TOUT EST DIT

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lundi 22 mars 2010

Les sujets qui irritent les élus de droite


Dans la majorité, beaucoup pronostiquent déjà des règlements de compte après l'échec des régionales. La réunion du groupe UMP mardi s'annonce houleuse. Quatre grandes questions irritent tout particulièrement les élus de droite.

L'ouverture. Depuis 2007, la grogne n'a jamais cessée, dans les rangs de la majorité, contre la politique d'ouverture à gauche imposée par Nicolas Sarkozy. Mais cette fois, c'est un véritable ras-le-bol. " Ça suffit ! ", a tranché Christine Boutin, la présidente du Parti chrétien-démocrate, allié à l'UMP. Les rumeurs autour d'une éventuelle nomination du socialiste Malek Boutih à la Halde, après celle de Didier Migaud à la tête de la Cour des comptes et de Michel Charasse au Conseil constitutionnel n'ont pas facilité la tâche des candidats aux régionales, interpellés sur le thème : " Si les talents sont ailleurs, pourquoi voter UMP ? ". Édouard Balladur lui-même a conseillé à Nicolas Sarkozy de se séparer de Bernard Kouchner.

Le rythme des réformes. Nicolas Sarkozy a promis avant le scrutin " une pause " pour le second semestre 2011. Mais dans la majorité, le débat est lancé entre ceux qui veulent poursuivre l'action et ceux qui demande à faire un tri et à se concentrer sur les " réformes vitales ". Un " retour aux fondamentaux " prôné par Jean-François Copé, le patron des députés UMP, qui évoque notamment les retraites, l'emploi, la compétitivité, la réduction des déficits et les " valeurs de la République " (au premier rang desquelles la lutte contre le voile intégral). Dès dimanche soir, Jean-Pierre Raffarin a appelé à en finir avec " l'agitation réformatrice qui génère une certaine anxiété ". Et lundi matin, sur Canal , il a souhaité " un vote de confiance " au Parlement sur les réformes après un " discours de politique générale " du Premier ministre. " Il nous faut nous engager sur quelque chose de précis, sur quelque chose de très clair, pas quarante réformes, trois ou quatre grandes réformes pour lesquelles nous sommes soudés ", a-t-il prévenu. Avant le second tour, Alain Juppé avait lui aussi demandé " une réflexion sur le rythme des réformes ", appelant l'Elysée à " corriger ce qui doit l'être ".

L'environnement. Six mois après la percée des écologistes aux européennes, la majorité avait lancé sa campagne des régionales, fin novembre, sur la thématique environnementale. Aujourd'hui, les responsables de la majorité multiplient les prises de parole pour torpiller la taxe carbone, mal perçue -selon eux- par une partie de l'électorat de droite. Le président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet, a mis les pieds dans le plat avant le premier tour, plaidant pour l'abandon pur et simple de la taxe. " On ne peut pas se laisser étrangler par ce signal fort [...] On ne peut pas durablement marcher très en avant du peloton européen si les autres pays ne suivent pas ", a-t-il martelé. Lundi matin, c'est Jean-François Copé qui a poussé au report du dispositif. " La taxe carbone, qui a fait l'objet de nombreux débats dans notre majorité, n'a de sens que si c'est à l'échelle européenne ", a-t-il glissé sur Europe 1.

La stratégie électorale. Nicolas Sarkozy a imposé l'union de la droite (jusqu'au villiéristes), persuadé qu'un dynamique au premier tour pourrait permettre à ses candidats de l'emporter au second. Mais cette stratégie a échoué. Elle a non seulement créé des " frustrations " chez les militants recalés des listes, mais elle a privé la majorité de réserves au second. Du coup, certains, dans la majorité, réclament un changement de pied. " L'électorat de droite nous réclamait l'union à cor et à cri, mais quand on s'unit, on voit que ça ne marche pas ", a souligné Christine Boutin. " C'est par une expression plus visible de la famille centriste au sein de la majorité que nous pourrons à nouveau mobiliser toutes celles et ceux qui se sont détournés de la majorité présidentielle à l'occasion de ce scrutin régional ", a renchéri Hervé Morin, le président du Nouveau Centre. Dans l'entre-deux tours, François Fillon avait défendu la ligne, arguant que " si nous n'étions pas rassemblés aujourd'hui, nous aurions fait un score plus faible ". Pas sûr qu'elle survivre, pourtant, à l'échec du second tour.
PIERRE-ALAIN FURBURY, Les Echos

Baroin au Budget, Woerth au Travail, Darcos évincé

Eric Woerth sera en charge du dossier prioritaire des retraites. Le villepiniste Georges Tron accède au secrétariat à la Fonction publique, le centriste Marc-Philippe Daubresse devient ministre de la Jeunesse du gouvernement Fillon V.

Trois entrants, deux sortants : le remaniement est finalement ni "technique", ni de très grande ampleur. François Baroin, député-maire UMP de Troyes, a été nommé lundi ministre du Budget, en remplacement d'Eric Woerth, qui devient ministre des Affaires sociales à la place de Xavier Darcos, qui sort du gouvernement, a annoncé l'Elysée dans un communiqué.

Le président Nicolas Sarkozy fera une déclaration mercredi à l'issue du Conseil des ministres, a indiqué lundi l'Elysée dans ce même communiqué. La présidence de la République a annoncé en outre à 19H30 la nomination du député du Nord Marc-Philippe Daubresse comme ministre de la Jeunesse et des solidarités actives, en quelque sorte en lieu et place de Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives, qui quitte le gouvernement.

Georges Tron, un proche de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, devient pour sa part secrétaire d'Etat auprès du ministre du Travail chargé de la Fonction publique. Cette nomination sera-t-elle de mise à désactiver l'opposition interne constituée par Dominique de Villepin ? L'ancien Premier ministre, dont on attend cette semaine le lancement de son propre parti, "prendra une initiative" jeudi, mais elle se situera "dans la majorité" a assuré Georges Tron lundi soir sur i-TV.

François Baroin entre donc au gouvernement comme ministre du Budget, un poste actuellement occupé par Eric Woerth. Ce dernier prend lui-même le poste de Xavier Darcos, le ministre du Travail, principal victime du remaniement, qui quitte le gouvernement. Eric Woerth, considéré comme proche et "sûr", prend surtout en charge le dossier prioritaire des retraites.

L'entrée du chiraquien Baroin au gouvernement pourrait être de nature à calmer ce courant de l'UMP qui, à commencer par M. Baroin lui-même, n'a pas ménagé ses critiques à l'endroit du président Sarkozy. Après la sévère défaite de la majorité aux régionales, Nicolas Sarkozy avait rencontré François Fillon longuement lundi matin pour préparer le remaniement, tout en excluant un changement de cap dans les réformes. Le Premier ministre voulait comme il l'a lui-même dit prendre sa "part de responsabilité" dans le résultat des élections, sans qu'il ne soit question de sa démission. Selon des sources concordantes, Elysée et Matignon n'étaient pas d'accord sur l'ampleur du remaniement, François Fillon plaidant pour un large mouvement.

Parallèlement, les réflexions de la majorité sur la politique à conduire jusqu'en 2012 sont aussi en train. Pendant que François Fillon était reçu ce lundi matin par Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Jean-Pierre Raffarin a demandé que le Premier ministre François Fillon vienne faire "un discours de politique générale" devant le Parlement et qu'il y ait "un vote de confiance" sur les réformes.



François Baroin

Né en 1965 à Paris, François Baroin est député UMP, et maire de Troyes (Aube) depuis 2 mandats. Ce chiraquien "pur jus" est entré à l'Assemblée nationale en 1993. Il y est alors le plus jeune député. Porte-parole de la campagne présidentielle 1995 de Jacques Chirac en 1995, il est nommé après la victoire du président de la République secrétaire d'État auprès du Premier ministre et porte-parole du 1er gouvernement d'Alain Juppé, devenant ainsi à 29 ans le benjamin du gouvernement. En juin 2005, il devient ministre de l'Outre-mer dans le gouvernement de Dominique de Villepin. Il assure pendant quelques mois, en 2007, les fonctions de ministre de l'Intérieur en remplacement de Nicolas Sarkozy, après l'entrée de ce dernier en campagne présidentielle.

Le gouvernement envisage de réformer l'impôt sur les sociétés

La ministre de l'économie, Christine Lagarde, réfléchit à réformer l'impôt sur les sociétés, a-t-elle indiqué dans un entretien à la Tribune à paraître mardi 23 mars.

"Je ne trouve pas très sain qu'il y ait un tel écart entre taux facial d'imposition sur les bénéfices et le taux réel et nous réfléchissons à la meilleure manière d'y remédier", a-t-elle déclaré. Le taux facial est le taux nominal d'impôts, tandis que le taux réel est ce qui est réellement payé par l'entreprise au fisc, une fois toutes les exonérations prises en compte.
La ministre constate en effet qu'"il existe en France un écart significatif entre le taux d'imposition facial des bénéfices des entreprises, qui est de 33,3 % et le taux réel, qui est de l'ordre de 22 %", dans les colonnes du journal. Cette situation est due, selon elle, au fait qu'il existe en France de nombreux exonérations ou taux réduits dont les grands groupes savent tirer parti plus que les PME.

Un remaniement se dessine

L'Elysée devrait annoncer un remaniement du gouvernement dans la journée de lundi. Des premières tendances se dessinent. Le chiraquien François Baroin a été reçu dans la matinée par Nicolas Sarkozy.

Les leçons tirées des élections par la majorité présidentielle pourraient avoir une traduction concrète dès ce lundi. Nicolas Sarkozy prépare en effet un remaniement. Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée a annoncé dans le week-end des changements modestes dans les ministères. François Fillon a été reçu lundi matin par le chef de l'Etat. L'entretien a duré une heure. Selon l'entourage du Premier ministre, celui-ci n'a pas présenté sa démission, même pas pour la forme, après la lourde défaite essuyée par son camp.

Les bruits courent sur le jeu des chaises tournantes à venir. Xavier Darcos est donné sortant par les pronostiqueurs. Le ministre du Travail, sévèrement battu en Aquitaine par Alain Rousset, doit mener la grande réforme du système des retraites. Eric Woerth est favori pour le remplacer rue de Grenelle. Le ministre du Budget et trésorier de l'UMP quitterait alors Bercy, mettant fin à cette double casquette dénoncée par le PS en décembre dernier.
Falco et Amara out?

Le maire de Chantilly libèrerait donc une place. Celle-ci irait à François Baroin. Le maire de Troyes, ancien ministre de l'Outre-mer et furtif ministre de l'Intérieur lorsque Nicolas Sarkozy a quitté la place Beauvau en mars 2007, a grandi dans le sillage de Jacques Chirac, son père en politique. Au lendemain du premier tour, il avait critiqué "l'ouverture à gauche trop soulignée, trop prononcée, trop affirmée". Le député de l'Aube a été reçu lundi matin à l'Elysée, en présence de François Fillon.

D'autres membres du gouvernement sont donnés partants. Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et maire de Toulon, avait renoncé à conduire la campagne UMP en PACA pour ne pas risquer son maroquin en cas de victoire. Ce revirement pourrait lui coûter son portefeuille. Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, serait aussi en danger.

La baisse de l’abstention semble avoir profité aux candidats du Front national

Les dirigeants du Front national en sont convaincus : le second tour des élections régionales marque un tournant pour leur parti. Dans chacune des douze régions où le FN était encore présent et où il disputait une triangulaire, dimanche 21 mars, il progresse par rapport au premier tour.

"On laisse derrière nous le trou d'air de 2007", se félicitait dimanche soir Marine Le Pen. Le président du FN, Jean-Marie Le Pen, qui avait réalisé le meilleur score de son parti, au soir du premier tour, en recueillant 20,30% des voix en Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'a porté à 22,87 % au soir du second. Sa fille obtient 22,20% des voix dans le Nord-Pas-de-Calais, soit près de quatre points de plus qu'au premier tour.
La Lorraine, la Haute-Normandie et la Picardie connaissent des progressions du même ordre. Mais c'est en Languedoc-Roussillon que le gain est le plus important. La liste conduite par France Jamet passe, en effet, de 12,67 % à 19,38 %. "Ici, on a retrouvé l'électorat et les scores du Front de 2002", commente Louis Aliot, secrétaire général du FN.

Là où, au premier tour, seule Marine Le Pen était parvenue à faire mieux qu'en 2004, cinq candidats – dont Mme Le Pen – y parviennent au second. En effet, dans plusieurs de ces régions, le FN a, semble-t-il, profité plus que ses concurrents du regain de participation électorale. La formation d'extrême droite y a capté une part substantielle du retour aux urnes des abstentionnistes du premier tour. En Picardie, alors que le nombre de suffrages exprimés progresse de 69 000 entre les deux tours, le candidat du FN gagne ainsi près de 33 400 voix. Dans le Nord-Pas-de-Calais, la vice-présidente du FN recueille 76 300 voix de plus au second tour, quand le total des voix a augmenté de 128 380.

Mme Le Pen veut en déduire que "le vote utile ne marche plus. Cela nous permet d'attirer des électeurs qui ne se reconnaissent plus dans ce faux choix entre l'UMP et le PS". La vice-présidente du FN y voit une petite revanche sur ses détracteurs à l'intérieur de son parti. "On s'installe durablement dans douze régions. C'est la validation de ma stratégie, qui a été mise en cause notamment après la présidentielle et les législatives de 2007", a-t-elle fait valoir dimanche, façon de signifier que ces scores la plaçaient en position de force.

Dès l'annonce des premiers résultats, Mme Le Pen a d'ailleurs évoqué d'elle-même la présidentielle de 2012 dans ses interventions publiques. "2012 se construit dès à présent", a-t-elle déclaré. Y projetant son parti, tout en faisant mine de ne pas s'y projeter elle-même.

Avant d'assurer sur le mode de la confidence : "On peut mieux faire qu'en 2002." Un positionnement de présidentiable jugé naturel par Louis Aliot. "Comme Marine Le Pen est candidate à la succession de son père, elle est candidate à la candidature à la présidentielle. Elle a dit que celui qui succédera à son père sera naturellement le candidat du FN à la présidentielle", indique-t-il.

D'ici à 2012, les seules échéances électorales sont les cantonales. Un scrutin généralement peu prisé du FN, mais que la fille de Jean-Marie Le Pen entend utiliser pour retravailler l'implantation locale du parti d'extrême droite. "A partir du moment où vous réorientez le Front comme le veut Marine Le Pen, vers une implantation locale, ces cantonales sont la priorité après les municipales. Elles auront valeur de test" explique M. Aliot.

Reste pour Mme Le Pen à être désignée par les adhérents comme nouvelle présidente du FN lors du prochain congrès, qui doit se tenir soit en novembre 2010, soit en mars 2011. Le président du FN souhaiterait que les questions financières et la vente de l'ancien siège du FN soient réglées avant de passer la main.
Abel Mestre et Caroline Monnot

VOILÀ UNE EXCELLENTE CHOSE, SARKOZY A TRAHI UNE PARTIE DE SON ELECTORAT POPULAIRE SUR LA SÉCURITÉ MAIS SURTOUT SUR L'IMMIGRATION.
HIER SOIR SUR FRANCE 2 LES IMAGES DU JOURNALISTE DÉPÊCHÉ RUE DE SOLFÉRINO EN TÉMOIGNENT.
IMPOSSIBLE D'ENTENDRE SES COMMENTAIRES, IL Y AVAIT DES ARABES ET DES NOIRS QUI HURLAIENT À L'ANTENNE...L'ESPOIR DES SOCIALISTES.

Grande défaite et petit chelem


L'échec de la droite, admis tardivement par François Fillon, aurait pu s'accompagner d'un raz-de-marée de l'opposition. Les résultats des régionales, s'ils valident le bilan des majorités socialistes sortantes, doivent être examinés avec lucidité : derrière le trompe-l'oeil des pourcentages et d'une abstention toujours forte, la gauche doit beaucoup sa victoire à la défaite de la droite. Ce qui signifie que gagner les régionales n'est pas une assurance pour la présidentielle.

Avec seulement 18 % des électeurs inscrits et huit ministres battus sur huit, il faut parler de déroute de l'UMP. Par rapport à 2004, où elle avait déjà perdu presque toutes les Régions, elle recule de 1,5 million de voix. Elle ne peut guère l'attribuer au Front national qui perd un tiers de ses voix, excepté quelques scores locaux remarquables.

En ce week-end de rugby, socialistes et écologistes doivent se contenter d'un petit chelem. D'abord parce qu'on ne sait plus très bien la couleur du Languedoc-Roussillon. Ensuite, parce que l'Alsace reste à droite, sans parler, mais dans des circonstances très particulières, de La Réunion et probablement de la Guyane. Surtout, parce que l'alliance PS-Verts-PC, victime aussi de l'abstention, n'a pas retrouvé tout son électorat de 2004, malgré trois millions d'inscrits en plus.

Ce résultat, on en connaît les causes. La question est désormais de savoir si les politiques sauront retrouver la confiance de citoyens mécontents et, plus grave, désabusés ou indifférents.

Ce n'est pas le remplacement de quelques ministres qui va remonter le moral des Français. On est trop loin de la présidentielle et François Fillon, reçu ce matin à l'Élysée, reste trop populaire pour tenter un électrochoc à travers un changement de Premier ministre. Il faudrait surtout un gros travail de fond.

D'abord, les partis vont devoir se remuer. L'UMP pour entendre l'opinion. Le PS et les écologistes pour s'entendre sur une conception de la croissance, pour imaginer comment relancer le pouvoir d'achat avec des caisses vides ; imaginer une fiscalité qui ne casse pas la reprise ; compter avec Ségolène Royal, forte de son excellent score. Europe Écologie, enfin, pour passer de l'amateurisme des Verts au professionnalisme d'un parti désormais installé.

Ensuite, les Régions, laboratoires de la gauche « diverse », vont devoir prouver qu'elles sont assez fortes pour évoluer en première division mondiale, pour jouer, à la fois, la défense sociale et l'attaque économique. Avec des moyens figés et le gel possible, pour cause de compromis, de projets structurants dans l'énergie ou les transports, on risque d'établir, dans quatre ans, un bilan mitigé.

Enfin, dans un tel état de fragilité et face à la montée en puissance de Martine Aubry, la fin du quinquennat s'annonce très délicate s'il se poursuit avec les mêmes méthodes. Sans moyens et sans croissance forte, Nicolas Sarkozy devrait, à la fois, assainir les comptes publics - ce n'est pas le moment d'emmener l'Europe dans le fossé - réformer les retraites, financer le risque dépendance, endiguer les licenciements et aider 360 000 chômeurs supplémentaires en fin de droit.

Dans les mois qui viennent, il est probable que l'on verra moins de manifestants devant les Régions - ce qui serait la preuve que les 1 880 conseillers élus hier ont de réels pouvoirs ! - que devant les préfectures.

Michel Urvoy

La gauche partout en France sauf en Alsace

La gauche a remporté une nette victoire lors du second tour des élections régionales. Elle ne parvient toutefois pas à réaliser le grand chelem souhaité par Martine Aubry. L’UMP est parvenue à conserver son bastion alsacien.

Pas de grand chelem

On disait la gauche et la droite au coude à coude en Alsace. Finalement, la Région reste entre les mains de la majorité présidentielle. La liste de Philippe Richert (UMP) devance même nettement celle de Jacques Bigot (PS) qui avait fusionné avec Europe Ecologie, malgré un bon score du FN. « Les Alsaciens font un grand pied de nez au reste du pays », a commenté Yves Bur, député UMp du Bas-Rhin.

C’est la seule Région qui échappe à la gauche en métropole. Outre-mer, l’UMP profite de la division de la gauche pour récupérer La Réunion. La liste conduite par Didier Robert l’emporte à la faveur d’une triangulaire avec 45% des voix contre 35% au président sortant, Paul Vergès (divers gauche), et 19% à Michel Vergoz (PS).

La Corse, l’autre bastion de la droite, devrait basculer. La gauche arrive nettement en tête. Mais, face à une liste UMP et deux listes régionalistes, elle n’a pas la majorité absolue. Tout se jouera vendredi lors du troisième tour (l’élection du président)… qui avait réservé des surprises en 2004.

Une victoire sans précédent

Au delà du nombre des régions acquises, c’est l’ampleur de la victoire des listes de gauche qui est notable. Elles obtiennent en moyenne plus de quinze points d’avance à l’échelon national. Martin Malvy est le mieux élu, avec plus de 65% en Midi-Pyrénées. Avec 61%, Ségolène Royal devance de plus de vingt points le ministre des Transports, Dominique Bussereau. En Pays de la Loire, le PS qui l’avait emporté d’une courte tête en 2004, améliore son score de cinq points.

Martine Aubry parle d’une « victoire sans précédent » qui marque un « rejet de la politique du président de la République ». François Hollande évoque « un vote de défiance ». Jean-Pierre Grand, député villepiniste, estime que le message est « clair » et s’adresse « au président de la République et à lui seul ».

Le FN améliore son score

La droite espérait reprendre des voix au Front national. Raté. Le parti de Jean-Marie Le Pen parvient à améliorer son score de deux à quatre points dans les douze Régions où il était encore présent. Le « chef » a lui même recueilli plus de 23% des voix en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (20% au premier tour). « Un très grand succès », selon Marine Le Pen qui a elle-même gagné près de quatre points, avec 22% des suffrages dans le Nord-Pas-de-Calais.

Remaniement ministériel

François Fillon a reconnu « le succès » de la gauche et parlé de « déception pour la majorité ». Il assume sa « part de responsabilité ». Le Premier ministre sera reçu ce matin, 9 h, par le président de la République pour tirer les leçons de cette défaite. Selon toute vraissemblance, Nicolas Sarkozy devrait lui demander de procéder à un remaniement de son gouvernement. Le changement devrait être « modeste et technique », selon Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée.

Au niveau national, c’est la Gauche qui sort vainqueur de ce second tour des élections régionales. Les listes emmenées par les candidats de gauche totalisent en effet 53,2% des voix selon l'institut de sondage Opinionway.

Les listes de gauche gagnent 21 régions sur 22, l’Alsace restant à droite. Les listes de droite totalisent 37,1% des suffages et celles du Front National environ 9,7%.

Thierry Richard