lundi 30 avril 2012
«La violence du débat est liée au poids du FN dans les urnes»
Christian DELPORTE - La campagne à laquelle nous assistons actuellement me rappelle celle de la présidentielle de 1988. Elle avait été très dure, notamment dans l'entre-deux tours et durant le débat qui avait opposé le président sortant François Mitterrand et son premier ministre de cohabitation, Jacques Chirac. Déjà à l'époque, la violence du débat était liée au poids du Front national dans la vie politique. Comme Nicolas Sarkozy aujourd'hui, Jacques Chirac ne pouvait espérer l'emporter au deuxième tour sans les voix frontistes et son adversaire socialiste en avait profité. Je ne me souviens en revanche pas d'«affaires», comme celle évoquée ces derniers jours sur un financement présumée par Mouammar Kadhafi de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Autre différence: les médias ne traitaient pas en boucle comme aujourd'hui les mêmes sujets, dont la violence de la campagne fait partie.
Les termes employés par les différents camps n'ont-ils pas atteint un nouveau degré?
La violence de la parole politique s'est en effet exacerbée, mais elle ne date pas de la campagne électorale. Elle est sans doute liée à la présidence même de Nicolas Sarkozy - au cours de laquelle on a assisté à une parole libérée, voire peu contrôlée - et donc à la désacralisation de la parole politique. Elle tient aussi au fait de la crise économique que nous traversons, qui est de nature à entretenir cette atmosphère de violence. Le climat de cette campagne est très clivant. L'entourage des deux candidats a tendance à surenchérir, surtout du côté du président-sortant, qui est dans la position du challenger et veut donc rattraper son retard.
Quel est le but de cette surenchère verbale?
Chacun veut à la fois mobiliser son électorat et établir une frontière avec l'autre camp. Si les convaincus de chaque camp continueront de soutenir leur candidat, une telle stratégie risque en revanche d'effrayer un peu les hésitants et les modérés, autrement dit les centristes, qui pourraient jouer un rôle important dans le scrutin de dimanche. Ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy n'a donc à gagner de cette stratégie.
Ha…l'alerte : gyros, doner, kebab, shawarma au porc !
D'ailleurs, en France, chez l'un des fournisseurs de viande à kebabs surgelée, France-Kebab, il est bien précisé que « les viandes les plus communément utilisées sont le veau, la dinde et le poulet ».
Et rien d'autre, pas du tout de porc ? En tout cas, nulle mention de viande de mouton…
Des fonctionnaires chargés de vérifier la bonne conformité aux Trading Standards, soit les équivalents de nos inspecteurs de la Concurrence et des prix, ont testé vingt kebabs, sans trouver de viande d'agneau en proportions dominante.
Mieux : des plats désignés curry d'agneau (lamb curries) étaient, à près de 75 %, totalement exempts de viande de mouton, quelque soit l'âge de la bête.
Ce n'est pas précisé.
La presse de gauche pourrait pâtir de l'élection de François Hollande
Si Nicolas Sarkozy est battu au soir du 6 mai, la presse pourrait bien se trouver orpheline. Le président sortant a été une aubaine pour elle, tout particulièrement pour les journaux d'opposition.
En 2011, le quotidien Libération, qui a multiplié les "unes" militantes, a sans doute profité d'un effet Sarkozy. Sa diffusion a augmenté de 5,35% (OJD, diffusion France
payée) et ses ventes au numéro de 2,12%. De janvier à mars 2012, dans
un marché de la presse quotidienne nationale très déprimé (-7,6 % en
ventes au numéro), Libé a limité les dégâts avec une baisse de 5%.
Pendant la même période, Le Figaro, qui affiche un soutien
sans faille au président sortant, chute seulement de 3,7 %. Tout se
passe comme si la période électorale donnait une prime aux quotidiens
les plus engagés politiquement.
Une règle souvent évoquée dans la presse veut que rien ne vaut une cure d'opposition pour doper les ventes. Inversement, un soutien trop marqué au pouvoir en place ferait perdre des lecteurs. L'élection de François Hollande et l'arrivée de la gauche au pouvoir pourraient donc plonger
dans l'embarras de nombreux journaux ou sites d'information de gauche,
qui passeraient, du jour au lendemain, de l'opposition à la majorité.
"C'est toujours inconfortable d'être un journal proche du pouvoir, témoigne Maurice Szafran, directeur de Marianne.
Encore plus pour plus les journaux de gauche. Les journaux de droite
assument plus facilement leur proximité avec le gouvernement. "
De nombreux journalistes ont encore en mémoire la déconfiture du Matin de Paris, après l'élection de François Mitterrand en 1981. Fondé par Claude Perdriel en 1977, le journal affichait très nettement sa proximité avec le Parti socialiste. Sa bienveillance à l'égard du pouvoir,
y compris après le tournant de la rigueur en 1983, conduisit à une
érosion de ses ventes qui fut fatale. De 120 000 exemplaires en 1980, il
tomba à 80 000 en 1985 et déposa le bilan en mai 1987.
A la même époque, Le Monde vit sa diffusion baisser, dans une moindre mesure, ses lecteurs lui reprochant son soutien trop affirmé à François Mitterrand. Sa diffusion est passée de 430 000 exemplaires en 1981 à 335 000 en 1985. "Nos lecteurs de gauche nous ont quittés pour Libération, ceux de droite pour les journaux économiques comme Les Echos", se souvient Thomas Ferenczi, ancien journaliste au Monde. Les ventes sont remontées par la suite, sous l'effet des "affaires" comme celle du Rainbow Warrior, révélées par le quotidien du soir à partir de 1985.
A contrario, Le Figaro, journal d'opposition, a connu une hausse de ses ventes et gagné près de 100 000 acheteurs entre 1980 et 1990. Il est vrai qu'au cours de ces années, le journal de Robert Hersant a été dopé par la création de ses suppléments du week-end, Le Figaro magazine (1978), Madame Figaro (1980), TV Magazine (1987). Mais ceux-ci ne suffisent pas à expliquer un tel succès. Le quotidien conservateur a clairement bénéficié de son opposition au pouvoir socialiste.
Les rédacteurs en chef s'interrogent déjà sur la manière dont ils devront "couvrir" l'actualité politique en cas de victoire du candidat socialiste le 6 mai. "C'est une vraie question, déclare Pierre Haski, directeur du site Rue89. Ce sera évidemment plus difficile. Ce qui nous sauve, c'est que nous n'avons pas chez nous de journalistes politiques issus du sérail. Par conséquent, notre traitement est plus décalé."
Le Libération des années 1980 offre l'exemple de ce que pourrait être un journal de gauche manifestant un soutien critique au pouvoir en place, tout en développant ses ventes. Le quotidien dirigé à l'époque par Serge July a connu un âge d'or, culminant autour de 180 000 exemplaires en 1988, en plein mitterrandisme...
"Le décollage de Libé a eu lieu sous Mitterrand, parce que le journal correspondait à un mouvement de fond de la société française, se souvient Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération, aujourd'hui au Nouvel Observateur. Il a conservé un ton acide qui a su faire la différence."
"Nous étions à la fois proches et critiques, insolents, pas totalement alignés, se souvient Marc Sémo, journaliste à Libé. Nous avons été le journal d'un certain mitterrandisme, sans être le journal du PS."
Aujourd'hui, le directeur de Libération, Nicolas Demorand, affirme qu'il ne se pose pas la question d'éventuelles répercussions d'une victoire de la gauche sur la diffusion de son journal. "Pour assurer de bonnes ventes à Libération, je dois faire un journal de qualité, ce qui n'a rien à voir avec la politique, mais tout à voir avec le journalisme", insiste-t-il.
L'EFFET "ÎLOT REFUGE"
Sur la période récente, Le Figaro semble faire mentir la règle selon laquelle une trop grande proximité avec le pouvoir en place fait baisser les ventes. Sous la direction d'Etienne Mougeotte, le quotidien conservateur a multiplié les manchettes favorables à Nicolas Sarkozy et celles critiques sur le PS. Le directeur des rédactions assume ce choix et ne cesse d'affirmer que ce positionnement n'a pas fait perdre de lecteurs au titre, bien au contraire.
Un examen des courbes sur la période 2007-2011 montre que la diffusion du Figaro a bien diminué, mais moins que celle de ses confrères : la baisse est de 6,82% pour le quotidien de droite, de 10,66% pour Le Monde et de 16,82% pour Libération (OJD, diffusion individuelle France payée).
Ces chiffres montrent deux choses. D'une part, la principale tendance est structurelle, et c'est celle du déclin du papier qui affecte tous les titres. D'autre part, selon un professionnel du secteur, "Le Figaro a bénéficié d'un effet "îlot refuge", dans la mesure où il est le seul quotidien qui se revendique "de droite" dans une presse française largement de gauche ou du centre".
L'EFFET SARKOZY
De son côté, la presse magazine a réalisé quelques-unes de ses plus belles ventes avec le président sortant. L'Express a vendu 200 000 exemplaires en kiosques avec l'interview de Carla Bruni en février 2008. Mais c'est surtout Marianne qui a profité de l'effet Sarkozy, avec 300 000 exemplaires en kiosques en avril 2007, juste avant l'élection, avec une couverture sur "le vrai Sarkozy", ou encore 220 000 exemplaires sur "le voyou de la République" en août 2010.
Renaud Dély, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, prévient par avance que son hebdomadaire "ne doit pas devenir le journal de François Hollande". "Nous devons être des vigies critiques, en aucun cas des supporters aveugles, insiste-t-il. Le Nouvel Obs est engagé, mais sur des idées, des propositions, pas sur un homme." Le magazine a tiré les leçons du passé. Lui aussi a connu une descente aux enfers entre 1981 et 1984, au point de frôler la faillite. Il faut dire qu'il affichait clairement sa proximité au pouvoir socialiste, en choisissant pour slogan "Bien placé pour savoir"...
Pour le directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert, "la clé de tout, c'est l'indépendance. On ne doit pas être supposé proche du pouvoir. Cela fait partie du contrat de confiance passé avec le lecteur." "Sarkozy fait vendre non pas parce qu'il est de droite, mais parce que c'est un personnage de roman", tranche Laurent Joffrin. De ce point de vue, l'élection d'un "président normal", ainsi que se présente François Hollande, serait une mauvaise nouvelle pour les ventes. Elle marquerait la fin d'une certaine "peopolisation" du politique. "Si Hollande est élu, nous serons plus sur le fond que sur la forme, commente Christophe Barbier, directeur de L'Express. Nous confronterons les promesses du candidat aux réalités de sa politique."
(2) Courrier International, supplément Octobre 2000
[1] Cité par Simon Epstein, un paradoxe français, Albin Michel
39 raisons de na pas voter Hollande
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A 48 mois de sa propre retraite il n'a toujours pas fait ses preuves.
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35 ans de vie politique avec zéro résultat.
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N'a jamais fait une loi ou un projet de loi.
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N'a jamais été ministre, secrétaire d'état, chef de cabinet.
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N'a jamais travaillé dans l'administration comme fonctionnaire.
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N'a jamais travaillé une heure dans le privé, même en stage.
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N'a jamais fait autre chose que militer pour le PS.
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N'a jamais assisté à un sommet international de gens au pouvoir.
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N'a jamais représenté la France.
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N'a pas dirigé une ville de plus de 17 000 habitants.
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N'a jamais négocié avec les syndicats.
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N'a jamais côtoyé de petits ou grands patrons.
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N'a aucun programme au bout de 35 ans de vie politique.
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Il veut la retraite à 60 ans.
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Il a couvert les 35 heures.
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Il a couvert le RMI.
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Il a couvert la CMU.
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Il a couvert l'AME (soins gratuits pour les sans papiers).
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Il a couvert la loi Quillot.
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Il a couvert la CSG.
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Il a couvert l'ISF.
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Il a couvert la 5ème semaine de congés.
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Il couvre honteusement 60 élus PS en examen ou condamnés.
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Il a couvert 30 années de fraudes électorales au PS.
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Il n'a pas dénoncé les abus sexuels de DSK.
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Il n'a pas protégé Tristane Banon.
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Il a fait perdre 3 présidentielles à son parti : 1995/2002/2007.
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Il se compose un personnage pour être crédible.
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Il a menti à 3 millions d'électeurs aux primaires pour être élu.
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Il est pour la régularisation des sans papiers.
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Il est à la tête du département le plus endetté de France.
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Dans son discours du Bourget, il oublie que la France traverse une crise.
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Dans sa vidéo, il oublie que Ségolène Royal a partagé 30 ans de
vie conjugale et politique et lui a donné 4 enfants. Souffre-t-il de
la maladie d’Alzheimer ? Troublantes amnésies…
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Il critique les gens riches alors qu’il perçoit lui-même de bons émoluments et place sa maison de Mougins dans une SCI.
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Il est critiqué par tous les éléphants du PS.
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Il est toujours évasif dans ses réponses.
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Il a voté contre la Loi sur la Burka.
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Il a voté contre les centres pénitenciers pour les jeunes, mais maintenant dit qu'il en faut plus...
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Il veut le mariage pour les homosexuels mais refuse de se marier avec la mère de ses enfants et sa nouvelle compagne.
J'arrête là et je suis stupéfait de voir qu'il est en tête dans les sondages et que les français sont prêts à voter pour lui. Plus que jamais, sans attaquer l'homme, il faut bien montrer qu'il est absolument incapable de diriger la France, ce grand et beau pays qui a souffert de tant de laisser aller, surtout du PS. S'il y a bien un homme qui ne doit pas être élu c'est François Hollande, il n'a ni l'étoffe, ni les compétences d'un président.
S'il passe, le réveil sera douloureux, surtout pour les abrutis qui auront cru à son discours.
Flamby, non merci !
Electionscope : le modèle qui trouve Nicolas Sarkozy gagnant à 50,2%...
Selon un article publié sur Electionscope, les instituts de sondage auraient tendance à majorer ou minorer certains candidats (écarts de prévisions par rapport à la moyenne des autres instituts). Qu’en est-il du détail ?
En quoi votre méthode diffère-t-elle de celle des instituts de sondage classiques ?
Quels résultats obtenez-vous alors pour le second tour de l’élection présidentielle ?
Cette étude a été réalisée avant le premier tour. La donne n’a-t-elle pas changé depuis ?
Cette méthode de prédiction n’oublie-t-elle pas de prendre en compte la personnalité du président de la République qui est, si l’on en croit les sondages, à l’origine de beaucoup de ralliements de droite ou centre droit vers la gauche, le Modem et le Front national ?
Faudra-t-il que les électeurs fidèles à Nicolas Sarkozy demandent pardon à la gauche pour avoir choisi "le voyou de la République" ?
Comme toujours, les démentis alambiqués suivent les articles à scandale. Dominique Strauss-Kahn n’aurait donné aucune interview au journal de gauche anglais The Guardian, à propos de l’affaire du Sofitel de New York. L’homme qui ne se sépare jamais de ses conseillers en communication surgit dans la campagne électorale à l’insu de son plein gré, en quelque sorte ! Et c’est également à l’insu de son plein gré que Julien Dray, hiérarque socialiste à moitié déchu, a invité DSK à son anniversaire en compagnie de Ségolène Royal, précédente candidate PS a la présidentielle, et des numéros 1 et 2 de l’équipe Hollande : Pierre Moscovici et Manuel Valls ! Les retrouvailles avortées de l’establishment du PS étaient fixées rue Saint-Denis, haut lieu de la prostitution parisienne. On peut parler d’acte manqué…
La débandade provoquée par l’arrivée de l’ancien patron du FMI à la sauterie de Julien Dray témoigne de la violence du choc. Elle montre à quel point son irruption dans la dernière ligne droite de la présidentielle est une mauvaise surprise pour l’équipe Hollande. Au PS, on n’en est plus à soupeser les éléments qui plaident ou non pour la thèse d’un complot au Sofitel de New York : d’une, il n’y a rien de neuf ou de concret en ce domaine ; de deux, DSK est placé en examen en France pour proxénétisme aggravé dans l’affaire du Carlton de Lille. Et dans le calendrier hexagonal, cette affaire est encore plus embarrassante à gauche que le Sofitel : le 15 mai 2011, le PS n’a perdu que ses illusions sur un homme pressenti pour porter ses couleurs. En octobre, à l’éclatement du scandale du Carlton, il aurait pu perdre un candidat dûment investi par le vote des primaires. Nafissatou Diallo a tiré la gauche française d’un très mauvais pas.
François Hollande a déclaré, hier, que « Dominique Strauss-Kahn n’est pas dans la campagne présidentielle » et qu’il « n’a pas à y revenir ». C’est à peine plus poli que la réaction de Nicolas Sarkozy, qui a conseillé à DSK d’avoir « la pudeur de se taire ».
Il faut dire que, sous le couvert de mots accusateurs envers la droite, le fantôme politique de DSK vient surtout chatouiller les pieds de ses « amis ». Que cela ne fait pas rire du tout, alors qu’ils sont en plein rêve de victoire, et qu’ils promettent le retour de la morale en France.
Mettons que Hollande soit élu président... (ou le triomphe du relativisme culturel)
Comment François Mitterrand a discrètement placé la France sous la coupe des États-Unis
François Mitterrand avait bien caché son jeu. Au moment où une partie de
la presse de droite, obnubilée par la participation de quatre ministres
communistes au gouvernement, criait à la soviétisation de la France, ce
qui s’opérait en réalité était le grand tournant atlantiste de la
diplomatie française.
La politique d’indépendance nationale du
général de Gaulle avait résisté mieux qu’on ne le dit généralement aux
mandats de Pompidou et surtout de Giscard d’Estaing. Ce dernier,
pourtant issu de la droite libérale pro-américaine, avait, au cours de
son septennat, pris peu à peu des distances avec le grand allié, allant,
au tournant des années quatre-vingt, jusqu’à lui retirer le soutien de
la France dans la partie de bras de fer décisive qui devait déterminer
si les Américains installeraient des fusées à tête nucléaire en Europe
pour contrer celles que les Russes installaient de leur côté en visant
l’Europe de l’Ouest.
Les élections de 1981 s’étaient ainsi
déroulées à contre-emploi : si le PC était officiellement engagé au côté
de François Mitterrand, l’ambassade soviétique soutenait discrètement
Valéry Giscard d'Estaing, pendant que Jacques Chirac soutenait aussi
discrètement François Mitterrand. Mais c’est François Mitterrand qui
l’emporta.
Il donna assez vite de nombreux gages diplomatiques à
son aile gauche qui pouvaient alimenter les craintes de bolchevisation
alors prodiguées par la regrettée Annie Kriegel dans le Figaro : Claude
Cheysson, diplomate tiers-mondiste aux Affaires Étrangères, Régis Debray
à l’Élysée. Le discours de Mitterrand à Cancùn le 20 octobre 1981 était
plein des échos de la révolte de toute la misère du monde contre les
pays riches.
La réalité fut bien différente. François Mitterrand
n’eut, durant sa présidence, aucun différend sérieux avec Ronald Reagan
et Margaret Thatcher qui, au même moment, amorçaient le virage
ultra-libéral du monde anglo-saxon.
Il prononça, et nous n’aurons
garde de le lui reprocher, un discours décisif au Bundestag le 20
janvier 1983 : « les euromissiles sont à l’Est et les pacifistes à
l’Ouest. » Ce discours où, seule en Europe occidentale, la France
apportait clairement son appui aux États-Unis, au nez et à la barbe des
ministres communistes, permit à Ronald Reagan d’installer les fusées
Pershing et de gagner ainsi la bataille ultime de la guerre froide.
Le
premier voyage du nouveau président hors d’Europe eut pour destination
l’Arabie saoudite, il alla bien vite ensuite en Israël, ce qu’aucun
président français n’avait jamais fait. Deux pays qui ne passaient pas,
c’est le moins qu’on puisse dire, pour des alliés de l’Union soviétique !
Les
archives ont révélé l’affaire Farewell par laquelle les services
secrets français apportèrent alors un coup de main décisif aux
Américains contre les Russes, assoyant la crédibilité du nouveau
président comme allié sûr de Washington.
Nous avons déjà évoqué
la concession capitale de François Mitterrand à Ronald Reagan en 1984
quand il accéda à la demande des Américains de soumettre la politique
agricole commune à la mécanique du GATT, décision dont les conséquences
devaient être désastreuses pour nos paysans.
Les Américains
avaient-ils d’ailleurs des raisons de s’inquiéter ? François Mitterrand
avait été sous la IVe République un ami constant de l’Amérique.
À
la fin de la décennie quatre-vingt, la France de Mitterrand participa à
la première guerre du Golfe contre l‘Irak, alors que, quinze ans plus
tard, la France de Chirac devait s’abstenir pour la deuxième.
Lors
de la décomposition du bloc soviétique, la France sembla réagir
maladroitement à la réunification de l’Allemagne, paraissant vouloir la
freiner, mais comment reprocher au président français de tenter de
prendre quelques garanties contre d’éventuelles velléités de
reconstitution de la grande Allemagne ?
Il s’en faut de
beaucoup que la France ait été aussi judicieuse dans la gestion
économique de la réunification. Pensant jouer au plus malin avec Helmut
Kohl, François Mitterrand promut la création de la monnaie unique
européenne : l’Allemagne réunifiée étant devenue trop forte à
son gré, il pensa la "tenir" par là. Tel fut pris qui croyait prendre.
C’est le contraire qui se passa : l’Allemagne imposa que l’euro (dont
elle imposa le nom de préférence à l’écu qui sonnait trop français) soit
géré comme le mark ; de fait, avec le traité de Maastricht, l’ensemble
de l’Europe entrait dans la zone mark. Le régime monétaire optimal pour
les Allemands n’étant pas le même que pour les Français, la croissance
française s’en trouva, comme nous l’avons vu, durablement entravée et la
France affaiblie.
Sachant l’histoire, Mitterrand dit une fois
que, lui vivant, la France ne ferait pas la guerre à la Serbie. Madame
Thatcher était sur la même longueur d’onde. Mais à ce moment-là, les
États-Unis ne suivaient encore que de loin ce qui se passait dans les
Balkans, il ne s’opposait donc pas vraiment à eux.
Il s’en faut
de beaucoup que Jospin se soit maintenu sur cette ligne. Lorsque les
États-Unis décidèrent de trancher le conflit des Balkans en prenant
parti unilatéralement contre la Serbie, après une campagne de presse
internationale faisant apparaitre celle-ci comme la seule coupable
d’atrocités, Jospin - comme Chirac, puisque nous étions alors en période
de cohabitation - s’aligna.
C’est le même couple qui engagea à
la fin de 2001 l’armée française, à la suite des États-Unis, dans la
guerre d’Afghanistan où, dix ans après, elle se trouve encore empêtrée.
Première
guerre du Golfe, guerre des Balkans, Afghanistan : à trois reprises, un
gouvernement socialiste s’alignait sans état d’âme sur les États-Unis.
L’ambassade
des États-Unis intervient-elle sans discrétion dans nos banlieues pour y
promouvoir (et ficher) les immigrés ou veut-elle modifier nos
programmes d’histoire ? Le gouvernement Sarkozy ne dit rien et laisse
faire, mais le conseil régional socialiste de Rhône-Alpes signe un
accord de coopération avec la dite ambassade, comme si la France était
le Guatemala.
Rien dans tout cela qui ne rompe d’ailleurs avec la ligne traditionnelle des socialistes. Comme tous les membres de la Troisième force, les socialistes étaient sous la IVe République résolument atlantistes.
Les uns et les autres avaient voté contre la décision du général de Gaulle, en 1966 de retirer la France du dispositif intégré de l’OTAN.
Cette ligne constante d’intégration de la France au bloc occidental relativise les états d’âme que le PS sembla manifester en s’abstenant quand Nicolas Sarkozy paracheva en 2008 la réintégration de l’OTAN. Il devrait faire réfléchir les gaullistes qui, par opposition à la ligne atlantiste de Nicolas Sarkozy, seraient tentés de se rallier à Hollande.
Jacques Chirac, pour l’essentiel poursuivit, lui aussi, le rapprochement de la France avec l’OTAN mais il fut le seul à faire un écart qui pouvait rappeler la tradition gaulliste en refusant de manière spectaculaire de participer à la guerre contre l’Irak en 1983 ; cet écart suffit à déclencher un déchaînement sans précédent d’hostilité à notre égard outre-Atlantique.
Trois raisons spécifiques nourrissent la perplexité, l'interrogation et parfois l'inquiétude. Première évidence : les politiques - la politique - tentent une OPA inédite sur le 1er mai 2012. Du haut de ses 17,9 % récoltés dans les urnes au premier tour de la présidentielle - alimentés pour bonne part par la désespérance ouvrière - Marine Le Pen entend évidemment pousser son avantage. Entretenir la flamme avant les législatives. Soucieux de combler le retard affiché dans les sondages et de n'avoir rien à regretter, Nicolas Sarkozy tente une ultime démonstration de force dans la dernière ligne droite avant le 6 mai. Quitte à mobiliser sur la stigmatisation de la CGT, sans nuances, et à utiliser, avant de le retirer, plusieurs jours durant, le concept discutable de « vrai travail ».
Les esprits sont à cran
Deuxième constat : les syndicats ont peu ou prou perdu le nord de l'indépendance syndicale et de l'apolitisme qui restent pourtant leur credo officiel. Certes la CGT, même depuis le désarrimage du PC, n'a jamais tout à fait caché ses préférences pour le cap à gauche toute. Bien sûr la CFDT s'est souvent enferrée dans une neutralité un peu artificielle et hypocrite. Force est de constater pourtant, qu'en 2012, les syndicats sont allés un peu plus loin dans leur engagement politique, CGT en tête. Ses dirigeants ont rompu bruyamment avec leur relative retenue habituelle, appelant à voter contre Nicolas Sarkozy sans autre forme de procès. Quitte à heurter une partie de l'opinion.
Troisième élément, ce n'est pas le plus rassurant, les esprits sont à cran. Les expressions dérapent jusqu'au plus haut niveau, la violence verbale des uns répond au dérapage sémantique des autres. L'agressivité de l'un alimente le ressentiment des autres. D'un côté le président candidat ne se cache plus derrière les précautions du début de quinquennat pour dire tout le mal qu'il pense des corps intermédiaires en général, et des syndicats en particulier. Quitte à les caricaturer et à accroître les tensions.
De l'autre côté, les syndicats estiment qu'ils ont une occasion unique, en ce 1er Mai, de solder un quinquennat qui, selon eux, aura singulièrement rétréci la démocratie sociale. Le mandat Sarkozy avait commencé dans les faux-semblants de la concertation. Il s'était poursuivi et focalisé dans l'affrontement sur la réforme des retraites en 2010. Il se termine sur un ultime bras de fer où chacun, en quelque sorte, met bas les masques. Au risque de réveiller quelques vieux démons de confrontation musclée ? C'est peu dire que les forces de police auront un rôle prépondérant dans la canalisation militante de ce 1er Mai un peu hors normes.
Présidentielle : Fillon et Juppé font entendre leur petite musique
Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ont soutenu Sarkozy, dimanche, en adressant des clins d'oeil aux centristes.
Ils sont loyaux à Nicolas Sarkozy, mais marquent leur différence. Dimanche, François Fillon et Alain Juppé ont fait entendre leur petite musique en animant chacun un des six meetings décentralisés organisés par l'UMP. Quelques minutes plus tard, le président-candidat, en meeting à Toulouse, allait jouer les équilibristes en prononçant, en présence de l'ex-ministre socialiste, Claude Allègre, de Jean-Marie Bockel, chef de file de la Gauche moderne, et de la vice-présidente du Parti radical, Rama Yade, un discours sensiblement moins droitier que ceux de Longjumeau, de Tours ou de Raincy, la semaine dernière, mais toujours centré sur le thème de la "frontière". "Peu m'importe que vous soyez centristes, UMP ou de la Gauche moderne ! Pour moi, vous êtes des Français", a-t-il même lancé. À ceux qui en étaient venus à en douter, le candidat UMP a aussi précisé qu'il était résolument attaché au droit du sol, opposé à "l'immigration zéro" et qu'il "détestait le racisme et l'homophobie". "Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen ne font pas partie de la famille de la droite républicaine", avait-il d'ailleurs souligné en milieu de journée sur Canal+. Alors, de leur côté, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères - qui entendent bien jouer un rôle à droite après la présidentielle - se sont adressés clairement aux électeurs centristes.Il est 15 heures à Woippy, dans la banlieue de Metz, quand François Fillon prend la parole dans une salle surchauffée de quelque 800 militants. À la tribune, devant le ministre de la Défense, Gérard Longuet, assis au premier rang, il se lance sur la maîtrise des finances publiques et la lutte contre les déficits, deux thèmes qui lui sont chers et auxquels sont sensibles les centristes. "Nicolas Sarkozy s'engage à un retour à l'équilibre de nos finances publiques en 2016. C'est une question de souveraineté nationale, car un pays surendetté est un pays menacé dans son existence", affirme-t-il. "La vérité, c'est que François Hollande ne réduira pas les dépenses. (...) La seule façon qui lui reste pour réduire le déficit, ce sera d'augmenter les impôts", poursuit le Premier ministre. Matraquant le candidat PS qui "surfe sur le vague", il met en cause son projet de vouloir "augmenter les impôts", détruire la politique familiale en touchant au quotient familial.
Longuet tend la main aux "corps intermédiaires"
Peu adepte de la "ligne Buisson", le Sarthois fait le service minimum sur les thèmes de la sécurité et de l'immigration. Il se contente d'assurer que la sécurité est "une priorité", critique le droit de vote aux étrangers aux élections locales - qui figure dans le projet de Hollande - et termine en défendant la loi sur l'interdiction du port de la burqa votée pendant le quinquennat. Gérard Longuet, qui est ici en Moselle dans son fief, est sur la même longueur d'onde. Au micro, il lance même un conseil au candidat UMP : "Ce n'est pas une critique, juste une réserve : Nicolas Sarkozy devrait plus s'appuyer sur l'ensemble des Français, plus compter sur les corps intermédiaires." Une remarque plutôt osée à l'adresse de celui qui ne cesse de rudoyer les corps intermédiaires - les syndicats, les journalistes, les élites - au gré de ses meetings et de ses déplacements de campagne !Au même moment, le très populaire Alain Juppé joue aussi sa propre partition, depuis le Palais des congrès de Lyon. Prudent, il commence par prévenir toute surinterprétation de ses propos : "Puisque certains médias s'inquiètent, je me sens parfaitement à l'aise avec mes valeurs." Pas question d'attaquer ouvertement la ligne du candidat Sarkozy. Pourtant, s'il tient à montrer qu'il s'accommode facilement du discours du président-candidat sur l'immigration, lui aborde à peine le sujet. Tout juste regrette-t-il une différence d'appréciation supposée de la part des médias : "Quand François Hollande dit qu'il faut diminuer l'immigration légale, c'est de la vertu républicaine. Quand c'est Nicolas Sarkozy, c'est du vice pétainiste !" C'est surtout une leçon de gaullisme que le ministre des Affaires étrangères est venu donner, insistant sur ses deux valeurs-phares : l'humanisme et le patriotisme. Ainsi appelle-t-il à "reprendre un peu de hauteur dans le débat politique", et lâche même ce commentaire : "Entre Français, il faut se garder de toute stigmatisation, ou de mépris condescendant."
Pour Juppé, patriotisme et humanisme sont indissociables
"Le gaullisme, c'est une certaine idée de l'homme. C'est un patriotisme et un humanisme, qui font de la personne humaine, sans discrimination, le coeur de tout projet politique", explique le chiraquien, d'un ton très calme, devant plus de 1 000 militants. Et de définir, exactement comme le fera Nicolas Sarkozy quelques minutes plus tard, ce "patriotisme" par opposition au "nationalisme", qui est "une peur, un rejet". "Le patriotisme, c'est la France fidèle à son histoire, fidèle à ses valeurs, à sa culture, à son génie propre. C'est une France libre, attachée à son indépendance", ajoute-t-il. Avant d'expliquer que, pour avoir les moyens de cette indépendance, la France doit s'efforcer d'assainir ses finances publiques. L'occasion de tendre très explicitement la main aux électeurs de François Bayrou en faisant remarquer que la réponse de Nicolas Sarkozy à la lettre du candidat centriste fait "sept pages précises et détaillées", contre "deux pages seulement" pour le candidat socialiste, qu'il accuse de prôner le "matraquage fiscal" et une "conception passéiste de l'économie". Et Juppé de présenter le chef de l'État comme le candidat de la compétitivité, parce qu'il met le travail au coeur de son projet et oppose la "responsabilité individuelle" à "l'assistanat". Mais, là encore, il apporte sa petite touche personnelle, l'air de rien, en ayant une pensée pour les métiers les plus difficiles : "Soyons lucides, quand nous disons que le travail est libérateur, tout le monde ne le ressent pas ainsi. (...) Quand nous parlons de la valeur travail, nous ne devons pas seulement penser à la quantité, mais à la qualité du travail."La semaine dernière, Alain Juppé s'était fait sévèrement tacler par Nicolas Sarkozy après avoir déclaré qu'il était prêt à "tout faire pour que l'UMP garde sa cohésion", en cas d'échec du candidat de l'UMP. "Parce que reconstituer le RPR et l'UDF, c'est dix ans d'échec pour ce qui serait alors l'opposition", avait-il déclaré. Alors, hasard ou pas, avant son traditionnel "Il n'y a pas photo, c'est Sarko qu'il nous faut !", il glisse, pour conclure son meeting lyonnais : "En politique, quand on est divisés, on perd à tous les coups !" À bon entendeur...