TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 18 août 2010

Pour échapper à Google, changez de nom

Le président du géant du Web verrait bien les adolescents se donner une nouvelle identité à l'âge adulte pour repartir de zéro et effacer leurs casseroles sur le Net.
Pas fier de vos traces numériques? Il vous reste une solution: changer de nom. Cette solution pourrait passer pour farfelue si elle n'avait pas été suggérée par le PDG de Google en personne lors d'une interview au Wall Street Journal. Eric Schmidt est un fervent défenseur de la transparence sur le Web. Sa société est d'ailleurs souvent montrée du doigt pour sa gestion de la vie privée. Et sa philosophie ("Si vous avez quelque chose à cacher au monde entier, alors peut-être que vous auriez mieux fait de ne pas le faire") lui a valu de nombreuses critiques.

Cette semaine, Eric Schmidt frappe fort et explique au quotidien américain: "Je ne crois pas que la société comprenne ce qui peut se passer quand tout est disponible et que tout peut être su par n'importe qui et à n'importe quel moment. "Nous devons nous poser ces questions - nous, en tant que société." Il décrit ("apparemment sérieusement", commente le WSJ) un futur dans lequel chaque jeune personne pourrait changer automatiquement son nom à l'âge adulte pour se débarrasser de ce qui pourraît traîner sur elle sur les réseaux sociaux.

WOERTH INNOCENT



Comment Wall Street a finalement gagné contre Cleveland

Sorti dans les salles ce mercredi, le documentaire "Cleveland contre Wall Street" met en scène le procès fictif des victimes de "subprime" contre les banques américaines. Mais derrière la fiction, la réalité est tout autre...
Sorti dans les salles le 18 août, le documentaire du réalisateur suisse Jean-Stéphane Bron, "Cleveland contre Wall Street" met en scène le procès fictif des victimes des "subprimes" contre les banques américaines accusées d'être responsables des saisies immobilières qui dévastent les quartiers de la ville.
Le vrai procès a-t-il eu lieu ?

Oui. Il s'agit formellement du cas "The City of Cleveland v. Ameriquest Mortgage Securities Inc". Le 11 janvier 2008, Josh Cohen et ses associés, avocats de la ville de Cleveland, assignent en justice les 22 banques qu'ils jugent responsables des saisies immobilières qui dévastent la ville. Une centaine de milliers de personnes incapables de rembourser leurs prêts hypothécaires ont en effet été expulsées de leur maison, notamment à Slavic Village, un quartier noir ouvrier et pauvre, rebaptisé "Groundzero" par ses habitants. Pour la ville, cela s'est notamment traduit par une chute des revenus fonciers mais aussi par une recrudescence du vandalisme et de la criminalité, les gangs et dealers s'étant installés dans certaines maisons abandonnées. Sur le banc des accusés, figurent les grands noms financiers, parmi lesquels Bank of America Corp, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley et Wells Fargo. Josh Cohen veut montrer que Wall Street s'est enrichi sur le dos des emprunteurs pauvres, via la vente aux investisseurs de titres adossés aux crédits subprimes, comme les Collateralized Debt Obligations (CDO). L'avocat de Cleveland est persuadé que les grandes banques ont envoyé des organismes hypothécaires sur le terrain pour convaincre les habitants pauvres de contracter des prêts subprimes, en sachant pertinemment que, vu leur niveau de solvabilité, ils ne pourraient pas rembourser. Certains courtiers n'hésitaient pas à gonfler les revenus des emprunteurs pour être sûrs de faire passer leur prêt. Une issue qui n'inquiétait pas les banques, qui se débarrassaient du risque de défaut via la titrisation. Longtemps retardé, le procès a finalement eu lieu. Le 27 juillet 2010, la ville perd en appel. Les juges concluent que le lien entre le comportement des banques et la situation de la ville n'est qu'"indirect". Ils mettent en avant d'autres facteurs qui ont pu jouer tout autant, à commencer par l'irresponsabilité des propriétaires qui ont choisi de contacter un prêt subprime pour s'acheter une maison qui était au dessus de leur moyen.

Cleveland est-elle la seule ville à avoir tenté de punir les banques pour la crise des subprimes ?

D'autres villes américaines ont voulu faire des procès en 2008, sans grand succès. Ainsi, Birmingham, Alabama, Baltimore et Memphis ont perdu face aux banques qu'elles estimaient responsables de la détérioration de la ville. Mais elles ne se découragent pas. Armées de nouvelles preuves, Baltimore et Memphis ont de nouveau porté plainte en avril 2010. A plus grande échelle, les enquêtes judiciaires se sont multipliées récemment contre les pratiques de Wall Street. En avril, le gendarme américain des marchés, la SEC, a par exemple accusé Goldman Sachs de fraude pour avoir trompé les investisseurs à propos des CDO. Mais l'ouverture d'une enquête ouverte ne débouche pas systématiquement sur des poursuites. Dans le cas de Goldman, la banque d'affaires a accepté de payer 550 millions de dollars pour solder la plainte. Il s'agit quand même de la plus forte amende jamais infligée à une société de services financiers dans l'histoire de la SEC. Andrew Cuomo, le procureur général de New York, aquant à lui assigné en mai huit banques - américaines et étrangères - soupçonnées d'avoir cherché à induire en erreur les agences de notation, afin d'obtenir de bonnes appréciations pour les produits structurés liés à l'immobilier qu'elles émettaient. La justice américaine enquête également sur la façon dont les banques ont vendu des produits liés aux subprimes, en particulier les américaines Goldman Sachs, Morgan Stanley et Citigroup, ainsi que l'allemande Deutsche Bank et la suisse UBS. Toutefois, il est difficile de prouver que les banques, qui ont toutes essuyé de fortes pertes pendant la crise et dans la foulée de l'effondrement du marché immobilier américain, ont sciemment trompé leurs clients.
Y a-t-il encore autant de saisies immobilières ?

Il y en a de plus en plus. Le nombre de saisiesaux Etats-Unis a augmenté de 4% en juillet sur un mois. 325.229 logements ont ainsi fait l'objet d'une procédure, que ce soit une notification de retard de remboursement, une annonce de ventes aux enchères ou encore une repossession bancaire. Le nombre total de procédures a dépassé les 300.000 pour le 17ème mois consécutif, selon RealtyTrac. Les repossessions bancaires en particulier ont enregistré un quasi-record, touchant 92.858 logements. Et la situation n'est pas prête de s'arranger de sitôt, alors que l'économie américaine continue de détruire des emplois.
La réforme financière d'Obama résout-elle le problème des subprimes ?

Pas complètement. Elle prévoit la création d'un Bureau de la protection des consommateurs financiers pour surveiller les crédits abusifs. Malheureusement, certains établissements, notamment les petites banques, échappent à sa supervision. Surtout, la loi aurait pu aller plus loin en obligeant les prêteurs à proposer des crédits aux conditions claires, à taux fixes, sans pièges cachés dans le contrat... Toutefois, la réforme devrait contribuer au moins indirectement à réduire les risques liés aux prêts de type subprime. D'une part, en obligeant les émetteurs à retenir une plus grosse partie du risque attaché aux prêts sur leur bilan, la réforme oblige les prêteurs à être plus vigilants sur la qualité des emprunteurs. D'autre part, nombre de produits dérivés qui s'échangent de gré à gré devront soit être standardisés et échangés sur des bourses publiques, soit passer par des chambres de compensation. Cette transparence accrue permettra de mieux évaluer le risque lié aux produits dérivés comme les CDO.

Un accord sur les prix du lait a été conclu pour le troisième trimestre

Les industriels et producteurs de la filière laitière en France ont trouvé, mercredi, un accord sur les prix du lait au troisième trimestre, a-t-on appris auprès de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL). Selon les termes de cet accord, les prix du lait seront augmentés de 11 % environ par rapport à la même période en 2009, a souligné Christèle Josse, directrice de la FNCL.

Après les fromagers Bel et Lactalis, qui s'étaient dits prêts la semaine dernière à payer davantage les fournisseurs pour sortir de l'impasse, le groupe Bongrain et les coopératives laitières Sodiaal et Laita ont concédé une hausse des prix. Les acteurs de la filière ont également conclu la mise en place d'un indicateur de compétitivité entre la France et l'Allemagne, de façon à faciliter les négociations sur les prix chaque trimestre.

Le retour de Supermam ?


Elle fait partie de ces ministres indestructibles qui ne meurent jamais, traversant miraculeusement les alternances, les purges et - plus fort encore - les guerres de succession sans une égratignure, ou presque. En 2007, on la disait finie. Prête à être renvoyée dans la galaxie des vieilles gloires à la retraite après un dernier tour de piste. Si on avait placé au ministère de l'Intérieur celle qui avait osé se dresser sur la route de Nicolas Sarkozy dans les primaires de l'UMP, c'était par souci d'unité de la droite. On ne pouvait pas virer tout de suite la dernière secrétaire générale du RPR, estampillée gaulliste traditionnelle, mais, dans les coulisses de l'Élysée, on assurait qu'elle était condamnée. A la merci d'un prochain remaniement... Elle a eu chaud mais en cette fin d'été, trois ans plus tard, c'est elle, l'ancienne ministre des sports d'Édouard Balladur, qui tient la corde pour entrer à Matignon à l'automne.
Hier Michèle Alliot-Marie exaspérait volontiers Nicolas. Trop datée. Trop ringarde. Aujourd'hui, elle ne le fascine pas davantage, mais elle est parfaite à ses yeux pour les circonstances politiques de 2010. On la croit terne ? C'est un atout. Elle ne risque pas de faire de l'ombre au président, ni, cette fois, de jouer à la candidate. Discrète, sérieuse, travailleuse, pas gaffeuse. Elle a même réussi à déminer une chancellerie que Rachida Dati avait transformé en pétaudière ! Solide, rompue à la pression des ministères régaliens - Défense, Justice, Intérieur - et expérimentée : une vraie professionnelle, qualité devenue fort rare dans l'équipe Fillon. L'un des seuls profils premier-ministrables, avec une valeur ajoutée électorale : c'est une femme. François Mitterrand avait osé Édith Cresson. Sarkozy, lui, ne serait pas mécontent de faire un coup politique en pariant sur MAM.
Sa force est plus stratégique que médiatique. Elle a la capacité de rassurer, et de rassembler, une droite complètement déboussolée par les errements sécuritaires de ces derniers mois, l'amateurisme de certains ministres, et les affaires. De la rébellion des villepinistes aux états d'âme sociaux des chrétiens démocrates de Christine Boutin en passant par les tentations centristes, version ex-UDF, qui piaffent de reprendre leur liberté de parole, le camp majoritaire gronde et vibre comme un moteur au bord de l'implosion. L'autorité de MAM, espère-t-on, saurait calmer la machine et la remettre en marche. Elle est aussi disciplinée, c'est-à-dire capable de vendre avec une inaltérable langue de bois les concepts de son supérieur, même en cas de désaccord. Une Supermam blindée pour préparer la guerre de 2012, quoi de mieux ?

Insécurité verbale

Incorrigibles ! Le président de la République a eu beau exiger de ses amis qu'ils s'en tiennent à sa fatwa sécuritaire de Grenoble, l'agitation ministérielle continue. Après les immigrés et les Roms, ce sont maintenant les maires, de gauche - donc incompétents, selon le patron de l'UMP - qui ont droit à leur dose de stigmatisation, assortie de menace de sanction. Cette surenchère pavlovienne, qui devrait valoir réprimande du président, ne surprend pas de la part du récidiviste Estrosi.

Le motodidacte, adepte du retour aux 150 km\h sur autoroute, est toujours à fond sur l'insécurité, quitte à déraper avec sa peine de mort, son choix « Français ou voyou », les deux ans de prison aux parents défaillants... On en passe et pas forcément des meilleures ! Outre que le maire de Nice n'est pas, en dépit de son autosatisfaction, le mieux placé pour donner des leçons sur le logement social et la sécurité, il ne trompe finalement personne avec son fallacieux appel républicain. Il cherche moins à faire progresser la sécurité qu'à entretenir une polémique pour siphonner à l'extrême droite et accentuer, toujours et encore, le clivage avec la gauche.

Sa nouvelle attaque est d'abord consternante parce qu'elle fait peu de cas des réalités de terrain, assez diverses pour justifier plus de nuances. La priorité à la lutte contre l'insécurité ne doit pas non plus conduire l'État à se défausser sur les élus locaux quand ça l'arrange, par exemple pour construire des commissariats, mais à les marginaliser, eux et les autres acteurs, y compris associatifs, dans des partenariats cache-misère.

Cette campagne sécuritaire, qui n'est pas à l'abri de bavures, peut aussi réserver des surprises à ses initiateurs. Paradoxalement, elle globalise l'impression d'insécurité qu'on prétend avoir réduite. Elle croit participer d'une stratégie qui n'a pas évité la raclée aux élections régionales. L'offensive du carré de fidèles, à base de paroles martiales, risque d'apparaître pour ce qu'elle est : une chimère électorale, malgré quelques sondages trompeurs. Toute la droite ne se retrouve pas dans un emballement qui fait fi de certaines valeurs. Rares, tel Alain Juppé, sont ceux qui expriment leurs réserves. Pour l'instant...

XAVIER PANON

Le AAA de la France sous pression

Pour Moody's, la France ainsi que la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les Etats-Unis n'ont jamais été aussi près de perdre leur note AAA. C'est du moins ce qui ressort d'un rapport trimestriel publié ce mardi par l'agence de notation.
Paris, tout comme Berlin, Londres et Washington sont prévenus. Pour Moody's, les défis liés aux ajustements de leurs finances publiques impliquent que la "distance vers une dégradation" de leur note s'est encore réduite. Pour autant, selon le dernier rapport trimestriel sur les Souverains "Aaa" ( Aaa Sovereign Monitor) publié ce mardi par l'agence de notation financière, la France, comme l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis restent, bien positionnés pour conserver leur note "Aaa" compte tenu de projections sur la dynamique de leur dette et de son coût.

"L'Espagne est un cas à part et cela est reflétée par la décision de Moody's de placer, le 30 juin dernier, sa note "Aaa" sous surveillance en vue d'une possible dégradation", précise l'agence dans son rapport.

"Depuis le dernier Aaa Sovereign Monitor, le débat sur le calendrier du resserrement de la politique budgétaire a effectivement pris fin dans les grands pays européens notés ' Aaa ' et ils mettent maintenant en oeuvre des mesures de réduction des déficits", souligne Alexander Kockerbeck, responsable du groupe "Risque souverain" chez Moody's.

"Aux Etats-Unis, une stratégie de stabilisation de la dette en est encore à ses débuts", ajoute-t-il. Parmi les principaux défis à relever par les quatre pays, Moody's cite la difficulté de relancer l'économie au moment où les instruments budgétaires "ne sont effectivement plus disponibles".

"Le deuxième défi consiste à préserver l'accès à un financement abordable au moyen de programmes crédibles de redressement des finances publiques à moyen terme. Dans un contexte de défiance des marchés, cela est une condition nécessaire mais pas suffisante pour les gouvernements Aaa" dit l'agence.

Dernier défi, qui est une autre conséquence de la crise selon Moody's: le retrécissement du temps dont disposent les gouvernements pour résoudre les défis budgétaires de moyen et long terme, particulièrement ceux qui résultent du vieillissement de leur population.

L'agence rappelle que dans une précédente étude sur cette question, elle avait estimé que des réformes dans ce domaine étaient "critiques" pour que ces gouvernements puissent conserver leur notation.

Tandem

La rentrée approchant, les sujets d’ordre économique resurgissent dans le quotidien des Français. Prix de l’énergie en hausse, coût des frais scolaires, réforme du système de retraite, augmentation prévisible de la fiscalité… Après des vacances où beaucoup ont regardé de près à la dépense, les sujets de préoccupation ne manquent pas. Dans un tel contexte, l’indicateur de la croissance de l’économie agit comme un révélateur, parfois euphorisant, parfois déprimant. L’annonce, en fin de semaine dernière, d’une hausse de 0,6 % du produit intérieur brut au deuxième trimestre a été accueillie comme une bonne nouvelle, mais avec prudence, surtout au regard des 2,2 % enregistrés en Allemagne.

Ce petit bout de ciel bleu commun dans l’horizon de la conjoncture relance en tout cas la question de la coopération entre les deux principales économies européennes. À l’échelle des entreprises, la France et l’Allemagne doivent-elles cultiver leurs différences dans la perspective d’une division internationale du travail ou ont-elles suffisamment en commun pour peser en faveur de stratégies de soutien au sein de l’Union européenne ? Au niveau des finances publiques, doivent-elles rester fidèles à leurs spécificités, la France s’appuyant sur un État interventionniste, ou faut-il privilégier la réduction des dépenses publiques et la baisse des impôts pour favoriser l’investissement et l’emploi ? Et jusqu’où pousser la réforme de l’État providence, qui assure des filets sociaux aux catégories les plus défavorisées, mais dont l’équilibre est perturbé par une croissance économique ralentie et une transition démographique défavorable ? Ces questions méritent à coup sûr d’être analysées en tandem.

À plus long terme et pour soutenir les entreprises les plus dynamiques, Français et Allemands devront sans doute s’interroger sur une unification plus étroite de leurs marchés. Cela supposerait un rapprochement culturel que l’on a du mal à imaginer, tant l’apprentissage de la langue de l’autre stagne ou recule. Mais, en entraînant des pays voisins volontaires, cela donnerait plus de force à un ensemble européen dès lors mieux armé pour préserver ses intérêts dans le monde.



Jean-Christophe Ploquin

Estrosi, le zélé désavoué

À Grenoble, par son discours sécuritaire, Nicolas Sarkozy avait émis un signal fort. Inutile de chercher plus loin le thème central de la prochaine présidentielle.

Depuis, dans les allées du pouvoir, on juge bon d’en rajouter. Sous Molière, déjà, le roi ayant parlé, les petits marquis s’empressaient de pratiquer la surenchère. Sans s’apercevoir, souvent, de l’effet négatif d’un zèle mal maîtrisé.

À ce jeu, Christian Estrosi se distingue haut la main. Le genre à lancer, sérieux comme un pape : “Être Français ou voyou, il faut choisir.”

Le ministre de l’Industrie, reconverti dans l’ordre public, met sa gouaille rustique au service de la cause.

Sa dernière saillie vise les maires des grandes villes, majoritairement à gauche. Il suggère de les sanctionner. Leur “laxisme” congénital serait un frein à la lutte contre la délinquance. Voici les complices objectifs de la “racaille”. Eurêka ! On a enfin trouvé les responsables du climat délétère ravageant nos banlieues.

Mais non. Nombre d’élus UMP refusent pareille caricature. Ils dénoncent la grossière “stigmatisation des municipalités.” Si bien que Luc Chatel, hier, a dû prendre ses distances avec les propos de M. Estrosi.

L’ingrat gouvernement, par la voix de son porte-parole, désavoue ainsi le plus dévoué de ses serviteurs…



Gilles Debernardi

Quand le marché des céréales s'envole


Les plaines russes s'enflamment. Moscou interdit les exportations. Le prix du blé flambe sur les marchés mondiaux. À peine trois ans après la crise de 2007-2008, peut-on se fier à un marché mondial aussi erratique ? Il serait temps que l'Union européenne redéfinisse une Politique agricole commune, qui protège les agriculteurs de ces variations excessives, et qui soit plus responsable vis-à-vis de l'alimentation du monde.

Le prix du blé était redescendu, en juin, à 4,50 dollars le boisseau sur le marché de Chicago, et à 125 dollars la tonne pour la cote à Paris. Avant le 15 août, les prix étaient respectivement montés à 7,34 dollars, à Chicago, et à 210 à Paris. Grosso modo, la hausse est de 65 %. Pourquoi une telle augmentation ? Le ministère de l'Agriculture américain, le 12 août, chiffrait la baisse de la récolte mondiale de blé à 15,34 millions de tonnes, qui ramènerait le total à 645,7 millions. Une baisse de seulement 2,3 % !

Même à ce niveau révisé, la récolte de cette campagne serait la troisième récolte historique après celle de 2008 et celle de l'année dernière. Ces deux bonnes récoltes avaient permis de reconstituer les stocks de report, passés de 120 millions de tonnes, pendant la crise de 2007, à 200 millions l'année dernière.

Compte tenu d'une consommation mondiale estimée à 655 millions, le prélèvement sur les stocks serait de 10 millions. Pas de quoi entraîner la panique !

Dans le monde, la production de céréales continue d'augmenter plus rapidement que la population, en particulier en Inde et en Chine. En trente ans, les exportations de céréales ont augmenté d'à peine 15 % quand la production progressait de 70 %. Le marché mondial perd donc de l'importance dans l'approvisionnement des pays de la planète. Il ne représente que 18 % de la production de blé, 10 % de celle de maïs et 7 % de celle de riz.

Or ce marché mondial sert de plus en plus de référence pour les politiques agricoles qui sont menées, en particulier dans l'Union européenne. La volatilité croissante des prix, dont la crise actuelle est une illustration, risque de mettre en péril l'alimentation du monde. La précédente crise a fait passer le nombre des personnes qui souffrent de la faim de 850 millions à un milliard en deux ans.

Le monde a « la capacité de nourrir le monde », pour reprendre l'expression célèbre d'Edgard Pisani. Mais pour produire, les agriculteurs ont besoin d'un minimum de sécurité. C'est essentiellement un problème politique qui concerne l'Europe, premier producteur de blé avec 21 % de la récolte mondiale. Or, l'Union se laisse bercer par les chimères de l'Organisation mondiale du commerce, et feint de croire que les produits agricoles sont des marchandises comme les autres ! Dans la crise actuelle, il a suffi d'une baisse des estimations de 2 % pour que les prix augmentent de 65 % !

Le drame que vivent les agriculteurs russes mériterait plus de solidarité et plus d'efficacité pour en limiter les inconvénients sur l'alimentation du monde. Voilà un objectif ambitieux pour réformer la Pac. Il est possible que cette ambition agricole donne, de surcroît, des idées aux pays de l'Union pour sortir de la crise économique, en pariant sur la solidarité plus que sur la compétition entre les nations.
Lucien Bourgeois

Les mutuelles prônent le remboursement des médicaments en fonction de leur efficacité

Les mutuelles françaises souhaitent rembourser les médicaments prescrits en fonction de leur efficacité et non plus du barème de la Sécurité sociale, indique mercredi Le Parisien/Aujourd'hui en France, qui évoque une expérimentation déjà menée en ce sens. "Nous voudrions pouvoir rembourser ou non un produit en fonction de son utilité médicale", déclare dans le journal le docteur Jean-Martin Cohen-Solal, directeur général de la Mutualité française, qui rassemble la plupart des mutuelles.
Pour Christian Saout, du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), "c'est une avancée vers les couvertures maladie à plusieurs vitesses. Nous allons voir apparaître des contrats de plus en plus low-cost qui ne rembourseront que les médicaments à utilité élevée". Une pratique "impossible aujourd'hui puisque les complémentaires santé n'ont aucune information sur le 'service médical rendu' des médicaments établi par la Haute Autorité de santé", explique le quotidien.

Mais "ce verrou vient, en partie, de sauter. La Mutualité française a en effet été autorisée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) à prendre connaissance de ces informations", ajoute Le Parisien. Du coup, ce nouveau système prenant en compte l'efficacité des médicaments est déjà expérimenté "de façon anonyme dans quelques pharmacies à des fins statistiques", précise la même source.

L'objectif est "à terme de généraliser cette expérimentation" pour plus tard "faire notre métier, arrêter de rembourser à l'aveugle", conclut Jean-Martin Cohen-Solal.

Sylvester Stallone

Le combat de trop ? Pas si sûr. Beaucoup étaient dubitatifs en découvrant le nom de Sylvester Stallone en triple (réalisateur, scénariste et acteur) tête d'affiche du blockbuster « The Expendables », qui envahit les écrans français ce mercredi. Il est certes loin le temps où Rocky et Rambo raflaient la mise hollywoodienne. Les plus récents épisodes de ces franchises avaient tout de la fin de série, tant sur le plan cinématographique qu'en termes de résultat. Au point que l'« étalon italien » semblait désormais confiné dans la loge des has been, ou invité à se concentrer sur son autre passion, l'art contemporain. Mais l'homme est un vrai dur à cuire, avec un sens de l'autodérision qui dans le show-business sert de kit de survie. C'est comme une parodie qu'il a conçu « The Expendables », rameutant le ban et l'arrière-ban du « cinoche » d'action des années 1980 et 1990, de Dolph Lundgren, son adversaire dans « Rocky IV » à Bruce Willis et Arnold Schwarzenegger dans des rôles mineurs, sans oublier Mickey Rourke ressuscité par « Iron Man 2 » et Jet Li, pour la mondialisation par le karaté. Aux Etats Unis, le pari semble déjà gagné. « The Expendables » a terminé en tête du box-office le week-end dernier, récoltant près de 35 millions de dollars, malgré une concurrence féroce emmenée par le nouveau film de Julia Roberts. Joli pied de nez de celui que l'on appelle « Sly ». Surnom qui, il est vrai, signifie… rusé...(la suite est dans le journal "Les Echos")

Le pour et le contre

Dominique de Villepin a choisi ce mois d'août pour renouveler sa carte d'adhérent à l'UMP. Certains de ses partisans s'en étonnent, vu ses attaques répétées contre la majorité et son président. En fait, il applique en cela une nouvelle tendance de notre vie politique, écartelée entre la variété des besoins d'exister et l'impérieuse loi binaire des présidentielles. En résumé, il ne fait qu'attaquer en adhérant. Et il n'est pas le seul, à gauche comme à droite.

DSK est éloigné du PS mais en est proche par le coeur ; il applique au FMI une politique qui n'est pas socialiste, mais il le reste ; il n'est pas candidat, mais il pourrait l'être. Avec ce parti, Mélenchon a rompu bruyamment et pour de bonnes raisons de gauche. Mais après avoir fondé le parti du même nom, il appelle naturellement à l'union. Bayrou s'est signalé par la virulence de ses attaques contre Sarkozy, sa majorité, ses pompes et ses oeuvres, et même le Nouveau Centre, au point que son récent retour à la simple politesse pourrait passer pour un repentir. Il n'en est rien. Il faut comprendre en effet que le centre est le lieu privilégié où le pour et le contre se mélangent le plus naturellement. Quant à Marine Le Pen, elle a trouvé le mode ironique pour approuver les initiatives répressives de celui qu'elle combat… Toutes ces postures complexes font penser à la formule de l'inimitable Edgar Faure prônant l'« indépendance dans l'interdépendance ». Rien de nouveau en somme.

On allait oublier Besancenot. Lui, au moins, ne fait aucune concession à personne, dans un immuable discours qui pourrait évoquer cet autre phare de notre pensée nationale, fondateur en son temps d'un parti « contre tout ce qui est pour, pour tout ce qui est contre ». Le même Pierre Dac constatait par ailleurs que « celui qui, parti de rien, n'est pas arrivé à grand-chose, n'a de merci à dire à personne ». Ce qui est une manière de définir la véritable indépendance.

Pour un bio à la sauce OGM

Les adeptes du bio comme les partisans de la cause écologique voudraient nous faire croire que la défense de leurs convictions passe fatalement par l'attaque de tous les OGM. En faisant systématiquement - pour des raisons bien plus idéologiques que scientifiques -du génie génétique un ennemi à abattre, les avocats de cet intégrisme anti-innovation se trompent pourtant de cible. Bien encadrés, les OGM ne sont pas leurs ennemis. Ils pourraient même, au contraire, être leurs alliés.

Les humanitaires luttant contre la faim dans le monde le savent. L'amélioration des rendements que permettent certains soja ou maïs transgéniques peut à sa manière contribuer positivement à l'alimentation de millions de personnes. Les moins obscurantistes des écologistes admettent également que les recherches permettant de faire pousser des plantes moins gourmandes en eau ou capables de se passer d'insecticides peuvent avoir un impact positif pour la nature.

C'est aujourd'hui toute la filière bio qui devrait faire sa révolution culturelle et accepter d'étudier les aspects éventuellement positifs de la biotechnologie. Car à force d'idéaliser des symboles, certains en finissent par ignorer les faits. Contrairement aux idées reçues, le bio n'est en particulier pas forcément très écolo. Les rendements et les économies d'échelles étant limitées, il faut faire rouler bien des heures un tracteur pour des productions faibles et un impact CO2 non négligeable. Il en va de même pour les fruits et légumes bio importés par avion et dont le bilan carbone est largement négatif.

Pas forcément meilleurs pour l'environnement, les produits bio pourraient faire des OGM un allié. En rendant le bio plus efficace, les OGM rendraient cette filière verte plus compétitive. Et en redistribuant ces gains de productivité aux clients sous forme de baisse de prix, une filière bio-OGM serait même mieux équipée pour rivaliser avec l'agriculture traditionnelle. Cela permettrait de réduire la consommation de pesticides ou d'engrais chimique, contribuant ainsi positivement à l'environnement.

En refusant jusqu'à l'idée de pouvoir étudier le simple impact des OGM, les faucheurs obscurantistes desservent une agriculture française qu'ils croient protéger. Surtout, en défendant une vision passéiste d'une agriculture bio, ils condamnent par avance les paysans français. Car, incapables d'innover, comment pourraient-ils rivaliser demain avec des producteurs bio installés dans des pays bénéficiant à la fois de coûts de main-d'oeuvre plus faibles et peut-être des retombées positives de certains OGM ? Au lieu de les diaboliser, on se doit d'étudier sereinement les avantages comme les inconvénients des OGM.


David Barroux