TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 20 février 2012

Le règne de l'impunité

Le principal problème des Grecs n’est pas l’argent, mais un système clientéliste dans lequel personne ne rend de comptes, analyse un journaliste grec. C’est à l’Europe de faire changer les choses. 

Peut-être en avez-vous un peu assez de la crise grecque, et c’est d’ailleurs aussi le cas des politiciens de poids en Europe. Vous pensez sans aucun doute que les problèmes grecs sont de nature financière : un manque de compétitivité, une dette et des déficits gigantesques, un secteur public contre-productif. Vous avez raison, mais ce n’est que la partie emergée de l’iceberg.

Le cœur du problème réside tout d’abord dans l’anarchie et le mauvais fonctionnement de la justice, puis dans l’existence d’un système clientéliste basé sur les faveurs politiques, les échanges de bon procédés, la corruption et un appareil bureaucratique monstrueux qui ne fait que servir ses propres intérêts, écrase l’esprit d’entreprise et met à l’épreuve la population grecque. Cet état de fait freine les améliorations dans le domaine financier.
Dès le début de la crise grecque, il était manifeste que la classe politique grecque allait continuer à se battre pour maintenir en place ce système clientéliste, dont les bénéficiaires faisaient partie du secteur public, des syndicats et surtout du secteur privé financé par l’Etat.

La Grèce ne fonctionne pas comme une démocratie

En Grèce, le contrat social en vigueur depuis 35 ans déjà (voire plus) repose sur le principe que le citoyen vote pour un certain parti en échange d’un emploi dans la fonction publique (pour le menu fretin) ou d’un marché public d’un montant exagérément élevé (pour les gros poissons).
Dans le système qui régit la Grèce, les politiciens n’ont jamais à rendre de comptes et la justice n’a pas de pouvoir. La Constitution grecque (embrassée par les deux grands partis politiques de manière éhontée et même avide) limite considérablement la possibilité d’engager des poursuites à l’encontre de politiciens.
Un politicien grec n’a donc jamais été inculpé, même dans des dossiers retentissants comme l’affaire Siemens et l’affaire Vatopediou.
Theodoros Tsoukatos, proche collaborateur de l’ancien Premier ministre Kostas Simitis dans les années 90, a reconnu en septembre 2010 devant le Parlement grec qu’il avait reçu, en 1999, 1 million de marks de pots-de-vin de l’entreprise allemande, une somme qu’il avait remise à son parti, le PASOK.
Selon Theodoros Tsoukatos, tous les grands partis politiques grecs reçoivent des pots-de-vin d’entreprises privées. Nul n’a cherché à savoir d’où provenait ce million de marks et les comptes du parti n’ont jamais été examinés. En Allemagne, plusieurs dirigeants de Siemens ont été poursuivis, mais pas en Grèce.
En 2008, l’affaire Vatopediou a éclaté. Elle portait sur l’échange de terrains de grande valeur appartenant à l’Etat contre des terrains de moindre valeur appartenant à un monastère. L’accord a coûté à l’Etat, selon certaines estimations, 100 millions d’euros.
En 2010, le Parlement grec a décidé que cinq anciens ministres devaient être jugés, mais les dossiers concernant ces délits avaient déjà été classés sans suite en 2009.
Ces affaires ne font que confirmer la conviction générale que l’anarchie domine en Grèce. Même dans les cas ordinaires, il faut attendre cinq ans pour un premier procès, puis trois années supplémentaires pour passer en appel et encore trois ans de plus pour un ultime examen par la cour suprême.
Ce n’est pas une justice, mais une négation de la justice. Voilà pourquoi la Grèce ne fonctionne pas comme un Etat démocratique, mais comme une république bananière des Balkans.

C'est aux Grecs de réclamer justice

Après un premier plan de sauvetage pour la Grèce en 2010, j’espérais que le programme d’adaptation économique et le contrôle strict de la Commission européenne et de nos partenaires de la zone euro mettraient un terme au système clientéliste et à l’appareil bureaucratique.
Pour l’heure, il existe en Grèce trois parties distinctes. Tout d’abord, il y a les politiciens et leurs alliés dans le secteur public et le secteur privé, qui sont menacés par l’effondrement du système, et refusent par conséquent de mettre en œuvre efficacement les réformes structurelles nécessaires.
Ensuite, il y a les gens qui en ont assez de la situation et souhaitent des changements, mais n’ont pas de représentation politique. Enfin il y a nos partenaires européens, qui jusqu’à maintenant n’ont pas choisi de camp mais donnent, justement pour cette raison, leur appui aux puissants.
La Commission européenne souligne à raison que c’est aux autorités grecques qu’il revient d’appliquer le programme de réforme.
Mais la question se pose aussi de savoir jusqu’où l’Europe peut aller dans la restriction de la souveraineté nationale, une question fondamentale pour concevoir un gouvernement économique pour la zone euro.
Nos partenaires européens ne commencent que maintenant, au bout de deux années d’inertie, à insister pour la mise en œuvre de véritables réformes et une diminution sensible des dépenses de l’Etat.
Mais, entre-temps, 500 000 personnes (pour le seul secteur privé) ont perdu leur emploi, alors que le secteur public est resté tout aussi énorme et fait tout autant obstruction. Cette justice-là, c’est à nous, les Grecs, de la réclamer.

Grèce: La corruption sévit à tous les étages

La dette du pays a été en partie causée par la fraude fiscale...

Il y a quelques jours, George Papandréou, l'ex-Premier ministre grec, s'est excusé de la gabegie des élus. La scène a été très peu rapportée par les médias et pourtant elle est historique. En Grèce, la population a un fort ressentiment envers des élites qui ont massivement pioché dans les caisses ces dernières décennies. «Qu'ils s'en aillent tous! Ils ne sont bons qu'à se faire construire des piscines!», s'énerve Apostolos, un retraité.
Mais la corruption n'est pas le seul fait des politiques. Elle est aussi pratiquée par tout un chacun, surtout les autres. «Tu soulèves une pierre, il y a de la corruption en dessous! s'exclame Angelica, employée dans un musée d'Athènes. Quand une nouvelle route est construite, un intermédiaire s'interpose et empoche une grosse commission. Du coup, la route est faite avec des matériaux de moindre qualité et cela cause des accidents.»
La santé touchée aussi
Trois jeunes femmes dégustent un capuccino dans le très chic Café d'Athènes. Elles sont juges. Elles entendent parler d'histoires de bakchich tous les jours. «Le pire, dit l'une, ce sont les fonctionnaires qui émettent des documents officiels, ou les collecteurs de taxes. Ils accélèrent ou ralentissent les dossiers au gré des dessous-de-table.»
Le secteur de la santé est aussi très touché par les pots-de-vin. «Des médecins dans des hôpitaux magouillent. Les gens commencent à se lasser de ce système», constate Sophia, une pharmacienne. Costas Bakouris, président pour la Grèce de l'ONG Transparency International, a une raison d'espérer: «La corruption n'a pas baissé, mais les gens se disent qu'ils ont peut-être fait des erreurs par le passé et qu'il faudrait désormais procéder autrement, avec un système plus organisé».

Lucie Romano, à Athènes

Crise : le plaidoyer de Monti pour la Grèc

Le chef du gouvernement italien insiste sur l'urgence d'éteindre "le plus dangereux foyer" de la crise en zone euro.
L'Union européenne doit trouver une solution au problème de la Grèce, le "plus dangereux foyer" de la crise en Europe, a insisté lundi le chef du gouvernement italien Mario Monti, devant la communauté financière italienne, réunie à la Bourse de Milan. Mario Monti a en outre annoncé que "7 ou 8" pays européens, dont l'Italie, mais dont ne devraient pas faire partie la France et l'Allemagne, allaient envoyer une lettre à Bruxelles pour plaider en faveur de la relance de la croissance en Europe.
Alors que le deuxième plan d'aide à Athènes doit être ratifié lundi lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, Mario Monti a souligné que Rome avait "poussé" au niveau européen pour trouver "une solution au premier, au principal, au plus dangereux foyer qui est celui de la Grèce". L'Italie a cherché à convaincre ces derniers temps un nombre croissant d'États membres de la zone euro "qu'il serait grave que le front grec montre d'autres signes de difficulté", a-t-il affirmé.

Lettre

Mario Monti, qui a appelé à plusieurs reprises l'Europe à dépasser la seule rigueur et à en faire plus pour la croissance, a annoncé par ailleurs l'envoi d'une lettre commune à Bruxelles de 7 ou 8 pays pour plaider en faveur de politiques pour la croissance. "Une lettre de 7 ou 8 pays de l'Union européenne, et pas seulement de la zone euro, sera rendue publique aujourd'hui, si elle ne l'a pas déjà été (...), en vue du conseil européen du 1er mars pour donner une forte stimulation, avec des indications concrètes et opérationnelles, à la croissance économique européenne", a-t-il indiqué. "Sauf changement de dernière minute, la France et l'Allemagne ne devraient pas en faire partie", a ajouté Mario Monti, qui n'a en revanche pas donné le nom des pays signataires.
"Nous verrons le 1er mars une Union européenne qui concentre plus d'énergie sur la croissance, une fois la parenthèse grecque fermée, espérons qu'elle le soit à ce moment-là, au moins dans ses aspects les plus dramatiques", a-t-il souhaité. "L'Italie a besoin de croissance, l'Italie ne peut pas croître seule, l'Italie a besoin que l'Europe reconnaisse le besoin qu'elle a de croissance", a encore insisté le président du Conseil italien.

Le spectre grec reste contagieux 

Pendant que le président-candidat nous parle de la France dont il rêve, nombre de Français redoutent de plus en plus un scénario à la grecque. Ce pays ne cesse de se rapprocher du gouffre depuis deux ans, pendant que l'Europe lui impose une rigueur aux lourdes conséquences économiques, sociales et humaines. Les gouvernants grecs successifs sont étranglés par des taux d'intérêt excessifs et incapables de redresser une situation minée par l'économie parallèle et l'évasion fiscale. Alors qu'une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro doit se pencher ce lundi sur le deuxième plan de soutien de 130 milliards d'euros au pays moribond, le spectre d'un défaut de paiement plane toujours sur l'État grec. Encore divisée, l'Europe devrait avoir le renfort du FMI et enfin celui de la Banque centrale européenne. Le refus de son intervention massive depuis deux ans n'a ainsi fait qu'approfondir le caveau où s'enfonce peu à peu la population grecque. Cette lenteur européenne peinant à dépasser ses égoïsmes et intérêts nationaux continue à accroître le coût public du sauvetage, ou du naufrage. Elle a au moins permis aux créanciers privés d'accepter de perdre les 3/4 des fonds prêtés. À croire que le pur et simple effacement de la dette aurait pu être acté il y a des mois. Autant d'atermoiements qui encouragent les eurosceptiques, mais aussi les spéculateurs prêts à miser contre la zone euro. Car Portugal, Espagne, Italie, et aussi la France sont désormais des cibles tentantes. Vu la promptitude des secouristes, le spectre grec ne sera bientôt plus seul dans les limbes de l'économie mondiale.

La fin d’un mythe

L’élection présidentielle n’a pas encore de vainqueur, mais elle a déjà fait une victime. Et c’est un idéal, un fantasme, presqu’un mythe qui s’est éteint durant cette campagne. Ci-gît l’écologie politique, cette vieille et romantique antienne qui voudrait que les enjeux écologiques pèsent dans l’action politique. RIP.

 Longtemps subclaquant, le patient a donc fini par trépasser.

La catastrophique campagne d’Eva Joly avait enfoncé les premiers clous du cercueil. François Hollande avait un peu plus fermé le couvercle en ne consacrant au sujet que quelques lignes alibi reléguées en fond de programme. Et Nicolas Sarkozy vient de jeter les dernières poignées de terre sur la dépouille en annonçant que Nathalie Kosciusko-Morizet, sa nouvelle porte-parole, ne serait pas remplacée au ministère de l’Écologie, sous-entendu « pour ce que cela a d’importance »… Bref, tout le monde s’y est mis, comme dans les romans d’Agatha Christie. 

Il est décidément loin, le temps où les candidats à la présidentielle se présentaient, les genoux poussiéreux comme des pénitents, devant Nicolas Hulot pour signer son pacte écolo. Et même l’image de Daniel Cohn-Bendit annonçant tout sourire le « D-Day de l’écologie politique » dans la foulée d’européennes triomphales en 2009 (16,28 % des suffrages contre 16,48 % au PS) apparaît si vieille qu’on dirait le souvenir d’un autre. 

Pourtant, et même si les enjeux financiers actuels laissent peu de place à toute autre préoccupation, jamais sans doute la population n’a été aussi réceptive aux idées défendues par les Verts. Le développement durable est devenu un enjeu de société en même temps qu’une préoccupation quotidienne et une niche économique, mais cette conscience écologique reste à l’écart du champ politique. 

Préférant s’exprimer à travers les mouvements de protestation citoyens et altermondialistes… héritiers des mouvements écolos « historiques ». Après quarante ans de lutte et d’activisme, les écologistes ont réussi à faire émerger leurs idées. Sans pouvoir en tirer profit. C’est peut-être là leur destin, finalement.

Président en riposte 

Nicolas Sarkozy ne peut arrimer sa campagne sur son bilan néanmoins assumé, ni sur un programme renversant qui l’expose à la réplique : « Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ? ». Son positionnement osé de candidat du peuple contre le système, qu’il a tout de même dirigé pendant cinq ans, vise à le démarquer de François Hollande. Mais ce créneau de la France du non est déjà très occupé par Le Pen, Mélenchon, voire Bayrou.


 Nicolas Sarkozy ne bénéficie pas, comme face à Ségolène Royal en 2007, d’un coup de pouce du PS, cette fois rangé et mobilisé derrière son champion. L’habile et précautionneux Hollande ne commet pas de maladresses nuisibles à sa crédibilité.


 Le candidat Sarkozy se lance donc dans la seule stratégie possible : affaiblir l’image et la stature de présidentiable de son rival en l’habillant en candidat du flou, de l’imprécision, de l’attentisme face à la crise. Il attaque frontalement les propositions, les mots de François Hollande pour l’obliger à préciser, rectifier, démentir cette salve de coups brutaux. Il soumet François Hollande à un vrai test pour les nerfs et la maîtrise de la parole. Mitterrand fit ainsi craquer Chirac en 1988. Avec ce ton agressif, Sarkozy déstabilise au passage le message de dédiabolisation de Marine Le Pen, tentée par un discours plus dur comme l’a démontré, hier, le retour en campagne du père.


Le pari est cependant risqué. La France de l’hésitation et de l’oscillation, celle qui fait et défait les présidents, peut s’agacer d’une attitude aussi ouvertement hostile venant d’un chef d’État sortant.


Les « désamoureux » peuvent aussi interpréter cette position d’un Président en riposte comme une esquive du bilan et du programme. Nicolas Sarkozy connaît le risque. Mais à 63 jours du jour J, il n’a pas d’autre choix.

Présidentielle : une finale prématurée


N'en déplaise aux socialistes, l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy est un événement. C'est si vrai que l'on assiste, depuis lors, à une bipolarisation forte et prématurée.

Méfiance, car l'opinion n'apprécie pas qu'on lui confisque le droit de s'intéresser à une offre politique diversifiée. Que l'on ramène le débat du premier tour à une confrontation de second tour. Que cette « sarkhollandisation » que dénonce François Bayrou soit une finale avant les éliminatoires.
Ce durcissement du combat présidentiel, à 76 jours du vote, pose plusieurs questions. La première : les outsiders peuvent-ils encore troubler le jeu ?

 En un mois, Nicolas Sarkozy est parvenu à doubler l'écart avec Marine Le Pen. 

Sa vibrante offensive patriotique, hier à Marseille, et la dynamique autour de Jean-Luc Mélenchon rendent quasi impossible l'accession du FN au second tour. Sa candidate, qui tentait de reprendre la main, ce week-end à Lille, s'est fragilisée sur le thème de la sortie de l'euro. La crédibilité est la contrepartie du passage de la protestation à l'aspiration à gouverner. 

La voix de François Bayrou, l'autre menace pour la qualification de Nicolas Sarkozy, est en partie couverte par le bruit du combat des titans. Pour que le candidat centriste retrouve de l'élan, il faudrait que l'affrontement entre les favoris tourne mal et que le centre droit se tourne vers lui. Seconde interrogation : qu'est-ce qui peut faire perdre François Hollande ? 

À part une énorme bourde, une dramatisation de l'actualité - on pense à la Grèce - des déchirures peu probables à gauche et une union aussi peu probable de Jean-Louis Borloo à Marine Le Pen, on le voit mal s'effondrer. Posons la question autrement : qu'est-ce qui pourrait faire gagner Nicolas Sarkozy ? D'abord, de réaliser un bon premier tour et de relancer une dynamique en retrouvant l'électorat frontiste perdu depuis 2007. C'est ce qu'il vise à travers sa stratégie du clivage permanent autour du patriotisme, de l'autorité, de la famille et de la parole rendue au peuple. Dans un second temps, Nicolas Sarkozy devra décider les modérés et les hésitants. 

Sans cette reconquête, la droite, majoritaire mais divisée, ne peut pas gagner face à la gauche, minoritaire mais portée par une envie de pouvoir, un esprit d'union et un antisarkozysme qui déborde ses frontières. Enfin, Nicolas Sarkozy devra s'arranger pour que les surprises, qu'il promet quotidiennes - hier l'annonce d'une dose de proportionnelle - soient assez fortes pour embellir un projet qui ne contient pas que des douceurs. François Bayrou et François Hollande ont annoncé la couleur : 50 milliards de dépenses en moins et autant de prélèvements en plus pour le premier ; 20 milliards de « cadeaux fiscaux » en moins et 29 milliards d'impôts en plus pour le second. 

Et pour Nicolas Sarkozy ? Pour l'instant, on ne dispose que des projections budgétaires transmises à Bruxelles. Elles permettent d'entrevoir plusieurs dizaines de milliards d'économies - retraites, dépenses de santé, transferts aux collectivités locales - et 46 milliards de prélèvements nouveaux (y compris la TVA sociale) dont le détail reste inconnu. Le courage - mais serait-ce la meilleure façon de gagner ? - sera de le dire un jour.

La Grèce au régime de l'austérité et des réformes

Le gouvernement grec a approuvé samedi la version définitive des mesures d'austérité réclamées par l'Union européenne et le Fonds monétaire international pour débloquer un nouveau plan d'aide de 130 milliards d'euros.
Voici les principales mesures dont certaines devront faire l'objet d'une loi, d'après les déclarations du Premier ministre grec Lucas Papadémos, les projets de loi affichés sur le site web du parlement et des sources gouvernementales.

BUDGET
Avant le débours des fonds de sauvetage, le gouvernement doit faire adopter une loi de finances rectificative prévoyant des réductions de dépenses représentant 1,5% du Produit intérieur brut (PIB) cette année, soit 3,3 milliards d'euros.
Selon les précisions données ce mois-ci sur les réductions de dépenses, 1,1 milliard d'euros proviendront du secteur de la santé, principalement en abaissant les prix des médicaments, 400 millions de l'investissements public, 300 millions d'euros du budget de la défense, 300 millions des baisses des retraites et 300 millions des dépenses du gouvernement central.
Sur les 325 millions d'euros qui doivent encore être détaillés, 100 millions d'euros proviendront de nouvelles réductions des dépenses militaires, 90 millions seront obtenus en avançant des réductions de salaires prévues dans le secteur public et 135 millions seront économisés sur les ministères de la Santé, du Travail et de l'Intérieur, selon des sources gouvernementales.
Le Premier ministre Lucas Papadémos a déclaré le 18 février que des réductions supplémentaires sur les pensions seraient inévitables.
Le gouvernement qui sera au pouvoir en juin après les élections prévues en avril devra présenter des mesures d'austérité supplémentaires de 10 milliards d'euros pour la période 2013-2015.

RECAPITALISATION DES BANQUES
Toutes les banques devront parvenir à un ratio de solvabilité sur la base de leurs fonds propres "durs" de 9% au troisième trimestre 2012 et de 10% au deuxième trimestre 2013, en levant du capital, et/ou en recevant des aides.
Les banques recevront des fonds publics en échange d'actions ordinaires attribuées à l'Etat, d'actions avec droits de vote restreint ou d'obligations convertibles. Les modalités de ces prises de participation varieront en fonction du niveau de l'aide publique dont auront besoin les établissements.
PRIVATISATIONS
Les recettes cumulées des privatisations engrangées depuis juin 2011 devraient être d'au moins 4,5 milliards d'euros d'ici la fin de l'année, 7,5 milliards d'ici fin 2013, de 12,2 milliards d'ici la fin 2014 et de 15 milliards d'ici la fin 2015.
L'objectif initial - 50 milliards d'euros - ne devrait être atteint qu'"à moyen terme".
L'agence chargée des privatisations aura des pouvoirs accrus pour vendre tel ou tel actif par appartements ou pour le liquider s'il ne peut être vendu tel quel.
La liste des sociétés dont la privatisation totale ou partielle sera lancée cette année comprend la compagnie gazière Depa, l'opérateur du réseau gazier Desfa et le raffineur Hellenic Petroleum.

RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL
Avant toute distribution de fonds de sauvetage, la Grèce doit faire voter la baisse de 22% du salaire minimum mensuel, qui se situe pour l'instant à 750 euros. Pour les moins de 25 ans, le salaire minimum sera réduit de 32%. Les augmentations de salaires automatiques à l'ancienneté seront supprimées. Les accords collectifs sur les salaires seront autorisés pour s'adapter "aux conditions économiques changeantes". Les contributions de sécurité sociale seront réduites de 5%.
Environ 15.000 fonctionnaires seront placés en "réserve de travail" en 2012, ce qui veut dire qu'ils recevront 60% de leur salaire de base et seront renvoyés après un an. Il n'y aura qu'une embauche de fonctionnaire pour cinq départs en retraite.
L'objectif est de supprimer 150.000 postes dans la fonction publique d'ici 2015.

RÉFORMES STRUCTURELLES
Avant la réception de l'aide, la Grèce devra organiser l'ouverture à la concurrence d'un certain nombre de professions, dont celles de dockers, de guides touristiques et d'agents immobiliers.

OBJECTIFS ECONOMIQUES ET BUDGETAIRES
Pour 2012, le déficit primaire de l'Etat ne devra pas dépasser 2,06 milliards d'euros. Pour 2013 et 2014, l'excédent primaire devra être d'au moins 3,6 milliards d'euros et de 9,5 milliards d'euros respectivement.
En 2012-2014, le déficit budgétaire devra être réduit de sept points de pourcentage par rapport au niveau de 2011 prévu par le gouvernement à 9,1%-9,4% du PIB. Si la croissance économique est inférieure aux attentes, l'objectif sera reporté à 2015.
L'économie devrait s'être contractée à un rythme de 4-5% en 2012 et 2013. La reprise devrait avoir lieu en 2013, avec une croissance anticipée à 2,5-3% en 2014 et en 2015.

ACCORD D'ÉCHANGE DE DETTE
. Une facilité de crédit de la BCE de 35 milliards d'euros permettra à la Grèce de financer l'accord de rachat par lequel la BCE, agissant pour le compte de la Grèce, offrira de racheter certaines obligations de l'Etat grec détenues par les banques centrales de la zone euro.
. Le FESF, le fonds de secours de la zone euro, rendra disponibles 30 milliards d'euros pour faciliter l'échange de dette. (avec Georges Georgiopoulos; Danielle Rouquié pour le se

The callous cruelty of the EU is destroying Greece, a once-proud country

Britain should play its part to end this Greek tragedy by standing up for the underdog. 

For all of my adult life, support for the European Union has been seen as the mark of a civilised, reasonable and above all compassionate politician. It has guaranteed him or her access to leader columns, TV studios, lavish expense accounts and overseas trips.
The reason for this special treatment is that the British establishment has tended to view the EU as perhaps a little incompetent and corrupt, but certainly benign and generally a force for good in a troubled world. This attitude is becoming harder and harder to sustain, as this partnership of nations is suddenly starting to look very nasty indeed: a brutal oppressor that is scornful of democracy, national identity and the livelihoods of ordinary people.
The turning point may have come this week with the latest intervention by Brussels: bureaucrats are threatening to bankrupt an entire country unless opposition parties promise to support the EU-backed austerity plan.
Let’s put the Greek problem in its proper perspective. Britain’s Great Depression in the Thirties has become part of our national myth. It was the era of soup kitchens, mass unemployment and the Jarrow March, immortalised in George Orwell’s wonderful novels and still remembered in Labour Party rhetoric.
Yet the fall in national output during the Depression – from peak to trough – was never more than 10 per cent. In Greece, gross domestic product is already down about 13 per cent since 2008, and according to experts is likely to fall a further 7 per cent by the end of this year. In other words, by this Christmas, Greece’s depression will have been twice as deep as the infamous economic catastrophe that struck Britain 80 years ago.

Yet all the evidence suggests that the European elite could not give a damn. Earlier this week Olli Rehn, the EU’s top economist, warned of “devastating consequences” if Greece defaults. The context of his comments suggests, however, that he was thinking just as much of the devastating consequences that would flow for the rest of Europe, rather than for the Greeks themselves.
Another official was quoted in the Financial Times as saying that Germany, Finland and the Netherlands are “losing patience” with Greece, with apparently not even a passing thought for the real victims of this increasingly horrific saga. Though the euro-elite seems not to care, life in Greece, the home of European civilisation, has become unbearable.
Perhaps 100,000 businesses have folded, and many more are collapsing. Suicides are sharply up, homicides have reportedly doubled, with tens of thousands being made homeless. Life in the rural areas, which are returning to barter, is bearable. In the towns it is harsh and for minorities – above all the Albanians, who have no rights and have long taken the jobs Greeks did not want – it is terrifying.
This is only the start, however. Matters will get much worse over the coming months, and this social and moral disaster has already started to spread to other southern European countries such as Italy, Portugal and Spain. It is not just families that are suffering – Greek institutions are being torn to shreds. Unlike Britain amid the economic devastation of the Thirties, Greece cannot look back towards centuries of more or less stable parliamentary democracy. It is scarcely a generation since the country emerged from a military dictatorship and, with parts of the country now lawless, sinister forces are once again on the rise. Only last autumn, extremist parties accounted for about 30 per cent of the popular vote. Now the hard Left and hard Right stand at about 50 per cent and surging. It must be said that this disenchantment with democracy has been fanned by the EU’s own meddling, and in particular its imposition of Lucas Papademos as a puppet prime minister.
Late last year I was sharply criticised, and indeed removed from a Newsnight studio by a very chilly producer, after I called Amadeu Altafaj-Tardio, a European Union spokesman, “that idiot from Brussels”. Well-intentioned intermediaries have since gone out of their way to assure me that Mr Altafaj-Tardio is an intelligent and also a charming man. I have no powerful reason to doubt this, and it should furthermore be borne in mind that he is simply the mouthpiece and paid hireling for Mr Rehn, the Economic and Monetary Affairs Commissioner I mentioned earlier.
But looking back at that Newsnight appearance, it is clear that my remarks were far too generous, and I would like to explain myself more fully, and with greater force. Idiocy is, of course, an important part of the problem in Brussels, explaining many of the errors of judgment and basic competence over the past few years. But what is more striking by far is the sheer callousness and inhumanity of EU commissioners such as Mr Rehn, as they preside over a Brussels regime that is in the course of destroying what used to be a proud, famous and reasonably well-functioning country.
In these terrible circumstances, how can the British liberal Left, which claims to place such value on compassion and decency, continue to support the EU? I am old enough to recall their rhetoric when Margaret Thatcher was driving through her monetarist policies as a response to the recession of the early Eighties. Many of the attacks were incredibly personal and vicious. The British prime minister (who, of course, was later to warn so presciently against monetary union) was accused of lacking any kind of compassion or humanity. Yet the loss of economic output during the 1979-82 recession was scarcely 6 per cent, less than a third of the scale of the depression now being suffered by the unfortunate Greeks. Unemployment peaked at 10.8 per cent, just over half of where Greece is now.
The reality is that Margaret Thatcher was an infinitely more compassionate and pragmatic figure than Amadeu Altafaj-Tardio’s boss Olli Rehn and his appalling associates. She would never have destroyed an entire nation on the back of an economic dogma.
One of the basic truths of politics is that the Left is far more oblivious to human suffering than the Right. The Left always speaks the language of compassion, but rarely means it. It favours ends over means. The crushing of Greece, and the bankruptcy of her citizens, is of little consequence if it serves the greater good of monetary union.
Nevertheless, for more than a generation, politicians such as Tony Blair, Peter Mandelson, Nick Clegg and David Miliband have used their sympathy for the aims and aspirations of the European Union as a badge of decency. Now it ties them to a bankruptcy machine that is wiping out jobs, wealth and – potentially – democracy itself.
The presence of the Lib Dems, fervent euro supporters, as part of the Coalition, has become a problem. It can no longer be morally right for Britain to support the European single currency, a catastrophic experiment that is inflicting human devastation on such a scale. Britain has historically stood up for the underdog, but shamefully, George Osborne has steadily lent his support to the eurozone.
Thus far only one British political leader, Ukip’s Nigel Farrage, has had the clarity of purpose to state the obvious – that Greece must be allowed to default and devalue. Leaving all other considerations to one side, humanity alone should press David Cameron into splitting with Brussels and belatedly coming to the rescue of Greece.


Comment Bruxelles détruit la Grèce

Plongée dans une dépression catastrophique, la Grèce est saignée à blanc par une UE “incompétente” et son commissaire aux Affaires économiques et monétaires “insensible”, Olli Rehn, accuse Peter Oborne dans un réquisitoire enflammé. 

Toute ma vie d’adulte, j’ai vu l’establishment britannique considérer généralement l’UE comme une force positive dans un monde agité, peut-être un peu incompétente et corrompue, mais inoffensive.
Une idée qu’il devient de plus en plus difficile de défendre, car cette association de nations dévoile soudain un côté tout à fait déplaisant : elle se mue en un oppresseur implacable qui n’a que mépris pour la démocratie, l’identité nationale et la subsistance des gens de la rue.
Cette semaine, peut-être avons-nous vécu un tournant, avec la dernière intervention de Bruxelles en date : les bureaucrates menacent de pousser un pays entier à la faillite si les partis de l’opposition ne s’engagent pas à soutenir le plan d’austérité promu par l’Union. Replaçons le problème grec dans le contexte qui convient.
La Grande Dépression britannique des années 30 fait désormais partie de nos mythes nationaux. C’était l’époque des soupes populaires, du chômage de masse, immortalisée dans les merveilleux romans de George Orwell. Mais jamais, pendant la Dépression – même à son paroxysme – , le produit national brut n’a chuté de plus de 10 %.

Une vie infernale

En Grèce, le produit intérieur brut a déjà dégringolé de 13 % depuis 2008 et à en croire les spécialistes, il devrait encore reculer de 7 % d’ici la fin de l’année. En d’autres termes, à Noël, la dépression grecque sera deux fois plus grave que la catastrophe économique de sinistre mémoire qui ébranla la Grande-Bretagne il y a quatre-vingts ans.
Or, tout tend à prouver que l’élite européenne ne pourrait guère moins s’en soucier. Au début de la semaine, Olli Rehn, l’économiste en chef de l’UE, a mis en garde contre des “conséquences dévastatrices” si la Grèce se déclarait en défaut de paiement. Il semblerait cependant qu’il ait surtout eu à l’esprit les conséquences dévastatrices que cela aurait pour le reste de l’Europe, plutôt que pour les Grecs eux-mêmes.
Et pendant que l’euro-élite semble s’en moquer, la vie en Grèce, terre natale de la civilisation européenne, est devenue infernale. Près de 100 000 entreprises auraient mis la clé sous la porte, et beaucoup d’autres sont en train de piquer du nez. Les suicides ont brutalement augmenté, les homicides auraient doublé, et des dizaines de milliers de personnes se retrouvent à la rue.
La vie est encore supportable dans les campagnes, qui sont revenues au troc. Dans les villes, elle est rude, et pour les minorités – en particulier les Albanais, qui ne bénéficient d’aucun droit et ont longtemps récupéré les emplois dont les Grecs ne voulaient pas – , elle est effrayante.
Les ménages ne sont pas les seuls à souffrir – les institutions grecques sont littéralement mises en pièces. Contrairement à la Grande-Bretagne au beau milieu du carnage économique des années 30, la Grèce ne peut pas s’appuyer sur un passé fait de siècles de démocratie parlementaire plus ou moins stable.
Il y a tout juste une génération que le pays s’est extirpé d’une dictature militaire. Aujourd’hui, alors que certaines régions du pays basculent dans le désordre, des forces inquiétantes ont de nouveau le vent en poupe.

"Cet idiot venu de Bruxelles"

L’automne dernier encore, les partis extrémistes représentaient environ 30 % du vote populaire. Maintenant, la gauche et la droite dures peuvent compter sur près de 50 % des voix, et elles progressent. Il faut souligner que la désillusion suscitée par la démocratie a été attisée par l’ingérence de l’UE, en particulier l’imposition par Bruxelles de Lucas Papadémos en tant que Premier ministre fantoche.
En septembre, j’ai été vivement critiqué, et même chassé du plateau de l’émission Newsnight par un producteur glacial, pour avoir parlé du porte-parole de l’Union Amadeu Altafaj-Tardio en disant “cet idiot venu de Bruxelles”.
Quelques médiateurs bien intentionnés se sont depuis mis en quatre pour me démontrer que monsieur Altafaj-Tardio était un homme non seulement intelligent, mais aussi charmant. Aucune raison vraiment valable ne me permet d’en douter, et il faut rappeler, après tout, qu’il n’est rien de plus que le porte-voix et le larbin rémunéré d’Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires.
Rétrospectivement pourtant, il ne fait aucun doute que mes remarques étaient par trop clémentes, et je tiens à m’expliquer plus amplement, et plus vigoureusement. L’idiotie constitue naturellement une grande partie du problème bruxellois et explique nombre des erreurs de jugement et des incompétences de base de ces dernières années.
Mais ce qui frappe davantage, et de loin, c’est l’insensibilité et l’inhumanité crasses de certains commissaires européens dont Olli Rehn, qui tiennent les rênes d’un régime bruxellois en passe de détruire ce qui fut un pays fier, glorieux et qui fonctionnait bien.
Je suis en âge de me rappeler leur rhétorique à l’époque où Margaret Thatcher mettait en œuvre ses politiques monétaristes pour faire face à la récession du début des années 1980.
Le Premier ministre britannique était accusé de n’avoir pas une once de compassion ou d’humanité. Pourtant, la production économique britannique n’avait chuté que de 6 % pendant la récession de 1979-1982, soit plus de trois fois moins que la dépression qui frappe aujourd’hui les malheureux Grecs. Le chômage avait culminé à 10,8 %, un tout petit plus de la moitié du chiffre actuel en Grèce.
En réalité, Margaret Thatcher était une personnalité infiniment plus compatissante et pragmatique que le patron d’Amadeu Altafaj-Tardio, Olli Rehn, et ses comparses. Jamais elle n’aurait détruit toute une nation au nom d’un dogme économique.
C’est désormais une faute morale pour la Grande-Bretagne que de continuer de soutenir la monnaie unique européenne, une expérience catastrophique qui sème parmi les hommes une dévastation de pareille ampleur. C’est le seul sentiment d’humanité, au-delà de tout autre considération, qui devrait suffire à convaincre David Cameron de couper les ponts avec Bruxelles et de venir en aide, tardivement certes, à la Grèce.