TOUT EST DIT

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jeudi 5 avril 2012

"Le Quotidien du peuple" va entrer en Bourse

Le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste au pouvoir en Chine, annonce jeudi 5 avril qu'il prévoit de lever 527 millions de yuans (63,5 millions d'euros) en introduisant son site Internet à la Bourse de Shanghaï.

Le site, premier portail gouvernemental d'information à être introduit en Bourse, va proposer à l'achat un total de 69,1 millions d'actions, a précisé le site Web du journal, dans un communiqué. La société du Quotidien du peuple, qui gère le site www.people.com.cn, compte consacrer le produit de la vente de ces titres à des investissements.
Cette introduction est réalisée alors que Pékin cherche à rendre les médias officiels plus compétitifs en les transformant en entités commerciales. Seulement une minorité du capital est proposée aux actionnaires.
Une dizaine de sites Internet appartenant à l'Etat, dont celui de la télévision chinoise CCTV ou celui de Chine nouvelle, l'agence officielle d'information, prévoient des introductions sur la place boursière chinoise.
A QUAND NOTRE PRAVDA 
LIBÉRATION DANS LE CAC 40 ???

Eclipse sur le solaire

C’était l’un des moteurs du renouveau énergétique allemand. Mais Q-Cells, quatrième spécialiste du photovoltaïque est en faillite. En cause : la concurrence chinoise mais aussi la politique de subventions menée par Berlin. 

Il n'y a pas si longtemps, Q-Cells faisait figure d'entreprise d'avenir. Il fut un temps où cette société était le plus grand fabricant de panneaux solaires au monde. Même en pleine tempête financière, Q-Cells passait pour une entreprise profitable et un bon investissement.
C'est autour de son site de production à Bitterfeld-Wolfen, dans une ancienne région du charbon en Saxe-Anhalt, que s'est développée la "Solar Valley" [Sonnental en allemand] ainsi baptisée en référence à la Silicon Valley de Californie.
Fragilisée depuis un certain temps, la Sonnental traverse ses heures les plus difficiles avec la faillite de Q-Cells. Le champion de l'énergie du futur pourrait bien ne plus avoir d'avenir du tout : en 2011, Q-Cells a enregistré 846 millions d'euros de pertes. La "Solar Valley", où travaillent encore près de 2 200 employés de Q-Cells, pourrait bien être victime de coupes claires.

Des milliers de petites entreprises affectées

Cette faillite est un nouveau choc pour l'industrie solaire allemande. Q-Cells est la quatrième entreprise du secteur à déposer le bilan et sa disparition pourrait fortement augmenter la dépendance des fabricants de panneaux solaires allemands de leurs concurrents asiatiques. Et cela, en dépit des milliards d'euros d'aide distribués par le gouvernement et alors que l'énergie solaire devient progressivement compétitive.
Et ce n'est pas tout, car le processus s’accélère. En décembre 2011, ce sont deux géants du secteur qui ont disparu : le berlinois Solon et l’entreprise d’Erlangen [en Bavière]  Solar Millenium. Une société indienne, Microsol, a repris le cœur de métier de Solon et continue d'employer 400 des 1 000 employés de Solon. La faillite de Solar Millenium a affecté des milliers de petites entreprises.
D'autres entreprises encore ont déclaré leur insolvabilité en mars 2012, notamment Scheuten Solar, qui présentait le plus gros panneau solaire au monde à Fribourg depuis huit ans.
La crise du solaire allemand affecte toutes les entreprises qu ont fait les mauvais choix ; celles qui, en dépit d'un ralentissement record du marché, ont réagi trop tard ou trop timidement.
La politique d'incitation menée par le gouvernement était un excellent moyen de développer le secteur des nouvelles technologies écologiques mais elle est de moins en moins pertinente sur un marché aujourd'hui mûr. La limitation de ces subventions n'y change pas grand-chose et ne pouvait pas sauver des entreprises qui ont accumulé les erreurs de gestion depuis des années.
Q-Cells en est le meilleur exemple. Ce n’est quà l’été 2011 que l'entreprise a commencé à délocaliser une grande partie de sa production en Malaisie. A l'époque, il était déjà clair que les travailleurs allemands ne pourraient pas rivaliser avec leurs homologues asiatiques.

Des produits faciles à copier

Cela faisait des années que certains mettaient l'entreprise en garde contre cette situation. Les cellules photovoltaïques ne sont pas des produits technologiques très sophistiqués et sont faciles à copier.
Si la production est largement automatisée, le fait est que tout ce qui constitue une usine revient moins cher dans un pays comme la Chine, des murs aux équipes de nettoyage. En outre, l'industrie solaire figure parmi les priorités de Pékin, qui offre aux fabricants des crédits à des taux très avantageux.
Les entreprises qui, comme Q-Cells, avaient un site de production en Allemagne, étaient donc condamnées depuis longtemps pour avoir sous-estimé la concurrence mondiale. La promotion du solaire a ainsi fini par faire exploser la demande entre 2009 et 2011. La demande est devenue telle que même des entreprises à la traîne sont parvenues à vendre leurs produits en grande quantité.
Cet emballement des dernières années a scellé le sort des fabricants allemands de solaire en incitant les industriels à produire en masse, et notamment en Chine.
Rien qu'en 2011, le prix d'un panneau photovoltaïque a baissé de 30 à 40%, soit beaucoup plus vite que les coûts de production en Allemagne. Cette année, on s'attend même à une forte hausse de ces coûts de production. Résultat, les pays asiatiques creusent leur avantage. En 2008, la Chine fabriquait 33% [des panneaux solaires] dans le monde, en 2011, ce chiffre était de 57%.
Le gouvernement allemand a par ailleurs réduit de manière significative les subventions publiques au secteur solaire le 1er avril. A moyen terme, la concurrence mondiale devrait encore affecter d'autres pans de l'industrie solaire allemande, comme Centrotherm, qui fabrique les machines servant à la production de cellules photovoltaïques. Certes ces machines sont de plus en plus sophistiquées mais, à l'échelle du secteur, les fabricants asiatiques présentent plus de modèles.
Il y a pourtant bien des entreprises allemandes qui ne se sont pas contentées d'encaisser les subventions et qui ont développé un modèle compétitif. On peut citer Juwi, qui imagine de grands parcs solaires et mise également sur l'énergie éolienne.
Le marché allemand devrait donc voir apparaître de nouveaux acteurs, notamment chez les prestataires. Il pourrait s'agir de sociétés chargées de l'entretien des parcs solaires ou d'intermédiaires qui permettront aux fournisseurs de vendre leur énergie en bourse. Malgré cela, de nombreuses lumières vont s’éteindre dans la "Solar Valley" .



François Bayrou, quand la sauce béarnaise ne prend plus

Le candidat du MoDem, "troisième homme" en 2007, peine cette année à mobiliser. Son programme économique, empruntant sur sa gauche comme sur sa droite, a du mal à séduire dans une campagne très clivée. L'homme du Béarn tente de rebondir en proposant des mesures de moralisation de la vie publique.
François Bayrou semble en panne. Le troisième homme de 2007, qui avait recueilli plus de 18% des suffrages au premier tour de l'élection, est cette fois à la peine. Selon la dernière vague du baromètre Ipsos-logica Buisness Consulting pour Le Monde et Radio France et France Television, parue mardi, il recueillerait 10% des suffrages (-1,5 point), faisant de lui le "cinquième homme". L'homme du Béarn, n'est peut-être pas très à l'aise dans une campagne très clivante, où un apparent choc gauche-droite est recherché par les principaux candidats. François Bayrou pâtit certainement de son refus d'une approche aussi binaire. D'ailleurs, son programme économique et social emprunte aux deux principaux camps, selon les thèmes abordés, ce qui peut nuire à son image.

Une politique sociale marquée à droite
Ainsi, sur le terrain social, François Bayrou se situe nettement plus du côté de l'UMP, même s'il attache plus d'importance au dialogue avec les syndicats. Il est pour la remise en cause de la durée légale du travail, préférant que chaque branche négocie sa propre durée conventionnelle. Il milite pour un "contrat de travail unique", avec une "consolidation progressive des droits" qui pourrait être rompu par l'employeur sans avoir à se justifier mais qui donnerait droit à une indemnisation pouvant aller jusqu'à un mois par année d'ancienneté (au lieu du 1/5 légal actuel). Il réfute l'idée d'un retour à un droit à la retraite à 60 ans, préférant, à terme, instituer un régime par points.
Rétablir la progressivité del'impôt sur le revenu
Dans la lutte contre le surendettement de l'Etat, François Bayrou va beaucoup plus loin que Nicolas Sarkozy et François Hollande en se fixant pour objectif que la France "ne dépensera pas un euro de plus dans la sphère publique (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales) pendant deux ans qu'elle n'aura dépensé en 2012". C'est le principe de "l'augmentation zéro en valeur". Pour y parvenir, le candidat MoDem rejoint François Hollande dans sa croisade contre les niches fiscales. Certaines devant disparaître, comme l'exonération fiscale sur les heures supplémentaires, les autres seront toutes soumises à un "coup de rabot" pour un montant total de 20 milliards d'euros.
Plutôt proche de François Hollande également, s'agissant de l'impôt sur le revenu. François Bayrou milite pour l'établissement de deux tranches supplémentaires, la tranche marginale actuelle à 41% serait portée à 45%, soit exactement la mesure préconisée par le candidat socialiste, et une tranche "de solidarité", dotée d'un taux marginal de 50%, pour les revenus supérieurs à 250.000 euros... A comparer à la tranche à 75%, pour les revenus supérieurs à 1 million d'euros, préconisée par François Hollande. En revanche, François Bayrou change de bord concernant les impôts indirects puisqu 'il milite pour une augmentation de deux points de la TVA : un point dès 2012 et un autre point au 1er janvier 2014, soit une recette attendue de 20 milliards d'euros au terme de trois années. Mais, attention, ce surplus serait affecté au budget et non à la compensation d'allègements de cotisations sociales patronales comme le préconise Nicolas Sarkozy avec la "TVA sociale".
Un referendum pour moraliser la vie publique
Un coup à droite, un coup à gauche donc, tel le roi Jean II le Bon, conseillé par son fils Philippe le Hardy. Sans doute conscient que ce n'est pas la meilleure façon de faire entendre sa différence en 2012, François Bayrou a dégainé ce mardi un "projet de loi-cadre de moralisation de la vie publique" qu'il souhaite faire, une fois élu président, adopter par référendum, parallèlement au premier tour des élections législatives, le 10 juin. Un texte destiné à faire faire des économie à l'Etat et à éviter les conflits d'intérêt...
François Bayrou propose de limiter le gouvernement à 20 membres ; de fixer le nombre des députés à 400 (au lieu des 577 actuels) dont 300 seraient élus au scrutin majoritaire et 100 au "scrutin de liste proportionnel correctif". Le nombre des sénateurs, lui, ne pourrait pas excéder 250. Pour marquer l'indépendance de la justice, la nomination du ministre de la Justice devrait être préalablement approuvée par un vote de l'Assemblée nationale, à la majorité des trois cinquièmes. Le mandat de député serait incompatible avec tout autre mandat électif.
Dans un autre domaine, pour imposer la parité, seuls les partis ayant présenté autant de femmes que d'hommes aux élections législatives pourront bénéficier du financement public.
Mettre fin aux conflits d'intérêt
Par ailleurs, le financement de la campagne présidentielle reposerait exclusivement sur des fonds publics (10 millions d'euros maximum remboursés aux candidats ayant dépassé les 5% des suffrages). Ce qui signifie que les dons des personnes physiques ou morales seront interdits. D'une façon plus générale, le montant des sommes qu'une personne physique serait autorisée à verser annuellement à un ou des partis serait plafonné à 7.500 euros globalement.
Last but not least, les personnes concourant à l'exécution d'un service public (ministres, élus, hauts fonctionnaires, membres de cabinets ministériels) ont l'obligation de veiller à ne pas se placer dans une situation qui les exposerait à un intérêt privé (par exemple une possession d'actions, directe ou indirecte, d'une entreprise relevant de leur secteur). Ces personnes concernées seront tenues d'adresser à la nouvelle "Autorité de déontologie de la vie publique" une déclaration d'intérêt préalablement à leur entrée en fonction. Cette déclaration sera renouvelée annuellement.
Indéniablement, en se plaçant sur le terrain de la moralisation de la vie publique, François Bayrou a bien joué. Il sait les Français sensibles à ce thème et il va obliger les autres candidats à se prononcer. Mais est-ce suffisant pour se relancer ?

Imprévisible 


C’est une affaire entendue, cette campagne est nulle. Experts, commentateurs et politologues nous le répètent en boucle, les candidats n’ont rien à dire, sinon insultes et mensonges… Et il est vrai que la journée d’hier a charrié son lot de petites phrases se rêvant assassines. Mais elle a également vu François Hollande présenter un programme d’action détaillé. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy nous précisera ses projets. Et tous, de marchés en meetings, loin des questions sur le dernier sondage, ils tentent d’expliquer ce qu’ils veulent faire, pour nous convaincre de voter pour eux… Dans moins de trois semaines, le dimanche 22 avril, nous saurons qui a été le plus convaincant. Mais en attendant ce jour, comme le dirait un grand journal du soir s’essayant à l’humour, la campagne reste « imprévisible » aux experts, commentateurs et politologues. Salauds d’électeurs !

Effet d’image 


La classe politique a rendu hier un hommage dithyrambique et unanime à Richard Descoings, le patron de Sciences Po Paris, décédé à New York dans des conditions inexpliquées. Il n’en a pas toujours été ainsi. Si le panache de Richard Descoings et son charisme n’ont jamais été discutés, il n’en a pas été de même de sa façon de « démocratiser » Sciences Po. La discrimination « positive », à la fois scolaire et financière, qu’il a mise en place pour recruter des lycéens de zones défavorisées a sérieusement écorné le vieux principe républicain de la méritocratie. Au nom de l’égalité des chances, la droite avait vivement combattu les premières conventions signées avec des lycées de banlieue, en 2001 : elles permettent l’accès d’élèves ne remplissant pas les conditions exigées de la part de leurs camarades.
Richard Descoings a fait voter l’année dernière la suppression, lors du concours d’entrée, de l’épreuve de culture générale (à Sciences Po, il fallait oser !), au profit d’un entretien destiné à jauger la personnalité des candidats. Le choix à la tête du client remplace la sélection par les connaissances. Cela rappelle l’allégement continu des programmes d’histoire et de géographie en collège et en lycée, pour mettre fin au « bachotage » et pour favoriser « l’épanouissement » des élèves. Le niveau scolaire et l’ardeur aux études n’en sortent pas grandis…
Qu’importe : c’est dans l’air du temps, et savoir « capter » cet air a sans doute été le plus grand talent de Richard Descoings. Il a magistralement retourné ceux qui doutaient de lui, devenant une star payée 24 000 euros nets par mois, avec des bonus et des avantages (chauffeur, voiture et logement de fonction) qui ne cadrent guère avec l’ouverture de sa grande école vers les banlieues défavorisées.
Manager moderne, constamment en mouvement et chouchou des médias parisiens, Richard Descoings a séduit Nicolas Sarkozy qui lui avait confié en 2009 une étude sur la réforme des lycées. Le directeur de Sciences Po avait alors tracé quelques pistes très générales, mettant l’accent sur l’orientation, les langues vivantes, la voie technologique et le rééquilibrage des bacs. Rien de bien révolutionnaire : dans le monde de l’éducation comme ailleurs, il n’y a ni miracle, ni sauveur suprême. Mais beaucoup d’effets d’annonce… et d’image.

Comme si… 



François Hollande décrit désormais sa première année à l’Élysée. Le candidat socialiste appelle cela sa « feuille de route » : 35 mesures concrètes traduisant en actes une partie de ses 60 engagements.
D’abord une salve de décrets. Ensuite une session extraordinaire du Parlement, au début de l’été. Puis, à partir de l’automne, les grandes lois économiques, sociales, éthiques et la révision constitutionnelle sur la laïcité — donc la délicate affaire du concordat…
On voit l’idée : au-delà des promesses, déjà formulées, Hollande donne un calendrier. Comme tout calendrier, celui-ci propose des images : Hollande sur le perron de l’Élysée, son Premier ministre (Ayrault ? Sapin ? Aubry ?) en conversation avec lui sur le gravier, la ronde des maroquins, le premier conseil des ministres, la photo de famille, les premiers textes au Journal officiel, une chambre rose et verte en juin, un mini-remaniement, les députés mis au travail. Bref, avant même le 1 er tour, faire « comme si » — pour accréditer que c’est presque fait, que c’est presque là.
En face, l’exercice en est l’exact contrepoint. Ce qui doit apparaître naturel, quand on est sortant, c’est la poursuite du travail et la continuité des images. D’où le choix d’abord, d’une série de grands discours de « bilan et perspectives » : Annecy, Marseille, Lille, etc. Puis, ce jeudi, Nicolas Sarkozy présentera son « projet » — c’est le mot choisi — qu’on annonce chiffré et daté. Et qui, surtout, s’enracinera dans la politique du premier quinquennat, la justifiera et l’amplifiera.
Là aussi, on fait « comme si ». Comme si l’alternance était une hypothèse déraisonnable, qui allait casser cet élan vers la France forte. Il y a un locataire à l’Élysée, il y en aura un à Matignon (Borloo ? Copé ? Ou même Bayrou ?), il y a des équipes au travail, elles n’ont pas démérité. Rebondir ? Oui, mais comme pour un triple saut.
Ce n’est pas un hasard si, de part et d’autre, on fait « comme si » au moment où les sondages promettent le premier tour à Sarkozy, le second à Hollande. Le président sortant doit accréditer l’idée que sa silhouette à l’Élysée va de soi, son adversaire celle que la sienne n’y serait pas déplacée.

L'Europe et les Balkans


Il y a un peu plus de vingt ans, l'Europe se réveillait avec « la gueule de bois ». La chute du Mur de Berlin, la fin de la Guerre froide et l'effondrement de l'empire soviétique, loin de lui apporter une ère de paix, de démocratie et de prospérité, ont ramené la guerre dans son « arrière-cour », les Balkans. L'implosion violente de la Yougoslavie a eu un impact dévastateur sur le moral des Européens, alors qu'ils auraient dû célébrer leur unité retrouvée dans la liberté.
Surprise par l'explosion de violence - plus de deux cent mille morts, tous conflits confondus - l'Europe s'est révélée initialement incapable d'y mettre fin à elle seule. Elle venait pourtant, par le Traité de Maastricht, de se doter d'une politique européenne de sécurité et de défense (PESC). Mais le contraste était trop grand entre ses intentions et ses capacités d'alors. Il fallut l'intervention des États-Unis pour imposer une paix fragile en Bosnie et au Kosovo.
Aujourd'hui, pourtant, le sang ne coule plus dans les Balkans. Les touristes sont revenus à Sarajevo. La Croatie, après la Slovaquie qui l'a fait en 2004, s'apprête à rejoindre l'Union européenne en juillet 2013. La Serbie vient d'être acceptée comme un pays candidat. À La Haye, les criminels de guerre répondent de leurs crimes devant le Tribunal spécial créé à cette fin.
En jouant un rôle important dans cette évolution positive, l'Europe a donné un sens à son existence, au moment où tant d'Européens perdaient confiance en elle. S'il y a, aujourd'hui, un peu plus d'Europe sur le plan diplomatique et sur celui de la sécurité, c'est en partie au moins grâce à cet épisode des Balkans.
La chance historique de cette région a été, bien sûr, de bénéficier de la « bonne géographie », c'est à dire de l'environnement régional de l'Union européenne. Cette dernière, contrairement au Proche-Orient si proche, encourage à la paix et à la réconciliation (loin d'être accomplie dans les Balkans) plutôt qu'à la violence. Il y a néanmoins un paradoxe à souligner et une réserve à formuler. L'objectif principal de la construction européenne était de transcender les États-Nations. Dans les Balkans, à l'inverse, l'Union a pour tâche principale d'aider au renforcement sinon à la création d'États-Nations. On ne peut unir que ce qui existe.
Enfin, il faut revenir en conclusion sur le rôle négatif qu'a pu jouer la Grèce. Premier pays des Balkans à devenir membre de l'Union européenne, elle n'a pas ¯ c'est le moins que l'on puisse dire ¯ donné le bon exemple, ni par son comportement interne ni à travers la question de Chypre.
Au début des années 1990, on disait qu'il fallait « européaniser les Balkans pour éviter une balkanisation de l'Europe ». L'éclatement de l'Europe ne s'est pas produit, même s'il existe aujourd'hui une vraie coupure économique et sociale entre l'Europe du Nord, tirée vers le haut par l'Allemagne et l'Europe du Sud, tirée vers le bas par la Grèce. L'Européanisation des Balkans est certes loin d'être complète. Ni la Bosnie ni le Kosovo ne peuvent encore se gérer seuls.
Mais si les problèmes qui hantaient cette région persistent, la contribution de l'Europe s'est révélée être décisive et nous donne des raisons de croire encore et toujours à la construction européenne.

L'impossible équation budgétaire de François Hollande

S'il est élu, le candidat PS promet de faire voter avant juillet son projet fiscal prévoyant 50 milliards de hausse d'impôts.
Désormais, ce sera programme contre programme. Nicolas Sarkozy doit présenter jeudi un récapitulatif des mesures qu'il a annoncées depuis le début de sa campagne. François Hollande a publié, de son côté, le calendrier de son projet et précisé l'ordre des premières décisions qu'il prendrait s'il devait être élu. Symbolique, la première mesure de la feuille de route serait la «réduction de la rémunération du chef de l'État et des membres du gouvernement de 30 %». Au bout de quelques semaines, il s'attachera à «redonner du pouvoir d'achat aux Français» (augmentation de l'allocation de rentrée scolaire de 25 %, blocage des prix du carburant…) et à «combattre les injustices» (droit à la retraite pour les personnes ayant commencé à travailler jeune…). Viendra alors le plat de résistance de son programme: une réforme fiscale d'envergure, qui préemptera tous les sujets. Même si toutes les mesures ne pourront pas entrer en vigueur immédiatement, Hollande veut qu'elles soient toutes votées dès l'été, lors la session extraordinaire du Parlement. Au menu: suppression de niches fiscales, modulation de l'impôt sur les sociétés au bénéfice des PME, relèvement de la taxation des revenus du capital au même niveau que les revenus du travail, surtaxe sur les banques et les sociétés pétrolières, tranche d'impôt à 75 % pour les revenus au-dessus de 1 million d'euros, retour au barème de l'ISF… Ce n'est qu'ensuite, à partir de l'automne 2012, que le projet prévoit de se pencher sur la décentralisation, l'embauche des 60.000 fonctionnaires dans l'éducation nationale, la création de la banque publique d'investissement ou encore la négociation avec les partenaires sociaux sur la réforme des retraites.

«Modèle grec»

Au total, la facture fiscale avoisine les 50 milliards d'euros, que le PS décompose de la manière suivante: 29 milliards d'euros sont nécessaires pour réduire le déficit public à 3 % du PIB en 2013 et 20 milliards d'euros de taxes en plus destinées à financer les nouvelles dépenses prévues au programme. Ce montant n'a pas été remis en question par les instituts de chiffrage indépendants. Ce qui n'empêche pas une furieuse bataille de chiffres entre la droite et la gauche! Dans le camp de Nicolas Sarkozy, on dénonce un matraquage fiscal jamais vu. François Hollande prévoit ainsi de relever le taux de prélèvement obligatoire de 1,8 point sur cinq ans, pour les faire passer à 46,9 % en 2017. Un record historique. Dans le camp PS, on balaie la critique, indiquant que «le débat n'est pas de savoir s'il y aura plus d'impôts, mais de savoir qui les paiera». «Les grandes entreprises et les ménages les plus aisés», répond Michel Sapin, en charge du projet présidentiel.
L'autre critique du côté de l'UMP vient du fait que nombre de mesures présentées mercredi par le candidat socialiste ne figuraient pas dans le projet initial… et ne rentrent donc pas dans l'enveloppe de 20 milliards de dépenses jusqu'à présent avancées par la gauche. Ces nouvelles promesses représentent «entre 28,2 et 39,9 milliards» de plus que prévu, a affirmé mercredi la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. Selon elle, le blocage pour trois mois des prix du carburant coûterait notamment 1 milliard d'euros, la réforme de la dépendance 4 milliards, le retour sur la hausse de la taxe sur les mutuelles de santé entre 5,5 et 11 milliards sur cinq ans...
Troisième critique: le PS prévoit des efforts largement insuffisants en matière de dépense publique. «François Hollande a cédé à l'ivresse de la dépense incontrôlée», a ironisé la ministre du Budget, en demandant: «Qui va payer?» Mercredi, le document de François Hollande faisait pourtant état d'un gel d'une partie des dépenses jusqu'à la publication du rapport de la Cour des comptes «pour éviter tout dérapage incontrôlé». Mais pour Valérie Pécresse, le PS «a choisi le modèle grec», celui qui conduira non «pas à l'équilibre en 2017, mais à la faillite en 2015». Le secrétaire général adjoint de l'UMP Hervé Novelli a, lui, considéré que ces mesures constituaient «le signal le plus négatif qui ait été envoyé depuis longtemps à des marchés attentifs et à des agences de notation aux aguets».
Côté Hollande, on parle aussi des «impôts cachés» et des «réductions de dépenses cachées» que prévoit le projet de Nicolas Sarkozy. Michel Sapin l'accuse de préparer un «saccage» de l'assurance-maladie et des services publics en annonçant 70 milliards de dépenses en moins sur le quinquennat. La Fondation Terra Nova, proche du PS, a reproché au candidat UMP de prévoir le «plus important plan de rigueur en France depuis 1945».

Des partenaires sociaux actifs

Si François Hollande est élu le 6 mai, syndicats et patronat  ne vont pas chômer. Dès sa prise de fonction, le candidat socialiste prévoit de les consulter, via  les conseils d'administration de la Cnaf et de la Cnav, sur la hausse de 25 % de l'allocation de rentrée scolaire et le droit de partir à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler à 18 ans  et ayant cotisé 41 annuités, deux mesures arrêtées par décret. Il prévoit d'engager une concertation sur la mise en place d'une caution solidaire afin de permettre aux jeunes d'accéder  à la location. Mais le gros du travail des partenaires sociaux aura lieu mi-juillet, lors de «la conférence nationale pour la croissance  et l'emploi». Objectif? Lancer  les chantiers sociaux des cinq ans à venir en matière d'emploi et  de formation (emploi des jeunes et des seniors, licenciements boursiers, sécurisation des parcours, lutte contre la précarité, égalité professionnelle), de politique salariale (smic)… Les 100.000 premiers emplois d'avenir et le contrat de génération ne seront créés qu'après la rentrée. Tout comme le lancement de  la négociation sur une «réforme globale des retraites» (âge  de départ, pénibilité, financement durable…) qui doit intervenir avant la fin de la première année de mandat de François Hollande.

La «lettre aux Français» de Sarkozy

Ce sera la première conférence de presse du candidat Sarkozy. Un «show» qui doit réveiller cette fin de campagne anesthésiée par l'équilibre des temps de parole. Le président sortant veut nourrir à nouveau le débat, afficher sa maîtrise des dossiers, et défendre la cohérence de son projet. D'autres événements suivront, comme le rassemblement à ciel ouvert, place de la Concorde, le 15 avril - la mobilisation a été lancée dans toutes les fédérations, confirme-t-on à l'UMP. Mais jeudi, Nicolas Sarkozy veut montrer que les propositions faites avant son entrée en campagne, en tant que «président des crises», sont complètes et amplifient celles qu'il a égrenées depuis, en tant que «candidat du peuple». Le candidat de la «France forte» voudra souligner la «solidité» et le «sérieux» d'un projet qui tente de «réconcilier la France du oui et la France du non», selon sa formule.
Il présentera donc une «lettre aux Français», qui insistera davantage sur la philosophie de son projet que sur les mesures concrètes. Le président sortant l'a dit et redit depuis le début de la campagne, il ne veut pas que ce document ferme le ban des propositions possibles. Après la «Lettre à tous les Français» de François Mitterrand en 1988, Nicolas Sarkozy publie donc, lui aussi, «un écrit», à tonalité plus solennelle que personnelle. Il le fait après une campagne très différente de celle de son lointain prédécesseur à l'Élysée, qui était, à l'époque, le grand favori des sondages. Cette lettre devrait être accompagnée d'un deuxième document qui fera l'inventaire de la quasi-intégralité des propositions du candidat-président, depuis la TVA sociale, annoncée le 31 décembre, jusqu'au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux dans les grosses collectivités territoriales, annoncé ce mardi.

«Traits de crédibilité»

Nicolas Sarkozy reprendra en partie l'esprit du discours devant les jeunes, samedi dernier, «qui n'a pas passé la rampe», reconnaît-on au QG de campagne. Il soulignera que son projet est aussi un appel à l'effort collectif, condition de «l'espoir» et du retour de la «confiance». Il insistera sur la nécessité de poursuivre cet effort, et non de l'interrompre, «comme veut le faire le candidat du Parti socialiste, qui propose plus de dépenses publiques et plus d'impôts, dès la première année», souligne son directeur de campagne, Guillaume Lambert.
Certes, rien dans le projet de Nicolas Sarkozy ne va aussi loin que l'Agenda 2010 décidé par l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder en 2003. Ni «travailler plus en gagnant moins», qui fut la condition du retour de la compétitivité allemande, ni diminution drastique des indemnités chômage - même si la réforme de la formation professionnelle que Sarkozy veut soumettre au référendum y ressemble un peu. Mais le président estime qu'il va aussi loin que possible dans cette direction, dans un contexte économique beaucoup plus fragile.
Depuis le début de la campagne, c'est sur la crédibilité de son projet que Nicolas Sarkozy veut être jugé face au favori, François Hollande. Il sait que les «traits de crédibilité» jouent désormais en sa faveur dans les sondages qualitatifs. «Le mois de mars a été très bon pour Sarkozy de ce point de vue», estime son entourage. «C'est la première fois qu'il est jugé mieux placé qu'Hollande pour incarner l'unité nationale», note un sondeur proche du chef de l'État, qui y voit la marque de «l'effet Toulouse». Un «effet» qui «a contribué à démoder l'antisarkozysme ambiant», estime-t-il, notamment «chez les 15 % de gens qui refusent encore de se prononcer pour le second tour».
Le moment est donc venu d'accuser encore le contraste entre le projet Hollande et le projet Sarkozy. La publication longtemps attendue du document de campagne du président-candidat est censée y contribuer. Pas au point non plus de bouleverser la donne. «Ce sera peut-être un événement pour la presse, mais pas pour les Français. Désormais, pour eux, l'événement, ce sera le duel du deuxième tour», nuance un conseiller. Car tout le suspense tient dans cette guerre des stratégies: «Soit Hollande réussit à jouer de l'antisarkozysme jusqu'au bout, et nous sommes cuits, soit ça se transforme en duel, et là il est perdu», résume un proche du président.

La montée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages

La remarquable percée de Jean-Luc Mélenchon bouleverse la donne, non pas seulement pour le premier tour de la présidentielle, mais surtout pour le second, et, plus encore, pour les législatives.
Notons d’abord que cette remarquable percée tient à trois facteurs. Le premier est évidemment l’excellente campagne de l’archéo-marxiste : ses qualités de tribun, appuyées sur le toujours efficace appareil militant (payé par nos impôts !) du Parti communiste, font merveille. Le deuxième facteur est extrinsèque : il tient à la fadeur de la campagne de François Hollande. Ce dernier est tellement focalisé sur son objectif d’apparaître au-dessus des partis, pour réussir au second tour, qu’il abandonne tout le champ du débat strictement partisan, laissant les électeurs de gauche en déshérence. Enfin, le score annoncé de Mélenchon tient aussi au fait que les sondeurs, les médias, et tout le « microcosme », préfèrent voir Mélenchon que Marine Le Pen en « troisième homme ».

À ce propos, avez-vous remarqué que, chaque fois que Marine Le Pen passe à la télévision, on lui oppose un économiste pour démonter point par point son programme, tandis que le programme complément délirant du Front de gauche ne fait jamais l’objet de la moindre critique ?
Toute la question, pour le deuxième tour, réside dans le report des voix.

Or, plus le score de Mélenchon est haut et plus le report des voix se fera difficilement sur Hollande. Inversement, plus le score de Marine Le Pen est bas et plus le report des voix se fera correctement pour Nicolas Sarkozy. Car ces deux candidats disposent chacun d’un bloc d’électeurs fidèles, auquel s’ajoutent les électeurs « protestataires » qui voteront pour le mieux placé des candidats « anti-système » – et se reporteront donc difficilement sur Hollande ou sur Sarkozy.

Mais le pire est à venir pour le PS. Les Verts, avec qui il avait établi une alliance prioritaire (pensant en avoir fini avec le PC), ont négocié 60 circonscriptions, alors qu’Éva Joly plafonne à 2 % d’intentions de vote, loin derrière Mélenchon. Or, ces circonscriptions sont souvent détenues par des députés communistes. Il est évident qu’avec un Mélenchon à 12 %, le PC réclamera non seulement « ses » circonscriptions, mais aussi quelques autres. Les négociations s’annoncent rudes après le 22 avril.

Et un scénario se profile, qui n’est plus impossible (si Hollande est battu le 6 mai et que Mélenchon dépasse 12 % le 22 avril) : l’implosion du PS et la recomposition de la gauche…

L’année dernière, Chirac avait déclaré vouloir voter pour Hollande ! Bernadette Chirac a bien repris la main…

Le suicide d'un retraité dans les rues d'Athènes bouleverse la Grèce

Le suicide d'un septuagénaire qui s'est tiré une balle dans la tête en pleine rue d'Athènes a suscité l'émoi des Grecs, qui ont spontanément manifesté sur les lieux du drame et fait réagir l'ensemble de la classe politique face à une manifestation du "désespoir" amené par la crise.
Le pharmacien à la retraite âgé de 77 ans a mis fin à ses jours à quelques mètres du Parlement grec, sur une pelouse de la place Syntagma, théâtre depuis deux ans des manifestations contre l'austérité draconienne imposée au pays.

Une lettre manuscrite a été découverte dans une des poches de la victime, a indiqué la police, qui a refusé d'en dévoiler le contenu. Selon les diverses versions avancées par les médias, il y accusait le gouvernement de l'avoir privé de ressources, l'assimilant à l'exécutif mis en place par les occupants nazis en 1941. Le retraité était par ailleurs atteint d'un cancer du pancréas, selon une source policière.
Mobilisées via les réseaux sociaux, environ un millier de personnes a afflué sur les lieux du drame en début de soirée. Au pied d'un cyprès, elles ont déposé des bouquets de marguerites ou d'anémones, des cierges et des dizaines de messages manuscrits appelant notamment "au soulèvement du peuple". "Soulevez-vous, son sort sera le sort de nous tous", "Que cette mort soit la dernière de citoyens innocents. J'espère que les prochaines victimes seront les politiciens traîtres", pouvait-on lire sur ces notes.
La plupart des manifestants, silencieux et émus, refusaient de parler aux médias mais certains scandaient le mot "Assassins". La police a bouclé l'avenue longeant le Parlement. Le drame est intervenu peu avant 9 heures locales (8 heures à Paris), à l'heure de l'ouverture des bureaux et commerces.
"Il est tragique qu'un de nos concitoyens ait mis fin à ses jours. Dans ces moments difficiles pour notre société, gouvernement et citoyens, nous devons soutenir les gens qui se trouvent dans la détresse", a indiqué le premier ministre, Lucas Papadémos, dans un communiqué.
Le porte-parole du gouvernement, Pantélis Kapsis, a souligné que "les circonstances précises" de cette "tragédie humaine" n'étaient pas encore connues. Selon les médias, plusieurs témoins ont entendu l'homme crier qu'il ne voulait pas léguer de dettes à ses enfants, sans que la police ne confirme ce récit.
AUGMENTATION DES SUICIDES
Plusieurs études ont rendu compte ces derniers mois d'une augmentation des dépressions et suicides en Grèce, où la crise économique et sociale a fait bondir le taux de chômage, chuter salaires et retraites, paupérisant des pans entiers de la population. A l'image de ses voisins du Sud, la Grèce affiche toutefois un taux de suicide beaucoup plus bas que les pays du nord de l'Europe.
Alors que des élections législatives anticipées sont attendues début mai dans le pays, ce drame a fait réagir l'ensemble de la classe politique, qui y voit le signe du "désespoir" et de "la dépression" de la population grecque. "Je suis ébranlé, malheureusement ce n'est pas la première victime, nous avons un taux record de suicides. Il faut faire sortir les Grecs du désespoir", a déclaré Antonis Samaras, chef de Nouvelle Démocratie (conservateur), en tête dans les sondages.
"RÉFLÉCHIR À LA SITUATION DU PAYS"
De son côté, le Parti communiste a appelé "les coupables et les responsables du désespoir du peuple grec à se taire devant les résultats abominables de la crise capitaliste".
Plus mesuré, Evangélos Vénizélos, chef des socialistes du Pasok, parti majoritaire dans le gouvernement de coalition et artisan du deuxième prêt international accordé récemment au pays, a estimé que "les commentaires politiques n'ont pas leur place après cet incident choquant", ajoutant : "Il faut réfléchir à la situation du pays et faire preuve de solidarité et de cohésion."
En Italie, également sous le coup d'une sévère cure d'austérité, un maçon poursuivi pour fraude fiscale à Bologne et un Marocain de Vérone qui n'était plus payé depuis des mois se sont immolés par le feu la semaine dernière.

Heureusement, il nous reste le strudel

Après la chute du communisme, Prague, Varsovie, Budapest puis Bratislava se sont unis dans le groupe dit de Visegrád. Objectif : recréer l’esprit qui les unissait au Moyen-Age pour intégrer l’Ouest et peser politiquement. Mais aujourd’hui, elle semble suivre des chemins de plus en plus séparés. 

Réfléchissant à ce qui peut bien unir aujourd’hui la République tchèque, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie, une seule idée m’est venue en tête, en forçant un peu le trait : quelques couches de pâte feuilletée parfumée, enrobées de pommes, de cannelle et de raisins secs. C’est l’un des secrets des grands-mères de Prague, de Bratislava, de Cracovie et de Pest.
Rares aujourd’hui sont les personnes capables d’indiquer sur une carte le lieu exact [Visegrád, en Hongrie] où se sont rencontrés, en 1335, les rois de Pologne, de Bohême et de Hongrie. Il y a 21 ans, le Groupe de Visegrád [qui réunit la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie] était constitué en grande pompe.

Difficile de leur trouver un dénominateur commun

Ses Etats membres partageaient un passé, une orientation pro-Europe occidentale et une aspiration à un sentiment de sécurité garanti par une appartenance à l’OTAN.
Si les quatre pays ont depuis adhéré aux structures occidentales, il semble, avec le temps, toujours plus difficile de leur trouver un dénominateur commun.
De nombreuses entreprises supranationales ne font plus de différences entre l‘Ouest et l‘Est de l’Europe. Il arrive ainsi parfois que Prague se trouve soumise à Londres ou qu’Istanbul prenne le contrôle de Budapest. Les banques ont installé leurs sièges régionaux à Vienne.
La Pologne prétend, de droit, égaler politiquement la France en termes de taille et d’importance. Chez nous [en République tchèque], on lorgne plutôt outre-Manche.
Quant au rêve [slovaque] d’une "nouvelle Suisse", il s’évanouit, entre autres raisons parce que dans les forêts profondes des Alpes vous ne courez pas le risque de tomber sur les traces d’un Gorille [scandale politique récent de grande ampleur].
Les difficultés que rencontre aujourd’hui l’économie hongroise ne portent pas vraiment les investisseurs à l’optimisme en ce qui concerne les marchés financiers des pays voisins.

Les enfants tchèques ne comprennent plus le slovaque

L’identité centre-européenne se dilue de plus en plus dans le fameux creuset de la culture globalisée. Les nostalgiques du passé, du temps où l’allemand constituait la lingua franca régionale, sont obligés de constater qu’aujourd’hui, dans les stations de ski autrichiennes, Hongrois et Slovaques commandent "two small beers".
Désormais, les enfants tchèques ne comprennent plus le slovaque, la langue ayant déserté les médias [tchèques]. Et vous [lecteurs tchèques], quand précisément êtes-vous allé voir le dernier film polonais ou hongrois sorti sur les écrans ?
La rencontre des trois rois à Visegrád, en 1335, avait notamment pour visée la création d’une coalition anti-Habsbourg. L’actuel Groupe de Visegrád euroaméricain n’a pas d’ennemi commun. Qu’il vienne discrètement à disparaître, personne ne le remarquera. Reste seulement à espérer que le strudel, au moins, saura survivre aux épreuves du temps.