villes moyennes et de bourgs ruraux... Mais on n'aménage pas les territoires comme on étale du beurre sur du pain : la vie contemporaine impose ses règles et cette polarisation exercée par les grandes villes répond à de redoutables défis.
 
Dans une économie mondialisée où règne une impitoyable concurrence et où les innovations et les services jouent des rôles déterminants, l'enjeu est de développer les indispensables fonctions qui fabriquent l'avenir : recherche, formations supérieures, services haut de gamme, logistique... Or, la production de ces fonctions ne peut se faire n'importe où et n'importe comment. Il faut réunir beaucoup d'acteurs spécialisés : on ne développe pas un laboratoire de pointe avec trois ou quatre chercheurs ni une université avec deux départements... Il faut aussi que ces acteurs appartiennent à un grand nombre de domaines pour que de fructueuses synergies puissent s'opérer. Seules quelques grandes villes, bien insérées dans les réseaux internationaux, peuvent atteindre cet objectif. D'où l'inévitable concentration des activités et des populations au sein des métropoles. Concentration qui a même tendance à s'amplifier, surtout quand ces villes assurent, en même temps, des fonctions politiques, administratives, judiciaires...

Cet essor des métropoles ne peut-il s'opérer qu'au détriment du reste du tissu régional ? Comme si, pour habiller Paul, il fallait obligatoirement déshabiller Pierre ? En fait, alors que le monde rural renaît à l'Ouest et que le dynamisme de la plupart des villes moyennes n'est plus à démontrer, on voit bien que le développement des métropoles ne joue pas contre leur environnement. C'est même tout le contraire ! Ces « villes-mères » sont des atouts déterminants pour leur région : elles constituent, grâce à leur insertion dans les réseaux internationaux, des « portes d'entrée » dans la mondialisation. De plus, leur image et leur éventail de prestations contribuent très largement au renforcement de l'attractivité de leurs territoires environnants. Enfin, que dire des effets d'entraînement qu'elles exercent sur leur région, à travers les innombrables liens qu'elles tissent avec les acteurs régionaux et les réseaux qu'elles animent dans les domaines universitaires, techniques, culturels, commerciaux ?

C'est précisément en déséquilibrant les territoires que les métropoles contribuent à leur dynamique... Quand on se situe à la périphérie de l'Europe, on ne peut pas continuer de se plaindre indéfiniment du rôle dominateur et prédateur de Paris et, en même temps, refuser de s'organiser dans nos régions pour produire les fonctions capitales d'avenir. Loin d'être trop puissantes, nos métropoles de l'Ouest se révèlent encore souvent trop faibles pour produire toutes les fonctions déterminantes du futur. Au-delà des logiques de concurrence qui animent souvent les relations entre les territoires, elles doivent renforcer leur collaboration pour développer une « inter-métropolisation » efficace.

Le pacs de l’étoile et du lion

Peugeot, la famille, le diesel à injection, la mythique 205 GTI, les maillots à damiers de Bernard Thévenet, les usines de Sochaux… Non ce patrimoine national ne roulera pas sous châssis US après un Pacs avec le géant étoilé General Motors (Cadillac, Buick, Opel) sauvé par Obama de la casse en 2009. Notre vieux lion n’est pas mort hier soir. La mutualisation de la recherche et des achats est même un gage d’avenir pour ce nouveau géant. L’occasion fait le lion. 

Il serait temps de s’apercevoir que PSA (Peugeot) n’est pas plus Made in France que les trois quarts des sociétés du Cac 40. Sur ses 300 000 salariés de PSA moins de 100 000 travaillent sur le territoire national. Dans une Renault Twingo, il reste 30 % de made in France, soit moitié moins que dans une… Toyota Yaris made in Japan ! A partir du moment où les capitaux n’ont plus de frontières, les entreprises n’ont plus de drapeau. Le souci, c’est que les usines et les emplois voyagent plus facilement. Ceux des entreprises concernées et plus encore ceux des PME sous-traitantes. L’ avenir de ces milliers de salariés dépendra de la capacité à innover mais aussi de la responsabilité sociale des dirigeants du groupe. Donc de la volonté des dirigeants politiques à les forcer non pas au patriotisme économique qui est une illusion mais à une responsabilité sociale qui est un minimum. Pascal Jalabert

Comment comprendre ?

Le commun des mortels n’y comprend plus rien. Hier, les syndicats ont appelé à une manifestation «européenne» contre l’austérité… sous une mobilisation loin d’être européenne. Pourtant, faute de courage politique, l’austérité reste le maître-mot de l’UE avec l’adoption, aujourd’hui, au niveau de 25 États, du «pacte budgétaire» censé définitivement serrer les ceintures pour sortir de la crise.

Mais le même jour, quelle prodigalité de la part de la BCE ! Elle a accordé 530 milliards d’euros à 800 établissements bancaires à un taux de 1 %, le tout remboursable en trois ans. Ce n’est pas la première opération de ce type, après 489 milliards fin décembre. Pour éviter la pénurie de crédits, paraît-il. Pour permettre aux financiers d’acheter actions et emprunts à beaux rendements. Car bien sûr, ses sacro-saints statuts obligeant, la Banque centrale ne prête pas aux États ! Seulement aux intermédiaires pour qu’ils fassent leurs bénéfices sur les dettes publiques, au grand dam des contribuables et à la grande joie des marchés boursiers. 

Certes, personne ne sait si ces banquiers pourront rembourser dans trois ans, comme nul ne sait dans quelle situation seront les marchés en 2015 si la croissance reste atone. Ce ne sont pas les seuls mystères financiers européens. Ainsi, l’avenir du pacte budgétaire défendu bec et ongles par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy reste douteux. Pas seulement parce que François Hollande veut le renégocier s’il est élu président. Surtout par nature. 

En effet, qui obligera un pays à respecter ces contraintes, sans d’abord une véritable politique européenne fédérale garantissant la solidarité avant la sanction ? Et une solidarité autre que celle des mécanismes actuels, style MES. Le temps des canonnières est révolu. Tailler dans les dépenses ne suffit pas pour assurer les fins de mois des endettés, n’en déplaise à Berlin. Le drame grec le montre. Créer de nouvelles richesses devient indispensable. Plusieurs capitales, Rome et Madrid en tête, plaident déjà pour des mesures de croissance au niveau national et européen. 

Or leurs gouvernements ne sont pas plus à gauche que le FMI, qui fait part des mêmes exigences. Faut-il en déduire que la politique de l’euro va enfin bouger ? Si oui, pas avant la présidentielle française. Quel que soit le nom du vainqueur.