TOUT EST DIT

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vendredi 22 mars 2013

Laisser sa trace…

Laisser sa trace…


Dans un contexte pourtant dramatisé par l'incertitude sur l'exécution d'un otage français au Mali et la démission de Jérôme Cahuzac, on devinait qu'il ne fallait rien attendre de ce débat sur la motion de censure, hier à l'Assemblée. De fait, il n'y a eu ni censure, ni émotion. On savait bien qu'il s'agissait d'abord d'un exercice théâtralisé à usage politicien purement interne. À droite comme à gauche, il fallait donner l'image d'un rassemblement solidifié derrière un « vrai » chef. On ne vous surprendra pas en disant que l'affaire s'est soldée par un match nul, parce que Jean-Marc Ayrault et Jean-François Copé n'ont jamais combattu sur le même terrain.
Pendant que Jean-François Copé prononçait un vigoureux réquisitoire contre les fautes du présent, Jean-François Ayrault insistait en défense sur l'héritage du passé sarkozyste. Exercice stérile laissant mal augurer d'un compromis historique avec tous les Français. Ce qui est sûr, c'est qu'on voit bien ce que veut Copé, sans être certain que cela ravisse tout le monde à l'UMP, et qu'on n'est pas plus rassuré pour Ayrault quand il prétend qu'il sait où il va. Sans dire comment.
Car, bien sûr, ce que l'on attendait avant tout, c'était une affirmation de la personnalité et de l'action du Premier ministre. Cette motion de censure lui offrait une deuxième chance. Malheureusement, il a prononcé hier un discours de politique encore plus générale que le premier, se contentant de marteler, en essayant de forcer le ton, quelques poncifs.
Mais pouvait-il en aller autrement ? Comment pouvait-il faire preuve d'audace et se réserver quelques effets d'annonce, une semaine avant que François Hollande ne s'adresse au pays à la télévision ? Jean-Marc Ayrault ne pouvait se permettre d'affadir la parole présidentielle. Quoi qu'on puisse dire, Jean-Marc Ayrault est victime, lui aussi, du syndrome du « collaborateur ». À marcher fidèlement dans les pas de Hollande, il ne laissera aucune trace.

Abus de faiblesse… démocratique

Abus de faiblesse… démocratique


Cruel revers du destin pour Nicolas Sarkozy. Lui qui fut si souvent accusé d'abus de pouvoir pendant son mandat se retrouve aujourd'hui mis en examen pour abus de faiblesse. Auditionné hier à Bordeaux dans la plus grande discrétion par le juge Gentil, et confronté à plusieurs témoins, Nicolas Sarkozy se retrouve englué dans l'éventuel financement de la campagne de 2007 par Liliane Bettencourt. On vous fera grâce de l'habituel refrain sur la présomption d'innocence. Sans préjuger de l'avenir, la mise en examen de celui qui était encore chef de l'Etat il y a 10 mois constitue un séisme.
On veut croire que le juge Gentil n'a pas pris à la légère une décision aussi symboliquement lourde. L'inhabituelle convocation de plusieurs membres du personnel de Liliane Bettencourt à la confrontation d'hier, montre que le pugnace juge bordelais éprouvait le besoin de lever des doutes. Sans doute n'a-t-il pas été convaincu par les « certitudes » réitérées de Nicolas Sarkozy.
En l'état actuel des informations, les commentaires ne peuvent guère porter que sur les graves déboires de notre démocratie. Le procès de Jacques Chirac avait constitué une pitoyable première sous la V e République. L'indulgence était venue du grand âge et de la santé défaillante de l'accusé. Dans le cas présent, une traduction en correctionnelle de Nicolas Sarkozy serait autrement spectaculaire.
Parce que Nicolas Sarkozy reste un personnage présent dans notre vie politique, parce que ses amis (et lui-même) entretiennent l'espoir de son retour au pouvoir, c'est un coup d'arrêt à cette comédie qui vient d'être donné. N'empêche que deux jours après la démission de Jérôme Cahuzac, la France offre un triste spectacle. Notre démocratie bonasse ne parvient décidément pas à se montrer exemplaire et rigoureuse. Au fond, c'est surtout notre pays qui est victime d'un abus de faiblesse… démocratique.

Carambar veut arrêter ses blagues, les consommateurs se mobilisent

La célèbre marque de bonbons, rachetée par Kraft Foods en 2010, a annoncé la fin de ses célèbres blagues écrites sur leur emballage. Une information qui fait réagir journaux et consommateurs sur internet... à une dizaine de jours du 1er avril.

"Carambar, c'est du sérieux". Finis les blagues, désormais, Carambar inscrira de petits quizz ou des problèmes mathématiques "ludo-educatifs" sur les emballages de ses caramels et autres bonbons, a confirmé le groupe jeudi.
Depuis quelques jours, la marque préparait le terrain. "Le changement c'est bientôt" est-il écrit sur sa bannière facebook, une référence au slogan de campagne de François Hollande. Le 20 mars, le compte Twitter de la marque annonçait "une annonce capitale"... avant de retweeter une blague Carambar.
Dans une vidéo d'un prochain spot télé, le groupe montre ainsi un carambar en maître d'école pas commode demandant comment s'écrit "échalote". Une vidéo qui a de quoi faire pleurer.
"On veut donner un coup de fouet à la marque et on était beaucoup critiqué sur la qualité de nos blagues", a expliqué à l'AFP une porte-parole de Carambar. Ces bonbons ont été créés en France en 1954 et qui ont commencé à faire des blagues en 1969.
"Carambar perd son sens de l'humour", "la fin d'une institution", "fini de rire chez Carambar". Vendredi matin, les journaux ne comprennaient pas la stratégie marketing.
"Sans blague ?"
Et les consommateurs montraient leur déception sur la page facebook sur groupe. "Plus de blagues et bien PLUS D'ACHAT", "sans blague...!", "c'est tout un monde qui s'écroule", "un moment de légèreté disparaît", "non seulement vous extrayez les dents des personnes 'd'un certain âge' mais maintenant vous leur retirez leurs derniers souvenirs d'enfance", "Allô quoi ! T'es un Carambar et t'as pas de blagues ? Non mais allô quoi !"...
Il se vend environ un milliard de Carambar dans le monde chaque année, et la France en est le principal consommateur. La marque, rachetée par Kraft Foods en 2010, a dégagé un chiffre d'affaires annuel de 54 millions d'euros en 2012, en hausse de 3,5% sur un an.
Vers un "Carambar run" ?
Certains envisagent cependant la blague ou au "coup de com'". Rappelons que dans une semaine arrive... le 1er avril. La fin des blague étant prévue pour le 15 avril, faut-il s'attendre à une ruée de consommateurs sur les rayons d'éventuels derniers Carambar blagueurs ?

Misère de la lâcheté

Misère de la lâcheté


Etrange climat toujours… Ce matin, à l’heure de plus grande écoute, la radio nous bassine longuement avec un recueil de lettres de parents d’élève à des professeurs, puis la manière dont les joueurs de football chantent ou ne chantent pas la Marseillaise. Zidane l’aurait entonnée, paraît-il, à tel match tant il était ému. Quant à Platini, nous est-il révélé, comme un secret d’Etat enfin dévoilé, il l’aurait susurré une fois dans sa vie… Et franchement, qu’est-ce que cela peut bien nous faire? Nous venons d’apprendre ce matin que la banque centrale européenne organise le blocus monétaire de Chypre pour que l’île accepte son plan de prélèvement impératif sur les comptes bancaires, menaçant ainsi le pays d’effondrement économique. Comment cela s’appelle-t-il? Un coup de force, sur un mode « non violent ». Autrefois, on appelait cela « doctrine de la souveraineté limitée. » Priver un Etat de liquidités, n’est-ce pas aussi efficace que lui envoyer une division blindée? Les politiques de droite et de gauche sont muets face à un événement de cette ampleur, comme sous l’effet d’une terreur indicible, celle de rompre avec  la ligne officielle. La BCE appliquerait-elle les mêmes méthodes à l’Allemagne par exemple? J’en doute,  elle préfère s’en prendre à un tout petit pays. Lâcheté, quand tu nous tiens… Mais jusqu’où pensent-ils pouvoir aller ainsi?

Tous à Paris le 24 mars !

Tous à Paris le 24 mars !


Le pouvoir a peur. Peur des braves gens, peur de ceux qui ne cassent rien – et qui d’ailleurs n’acceptent pas que l’on cherche à casser, à détruire les fondements même de la société en dénaturant le mariage. Par une ordonnance de référé rendue mercredi en fin d’après-midi, le tribunal administratif de Paris a refusé de suspendre la décision du préfet de Paris d’interdire que la Manif pour tous se déroule sur les Champs-Elysées. Le pouvoir sait qu’« au-dessus d’un million de personnes dans la rue, le pouvoir vacille ». Mitterrand le disait ; Hollande a fait mine de l’ignorer, un certain 13 janvier.
Et aujourd’hui, alors que la mobilisation va croissant pour la manifestation de dimanche, l’exaspération s’est ajoutée au refus d’un projet nihiliste. La France n’a pas baissé la garde. Pas un jour ne passe sans une manifestation, un déploiement de banderoles sur un monument, un pont, un viaduc. Mercredi soir, devant le Panthéon, des centaines de personnes vêtues de noir et portant une rose à la main ont enterré la démocratie. Lancée sur Facebook, l’initiative prenait acte du refus d’entendre ce que les Français ont à dire sur une question fondamentale pour la société :
« A l’heure où la passion effrénée de l’égalité traverse le code civil au nom de la République, dans la quasi-indifférence médiatique et politique, la démocratie s’est amputée de la liberté de manifester. Ses obsèques font suite à trois mois de martyre pendant lesquels tous les prétextes furent bons pour lui porter le fer. »
L’exaspération, la colère devant la réduction à rien du message d’un million de personnes dans la rue, de la démarche qui a conduit 700 000 personnes à saisir le CESE pour voir balayés leur inquiétude et leur refus : Hollande et son gouvernement ne peuvent pas ne pas les ressentir, et la réponse du pouvoir, à travers une froide ordonnance, montre que le mépris s’ajoute à la peur.
Peur de ces militants qui ont parlé sur les réseaux sociaux de planter leur tente sur les Champs. Peur de les laisser s’approcher de l’Elysée. Peur d’entendre, un peu trop fort, ces mots qui devront se répéter sans états d’âme dimanche : « Hollande, démission ! »
On ne laisse pas en place, on ne laisse pas continuer de nuire un gouvernement qui montre autant d’hostilité à l’égard du bien commun et autant de dédain vis-à-vis des forces vives – et pacifiques – du pays : les familles, les honnêtes gens, les gens braves. Cette manifestation, par son objet, est hautement politique – non pas partisane, comme le rappelait Bernard Antony mercredi soir sur Radio Courtoisie, mais bien politique puisqu’il s’agit d’obtenir le retrait du projet Taubira et de prendre acte, politiquement, de l’attitude du pouvoir.
Aux dernières nouvelles, le rendez-vous de dimanche est reporté avenue de la Grande-Armée, dans l’axe des Champs-Elysées. Nous y serons. Nous y serons tous. Déterminés. Une « Grande Armée » de grognards qui ne part pas à l’aventure pour d’impossibles conquêtes mais qui défendra, le sachant ou ne le sachant pas, notre droit d’être nous-mêmes, des hommes et des femmes (aujourd’hui il faut préciser !) créés à l’image de Dieu et riches de la loi qu’il a inscrite dans la nature. Suivez www.lamanifpourtous.fr pour toute précision.
Vendredi soir, des veillées de prière émailleront la France, à l’issue d’une journée de jeûne et de prière pour la France et la famille. Rendez-vous et inscriptions sur www.tousenpriere.com.

Rémunération des patrons, dérives bancaires, emplois précaires : toutes ces maladies du capitalisme auxquelles on apporte des réponses à côté de la plaque

Alors qu'un projet de loi pourrait être présenté "avant l'été" sur les salaires des patrons du privé, les mesures adoptées risquent, une fois de plus, d'être à côté des réalités économiques et politiques.

Najat Vallaud-Belkacem a précisé "le dépôt d'un texte de loi avant l'été dans lequel il s'agira de mettre fin à un certain nombre de pratiques et d'introduire de la transparence dans la rémunération". Que penser des mesures traditionnellement privilégiées par les gouvernements français successifs sur cette question de la rémunération des dirigeants et plus globalement sur celles s'adressant aux dérives du capitalisme ?

Gilles Saint-PaulL'approche suivie est essentiellement politique. Les hommes politiques veulent montrer à leur électorat qu'ils contrôlent l'économie. Plutôt que de faire des réformes qui renforceraient la démocratie actionnariale, ils prétendent s'immiscer dans la gestion des entreprises en imposant des plafonds de rémunération au mépris de la liberté contractuelle. Par ailleurs il est abusif d'incriminer les rémunérations et autres bonus comme étant responsables de la crise. Ces méthodes ne sont qu'une courroie de transmission entre l'entreprise et ses employés. Si une banque structure ses rémunérations de façon à inciter à la prise de risque, c'est parce que cette prise de risque lui permet de gagner de l'argent. Mais pour les politiques il faut des mesures visibles et payantes électoralement. D'où la tendance à "réclamer des têtes" et aux postures autoritaires même si celles-ci sont vaines, comme on le voit avec les gesticulations d'Arnaud Montebourg.
Bruno Bertez : A partir de quels critères, l'Etat jugerait-il de ce qui est exagéré et de ce qui ne l'est pas ?  Nous avons tous une idée de la justice sociale, nous avons tous l'intuition de ce qui est excessif, mais seul le corps social, dans son ensemble peut approcher, de façon floue ces questions. Les socialistes confondent le corps social avec leur clientèle et c'est une approche envieuse qui fausse toute leur politique. Il faut ajouter que ces notions de justice sociale et d'inégalités sont évolutives selon l'époque et selon les situations économiques. Le curseur se déplace sans cesse.
Jean-Yves Archer : Depuis quinze ans la rémunération des dirigeants des grandes entreprises a fait l'objet d'une hausse importante qui n'a aucune commune mesure avec les évolutions salariales des collaborateurs de rang modeste ou même des personnels d'encadrement. A titre d'illustration, les stocks-options étaient une idée pertinente qui permettait de mieux motiver les managers dans l'intérêt commun des actionnaires. Hélas, le système a été dévoyé et des pratiques très abusives ont eu lieu. Souvenons-nous des poursuites judiciaires engagées contre l'ancien Président de Vinci, Monsieur Antoine Zacharias, pour abus de biens sociaux. ( 2010 ).
Autrement dit, il fallait mieux encadrer, par la loi, cette question des rémunérations là où on a laissé des cas surprenants se développer. Un exemple ? lorsque Suez a absorbé Gaz de France, son Président ( soumis à des plafonds de rémunération dans le public ) a été considérablement augmenté : pour les mêmes fonctions, dans le même bureau, avec les mêmes compétences. Tant mieux pour l'intéressé, tant pis pour l'éthique des affaires prônée par Olivier Lecerf ou Bertrand Collomb ( Lafarge ).
Sur la régulation bancaire et boursière, notre pays devait travailler à l'aboutissement prochain de la Directive Liikanen plutôt que d'adopter une législation d'ordre cosmétique qui ne pare nullement le risque systémique.
Concernant la précarisation des emplois, c'est une tendance occidentale depuis que la mondialisation oblige nos entreprises à se battre sur le terrain de la compétitivité. Des dizaines d'auteurs ont démontré que l'Allemagne remporte des succès grâce à des éléments hors-prix de sa compétitivité ( fiabilité, qualité, ponctualité des livraisons, innovation incorporée, etc ).

Pourquoi ne permettent-elles pas de régler les problèmes ? Est-ce une défaillance dans l'approche qui fait qu'on ne s'attaque jamais au cœur du problème ?

Gilles Saint-Paul : Les partis politiques des deux bords pensent qu'une approche pédagogique de ces questions est vouée à l'échec. Cela témoigne d'une sorte de mépris envers l'électorat et conduit à une situation contradictoire où les discours populistes côtoient un soi-disant réalisme économique. Il en résulte bien entendu une paralysie du système.  
Bruno Bertez : Le phénomène majeur responsable du gonflement des salaires des dirigeants est la financiarisation et la prédominance, la priorité donnée au financier. Comme la dérive financière gonfle la valeur des actifs et des entreprises, les managers réclament à juste titre une partie de l'enrichissement des actionnaires.
Il faut que la plus grande part des salaires, celle qui correspond à une création de valeur soit payée non par l'entreprise mais par les actionnaires eux-mêmes. La majeure partie des salaires élevés s'analyse comme une participation à l’enrichissement du capital. Pour régler un problème  il faut en connaitre les causes, il faut être radical, chercher et trouver ce qui est à l'origine de la dériveCe qui est à l'origine de la dérive ce n'est pas la consanguinité dans les Conseils, encore que ceci soit vrai dans le système bancaire, non, l'origine de la dérive c'est l'argent facile. Si l'argent était moins facile et si l'équilibre entre l'offre et la demande de dirigeants se modifiait, le problème se résoudrait de lui-même.
La manne pour payer les manager s'alimente dans le marché financier et le marché financier s'alimente dans la mer des liquidités ; voila la cause des rémunérations excessives. C'est la même chose pour les footballeurs, si il n'y avait pas à se partager la manne publicitaire d'un marché pervers et dysfonctionnant, il n'y aurait pas de question de primes et salaires excessifs. Nous marchons sur la tête. La surabondance monétaire, l’excès de capital rendent les managers rares et donc chers, tandis qu'elle rend les travailleurs pléthoriques et donc conduit à leur bradage, dévalorisation.
Jean-Yves Archer : A cette question, on se doit d'apporter une réponse plurielle. Oui, le pouvoir exécutif élude parfois la complexité des situations. Dans le cas de la séparation de certaines activités bancaires issue de la loi récente, cela n'a guère de sens dans la mesure où les activités à risque resteront filialisées. Or les amateurs de jurisprudence ( Chambre commerciale de la Cour de cassation ) savent depuis des années qu'une société-mère peut être appelée en comblement de passif d'une filiale en déconfiture. Où est la cohérence ? Où sera la pertinence ?
Pour les rémunérations, tout le monde a cru dans les Chartes issues des travaux de Monsieur Viénot puis Bouton. Peine perdue, la cupidité a continué à prospérer. Etait-il compliqué d'introduire des coefficients ( de type homothétique ) pour ce qui concerne l'évolution des rémunérations des dirigeants ? Etait-il compliqué de donner davantage de sonorité au rapport annuel sur les rémunérations ( article L 225-102-1 du Code de commerce ) qui est soumis à attestation des commissaires aux comptes ( décret de 2006 : 2006-1566, article 5' ) ?
Des textes existent et sont trop souvent lus ou utilisés de manière digne d'un confessionnal.
Comment expliquer ce décalage entre les solutions politiques proposées et la réalité économique et sociale ? Où se situent les blocages ?
Bruno Bertez : Comme la priorité à la finance sacrifie le long terme,  le vrai fonds de commerce, l'harmonie dans l'entreprise, le dirigeant est perçu comme illégitime, comme un prédateur. Il faut cesser la priorité au jeu financier,  à la spéculation. On fait tout le contraire puisque la pseudo sortie de la crise se résume à alimenter la spéculation en argent illimité et gratuit. Ceci accroît les inégalités, et .... le chômage car il faut rentabiliser tout ce faux capital. Donc il faut délocaliser, mettre au rebut, forcer la productivité. Et le pire est que l'on surpaie le dirigeant pour sa capacité à être "dur" !
Jean-Yves Archer : Ce décalage existe et va croissant selon notre approche. Il pose une question de formation des élus, de leurs nombres au plan parlementaire et surtout de la capacité du politique à réaliser de véritables auditions en commission parlementaire. Si le rapport du Sénateur Marini de 1996 a connu un certain succès quant à la réforme du droit des sociétés, c'est parce que les élus ont reçu les meilleurs spécialistes et les ont écoutés.
Il est regrettable de voir des propositions de lois parfois aussi déconnectées du terrain.

Quel rôle jouent les corporations, les réseaux, les grandes écoles... dans ce constat ?

Gilles Saint-Paul : De par l'omniprésence de l'Etat, les grandes entreprises se trouvent dans une situation de promiscuité envers ce dernier. Les réseaux corporatistes ne sont que le vecteur de cette promiscuité et constituent une méthode efficace pour la mettre en oeuvre. Il en résulte des échanges de bon procédés entre l'Etat et les grandes entreprises. Le premier fait preuve de laxisme en tant que régulateur et fait des cadeaux législatifs aux lobbies (lois Galland,etc). Les secondes savent être aux ordres à l'occasion (pantouflage de hauts fonctionnaires, choix d'investissements influencés par des critères politiques, etc). La banque publique d'investissement et les partenariats public-privé sont les formes les plus récentes de cette promiscuité.
Bruno Bertez : Les blocages sont intellectuels, ils se situent au niveau de la réflexion. Plus personne ne pense, il n'y a plus de débat, pas plus chez les politiques que chez les patrons et les syndicats. L'enrichissement facile a discrédité la pensée. On se contente des outils tout prêts de l'opinion, du sens commun, des apparences, des sondages.
Les blocages sont partout et surtout dans l'absence de sanction de l'inefficacité. Pourquoi changer si on peut réussir sans se fatiguer, sans se remettre en cause ? Il est évident que tout est organisé pour perpétuer la facilité, l'absence de sanction. Le marché des dirigeants est cartellisé, c'est le copain-copain, le népotisme, mais cela ne concerne que le franco-français, sur le marché ouvert à l'international cela ne joue pas. Réfléchissez  si vous rendez le marché des dirigeants plus fluide, transparent, moins inefficace alors, vous verrez, une grande partie des anomalies disparaître.
Jean-Yves Archer : Ce rôle est inhérent à la démocratie parlementaire mais il faut ouvrir les yeux : des excès mortifères éclatent ici ou là. Songez que sur 6000 banques opérant dans l'Union, seules 250 vont être supervisées par la BCE ( accord du 13 décembre 2012 ) alors que bien évidemment la vocation d'une banque centrale en " zone monétaire optimale " chère à l'économiste Mundell est de disposer d'un vrai pouvoir de supervision. Les lobbys qui sévissent à Bruxelles ont fait leur besogne.
La tradition française d'intervention systématique de l'Etat (quitte parfois à protéger des secteurs entiers) joue-t-elle une part de responsabilité dans cette incapacité à proposer des solutions adaptées et efficaces ?
Bruno Bertez : L'intervention de l'Etat se manifeste à beaucoup de niveaux, elle est complexe. Il donne le mauvais exemple de l'inefficacité et du cartel par le pantouflage dans le privé, par le reclassement du personnel politique au chômage etc. Tout ce qui fournit un revenu sur un titre, sur une carte de visite plus que sur une compétence dépend en effet plus ou moins de l'Etat. Le meilleur exemple était récemment Anne Lauvergeon qui a coûté très cher à Areva.
Tout ce qui survit, malgré son inadaptation et son gaspillage contribue aux inégalités. Par définition pourrait on dire : tout ce que les uns ont induement d'autres en sont injustement privés. La fonction de plus en plus nette, on le voit chaque jour, de l'Etat est de fausser, refuser les valeurs de marché, le jeu des prix; dans un tel système c'est le plus puissant qui gagne celui que a le plus de poids social et relationnel. Le PDG de Renault, on l'a vu récemment, a un poids et un pouvoir de chantage élevé. D'autant plus élevé qu'il y avait le repoussoir de Peugeot qui fonctionnait à plein.
Gilles Saint-Paul : Personnellement je pense que l'Etat devrait se cantonner à son rôle essentiel de garant des contrats privés et des droits de propriété. Certains des problèmes que vous citez (rémunération des dirigeants) sont des faux problèmes. D'autres (précarité) résultent de l'excès de réglementation du marché du travail, qui joue au détriment des nouveaux entrants. Définir un cadre concurrentiel équitable serait un grand pas en avant, mais les politiques suivies tendent au contraire à verrouiller les rentes héritées des situations passées.
Jean-Yves Archer : Je ne crois pas qu'un Etat impécunieux et géré comme le nôtre soit en mesure de protéger " des secteurs entiers ". En revanche, il a une responsabilité évidente dans l'insoutenable instabilité juridique et fiscale qu'il impose à la sphère productive.

Quelles seraient les solutions vraiment efficaces ?
Bruno Bertez : Les solutions coulent de source :
  •  Cessez l'argent facile

  • Stoppez la priorité à la finance bancaire

  • Reconstruisez un marché financier fondé sur l'épargne et l'investissement au lieu du couple maudit que forment le crédit et la spéculation

  • Faites fixer les salaires par les assemblées d'actionnaires. Rendez le tout totalement transparent

  • Fixez les intéressements non pas à l'année, mais sur un cycle complet des affaires, au minimum 5 ans par exemple

  • Donnez aux commissaires aux comptes plus de pouvoirs et de rémunération afin qu'ils éclairent, pour tous les intervenants, la vraie marche de l'entreprise

  • Obligez les comités d'entreprise à se former, à devenir de vrais interlocuteurs ...

Jean-Yves Archer : S'agissant de la rémunération des dirigeants, il faut établir un seuil à partir duquel cette charge n'est plus déductible pour l'entreprise et affecte directement son résultat. Autre piste plus polémique, le vote par les actionnaires.
Concernant la régulation bancaire, il faut totalement séparer les activités et des chercheurs américains ont établi que c'est crédible. Pour les bonus des traders, ce n'est pas tellement le montant qui compte ( combien coûte le talentueux Zlatan ? ), c'est l'exposition aux risques qu'un trader peut faire courir à une institution financière.
Pour la précarisation de l'emploi, les grandes entreprises sont tenues de fournir un bilan social qui pourrait être rapproché des données sectorielles établies par l'INSEE. De cette comparaison, l'Etat pourrait déduire les comportements abusifs où l'argument de la compétitivité est un passe-partout de commodité.
S'agissant de l'emploi dans les PME, il ne m'apparaît aucun dispositif vraiment satisfaisant pour lutter contre cette peur collective de la précarisation.