TOUT EST DIT

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mardi 3 août 2010

Obama quitte l'Irak mais sans avoir fini le travail, estime la presse étrangère

En annonçant, lundi 2 août, la fin de la "mission de combat américaine" en Irak, Barack Obama respecte là une de ses principales promesses de campagne. Si la presse le reconnaît, elle n'oublie pas de rappeler que le conflit n'est pas pour autant terminé en Irak et que c'est désormais en Afghanistan que la guerre peine le plus à trouver une justification aux yeux de la population.
"Le but de ce discours était de rappeler aux électeurs américains que [Barack Obama] allait respecter la promesse qu'il leur avait faite lors de son élection : terminer la guerre en Irak", écrit Kevin Connolly pour la BBC. Le journaliste estime qu'il s'agit là d'un "exploit logistique sur une échelle de temps stupéfiante" mais que "le président a pris soin de ne pas répéter l'erreur de son prédécesseur, George W. Bush, qui avait déclaré que la mission américaine en Irak avait été accomplie il y a sept ans".

Cette fois-ci, la mission est-elle véritablement accomplie ? Rien de moins évident pour Ruper Cornwell, du journal The Independent. Il rappelle que d'ici à septembre, après le retrait des troupes de combat d'Irak, il restera 146 000 soldats en tout (Irak et Afghanistan), dont environ 50 000 en Irak. Ces derniers seront chargés de former les forces irakiennes, de conduire des opérations anti-terroristes et d'assurer la sécurité des projets de reconstruction.

UNE "INQUIÉTANTE BOÎTE DE PANDORE"

"Si tout se passe comme prévu, ils seront rentrés dans 17 mois", écrit Ruper Cornwell. "Mais il s'agit là d'un gros 'si', comme le montre la querelle des chiffres sur le nombre de victimes civiles irakiennes". "Pour la Maison Blanche, soucieuse de respecter le calendrier de retrait pour focaliser son attention sur l'Afghanistan, 222 civils ont été tués le mois dernier. Les autorités irakiennes parlent elles de 535 morts, ce qui ferait du mois de juillet le plus meurtrier depuis deux ans", analyse-t-il. "Le véritable coût de la guerre – et la question de savoir si finalement ça valait le coup – ne sera pas connu avant plusieurs années".

Même impression pour Baudoin Loos, journaliste au Temps de Genève. "Alors, certes, le pouvoir extrêmement oppressif du parti Baas cher à Saddam Hussein n'existe plus, reconnaît-il. Mais, outre que ce dernier assurait tant bien que mal à la population les services sociaux de base, la démocratie balbutiante à l'irakienne se trouve tempérée par l'impéritie patente des nouvelles élites politiques, la corruption générale et la lancinante préséance des intérêts communautaires ou ethniques – les chiites, majoritaires, privés de pouvoir par les sunnites pendant des décennies, n'entendent plus le quitter, pendant que les Kurdes cherchent d'abord à consolider leur autonomie de fait dans les montagnes du nord-est", accuse-t-il.

Des "élus incapables de s'entendre pour former un gouvernement", un pays qui "vivote à l'ombre des appétits concurrents de ses voisins" : loin d'avoir terminé leur mission, "les Américains ont ouvert une inquiétante boîte de Pandore".

UN "RELATIF SUCCÈS"

Pour Peter Baker, du New York Times, et pour d'autres éditorialistes, "en voulant consolider ses soutiens à l'intérieur, le président américain dessine également les limites de ses ambitions en Irak et en Afghanistan". A l'approche des élections législatives de mi-mandat, prévues pour le 2 novembre 2010, la Maison Blanche a voulu "montrer qu'elle avait respecté une des principales promesses du candidat Obama", écrit le journaliste qui estime que le président américain a finalement géré le dossier avec un "relatif succès".

Un dossier d'autant plus important pour les électeurs américains puisqu'il se situe dans un domaine – la guerre – qui a une "forte signification émotionnelle", comme l'écrivent deux journalistes du Washington Post. "Les soutiens 'anti-guerre' qui avaient élu Obama ont ensuite été déçu par le plan mis en place après son élection, bien moins ambitieux que promis", rappellent-elles.

"DOUTES CROISSANTS SUR LA GUERRE EN AFGHANISTAN"

Une manière de "détourner" l'attention, selon Chris McGreal, du Guardian. Mais Barack Obama "doit maintenant faire face à un test bien plus difficile que l'Irak". "Les pertes américaines en Afghanistan le mois dernier ont atteint un niveau sans précédent dans ce qui est désormais le conflit le plus long de l'histoire des Etats-Unis", écrit le journaliste britannique. "Le président doit faire face aux doutes croissants sur la bonne conduite de la guerre, aggravés par les révélations des 90 000 pages de documents militaires secrets publiés par Wikileaks".

"La stratégie du président est de commencer à faire rentrer quelques-uns des soldats d'ici à un an, mais il a dit qu'il ne permettrait pas aux terroristes de faire un pas de plus en Afghanistan pour attaquer les Etats-Unis", conclut, sceptique, M. McGreal. Et les journalistes du Washington Post d'indiquer également que les opinions sont partagées entre "ceux qui souhaitent un retrait du conflit, au vu de l'importance des pertes, et les autres qui estiment que le plan d'Obama, qui prévoit un retrait pour juillet 2011, est trop risqué et encouragera les groupes extrémistes de la région, dont les talibans".

Hélène Bekmezian


Pour en savoir plus

L'intégralité du discours de Barack Obama

– Un débat d'experts organisé par le New York Times sur les avantages et les inconvénients du retrait d'Irak

Europe : la rigueur menace les projets d'infrastructures

La lutte contre les déficits publics oblige les Etats européens à tailler dans les investissements notamment d'infrastructures. En Espagne, le gouvernement a annoncé, lundi 2 août, des baisses jusqu'à 45% des tarifs de rachat de l'électricité photovoltaïque, ce qui pourrait mettre en difficulté quelque 600 opérateurs à travers le pays. Le secteur éolien est aussi touché, mais le coup le plus dur a été porté, le 22juillet, par José Bianco, ministre de l'équipement, qui annonçait le gel, pour un à quatre ans, de près de 200 projets d'infrastructures dont 112 concernent les routes et les autoroutes, et 87 le chemin de fer.
Baptisé pudiquement "plan d'ajustement", il reporte 17% des programmes, mais 40% des fonds, soit 6,4 milliards d'euros, en 2010 et 2011. A ces gels s'ajoutent 32 annulations pures et simples d'appels d'offres pourtant déjà attribués, dont une douzaine sera, toutefois, transformée en partenariats privé-public, mais leur liste n'est pas encore arrêtée. Seuls sont préservés les ports et aéroports et quelques lignes TGV.

"Ces coupes budgétaires vont perturber l'économie espagnole et toute la filière des travaux publics", alertaient cinq organisations professionnelles espagnoles, le 28 juillet. La restructuration brutale du secteur menace 115 000 emplois directs et 1,1 million emplois indirects. De grands groupes, Sacyr, Acciona ont déjà annoncé des résultats semestriels en forte baisse.

Et les solutions financières ne peuvent venir des collectivités locales, dont les ressources sont laminées par la crise immobilière. Les taxes sur les transactions, qui avaient représenté jusqu'à 16,7 milliards d'euros, en 2006, vont, en 2010, chuter à 1,8 milliard d'euros! Et du côté de l'Europe, le robinet des fonds structurels est désormais fermé. Seule perspective pour financer les autoroutes espagnoles, une taxe sur les poids lourds est envisagée, le recours à des péages mais surtout une réduction de 22% du coût moyen de construction.

UNE MAUVAISE NOUVELLE POUR LES GROUPES DE BTP

La Grande-Bretagne est l'autre grand pays européen soumis à une cure d'austérité budgétaire sans précédent. Danny Alexander, secrétaire d'Etat au Trésor, annonçait, le 12 juillet, l'annulation de 12 projets publics pour un montant total de 2 milliards de livres (2,4 milliards d'euros) et la suspension de 12 autres, pour 8,5 milliards de livres.

La liste est hétéroclite et va du nouvel hôpital à Wynyard, au nord-est de l'Angleterre (540 millions d'euros) à un centre touristique dans le site historique de Stonehenge (30 millions d'euros), en passant par un tribunal à Birmingham (112 millions d'euros). Le budget pour la construction de cinq nouvelles prisons, pourtant une priorité pour les conservateurs, va être réduit à deux bâtiments. C'est une mauvaise nouvelle pour les groupes de BTP, engagés dans ces programmes, comme les britanniques Balfour Beatty, Carillion, le français Bouygues et le suédois Skanska.

Les infrastructures sont en revanche relativement préservées, bien que l'agrandissement des aéroports londoniens Heathrow, Gatwick et Stansted soit abandonné, à la grande satisfaction des écologistes. Aucune décision n'est en revanche prise sur le Crossrail de RER londonien (19 milliards d'euros).
Le programme de construction d'écoles va lui souffrir, en perdant 1,2 milliard d'euros, en 2010. Depuis 2004, le pays était en effet engagé dans une vaste remise à niveau de 3500 collèges, qui devait mobiliser 66 milliards d'euros d'ici 2023. Aujourd'hui, 58 projets portant sur 715 établissements sont abandonnés et un audit doit trancher sur la poursuite de plusieurs autres, tandis que les opérations sur 700 écoles, pour 1,8 milliard d'euros, sont maintenues.

Les grands groupes de construction, Bouygues en tête, s'attendaient certes à des économies, mais pas de cette ampleur: "C'est catastrophique! Plusieurs constructeurs ont dépensé des millions pour obtenir ces contrats. Cela va affecter tous les grands noms du secteur", indique un cadre d'un de ces groupes, cité par Le Bulletin européen du Moniteur du 19 juillet.

En France, les grands projets, notamment les grandes lignes de TGV, sont épargnés. Seul le tram-train et la Maison des civilisations, sur l'Ile de la Réunion, sont abandonnés, pour cause, de changement politique à la tête de la région. Sans être officiellement gelés, certains projets ont cependant du plomb dans l'aile, comme la ligne RER Charles de Gaulle Express, ou les autoroutes A51, entre Gap et Briançon, A24, d'Amiens à la Belgique, et A32, de Nancy à Thionville. Le Canal Seine-Nord, un partenariat privé-public de 4,2 milliards d'euros peine à réunir son financement.

Le Schéma national des infrastructures de transport (SNIT), que Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, a dévoilé le 12 juillet, se veut ambitieux, prévoyant d'investir 170 milliards d'euros d'ici 2030. "Le SNIT est un catalogue de vœux pieux, sans financement, on y retrouve des projets déjà inscrits dans le comité interministériel d'aménagement de 2003! Or les entreprises ont besoin de visibilité", juge Olivier Deleu, secrétaire général de l'association Transport développement intermodalité environnement (TDIE).

Isabelle Rey-Lefebvre

Dérive des continents

L'Amérique de Barack Obama s'éloigne visiblement du continent européen en ce début de XXI e siècle. On se doutait déjà que, à cause de ses origines plus pacifiques qu'atlantiques, le président américain n'avait pas une familiarité consanguine avec lui. Mais, depuis le début de l'année, il a manifesté à plusieurs reprises des signes de distanciation à son égard : en février, il déclinait une invitation à un sommet avec l'UE à Madrid ; la Chine, son principal créancier, a remplacé l'Europe dans ses partenariats privilégiés ; à Copenhague, il a été avec elle le principal responsable de l'échec de la conférence climatique soutenue par l'Europe ; comme lors du dernier G20 à Toronto… Tout cela a provoqué l'humeur de José Manuel Barroso, président de la Commission de Bruxelles, selon qui la relation transatlantique « n'est pas à la hauteur de son potentiel ». En quoi la présidence d'Obama pourrait bien être « une occasion manquée ». Sous le poli de l'usage, le propos est d'une particulière virulence. On ne saurait d'abord négliger les considérations personnelles. Barroso, dont le tropisme américain est connu (voir notamment une certaine conférence des Açores avec Bush en 2002), perd cette position privilégiée en voyant ainsi s'éloigner l'Amérique. D'autant que le renforcement des moyens de Catherine Ashton, « ministre des Affaires étrangères de l'Europe », menace son pré carré. Voilà pour le petit bout de la lorgnette. Mais c'est du côté du grand que résident les explications de fond : non seulement l'Europe n'est plus un interlocuteur majeur dans le monde, mais elle donne le spectacle, du fait de la confusion de ses institutions, d'une politique extérieure illisible, voire inexistante. Or la mission d'un président des Etats-Unis est de défendre en priorité les intérêts de son pays sans perte de temps inutile. Dans cet univers impitoyable, l'Europe serait mal venue d'imputer aux autres la responsabilité de ses propres faiblesses.

Le rattrapage inachevé


L'économie française reprend son souffle. Le chômage ne monte plus. Ces derniers mois, la grande majorité des entreprises a mieux vendu. Dans des secteurs aussi différents que la sidérurgie, la publicité ou les semi-conducteurs, le rythme de hausse est même à deux chiffres. Les industriels reconstituent leurs stocks, les plans de relance soutiennent encore un peu l'activité et l'international dope les chiffres d'affaires - à la fois parce que les pays émergents sont repartis très fort et parce que l'euro a baissé, rendant les produits français moins chers en Amérique ou en Asie. Il faut évidemment se réjouir de l'embellie conjoncturelle après un orage d'une violence inconnue depuis près d'un siècle. Mais il est trop tôt pour crier victoire. Car une bonne partie de cette embellie n'est rien d'autre qu'un rebond consécutif à un mouvement de panique générale, dans la foulée de l'implosion de Wall Street à l'automne 2008. L'Insee révélera la semaine prochaine que la production nationale était, au printemps de cette année, encore inférieure à son niveau de l'été 2008, malgré cinq trimestres d'affilée de progression. Au rythme de croissance actuel, dont la persistance n'est pas acquise, il faudra attendre l'automne 2011 pour que la production comble son retard. Trois ans de perdus ! Dans la seule industrie, l'écart est encore plus spectaculaire. La production manufacturière a certes redémarré vigoureusement, bien plus que les services. Elle a monté de 9 % depuis son creux de mars 2009… mais elle demeure inférieure de 13 % à son pic de février 2008. Rien ne garantit qu'elle reviendra un jour à de telles altitudes.
Ce constat débouche sur une question qui agite beaucoup les économistes. La crise va-t-elle changer notre trajectoire de croissance à long terme ? La première hypothèse, la plus favorable, est la parenthèse. L'activité rattrape le terrain perdu en accélérant, puis reviendra sur sa trajectoire antérieure de 2 % de croissance par an. La deuxième hypothèse est la marche descendue. La perte des années 2008-2009 ne serait pas comblée, mais la pente de croissance finirait par revenir vers 2 %. La troisième hypothèse est le décrochage. Dans ce cas de figure, la crise n'est pas tant un accident que le révélateur d'une croissance intenable. Le terrain perdu ne serait jamais rattrapé et l'activité serait durablement ralentie, comme elle l'avait été après la récession de 1975. Avec des recettes moins dynamiques, le rééquilibrage des finances publiques deviendrait encore plus compliqué. Aujourd'hui, les doutes sur la capacité des consommateurs et des entreprises à prendre le relais d'une croissance tirée par la dépense publique font plutôt penser au troisième scénario. Mais, dans le brouillard d'une crise sans précédent, il est trop tôt pour en être sûr.



JEAN-MARC VITTORI

La demande russe et chinoise tire les exportations laitières

Export.Si la consommation de produits laitiers par les ménages français est restée assez stable depuis le début de l'année (+ 1,2 %), elle ne cesse de progresser au niveau mondial, tirée notamment par les marchés russes et chinois. Les exportations européennes de beurre ont ainsi progressé de 12 % au premier trimestre et celle de poudre de lait écrémée, de 113 %. Les ventes de fromages ont également bondi de 20 %.

La filière laitière allemande en a toutefois davantage profité que les producteurs français : ses exportations ont grimpé de 69 % pour le beurre (+ 42 % pour la France), de 48 % pour les fromages (+ 15 % pour la France) et de 180 % pour la poudre écrémée. Par ailleurs, les prix des principaux produits, beurre, poudre écrémée à 0 % et poudre à 26 %, sur le marché mondial, bien qu'en hausse de 30 % à 40 % sur un an, ne sont pas encore revenus à leurs niveaux record de 2008.

A QUOI CES ÉCARTS DE COMPÉTITIVITÉ SONT-ILS DUS ?

Prix du lait : les producteurs de nouveau sur le pied de guerre

Les producteurs de lait accusent les industriels de ne pas respecter un accord signé en juin dernier, qui prévoyait une hausse de 10 % du prix du lait. Les industriels, eux, mettent en avant la concurrence avec l'Allemagne.
La Vache qui Rit, le camembert Président et le Caprice des Dieux vont-ils disparaître des rayons ? C'est en tout cas ce que voudraient plusieurs fédérations de syndicats d'exploitants agricoles, qui appellent au boycott de ces trois produits fabriqués respectivement par Bel, Lactalis et Bongrain. Une forme de représailles après que ces fabricants ont refusé d'augmenter le prix d'achat du lait.

Depuis la semaine dernière, des adhérents de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs ont ainsi rendu visite aux grandes surfaces de leurs régions, afin de les inciter à retirer ces produits de la vente. Des délégations de producteurs laitiers se sont aussi rendues hier dans les préfectures, tandis que d'autres entreprenaient de bloquer brièvement l'accès à quelques laiteries en Bretagne et en Normandie. Autant de signaux d'alarme qui pourraient annoncer un « remake » de la crise du lait de l'automne 2009, marquée par le blocus des laiteries et des milliers de litres de lait déversés dans les champs.
Mauvaise surprise

La signature d'un accord entre les producteurs de lait et les industriels, le 3 juin dernier, censé déboucher sur une hausse de 10 % du prix du lait, n'a apparemment rien réglé. Faute d'être parvenus à s'entendre sur les tarifs du troisième trimestre, les producteurs de lait ne savent toujours pas à quel prix leur seront payées les livraisons effectuées depuis début juillet. Ils le découvriront sur les « fiches de paie », qui leur seront adressées par leurs clients entre le 12 et le 15 août. Et la surprise ne sera pas bonne. Selon Henri Brichard, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), syndicat majoritaire affilié à la FNSEA, le prix proposé par les industriels ne dépasserait pas 313 euros pour 1.000 litres, alors que l'application de l'accord de juin aurait dû donner 330 euros. En 2009, les prix avaient chuté à 200 euros les 1.000 litres, avant de remonter aux alentours de 295 euros au deuxième trimestre 2010.

Plusieurs industriels argueraient du fait que le prix du lait est substantiellement plus bas en Allemagne qu'en France - de l'ordre de 30 euros pour 1.000 litres -pour refuser de relever leurs tarifs. Sur certains marchés, comme les fromages et les produits industriels destinés au marché mondial, la concurrence est en effet très vive entre Allemands et Français.
Réunion demain des syndicats

« Les industriels ne jouent pas le jeu, déplore Henri Brichard. Ils imposent des baisses de tarifs quand les prix du marché baissent, mais ne veulent pas répercuter les hausses quand le marché des produits laitiers s'améliore, comme c'est le cas aujourd'hui. Les producteurs en ont assez et leur demandent simplement de respecter leurs engagements. Nous ne pouvons pas rester dans une situation où les prix seraient au bon vouloir des industriels. »
En cas de refus des fabricants de revenir à la table des négociations, les exploitants agricoles pourraient durcir leurs actions dans les prochains jours. Les principaux syndicats agricoles se réuniront demain. « Nous déciderons de notre stratégie en milieu de semaine », précise Henri Brichard. « Mais, pour l'heure, rien n'a bougé », déplore-t-il. Au besoin, le président de la FNPL espère également que le gouvernement, qui vient de faire voter une loi de modernisation de l'agriculture française, se penchera sur le dossier, ainsi que sur celui de la différence de compétitivité entre les producteurs de lait français et leurs concurrents étrangers, notamment allemands.

« Nous publierons en septembre les résultats d'une étude consacrée aux forces et faiblesses de la filière laitière française, qui montre que le problème ne se résume pas à un manque de productivité, annonce Henri Brichard. Les producteurs allemands bénéficient notamment d'avantages fiscaux et d'un coût de main-d'oeuvre moins élevé. »
BRUNO TRÉVIDIC, Les Echos


Un dernier conseil...

Y aura-t-il une parenthèse ?
L'agenda politique pourrait le laisser croire. Après le conseil des ministres d'aujourd'hui, c'est le grand vide. Pas d'événements prévus et un président en vacances avec Carla, au cap Nègre, officiellement pour trois semaines. Pour l'Élysée, c'est une échéance. Il fallait résister jusqu'à l'été salvateur à la tempête de l'affaire Woerth. Tenir, en espérant que le scandale médiatique se dilue enfin dans la crème solaire et que ses notes acides deviennent aussi volatiles que celles d'un rosé bien frais.
D'habitude sans risque, ce pari ordinaire n'est pas gagné d'avance. Les Français sont peut-être fatigués des rebondissements du feuilleton Bettencourt où on finit par ne plus savoir qui manipule qui. Et ils pourront rater quelques-uns des prochains épisodes judiciaires sans perdre le fil de la série. Mais cette histoire à tiroirs a pris trop d'ampleur pour se terminer en queue de poisson. Elle est déjà sortie du cadre des polémiques éphémères pour basculer dans une interrogation générale - qui ne prend pas de vacances, elle - sur l'éthique du pouvoir.
« L'acharnement médiatique » dénoncé par les uns n'est que la dimension bruyante d'une sourde exigence populaire en période de crise : l'exemplarité des élites. Si cette exaspération comporte toujours le risque de basculer dans un populisme réducteur, voire dangereux, elle s'attaque à un mal français insidieux, trop longtemps minimisé, qui ronge la confiance dans le politique et la crédibilité de ceux qui portent les réformes. Même présumé « honnête », un ministre si proche du monde de l'argent est-il légitime, est-il simplement audible, pour demander des « efforts » à des smicards où même à des salariés dont le revenu médian, en France, ne dépasse guère 1 400 euros mensuels ? C'est une question qui touche à la psychologie collective, pas à la démagogie. Refuser de l'admettre, ce serait de la cécité volontaire.
Si on pouvait conseiller aux ministres des devoirs de vacances, on leur préconiserait de s'entraîner à reconnaître tout de suite des erreurs quand ils en font. D'apprivoiser l'insaisissable vérité politique. Cette transparence qui, ces dernières semaines, aurait épargné au pays de gaspiller une énergie précieuse au moment où il n'a plus une minute à perdre pour se mettre en ordre de marche, et regarder devant lui. Enfin.

Olivier Picard


Ivresse sportive

Attention, fragile ! On voudrait que l’expérience passée serve au présent, pour ne pas reproduire éternellement les mêmes erreurs. On aimerait que la fierté ressentie devant la belle moisson de médailles récoltée par les athlètes français aux championnats d’Europe de Barcelone ne tourne pas au dithyrambe, à l’enflure, à la célébration chauvine, comme la pitoyable prestation des footballeurs en Afrique du Sud s’était transformée – médias et politiques y allant de bon cœur – en une déroute nationale, une honte patriotique.

Faut-il que le moral des troupes citoyennes soit défaillant, pour qu’un fiasco sportif ou un authentique exploit – 18 médailles dont huit d’or – suscite autant d’excès ! De déception d’un côté, de fierté d’un autre. C’est vrai, on a aimé les épreuves, la beauté des corps et des efforts (toutes nationalités confondues !). On a goûté la personnalité des compétiteurs français, leurs réactions de joie, leur rage de vaincre, leur esprit d’équipe et leur simplicité. C’est sûr, on a apprécié les mots de leurs entraîneurs, de leurs responsables : l’appel à la cohésion, la modestie affichée, l’ambition revendiquée, l’effort et le travail récompensés. Et on s’est réjoui – le contexte politique étant ce qu’il est – de noter la palette des origines de ces Français fiers d’honorer leur maillot aux couleurs nationales.

On n’oublie pas que la victoire est versatile. La réussite appelle la réussite mais, parfois, la spirale vertueuse s’inverse, l’échec entraînant l’échec. Il arrive que le mental prenne le pas sur le physique, aussi affûté soit-il. On sait que certains très grands champions, transformés en stars, ont craqué. On sait aussi que, dans certaines disciplines, un fossé sépare les sportifs européens des athlètes issus d’autres continents, d’Amérique ou d’Afrique. Les prochains rendez-vous mondiaux seront moins prolifiques. Il ne faudra pas brûler alors ceux que l’on porte aux nues aujourd’hui. Laissons-les simplement savourer leur bonheur, ces champions et ceux qui les entraînent, les accompagnent, les éduquent. Sans gâcher leur plaisir. Sans les gâcher, eux, en les adulant à l’extrême. Ils méritent mieux.



Dominique Quinio

La France et ses valeurs

Si Nicolas Sarkozy n'aime pas le mot rigueur, il n'a pas d'état d'âme quant à celui de répression. Au moment où le gouvernement présente aux Français la facture de la crise ¯ que n'avait-on écouté François Fillon quand il avait tiré la sonnette d'alarme, dès l'automne 2007 ! ¯ le chef de l'État saisit toutes les occasions pour monter au créneau sur le thème de la sécurité, qui fut l'une des clés de sa victoire à l'élection présidentielle. Nomination de grands policiers comme préfets dans le 93 et à Grenoble, tour de vis annoncé pour les « gens du voyage », mise en cause du modèle français d'intégration des populations immigrées, et enfin volonté d'étendre la possibilité de déchoir de la nationalité française une personne d'origine étrangère qui aurait porté atteinte à la vie d'une personne dépositaire de l'autorité publique...

Au moment où l'effort que la Nation doit accomplir pour traverser la crise est considérable, on attend un discours de mobilisation générale, insistant sur la solidarité dans l'épreuve, rassemblant les énergies, sollicitant davantage les plus aisés, soutenant les plus faibles, affirmant que l'obstacle sera d'autant mieux franchi que « l'équipe de France » sera soudée, fraternelle et engagée.

Ce n'est pas le chemin qui semble pris. La stigmatisation des populations marginales, sous couvert de « réalisme », défait le tissu des valeurs dont s'honore la France. Non seulement une grande partie des gens du voyage est française, et doit à ce titre être considérée avec les mêmes égards que le reste de la population, mais les mesures annoncées - qui commenceront par le volet répressif, plus simple à mettre en oeuvre que les dispositions propres à faciliter leur intégration ¯ sont de nature à accroître leur précarité et à créer de la désespérance. À semer ainsi le vent, nous récolterons la tempête.

Par ailleurs, les « Roms » ¯ citoyens européens à part entière ¯ sont souvent victimes dans leurs pays d'origine d'une lourde discrimination sociale et ethnique, qui explique leur départ. Est-il juste que la France en rajoute une couche ?

Quant à la question de la déchéance de la nationalité française, elle est tout aussi choquante. Une comparaison permet de le comprendre : des parents ayant adopté un enfant vont-ils renoncer à leur paternité d'adoption lorsque celui-ci se serait très mal conduit ? Cela arrive certes, rarement, et c'est un échec terrible, dans lequel les parents mesurent en général leur propre responsabilité. L'accueil d'un citoyen nouveau, comme celui d'un enfant n'est pas une affaire de mérite, mais de coeur : c'est un don de la mère patrie qui ne se reprend pas... Et c'est une marque de grandeur. Imagine-t-on de retirer la nationalité française au Français dit « de souche », coupable des mêmes crimes ? À l'heure de la mondialisation, faut-il fabriquer des « apatrides » ?

Le chemin que prend la France risque de nous conduire à une forme d'abandon des valeurs dans lesquelles nous avons grandi, au prétexte d'une efficacité qui n'est en rien garantie. Si la situation économique et sociale est aussi tendue, c'est largement en raison de la fascination exercée par l'argent depuis trois décennies. Pour remédier à ce mal, il faut d'autres moyens que la fragilisation accrue des plus faibles, la discrimination de certains, et la seule répression.

(*) Éditeur et écrivain.


Dans les bras de Morphée


Dormir peu est un danger pour la santé. Mais trop dormir multiplie aussi les risques d’infarctus chez les adultes, révèle une étude américaine. Au-delà de neuf heures dans les bras de Morphée, le cœur battrait la chamade... Le sommeil, voilà l’ennemi, fallait oser !

Que de nuits blanches ont dû passer les chercheurs US à regarder roupiller leurs 30 000 cobayes. Pour arriver à la même conclusion qu’Homère, “le sommeil est le frère jumeau de la mort”. Haro sur les matinées plus grasses qu’un hamburger, parole de yankees ! Il n’empêche, c’est le genre d’étude à vous rendre insomniaque. Désormais, on ne va dormir que d’un œil. Les savants américains, eux, peuvent dormir sur leurs lauriers, leur fortune est venue en dormant… Cette étude est à dormir debout estiment des cardiologues français. Faudrait savoir, objectent-ils, si les problèmes cardiaques entraînent un plus grand besoin de sommeil ou si c’est un sommeil prolongé qui les provoque… L’éternelle histoire de l’œuf et de la poule. Ce n’est pas une raison pour se coucher comme les poules, on ne sait jamais…

Tiens, à propos de santé, celle de Nicolas Sarkozy est excellente. En vacances au Cap-Nègre, il peut dormir sur ses deux oreilles et même s’abandonner à la sieste, “cette recette d’équilibre” selon la formule d’un connaisseur, Jacques Chirac. Des savants, britanniques cette fois, affirment que 20 minutes de sieste augmentent de 20 % la productivité des heures suivantes. Dormir plus pour travailler plus, en voilà un slogan à faire de beaux rêves…

"La droite menacée d’un séisme en 2012"

Si la droite perd l'élection présidentielle de 2012, ce ne sera pas une défaite comme les autres. La dégradation du climat politique renforce la menace qui pèse sur elle.

La perte, dimanche 11 juillet, de la circonscription de Rambouillet en précise les manifestations. Depuis qu'elle a repris l'Elysée à la gauche, en 1995, la droite a subi comme autant d'échecs la plupart des élections locales.
Ces défaites répétées ne l'ont pas empêchée de conserver le pouvoir, mais elles ont peu à peu sapé ses assises territoriales, jusqu'aux plus anciennes, œuvrant lentement à l'effondrement d'un édifice : entre 1998 et 2010, la droite a perdu, en métropole, 744 cantons, 34 départements et 18 régions.

Lors des municipales de 2001, elle cédait à la gauche deux villes emblématiques, Paris et Lyon. Certes, elle croyait se consoler en gagnant, grâce à la cohabitation, 20 villes de plus de 30 000 habitants, mais elle en a perdu 26 lors des municipales de 2008 ! Même les élections législatives de 2007, pourtant situées dans le droit-fil de l'élection de Nicolas Sarkozy, se sont soldées par la disparition de 53 circonscriptions par rapport à la majorité sortante. Cela fait presque un millier de positions perdues.

Les élections cantonales de 2011 seront cruciales. Il y a toutes les raisons de penser qu'elles prolongeront le supplice de la droite. Or pour chaque canton perdu, chaque commune, chaque département, chaque région ou circonscription cédée à l'adversaire, c'est un point d'appui, un réseau, des ressources, autant de précieux leviers pour l'action publique comme pour la mobilisation des sympathisants et des électeurs.

LE PS TIRE UN PROFIT RÉGULIER

Depuis dix ans, le Parti socialiste tire ainsi un profit régulier, sans efforts ni doctrine, simplement parce qu'il est dans l'opposition. A moyen terme, ce n'est pas une bonne nouvelle pour lui, puisque ce ne sont pas ses propres forces qui fournissent la raison de ces victoires. A court terme, cependant, c'est pour la droite que les perspectives paraissent les plus sombres.

La gauche a remporté un nombre suffisamment grand d'élections locales pour pouvoir espérer gagner le Sénat en 2011. Ce serait déjà un premier tremblement de terre. Mais si la gauche emportait le Sénat en 2011, la présidence de la République en 2012 puis, dans la foulée, l'Assemblée nationale, tout en contrôlant les régions, la majorité des départements et la plupart des villes moyennes et grandes, alors, pour la première fois dans l'histoire de la République, la droite aura tout perdu.

A ceux qui penseront benoîtement que la perte du pouvoir national, en 2012, permettra au moins à la droite de retrouver les pouvoirs locaux aussi mécaniquement qu'elle les avait perdus, il faut opposer une autre perspective, moins optimiste.

Ayant tout perdu, pour la première fois, la droite pourrait souffrir plus que jamais de la concurrence du Front national. Une dislocation sans précédent de la droite de gouvernement, dans un contexte de crise exaspérant l'opinion, offrirait au FN et à sa nouvelle patronne l'opportunité inédite, et rêvée, d'accueillir une flopée d'électeurs exaspérés, de sympathisants découragés, de militants humiliés et de nombreux élus sonnés, enfonçant plus encore la droite de gouvernement dans des difficultés qui pourraient devenir insurmontables pour longtemps, car la concurrence du Front national limitera fortement, voire interdira le retour du balancier en faveur de l'UMP.

L'ÈRE DE JEAN-MARIE LE PEN TERMINÉE

On a déjà observé, dans le passé, que la présence de la gauche au pouvoir se traduisait autant, sinon davantage, par une poussée du Front national que par une remontée de la droite de gouvernement. La probabilité de voir un tel phénomène de "siphonnage" se produire au profit de l'extrême droite est d'autant plus élevée que l'ère de Jean-Marie Le Pen est terminée. Conduit par Marine Le Pen, retenons cette hypothèse, le Front national jouera la carte de la "vraie droite", regardant l'UMP comme jadis le RPR regardait les centristes.

De ce point de vue, si les signaux envoyés par la droite en direction des électeurs du Front national peuvent se comprendre dès lors qu'il s'agit d'améliorer les transferts de voix dans les scrutins à deux tours, ils peuvent aussi bien précipiter, dès à présent, la fuite d'électeurs de droite au profit du FN, et faciliter des transferts plus massifs et moins temporaires de même sens si la droite venait à perdre le pouvoir en 2012.

Réduire la distance, c'est prendre le risque d'ouvrir des voies de passage. Cela peut favoriser la victoire mais, tout autant, amplifier la défaite. D'autant plus que, simultanément, le centre tirera un profit certain d'une défaite de l'UMP en 2012, reprenant une part, voire la totalité des élus, des militants et des électeurs, qui, en 2002, avaient quitté l'UDF pour fonder l'UMP.

Renaissance d'un parti centriste plus fort qu'aujourd'hui, récupérant une partie des forces passées à l'UMP en 2002, et nouvelle poussée de l'extrême droite scelleraient ainsi le sort de l'UMP dans le cadre d'une recomposition ne lui permettant plus de concevoir son avenir autrement que comme une force parmi d'autres dans une coalition à laquelle le FN finirait par prendre une part active, voire déterminante.

Voilà pourquoi la défaite de la droite en 2012, si elle advient, risque d'être à nulle autre pareille.
Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique et professeur à Sciences Po