TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 3 avril 2011

Comme un Guéant

On ne s'improvise pas homme de l'ombre. Les coulisses sont une longue patience. Il y a un art de rester derrière : c'est le contraire de celui de se mettre en avant. Parler aux masses s'apprend comme une langue étrangère. Guéant a oublié que les mots sont d'autant plus lourds qu'ils tombent dans des millions d'oreilles. Le drame de Claude Guéant : celui d'avoir dû jouer les premiers après être devenu un second. Il a perdu la tête qu'il n'avait plus sur les épaules solides de Nicolas Sarkozy. Il a voulu se faire aussi gros que le beauf. C'est le pot-au-Hortefeu.

On ne se doute pas du nombre de micros, d'appareils photo et de caméras qui suivent les moindres faits et gestes de nos hommes politiques. C'est Natalie Portman sur le tapis rouge des oscars, sauf que c'est tous les jours. Le moindre des propos, des sourires ou des soupirs d'un homme politique est reproduit à l'infini sur les chaînes info et Internet. Il habite à l'intérieur d'une caisse de résonance. Ce ne sont plus ses enfants qui ne l'écoutent pas, c'est le peuple entier qui l'entend. Griserie de voir le monde nous accorder autant d'attention que nous en avons pour nous-mêmes depuis que nous sommes au monde. L'injustice que nous avons subie - ne pas être reconnus comme le centre de l'univers - est enfin réparée : nous sommes au centre de l'univers, aussi appelé poste de télévision. La tentation est alors trop forte de dire la vérité qui nous offrira le rôle final de prophète. Et la vérité, pour Guéant, c'est qu'on n'est plus chez nous.

Le pays a changé, certes, depuis notre lointaine enfance blanche, et il y a sans doute en chacun de nous - nous, les Français de plus de 50 ans, comme Claude Guéant - le désir de retourner dans cet univers idyllique où les mamans étaient décolorées et non teintes, où les papas avaient une situation et non un emploi, où la télé était en noir et blanc et non à la carte et où les banlieues étaient rouges et non noires. A l'école primaire, il y avait des maîtres, pas des instits ; au lycée, des professeurs, pas des enseignants. On sent bien dans l'entourage quinquagénaire et sexagénaire du président, et chez le président lui-même, cette nostalgie d'une société où les jeunes parlaient bien et s'habillaient mal, alors qu'aujourd'hui c'est l'inverse. Ces grands premiers de la classe des années 70 et 80 semblent vouloir refuser la planète telle qu'elle erre désormais entre guerres civiles et désastres financiers, massacres religieux et brutalités politiques, exodes et génocides, catastrophes et famines, fabriquant expulsés et réfugiés à tire-larigot. Jaurès avait bien dit que le capitalisme, c'était la guerre, mais on ne l'a pas laissé finir son croissant au café. Je me souviens d'une visite de Poto-Poto, quartier de Brazzaville, en 2006, et du commentaire de mon chauffeur : "C'est le quartier des immigrés d'Afrique de l'Ouest ." Comment les aurais-je reconnus ? Guéant se décidera-t-il à admettre que ces masses de jeunes Français ni blancs, ni chrétiens, ni très bons à l'école, sauf exception, sont chez eux chez nous ?

Pour certains commentateurs, Claude Guéant, militaire dans l'âme, ou missionnaire dans l'arme, ou mercenaire en larmes, serait allé au casse-pipe pour Nicolas Sarkozy afin de provisionner en voix FN le compte du futur candidat de la droite à l'élection présidentielle. C'est trop compliqué pour moi. Ce que je vois, c'est que Nicolas Sarkozy sera réélu en 2012 par une France qui a, pour reprendre l'expression du regretté et visionnaire Georges Marchais, glissé à droite. Le Pen ? Dans notre pays sexiste, on a toujours saccagé les femmes politiques : Garaud, Cresson, Barzach, Dati, Royal et même l'idole posthume Françoise Giroud. Ainsi que l'idole anthume Simone Veil, soigneusement tenue éloignée de la tête de l'Etat depuis sa loi sur l'avortement. C'est un vrai cimetière marin dans lequel Mlle Le Pen aura bien du mal à ne pas s'allonger. DSK ? La seule chose qu'il ait de gauche, c'est sa démarche.

Affaire Tapie : Lagarde pourrait poursuivre les députés PS qui l'accusent

La ministre de l'Économie est accusée par l'opposition d'"abus d'autorité" dans le règlement de l'affaire.

La ministre de l'Économie Christine Lagarde a annoncé samedi qu'elle envisageait de poursuivre en justice les députés socialistes qui l'accusent d'"abus d'autorité" dans le règlement de l'affaire Tapie/Crédit lyonnais. "Christine Lagarde examine les actions judiciaires susceptibles d'être engagées à l'encontre des auteurs" d'une lettre adressée à Jean-Louis Nadal, procureur près la Cour de cassation, selon un communiqué de son ministère.
Dans ce courrier, des députés PS visent expressément le choix de Christine Lagarde d'avoir recouru à un tribunal arbitral en 2008 plutôt que de s'en remettre à une cour d'appel pour régler l'affaire. C'est ce tribunal qui, après plus de 15 ans de bataille judiciaire, a condamné en 2008 le Consortium de réalisation (CDR, gérant le passif du Crédit lyonnais) à verser 285 millions d'euros de réparations à M. Tapie, dont 45 millions pour le seul préjudice moral. Les députés, qui dénoncent "la complaisance et la connivence du pouvoir" dans ce qu'ils jugent être "une affaire d'État", demandent une saisine de la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger des ministres dans l'exercice de leur fonction.
"Ni dissimulation d'information, ni falsification"
Christine Lagarde "est déterminée à défendre très fermement sa position dans ce dossier", affirme son entourage, sans fournir plus d'indications sur le type d'action en justice envisagé. Dans son communiqué, Christine Lagarde défend point par point une "procédure transparente et respectueuse du droit" qui "ne recèle (...) ni dissimulation d'information, ni falsification". "Le recours à l'arbitrage ne constitue en aucune façon un 'abus d'autorité'", ajoute la ministre, en réaffirmant que son choix "a été fait pour sauvegarder les intérêts de l'État". "L'objectif de cette procédure était de mettre un terme de manière globale et définitive aux nombreuses procédures coûteuses (...) engagées depuis de nombreuses années et qui auraient pu se poursuivre encore plusieurs années", dit-elle. Le risque financier encouru "s'élevait à plusieurs milliards d'euros", fait-elle encore valoir.
Elle souligne que "le recours à l'arbitrage par le CDR a été jugé régulier par le tribunal administratif de Paris le 8 octobre 2009, décision confirmée en appel par la cour administrative d'appel de Paris le 31 décembre 2010", ajoutant qu'un pourvoi est en cours devant le Conseil d'État. "Au vu de ces éléments techniques et juridiques, l'accusation de détournement de fonds publics n'a pas de sens", estime la ministre. Selon elle, "toutes les sommes payées par le CDR aux liquidateurs du groupe Tapie l'ont été en vertu d'une condamnation prononcée par le tribunal arbitral dans le respect des formes et règles de droit applicables", soulignant que "cette sentence (...) a l'autorité de la chose jugée".

Hollande ou l'éternité


Pourquoi ce trouble quand François Hollande affirme à Tulle qu’il aura un destin? Rien à voir avec lui – pas seulement – mais tout à voir avec ce pays pétri d’éternels retours. La figure du notable de province et de progrès, une revendication du bon sens commun et d’une décente modération, et l’écoute du peuple, jurer qu’on nous rendra la fraternité, et la France en avant…


Et ce discours, surtout, d’où le monde et les soubresauts d’ailleurs sont absents. La Chine puis le Brésil prétendent secourir le Portugal, le monde émergent renverse l’Europe, les peuples arabes se ruent vers la liberté, la Terre se réchauffe, mais Hollande nous parle comme on nous parlait il y a trente ans, un siècle, comme si la tradition ne s’épuisait jamais de ces humanistes de préfectures, et la République n’en finissait jamais de se reproduire à l’identique.


Hollande est ainsi, ou ce qu’il en montre, tenant l’équilibre entre Chirac et Mitterrand. Il prend des notes en visite chez des marins pêcheurs, il dit "la jeunesse" comme on a toujours dit dans les banquets républicains. Rien n’est faux, mais tout est déjà vu. Peut-être at- on besoin de cela, cette éternité émolliente, cette revendication d’une normalité sans contenu défini, pour se guérir de la brutalité versatile du sarkozysme. Mais on ne se protégera pas du monde en l’ignorant. Il y a autre chose dans la geste de Hollande, que l’on devine, et qui affleure dans ses mots. Nous sommes moins l’enjeu de cette bataille que lui-même: en reconquête d’estime après avoir été tant brocardé. Son discours est une thérapie. Son introspection, ce corps reconquis à force de privations, ce sérieux devenu une seconde nature, forcé parfois, et l’on se demande alors ce qui était vrai dans ses jovialités d’antan, au temps de l’intelligence et des occasions perdues.


On a cette impression d’un homme que la vie et la politique ont martyrisé, et qui s’est fait violence, et qui nous prend à témoin de son courage, et notre écoute nourrira sa guérison. Il y a comme une supplique quand il insiste sur sa volonté de gagner, ou l’idée d’un examen qu’il passerait, devant les médias d’abord, les sondés ensuite, et qu’il atteindrait au statut de véritable candidat en épousant les canons du genre, talentueux jusque dans l’imitation. Et validé, il pourrait revivre. Cette supplique est belle mais perdue pour la politique, et l’on attend Hollande là où elle fait mal. L’Europe éclatée, les finances ruinées, le tissu social déchiré, qu’en ferait-il? En tristesse, il dit peu, quand il ne disait rien jadis au temps de la gaieté. C’est un autre invariant de la République que cette offrande de soi-même et de son rachat en guise de projet. Rarement, cette offrande aura été aussi émouvante et embarrassante que dans ce retour d’un faux gentil, vrai écorché, de notre République.

La France moins à droite

C’est une idée reçue dans le monde politique: la France serait de plus en plus ancrée à droite. Cette tendance européenne constituerait la meilleure assurance pour Nicolas Sarkozy de conserver son poste l’an prochain. La percée du Front national aux cantonales exprime des relents autoritaires, un rejet de l’immigré et de l’autre. Une demande de plus de sécurité face à la montée des délinquances.

Pourtant, la France vote de moins en moins à droite à chaque élection depuis 2007. Ce fut le cas aux municipales, aux régionales, aux cantonales et pas seulement pour s’opposer au pouvoir en place. La gauche peine à recueillir les fruits du désamour sarkozyste. Et le FN progresse sur le terreau des valeurs du travail et du mérite, dévoyées par l’ostentation et l’argent roi. Mais le vote Front national n’est qu’en partie un vote de droite. Jean-Marie Le Pen avait déjà siphonné les voix des anciennes banlieues rouges. Marine Le Pen séduit des déçus de la gauche.

Elle attire les votes populaires par une défense des "petits". Les Français veulent se protéger du XXIe siècle. Plus qu’un besoin sécuritaire, les voix FN expriment une demande de sécurité économique et sociale face au déclassement. Les réponses à ces peurs peuvent être de droite: la responsabilité individuelle, l’ordre, la famille, la sécurité. Elles peuvent être de gauche: la justice, le partage, la solidarité collective, la liberté des moeurs. Depuis une vingtaine d’années, les idéologies se sont confondues au profit de valeurs fluctuantes. Cette "poussée à droite" n’est peut-être qu’une illusion d’optique. La clarté des choix sera une des clés de 2012. Pas la confusion.

TF1: "Donner au 20 Heures un nouveau rebond"

Comment Catherine Nayl, directrice de l’information de TF1, veut redynamiser son JT du soir. Interview. 
Le joker de Laurence Ferrari, Harry Roselmack, qui décide de quitter son poste, le rédacteur en chef du journal remercié, des audiences en dents de scie depuis janvier… Le journal de 20heures de TF1 – le premier d’Europe – a été bousculé ces dernières semaines. En février, sa part d’audience a reculé à 27 % (7,9millions de téléspectateurs). En mars, elle atteignait 26,8% (6,8millions de téléspectateurs), réduisant de plus en plus l’écart avec France 2. Catherine Nayl, la patronne de l’information de la chaîne, revient pour le JDD sur les changements en cours, destinés à enrayer la baisse. Et conforte Laurence Ferrari, qui animera le rendez-vous présidentiel mensuel de la chaîne.
Pourquoi y a-t-il une érosion des audiences du journal de 20 heures?
L’érosion des audiences du 20 Heures est sensible depuis janvier. Les causes sont structurelles, avec la multiplication depuis deux ans des canaux d’information: Internet, les chaînes d’information gratuites, les chaînes de la TNT qui se positionnent aussi sur ce créneau… Le paysage audiovisuel est recomposé, toutes les chaînes historiques ont baissé. Les JT ont plutôt mieux résisté, en particulier sur TF1, alors que le public est plus volatil et qu’il n’est pas ciblé. Les causes sont aussi conjoncturelles, avec une information politique et étrangère très présente depuis janvier. Cela constitue une perte de repères pour nos téléspectateurs. Lorsque le quotidien du monde est trop lourd à porter, la tentation est de se reporter sur les programmations frontales, de fiction, sur France 3 et M6. À nous de leur montrer que ces actualités sont en lien direct avec leur quotidien.
Quelles évolutions souhaitez-vous pour pallier cette baisse?
Il n’est pas question de changement éditorial profond ou de mesures drastiques. Nous avons discuté avec le patron de la chaîne, Nonce Paolini, de la durée du journal. Le raccourcir pour une question d’audience n’a pas été notre réponse. Les trente minutes du JT ont leur utilité comme carrefour de l’antenne. Nous avons néanmoins entamé avec les équipes une réflexion globale sur l’éditorial, l’habillage et le décor de nos journaux. Ces changements interviendront à la rentrée, pour apporter une cohérence supplémentaire à l’info.
Mais vous avez, d’ores et déjà, changé de rédacteur en chef pour le 20 Heures…
Nous voulions donner au journal un nouveau rebond. Michel Floquet est un très bon journaliste, qui a porté le 20 Heures avec Laurence Ferrari depuis le début. Son départ n’est lié à aucune faute: il fallait simplement redémarrer la machine, faire en sorte de recréer une nouvelle alchimie entre présentateur et rédacteur en chef. Michel Floquet exercera ses talents de grand reporter à Washington et est remplacé par Anne de Coudenhove, la rédactrice en chef du 13-heures.
L’arrivée sur TF1 de Laurent Delahousse, le présentateur de France 2, est-elle envisagée?
Non. Il n’a pas été approché. C’est un excellent journaliste, mais nous avons sur TF1 Jean-Pierre Pernaut, Claire Chazal et Laurence Ferrari, qui font les meilleures audiences d’Europe sur leurs JT respectifs. Je ne vois pas pourquoi nous les remplacerions. Ce serait un choix curieux, inenvisageable. Le 20 Heures de TF1 rassemble entre 1,8 et 2,5millions de téléspectateurs de plus que France 2. Laurence Ferrari et Claire Chazal font parfaitement le job.
Avez-vous de nouveaux projets pour Harry Roselmack, qui a choisi de ne plus rester joker de Laurence Ferrari?
Harry a souhaité se consacrer aux émissions Sept à huit et Harry en immersion. Il a pris sa décision dès le mois de septembre: nous en avons discuté pendant plusieurs mois, je me suis battue! Arrêter de présenter le 20 Heures est une décision qui peut paraître surprenante. Il l’a fait, même si ce n’était pas facile. Ce n’est pas un choix par dépit, c’est un choix mûri. Harry Roselmack est une figure emblématique de l’information à TF1. Nous réfléchissons à de nouveaux projets avec lui.
Gilles Bouleau, qui le remplace, fera-t-il la transition ou restera-t-il à ce poste à la rentrée?
Oui, il restera, ce n’est pas une transition. Gilles Bouleau a un profil complet de correspondant à Londres et Washington, de présentateur. Il prendra ses fonctions de joker en juin, pour remplacer Laurence Ferrari pendant ses congés d’été. Il occupera également un poste au côté du directeur de la rédaction, comme appui éditorial.
Le joker de Laurence Ferrari, Harry
Roselmack, qui décide de quitter
son poste, le rédacteur en chef du
journal remercié, des audiences en
dents de scie depuis janvier… Le
journal de 20heures de TF1 – le premier
d’Europe – a été bousculé ces
dernières semaines. En février, sa
part d’audience a reculé à 27 %
(7,9millions de téléspectateurs). En
mars, elle atteignait 26,8% (6,8millions
de téléspectateurs), réduisant
de plus en plus l’écart avec France
2. Catherine Nayl, la patronne de l’information
de la chaîne, revient pour
le JDD sur les changements en
cours, destinés à enrayer la baisse.
Et conforte Laurence Ferrari, qui
animera le rendez-vous présidentiel
mensuel de la chaîne.
Pourquoi y a-t-il une érosion des
audiences du journal de 20 heures ?
L’érosion des audiences du 20 Heures
est sensible depuis janvier. Les
causes sont structurelles, avec la
multiplication depuis deux ans des
canaux d’information: Internet, les
chaînes d’information gratuites, les
chaînes de la TNT qui se positionnent
aussi sur ce créneau… Le paysage
audiovisuel est recomposé, toutes
les chaînes historiques ont
baissé. Les JT ont plutôt mieux résisté,
en particulier sur TF1, alors
que le public est plus volatil et qu’il
n’est pas ciblé. Les causes sont aussi
conjoncturelles, avec une information
politique et étrangère très présente
depuis janvier. Cela constitue
une perte de repères pour nos téléspectateurs.
Lorsque le quotidien
du monde est trop lourd à porter, la
tentation est de se reporter sur les
programmations frontales, de fiction,
sur France 3 et M6. À nous de
leur montrer que ces actualités sont
en lien direct avec leur quotidien.
Quelles évolutions souhaitezvous
pour pallier cette baisse ?
Il n’est pas question de changement
éditorial profond ou de mesures
drastiques. Nous avons discuté avec
le patron de la chaîne, Nonce Paolini,
de la durée du journal. Le raccourcir
pour une question d’audience
n’a pas été notre réponse.
Les trente minutes du JT ont leur
utilité comme carrefour de l’antenne.
Nous avons néanmoins entamé
avec les équipes une réflexion
globale sur l’éditorial, l’habillage
et le décor de nos journaux. Ces
changements interviendront à la
rentrée, pour apporter une cohérence
supplémentaire à l’info.
Mais vous avez, d’ores et déjà,
changé de rédacteur en chef
pour le 20 Heures…
Nous voulions donner au journal
un nouveau rebond. Michel Floquet
est un très bon journaliste, qui a
porté le 20 Heures avec Laurence
Ferrari depuis le début. Son départ
n’est lié à aucune faute : il fallait
simplement redémarrer la machine,
faire en sorte de recréer une
nouvelle alchimie entre présentateur
et rédacteur en chef. Michel
Floquet exercera ses talents de
grand reporter à Washington et est
remplacé par Anne de Coudenhove,
la rédactrice en chef du 13-heures.
L’arrivée sur TF1 de Laurent
Delahousse, le présentateur
de France 2, est-elle envisagée ?
Non. Il n’a pas été approché. C’est
un excellent journaliste, mais nous
avons sur TF1 Jean-Pierre Pernaut,
Claire Chazal et Laurence Ferrari,
qui font les meilleures audiences
d’Europe sur leurs JT respectifs. Je
ne vois pas pourquoi nous les remplacerions.
Ce serait un choix curieux,
inenvisageable. Le 20 Heures
de TF1 rassemble entre 1,8 et 2,5millions
de téléspectateurs de plus que
France 2. Laurence Ferrari et Claire
Chazal font parfaitement le job.
Avez-vous de nouveaux projets
pour Harry Roselmack,
qui a choisi de ne plus rester
joker de Laurence Ferrari ?
Harry a souhaité se consacrer aux
émissions Sept à huit et Harry en
immersion. Il a pris sa décision dès
le mois de septembre: nous en avons
discuté pendant plusieurs mois, je
me suis battue! Arrêter de présenter
le 20 Heures est une décision qui
peut paraître surprenante. Il l’a fait,
même si ce n’était pas facile. Ce n’est
pas un choix par dépit, c’est un choix
mûri. Harry Roselmack est une figure
emblématique de l’information
à TF1. Nous réfléchissons à de nouveaux
projets avec lui.
Gilles Bouleau, qui le remplace,
fera-t-il la transition ou resterat-
il à ce poste à la rentrée ?
Oui, il restera, ce n’est pas une
transition. Gilles Bouleau a un profil
complet de correspondant à
Londres et Washington, de présentateur.
Il prendra ses fonctions
de joker en juin, pour remplacer
Laurence Ferrari pendant ses
congés d’été. Il occupera également
un poste au côté du directeur
de la rédaction, comme appui
éditorial. g

Mafiosa

Depuis la victoire du Front national aux élections cantonales, analystes et politologues s'interrogent sur les raisons qui poussent une bonne partie de nos compatriotes à s'abstenir ou à voter pour ce parti populiste. Il y a pourtant une raison simple au discrédit actuel de la politique et cela s'appelle tout simplement la morale politique. Quand, dans le département des Bouches-du-Rhône, le socialiste Jean-Noël Guérini, dont le frère est en prison et dont le comportement a été dénoncé par un rapport accablant de son camarade du PS Arnaud Montebourg, est réélu en triomphe à la présidence du conseil général, on croit rêver. Dans l'urne, pas un bulletin blanc ou nul. Pas une seule candidature alternative ne serait-ce que pour l'honneur. Certes Monsieur Guérini nous rappelle à juste titre qu'il n'existe pas de « délit de fraternité », il est à ce jour présumé innocent puisqu'il n'est pas poursuivi dans les affaires de son frère, mais peut-on pour autant considérer qu'il honore la politique ? L'élection par ses pairs est démocratique mais ce n'est pas un brevet de probité, l'omerta par peur ou par intérêt n'est pas un signe de civisme. On pense à Mafiosa cette série de Canal + qui se passe heureusement en Corse, pas à Marseille ! La direction du PS, sous l'impulsion de Martine Aubry, a dépêché un ancien ministre intègre, Alain Richard, pour enquêter sur place, et son rapport est attendu avec impatience. Une question pour terminer à tous les candidats à la primaire socialiste : faut-il suivre l'exemple marseillais pour redonner l'envie de la politique ?

Côte d’Ivoire : la guerre du cacao ?

Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo laisse la place à son rival, Alassane Ouattara, dont les forces ont investi Abidjan et ont pris le contrôle des principales villes du pays. Sa femme, Simone Gbagbo, qui estime que « Dieu l’a choisi », lui avait conseillé de résister jusqu’au bout. Mais en avait-il les moyens ? Son armée était minée par les défections, et l’embargo international le privait de rentrées d’argent et donc de munitions et d’armes, dont manquent déjà ses « Jeunes Patriotes ». Rappelons que, le 7 mars dernier, Gbagbo a voulu nationaliser le secteur du cacao et a lancé un ultimatum aux exportateurs, les menaçant de saisir leurs stocks sur place puis de les vendre. De son côté, Ouattara a appelé à poursuivre l’embargo international sur les exportations de cacao et de café ivoiriens afin de couper les finances de l’Etat contrôlé par Gbagbo (40 % du territoire au sud du pays). Certes, les compagnies internationales, désireuses de ne pas perdre leurs stocks, ont été tentées de suivre la société hongkongaise Noble Group, qui menaçait de violer l’embargo dès le 31 mars si Gbagbo avait encore « l’effectivité du pouvoir ». Elles ont été prises de court par l’armée de Ouattara, qui a lancé un assaut décisif contre le Sud, puis par le vote de la résolution 1975 de l’ONU sanctionnant Gbagbo et ses proches. Est-ce un hasard si cette nouvelle résolution a été votée la nuit du 30 mars, un jour avant l’expiration de l’ultimatum de Gbagbo et des compagnies hostiles à l’embargo ? Rappelons que la Côte d’Ivoire produit 42 % du cacao mondial. Si les producteurs et cultivateurs ivoiriens lâchent en masse Laurent Gbagbo, c’est aussi parce qu’il est désormais incapable de leur acheter les fèves, faute de liquidités. A contrario, Alassane Ouattara, soutenu par le FMI, dont il fut membre, et par l’ONU, les Etats-Unis et la France, incarne l’espoir de la reprise de l’économie ivoirienne sinistrée. Son installation effective au pouvoir permettra la levée d’un embargo dont les premières victimes sont comme toujours les civils.

Les nuits noires de l’Afrique

Depuis le mois de novembre, et la contestation du résultat de l’élection présidentielle ivoirienne, on le redoutait ce scénario de l’horreur qui évoque inévitablement la sinistre séquence génocidaire du Rwanda, les horreurs de Charles Taylor au Liberia, les cauchemars du Soudan, les règlements de comptes au Congo… Cet interminable chapelet de massacres intercommunautaires que l’histoire contemporaine de l’Afrique n’en finit pas d’égrener sur le chemin de croix de l’émancipation douloureuse d’un continent meurtri par le sort. Aucun fatalisme ne pourra s’accommoder de cette répétition de la solution sanglante. De ces paroxysmes de violence qui, à bout de cruauté, ouvrent la voie à des règlements politiques.

On espérait tellement que le verdict des urnes permettrait à la Côte d’Ivoire d’échapper à cet épilogue tripal en dépit d’une rivalité ethnique qui, derrière le duel entre deux hommes, annonçait des périls meurtriers. On se prenait à imaginer que malgré l’héritage empoisonné des découpages coloniaux, ce pays aux deux cultures, l’un des plus avancés d’une région du monde qui en compte peu, pourrait s’engager sur le chemin d’une démocratie moderne et apaisée. Et le voilà au bord du gouffre, miné au-delà de la probable fin politique de Laurent Gbagbo, par les massacres perpétrés par les vainqueurs. Les violences probables des forces pro-Ouattara ne valent guère mieux que la terreur des voyous de Gbagbo.

Comment construire sur un tel désastre ? Ainsi le président élu, l’ancien directeur adjoint du FMI soutenu par l’Amérique et la France n’a manifestement pas réussi à contenir la sauvagerie de ses partisans les plus exaltés. Ces « dérapages » étaient inévitables, tranchent, las, certains observateurs. Toutes les diplomaties tendaient le dos depuis des semaines en espérant que le face-à-face nord-sud, entre deux parties de la Côte d’Ivoire et entre leurs deux chefs de file, ne tournerait pas à la guerre civile pure et simple. Mais ils n’y croyaient pas trop, misant plutôt sur la victoire d’un camp sur l’autre, anticipant le coût humain d’un tel dénouement.

Aurait-on pu faire autrement ? Éviter ça ? Contrer la folie d’un Gbagbo ayant perdu toute lucidité devant un rapport de force qui avait tourné à sa défaveur. Maîtriser la soif de revanche des « Burkinabés » auxquels on avait si longtemps refusé la reconnaissance de leur identité ivoirienne. Empêché les vengeances intercommunautaires dans les régions où paradoxalement le pays ne faisait qu’un ?

L’Occident se rassure en se disant que rien n’aurait été pire pour l’avenir démocratique de l’Afrique qu’un statu quo pérennisant le déni d’un scrutin. Peut-être, mais c’est une analyse écrite avec le sang de civils, de leurs femmes et de leurs enfants. L’aube ne s’est pas levée sur Abidjan.

Présidentielle: Fillon en tête, devant Sarkozy, chez les électeurs de droite

François Fillon arrive en tête, devant Nicolas Sarkozy, des candidats que les électeurs de droite souhaiteraient voir concourir à la présidentielle de 2012, selon un sondage Harris Interactive publié dimanche dans Le Parisien/Aujourd'hui en France.
Les électeurs se déclarant de droite sont 57% à souhaiter que le Premier ministre soit candidat et 54% à préférer le chef de l'Etat.
Les deux têtes de l'exécutif devancent largement les autres personnalités de droite comme Alain Juppé (41%), Jean-Louis Borloo (33%), Dominique de Villepin (29%) ou encore Jean-François Copé (22%).
Parmi les seuls sympathisants UMP, c'est Nicolas Sarkozy qui arrive en tête (78%) devant François Fillon (70%).
Concernant les sujets qui devraient occuper une place importante dans le projet des candidats en 2012, on retrouve dans l'ordre l'emploi (pour 97% des personnes interrogées), la croissance (95%), le système social (94%), le pouvoir d'achat (94%), l'éducation (93%).
La laïcité, sur laquelle l'UMP organise un débat controversé le 5 avril, arrive loin derrière, n'étant un sujet prioritaire que pour 66% des sondés.
Sondage réalisé du 29 au 31 mars auprès d'un échantillon de 594 personnes se situant à droite (méthode des quotas).
Avec un charisme aussi bon que celui d'une huitre, Fillon est bien barré !!!

Abidjan dans les combats, 800 morts dans l'Ouest

Les soldats soutenant Alassane Ouattara se sont heurtés à une vive résistance des combattants du président sortant Laurent Gbagbo samedi à Abidjan, où les deux camps se disputent le contrôle de la Côte d'Ivoire.
Signe de l'ampleur et de la gravité que revêt le conflit, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé que des violences intercommunautaires avaient fait au moins 800 morts le 29 mars à Duékoué, ville de l'ouest du pays tombée ce jour-là aux mains des forces de Ouattara.

A Abidjan, des combats opposaient les forces adverses autour du palais présidentiel, de la radio-télévision ivoirienne (RTI) et de camps militaires.
La RTI, que le camp Gbagbo contrôle toujours mais dont les combats avaient interrompu les émissions durant une journée, les a reprises en diffusant des images de Gbagbo, l'air détendu et buvant du thé. Ces images auraient été prises ce samedi.
Fusillades et tirs d'armes lourdes ont retenti toute la matinée aux abords du palais présidentiel, au Plateau, a rapporté un journaliste de Reuters. Des accrochages ont aussi eu lieu aux abords des locaux de la RTI et de camps de gendarmerie.
"Nous allons combattre jusqu'à la mort pour défendre notre territoire. C'est la mort ou la victoire. Il y a beaucoup de morts dans les deux camps", a lancé un combattant pro-Gbagbo.
Répondant à un appel lancé à la télévision, de nombreux "Jeunes patriotes" ont été vus convergeant vers le palais présidentiel ou vers d'autres lieux stratégiques d'Abidjan.
S'agissant des événements de Duékoué, l'organisation Caritas a rapporté que des dizaines de personnes y étaient aussi portées disparues en plus des 800 morts dont fait état le CICR.

1.300 RESSORTISSANTS ÉTRANGERS REGROUPÉS
"Il y a eu de très nombreux meurtres derrière la progression des forces de Ouattara et il se peut que beaucoup de gens se soient enfuis", a dit Jean Djoman, représentant de Caritas, par téléphone d'Abidjan. "Nous pensons que le total des morts et des disparus s'élève à un millier."
Sur cette base, le bilan confirmé des victimes de violences depuis l'élection présidentielle du 28 novembre atteindrait environ 1.300 morts. Gbagbo refuse de céder le pouvoir à Ouattara bien que celui-ci ait été reconnu vainqueur du scrutin par la quasi-totalité de la communauté internationale.
Le bilan réel est sans doute beaucoup plus lourd du fait de l'étendue des combats et parce que les forces de Gbagbo révèlent rarement leurs pertes ou le nombre des civils tués.
En France, le ministère de la Défense a fait savoir samedi que la base militaire française de Port-Bouët, dans le sud d'Abidjan, accueillait désormais plus de 1.300 ressortissants étrangers, dont un tiers de nationalité française.
Dans un communiqué la présidence française indique que "la France, avec le président Ouattara, en appelle solennellement aux parties ivoiriennes pour qu'elles s'astreignent à la plus grande retenue."
Paris affirme que "trop de crimes ont déjà été commis en Côte d'Ivoire" et promet que ceux qui se rendent coupables de violations des droits de l'homme "auront à en rendre compte".
Des habitants du quartier d'Adjamé - proche de celui de Cocody, où se trouve la résidence officielle de Gbagbo - ont signalé de fortes déflagrations près du camp de gendarmerie d'Agban, le plus important de la ville.
"C'est très puissant et nous nous abritons dans nos maisons", a dit Jules Konin, qui vit à proximité.  
Les forces de Ouattara ont atteint Abidjan jeudi après une progression rapide vers le sud qui avait d'abord rencontré très peu de résistance.
GBAGBO NE COMPTE PAS SE RENDRE
Mais elles font maintenant face aux combattants les plus aguerris de Gbagbo, les quelque 2.500 membres de la Garde républicaine regroupés dans la métropole lagunaire avec les derniers éléments de l'armée régulière encore fidèles.
Les pro-Ouattara semblent handicapés par des divisions entre les différentes factions, a dit une source parmi les rebelles. Les forces commandées par Guillaume Soro, le Premier ministre de Ouattara, ne coopèrent pas avec les insurgés anti-Gbagbo qui ont pris le nord d'Abidjan il y a un mois.
"Les commandos invisibles" dirigés par Ibrahim Coulibaly, commandant de la rébellion en 2002-2003, ont favorisé l'arrivée des forces pro-Ouattara par le nord de la ville. Mais depuis, un contentieux est né avec Soro.
"Il (Coulibaly) accuse tout le monde de voler la rébellion. Maintenant, il veut avoir sa part du gâteau, mais son importance est faible. Ce sont nos hommes qui mènent la plupart des combats", a dit Patrick Achi, porte-parole de Soro.
Un demi-millier de partisans de Ouattara refaisaient le plein de carburant dans une station-service située à deux kilomètres au nord d'Abidjan et transformée en base arrière. Ils se montraient peu bavards quant à la tournure prise par les combats en ville.
"Tout va bien, tout va bien", a dit l'un d'eux auquel on demandait s'ils rencontraient des difficultés.
La RTI a diffusé un communiqué selon lequel Gbagbo repousserait toute proposition d'exil. Un officier apparu à l'écran avec ses soldats a lancé un appel aux forces de sécurité pour qu'elles s'unissent contre l'offensive des pro-Ouattara.  
Gbagbo a enregistré des défections de hauts gradés de l'armée depuis l'arrivée des pro-Ouattara à Abidjan. Mais son camp affirme qu'il restera en Côte d'Ivoire et ne se rendra pas.
Patrick Achi, porte-parole de Ouattara, a déclaré à Reuters par téléphone que la chute de Gbagbo était néanmoins imminente.
"Où ira-t-il ? Il ne contrôle ni l'armée, ni la gendarmerie. Elles sont épuisées et commencent à manquer de munitions, a-t-il dit. Tous leurs généraux se sont rendus. Ce n'est plus guère une force."
Avec Emma Thomasson à Genève, Jean-Philippe Lefief, Henri-Pierre André et Philippe Bas-Rabérin pour le service français








La France des optimistes

Jean-Hervé Lorenzi a raison: il faut que le pays donne un bon coup de talon au fond de la piscine pour remonter. Mais pour que les Français retrouvent confiance, il reste à rénover d'urgence les outils de l'Etat providence.
 Assez du pessimisme! Assez du déclin! Assez de la déprime nationale! Le temps est venu du sursaut optimiste. Du regard objectif sur les atouts du pays. Du projet. De la confiance. Jean-Hervé Lorenzi, le fondateur et président du Cercle des économistes, vient d'écrire un livre qui claironne ce sursaut en même temps qu'il a créé un site Internet, Tousoptimistes.com. Sa démarche en rencontre d'autres. Un ras-le-bol du pessimisme monte en France. Lorenzi résume:
«Eloignons cette fatalité selon laquelle il nous serait impossible de nous soustraire au destin de l'échec programmé.»
Pour un chroniqueur dont l'une des dernières parutions était titrée «La France dans un état critique», l'offensive est dérangeante. Essayons de faire la part des choses.
Les optimistes ont raison de souligner que la France garde des atouts considérables. Jean-Hervé Lorenzi en liste plusieurs. La natalité d'abord qui remet en cause, au coeur et au ventre, le discours décliniste. Malgré la crise financière, les naissances continuent de croître. L'indicateur de fécondité atteint 2,00 enfants par femme, un niveau jamais atteint depuis la fin du baby-boom, il y a plus de trente-cinq ans. Ensuite, «une soif de savoir» couplée à «une soif de travail».
«Le goût du travail est bien réel mais on le cache derrière un écran idéologique, un mythe, qui consiste à dire que la France est un pays d'assistés.»
La vérité, plus simple, est un «Code du travail carcan» qui décourage. L'immigration qui «nous oblige à remettre en cause notre modèle de société mais qui réactive les valeurs auxquelles nous croyons». Le goût du loisir très développé par nos RTT mais dans lequel il faut voir «un appétit du bonheur, harmonisant vie professionnelle, vie familiale et partage», autonomie et engagement collectif. Les Français s'affirment comme sujets d'un «style de vie» qui leur est propre. Le désir de justice sociale, enfin, qui reste une valeur très partagée. Voilà des aspects très positifs incontestables de l'exception française.
S'ajoute un argument fondamental d'un autre type: générationnel. Le discours décliniste est tenu, dit l'optimiste, par une génération de sexagénaires qui trustent les postes et les titres et n'en cèdent rien au prétexte qu'après eux arrivent la fin de la France, la fin de la culture, la fin de l'Europe, la fin des valeurs et la fin des haricots. Ils déblatèrent contre le monde tel qu'il vient dans un réflexe défensif de justification conservatrice.
Les discours pessimistes s'autoconsolident autour d'«une France inactive, sclérosée et dépassée» et interdisent l'éclosion d'«une France active, jeune et innovante». Ils brisent «la confiance» dans l'oeuf. Pour «y croire» la France a besoin de l'inverse, d'optimisme appuyé sur un projet. «Les contours» sont: la cohésion sociale, un contrat de travail unique, une fiscalité du travail très allégée, un investissement de 150 milliards d'euros dans les secteurs porteurs d'emplois et le retour du goût du risque.
Au bout du livre, on adhère volontiers à la thèse. Oui, la France déprimée doit donner le coup de talon au fond de la piscine qui la fera remonter à l'air libre. Ce coup de talon est d'abord psychologique, il doit venir du discours des élites. Mais est-ce si facile? Le président du Cercle des économistes ne traite pas, curieusement mais volontairement, des raisons macroéconomiques (compétitivité, déficits) qui motivent l'inquiétude des pessimistes. Il y aurait beaucoup à dire car les fondamentaux de la France sont alarmants. Mais restons dans le champ des mentalités choisi par l'auteur.
L'idée du livre est que le modèle français n'est pas menacé, sauf par la perte de la foi en lui. C'est là que tout se joue, car c'est vrai en profondeur: la France restera un pays de justice sociale forte. Mais ce qui est démoli par la mondialisation, ce sont les outils de sauvegarde de ce modèle. La solidarité est tuée par un marché dual du travail avec les in et les out (les jeunes). L'élitisme républicain est tué par une école en échec. L'innovation est tuée par l'égalitarisme des chercheurs. La classe moyenne est tuée par l'atrophie de l'industrie. Le regain de confiance en l'avenir passe par la rénovation urgente et complète de ces outils de l'Etat providence. Le désarroi des Français vient de cette confusion entre le but et les moyens. Elle est entretenue non par les discours des clercs mais par ceux, obscurs et hypocrites, des politiques.
Chronique également parue dans Les Echos


Le FN est-il un parti d'extrême droite?

Face aux évolutions du parti de Marine Le Pen, faut-il utiliser un terme plus adapté? 
 En bonne forme dans les sondages comme dans les urnes, Marine Le Pen veut pousser son avantage sur le terrain sémantique. La présidente du Front national s’est récemment élevée contre l’étiquette «extrême droite» attribuée à son parti, estimant que le terme «recèle un jugement politique» et lui préférant celui de «droite nationale».
Cette tentative un peu directe de guider la plume des journalistes n’a pas eu beaucoup de succès. Pourquoi, néanmoins, ne pas accorder un examen honnête à la question soulevée? Que recouvre précisément le concept d’«extrême droite», et dans quelle mesure correspond-il au Front national?
Précisons d’abord que les protestations de Marine Le Pen sont tout sauf neuves. Son père aussi rejetait l'appellation «extrême droite», allant jusqu’à faire condamner en justice, au milieu des années 1990, les médias qui l’utilisaient. Le souci de dédiabolisation ne date pas d’hier. «Economiquement de droite, socialement de gauche, nationalement de France», martelait le président-fondateur du FN –tandis que la variante «Ni droite, ni gauche, français d’abord» était, pour le coup, empruntée au très fasciste Jacques Doriot.
Si le terme heurte Marine Le Pen, c’est bien sûr parce qu’il va à l’encontre de sa volonté d’adoucir l’image du parti pour en faire une formation de masse.
«Personne n’aime être qualifié d’extrême, note le politologue Erwann Lecoeur, spécialiste de l’extrême droite. Besancenot non plus: il dit être de gauche, point. Mais il est vrai que ses protestations sont moins relayées.»
Cette plainte de la leader frontiste est en effet un aspect parmi d’autres de l’offensive du langage lancée depuis son accession à la tête du FN.
En témoigne le succès du slogan «La vague bleue marine» arborée par les affiches FN lors des cantonales et souvent repris dans la presse; l’abréviation du nom de la leader frontiste en un familier «Marine»; ou encore la distinction entre «mondialistes» et «patriotes», par laquelle celle-ci aimerait remplacer le clivage droite/gauche. En politique, imposer ses mots, c’est déjà gagner un peu. Marine Le Pen s’y emploie.

Un concept mouvant

Prudence, donc, au moment de discuter de la pertinence du terme «extrême droite». Même si, d’entrée, il s’avère difficile d’en donner une définition exacte.
«Beaucoup d'écrits scientifiques répertorient une foule de critères variables», explique à l’AFP le spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus. «Définir des critères objectifs est très complexe, reconnaît aussi Gaël Brustier, politologue engagé au PS et co-auteur de l’ouvrage Voyage au bout de la droite. Il n’est pas évident de faire tenir dans le même groupe le FN français, le Vlaams Belang flamand, le British National Party anglais et la Ligue du Nord italienne. Certains sont nationalistes, d’autres régionalistes, les racines des uns remontent à la Deuxième Guerre mondiale, celles des autres n’ont rien à voir... Il y a plutôt des droites extrêmes qu’une extrême droite
Au plan chronologique, difficile aussi de ranger sous le même titre les ligues factieuses qui marchaient sur l’Assemblée le 6 février 1934, et le FN mariniste, autoproclamé «laïc et républicain».
Certes, à l’origine du mouvement, la filiation est indubitable. En 1972, le jeune Jean-Marie Le Pen, ex-député poujadiste, cohabite en haut du parti avec les néofascistes d’Ordre nouveau ou l’ex-SS Pierre Bousquet. Malgré de régulières scissions, le FN ne cessera jamais d’héberger des représentants de toutes les chapelles de l’extrême droite: «cathos tradis», pétainistes, solidaristes... Jusqu’à aujourd’hui, comme l’indiquent les supposées sympathies nazies d’un jeune candidat frontiste aux cantonales –qui crie au montage.
Mais en dépit des sorties de son fondateur sur la «démocrassouille» et la «ripoublique», le FN s’est bien acclimaté aux institutions de la Ve République, participant à 5 élections présidentielles, 9 législatives, 6 européennes...
Une vraie différence par rapport à certains prédécesseurs prompts à conspuer la «gueuse». Mais pas assez pour invalider l’étiquette d’extrême droite. «Avec un tel raisonnement, même un parti authentiquement fasciste cesserait de l’être en accédant légalement au pouvoir», note le journaliste Michel Soudais dans son ouvrage Le Front national en face. D’ailleurs, dans l’entre-deux-guerres, certaines formations d’extrême droite étaient présentes aussi bien dans la rue que dans les urnes.

Changement de discours

En fait, c’est surtout l’évolution du discours du parti qui fait interroger la pertinence du terme «extrême droite. Déjà, à l’origine du discours de Valmy en 2006, symbole de la «républicanisation» du FN, Marine Le Pen a intensifié le mouvement depuis son arrivée à la tête du parti.
Pour elle, l’extrême droite, ce sont les ultras de Rivarol, de l’Oeuvre Française ou du Parti de la France. Ils abhorrent sa ligne modernisatrice, elle les qualifie méprisamment «d’oripeaux freinant notre marche vers le pouvoir».
Tandis que certains de ces groupuscules persévèrent dans un discours ouvertement raciste et antisémite, la leader frontiste ne manque plus une occasion de célébrer la république et la laïcité –même si la notion de préférence nationale reste au coeur de son projet.
Autre évolution notable, celle du discours économique. «On nous a situé à l'extrême droite de manière artificielle: la droite est libérale, nous sommes contre», s'est une fois indignée Marine Le Pen. C'est oublier que peu de partis étaient aussi libéraux économiquement que le Front national des années 1980. Par anticommunisme, pour séduire son électorat d'artisans et de commerçants, le FN prônait alors baisses d'impôts, hausse du temps de travail, suppression du smic...
La conversion à des thèses plus sociales s'est faite progressivement, en réponse à l'émergence d'un vote FN ouvrier. Marine Le Pen peut certes demander à n'être jugée que sur son propre discours: difficile, puisque le programme économique du FN, «en cours de réactualisation», n'est plus disponible en ligne. «Surtout, historiquement, les partis d'extrême droite ont bien souvent développé un discours social fort, explique le politologue Pascal Perrineau. Par exemple, le national-socialisme est intervenu de manière massive dans l'économie.»
La confusion augmente encore lorsque, à ce –très relatif– recentrement du FN répond une droitisation de l’UMP.
«La distinction entre droite classique et extrême droite s’estompe, relève Gaël Brustier. La droitisation de l’UMP est notamment due à la destruction de l’appareil gaulliste par Jacques Chirac et Alain Juppé. Quant au FN, il se débarrasse de son folklore d’extrême droite. Privé de cadres par les scissions, il est beaucoup plus malléable idéologiquement et peut arborer un vernis républicain
Alors comment délimiter les contours de l’extrême droite quand tant de référents habituels semblent bouleversés?

Un nouveau concept?

Selon le politologue spécialiste de l’extrême droite Pascal Perrineau, le FN continue de vérifier quatre critères propres à l’extrême droite:
«D’un point de vue universitaire, le terme ne vise pas à stigmatiser. Simplement, dans l’histoire, le programme, l’analyse du parti, il y a des éléments forts d’intimité avec ce courant. D’abord, un diagnostic de la société fondé sur la notion de décadence: déclin de la natalité, perte de la solidarité nationale etc. Puis l’explication par une causalité diabolique, un bouc émissaire, comme les immigrés. Ensuite, une utopie du passé, visant à restaurer les valeurs perdues. Enfin, un culte du chef qui exprimerait en direct toutes les préoccupations du peuple
Une définition complétée par Jean-Yves Camus, qui évoque lui «l'ethnocentrisme, une vision hiérarchisante de la société, le rejet d'une société multiculturelle», ainsi qu’un «rejet des élites traditionnelles, de l'ensemble des partis politiques traditionnels». Selon le chercheur, il est donc légitime d’utiliser le terme «extrême droite» pour parler du FN «à la condition qu'on ne confonde pas extrême droite avec néo-fascisme ou néo-nazi, ce que à l'évidence, le Front national n'est pas».
Malgré tout, le concept peut sembler aujourd’hui trop large pour rendre compte du changement de look de nombres de cette tendance au niveau européen. «Selon moi, on peut l’utiliser, mais ce n’est pas le meilleur terme, affirme Erwan Lecoeur. Est-ce que le Parti socialiste est toujours de gauche? Est-ce que le Front national est toujours d’extrême droite? Je préfère donc parler de néo-populisme
Popularisé par le politologue Pierre-André Taguieff, le concept de «national-populisme» permet lui aussi une définition plus fine. «Il correspond assez bien à ces droites radicales modernes, post-industrielles, jouant à la fois sur le social et le malaise identitaire», explique Pascal Perrineau. Pas sûr cependant qu’il remplace de sitôt le terme «extrême droite». Ni qu’il convienne beaucoup plus à Marine Le Pen.

Pourquoi le PS s'obstine à draguer les jeunes?

François Hollande veut faire de la jeunesse un axe de sa campagne. Le PS organise dès ce week-end une convention sur ce même thème. Sans doute pensent-ils à tort que les jeunes votent à gauche. Décryptage.

La jeunesse est de gauche! Mais qui a bien pu décreter cette idée folle? Lorsqu'on regarde pour qui elle vote, on constate qu'il existe en réalité une vraie pluralité d'opinions au sein de la jeunesse. 
En 2002, par exemple, le candidat qui a reçu le plus grand nombre de suffrages des 18-24 ans fut Jean-Marie Le Pen. 20% d'entre eux avaient glissé un bulletin pour l'octogénaire candidat du Front National. Suivirent tout de même deux candidats de gauche, Lionel Jospin (12%) et Noël Mamère (11%). 
Selon Gaël Sliman, le directeur général adjoint de BVA, l'idée qui consiste à classer les jeunes à gauche est née après mai 68, à une époque où la jeunesse avait un esprit contestaire très prononcé. 
Sauf que depuis les années 90, cette théorie ne tient plus la route. "Aujourd'hui, les jeunes cherchent avant tout à s'insérer dans la société avant de refaire le monde, contrairement aux générations précedentes qui restaient insouciantes plus longtemps". En trois mots: "métro, boulot, dodo"! 
Elections, piège à cons!
Mais attention, si la jeunesse n'est pas de gauche, elle n'est pas non plus de droite! D'ailleurs, le clivage "droite-gauche" est très virtuel pour une partie d'entre elle. Selon un sondage Ipsos, réalisé en mars 2007, 48% des 18-35 ans considèrent ce clivage comme "dépassé", contre 46% qui l'estime "toujours d'actualité".  
D'un point de vue électoral, on constate que le vote jeune est très segmenté. Au premier tour de la dernière présidentielle, Ipsos constate que 29% des 18-24 ans ont voté pour Ségolène Royal, 26% pour Nicolas Sarkozy et 19% pour François Bayrou. C'est à dire à peu près comme l'ensemble des Français. 
En revanche, les jeunes sont bien plus nombreux à s'abstenir. En 2007, 22% d'entre eux ne se sont pas rendus aux urnes (contre 15,4% pour l'ensemble des Français). 
Une abstention qui s'explique par une forme de rejet de la classe politique. Selon une étude réalisée par SCP Communication pour l'Observatoire de la Fondation de France, 84% des 15-35 ans font "peu" ou "pas du tout" confiance aux hommes politiques.  
Une logique "L'Oréal"
Malgré cela, les differents partis politiques aiment, lors de chaque campagne, exalter la jeunesse. Et 2012 n'échappera bien sûr pas à la règle. François Hollande a décidé d'en faire un axe principal de sa campagne. D'ailleurs, le PS commence dès ce week-end, avec une convention sur la jeunesse organisée par le Mouvement des jeunes socialistes. Martine Aubry y prononcera un discours cadre sur l'importance et la place des jeunes dans le futur projet socialiste. 
Mais paradoxalement, cette appétence pour la jeunesse de la part des partis politiques ne présente guère d'interêt électoral. "D'une part, les jeunes s'abstiennent beaucoup, et surtout démographiquement, ils ne pèsent rien", explique Gaël Sliman. 
En réalité, ceux qui devéloppent des discours orientés sur la jeunesse sont dans une logique "L'Oréal", note le directeur général adjoint de BVA. "De la même manière que les sociétés de cosmétiques utilisent des jeunes mannequins pour vendre les crèmes anti-rides déstinées à une clientèle plus agée, les hommes politiques exaltent la jeunesse afin de développer une vision d'avenir et envoyer un message d'optimisme qui s'adresse finalement plutôt à un électorat d'actifs." 
Antoine Blondin écrivait: "Je n'ai jamais osé être de gauche quand j'étais jeune de peur de devenir de droite en vieillissant". Pourquoi? Les vieux sont de droite? Mais qui a bien pu décreter cette idée folle? 

"Je souhaite qu'Hollande ne se présente pas"

François Hollande s'est déclaré candidat à la primaire du PS... Comment ses camarades socialistes accueillent-ils sa candidature? Le zapping des matinales.