TOUT EST DIT

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mardi 31 mai 2011

Halte au machisme politique





Les frontières de l’avenir énergétique

La plus grande épreuve des pays développés, c’est une question élémentaire: où est l’avenir? Les réponses se dérobent à notre rationalisme européen. Car ce siècle est bel et bien orphelin de son futur. Le précédent, au-delà des horreurs de son histoire, pouvaient encore croire, sans trop douter, aux bienfaits du progrès et de la croissance. Mais la crise énergétique et les menaces de réchauffement climatique, confirmées par le record d’émissions de gaz à effet de serre, ont jeté une ombre durable sur ces certitudes optimistes. Elles désorientent l’humanité. Vers où marcher?

La journée d’hier a été révélatrice d’une hésitation aussi radicale que symptomatique. Sur la rive allemande du Rhin, la décision de renoncer au nucléaire en seulement onze ans, annoncée solennellement par la chancelière. Sur la rive française, la certitude, réaffirmée tout aussi solennellement par le Premier ministre à Strasbourg, que cette même énergie était bel et bien celle du futur. Sous nos yeux, une frontière abyssale s’est ouverte entre les deux pays amis à propos de l’essentiel - le moteur de leur développement - sans que ce fait modifie en rien l’équilibre de ces deux piliers du continent. Et c’est bien celà le plus extraordinaire, et le plus inquiétant: l’absence de réaction explosive...

Ainsi l’Europe pourra fonctionner sur deux logiques énergétiques différentes sans que celà pose problème. Faut-il qu’elle avance à ce point en ordre dispersé pour accepter pareille dichotomie? Car c’est bien Nicolas Sarkozy qui, il y a peu, considérait encore que la méfiance à l’égard de l’atome relevait d’un obscurantisme historique: y céder, considérait-il, reviendrait à repartir vers l’âge de pierre.

Allô Angela? Car c’est bien elle, une physicienne, qui a décidé de fermer les centrales allemandes! Elle l’a expliqué: Fukushima a rendu insupportable à sa conscience de chef de gouvernement le doute infinitésimal sur la sécurité que la scientifique avait jusque-là accepté. Pouvait-on bâtir demain sur le risque de l’horreur? Elle a choisi de dire non, quand la France, elle, persiste à dire oui. Peu importe, à la limite, le poids du calcul électoral dans ce revirement puisqu’il comporte assurément une part d’instinct.

Comparaison n’est pas raison? Certes, certes... La France ne peut pas se payer le luxe de tirer un trait du jour au lendemain sur une source d’énergie trois fois plus importante pour elle (plus de 75%) que pour sa voisine (22%). Même les écologistes concèdent qu’il lui faudrait sans doute quarante ans pour sortir du tout nucléaire, imposé depuis tant d’années par tous les pouvoirs politiques au nom de l’indépendance énergétique, consolidé par le retard pris sur les énergies nouvelles, et cadenassé par EDF.

Comme toujours, la facture, elle, est en avance. Car cette politique a un prix exorbitant: l’aliénation durable d’une liberté de choix.

L'audacieux pari d'Angela Merkel


Dans dix ans  demain aux yeux de l'Histoire l'Allemagne devrait avoir tourné le dos à l'énergie nucléaire et fermé ses dix-sept réacteurs. Promesse d'Angela Merkel. Politiquement, ce n'est pas une surprise. Avant l'accident de Fukushima au Japon, l'opinion publique allemande était déjà majoritairement antinucléaire. Depuis, le rejet de l'atome est massif et les Verts d'Outre-Rhin, les « Grünen », engrangent les victoires électorales. Ils s'emparent du pouvoir dans des bastions de la CDU. La Chancelière, mal en point, verdit donc sa tunique.

Au-delà du choix politique et politicien je tue l'atome et je renoue, je l'espère, avec la popularité  Merkel prend une décision majeure pour l'économie la plus puissante d'Europe. Pari audacieux. L'énergie nucléaire fournit encore 22 % de l'électricité allemande. La mise à l'arrêt des sept réacteurs les plus anciens a d'ores et déjà provoqué un surenchérissement du prix du kilowattheure. Certaines industries, fortes consommatrices d'énergie, crient casse-cou. Les patrons du nucléaire envisagent des recours en justice.

Frictions assurées. On ne change pas de politique énergétique sans casse. La Chancelière, en décembre dernier, prônait encore l'exploitation prolongée des réacteurs. Après Fukushima, virement de bord brutal quitte à déboussoler son équipage. Elle n'est pas encore assurée des votes à venir de ses alliés libéraux. Et certains conservateurs regimbent.

Pour audacieux qu'il soit, son pari est cependant calculé. L'Allemagne caracole déjà en tête des énergies nouvelles. Par ailleurs, plus de 40 % de sa production électrique dépend du charbon. Elle en possède en quantité et elle veut croire que les futures centrales de ce type ne rejetteront plus ou très peu  de gaz carbonique dans l'atmosphère. Elle peut aussi compter sur les importations de gaz, notamment russes.

La Chancelière n'est pas isolée

L'Allemagne n'est donc pas à cours de ressources. De surcroît, elle est économe. Elle tourne actuellement avec seulement quatre réacteurs en activité. Contrairement à la situation française  58 réacteurs, 76 % d'électricité d'origine nucléaire sortir de l'atome Outre-Rhin, ce n'est pas vaincre l'impossible. Merkel ne renverse pas la table. D'autant qu'elle dispose d'un plan B.

En cas de difficulté, l'hiver, au plus fort de la consommation d'énergie, elle pourra toujours faire appel à l'électricité nucléaire de ses voisins et s'éviter d'impopulaires coupures de courant. Ce qui fait dire aux tenants de l'atome, que l'Allemagne, l'hypocrite, sera en fait « une passagère clandestine » du nucléaire. Elle en consommera, mais les risques seront à ses frontières. Chez ses voisins. En France, en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie. Il lui suffit de tirer des lignes à haute tension.

Quoi qu'en disent les patrons d'EDF et d'Areva, ce changement de cap à Berlin aura des conséquences au sein de l'Union européenne. Angela Merkel n'est pas isolée. L'Italie, l'Autriche, la Belgique se détournent du nucléaire. L'indépendante Suisse également. L'Espagne est attentiste. Le non au nucléaire en sort renforcé, et Paris, qui milite pour que l'atome soit labellisé énergie propre, risque de déchanter. Quant au couple franco-allemand ¯ le moteur déjà poussif de l'Union ¯ il s'est trouvé, avec l'atome, une nouvelle pomme de discorde. Une rivalité supplémentaire.

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Le Brésil veut un patron du FMI issu d'un pays émergent

Le Brésil souhaiterait que le prochain directeur général du Fonds monétaire international provienne d'un grand pays émergent, mais il ne prévoit pas de faire pression outre mesure sur ce sujet, a déclaré mardi à Reuters un haut responsable gouvernemental.
"Nous pensons qu'il serait bien venu d'avoir quelqu'un d'un pays émergent. L'Inde et le Brésil seraient de bons choix. Mais nous pensons aussi que l'Europe va probablement conserver son emprise profonde sur ce poste. De ce fait, nous ne prévoyons pas d'insister très fortement sur ce sujet pour l'instant", a déclaré le responsable sous condition d'anonymat.
L'incertitude plane au sommet du FMI depuis l'arrestation samedi à New York de son directeur général Dominique Strauss-Kahn, inculpé d'agression sexuelle, tentative de viol et de séquestration. Le conseil d'administration du FMI s'est réuni lundi mais n'a pas encore décidé de lui retirer ou non son mandat, préférant attendre et "suivre l'évolution de la situation", mais déjà les pays émergents font entendre leur voix.
Les commentaires du responsable brésilien succèdent à un communiqué publié également mardi par le ministère chinois des Affaires étrangères, qui estime que le processus de sélection des dirigeants du FMI devrait reposer sur "l'équité, la transparence et le mérite".
Le ministre des Finances brésilien Guido Mantega avait lui aussi déclaré à un comité du FMI en avril - avant que le scandale n'éclate - qu'il était "grand temps" que les institutions de Bretton Woods rompent avec le statu quo selon lequel la direction du FMI revient traditionnellement à un Européen.
L'ancien ministre turc des Finances Kemal Dervis a été présenté comme un possible candidat issu d'un pays émergent. Ancien directeur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), il travaille actuellement au sein du Brookings Institute, un club de réflexion basé à Washington.
Mais la chancelière allemande Angela Merkel a plaidé lundi pour qu'un Européen conserve la direction du FMI, en raison de son rôle dans la gestion de la crise de la dette dans la zone euro.
Mardi, le quotidien allemand Bild a présenté le président du directoire de la Deutsche Bank Josef Ackermann comme l'un des candidats pressentis par Berlin, citant également Thomas Mirow, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
A Paris, la ministre de l'Economie Christine Lagarde est également citée comme une possible candidate, ce qui ferait d'elle la première femme à diriger cette institution internationale.
Brian Winter, Natalie Huet pour le service français, édité par Danielle Rouquié
© 2011 Reuters - Tous droits de reproduction réservés par Reuters.

L'Allemagne veut faciliter le déblocage de l'aide à la Grèce-WSJ

L'Allemagne envisage de renoncer à sa proposition de rééechelonner la maturité des obligations grecques afin de faciliter le déblocage d'une nouvelle aide pour Athènes, rapporte mardi le Wall Street Journal, ce qui renforce l'euro sur le marché des changes.
En concédant qu'Athènes doit obtenir des prêts supplémentaires, sans que ce nouvel effort soit partagé, du moins sur le court terme, par les porteurs d'obligations, Berlin aiderait l'Union européenne à surmonter la crise de la dette grecque, ajoute le quotidien dans son édition en ligne, en citant des sources proches du dossier.
Sur les marchés des changes, cet article soutient le cours de la monnaie unique européenne, fragilisée ces dernières semaines en raisons d'inquiétudes sur une possible restructuration de la dette grecque.
Vers 5h45 GMT, l'euro avançait de 0,4% face au billet vert à 1,4375 dollar.

Juncker veut solutionner la dette grecque "d'ici juin"

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro se dit "plutôt optimiste". Il exclut une restructuration de la dette grecque.


Jean-Claude Juncker souhaite que le problème de la dette de la Grèce soit résolu "d'ici la fin du mois de juin", lundi 30 mai, a-t-il expliqué à l'issue d'une entretien avec le président français Nicolas Sarkozy.
"Nous allons essayer de résoudre le problème grec d'ici la fin du mois de juin", a affirmé le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, à la presse.
Sur cette question de la dette grecque, "je suis plutôt optimiste", a-t-il également indiqué.

En attente du jugement de la troïka

Selon lui, "la restructuration totale de la dette grecque n'est pas une option, elle n'est envisagée par personne. Donc il n'y aura pas de restructuration de la dette grecque", a-t-il ajouté, rappelant ainsi la position adoptée par les grands pays de la zone euro, le 7 mai dernier.
Jean-Claude Juncker a également rappelé la présence, actuellement à Athènes, de la troïka formée par le Fonds monétaire international, la Commission europénne et la Banque centrale européenne.
"Nous attendrons leur jugement final (...) au début de la semaine prochaine" et "leur position déterminera en partie la nôtre", a-t-il dit.
Lundi, Athènes était est en voie de conclure ses discussions avec ses créanciers pour le versement de la cinquième tranche du prêt accordé en 2010 par l'UE et le FMI, tout en préparant à la hâte un vaste plan de privatisations pour tenter de rassurer ses créanciers sur l'avenir.

Recours à des partenaires privés

Pendant sa conférence de presse à Deauville vendredi, en clôture du sommet du G8, le président Sarkozy avait réitéré son refus de toute restructuration de la dette grecque, mais sans exclure d'autres pistes, comme la prise en charge d'une partie de la dette grecque par "des partenaires privés".
Cette solution est avancée depuis plusieurs mois par la chancelière allemande Angela Merkel.
Le 17 mai à Bruxelles, Jean-Claude Juncker avait dit que la Grèce devait "rapidement privatiser 50 milliards d'euros d'actifs afin que sa dette à moyen et long terme devienne soutenable".
"L'implication du secteur privé est un problème que nous allons examiner avec toute l'attention requise", a-t-il affirmé lundi.
Interrogé sur l'ambiance de son entretien avec M. Sarkozy, M. Juncker a également affirmé: "avec le président, ca se passe toujours très bien: atmosphère amicale, copinage évolué".

La Grèce attend que le FMI et l'UE "tranche"

La Grèce retient son souffle. Le versement de la prochaine "tranche" du prêt UE-FMI sera ou non confirmé par les deux organisations impliquées mardi 31 mai 2011 ou tout début juin.

Malgré le plan d'aide, de 110 mrds€ octroyés en 2010 par le FMI et l'UE, la Grèce peine à sortir de la crise financière qui la frappe en raison d'un important déficit budgétaire.

Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, se dit confiant quant à l'octroi du plan d'aide. Une déclaration en contradiction nette avec la position du journal allemand Der Spiegel, qui mettait en doute, dimanche 29 mai 2011, le déblocage de la situation et la capacité du gouvernement grec à maîtriser son déficit. Article aussitôt démenti par le FMI et la Grèce.

L’Irlande, le Portugal bénéficient d'un plan d'aide de l'UE et du FMI, l'Espagne devrait suivre bientôt.

Les banques coulent avec la Grèce

"Les banques portugaises sont les plus exposées vis-à-vis de la crise grecque", titre le Jornal de Negócios, qui cite la Banque des règlements internationaux, selon laquelle, le système bancaire portugais a une exposition de plus de sept milliards d'euros vis-à-vis de l'économie grecque, ce qui correspond à 4,2% du PIB du Portugal, un record. Le quotidien économique lisboète rapporte également l'avertissement lancé le 26 mai par Bruxelles, qui a menacé de suspendre l'aide à la Grèce et au Portugal si les deux pays n'atteignent pas les objectifs trimestriels en matière de consolidation fiscale. Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a souligné que le FMI pourrait geler immédiatement la prochaine aide financière à la Grèce si le pays ne remplissait pas les objectifs établis par la Troika. La même chose s'applique au Portugal, a confirmé au quotidien une source de la Commission européenne: la libération des fonds est soumise à l'analyse trimestrielle des objectifs [mis en place pour l'économie portuguaise] qui sera annoncée la semaine prochaine par la mission du FMI, lorsqu'elle rentrera au Portugal. Jornal de Nogocios avertit que pour le Portugal et la Grèce, si les écarts sont grands et qu'il n'y a pas de mesures supplémentaires pour rattraper les mauvais résultats, le fond sera même "gelé".

Osons l’Europe 2.0 !

Au Nord, les riches régions industrielles alliées aux pays de l’arc alpin. Au Sud, une confédération méditerranéenne de plus de 100 millions d’habitants. Si elle se réinventait selon ce schéma, l’Union se porterait beaucoup mieux, assure le sociologue allemand Gunnar Heinsohn. 

En 2011, seuls 40% des Allemands voient leur avenir au sein de l’Europe, et seuls 25% ont encore confiance en leurs institutions. Ces résultats sont la réponse aux 25 milliards d’euros accordés par Berlin aux riches propriétaires des banques grecques, et non l’expression de l’étroitesse d’esprit du pays: le Sud de l’Allemagne, notamment, répugne tout autant à mettre la main à la poche pour ses compatriotes de Brême ou Essen que pour les étrangers d’Athènes, Dublin ou Lisbonne.
Seul le spectre menaçant du nationalisme maintient encore l’Union européenne en vie. La ponction de nos ressources financières est de toute façon préférable à la guerre, nous serinent nos leaders. Et pourtant, pour la première fois depuis un demi-siècle, les Européens ont la possibilité de voir au-delà de l’Etat-nation. Depuis l’effondrement des taux de natalité, nous ne sommes de toute façon plus assez nombreux pour continuer à nous tomber mutuellement sur le râble. La construction européenne n’est pas un instrument conçu pour éviter la guerre, mais plutôt l’expression sympathique de notre incapacité à la faire. Le redécoupage de l’Europe porte l’espoir d’un avenir au-delà des nations, des religions et des traditions.
C’est ainsi que, dès 2009, l’historien suédois Gunnar Wetterberg proposait de ressusciter l’Union de Kalmar [qui réunît entre 1397 et 1523 les trois royaumes scandinaves de Danemark, Suède et Norvège sous un même roi] dans les pays nordiques. Cette nouvelle union réunirait l’Islande, le Danemark, le Groenland, la Norvège, les îles Svalbard, la Suède, la Finlande et éventuellement l’Estonie. Cet espace de 3,5 millions de kilomètres carrés pour 26 millions d’habitants deviendrait la huitième puissance économique mondiale. Les Pays-Bas et la Flandre pourraient s’y rallier ultérieurement. Une alliance avec la Grande-Bretagne – détentrice de l’arme atomique – transformerait la mer du nord en Mare Nostrum et ouvrirait la porte d’un partenariat avec les Etats-Unis et le Canada qui rendrait l’Atlantique nord invulnérable.

La Suisse au coeur d'un nouvel espace économique et monétaire

Les regards sont tournés vers la Suisse, en tant que pays issu d’une volonté politique qui fonctionne: les Genèvois ne sont pas français, les Tessinois ne sont pas italiens et les Zurichois ne sont pas allemands. Les voisins qui ne veulent plus être voisins peuvent participer avec les Confédérés à la construction d’un espace économique et monétaire de premier plan qui résorbera le déficit des naissances en attirant une main d’œuvre motivée du monde entier.
Aucun système de transferts n’existe pour combler l’écart entre les régions riches et les régions plus pauvres. Ainsi, tandis qu’à Brême ou à Berlin, les partisans des transferts financiers sont toujours en quête de nouveaux moyens de ponctionner les portefeuilles de leurs voisins, les cantons suisses n’ont d’autre choix que d’attirer des entreprises innovantes et une main d’œuvre de qualité s’ils veulent accroître leurs revenus. Or, ils parviennent eux aussi à aider les plus démunis et font d’ailleurs généralement mieux que les meilleurs élèves de l'Etat fédéral allemand.
D’après l’OCDE, la Suisse était déjà en 2009 la championne du monde de l’innovation, et le pays décroche la première place de l’Indice de compétitivité mondiale pour l’année 2010-2011. Le Sud-Ouest de l’Allemagne rejoindrait ce nouvel espace, ainsi que le Nord de l’Italie, et l’on tendrait la main en direction de Florence et d’Urbino. A l’Est, la Slovénie déjà polyglotte complèterait la fédération. Avec 70 millions d’habitants sur 450 000 kilomètres carrés, l’ensemble occuperait la quatrième place mondiale en termes de puissance économique – derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon.

Une fédération méditerrannéenne au sud de l'Europe

La création d’une union nordique et d’une fédération alpine aurait également le mérite d’accorder une seconde chance aux régions jugées sans espoir. Au lieu de les perfuser à coups de milliards, on remettrait à ces pays des notices leur permettant de construire le matériel de pêche avec lequel chacun pourra ramener son propre poisson à terre. Après les dépôts de bilan auxquels ils ne pourront pas échapper, le Portugal, l’Espagne, le Sud de l’Italie, les pays slaves riverains de l’Adriatique et la Grèce pourraient constituer une fédération méditerranéenne de plus de 100 millions d’habitants, qui ferait toujours recette grâce à l’énergie solaire, aux produits biologiques et aux charmes de sa culture. En associant Israël au projet, la fédération s’adjoindrait un partenaire militaire utile au vu de la proximité immédiate de l’arc islamique.

Les autres pays de la Baltique et la Pologne, associés à la Biélorussie et l’Ukraine – deux aspirants à l’entrée dans l’UE – forment un ensemble analogue en superficie au grand empire lituano-polonais qui fut partagé en 1795 entre Berlin, Vienne et Saint-Pétersbourg. Une nouvelle version de la Rzeczpospolita [la République des Deux nations qui entre 1569 et 1795 réunissait le royaume de Pologne et le Grand-Duché de Lituanie], forte de quelque 110 millions d’âmes, n’aurait plus peur d’une Russie dont la population vieillit d’ailleurs encore plus vite.
La France pourrait faire cavalier seul, ou bien, de conserve avec le reste de l’Allemagne, transformer cette Eurabie qui fait si peur en titre honorifique. Dans un pays comme dans l’autre, entre 20 et 25% des jeunes éprouveront des difficultés à se former et à recevoir une bonne instruction . Des super-crèches devront donc être créées pour remédier à ce problème dès le plus jeune âge. Si cette promesse de faire de tous les enfants des forts en math était honorée, l’axe Berlin-Paris entrerait dans l’Histoire.
Placé sous la bannière rouge-verte-rouge-verte fédérant marxistes, écologistes, socialistes et disciples du prophète, ce nouvel espace multiculturel high-tech deviendrait la lumière des peuples.
Il ne faut plus malmener ceux qui n’y croient pas, car ils ont presque toutes les options devant eux. L’Etat-nation devrait être toutefois la dernière des solutions. Ceux qui se trouvent encore sous son emprise sont essentiellement des exaltés de droite comme de gauche, les uns rêvant d’une puissance révolue, les autres de transferts financiers ad vitam æternam.

Crise de l'euro

Le schisme Nord-Sud

La crise de l’euro est également une crise entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord
, estime le Jyllands-Posten. Alors qu’en Grèce et en Espagne, les citoyens protestent contre l’absence de perspectives d’avenir, les Finlandais et les Allemands ont démontré lors des dernières élections qu’ils ne veulent plus payer pour les pays du Sud surendettés. C’est pourquoi, explique le quotidien danois "la crise de l’euro n’est plus juste une question de dette publique, mais elle révèle le schisme entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud – avec cette dernière dans le rôle du méchant".

La Grèce n’ayant pas été capable de respecter l’accord conclu avec l’Union européenne et le FMI sur la réduction de son déficit, il est difficile pour les gouvernements des pays du nord d’expliquer aux citoyens contribuables qu’ils doivent à la fois accepter des réductions budgétaires sévères et garantir des emprunts colossaus aux pays les plus endettés.
 C’est pourquoi la sortie de la Grèce de la zone euro, "même elle est officiellement politiquement inacceptable, pourraît être la solution la moins pire". 


Le commentaire politique de Christophe Barbier