Deux ans après l’anaphore de François Hollande, il ne reste rien de toutes les promesses prononcées ce jour-là. Sinon un monarque abandonné par tous.
Moi président, j’avais déclaré que je ne serai pas le chef de la majorité et que je ne recevrai pas les parlementaires à l’Élysée. Bien sûr, je n’ai pas respecté cet engagement et je n’ai jamais pensé ce que je disais. C’est pour cela qu’après avoir nommé l’incapable Harlem Désir, Rue de Solferino, je viens de demander au trotskiste Jean-Christophe Cambadélis de reprendre en main le Parti socialiste.
Moi président, je n’ai pas traité mon premier ministre de collaborateur. Mais j’en ai fait le personnage le plus inutile de la République. J’ai saboté sa réforme de la fiscalité afin de l’affaiblir. Enfin, je l’ai sacrifié en quelques heures après les élections municipales.
Moi président, j’ai mis en place un “cabinet noir” destiné à déstabiliser mon prédécesseur. Ce qui a notamment permis au Conseil constitutionnel d’invalider le compte de campagne de Nicolas Sarkozy.
Moi président, je n’ai rien fait pour que la justice fonctionne de manière indépendante. Bien au contraire, ma garde des Sceaux a publié une directive afin que les parquets lui fassent remonter les dossiers les plus sensibles. Surtout, elle a joué un rôle déterminant, tout en le niant, dans les écoutes téléphoniques de mon prédécesseur.
Moi président, je n’ai pas eu à nommer des directeurs de chaîne de télévision. Je me suis contenté de mettre à la tête du CSA mon ami Olivier Schrameck, ancien directeur du cabinet de Lionel Jospin. Et puis j’ai offert la Caisse des dépôts sur un plateau à mon ex-secrétaire général de l’Élysée, Pierre-René Lemas. J’ai promu Dominique Voynet à l’Inspection générale des affaires sociales. Et j’ai demandé que l’État efface les 4 millions d’euros de dettes sociales du journal l’Humanité.
Moi président, j’avais fait la promesse que mon comportement serait en chaque instant exemplaire. Au moment où je prononçais cette phrase, je comptais bien installer ma compagne, Valérie Trierweiler, à l’Élysée. Mais j’entretenais déjà une relation avec Mme Julie Gayet. J’ai transformé le palais présidentiel en théâtre de boulevard. J’ai abîmé la République. Et, sans aucun scrupule, j’ai fait nommer la mère de mes enfants au poste de ministre de l’Écologie.
Moi président, non seulement je n’ai pas réformé le statut pénal du chef de l’État. Mais j’ai fait en sorte que toutes les procédures me visant soient étouffées.
Moi président, j’avais promis que mon gouvernement compterait autant de femmes que d’hommes. Cette parité, j’ai chargé Najat Vallaud-Belkacem de la mettre en place là où elle n’était pas nécessaire. En revanche j’ai mis un point d’honneur à l’enlever là où elle a toute sa place, dans le couple, en instaurant le mariage homosexuel.
Moi président, j’avais promis d’établir un code de déontologie pour les ministres. Ce que je n’ai pas fait. Si bien que mon ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a été contraint de démissionner. Comme mon plus proche conseiller politique, Aquilino Morelle. Et je ne parle pas de Christiane Taubira, qui se retrouve juge et partie dans une affaire destinée à salir mon prédécesseur.
Moi président, j’avais promis que j’instaurerai le non-cumul des mandats. Mais j’ai fait en sorte qu’il n’entre en vigueur qu’en 2017, quand je ne serai plus là. J’avais aussi parlé d’un acte de décentralisation. Bien sûr, j’ai oublié cet engagement et maintenant que Manuel Valls a annoncé une division par deux des régions et une suppression des conseils généraux, mes promesses sont toutes lettre morte.
Moi président, j’ai piétiné allègrement les engagements conclus entre partenaires sociaux en laissant transposer en termes législatifs un accord paritaire totalement dénaturé par les parlementaires socialistes.
Moi président, j’ai heureusement vite oublié ma promesse d’instaurer le scrutin proportionnel dès 2017, de même que le droit de vote des étrangers. Et ce n’est pas au moment où je n’ai plus de majorité à l’Assemblée que je vais chercher à en construire une plus large encore au Congrès.
Moi président, j’avais promis que j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue, et que j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français. Deux ans après mon élection, il ne reste rien de cet engagement. Je fuis désormais les Français, qui, même sur les terres de Jaurès m’insultent et me sifflent. Je ne cherche plus à voir loin. Je suis juste en survie politique. L’Élysée est devenu un théâtre d’ombres où chacun fait semblant d’exercer un rôle. Je ne suis plus qu’un monarque sans couronne, sans objet et sans sujets. Sinon des sujets de mécontentements.
Moi président, j’ai enfin réalisé à quel point Bonaparte, alors Premier consul, avait raison lorsqu’il déclarait : « Le seul crime en politique consiste à avoir des ambitions plus hautes que ses capacités. »