Dans la capitale, quelque 70000 manifestants selon la police, 200000 selon les organisateurs, ont
marché de la place Denfert-Rochereau aux Invalides. A
Lyon,
environ 22000 personnes ont été recensées par la préfecture du Rhône,
27000 par les organisateurs, tandis qu'à Marseille, les chiffres
oscillent 6000 et 8000 personnes. 4500 personnes ont également défilé à
Nantes, selon la préfecture, et 2500 à Rennes.
«On est mariageophile, pas homophobe !»
«C'est un grand mouvement qui se met en marche !», a lancé au mégaphone,
avant le départ du défilé parisien, l'humoriste catholique Frigide
Barjot, fondatrice du Collectif «Pour l'Humanité durable», à
l'initiative de la manifestation qui, dans l'après-midi a troqué son
T-shirt rose pour une robe de mariée. «Nous sommes nés d'un homme et
d'un femme, un enfant c'est le résultat d'un orgasme d'un homme et d'une
femme», a-t-elle scandé, avant de préciser: «On est mariageophile, pas
homophobe !»
Dans la foule compacte, de toutes générations et parsemée de poussettes,
T-shirts et ballons bleus, blancs ou roses arboraient le même dessin de
deux personnes de sexes opposés tenant deux enfants par la main. C'est
un livre rouge que Frigide Barjot a brandi: le code civil. «Nous tenons à
notre code civil (...), base même de notre société». «Il ne faut pas
que disparaissent les mots père et mère pour laisser la place à des
termes indifférenciés», a-t-elle prêché.
Plusieurs associations de gauche dans le cortège
Outre Frigide Barjot, fondatrice du Collectif «Pour l'Humanité durable»,
Xavier Bongibault, de «Plus gay sans mariage» (homosexuels opposés au
projet de loi), ou Laurence Tcheng, de «La gauche pour le mariage
républicain», font partie des organisateurs du mouvement soutenu, selon
eux, par plusieurs délégations locales des Associations familiales
catholiques (AFC), les Fils de France, des musulmans «patriotes», ou
encore de l'association pro-vie Alliance Vita.
«Nous sommes là pour faire échec à ce projet de loi qui dénature le
mariage», a déclaré Xavier Bongibault. «La majorité des homosexuels se
moquent éperdument de ce projet de loi. Nous pensons qu'un enfant a
besoin d'un homme et d'une femme pour évoluer correctement», a-t-il
ajouté.
Présents également, des élus et personnalités politiques comme le maire
DVD du Chesnay (Yvelines), Philippe Brillault, qui a indiqué que
l'ancien président du Sénat Gérard Larcher, président du comité de
soutien de François Fillon, devait se joindre à la manifestation.
Quelques «kiss-in» et contre-manifestations organisées
En désaccord, Fanny Neige et Anaïs, homosexuelles, étaient venues faire
valoir leur point de vue, s'embrassant au vu et au su de tous. «On est
là en tant que lesbiennes, parce qu'on fondera une famille qu'ils le
veuillent ou non», a expliqué Fanny Neige. La provocation pacifique a
reçu une réponse non moins pacifique: des applaudissements, comme
l'avaient souhaité les organisateurs. Selon Fanny Neige, quelque 1500
personnes avaient annoncé sur une page Facebook dédiée leur intention de
contre-manifester par des «kiss-in».
A Marseille, Toulouse, Lyon et Rennes, plusieurs partisans du mariage
gay ont été défier les opposants, suscitant quelques face-à-face tendus.
Toulouse, Marseille et Lyon : la police s'interpose entre pro et anti
A Toulouse, un face-à-face tendu a opposé une bonne partie de
l'après-midi plusieurs milliers de personnes participant à une
manifestation autorisée contre le mariage homosexuel et plusieurs
centaines d'autres qui y sont favorables et dont la manifestation
n'était, elle, pas autorisée. Un important cordon de policiers a dû
faire le tampon entre les deux camps tout l'après-midi pour empêcher des
heurts.Mais les policiers ont fini par tirer quelques gaz lacrymogènes
pour libérer le passage et permettre aux manifestants contre le mariage
homosexuel de suivre l'itinéraire prévu jusqu'à la place du Capitole.
A Marseille, des contre-manifestants ont déployé une banderole «votre
modèle de société est mort, bienvenue à Sodome et Gomorrhe»(QUELLE BANDE DE TARÉS!) en haut de
la Canebière, où la manifestation anti-mariage gay a débuté dans une
ambiance tendue, les cortèges se défiant à coups d'insultes. Des
grenades lacrymogènes ont été tirées par les forces de l'ordre pour
empêcher tout affrontement entre les deux groupes.
A Lyon, environ 200 militants pro-mariage gay sont venus défier le
cortège au départ de la manifestation. Un cordon de CRS a été dressé
entre les deux groupes et les perturbateurs ont été priés de partir.
Face à leur refus, la police a procédé à cinquante arrestations.