Le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, semble être appelé à succéder à George Papandréou à la tête du gouvernement grec, dans le premier rôle du drame politico-économique qui se joue à Athènes. L'actuel Premier ministre a obtenu la confiance du parlement, dans la nuit de vendredi à samedi, en arrachant le soutien des députés frondeurs du Parti socialiste (Pasok), auquel il a promis la formation d'un gouvernement d'union nationale dont il ne fera vraisemblablement pas partie.
"Le pays vit un drame qui a atteint son paroxysme et le dénouement est proche. La nouvelle coalition doit restaurer la crédibilité du gouvernement à l'étranger", a-t-il déclaré à la tribune du parlement.
L'actuel Premier ministre et son numéro deux n'ont rien de commun en termes de style, d'expérience et de compétences, mais ils sont parvenus à mettre leurs divergences de côté pour tenter de sauver la Grèce de la faillite et maintenir le Pasok au pouvoir.
Malmené par la crise, George Papandréou a nommé Evangelos Venizelos aux Finances lors du remaniement de juin, ce qui l'a propulsé au rang de prétendant à sa succession et de véritable cheville ouvrière de l'exécutif.
La trêve entre les deux hommes s'est achevée lorsque le chef du gouvernement à annoncé lundi à la surprise générale la tenue d'un référendum sur le plan d'aide international. Venizelos lui-même avait été tenu dans le secret.
Autorité
"Il a dit au Premier ministre qu'à tout le moins, les dirigeants étrangers auraient dû être informés", a rapporté un membre de l'administration.
Cette "bombe", qui a donné lieu à un concert de protestations, n'a fait qu'aggraver la crise tout en exacerbant le risque de contagion à d'autres Etats membres de l'Eurogroupe.
Le ministre des Finances a alors dû jouer de son autorité, voire de la rudesse que certains lui prêtent, pour convaincre les frondeurs du Pasok d'accorder leur confiance à Papandréou en échange de son départ et de la formation d'un gouvernement d'union.
Le Premier ministre aurait en outre accepté de lui céder les rênes de la nouvelle équipe, qui devrait se retirer aux alentours de février après avoir préparé le terrain à des législatives anticipées.
Malgré ses dehors de déménageurs, Evangelos Venizelos passe pour l'un des esprits les plus brillants de la scène politique grecque.
Agé de 54 ans, fils d'un juriste de Thessalonique, lui-même professeur de droit considéré comme un des meilleurs experts de droit constitutionnel, il doit une bonne part de son crédit à ses talents d'orateur, révélés dans les années 1990, lorsqu'il était porte-parole du gouvernement.
Après avoir fait ses classes au sein de la gauche étudiante, il entre au Parlement en 1993 avant d'intégrer l'équipe gouvernementale où il sera tour à tour ministre des Transports, de la Justice, de la Défense et de la Culture, chargé à ce titre des préparatifs des Jeux olympiques d'Athènes, en 2004, qui ont été considérés comme une réussite.