« C’est une goutte d’eau dans l’océan. Je ne comprends pas que le Parlement européen joue le jeu de cette hypocrisie », a déploré l’eurodéputée Kostadinka Kuneva (Gauche unitaire européenne), présente à la plénière du 17 septembre à Strasbourg.
mercredi 24 septembre 2014
Le programme européen sur l’emploi des jeunes sévèrement mis en doute
Les eurodéputés s’étonnent des lenteurs technocratiques qui conduisent à retarder le déploiement de 6 milliards d’euros en direction des jeunes chômeurs. Les États et la Commission européenne sont pointés du doigt.
Le chômage des jeunes devait être une cause commune capable de fédérer les 28 États. Il devient une nouvelle occasion de jeter l’opprobre sur une Europe qui, décidément, trébucherait à chaque pas. Même la date d’un sommet européen consacré à ce thème devient source d’interrogations.
Dès le début de la semaine, la rumeur courait sur l’ajournement de la rencontre des chefs d’Etat à Milan le 6 octobre. Le 17 septembre, la présidence italienne a confirmé ce report, après l’annulation -encore une- d’un autre sommet sur les jeunes prévu une première à fois à Turin, en juillet.
« C’est une plaisanterie de mauvais goût », s’étrangle l’eurodéputé catalan Ernest Urtasun, pointant l’urgence d’agir pour les 5,3 millions de jeunes chômeurs européens.
Lente, technocratique, sous-financée…. la mise en œuvre de « l’initiative européenne pour l’emploi des jeunes » (IEJ) prête le flanc à toutes les critiques.
Depuis que les ministres européens du Travail se sont accordés sur le programme en février 2013, 6 milliards d’euros peuvent être déployés dans les 20 pays de l’UE affichant un taux de chômage juvénile supérieur à 25 %.
Fin 2013, les États ont envoyé leurs plans d’action à Bruxelles, afin d’informer la Commission européenne des mesures qu’ils comptaient financer via les fonds de l’UE. Neuf mois plus tard, le bilan est plutôt maigre. Seules la France et l’Italie ont pu bénéficier des premiers versements, correspondant en fait à des avances de paiement infimes, de l’ordre de 1 % du montant de leur enveloppe. 4,3 millions d’euros ont ainsi été alloués à l’Hexagone en juin dernier au profit de mesures nationales.
La Délégation générale à l’emploi et la formation profesionnelle (DGEFP) cherche désormais à rehausser la part de ces préfinancements, ce qui nécessite d’engager des discussions avec la Commission européenne, attachée au respect des procédures.
La lenteur qui pèse sur le décaissement ne peut que contredire la volonté initiale des chefs d’Etat, qui promettaient une action forte et rapide en direction des jeunes.
Mais la complexité se reflète aussi dans les procédures nationales. La France a en effet opté pour une répartition ambiguë des tâches, où l’État disposera d’environ 65 % des 620 millions d’euros disponibles, contre 35 % pour les Conseils régionaux.
Les actions menées par l’État (repérage des décrocheurs, Pôle emploi, garantie jeunes…) ont été déclinées dans un « programme opérationnel » indépendant de la politique de cohésion et entériné au printemps par la Commission européenne, ce qui a permis le déblocage des premiers fonds.
Les Régions, de leur côté, attendent toujours le feu vert de Bruxelles, qui devrait intervenir cet automne, l’étape préalable de l’adoption de l’accord de partenariat(document qui répertorie les priorités d’investissement des fonds régionaux européens en France, ndlr) ayant été franchie le 8 août.
Les domaines d’actions visés sont assez concrets. L’Aquitaine a par exemple prévu d’affecter son enveloppe de 25 millions d’euros (10 millions de FSE, 10 millions de l’IEJ et 5 millions de la Région) à l’apprentissage, aux écoles de la deuxième chance, ou encore à des actions incitant les jeunes à créer leur entreprise.
Un passage en phase opérationnelle qui tarde à venir… « Nous ne sommes plus au temps de décrire la situation. Les politiques sont votées, il faut maintenant les mettre en œuvre », s’agace l’eurodéputée UMP Elisabeth Morin-Chartier.
Axé sur la nécessité de fournir une proposition d’embauche, de stage, de formation ou d’apprentissage dans les quatre mois après la fin du cursus scolaire, le programme européen a vocation à rendre les services publics de l’emploi plus réactifs.
Les États jouent-ils vraiment le jeu de cette « réforme structurelle » ? Certains en doutent. À en croire l’écologiste catalan Ernest Urtasun, les fonds européens créent un effet d’aubaine pour les entreprises, qui en deviennent les « réceptacles », sans que le système de formation espagnol n’ait été réformé.
« Il faut que la Commission européenne soit sérieuse dans l’évaluation de ce qui a été fait », acquiesce l’eurodéputé socialiste Guillaume Balas.
De son côté, la Commission promet de récolter précisément, d’ici la fin de l’année, le nombre de jeunes aidés dans le cadre de l’initiative européenne, et les mesures d’accompagnement financées. Une promesse quelque peu artificielle, puisqu’aucun montant substantiel de fonds européens ne sera alloué d’ici là. Il faudra sans doute attendre début 2015…
Les PIGS sont-ils vraiment sortis d'affaire ?
Vous souvenez-vous des PIGS ? Bien évidemment, quelle question ! Impossible en effet d'oublier l'acronyme de toutes les peurs. L'acronyme de toutes les spéculations, parfois même les plus folles. Car le Portugal, l'Irlande, la Grèce et l'Espagne sont passés à un rien d'un désastre économique qui aurait pu faire imploser la zone euro. Mais c'est désormais de l'histoire ancienne. A moins que…
Au deuxième trimestre, la zone euro remercie les PIGS.
Après avoir enregistré une croissance de 0,2% au premier trimestre, la zone euro a calé au deuxième trimestre, ne se contentant d'afficher qu'une stagnation de son PIB. Dans le détail, il est d'ailleurs atypique de constater que ce sont les cadors de la croissance européenne qui ont failli, à l'instar notamment de l'Allemagne dont le PIB s'est contracté de 0,2% au deuxième trimestre (après une hausse de 0,7% au premier trimestre).
Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, la situation aurait pu être encore plus déplorable… sans le concours des PIGS. Au ban de la communauté financière pendant de nombreux mois, l'Irlande, l'Espagne, le Portugal et, dans une bien moindre mesure, la Grèce sont en effet parvenus à tirer leur épingle du jeu pour se remettre sur le chemin de la croissance et tirer par conséquent la zone euro vers le haut.
Le tigre celtique ressort ses griffes.
Tirant profit du dynamisme de sa demande intérieure, l'Irlande affiche depuis le début d'année un rebond spectaculaire de son activité et, petit à petit, renoue avec sa réputation de tigre celtique. Jugez plutôt. Au deuxième trimestre, l'économie irlandaise a connu une progression de son PIB de 1,5% alors que le consensus tablait sur une timide croissance de 0,5%. Au premier trimestre déjà, le pays avait affiché un taux de croissance particulièrement soutenu de 2,8%.
Les derniers indicateurs sont par ailleurs tellement bons que le gouvernement a été poussé à réviser à la hausse sa prévision de croissance annuelle à 4,5% (contre une estimation initiale de 2,1%), un niveau quasiment comparable à ceux régulièrement atteints par le pays avant la crise. Finie donc la période de vaches maigres, le tigre ressort désormais ses griffes.
Et les marchés ne s'y trompent pas. Progressivement en effet ils ont été séduits par la capacité de l'économie irlandaise à se réformer sans heurts majeurs, ce qui s'est traduit par une détente des taux sur le marché obligataire. A titre d'illustration, l'Irlande emprunte aujourd'hui sur des maturités à dix ans à un taux de seulement 1,95% contre un peu plus de 14% en 2011.
Cet élément constitue d'ailleurs une aubaine et le gouvernement a annoncé vouloir profiter de ces conditions avantageuses pour rembourser par anticipation les prêts du FMI (22,5 milliards d'euros) qui avait été octroyés dans le cadre du plan d'aide international mis en place en 2010. Quel chemin parcouru !
¡ Vamos Espaňa !
La Commission européenne, les institutions internationales, les agences de notation et les marchés sont unanimes : l'Espagne va mieux. Au deuxième trimestre en effet, le pays a affiché une croissance de son PIB de 0,6%, soit un plus haut depuis le dernier trimestre 2007. Une vivacité déjà tangible au premier trimestre quand l'économie espagnole enregistrait une croissance de 0,4%, de même qu'aux deux derniers trimestres de l'exercice 2013 où le pays sortait enfin d'une récession longue de deux ans.
Deux éléments permettent d'expliquer ce retour en grâce de l'Espagne. Tout d'abord, la confiance retrouvée des ménages dont les niveaux tutoient ceux d'avant crise. Depuis plusieurs mois en effet, les ménages espagnols semblent prendre conscience que le plus dur est passé et que le pays se dirige désormais vers des jours meilleurs. Conséquence de ce moral en amélioration continue, leur consommation a progressé de 0,7% au deuxième trimestre après déjà une hausse de 0,5% lors des quatre trimestres précédents.
Par ailleurs, la reprise amorcée au premier trimestre au sein de la zone euro a engendré un fort rebond de la confiance des entreprises espagnoles, lesquelles ont alors misé sur une amélioration des perspectives de demande intérieure et extérieures. Ce regain d'optimisme s'est ainsi traduit par une hausse de l'investissement productif notamment dans le secteur des services.
Pour l'année en cours, le gouvernement table sur un objectif de croissance de 1,5%. Toutes choses égales par ailleurs, cette prévision s'avère largement crédible. D'autant plus que les firmes espagnoles ont réalisé de tels gains de compétitivité qu'elles pourraient rapidement profiter d'un rebond du commerce mondial pour grappiller de nouvelles parts de marchés.
L'eldorado portugais.
La péninsule ibérique a décidément le vent en poupe puisque le Portugal a également connu au deuxième trimestre une croissance soutenue de son PIB de 0,3% (après une première estimation à 0,6%). L'amélioration de l'activité économique du pays s'explique principalement par le rebond positif des exportations. Pour mémoire en effet, au premier trimestre la fermeture temporaire de la raffinerie de Sines avait engendré une chute mécanique des exportations provoquant alors une contraction du PIB portugais de 0,6%.
Cet incident a récemment contraint les autorités du pays à corriger à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2014 à 1,0% contre 1,2% précédemment. Mais qu'importe, le Portugal se trouve bel et bien sur un sentier de croissance positif comme en témoigne notamment le redressement du moral des ménages qui se traduit par une hausse des ventes au détail.
Les signaux positifs liés à la reprise du pays ont en outre permis au Portugal d'effectuer son grand retour sur les marchés. Pour preuve, le 23 avril dernier, le Trésor portugais a procédé à une adjudication régulière de dette à dix ans d'un montant de 750 millions d'euros pour un taux de seulement 3,57%. Le temps où les taux longs du pays excédaient les 17% semble donc loin.
C'est dans ce contexte de reprise économique et de détente des conditions de financement que le pays a décidé en mai dernier de sortir de son programme d'aide internationale sans filet de sécurité. Cette décision courageuse du gouvernement de se passer d'une ligne de crédit de précaution témoigne ainsi d'une réelle volonté de tourner la page d'un épisode économiquement douloureux de l'Histoire du pays pour aller de l'avant.
Des signes encourageants en Grèce.
A l'inverse de l'Irlande, de l'Espagne et du Portugal, la Grèce ne connait pour sa part toujours pas de phase de croissance de son PIB. Mais certains signes s'avèrent néanmoins encourageants. Ainsi, en rythme annuel, les deux premiers trimestres ont confirmé une atténuation de la récession (contraction du PIB de -1,1% au premier trimestre puis de -0,3% au deuxième).
Mieux encore, à en croire les propos du ministre de l'économie grec, le pays pourrait enregistrer au troisième trimestre une légère croissance (en glissement annuel) de son PIB, ce qui constituerait une première depuis vingt-quatre trimestres. Une hypothèse plausible au regard des indices PMI manufacturiers qui ne cessent d'osciller depuis dix mois dans une bande allant de 48,7 à 51,3 points (50,1 points en août).
Mais soyons toutefois réalistes. Il est impossible que la Grèce parvienne à tenir son objectif de croissance de 0,6% sur l'ensemble de l'année 2014 comme le prévoit le gouvernement. En revanche, les réformes conduites sur le marché du travail ces dernières années pourraient enfin porter leurs fruits en 2015 célébrant ainsi un retour modéré de la croissance économique.
Progressivement donc, la Grèce redevient un Etat normal. Les marchés aiment d'ailleurs à construire un scénario de type « Greturn » en opposition au « Grexit » qui pendant longtemps a constitué une menace sur l'existence même de la zone euro. Ainsi, profitant du relèvement de sa notation souveraine par les différentes agences de notation, le 10 avril dernier le pays a levé sans aucune difficulté 3,0 milliards d'euros sur cinq ans à un taux de seulement 4,95% alors même que le ministère des finances escomptait placer 2,5 milliards à un taux de 5,30%.
Mais les PIGS demeurent des Etats particulièrement vulnérables.
Mais il n'est pourtant pas question d'affirmer que les PIGS soient définitivement sortis d'affaire. Car la reprise qu'ils connaissent actuellement se révèle très fragile et de nombreux risques sont susceptibles de faire basculer la situation actuelle. Ces risques ont bien évidemment trait à des facteurs économiques mais également sociaux et politiques.
Tout d'abord la déflation. Alors que la zone euro peine à éliminer les risques liés à un décrochage des anticipations des agents économiques, les PIGS ont pour leur part déjà été happés par « l'ogre déflationniste ». Au mois d'août en effet, l'Espagne a affiché un taux d'inflation annuelle de -0,5%, la Grèce de -0,2% et le Portugal de -0,1%. Et si l'Irlande fait pour sa part figure d'exception, force est néanmoins de constater que son taux d'inflation annuelle (+0,6%) demeure bien éloigné de la cible officielle des 2,0%. Or, la déflation constitue une menace sérieuse sur la reprise des PIGS en ce sens qu'elle pourrait modifier en profondeur les comportements des ménages contraignant de fait les débouchés des entreprises pour finalement avoir raison de la reprise actuelle.
Mais ce n'est pas tout. La déflation pourrait participer à annihiler les nombreux efforts qu'effectuent les PIGS pour assainir leurs comptes publics. De manière générale en effet, la déflation engendre un alourdissement des intérêts réels de la dette (entendez la différence entre le taux nominal et le taux d'inflation en l'occurrence négatif) rendant de fait très difficile le processus d'assainissement budgétaire. Or, est-il nécessaire de rappeler que l'endettement public constitue 174,1% du PIB grec, 132,9% du PIB portugais, plus de 120% du PB irlandais et 96,8% du PIB espagnol ?
Sur le front social, le drame du chômage de masse fait également peser un risque sur l'économie des PIGS. En effet, en dépit d'une baisse constante du nombre de demandeurs d'emploi dans les Etats dits d'Europe du sud, les taux de chômage y demeurent toujours particulièrement élevés et les effets bénéfiques de la reprise économique sur le marché de l'emploi apparaissent bien trop lents. Ainsi au mois de juillet, le taux de chômage grec s'établissait à 27%, en Espagne à 24,5%, au Portugal à 14,0% et en Irlande à 11,5%.
Ce dernier point participe à faire monter le risque politique en particulier en Grèce et en Espagne, là où les taux de chômage sont les plus élevés d'Europe. En Grèce par exemple, le parti de la gauche radicale SYRIZIA a remporté en mai dernier les élections européennes et pèse de plus en plus dans le débat politique du pays. Or, si en février 2015 lors des prochaines élections présidentielles le parti SYRIZIA décide de faire cavalier seul, la formation d'une coalition forte (les socialistes étant déjà en difficulté) sera compromise et le pays pourrait être victime d'instabilité politique susceptible d'enrayer la reprise balbutiante et l'ajustement budgétaire en cours. La défiance des marchés serait alors de retour.
Il en va de même en Espagne où, porté par le vote d'indépendance de l'Ecosse, le gouvernement catalan cherche par tous les moyens à faire voter une loi sur l'organisation d'un référendum portant sur l'indépendance de la Catalogne. Et si les chances pour qu'il y parvienne sont maigres, cette montée du désir d'autonomie pourrait contaminer d'autres régions, notamment le Pays Basque, et bloquer le pays dans son ascension constante.
En conclusion, nous assistons à une reprise économique indéniable au sein des PIGS. Celle-ci aurait d'ailleurs de quoi rendre jaloux la France et l'Italie pourtant respectivement deuxième et troisième puissances européennes. Mais clairement cette reprise est inégale. D'un côté en effet l'Irlande semble s'inscrire sur une dynamique de croissance solide alors que de l'autre la Grèce ne peut seulement qu'envisager des perspectives de croissance (ce qui constitue déjà une amélioration de sa situation). Enfin, entre l'Irlande et la Grèce il y a ce ventre mou constitué de l'Espagne et du Portugal, deux nations capables du meilleur comme du pire.
Un rien aujourd'hui semble pouvoir faire basculer le destin de ces pays. Un rien qui pourrait venir des singularités et autres difficultés propres aux PIGS, certes. Mais aussi, comble de l'ironie, un rien qui pourrait venir des grandes puissances d'Europe, France et Italie en tête…
La France devrait écouter Angela Merkel
Manuel Valls peut mesurer toute la schizophrénie de sa politique. Pour obtenir la confiance de l’Assemblée nationale, il a dû renoncer la semaine dernière à toute réforme un tant soit peu ambitieuse ; pour gagner la confiance d’Angela Merkel, il a promis lundi de faire les réformes que l’Allemagne attend. Qui la chancelière doit-elle croire, le Manuel Valls de la semaine dernière, ou celui de cette semaine ?
Il se trouve que la dirigeante allemande travaille avec des conseillers qui maîtrisent le français à la perfection. Ils lui ont rapporté ce que Manuel Valls a proclamé mardi dernier au Parlement, et ce que François Hollande a expliqué jeudi en conférence de presse : à savoir que la France ne reviendrait ni sur les 35 h ni sur le smic, qu’elle ne toucherait ni au nombre de fonctionnaires ni à l’âge de la retraite, et que l’Allemagne en revanche devait « prendre ses responsabilités » pour la croissance en Europe.
Comment la chancelière pourrait-elle, dans ces conditions, donner quitus à Manuel Valls, valider le nouveau dérapage des comptes publics français et s’engager dans une relance par l’investissement ? Quel crédit pourrait-elle accorder à une France allergique à la réforme, à un gouvernement français qui lui renvoie l’austérité à la figure dès qu’elle exige un minimum de discipline budgétaire, à un pays qui est à la fois un partenaire incontournable et une source d’inquiétudes vertigineuses ?
Angela Merkel a raison d’attendre de la France qu’elle se réforme et qu’elle respecte ses engagements. Elle est même, pour cause de transition entre deux Commissions à Bruxelles, la seule en Europe à pouvoir le réclamer de manière crédible en ce moment. Nous devrions lui en être reconnaissants.
La main dans le pot de confiture
Au pied du mur, acculés, Michel Sapin, ministre des Finances, et Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget, ont dû reconnaître que cette année le déficit serait de 4,4 %, démontrant l’incapacité du gouvernement à tenir ses engagements vis-à-vis de Bruxelles ; 2014 sera pire que 2013, année au cours de laquelle Paris avait déjà quémandé un délai supplémentaire de deux ans. Le retour aux 3 % est prévu pour 2017, année du rétablissement des comptes prévu dans le programme du candidat Hollande… En cause, une « situation exceptionnelle, explique Michel Sapin, marquée par une croissance très faible cumulée avec un ralentissement de l’inflation que personne n’avait anticipé ».
Bruxelles a immédiatement exigé que Paris détaille, d’ici à la mi-octobre, « des mesures crédibles pour mettre en place l’ambitieux plan de réduction des dépenses pour 2015 et après ». Même vigilance en Allemagne : « Le respect de nos engagements en Europe, en particulier dans la zone euro, doit devenir la marque de fabrique de la zone euro », a lancé Angela Merkel. Même Pierre Moscovici, futur commissaire aux Affaires économiques et converti à la rigueur budgétaire, estime que le déficit français est « un problème sérieux ».
En pleine élaboration du projet de loi de finances 2015, Michel Sapin est sommé de faire des économies. Début septembre, il avouait qu’il lui manquerait 2 milliards d’euros sur les 21 prévus dans le plan d’économies… Riposte de Christine Lagarde, la patronne du FMI : « Il faut garder le cap de la réduction des dépenses publiques. Même si l’inflation est plus faible que prévu, elle ne peut pas être utilisée comme un paravent pour reporter les efforts nécessaires sur la dépense. » Face à l’intransigeance générale, Michel Sapin a fait un virage à 180 degrés et “refile la patate chaude” à Marisol Touraine : ce sera à la Sécurité sociale de trouver les 2 milliards d’euros.
À ceux qui douteraient de la gravité de la situation, Christian Noyer dit : « C’est l’heure du sursaut ou du déclin. » Le gouverneur de la Banque de France appelle à une réduction des dépenses. Tandis que pour Manuel Valls, « si d’ici trois à six mois, la situation ne s’est pas inversée, ce sera foutu ».
L’indignation des pompiers pyromanes
L’indignation des pompiers pyromanes
Manuel Valls et Stéphane Le Foll ont eu beau jeu de condamner samedi « avec la plus grande fermeté » les incendies du centre des impôts et de la Mutualité Sociale Agricole de Morlaix, provoqués la veille par une centaine de légumiers en colère. Car, par sa soumission à l’Union européenne, sa politique de matraquage fiscal et son refus systématique de prendre en considération les problèmes de la France qui travaille, ce gouvernement est le premier responsable de ces actes désespérés.
Accablés par les charges
« Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu’ils ont fait », applaudissait Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère et proche des Bonnets rouges, au lendemain des manifestations d’agriculteurs qui ont vu partir en fumée le bâtiment de la MSA de Saint-Martin-des-Champs et le centre des impôts de Morlaix. « C’est une forme de témoignage pour dire : écoutez-nous ! » Un appel au secours, accompagné d’actes désespérés, auquel le gouvernement n’a su répondre que par l’indignation et la promesse de poursuites judiciaires. Une enquête de flagrance pour « dégradations de biens d’utilité publique » a d’ailleurs immédiatement été ouverte. Et le parquet de Brest lançait dès samedi matin un appel à témoins.
Or, comme le déclarait samedi, sur France Info, Agnès Le Brun, maire UMP de Morlaix, si condamnables soient-elles, ces violences sont « logiques ». En effet, expliquait-elle, « les agriculteurs sont accablés par les charges sociales, les impôts, les dettes… Accablés par le fait que ce que vous achetez sept euros le kilo dans un supermarché, on le leur paye sept centimes à la production ».
Dans un entretien accordé à Libération, Jean-François Jacob, président de la Société d’intérêt collectif agricole de Saint-Pol-de-Léon, expliquait ainsi que, dans la région de Morlaix, les exploitants « ont beaucoup trop de charges alors qu’il y a déjà de grands écarts de compétitivité avec nos concurrents européens, dans un secteur où la main-d’œuvre représente 60 % des coûts de production. Il y a aussi une suradministration de l’activité, avec des normes toujours plus exigeantes et des coûts de fonctionnement qui n’ont cessé d’augmenter ». Au final, ajoutait-il, « certains se retrouvent avec à peine le smic pour des semaines de 80 heures de travail » !
Responsabilité accablante
Et puis, insistait Agnès Le Brun : « Nous avons un gouvernement particulièrement autiste sur cette question agricole. Le ministre n’a jamais reçu, écouté, entendu. »
Aussi le FN pointait-il très justement du doigt, samedi, « la responsabilité accablante de l’actuel gouvernement, qui refuse de prendre sérieusement en considération la crise qui lamine les filières agricoles françaises depuis plusieurs années ». En effet, poursuivait-il, « la filière légumière a dû subir la délocalisation des conserveries vers l’Europe de l’Est, le traité de libre-échange avec le Maroc et la concurrence sauvage des producteurs italiens et espagnols, qui n’hésitent pas à recourir à de la main-d’œuvre clandestine et sous payée. (…) Le gouvernement ment quand il prétend avoir pris les mesures suffisantes pour soutenir les filières agricoles » et « il est dans le déni de réalité quand il prétend traiter l’explosion de colère d’hier par la seule force ».
Pourquoi les jours du Califat sont comptés...
Pour Hadrien Desuin, les premières frappes aériennes menées par l'armée américaine en Syrie marquent le début de la fin de l'Etat Islamique, victime de son intransigeance et de sa trop grande témérité.
La dernière et fulgurante offensive de l'Etat islamique (EI) au Kurdistan syrien ne cesse de surprendre. L'audace tactique, combinée à de si nombreuses erreurs stratégiques, est pourtant le propre des conquérants.
Tactiquement, le chef d'EI fait preuve d'une témérité ahurissante. Comme si l'ancien officier de l'armée de Saddam avait lu Foch et son obsession de l'offensive à tout crin. Si une attaque sur un point du front s'enlise, l'offensive reprend ailleurs. Peu importe les pertes; il faut que le mouvement ne cesse jamais, ou c'est l'ensemble qui tombe. Ensuite, ses provocations en duplex au peuple américain incarnent la résistance de l'Islam radical au Grand Satan occidental. Quoi de mieux que les décapitations de journalistes pour sidérer une opinion publique? Elles fédèrent tous les paumés de la terre. Par sa brutalité, Al Bagdadi a dépassé dans l'horreur Al Qaida, qu'on croyait pourtant indépassable dans ce domaine. Il a fait d'Ayman Al Zawihiri un gentil grand-père aux yeux des jeunes fous d'Allah post-11 septembre.
Galvanisés par sa propagande et ivres de ses victoires (contre de braves villageois en claquettes, alliés à une armée de déserteurs) les troupes d'Al Bagdadi chevauchent à travers la Mésopotamie dans une morbide cavalcade.
Voilà pour les points forts. Mais tout avantage a ses points faibles. L'ivresse de la conquête pousse Al Bagdadi à de grossières erreurs stratégiques. Alors qu'il s'était rendu maître du triangle sunnite (Al Anbar, Ninive et Rakka) il n'a pas su retenir ses troupes qui fonçaient sur Bagdad, ni consolider ses positions. La capitale irakienne assiégée, la «communauté internationale» ne pouvait plus fermer les yeux.
AQMI avait fait la même erreur au Mali avec son raid sur Bamako.
Très tôt, l'Iran s'était porté au secours de ses frères chiites et de leurs mausolées de Nadjaf, Karbala et autres. On ne fait pas mieux comme ennemi pour fédérer les sunnites.
Sauf qu'Al-Bagdadi s'est proclamé calife de Mossoul à la place du calife de la Mecque. Il perd alors ses principaux alliés, les pétromonarchies du Golfe. Puis il attaque les kurdes, les yézidis, les chaldéens… lesquels se retrouvent coincés au milieu du double jeu turc. La dernière attaque contre les kurdes de Syrie devrait finir de convaincre la Turquie de s'opposer pour de bon à ce califat de terreur. C'en est trop aussi pour l'occident, qui, au bout de trois ans, est contraint de se détourner de son objectif initial: faire tomber Bachar Al-Assad. Barack Obama, un mois après les premières frappes en Irak, a du annoncer en grande pompe son intention de frapper en Syrie l'Etat islamique.
Justement Bachar, que l'on disait l'allié caché des djihadistes, le voilà lui aussi attaqué par les nouveaux barbares de l'Etat islamique. Tandis que le parti Baath termine de livrer les stocks d'armes chimiques à l'OIAC, Al Bagdadi, aveuglé par sa foi et son ambition, alimente lui même la coalition de ses ennemis. Y compris dans les territoires qu'il contrôle, l'implacable charia qu'il inflige étouffe la population sunnite. Laquelle déteste ces jihadistes souvent venus d'ailleurs.
Tout Empire périra... Le propre du conquérant est qu'il ne peut se fixer une limite, parce que s'arrêter c'est déjà être défait. Il s'épuise dans d'inutiles et folles conquêtes, il est drogué à la victoire, son insatiable héroïne.
Le combat salafisto-jihadiste d'Al Bagdadi est une mauvaise cause, déjà perdue. Les victoires se font rares depuis juillet.
Mener une conquête de l'orient à la manière des premiers compagnons du prophète était de toute façon anachronique. L'occident est affaibli, certes, par ses inutiles missions démocratiques en Afghanistan et en Irak justement. Mais les voisins du calife Ibrahim ne sont pas aussi faibles que les mérovingiens, la Perse sassanide et la Byzance post-justinienne de l'époque du Prophète. L'Iran est là qui veille ; Téhéran est sagement en train de sortir de son isolement. La Russie se reconstruit, et l'Amérique, quoique fatiguée, est toujours aussi forte.
Les jours d'Al Bagdadi sont comptés.
La députée socialiste Sylvie Andrieux condamnée à de la prison ferme
La députée socialiste Sylvie Andireux, exclue du PS après une première condamnation, a été condamnée à de la prison ferme pour détournement d'argent.
La députée socialiste des Bouches-du-Rhône Sylvie Andrieux, exclue du Parti Socialiste après une condamnation en première instance dans une affaire de "détournement de fonds publics à visée clientéliste" a été condamnée ce mardi à quatre années de prison dont trois avec sursis par la cour d'Appel d'Aix-en-Provence.
Sylvie Andrieux a été condamée à 100 000 euros d'amende et cinq années d'inéligibilité. La cour d'Appel a été plus sévère dans son verdict que ce qu'avait réclamé l'avocat général.
La députée va se pourvoir en cassation
Un des avocats de Sylvie Andrieux a annoncé qu'elle allait se pourvoir en cassation: "Elle va se pourvoir en cassation. Elle fera valoir toute une série d'arguments qui n'ont pas été entendus par la cour, mais on reste confiant. Souvent, la cour de cassation dans ce type d'affaire envisage avec une grande sérénité les faits et le droit" a déclaré l'avocat.
Harlequin à l’Élysée
Valérie Trierweiler a pris la plume. Pour se venger d’avoir été répudiée « en l’espace d’un instant et de dix-huit mots ». François Hollande a clos neuf ans de vie commune, dont dix-neuf mois passés à l’Élysée. Dur, dur. Curieux comportement : après avoir dicté à l’AFP l’avis de sa rupture unilatérale, il lui aurait proposé — le goujat — de passer une dernière nuit avec elle. Depuis leur séparation, le président l’inonde de SMS, lui assure qu’elle est la femme de sa vie, regrette sa décision. « Vas-tu épouser Julie Gayet ? — Il n’y a que toi qui peux me dire oui. » De quoi être tourneboulée.
Est-il sincère, incohérent, pervers ? « La tactique est chez lui une seconde nature », écrit-elle. Voulait-il la contenir pour l’empêcher d’écrire ce brûlot ? Raté ! Elle lui répond : finie la comédie.
Ce livre pourrait aussi figurer dans la collection Harlequin. La journaliste de Paris Match et le premier secrétaire du PS, d’abord complices, puis très amis, sont devenus amants. Un premier baiser échangé à Limoges le 14 avril 2005 et ce fut entre eux l’embrasement. Le 14 avril dernier, il lui aurait envoyé un gros bouquet pour commémorer ce doux anniversaire.
Pour lui, elle a quitté un mari et trois enfants. Ségolène Royal avait tenté de les séparer, prévenu le mari de leur infortune. De guerre lasse, elle avait congédié l’infidèle, le père de ses quatre enfants.
La présidentielle leur a été fatale. Pendant la campagne, Valérie Trierweiler n’a pas admis que l’homme qu’elle aimait ne soit plus le même. D’où ses bouderies, des colères que l’entourage redoutait.
Une fois à l’Élysée, comment trouver sa place quand on n’est pas une épouse ? Elle s’est toujours sentie illégitime. Mais c’est sa jalousie pathologique envers Ségolène Royal qui a fait exploser le couple. « Les voir main dans la main me rendait hystérique », avoue-t-elle. Elle a créé l’irréversible avec le fameux tweet qui encourageait le rival de Ségolène Royal à La Rochelle, quand François Hollande soutenait la mère de ses enfants. Impardonnable.
Cet éloignement progressif de François Hollande, Valérie Trierweiler préfère l’expliquer par son mépris de classe. Ne l’appelait-il pas Cosette, elle, la fille d’un père handicapé de guerre et d’une mère caissière à la patinoire d’Angers ? Un jour qu’elle l’avait emmené déjeuner chez eux, il avait moqué : « Elle n’est quand même pas jojo, la famille Massonneau. » Une vraie gifle. Ce qui l’autorise à écrire que l’homme de gauche n’aime pas les pauvres, les « sans-dents », comme il dit. Et pour appuyer sa thèse, la répudiée inconsolable note qu’avec Julie Gayet, François Hollande a enfin trouvé une famille comme il les aime : père et grand-père chirurgiens, un château dans le Gers. Autant dire pas son monde à elle.
L’insupportable impunité des Femen
Elles ont été relaxées, et les gardiens de Notre-Dame condamnés. Un livre apporte la preuve que l’action de ces fanatiques était soutenue par Hollande et Valls.
Le 12 février 2013, alors que le pape Benoît XVI vient d’annoncer son renoncement à la fonction de souverain pontife, neuf Femen entrent incognito dans la cathédrale Notre-Dame de Paris en se glissant dans le flot des touristes. Leur action vise à s’attaquer bien sûr à ce haut lieu de l’Église de France mais aussi à profiter de l’exposition temporaire de trois cloches montrées au public à l’occasion du jubilé des 850 ans de Notre-Dame. La “pseudo-intellectuelle” Caroline Fourest, compagne de l’Ukrainienne Inna, chef de ces Femen, a raconté la scène dans un livre tout à la gloire de son amante. « Le convoi s’ébranle et serpente jusqu’à la nef. Au signal, les Femen se retrouvent en tenue d’Ève sous le regard affolé des paroissiens… Quatre par quatre, elles encerclent les saintes cloches et se mettent à les frapper d’un air mécanique (en hurlant) “Pope no more, homophobe, dégage !” » La police avait constaté sur procès-verbal des éclats de plus d’un centimètre sur le dessus de la cloche Marcel (baptisée du nom de saint Marcel), recouvert de feuilles d’or. Si bien que Me Delvolvé, agissant pour le compte du recteur de Notre-Dame, avait demandé 7 176 euros de dommages et intérêts pour les réparations et 10 000 pour l’atteinte portée au libre exercice du culte.
Bien sûr, Charlie Hebdo, le Nouvel Observateur ou le Huffington Post d’Anne Sinclair s’enthousiasment devant un tel blasphème, le jour même où était adopté à l’Assemblée nationale le projet de loi sur le mariage homosexuel. Ces organes de presse ont oublié que la Déclaration des droits de l’homme institue en préambule le respect de la liberté de croyance pour chaque citoyen. Ils préfèrent parler de la manière dont les gardiens de la cathédrale ont expulsé le commando et de prétendues violences.
L’affaire a finalement été examinée mercredi 10 septembre par le tribunal correctionnel de Paris. Le même qui avait envoyé en prison un jeune participant pacifique aux manifestations contre le mariage homosexuel. Et la justice de Mme Taubira a relaxé sans état d’âme les neuf membres du groupe féministe. Le parquet et le recteur de Notre-Dame de Paris ont immédiatement fait appel de ce jugement insupportable, qui constitue une insulte de plus à l’égard de tous les croyants. C’est Joseph Thouvenel, le passionné représentant du syndicat CFTC, qui a le mieux résumé l’exaspération de millions de Français en jugeant « incompréhensible la condamnation de trois gardiens de la cathédrale de Paris par le tribunal correctionnel. Ces salariés, dans l’exercice de leurs fonctions et conformément à leur contrat de travail, ont été contraints d’intervenir au sein d’un édifice religieux pour faire cesser un “happening” sauvage, violent, grossier et insultant pour les croyants. La CFTC ne doute pas un instant de l’excellent accueil que recevront dans le futur tous ceux qui organiseront des “happenings sauvages” au sein du tribunal correctionnel sur le thème : “Les mécontents niquent la justice” ».
Comment dans un pays laïc peut-on en arriver là ? Comment des millions de catholiques peuvent-ils être agressés impunément dans ce qu’ils ont de plus intime, leur foi ? Comment les pouvoirs publics peuvent-ils encourager ce climat d’exaspération qui va faire redescendre dans la rue des centaines de milliers de familles ? La même Caroline Fourest, dans l’hagiographie consacrée à sa compagne, donne quelques clés pour mieux comprendre ce qui se passe depuis deux ans et demi. Alors qu’avec ses amies, si peu recommandables, elles agressaient un cortège de La Manif pour tous, elles se sont fait arrêter par les forces de l’ordre au point de se retrouver dans un “panier à salade”. À peine cinq minutes ont eu le temps de s’écouler avant qu’elles reçoivent un appel de Manuel Valls sur le portable de Caroline Fourest. « Il vient aux nouvelles, raconte-t-elle, en demandant “Vous êtes arrêtées ? ”, avant d’ajouter : “J’appelle le préfet et je me renseigne, conclut celui qui est alors ministre de l’Intérieur. » Curieusement, une fois arrivées au commissariat, elles sont toutes libres.
Mais le plus incroyable, c’est que pendant que le car de police roule, Caroline Fourest reçoit un SMS de François Hollande. « Il s’inquiète de l’agression et me soutient. J’en profite pour lui mettre la pression. Ce qu’il promet. » Quelle duplicité de la part de celui qui est le garant des institutions, de la séparation des pouvoirs et de la liberté de culte. Avec ce livre, les Femen ont signé leur crime : la christianophobie qui les fait vivre, le terrorisme qu’elles exercent et leur goût pour le blasphème sont soutenus par l’Élysée et par celui qui est aujourd’hui premier ministre. Tout cela n’excuse pas le jugement du 10 septembre. Mais cela le rend encore plus insupportable.
N’ayez pas peur !
N’ayez pas peur !
Confronté à « l'appel au meurtre », en France et ailleurs, lancé par les jihadistes de l'État islamique, Bernard Cazeneuve a solennellement répliqué : « La France n'a pas peur. » En la circonstance, notre ministre de l'Intérieur a sacrifié à un exercice difficile. Comment alerter l'opinion sans engendrer la psychose ? Et comment rassurer totalement sans déresponsabiliser ? Bref comment en faire assez sans en faire trop ? Bernard Cazeneuve a navigué difficilement entre ces deux écueils. Car si la France n'a pas peur, il n'est pas sûr que les Français, eux, soient vraiment rassurés. Beaucoup de spécialistes estiment en effet que la question n'est plus de savoir aujourd'hui si des attentats auront lieu, mais où ?
Dans ces conditions, il était sans doute du devoir de Bernard Cazeneuve d'intervenir. Mais on ne saurai trop insister sur la nécessité, pour nos dirigeants, de ne pas infantiliser l'opinion. Il importait pour cela de la préparer en amont au chantage prévisible des « barbares ». Inutile de faire croire aux Français que l'on pouvait entrer dans cette guerre « extérieure » sans risques et périls « intérieurs ». On ne se pose pas impunément en chef de file, sans s'exposer à une riposte contre un tel adversaire.
Ce n'est évidemment pas une raison pour baisser lâchement les armes, mais mieux vaut prévenir avant. Cela impose un devoir de vérité qui évite les retournements d'une opinion acquise à l'illusion d'une guerre « zéro danger ». Cela justifie une information totale des citoyens, à travers la représentation nationale, sur les moyens, les buts, la durée et les éventuelles conséquences d'un engagement armé. On a connu des « aventures » militaires s'enlisant et manquant leur but faute d'anticipation.
C'est pour cela que le débat sans vote prévu demain à l'Assemblée est une absolue nécessité. Si François Hollande a déclenché les opérations aériennes en Irak dans l'affirmation solitaire de son autorité régalienne, les Français, à qui l'on demande sang-froid et unité, doivent être pleinement associés. Il ne suffit pas de leur dire : « N'ayez pas peur. »
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