vendredi 21 mars 2014
Pour bien comprendre Poutine en Crimée
Pour bien comprendre Poutine en Crimée
Vladimir Poutine vient de retourner contre l’Europe et les États-Unis ces fameux droits d’ingérence et d’autodétermination des peuples largement utilisés par l’Occident, depuis 1991, pour modifier des frontières — l’ex-Yougoslavie, partagée en six nouveaux pays (1991-1992) ; la Serbie, amputée du Kosovo (1999) ; le Soudan du Sud, détaché du Soudan (2011) — ou pour renverser des régimes — l’Irak (2003) ; la Libye (2011). Ces exemples montrent que l’Occident n’applique ces principes que dans son intérêt, déniant à d’autres puissances le droit de le faire. Quel naïf pouvait croire que cela allait durer éternellement ? En Crimée, Poutine a beau jeu d’affirmer qu’il vole au secours d’une population russe menacée (droit d’ingérence), qu’il laisse le peuple s’exprimer librement (droit à l’autodétermination). Le référendum du 16 mars était gagné d’avance, mais l’occupation militaire russe de la Crimée équivaut à l’opération de l’Otan au Kosovo ou au renversement franco-britannique de Kadhafi.
Les menaces ne pèsent plus grand-chose face à cette Russie qui affirme sa puissance retrouvée et se donne les moyens de sa politique — 600 milliards d’euros de crédits militaires sont prévus d’ici à 2020. Poutine avait subi le Kosovo, l’Irak, la Libye. Il a tenu bon en Géorgie, en Syrie, sur l’Iran. Il ne fait plus confiance à l’Occident, car il se souvient des promesses de non-élargissement de l’Otan, jamais tenues. La Crimée lui permet de tourner la page de vingt ans d’humiliations. C’est un tournant stratégique.
Comparer Poutine à Hitler peut satisfaire les obsessions d’intellectuels à courte vue mais n’aide en rien à la réflexion. L’homme est secret, rugueux, le dirigeant est cynique et brutal. Sans doute. Il faudra pourtant négocier avec lui. Poutine sait le faire, quand il le faut. Il ne craint pas la confrontation, si nécessaire. Il a perdu Kiev, prit aussitôt un gage à Sébastopol et nous rappelle que la négociation et la force restent au coeur des relations internationales. L’Occident l’a oublié et commence à payer le prix de sa démilitarisation. Il va devoir se réveiller. Surtout si, comme le dit justement Hubert Védrine, « nous n’avons pas les moyens de nos indignations, pas les moyens de nos émotions, moins que jamais ».
Made in France, E8 : « Pucé gros, pucé bête. »
Tranches de vie ordinaires en République Démocratique (et Populaire) Française, imaginées mais pas dénuées de réalité – Épisode 8 : « Pucé gros, pucé bête. »
Pour qu’une société fonctionne, il faut à la fois une police efficace, de proximité, et aussi mais surtout des citoyens vigilants et respectueux de toutes les myriades de petites lois qui s’accumulent par centaines pour garantir le vivre-ensemble républicain. Heureusement, parmi ces citoyens vigilants et respectueux, il y a Julie.
Julie, c’est une battante. Compte-tenu de son chômage qui s’éternise, de sa vie amoureuse qui merdoie mollement depuis que François a de façon presque officielle décidé de la larguer, elle a pris récemment une grande décision : partir vivre au Canada, pour trouver là-bas un système plus propice à son épanouissement.
Elle a tout préparé, planifié, au mieux. Ses maigres économies ont servi à acheter :
- un billet Air Canada vers Toronto
- un ticket de RER Cergy-Paris-Roissy Charles de Gaulle,
- un sandwich au thon
Il ne lui reste que de quoi tenir une semaine sur place où, paraît-il, trouver un emploi est beaucoup plus simple qu’en France pourvu qu’on accepte les petits boulots. Ça tombe bien : Julie est prête à s’adapter, et ce même si elle a un bac +5 en géographie. Elle n’emporte avec elle que le strict nécessaire, et son chat qui, contrairement à son ex, François, lui a toujours été fidèle.
Surprise en arrivant à la station de RER : son ticket ne lui servira pas. Comme l’air de Paris est tout plein de Particules Microscopiques qui tuent, les transports en commun sont gratuits et seules les voitures impaires circulent (les paires polluent trop). Julie ne peut s’empêcher de noter qu’avec la circulation routière alternée, les voitures se mettent au diapason du RER qui, lui aussi, est souvent alterné. Elle sourit : bientôt, tout ceci sera derrière elle.
Elle s’installe dans le wagon malodorant, sa valise et son chat en cage à côté d’elle. Comme elle est hors des heures de pointe, elle trouve un peu de place. Au bruit lancinant des bogies s’ajoute celui, nasillard, d’une musique particulièrement mauvaise de deux jeunes au regard bovin qui écoutent leurs grésillements d’une oreille distraite. Cela aussi, Julie se réjouit intérieurement de le laisser derrière elle.
Voilà sa station. Elle doit effectuer une correspondance et la voilà donc dans les couloirs aux nombreux escaliers, avec son sac, sa valise et son chat qui miaule, vaguement inquiet. Au troisième escalier à gravir, lassée, elle pose ses fardeaux. Un trentenaire fringant s’arrête et, spontanément, lui propose un coup de main. Julie ne connaît que trop bien les mœurs parisiennes et sait que, parfois, ce qui était un coup de main se termine par une course poursuite contre un voleur de valise. Elle refuse, poliment d’abord. Mais l’homme insiste une première fois, puis une seconde. Julie se trouve obligée de l’envoyer paître sèchement pour s’en débarrasser, puis reprend sa pénible ascension.
L’homme reprend donc sa route mais, après quelques pas, s’interroge : et si cette femme un peu rustre transportait, dans sa grosse valise louche, des objets interdits ? Et si son chat transportait une arme biologique ? Et si, plus simplement encore, elle était sans papiers ? La sécurité, c’est aussi des citoyens vigilants. Il prévient donc discrètement la police, qui, puisqu’on n’a pas vraiment besoin d’elle, n’est justement pas très loin.
Julie est interceptée sur le quai, juste avant d’entrer dans le RER qui allait l’emmener à l’aéroport. Heureusement, elle connaît bien la fiabilité des transports en Île-de-France et a donc prévu une solide marge, préférant attendre des heures à l’aéroport que tenter le diable qui a furieusement tendance à se jeter sur les rails ou à ronger les caténaires actuellement. Mais les choses se compliquent.
En effet, suite à l’intervention française dans différents pays d’Afrique stratégiquement douteux, et conséquemment à un sentiment de haine entretenu par une diplomatie française tantôt repentante, tantôt belliqueuse, tantôt gaffeuse, toujours mafieuse, le plan Vigipirate oscille à présent entre lie-de-vin et grenat. La police ne prend donc aucun risque et isole rapidement la voyageuse à laquelle il est promptement demandé de garder les mains en évidence et justifier de son identité.
Alors qu’elle commence à s’énerver de tant de moyens déployés contre elle, elle tente de sortir son portefeuille pour se retrouver immédiatement immobilisée par une clé de bras zélée récemment apprise par le fonctionnaire trop heureux d’appliquer sans risque les Gestes Techniques Professionnels d’Intervention En Milieu Hostile. Son chat panique, s’énerve, crache. Les fonctionnaires semblent un instant désemparés : personne n’a été formé pour manipuler les félins dangereux (et potentiellement toxiques).
Toutefois, le portefeuille tombé, un agent vérifie l’identité de Julie, ainsi que le motif évoqué de son déplacement ; le contenu de la valise est décrit, afin que la brigade de déminage – déjà en route – puisse en vérifier l’exactitude et l’exhaustivité.
Il ne lui faudra qu’une quinzaine de minutes pour arriver et détailler avec minutie le contenu de la valise, dont les sous-vêtements de Julie, qui déclencheront les inévitables blagues de bon goût, tout en faisant perdre son temps à la pauvre voyageuse, qui – erreur – s’impatiente vocalement. Immédiatement, agents et démineurs s’accordent à dire qu’elle devrait plutôt se mêler de ce qui la regarde et éviter de faire déplacer des agents pour rien.
Julie est excédée, et commet l’irréparable : calmement mais fermement, elle exprime le caractère inacceptable d’un examen aussi minutieux des étiquettes de ses soutiens-gorge, qu’elle trouve déplacé, autant que la proposition par l’un des agents d’échanger leurs numéros. Piqué au vif, ce dernier rougit et décide que, puisque c’est comme ça, un examen vétérinaire approfondi du grondant greffier s’avère nécessaire, ma petite dame, non mais alors. Le sang de Julie ne fait pas même un tour en comprenant que ces nouvelles péripéties risquent de lui faire rater son vol. Elle émet un petit couinement en ce sens devant une maréchaussée aussi goguenarde qu’obtuse qui lui répond sobrement qu’« on ne plaisante pas avec la sécurité », assorti d’un « papiésiouplait » lancé dans la direction de la cage de l’animal qui continue à protester.
Ses papiers sont en règle, mais ça ne suffit pas à convaincre les agents qui, manipulant l’habitacle en plastique dur du félin, partent à la recherche d’un tatouage, qu’ils n’ont pas trouvé dans l’oreille du félin puisqu’il est en réalité doté d’une puce électronique. Pas de tatouage ? C’est louche, ma petite dame. Le félin surenchérit en s’agitant au point de faire tomber plusieurs fois sa propre cage des mains du policier. Julie, consternée, assiste au spectacle et tente quelques explications embrouillées par l’émotion de voir son fidèle compagnon bousculé de la sorte. Explications qui ne suffiront pas à lui éviter un passage par le poste de police, le temps que la brigade trouve parmi les collègues l’heureux propriétaire d’un autre matou pucé, qui confirmera les bredouillements de Julie.
Elle est donc libre, mais encombrée de ses paquets et de son chat, et doit retourner aussi vite que possible à la station de RER… qui n’en finit pas de ne pas arriver : un incident technique provoque l’arrêt de tout trafic à destination de l’aéroport pendant plus d’une heure. L’encombrement du train suivant obligera Julie à redoubler d’imagination pour réaliser un tétris parfait avec ses bagages dans la masse compacte de voyageurs agglutinés dans la rame. Moyennant quelques pieds écrasés et la gêne provoquée par l’odeur d’urine de son chat qui, apeuré, se sera malencontreusement lâché en cours de route, elle arrivera à Roissy trois heures plus tard que prévu, au bord de la crise de nerfs.
Techniquement, l’horaire est sans appel : son avion est parti. Dans la réalité, une grève impromptue d’une certaine catégorie de bagagistes aura fort opportunément retardé son départ, et, moyennant un sprint phénoménal qui la fera arriver gluante et à bout de souffle dans la cabine d’un avion déjà plein, elle pourra finalement décoller vers sa destination, assurée, s’il le fallait encore, que partir était une bonne décision. Quant au matou, il considère désormais que pucé gros, pucé bête.
Vous vous reconnaissez dans cette histoire ? Vous pensez qu’elle ressemble à des douzaines de cas relatés dans certains livres et, parfois, dans la presse ? Vous lui trouvez une résonance particulière dans votre vie ? N’hésitez pas à en faire part dans les commentaires ci-dessous !
Gérer « nos » affaires
Gérer « nos » affaires
Qui, aujourd'hui, oserait contredire Paul Valéry lorsqu'il affirmait : « La politique, c'est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. » ? Avouons que, ces derniers temps, nos dirigeants ont tout fait pour détourner l'attention des citoyens du scrutin municipal à venir. Peut-être même, pour les dégoûter d'aller voter. Il paraît, d'après les instituts de sondage, que le risque existe réellement d'une abstention record dépassant les 33,5 % du premier tour en 2008. Rien ne serait pire que cette dérobade civique quand il est justement question, pour les électeurs, de désigner ceux qui vont s'occuper vraiment de leurs problèmes en « bons soldats » de la République des villes et des villages.
Dans un sursaut tardif, les leaders des grands partis de gouvernement ont compris qu'il valait mieux « dénationaliser » le scrutin. Tour à tour, l'UMP et le PS ont cru pouvoir tirer profit, soit du bilan du gouvernement, soit des « affaires Sarkozy et autres ». L'opinion a plutôt décrété « match nul, la balle… aux extrêmes. »
Car voici la seconde grande inconnue du scrutin avec l'émergence d'un FN ayant poursuivi son implantation et présentant des listes dans près de 600 communes. Outre les villes qu'il est susceptible de gagner dans le Sud-Est, le parti frontiste pourrait en faire perdre plus de 20 à la droite à l'occasion de triangulaires. De quoi adoucir le vote sanction promis au PS. Et de quoi douter aussi de la pureté du vibrant appel au front républicain lancé hier par Jean-Marc Ayrault.
Ressortir l'arme émoussée du front républicain tout en profitant de la situation, relève d'un certain machiavélisme. Et puis, les électeurs répondent de moins en moins à cette impérieuse réquisition quand leurs problèmes restent sans réponse. La gauche et ses promesses non tenues, la droite et ses disputes, se partagent les responsabilités de l'ascension de Marine Le Pen, dispensée de faire campagne. Restera, pour les électeurs, à ne pas se tromper de scrutin. Même s'il va marquer un tournant dans le quinquennat, il consistera d'abord à choisir ceux qui seront les plus aptes à gérer « nos » affaires.
La guerre des tartuffes : quelle facture pour la démocratie française des règlements de compte justice/majorité/opposition ?
Les commentaires du monde politique autour des écoutes Sarkozy démontrent encore une fois l'incapacité des élites à prendre au sérieux leurs électeurs. A quelques jours des municipales, un tel climat semble ne créer que deux vainqueurs : l'abstention et le Front National.
La séquence politico-judiciaire prend un nouveau tournant avec la diffusion par Mediapart des écoutes réalisées sur l'ancien chef de l'Etat. Si ces événements soulèvent des interrogations légitimes, peut-on dire qu'ils représentent un intérêt de premier plan pour l'ensemble des citoyens actuellement ? Le discours politique n'en devient-il pas inaudible à quelques jours des municipales ?
Eric de Montgolfier : Le problème est que ces affaires ne représentent rien de bon pour l'image du politique alors que de tels moyens sont engagés pour empiéter sur les plates-bandes de la justice. Le milieu judiciaire n'est toutefois pas en reste, même si la suspicion à son égard ne date pas vraiment d'hier. Quand on pense que l'un des principaux suspects dans cette histoire est un des
premiers magistrats de la Cour de Cassation, on peut légitimement commencer à s'inquiéter sur la santé de nos processus démocratiques. Indépendamment de cette affaire, il n'est malheureusement pas inédit de voir des magistrats construire leurs carrières grâce à de telles pratiques…
Les lettres de recommandation, l'intervention dans les nominations, sont pratiquement devenu des normes dans la relation entre politique et justice. Le problème est que l'on détient visiblement la preuve désormais que des rémunérations entrent en jeu dans ces relations, et il s'agit là d'un fait moins "traditionnel" en France. L'intérêt de cette affaire, aussi médiocre soit-elle, est donc bien réel, ne serait-ce que parce qu'elle alimentera de manière significative les soupçons qui pèsent sur une autorité que l'on aimerait savoir indépendante. Le secret de l'instruction, qu'on a récemment vu bafoué dans les dernières affaires, possède un objectif fondamental au départ, protéger la présomption d'innocence. Sachant que cette dernière n'est souvent pas respectée, ne serait-ce que dans le traitement médiatique de certaines procédures, on peut s'interroger aujourd'hui sur son utilité réelle, en particulier lorsqu'elle est utilisée comme un bouclier servant à protéger les turpitudes des uns et des autres.
William Genieys : Il est probable que les citoyens français aient atteint un seuil de saturation concernant les scandales politico-judiciaires qui s’enchainent à la vitesse de "tweet" sur l’agenda politique. Par ailleurs, sans s’avancer sur le fond du débat et la légitimité des arguments avancés, la société française n’est pas, en raison d’une culture politique qui relève d’une "autre" histoire, prête pour vivre son "watergate", comme le fut en son temps la démocratie américaine. Au fond en France, on n’a plus d’appétence pour les "affaires" privées type celles qui se diffusent dans Closer qui en période de crise sont plus à même à faire sortir de la morosité ambiante. De plus, les "affaires" quand elles sont exclusivement orientée à la charge d’un homme politique peuvent se retourner en faveur de ce dernier s’il arrive à se faire passer pour une victime d’une persécution. Si l’on regarde en arrière la carrière certains hauts personnages politiques on peut observer ce type de renversement.
La complexité kafkaïenne de débats comme l'indépendance de la justice peut-elle aussi expliquer ce désintérêt progressif de l'opinion ?
Eric de Montgolfier : Je ne cesse de souligner le problème que pose la complexité du système judiciaire français, et la priorité en la matière serait de le simplifier de manière effective, et pas simplement de faire des déclarations dans ce sens. Soit l'on considère que c'est une autorité accessoire de notre démocratie et l'on peut dans ce cas considérer qu'il n'y a pas grand-chose à changer, soit l'on réfléchit sérieusement aux moyens de rendre le système judiciaire lisible à l'ensemble des citoyens pour s'assurer du bon fonctionnement démocratique. Sans quoi l'on pourra éternellement raconter n'importe quoi sans crainte d'être repris…
Des tentatives de réforme en ce sens ont existé sous Robert Badinter et Jacques Toubon, mais sont restées lettres mortes depuis. Peut-être les hommes politiques ont-ils compris que l'incompréhension populaire leur offrirait une certaine "tranquillité" (a l'instar des pouvoirs publics dans leur ensemble). A titre d'exemple, on peut citer la fameuse notion d'indépendance de la justice que certains magistrats brandissent en permanence, oubliant qu'il s'agit d'avantage d'un devoir qui leur est imposé plutôt qu'un droit qui devrait leur être garanti. Le citoyen ignorant ce type de spécificité, d'aucuns peuvent facilement utiliser son indignation pour ne protéger finalement que leurs prérogatives.
William Genieys : La question de la technicité des débats est à mon avis un faux problème, car aujourd’hui qu’il s’agisse de comprendre les enjeux de la guerre de Crimée, le pacte pour l’emploi, le "mille feuille" administratif, c’est très technique ou cela fait appel à des connaissances géopolitique complexes. Ces sujets également d’actualité sont quand même plus techniques et complexes que de considérer in abstracto que la justice est théoriquement indépendante. Là, il y a deux problèmes. D’une part, la justification du désintérêt à l’égard des affaires à travers le prisme de la complexité alors que cela se situe plus du côté de la saturation si l’on en croit le récent sondage CSA. D’autre part, un problème global de construction et de diffusion de l’information auprès de ses publics, supposés être plus captif avec des sujets qui font du "buzz" et qui sont facile à comprendre (les "affaires") qui amènent par conséquent à délaisser les sujets complexe que ne le sont pas.
En évoquant les conversations interceptées entre M. Herzog et Nicolas Sarkozy, Najat-Vallaud Belkacem a parlé de propos "mortifères pour la démocratie", tout en voyant "un motif de satisfaction et d'espoir" dans le fait qu'"aujourd'hui, la vérité et la transparence sont possibles et même inéluctables". Que penser d'une telle sortie dans le contexte actuel ?
Eric de Montgolfier : On est dans la communication alternative en permanence, et le manque de connaissance des citoyens sur les questions judiciaires explique que l'on puisse tenter de manipuler sans vergogne l'opinion. Ces dernières déclarations reflètent d'une manière générale l'émotion superficielle et frelatée qui ressort du monde politique dans son ensemble. S'il est vrai que Nicolas Sarkozy ne portait pas exactement le corps judiciaire dans son cœur, on ne peut pas dire que les insultes à l'égard des magistrats soient un fait totalement nouveau, ni que cela soit outrageusement scandaleux du reste. L'idéal serait de cesser de passer de déclarations pompeuses en indignations sélectives pour réfléchir sérieusement au cœur du problème.
Un récent sondage CSA/Nice Matin révèle que 46% des électeurs s'avèrent "dégoûtés" par ces suites de scandales, 32% d'entre eux se disant par ailleurs "résigné" ou "indifférent". Cette surexposition ne creuse t-elle pas encore un peu plus le fossé déjà béant entre les préoccupations des élites et celles de la majorité ? Comment y remédier ?
Eric de Montgolfier : On pourrait dire effectivement que le fait d'en parler aggrave une situation qui est déjà des plus délétères, mais si l'on cherche à trop éviter le sujet il faudra bientôt remplacer Marianne par une autruche pour représenter notre République ! Ces scandales doivent selon moi être exposés, ne serait-ce que pour réveiller la morale publique sur des sujets d'une grande importance pour l'ensemble du pays. L'importance n'est donc pas tant dans la place que ces affaires occupent dans les médias que dans l'effrayante tolérance de nos concitoyens à l'égard de pratiques inadmissibles. J'aimerais à ce titre savoir pour qui ont voté tout ceux qui déplorent aujourd'hui ces scandales, le nombre d'élus condamnés étant loin d'être minime en France.
William Genieys : Il ne s’agit pas forcément d’un manque d’intérêt car beaucoup de citoyens sont pour l’indépendance de la justice, la transparence politique et une certaine moralisation de la vie politique. Le problème c’est que ce n’est peut être pas perçu comme la priorité du moment au regard des problèmes sociaux et économiques auxquels nous devons faire face. Sur ce point la presse à une responsabilité car elle participe directement à l’ordonnancement de l’information qu’elle met sur l’agenda public de l’information. Dans ce sens prioriser la question des affaires pour aborder quotidiennement la vie politique française, on peut toujours se demander à quoi cela sert. En tout, cela conduit à avoir une vision réduite de cette dernière qui à la fin se résumera pour les citoyens par un conflit entre des "néo chiens de garde" se retournant contre leurs "maîtres politiques".
Autre tendance troublante de cette enquête, le fait que gauche et droite soient "autant mises en causes" pour 71% des interrogés, le Front National étant le seul à tirer son épingle du jeu pour 44% d'entre eux. Le "tous pourris" est-il finalement le premier gagnant de cette affaire ?
Eric de Montgolfier : Plus que les politiques, c'est d'après moi le métier même d'homme politique qui est en cause. On ne devrait déjà pas pouvoir s'enrichir dans la fonction publique, et l'on retombe là encore sur la question de la tolérance citoyenne à l'égard du pouvoir. C'est à se demander si nos vieux réflexes monarchistes n'ont pas totalement disparu : on disait de Louis XV qu'il était "le bien-aimé" alors que l'on sait que son règne ne s'est pas déroulé sans troubles. Ce paradoxe semble être encore bien vivant aujourd'hui. On peut facilement se dire que ces scandales font le lit du Front National, mais je pense que le lit du Front National s'est en fait déjà creusé depuis bien longtemps.
William Genieys : Cette remise en cause des élites de gouvernement appréhendée à travers le prisme des "affaires" n‘est en rien troublante. C’est un résultat contraire qui aurait été fort étonnant. On est enclin à se demander si les partis de gouvernement qui, au lieu de trouver les coalitions programmatiques qui seront nécessaires pour faire avancer les réformes à venir en France, ne sont pas en train d’inventer ce que je pourrais qualifier de "grand pacte d’irresponsabilité" qui ouvre la voie royale vers le pouvoir au Front national. En effet, l’évocation du "tous pourris" ne pourrait bientôt plus être nécessaire, tellement elle va finir pas aller de soi. Il suffira simplement que les partis populistes qui capitalisent sur cette thématique depuis longtemps maintenant affiche simplement qu’en faisant différemment ils feront déjà beaucoup mieux.
La classe politique semble pourtant bien au fait de ces décalages. Comment expliquer qu'elle n'en prenne pas acte ?
Eric de Montgolfier : Le problème est que ceux qui pourraient prendre des décisions salvatrices ont souvent des intérêts à défendre. Nous vivons dans un système où ceux qui ont le pouvoir de modifier les choses n'ont pas particulièrement envie de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Tant que l'on pourra rester "aux affaires" sans avoir préalablement donné les gages de son honnêteté, le problème perdurera. La faute n'est toutefois pas à incomber entièrement au monde politique, puisque les citoyens ont aussi bien trop tendance à laisser faire.
Ainsi, lorsque j'exerçais en tant que procureur à Nice, j'avais décidé de poursuivre un maire qui avait clairement avantagé son fils pour prise illégale d'intérêts. La presse locale avait alors rapporté l'opinion du quidam sur cette affaire via des micros trottoirs, plusieurs d'entre eux s'étonnant d'une "exagération" judiciaire alors que cet élu s'était finalement comporté en bon père de famille… Le problème est donc aussi, presque avant tout, celui de l'esprit critique de nos concitoyens.
William Genieys : La classe politique de gouvernement est certainement au fait de ce décalage, mais sa faiblesse aujourd’hui structurelle à répondre aux problèmes par des politiques publiques efficaces la conduit à s’affronter à coup de "ficelles politiques" ( ficelles très classiques au demeurant) consistant à construire l’adversaire politique comme le "méchant" et le peu "vertueux". Le problème est que l’effet boomerang risque d’emporter le joueur. Je crois sincèrement que la seule solution c’est de parler de l’Europe car si cela continue on va oublier qu’il a y des élections à venir pour ce niveau de gouvernement.
La presse souligne «le retour du guerrier Sarkozy»
La lettre ouverte aux Français de Nicolas Sarkozy marque pour les journaux le retour de l'homme de combat, mais les éditorialistes mettent en garde contre un plaidoyer à «double tranchant».
Une lettre ouverte au Français coup de poing, fidèle au tempérament de l'ancien chef de l'Etat. Pour la presse hexagonale, la tribune de Nicolas Sarkozy parue jeudi dans Le Figaromarque le retour de l'homme de combat mais ce plaidoyer «armé de rage» pourrait s'avérer une arme à double tranchant pour les ambitions de l'ex-locataire de l'Elysée.
Le bon......................................................la brute et le truand |
«N'en déplaisent à ceux qui commençaient à se frotter les mains à l'UMP, le guerrier Sarkozy est de retour. Armé de rage», souligne Cécile Cornudet dans Les Echos . «Nicolas Sarkozy n'a pas eu besoin des affaires pour préparer son retour en politique, mais qu'importe. Fidèle à sa stratégie, il tape aussi fort qu'il se voit entravé» estime la journaliste. Et d'ajouter: «Nicolas Sarkozy vient de rentrer avec fracas dans le jeu politique». Le Parisien voit en cette missive «un gros coup de gueule tout droit sorti des tripes» de l'ancien président. «Du Sarkozy brut de décoffrage, cash et instinctif». Et de pointer: «Il ne mâche pas ses mots mettant en cause Manuel Valls et Christiane Taubira et même François Hollande sans le nommer! Le boxeur, comme il se décrit, est de retour et il ne peut ignorer qu'il jette un pavé dans la marre à trois jours des municipales».
Libération dénonce sur son site «des mots violents, outranciers, un cri de colère en forme d'imprécation». «Mais à cette plaidoirie du complot déjà servie par ses affidés, l'ancien président ajoute une touche grotesque. Celle d'une République égarée où la police et la justice se seraient muées en une Stasi française, sous la férule d'un dictateur digne de feue l'Allemagne de l'Est, François Hollande...», raille le billet d'Eric Decouty, pour qui «la pauvreté d'un argumentaire ne convaincra que ses proches». Le quotidien estime que cette lettre «révèle l'état de sidération d'un homme qui s'égare et qui sait que son avenir politique risque de se fracasser. Nicolas Sarkozy a perdu toute sérénité, toute mesure. Ce n'est pas la lettre d'un ancien ou d'un futur Président».
La comparaison avec la police est-allemande trouve un écho moins sévère dans l'Eclair des Pyrénées où Michel Bassi écrit «la présomption d'innocence? Bafouée et rebafouée, quand des ministres disent benoîtement que cette affaire est la plus grave qui se soit produite. Sarkozy renvoie, non sans quelque raison, aux méthodes de la Stasi, de funeste mémoire. On verra dimanche si sa réaction a corrigé les effets induits d'une campagne ad hominem sans précédent».
«Don Quichotte-Sarkozy a donc décidé d'enfreindre son vœu de silence»
Toujours dans la presse régionale, La Nouvelle république du Centre Ouest constate que l'ancien chef de l'Etat n'a rien perdu de son mordant mais cette communication reste à double tranchant». «Si certains Français peuvent être choqués par sa mise sur écoute, de nombreux autres la considèrent légitime. Il suffit qu'il soit condamné dans une affaire pour que l'édifice s'écroule. Mais le temps de la justice étant plus long, on reste encore loin d'un éventuel procès et encore plus loin d'une condamnation», rappelle le journal. Sud-Ouest retient lui «une violente contre-attaque qui aura pour but de redorer une seule image et menacer d'un éternel retour».
Le Télégramme file la métaphore littéraire : «Ayant trouvé peu de monde à l'UMP pour le défendre, hormis son fidèle Sancho Panza-Hortefeux, Don Quichotte-Sarkozy a donc décidé d'enfreindre son vœu de silence». «S'il estime n'avoir aucune velléité de revanche, Sarkozy n'entend pas se laisser indéfiniment marcher sur les pieds. Au vu de sa chute dans les sondages et des dernières révélations de Mediapart, on se doutait qu'il réagirait avec ses tripes», conclut le Télégramme. Un sursaut prévisible, juge Le Journal de la Haute-Marne : «On connaît le tempérament de l'homme. La contre-attaque n'était qu'une question de temps. Ce n'est que le début d'une longue joute, violente, impitoyable. Une guerre qui fera immanquablement des victimes. Reste à savoir de quel côté elles se situeront».
À neuf heures, l'affaire avait encore peu été reprise dans la presse internationale, à l'exception des médias allemands qui titraient sur la référence à la Stasi. «Sarkozy se plaint des méthodes de la Stasi» annonce le tabloïd Bild tandis que le Frankfurter allgemeine Zeitung : les autorités procèdent avec des méthodes dignes de la Stasi». Die Welt ouvre sur «Sarkozy accuse la justice françaisede méthodes dignes de la Stasi». Dans les rangs des quotidiens anglo-saxons, le Financial Times a dégainé en premierexpliquant à ses lecteurs que le dirigeant français «sortait de son silence» mais que ses chances pour la présidentielle de 2017 «ont été grandement mises à mal» par les révélations de ses écoutes et des soupçons de la justice.
Ceux que « Présent » veut voir élus et ceux que “Présent” veut voir battus
Ceux que « Présent » veut voir élus et ceux que “Présent” veut voir battus
Ceux que « Présent » veut voir élus
Nous avons nos chouchous et nos bêtes noires. Objectivement. Et un petit peu subjectivement. A la fois raison et sentiments ! Nos lecteurs sont les bienvenus dans ce qui pourrait devenir notre jeu de l’entre-deux tours. Nous en avons forcément oublié et vos suggestions sont les bienvenues.
Jacques Bompard à Orange (Ligue du Sud). Bien sûr. Nous ne prenons pas trop de risques en pariant sur lui. Il est complet et allie toutes les qualités, à commencer par l’enracinement local. Un vrai champion. Son bilan parle pour lui. Il a baissé les impôts, rétabli la sécurité. Il a tenu ses promesses, les Orangeois sont satisfaits. Il est la preuve que l’on peut allier convictions et gestion réussie. Une équation que l’on espère voir faire école à ces élections.
Particularité étrange : ses cachemires sont au nom d’Eric Bompard.
Christophe Boudot à Lyon (RBM). Ne l’appelez pas le troisième homme, il en a ras le bol. Infatigable défenseur des valeurs de la vie, dynamique et volontaire, catholique revendiqué, lecteur fidèle de Présent, c’est l’un des nôtres. La famille et les enfants sont sa priorité. Il veut redonner à La Fête des Lumières sa dimension chrétienne. Quand on l’écoute, on se dit qu’il en faudrait 1 000 comme lui.
Particularité étrange : il commence toujours à lire les livres par la fin.
Marie-Claude Bompard à Bollène (Ligue du Sud). Une sacrée bonne femme. Elle n’a pas eu peur de la persécution judiciaire en refusant de « marier » deux lesbiennes dans sa mairie. Elle a dit non très concrètement. Cette Bollénoise, provençale, française, qui consacre chaque année Bollène au Sacré-Cœur au grand dam des militants socialistes (les mêmes qui lui ont reproché que l’on aperçoive sa médaille de baptême sur une affiche électorale !), est fière d’avoir assaini les finances et redonné son identité à sa ville. Car l’identité comme le précise Marie-Claude, cela n’a rien d’abstrait.
Particularité étrange : elle a été surnommée « la peste en talons hauts » par L’Humanité.
Louis Aliot à Perpignan. Sympathique et écoutant ce qu’on lui dit ce qui est peu fréquent chez les hommes politiques, ce passionné de rugby, ancien troisième ligne, est un militant historique du FN. Il connaît bien notre famille d’idées. Il n’a jamais renié ses racines pieds-noirs, refuse farouchement de participer aux cérémonies du 19 mars et ne manque jamais de rappeler le massacre des harkis par le FLN socialiste. Il faisait partie des responsables du Front national qui ont défilé contre le « mariage » gay. Il a signé la charte de La Manif Pour Tous et n’a pas manqué de lui signaler l’incongruité selon laquelle les élus FN (du seul parti qui remettra la loi en cause), n’ont pas été invités à la tribune.
Particularité étrange : il pensait que son accent du Sud-Ouest était un handicap (c’est Jean-Marie Le Pen qui lui a conseillé de le garder).
Caroline Parmentier
Ceux que “Présent” veut voir battus
A Marseille, Patrick Mennucci (PS) affronte Jean-Claude Gaudin (UMP).
Mennucci a été le directeur de campagne de Jean-Noël Guerini pour les municipales de 2008, il a soutenu DSK lorsque celui-ci lorgnait vers l’Elysée. De là à conclure que Mennucci a le mauvais œil ou la mauvaise pioche… Il a depuis dénoncé le système « mafieux » de Guerini et a annoncé que, lui maire, il s’entourera d’un « bureau d’éthique » – reste à connaître les horaires d’ouverture. Comme on est à Marseille et qu’il est socialiste, il a conscience que ce bureau ne suffira peut-être pas ; aussi nommera-t-il un magistrat qui veillera à la « transparence » et « au respect des principes de déontologie ».
Mennucci se présente contre Jean-Claude Gaudin, vieux briscard briguant un quatrième mandat. A l’heure qu’il est, Gaudin l’emporterait. Dans quel but ? Continuer à enfoncer Marseille ? Ce qu’il redoutait le plus, début mars : que le Front national ait des conseillers municipaux. Sa majorité et son plaisir seraient gâchés. On est tellement mieux entre amis de l’UMPS.
Paris : du pareil au même
Anne Hidalgo (PS), première adjointe au maire de Paris, est une idéologue et une malfaisante. Elle a veillé à l’application diligente des nouveaux rythmes dans les écoles parisiennes. Les « ABCD de l’égalité », cette fanatique dugender les défend jusqu’à Z – et à partir de deux ans, en crèche. D’où son projet de créer assez de places en crèche pour inculquer de bons principes aux petits Parisiens. Certes, Anne Hidalgo est pour la sécurité. « Stop aux incivilités, tu casses, tu répares », mentionne son programme. Mais elle n’a rien prévu contre les anachronismes. Le Front national, « c’est un parti qui a soutenu pendant la guerre la collaboration avec les Nazis », avait-elle déclaré en 2012.
Sa rivale Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) est moins fâchée avec les dates, mais son discours de mercredi soir au Cirque d’Hiver faisait commencer l’histoire de Paris à la libération de la ville en août 1944… Pour en revenir à des questions plus actuelles, NKM s’était abstenue de vote contre la loi Taubira et, pour ne pas qu’on se méprenne sur cette abstention, avait déposé un amendement visant à sanctionner les maires qui refuseraient de célébrer des « mariages » gays. Les Parisiens de la Manif pour tous se sont chargés de le rappeler régulièrement aux électeurs éventuels, tout au long de ses réunions publiques.
Notons que l’Inter-LGBT juge le programme d’Anne Hidalgo « compatible » avec ses valeurs ; et celui de NKM, compatible en partie, du fait justement de sa position sur la célébration des « mariages » gays.
Mosquée pour tous à Bordeaux
A Bordeaux, Alain Juppé est le candidat UMP. Ses abus de biens sociaux et autres peccadilles pour lesquelles il a été condamné, c’était avant, du temps du RPR. Il s’est vu reprocher la présence sur sa liste d’Edouard du Parc, très actif animateur de la Manif pour tous en Gironde. Juppé assume, les convictions d’Edouard du Parc « sont partagées par des milliers de Bordelais » – un brin profiteur, le Juppé ? Relativiste, en tout cas : il assure avoir sur sa liste « des représentants du point de vue inverse ». Si on veut voir aboutir le projet de la grande mosquée de la Bastide, voter Juppé est indispensable. Cette future mosquée n’indispose pas son rival Vincent Feltesse (PS), plutôt inquiet d’uneextrême droite bordelaise décomplexée. Juppé et lui se sont pris le bec sur l’avenir du stade Chaban-Delmas. Un complexe sportif est moins délicat à manier qu’un « complexe islamique » de 3 500 places.
En voilà six qu’on aimerait voir battus. Pour la beauté du paysage politique.
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