Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a de nouveau lancé, mardi 22 septembre, une mise en garde contre toute velléité d'attaque militaire contre l'Iran, appelant les puissances étrangères à retirer leurs troupes de la région. "Aucune puissance n'osera développer dans son esprit l'idée d'agresser l'Iran", a déclaré M. Ahmadinejad lors d'un discours à l'ouverture d'un défilé militaire annuel.
"Nos forces armées couperont n'importe où dans le monde la main de quiconque voudra tirer une balle en direction de l'Iran avant même qu'il appuie sur la gâchette", a-t-il affirmé, ajoutant que la capacité militaire de l'Iran était uniquement "défensive".
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou n'a jamais écarté l'option d'une frappe militaire contre l'Iran, insistant sur le fait qu'Israël ne permettrait pas que le régime de Téhéran, qui affirme vouloir rayer l'Etat hébreu de la carte, puisse disposer de l'arme atomique. Cette année, l'armée iranienne a fait défiler des systèmes antimissiles et des missiles Shahab-3 et Sejil, d'une portée proclamée d'environ 2 000 kilomètres. C'était la première apparition du missile Sejil, à deux étages et utilisant du combustible solide, alors qu'une escadrille d'avions de combat Saegheh, de fabrication locale, volait au-dessus du parcours.
Faisant allusion au programme nucléaire controversé iranien, M. Ahmadinejad a assuré que "le monde devait savoir" que l'Iran défendrait "avec force ses droits et son territoire". Le renforcement des capacités militaires de l'Iran, en particulier le développement du programme balistique, inquiète les grandes puissances. M. Ahmadinejad a ensuite quitté Téhéran pour New York, afin de participer à l'Assemblée générale des Nations unies, où il prononcera mercredi 23 septembre un discours.
L'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) doivent se retrouver le 1er octobre pour parler des propositions iraniennes sur le dossier nucléaire. Téhéran est soupçonné par les puissances occidentales de vouloir acquérir la bombe atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce qu'il nie. Revenant sur les négociations avec les puissances du groupe 5+1, le ministre iranien des affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a déclaré que l'Iran espérait bâtir une "confiance élargie" avec ces puissances lors des négociations du 1er octobre, selon l'agence iranienne IRNA.
Pour sa part, le principal négociateur du nucléaire iranien, Saïd Jalili, a déclaré que l'Iran "entrait dans les négociations avec puissance, logique et initiative", a rapporté la télévision d'Etat. Dans le même temps, l'Iran a souligné sa détermination à poursuivre son programme nucléaire en annonçant la construction d'une nouvelle génération de centrifugeuses.
"Nos scientifiques ont fabriqué une nouvelle génération de centrifugeuses et des cascades de 10 centrifugeuses chacune sont actuellement à l'essai", a déclaré le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, cité par l'IRNA. Selon lui, ces nouvelles centrifugeuses sont en mesure de multiplier par "plus de cinq" la capacité iranienne à enrichir de l'uranium et Téhéran a pour "objectif de parvenir à décupler" au total cette capacité. Il a aussi ajouté que poser "des conditions préalables pour entrer dans les négociations n'était pas logique". Jusque-là, les puissances du groupe 5+1 demandaient à l'Iran de suspendre son enrichissement d'uranium pour commencer des négociations. Cette condition a été abandonnée.
dimanche 11 octobre 2009
Selon Mahmoud Ahmadinejad, aucune puissance n'osera agresser l'Iran
Trois condamnations à mort après les manifestations de juin en Iran
Trois Iraniens ont été condamnés à mort pour avoir participé aux manifestations antigouvernementales qui ont suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, a annoncé l'agence iranienne ISNA samedi 10 octobre. Selon l'agence, qui rapporte les propos d'un porte-parole du tribunal provincial de Téhéran, la sévérité de la sentence est due aux liens entre les accusés et des organisations promonarchistes et des exilés d'extrême gauche
"Ces sentences ont été rendues en raison de [leur] implication dans les événements postélectoraux et leur appartenance à des associations monarchistes iraniennes et au PMOI [Moudjahiddine du peuple, mouvement de gauche prônant le renversement du régime au pouvoir en Iran]", a déclaré le responsable judiciaire, précisant que "ces sentences sont susceptibles d'appel devant une juridiction supérieure".
Critiqué, le comité Nobel défend le prix d'Obama
OSLO — Face aux critiques, le comité Nobel norvégien, au lendemain de son inattendu prix de la Paix à Barack Obama, a défendu son choix samedi, en estimant que le risque aurait été de récompenser l'action du président américain trop tard.
Si félicitations et encouragements ont afflué après l'attribution surprise du prix, beaucoup ont émis des réserves, et trois précédents lauréats, dont Lech Walesa, l'ont ouvertement désapprouvé, le jugeant décerné pour trop peu et surtout trop tôt, moins de neuf mois après le début de la présidence Obama.
"Il aurait pu aussi l'avoir trop tard", a répliqué samedi le président du comité Nobel, l'ex-Premier ministre travailliste norvégien Thorbjoern Jagland, lors d'un point de presse au centre Nobel de la Paix à Oslo.
"Est ce que quelqu'un peut me dire qui a fait plus que lui cette année ?", a-t-il demandé. "Il est difficile de désigner un vainqueur du prix de la paix qui soit plus proche du testament d'Alfred Nobel qu'Obama", a-t-il dit à des journalistes.
"Nous attrapons l'air du temps, la nécessité de l'époque", s'est-il encore défendu.
Vendredi, M. Jagland et les quatre autres membres du comité avaient fait sensation en attribuant le prix Nobel au premier Noir élu à la Maison Blanche "pour ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples".
Si la presse mondiale était divisée samedi, le président du comité Nobel, en poste depuis février, a aussi dû affronter chez lui en Norvège des critiques venues principalement de l'opposition de droite, et pas uniquement sur le prix.
Elu le mois dernier à la tête du Conseil de l'Europe à Strasbourg, Thorbjoern Jagland s'est vu reprocher une double casquette qui, selon l'opposition, pourrait le pousser à éviter de fâcher des membres influents du Conseil, comme la Russie, en récompensant opposants ou militants russes.
Siv Jensen, la patronne du principal parti d'opposition, le parti du Progrès (populiste), a réclamé sa démission.
"Il serait politiquement intelligent que Jagland, après avoir étudié la situation, dise qu'il démissionne pour éviter une double casquette malencontreuse", a-t-elle dit au quotidien Bergens Tidende.
L'autre formation de droite, le parti conservateur, a également critiqué sa double fonction, une accusation que Thorbjoern Jagland avait déjà rejeté fin septembre au moment de son élection à Strasbourg.
Mais le prix Nobel de Barack Obama a suffi à relancer la polémique, au moment où les sceptiques soulignent que le prix de la Paix aurait plutôt dû revenir à un opposant persécuté qu'à l'homme le plus puissant de la planète et au chef d'une armée en guerre en Irak et en Afghanistan.
Réagissant au prix vendredi, le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg l'a qualifié d'"enthousiasmant", mais aussi de "surprenant", adjectif très rarement utilisé en Norvège en pareille circonstance.
Le quotidien de référence norvégien, Aftenposten, écrivait samedi dans un éditorial qu'"Obama a obtenu le prix sans avoir fait quoi que ce soit pour le mériter".
En Suède, terre natale d'Alfred Nobel et où sont remis les autres prix, les réactions ont aussi été mitigées.
"Beaucoup trop tôt", titrait le quotidien de référence suédois Dagens Nyheter dans son éditorial. "Le comité Nobel norvégien a rendu un mauvais service tant à Obama qu'au prix", en augmentant les attentes irréalistes qui pèsent déjà sur le président américain, écrit le quotidien.
"Quelle honte!" s'indignait en une le tabloïde Aftonbladet, estimant que "le comité Nobel s'est tourné en ridicule auprès du monde entier".