TOUT EST DIT

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jeudi 10 février 2011

La Jordanie tente d'éviter la tourmente

Après la Tunisie et L'Egypte, la Jordanie essaie de faire face à la contestation, alors que la reine est accusée de corruption.
Confrontée elle aussi au vent de contestation qui souffle sur le monde arabe, la Jordanie s'est dotée, ce mercredi, d'un nouveau gouvernement incluant des personnalités proches de l'opposition, dont la principale mission sera d'entamer des réformes. 


Mais le principal mouvement d'opposition, le Front de l'action islamique (FAI), a refusé de participer à ce gouvernement, regrettant que ce cabinet "ressemble aux précédents". Même son de cloche chez les Frères musulmans: "Le peuple jordanien ne croit pas aux promesses et ne s'intéresse pas aux discours, il veut des actes", a déclaré le porte-parole de la confrérie, Jamil Abou Bakr qui a annoncé la poursuite des manifestations " sous différentes formes jusqu'à l'adoption de réformes par le gouvernement". 
L'opposition réclame en premier lieu une révision de la loi électorale et des lois sur les libertés publiques. Face à ce mouvement, le roi Abdallah II a limogé le 2 février son Premier ministre Samir Rifaï et chargé Maarouf Bakhit de former un nouveau gouvernement et de proposer un vaste programme de réformes politiques et économiques. Après une semaine de consultations, Maarouf Bakhit, 64 ans, et ses 26 ministres ont prêté serment mercredi. 
La fronde des tribus, piliers du régime
La grogne a récemment pris une nouvelle tournure avec des critiques directes et sans précédent contre la reine Rania accusée de "corruption" par de grandes tribus jordaniennes, piliers du régime. Ce texte brise un tabou dans un pays où les critiques visant la famille royale sont passibles de trois ans de prison. Le train de vie de la reine Rania, souvent citée parmi les femmes les plus influentes au monde, fait régulièrement l'objet de critiques. 
"Nous demandons au roi Abdallah d'ordonner la récupération par le Trésor des terres et de fermes enregistrées au nom de la famille Yassine (famille de la reine Rania) alors qu'elles sont la propriété du peuple jordanien", a indiqué un communiqué signé par 36 personnalités appartenant aux grandes tribus. 
 Nous continuons à être loyaux au trône hachémite, mais nous estimons que le roi Abdallah doit mettre fin aux abus de son épouse et de sa famille 
Les signataires du document, appartenant à de grandes familles bédouines, traditionnellement loyales à la famille régnante hachémite, estiment que la Jordanie "traverse une crise du pouvoir" et que le pays "sera tôt ou tard la cible d'un soulèvement semblable à la Tunisie et l'Egypte". Ils exigent "le jugement des corrompus qui ont pillé le pays, quels qu'ils soient et quels que soient leur rang et leur importance". "Nous continuons à être loyaux au trône hachémite, mais nous estimons que le roi Abdallah doit mettre fin aux abus de son épouse et de sa famille, sinon le trône sera en danger", a déclaré un membre d'une grande tribu, sous couvert de l'anonymat. 
Le syndicat de la presse jordanienne, qui s'aligne couramment sur les positions du pouvoir, a dénoncé mercredi dans un communiqué "le manque de professionnalisme de l'AFP, de Reuters et des télévisions satellitaires, qui ont publié des communiqués et des positions politiques exprimées par un nombre restreint de citoyens qui ont dépassé les limites acceptables de la critique et de l'opposition légitime". 
La question des Jordaniens d'origine palestinienne
Le texte des tribus bédouines accuse aussi la reine d'avoir établi des "centres de pouvoir pour ses propres intérêts, qui vont à l'encontre des intérêts des Jordaniens et constituent un danger pour la nation". Ces accusations font référence à des informations, non confirmées, selon lesquelles le bureau de la reine, elle-même d'origine Palestinienne, aurait facilité la naturalisation de 78.000 Palestiniens entre 2005 et 2010. Les Jordaniens de souche craignent que la naturalisation d'un grand nombre de Palestiniens ne facilite un plan israélien qui, selon eux, veut transformer la Jordanie en patrie de substitution pour les Palestiniens. Ces derniers constituent déjà près de la moitié de la population jordanienne (6,3 millions).  
 

Gouvernement d'ouverture

Le nouveau gouvernement comprend un islamiste indépendant, ancien adjoint du chef des Frères musulmans, qui devient ministre des Affaires religieuses.
Plusieurs ministres du courant nationaliste proche de la gauche font leur entrée, ainsi qu'un journaliste libéral rédacteur en chef du quotidien indépendant al-Arab al-Yom.
La nouvelle équipe ne compte plus que deux femmes, contre trois dans la précédente.
La grande majorité des membres du gouvernement ont une soixantaine d'années. Les Jordaniens avaient critiqué les résultats des jeunes technocrates occidentalisés très présents dans le gouvernement sortant. 

Le futur selon Microsoft

Une salle de bains truffée de capteurs, des robots qui ont le sens de l'humour, ou un appartement entier intégrant la réalité augmentée. Telle est la vision du futur des nouvelles technologies, selon une présentation de Microsoft, jeudi 10 février au Palais des Congrès de Paris, devant une salle comble.

Après avoir imité l'émission "La Nouvelle Star", pour déterminer les meilleures applications pour ses téléphones mobiles au mois d'octobre, Microsoft opte cette fois-ci pour une mise en scène décalée et théâtrale, sorte de Chant de Noël de Dickens revisité. En une succession de saynettes, un visiteur du futur décrit à une jeune femme les prochaines évolutions de sa vie quotidienne : e-santé, robotique ou commerce "informatique invisible".
Première innovation : la salle de bain, dotée d'un"miroir magique" capable de reconnaître celle qui se présente devant lui, et surtout d'une brosse à dents dotée de capteurs. Au bout de quelques secondes, l'ordinateur embarqué dans la salle de bain est formel : glycémie trop élevée. Et un médecin de surgir immédiatement en visioconférence, pour prescrire un nouveau traitement. "Une médecine plus moderne, plus active, plus participative, plus préventive", assure le visiteur du futur. L'intervenant évoque aussi la possibilité d'anticiper des pics d'épidémie, en collectant les données de l'ensemble des patients, des données qui seront "préalablement anonymisées".
UNE RÉALITÉ TRÈS AUGMENTÉE
Lors de la présentation, c'est le robot Nao d'Aldebaran Robotics qui tient le rôle de comique de service. "Je ne suis pas stupide comme R2D2", le robot de La Guerre des étoiles, assure la machine, à l'issue d'une conversation surréaliste, mais presque cohérente, avec les intervenants sur scène. Pour les concepteurs, ce robot intelligent pourrait servir à garder un œil sur ses enfants, ou fournir une assistance aux personnes dépendantes.
Pour faire ses courses, la ménagère du futur pourra également compter sur les innovations technologiques, telles que des "magasins virtuels" accessibles depuis des bornes, dans lesquels le consommateur peut se promener simplement, d'un mouvement de la main. De telles devantures virtuelles, permettant par exemple de choisir un modèle personnalisé de chaussures, existent déjà, mais nécessitent encore des capacités de traitement des données importantes. "Avec la loi de Moore, de tels systèmes pourraient bientôt devenir peu coûteux", souligne Stéphane Nègre, PDG d'Intel, présent à la manifestation.
Microsoft assure enfin que la réalité augmentée ou que le dispositif Kinect, qui permet de jouer sans manette, n'en sont pour l'instant qu'à leurs balbutiements. Avec le projet Skin Put de Microsoft Reasearch, c'est le corps tout entier qui devient une interface. Doté d'un capteur, l'utilisateur peut s'adonner à une partie de Tetris, ou activer, par des mouvements de doigts, un menu apparu

directement sur son avant-bras. Le projet Light Space promet quand à lui de rendre tout son domicile interactif. Un objet virtuel, comme une photo sur un texte, peut être déplacé manuellement, d'une table à un mur en passant de main en main.


UN ORDINATEUR "SITUATIONNISTE"
Mais la vision du groupe informatique la plus globale concerne l'"ordinateur situationniste", capable, grâce à des capteurs, d'avoir une connaissance de l'environnement de l'utilisateur. Les applications sont presque infinies, selon Microsoft : un terminal capable de parler automatiquement la langue de son interlocuteur, un téléphone mobile qui détermine si la personne est dans "l'humeur" de pouvoir répondre... "L'objectif final est de concevoir un ordinateur qui n'est pas seulement à nos ordres, mais un ordinateur qui travaille en notre nom, à qui on laisserait un peu la main", souligne l'intervenant.
Pour alimenter en données cet ordinateur sensible à l'environnement, Microsoft envisage deux types de capteurs : matériels, tels que le GPS, pour la géolocalisation, ou les accéléromètres, pour le mouvement ; mais aussi des capteurs logiciels, donnant par exemple à la machine une connaissance de l'agenda de l'utilisateur, ou décrivant son appartenance à tel ou tel réseau social. Microsoft pointe néanmoins un risque potentiel d'intrusion dans la sphère privée, et prône la nécessité d'une politique de vie privée.
-"Ça fait un peur tout de même, on dirait un scénario à la I, Robot", souligne la jeune femme, à l'issue de sa projection de 24 heures dans l'avenir...
- "Après tout, le film I, Robot ne se termine pas si mal que cela", lui répond le visiteur du futur...

Le premier ministre égyptien évoque la démission de Moubarak

Le président égyptien Hosni Moubarak, fortement contesté par la rue, pourrait démissionner dans les heures qui viennent. Voilà ce qu'a affirmé, jeudi 10 février, le premier ministre, Ahmed Chafic, à la BBC, au 17e jour du soulèvement populaire pour réclamer le départ du raïs, au pouvoir depuis trente ans.

La décision du départ ou du maintien de Moubarak est attendue dans les prochaines heures, a confirmé un porte-parole du gouvernement. La CIA a aussi jugé "fort probable" que le président égyptien quitte le pouvoir dans la soirée, a affirmé son directeur Leon Panetta lors d'une audition au Congrès américain.
Hosni Moubarak pourrait "répondre aux revendications du peuple" d'ici vendredi, a renchéri, toujours à la BBC, le secrétaire général du parti au pouvoir, Hossam Badrawi. "Je m'attends à ce que le président réponde aux revendications du peuple, parce que ce qui lui importe à la fin c'est la stabilité du pays, le poste ne lui importe pas actuellement", a-t-il précisé.
L'ARMÉE "ATTEND DES ORDRES QUI VONT FAIRE PLAISIR AU PEUPLE"
Hosni Moubarak va aussi remettre ses fonctions de commandant en chef à l'armée, rapporte la chaîne de télévision américaine CNN. Le président égyptien s'est rendu dans la station balnéaire de Charm El-Cheikh accompagné du chef d'état-major de l'armée, rapporte la chaîne Al-Arabia. Aucun autre détail n'a été fourni.
L'armée égyptienne "attend des ordres qui vont faire plaisir au peuple", a de son côté affirmé jeudi à l'AFP un haut responsable de l'armée, sous couvert de l'anonymat.

Dans un communiqué, l'armée égyptienne a annoncé avoir commencé à prendre les "mesures" nécessaires "pour protéger la nation" et "pour appuyer les demandes légitimes du peuple". Le Conseil supérieur des forces armées égyptiennes va ainsi siéger en permanence afin de protéger les intérêts de la nation. Cette instance militaire, dirigé par le ministre de la défense Mohamed Hussein Tantaoui, s'est réunie au Caire en l'absence du président Hosni Moubarak.

Sarkozy: les mots d'un soir







C'EST EXTRAORDINAIRE ! DES MOTS, PAS ENCORE PRONONCÉS ET DÉJÀ JUGÉS !!!
LE VÉRITABLE COUP DE FORCE DU JOURNALISME, C'EST ÇA !

L'armée prend l'initiative au Caire

Le Conseil supérieur des forces armées égyptiennes s'est réuni au Caire et a décidé de siéger en permanence pour "répondre aux demandes" des manifestants qui réclament depuis le 25 janvier le départ du président Hosni Moubarak.
Place Tahrir, épicentre de la contestation dans le centre du Caire, un officier supérieur, Hassan al Roweny, a déclaré aux manifestants que tout ce qu'ils souhaitaient allait "se réaliser." Il a été acclamé aux cris de "Le régime est tombé!", a rapporté un journaliste de Reuters sur place.

Le Premier ministre égyptien Ahmed Chafik a déclaré pour sa part à la BBC que le président Moubarak pourrait démissionner.
Mais à la télévision égyptienne, il a tenu a préciser que le raïs était toujours en poste et conservait tous ses pouvoirs, ajoutant que le dialogue national se poursuivait.
La situation sera rapidement clarifiée, a ajouté le chef du gouvernement.
D'après NBC, Moubarak démissionnerait dans la soirée.
La chaîne de télévision américaine CNN rapporte pour sa part que le raïs va renoncer à ses fonctions de chef des forces armées.
Il ne figure d'ailleurs pas au sein du Conseil supérieur, qui est présidé par le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui. Le vice-président Omar Souleimane ne fait pas non plus partie du Conseil, précise la télévision publique égyptienne.

Bras de fer autour de la majoration en cas d'oubli de la carte vitale

Alors que la Sécurité sociale voulant pénaliser les médecins de 50 centimes par feuille de soins non télétransmise avec la carte Vitale, certains médecins voudraient répercuter cette amende sur les patients.
La CSMF, le premier syndicat de médecins libéraux [généralistes et spécialistes] a en effet diffusé à ses adhérents une affiche à placarder dans leurs salles d'attente pour inciter les patients à ne pas oublier leur carte Vitale. L'affiche a été envoyée aux membres de la CSMF dans le journal du syndicat, Le Médecin de France. Elle est téléchargeable sur le site du syndicat.
"Si vous ne présentez pas cette carte, quel qu'en soit le motif, l'Assurance-maladie impose à votre médecin une pénalité de 0,50 euro qu'il ajoutera au tarif de votre consultation", peut-on lire sur l'affiche.
La consultation chez le médecin généraliste est passée à 23 euros depuis le 1er janvier. Le patient sans la carte et soigné par un médecin de la CSMF pourrait voir le prix de sa consultation monter à 23,50 euros.
Depuis le 1er janvier, les médecins libéraux qui n'ont pas recours à la télétransmission de leurs actes vers les caisses au moyen d'un lecteur de carte Vitale (dans une proportion d'au moins 75 %) sont susceptibles d'être taxés à hauteur de 50 centimes par feuille de soins papier.
S'ils reconnaissent que des médecins sont encore récalcitrants à utiliser la carte Vitale (30 % d'entre eux), les syndicats médicaux font valoir aussi que, dans la majorité des cas, les praticiens sont contraints d'utiliser encore les feuilles de soins car, pour des raisons diverses, le patient ne dispose pas de sa carte au moment de la consultation. Selon la Cour des comptes, les feuilles de soins papier ont représenté en 2009 pour la Sécu "une dépense évitable de 200 millions d'euros".

Au revoir et merci

Après vingt-cinq années parmi les plus belles et les plus intensément remplies de mon existence, je mesure combien j'avais fini par confondre Le Monde avec ma vie. Tout cela ne faisait qu'un et il ne pouvait exister à mes yeux qu'un journal, "le grand quotidien du soir", comme il ne pouvait exister qu'une seule vie, vécue au sein de notre prestigieuse et attachante maison.

Diriger Le Monde fut un honneur. Au moment de quitter ce que j'ai tant aimé, je tiens à remercier ceux qui, en 2007, m'ont encouragé à prendre de si lourdes responsabilités. Et ceux qui, pendant ces années difficiles de restructuration, m'ont accordé leur confiance et ont oeuvré à mes côtés dans un esprit d'abnégation exemplaire. Au premier rang desquels Laurent Greilsamer, infatigable directeur adjoint du Monde, Alain Frachon, qui accepta d'être directeur de la rédaction au milieu des tempêtes, et Sylvie Kauffmann, qui prit la relève début 2010 avec tant d'énergie, de panache et de talent.

Sous leur direction, nous avons fait un bon et un beau journal, avec les moyens du bord, c'est-à-dire peu de moyens, mais avec une rédaction qui s'est battue sans jamais baisser les bras dans un contexte chahuté pour les métiers de l'information, alors que le sort du Monde menaçait de se jouer à la barre du tribunal de commerce. Chacun a pris ses responsabilités avec courage et enthousiasme face à l'adversité. Notre entreprise était humaine, donc fragile. Nous nous sommes efforcés jour après jour de lui garder tout son sens, toute sa valeur, toute son attractivité.

Ensemble nous avons continué d'innover, d'améliorer Le Monde en nous adressant à l'intelligence de nos lecteurs, conscients que nous sommes de leur stimulante exigence. Je suis particulièrement fier que le grand quotidien de langue française qu'est Le Monde, avec son style bien à lui, ait cultivé son ouverture sur l'extérieur et manifesté sa curiosité pour les idées nouvelles qui traversent et agitent nos sociétés. C'est dans cet esprit d'aller regarder ailleurs que nous avons créé les pages "Planète", consacrées aux grandes problématiques de l'environnement et des populations, une Page trois, offrant chaque jour un traitement original de l'actualité, les pages "Contre-enquête", répondant sans concession aux questions clés de l'actualité. Que nous avons aussi organisé dans nos pages les grands rendez-vous consacrés aux débats, qui ont souvent trouvé leurs prolongements dans l'auditorium du Monde ou chez nos amis du Théâtre du Rond-Point.

Cette dynamique éditoriale était indispensable. Pour une marque de presse, l'innovation est une assurance-vie. Etre le premier reste souvent la garantie d'être le meilleur. Chaque jour nous avons essayé de rendre notre journal et ses contenus indispensables, indiscutables, au milieu d'une révolution technologique invitant à un exercice complexe : allier rapidité et profondeur, réactivité et fiabilité. Apprendre, surprendre, éclairer, aider à réfléchir. Etablir des hiérarchies, trier, décrypter, mêler pertinence et impertinence. Se libérer des préjugés, se méfier des habitudes.

Faire et refaire, offrir un journal inspiré, écrire juste, clair et dense. La tâche était et reste exaltante, dans un contexte où le culte de la gratuité semble retirer à l'information tout son prix. Pour donner de la valeur à l'éphémère, nous avons offert le meilleur du Monde dans un mensuel, multiplié les hors-série thématiques et les atlas avec les équipes de La Vie. Nous avons exploité nos archives avec les Editions des Arènes et la puissance du Net. Bref, nous avons ouvert notre Monde pour lui donner sa pleine dimension.

Je suis heureux aussi d'avoir pu donner à des femmes ayant de grandes qualités des responsabilités majeures au sein du journal, à la tête de services phares, et, bien sûr, pour la première fois de notre histoire, à la direction de la rédaction. Je suis heureux enfin d'avoir permis le rapprochement du Monde "papier" et du Monde interactif en les réunissant sous un même toit en septembre 2009, jetant ainsi les fondations d'un seul Monde au service d'une seule grande marque de presse, tous supports confondus, tous ensemble et tous différents.

Je voudrais bien sûr rendre hommage à Louis Schweitzer, ancien président du conseil de surveillance, et à David Guiraud, ancien vice-président du groupe. Tous les deux m'ont épaulé dans des tâches nouvelles pour moi de gestion, de rationalisation de nos coûts, de redressement de notre exploitation, afin de faciliter une lourde et nécessaire opération de recapitalisation. Là encore le chemin fut difficile, douloureux parfois - un plan social touchant 130 personnes, des cessions d'actifs comme La Procure, Fleurus et les Cahiers du cinéma. Il fallait, pour réussir, des équipes éditoriales et managériales soudées, marchant d'un même pas dans la même direction. Ce fut le cas, et je salue la valeur morale tout autant que la compétence des dirigeants et des cadres qui, chacun à son poste de responsabilité, ont permis à notre groupe de rester debout.

Les efforts n'ont pas été seulement accomplis au Monde. Le pôle magazines, avec Télérama, Courrier international et La Vie, s'est illustré par une belle vitalité. Quant à notre filiale numérique, elle a poussé les feux de la nouveauté sur le site du Monde.fr comme sur les iPhone, iPad et autres tablettes. Au total, jamais l'audience de la marque Le Monde n'a été aussi forte, avec plus de 7 millions de lecteurs, internautes et mobinautes.

Un nouvel avenir se profile aujourd'hui pour Le Monde, avec une nouvelle direction et des moyens accrus. Je souhaite de tout coeur bonne chance à mon successeur désigné et ami Erik Izraelewicz, ainsi qu'à l'équipe dont il s'entourera pour entraîner notre collectivité - j'aurai toujours du mal, parlant du Monde, à abandonner ce "notre". Il ne m'appartient pas de dresser mon bilan. D'avoir servi au mieux notre idéal, animé sans cesse par un esprit d'indépendance et de combativité, suffit à ma paix intérieure.

Je ne saurais partir sans exprimer une pensée toute particulière à l'attention d'André Fontaine, le directeur qui m'"embaucha" au printemps 1986 et m'apprit mieux que quiconque la lourdeur de la tâche, l'humilité qu'il faut garder, la tension permanente entre passion et sang-froid, l'ambition de hisser Le Monde toujours plus haut. Son soutien bienveillant, ses visites du soir, sa lucidité, tout cela me restera comme un cadeau que vous fait la vie sans que vous l'ayez demandé, sans même être bien sûr de l'avoir mérité. C'est dire combien, à travers notre ancien directeur, je resterai attaché à cette aventure collective dont tout un chacun, au Monde, doit être fier.

Qui présidera la BCE après le Français Jean-Claude Trichet, en novembre ?

La course à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) est plus ouverte que jamais. Axel Weber, président de la Bundesbank, a décidé de ne pas solliciter, en 2012, un second mandat à la tête de cette institution et de ne pas postuler à la succession de Jean-Claude Trichet, dont le mandat expire en novembre.

Selon la presse allemande, le successeur du Français à la tête de la BCE ne sera pas un Allemand. Angela Merkel aurait en effet décidé de ne pas présenter un autre candidat.Membre du conseil des gouverneurs de la BCE (au titre de la Bundesbank), M. Weber a sans doute scellé son propre destin en mai 2010 en faisant savoir qu'il s'était opposé au rachat par la Banque centrale d'obligations émises par les Etats européens en difficulté.
Pour nombre d'Etats, cette position était contestable car ces rachats restaient modestes (quelques dizaines de milliards d'euros, rien de comparable à ce que fait la Réserve fédérale américaine) et surtout elle n'avait pas à être rendue publique puisque les votes sont secrets. Un double crime de lèse-majesté que le gouvernement français ne lui a jamais pardonné et qui l'a sans doute desservi auprès d'Angela Merkel.
ANGELA MERKEL PRISE AU DÉPOURVU
Sa décision, annoncée mercredi 9 février, semble avoir pris la chancelière au dépourvu. Elle aurait d'ailleurs demandé à M. Weber de ne pas la communiquer avant que sa succession à la tête de la Bundesbank ne soit réglée. Si Angela Merkel a toujours donné l'impression de soutenir le seul candidat allemand, il n'est pas certain qu'il avait, aux yeux de la chancelière, le profil idéal.

La rumeur annonce maintenant que M. Weber souhaite prendre la présidence de la puissante Deutsche Bank après Josef Ackermann dont le mandat s'achève en 2013 mais, en Allemagne, beaucoup jugent qu'un banquier central qui connaît tous les rouages des banques privées de son ressort ne peut pas partir du jour au lendemain dans l'une de celles-ci.
En attendant, les spéculations vont bon train pour savoir qui va remplacer M. Trichet. Le gouverneur de la banque d'Italie, Mario Draghi, lui aussi membre du conseil des gouverneurs de la BCE, est depuis longtemps candidat. Mais Italien qui, de plus, a dirigé pendant quatre ans la filiale européenne de la banque américaine Goldman Sachs, M. Draghi n'a pas que des atouts et l'on dit, à Bruxelles, que Silvio Berlusconi le soutient surtout pour que celui-ci quitte la Péninsule.
COMPROMIS ENTRE PARIS ET BERLIN
Du coup, d'autres noms apparaissent, comme celui d'Yves Mersch, président de la banque centrale du Luxembourg, ou Errki Likanen, son homologue finlandais. Deux représentants de pays proches de l'Allemagne.
Si le départ de M. Weber crée un vide, il va aussi faciliter le compromis entre Paris et Berlin. Son remplacement à la tête de la Bundesbank n'est pas anecdotique puisque son successeur siègera à la BCE.
Depuis plusieurs semaines circule le nom de Jens Weismann. Peu connu des Allemands, cet homme de 42 ans est l'influent conseiller économique d'Angela Merkel. Il passe pour très europhile. On ne peut exclure que Mme Merkel cherche à le mettre en piste pour être non pas le successeur immédiat de Jean-Claude Trichet... mais le suivant.

Des sextoys contre des armes.




Des sextoys contre des armes.
envoyé par lerewind. - L'actualité du moment en vidéo.

L’hirondelle du printemps

Anne Sinclair est-elle l’hirondelle qui annonce le printemps socialiste et la candidature de son mari à l’élection présidentielle ? Sans aucun doute car la grande journaliste qu’elle fut sur TF1 est la première conseillère politique et stratégique de DSK.
La semaine dernière, ici même, je rapportais comment son équipe de communication envisageait, pour sortir du bois, de lui faire annoncer qu’il ne solliciterait pas un second mandat au FMI. C’est fait et c’est Mme Strauss-Kahn qui s’en est chargée en exprimant ce souhait. Si DSK ne continue pas son job prestigieux, ce n’est pas pour prendre sa retraite à 60 ans alors que lui-même se prononçait en pleine réforme des retraites pour un allongement de la durée du travail ! C’est bien évidemment pour faire comprendre à la famille socialiste qu’il s’engagerait dans la bataille des primaires du PS avec la ferme volonté de la gagner.
Ce signal fort envoyé par Anne Sinclair au nom de son compagnon a pour but de stopper l’effritement de la cote de DSK dans les sondages, de répondre aux coups de boutoir du candidat Mélenchon et d’obliger tous les autres candidats affichés ou potentiels à se déterminer par rapport à lui. Au premier rang desquels la première secrétaire, Martine Aubry, désormais au pied du mur.
Liée à DSK par le pacte de Marrakech – ne pas être candidat l’une contre l’autre –, Martine Aubry avait fini par croire à son propre destin face à l’absence de DSK. Elle sait désormais que ce n’est plus le cas. « DSK is back. »

DOMINIQUE SAINCLAIR-KAHN EST DE RETOUR, NUANCE !!!!

Les juges politiciens

La fronde des juges qui a gagné toute la France judiciaire débouchera sur une grande journée d’action demain. On croirait revivre la fronde des magistrats des parlements sous le règne de Louis XVI. Tout simplement parce que nos juges d’aujourd’hui, comme leurs prédécesseurs, ont décidé de faire de la politique plutôt que de la justice.

Il y a deux sortes de magistrats en France : ceux qui sont de gauche, qui se reconnaissent dans le Syndicat de la magistrature (SM) et qui souhaitent ardemment que Nicolas Sarkozy s’en aille, et les autres magistrats, qui sont plutôt à droite, souvent à l’Union syndicale des magistrats (USM), et qui par un corporatisme exacerbé souhaitent tout aussi ardemment que le président de la République soit battu en 2012.

Pourquoi cet acharnement antisarkozyste ? Parce que le chef de l’Etat ne leur a laissé aucun moment de tranquillité depuis 2007 : réforme de la carte judiciaire avec Rachida Dati, multiples lois sur les peines planchers et autres récidivistes, pression permanente de l’exécutif sur les magistrats pour qu’ils fassent leur boulot et appliquent toutes les rigueurs de la loi à ceux qui volent et tuent, plutôt que de leur trouver à tout propos des excuses et des circonstances atténuantes. Dernier outrage aux juges professionnels, on leur adjoindra bientôt des juges citoyens comme sous la Révolution française, comme dans les cours d’assises. Pour les juges roses, et les procureurs politiques, la coupe est pleine, mais le peuple dans sa sagesse est-il de leur avis ?

DSK aux primaires : Copé se gausse

Jean-François Copé, pour la droite, a tourné en dérision la déclaration d'Anne Sinclair sur un éventuel retour de DSK pour 2012. Pour la gauche, un certain nombre de députés PS refusent de jouer le jeu de la sur-interprétation des intentions strauss-kahniennes.

Jean-François Copé en a marre de l'attentisme de DSK et de l'excitation autour de sa possible candidature. Et l'a fait savoir jeudi matin sur Europe 1, réagissant à la déclaration d'Anne Sinclair selon laquelle son époux pourrait ne pas briguer un second mandat à la tête du FMI. « Il y a un truc énorme qui vient de se passer au PS ! Ah bon ? Quoi ? Mme Sinclair a dit qu'elle ne voulait pas que son mari fasse un deuxième mandat au FMI. Énorme évènement ! », a ironisé le secrétaire général de l'UMP.

« Et donc nous voilà partis pour deux trois minutes d'antenne sur ce que cela pourrait vouloir dire en terme de signes indirects par rapport à la possibilité éventuelle que Dominique Strauss-Kahn nous fasse l'honneur de bien vouloir revenir dans le débat politique français pour éventuellement apaiser nos angoisses insupportables concernant sa candidature. Pourquoi pas ? », a-t-il encore raillé. Déjà le 1er février, le député-maire de Meaux s'était exaspéré du silence de DSK, raillant « cette espèce de figure tutélaire, de statue de commandeur, d'oracle, de ce type dont on dit : il sait tout sur tout ».

« On n'est pas dans un tiercé »

Côté PS, l'agacement était également palpable chez certains au lendemain de la « petite phrase ». Contrairement aux strauss-kahniens, André Vallini, député de l'Isère et proche de Hollande, a estimé que « l'élection présidentielle ne doit pas se résumer à l'exégèse de messages subliminaux et de phrases sibyllines de l'épouse d'un candidat potentiel ! ». Henri Emmanuelli, député des Landes et situé à l'aile gauche du PS, est du même avis : « Je n'ai pas l'habitude de commenter les phrases des épouses ».

« On n'est pas dans un concours de pronostic ou un tiercé. J'aimerais que l'on parle d'autre chose », a esquivé Jean-Louis Bianco, ex-soutien de Ségolène Royal et député des Alpes-de-Haute-Provence. Le député de l'Allier proche d'Aubry, Jean Mallot, a estimé « inutile de se prononcer sur cette phrase étrange et sans portée ».

Remonter la pente

L’émission de Nicolas Sarkozy sur TF1, ce soir, revêt une importance cruciale pour le président de la République. Le remaniement ministériel de novembre dernier a été un coup d’épée dans l’eau. Non seulement le président n’y a rien gagné, au niveau de sa popularité, mais son Premier ministre, présenté comme le vainqueur de l’opération, plonge à son tour. François Fillon avait jusqu’alors une image de « modérateur » au sein de l’exécutif. Avec le remaniement, Nicolas Sarkozy l’a propulsé sur le devant de la scène, même si les prérogatives de Matignon n’ont pas fondamentalement évolué. Le chef de l’État pensait reprendre des forces à l’abri du « bouclier » Fillon. En réalité, il tire le Premier ministre à la baisse.

Deux explications à cela :

- Nicolas Sarkozy n’arrive pas à prendre de la hauteur. En ferraillant avec les magistrats après l’assassinat de la jeune Laëtitia, il a brouillé l’image du président protecteur qu’il s’échinait à se constituer. Un père de la nation ne déclenche pas les polémiques, il s’emploie à les calmer.

- L’image « professionnelle » du gouvernement que l’on nous vantait en novembre, et dont l’une des icônes était l’expérimentée Alliot-Marie, vieille routarde des ministères régaliens, s’est déchirée en vol au-dessus de la Tunisie. Comme tous les pays d’Europe, la France a raté le train de la révolution tunisienne. Mais en plus, sa ministre des Affaires étrangères est passée sous les roues de la locomotive, proposant une aide à la répression du mouvement trois jours avant la fuite de Ben Ali, et s’enferrant dans des explications peu crédibles et changeantes sur ses vacances de Noël. Nicolas Sarkozy a sans doute pensé à se séparer du poids MAM. Mais il a lui-même été invité pour Nouvel An dans une résidence du roi du Maroc, à Marrakech, alors que le Premier ministre bénéficiait, en Égypte, de la sollicitude et de la logistique de Hosni Moubarak. La réglementation des vacances ministérielles, annoncée hier, arrive bien tard dans la bouche de celui qui avait promis une république irréprochable. Et ce n’est qu’une règle de plus. Sera-t-elle respectée ?

Ajoutons à cela le chômage qui augmente, la crise qui continue, la délinquance que seul Brice Hortefeux mesure à la baisse : Nicolas Sarkozy devra souquer dur, ce soir, pour remonter la pente.

A la carte

On le sait, le président de la République aime la télé depuis toujours. Et ce soir la télé le lui rendra bien. En ces temps turbulents où la popularité de l’exécutif sombre dans les tempêtes des fronts polémiques successifs, le seul endroit où Nicolas Sarkozy peut se mettre vraiment à la cape, c’est un studio de TF1. Il n’y court aucun péril et la nature bienveillante du sympathique Jean-Pierre Pernaut le préservera à coup sûr des mauvaises ondes.

Regardons bien le programme: il ne s’agira pas d’une émission d’information - il ne faut pas trop en demander - mais d’un magazine participatif, comme dirait Ségolène Royal, puisque l’Élysée en a réglé les détails, modelé le contenu et choisi les acteurs. En grand professionnel du petit écran, le chef de l’État, qui a un goût très modéré pour l’improvisation, a prévu de gérer l’imprévisible avec le plus grand naturel.

Ils seront donc neuf, ces Français représentatifs du pays, réunis à la manière d’un huis clos d’Agatha Christie. Triés sur le volet, comme dans un de ces castings dont la chaîne Bouygues a désormais le secret, ils confronteront donc les épreuves de leurs quotidiens aux répliques du gladiateur au centre de l’arène. Un one man show classique qui, lors de la dernière édition, a tourné à la réunion Tupperware où le candidat avait plutôt bien réussi son numéro d’un soir.

Les journalistes hors jeu? Pourquoi pas si c’est au bénéfice de la spontanéité et de la fraîcheur? Le président, qui cache de moins en moins son rejet des corps intermédiaires, a bien le droit de parler en direct à ses concitoyens, non? Mais il aime de moins en moins les exercices sans filet. Lors de la dernière conférence de presse, le nombre des questions était très limité. Cette fois, ce seront les thèmes qui seront cadrés, avec quelques interdits préalablement édictés.

Dès lors, on est en droit de s’interroger sur l’intérêt pour notre vie démocratique d’un tel objet de communication dont l’objectif promotionnel est affiché sans complexe. Il s’agit d’amorcer l’entrée dans la séquence présidentielle du vainqueur de 2007. De montrer son nouveau style: calme. D’afficher son détachement par rapport aux affaires qui secouent des membres de son gouvernement puisque les mauvais coups du hasard ont fait coïncider les révélations embarrassantes sur les vacances de François Fillon et de MAM avec ce grand rendez-vous télévisuel.

Le président a fait savoir qu’il ne redoutait pas l’inconnu de cette soirée à la carte. Et qu’il la préparait même avec un certain plaisir, tout à l’idée d’en découdre et de reprendre la main. Ce n’est pas surprenant. Il y aura sans doute quelques formules, quelques annonces et même quelques duels. Mais cet épisode trop bien scénarisé ne sera certainement pas de nature à raviver la passion, émoussée, des Français pour le film politique.

Lois bioéthiques : le statu quo

Prudence ou frilosité ? Tous ceux qui attendaient de la révision des lois bioéthiques de grandes évolutions libérales sont désappointés. « Tout cela pour cela ! » Trois ans de débats. Des consultations tous azimuts et, pour finir, un projet quasi identique à la loi en vigueur, celle de 2004. Quelques aménagements, aucun bouleversement. Le seul changement souhaité par le gouvernement ¯ qui était de lever l'anonymat des donneurs de spermatozoïdes ou d'ovocytes, de façon très encadrée ¯ a été bloqué, et par les députés de la majorité, et par ceux de l'opposition.

Roselyne Bachelot, l'ex-ministre de la Santé, défendait cette idée au nom du droit de tout être humain à connaître ses origines. Cela ne concerne pas que quelques personnes. Depuis 1982 et le premier bébé-éprouvette, 200 000 enfants sont nés d'un don en France. Elle avait l'appui de tout un courant de pensée, de sociologues, psychologues, psychanalystes et juristes, y compris celui du Conseil d'État, qui n'est pas un repaire de révolutionnaires. Elle a été désavouée. Le nouveau ministre, Xavier Bertrand, s'est rangé à l'avis des députés, « au nom des grands principes ». Anonymat, gratuité, dignité de la personne humaine. La filiation biologique doit rester secrète. Seule importe la filiation sociale, parentale.

En réalité, à quelques encablures de la présidentielle, en jouant le statu quo, le gouvernement cherche à indisposer le moins de monde possible.

Questions fondamentales

Car la bioéthique ne se résume pas à un paisible débat sur l'avenir des gamètes. Y bouillonnent des questions de société fondamentales, sur la famille, la place des enfants, la filiation, l'homoparentalité, la sexualité. Il n'y a que des coups à prendre, pense le ministre. En indisposant l'Église ou en se mettant à dos les chercheurs, en froissant les tenants de la tradition familiale, qui dénoncent le risque du « tout génétique » et du « tri eugénique », ou en irritant les modernistes qui refusent que le modèle familial se résume à « papa maman ».

La science a sa part dans cet ébranlement des normes sociales. En inventant la vie née en éprouvette, en substituant un acte technique à l'acte naturel, elle offre un enfant à des couples infertiles. Formidable bonheur. Mais elle a aussi suscité des vocations de docteurs Folamour de la fécondation, de Frankenstein du clonage, et de boutiquiers du corps humain. La législation bioéthique est née en réaction contre ce risque d'une recherche débridée. Elle est donc originellement prudente et conservatrice.

Il nous fallait renvoyer « dos à dos les marchands et les prêtres », raconte l'un des fondateurs des lois bioéthiques. Les uns étaient à l'affût d'un commerce des gamètes et des embryons. Les seconds, en imposant la sacralité de l'embryon, auraient interdit toute recherche sur les cellules souches. C'est ainsi que l'embryon fut déclaré « personne potentielle » et que fut inventé ce principe de l'interdit de la recherche avec dérogations possibles qui ne satisfait vraiment pas les chercheurs qui sentent peser sur eux une forme de suspicion permanente.

Aujourd'hui, le seul point de clivage important entre la majorité et l'opposition, entre l'UMP et le PS, porte sur ce point. Les socialistes jugent absurde le régime actuel de l'interdiction. Ils prônent une autorisation encadrée. Sinon, ce débat bioéthique, pour passionnant qu'il soit, ne risque pas de jeter l'émoi dans les travées de l'Assemblée.

Signes


Franchement, on n’en pouvait plus d’attendre, le suspense mettait nos nerfs à vif. C’était d’ailleurs la raison, nous commentaient les commentateurs, de son accès de faiblesse dans les sondages... Cette fois, on sait. Enfin presque, car le muet du sérail de Washington n’a rien dit. C’est son épouse, Anne Sinclair, qui a confié une envie de déménagement. Un «signe fort», selon les exégètes, d’une déclaration prochaine du muet. Comme dirait le célèbre comique Bruno Le Roux, tout ça «va vers la clarification». Dans ce registre, on avait déjà entendu Carla évoquer l’avenir de Nicolas. On attend maintenant le signe fort des épouses de François, Manuel et Gérard. Et le signe fort des époux de Martine, Ségolène ou Eva (pour Marine, c’est fait, par son papa)... Et ils comptent nous amuser comme ça longtemps, avec le chant du signe et les promesses de muet ?

Attali, halte-là !


Socialiste sous Mitterrand, libéral sous Sarkozy, et génie autoproclamé sous tous les régimes. Ainsi se pose Jacques Attali, conseiller des princes à veste réversible.


Au rythme de ses “propositions”, rarement suivies d’effets, on mesure le poids de l’intellectuel engagé. Celui-ci vous pond un livre ou un “rapport” à la vitesse de la lumière, ne supportant pas de demeurer dans l’ombre.


Sa dernière sortie, passant par le blog, le remet sur le devant de la scène. L’ex-gestionnaire de la Banque européenne, aussi contesté qu’éphémère, a fait ses comptes. Résultat ? La cigarette provoque plus de morts que le Médiator, il convient donc de l’interdire. Arrachons les champs de tabac, prohibons l’herbe à Nicot! Le fumeur est un être déraisonnable qui brave le danger au nom d’un plaisir égoïste. On le taxe, on l’informe, on l’avertit gentiment ; il persiste à s’en griller une, en prenant des airs satisfaits.


C’est trop pour M. Attali, qui pense la modernité et se préoccupe du bonheur des peuples. En ayatollah éclairé, il impose le salut public par la contrainte. Pourquoi ne pas systématiser son raisonnement ? Tout ce qui tue davantage qu’un mauvais médicament doit disparaître. Les armes, bien sûr, mais aussi la vigne, les voitures, les avions et l’électricité… L’homme se retrouvera dans le noir, inoffensif et immobile, enfin débarrassé de son plus lourd fardeau : la liberté. Il pourra alors relire, à la bougie, les œuvres complètes de l’immense philosophe des salons élyséens.

Le plus gros détenteur de la dette américaine n'est plus la Chine, c'est...

L'analyse de l'ex-trader Marc Fiorentino sur l'"arnaque américaine" de 2011. Découvrez qui a supplanté la Chine et le Japon pour le rachat de la dette des Etats-Unis. Stupéfiant !
 Madoff était finalement un petit joueur. Avec ses 50 ou 60 milliards de dollars détournés, il n'a pas exploité toutes les possibilités de la fameuse chaîne de Ponzi... Face au tandem Geithner-Bernanke, nos nouveaux Robert Redford et Paul Newman dans ce remake de « l'Arnaque », il faut dire que la concurrence est rude. Décortiquons cette fraude massive car le montage est d'une subtilité perverse et d'une perversité subtile.
Commençons tout d'abord par un petit rappel : le Trésor américain et la Fed sont deux poches différentes du même argent... Même si la banque centrale américaine est indépendante, ses moyens sont les mêmes que ceux du Trésor américain. Quand la Fed perd de l'argent, et elle va perdre une fortune sur ses achats massifs d'obligations d'État avec la remontée des taux d'intérêt qui s'amorce, cette perte va directement, chaque année, s'imputer au déficit budgétaire américain, un déficit qui est déjà en lambeaux.
Que s'est-il passé en 2010 ? L'État américain, déjà en faillite virtuelle, a fait de la relance. Il a injecté des centaines de milliards de dollars dans l'économie qu'il n'avait pas. Ces centaines de milliards, le Trésor américain a dû les emprunter. Le problème, c'est que les Chinois ne veulent plus de ces nouveaux subprimes, ni les Japonais ni les pays du Golfe... Les ménages américains ont absorbé une partie de ces déchets napolitains pour placer une épargne récemment reconstituée. Mais cela ne suffisait pas. Dès lors, la Fed est venue prêter au Trésor américain... Mais la Fed et le Trésor, c'est pareil ! C'est de l'argent qui sort d'une poche pour entrer dans l'autre, avec deux poches qui, aujourd'hui, sont percées. On a appris cette semaine, sans surprise, mais tout de même avec effroi, que la Fed était passée devant la Chine et était devenue le plus gros détenteur d'emprunts d'État américains ! Fascinant, non ? L'administration Obama, qui voulait réformer les pratiques bancaires, fait ce qu'aucune banque, ni aucun escroc de haut vol, n'a jamais tenté. Il faut dire qu'ils n'en sont plus à une contradiction près : les vingt plus grosses banques américaines vont verser pour 2010 un montant record de rémunérations : 135 milliards de dollars alors qu'Obama devait briser Wall Street, l'appât du gain et les bonus. Michael Douglas a raison de dire en 2010 : « Greed is not just good, it's legal. » Passons.
Le problème de ce tour de prestidigitation, ô combien impressionnant, est qu'il ne pourra plus être utilisé en 2011. Vous allez comprendre pourquoi. Les taux montent. La Fed perd donc tous les jours de l'argent sur les 1.100 milliards d'emprunts d'État qu'elle a avalés. Elle va sûrement encore jouer la fuite en avant avec un QE3 ou un QE4 mais elle ne pourra pas continuer à absorber intégralement les besoins d'emprunt de ses collègues du Trésor. Madoff avait besoin que les marchés continuent à monter pour que son arnaque tienne. La crise de Lehman a mis sa belle pyramide à terre. Geithner et Bernanke ont besoin que les taux d'intérêt baissent pour qu'ils puissent continuer à faire voltiger les dollars sans que les spectateurs s'aperçoivent de la supercherie. Oui, mais voilà. Avec des matières premières en folie, du fait entre autres de ce « quantitative easing », des valeurs d'actifs qui montent sous l'effet de la spéculation, des banques qui reprennent leurs plus mauvaises habitudes, les taux grimpent. Doucement mais sûrement. Et il suffit que cette hausse s'accélère pour qu'on découvre que tout cela n'est qu'une gigantesque arnaque.
Mais alors, me direz-vous, si c'était aussi simple que cela, que fait la police ? La police, c'est-à-dire les agences de notation ou la SEC, est à peu près aussi sévère avec le Trésor américain et la Fed que la police tunisienne l'était avec la belle-famille de Ben Ali ! Notre duo d'équilibristes est aujourd'hui dans une fuite en avant qui ne peut que mener les États-Unis dans un mur. Bravo les artistes !

Stephen Elop

Nokia est allé se chercher au bout du monde un patron pour conduire de douloureux changements en son sein, mais il l'a choisi proche de lui à de nombreux égards. Le premier non-Finlandais à tenir les rênes du numéro un mondial des téléphones mobiles est, comme ses hôtes, un familier des lacs et des forêts, puisque ce Canadien amateur de hockey sur glace a passé sa jeunesse du côté d'Ancaster, dans l'Ontario. Passionné depuis toujours de technologie, il s'est classé parmi les meilleurs élèves durant ses études d'ingénierie informatique et de management à l'université McMaster d'Hamilton, avant de rejoindre la Californie pour y faire carrière chez les éditeurs de logiciels Macromedia et Adobe. Après un passage chez le fabricant d'équipements de télécommunications Juniper, le « Général », dont les cheveux ras et la mise stricte faisaient contraste avec la décontraction ambiante dans la Silicon Valley, a fait marcher au pas pendant trois ans la division entreprise de Microsoft. Il a débarqué en septembre dernier chez Nokia, où il a annoncé d'emblée un plan de restructuration pour amener le groupe à combler son retard dans les « smartphones ». Ce grand travailleur au langage direct, père de cinq enfants dont des triplés, a suggéré hier à ses salariés de sauter dans l'eau glacée afin d'échapper à la « plate-forme en feu » qu'est devenue leur entreprise. Il seront peut-être tentés de répliquer à leur patron, pilote amateur propriétaire d'un Cessna, en lui conseillant de s'acheter plutôt un Canadair.

Epilogue boursier

C'est l'épilogue d'un feuilleton commencé il y a plus de cinq ans qui est en train de s'écrire. Sauf coup de théâtre de dernière minute, les Bourses allemande et française feront bientôt partie du même groupe. Enfin ! Pour ceux qui se souviennent de l'espoir et de l'effervescence qu'avait suscités ce projet finalement avorté en 2006, c'est un événement.

Difficile de s'en réjouir, toutefois. Car, entre-temps Euronext, la fédération de Bourses continentales cornaquée par Paris, a fusionné avec le Nyse. Du coup, si l'opération annoncée hier marque bien une étape décisive dans la construction d'une Europe boursière, elle se fait sous tutelle américaine. Même s'il ne fait guère de doute que des rôles opérationnels importants seront réservés à Paris et Francfort dans la nouvelle organisation, au moins dans un premier temps, il n'empêche. L'ensemble sera dirigé de New York et son principal dirigeant sera Duncan Niederauer, le patron de Nyse Euronext. En clair, ce sont les Américains qui piloteront.

On peut estimer que c'est un moindre mal. Puisque, faute d'avoir pu s'entendre, Français et Allemands seront tout de même membres de la première Bourse mondiale. Mais lorsqu'un pilier asiatique viendra s'ajouter à l'ensemble, ce qui ne saurait tarder, l'un et l'autre se retrouveront à coup sûr relégués sur le siège arrière du nouveau véhicule.

Une telle perspective ne peut évidemment pas laisser indifférente la Place de Paris et, au-delà, l'Europe de la finance. Il ne faut toutefois pas en relativiser l'importance. Car, en cinq ans, la situation a beaucoup changé sur les places boursières. Les grands opérateurs historiques ne sont plus les maîtres incontestés des marchés, ni des rouages essentiels de la Place. Loin de là. La directive MIF et ses équivalents un peu partout dans le monde sont passés par là, cassant leur monopole et favorisant l'émergence de plates-formes électroniques capables d'offrir des prestations équivalentes à des coûts bien inférieurs. Résultat, les Nyse Euronext, Deutsche Börse, LSE sont désormais des acteurs en perte de vitesse et en quête de relais de croissance, qui n'ont pour survivre d'autre choix que de se rapprocher.

Dans le grand jeu de go boursier qui s'annonce, l'Europe a déjà rendu les armes. Il est trop tard pour le regretter.

L'impératif moral

s'il y a bien une redoutable difficulté dans la prestation de Nicolas Sarkozy, ce soir, sur le plateau de TF1, elle est plus dans le format de l'émission que dans le contexte dans lequel elle intervient. Pour un chef de l'Etat, quel qu'il soit, s'exprimer, en direct, devant des Français ordinaires invités au seul dessein d'exposer leur cahier de doléances personnelles, est toujours un ambitieux défi. Il faut un art consommé de la rhétorique pour trouver dans l'immédiateté du média télévisuel les réponses à équidistance de l'interlocuteur et du téléspectateur. Savoir répondre à l'un tout en parlant à tous. Accorder au cas particulier l'intérêt qu'il mérite et susciter celui de la nation assise dans son salon. Se faire élu local sans oublier son mandat de président. Parler à chaque Français et à la France, voilà la vraie complexité de l'exercice.

Elle n'est pas dans ces « affaires » censées venir brouiller l'écran : les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie et égyptiennes de François Fillon. Elle n'est pas non plus dans la fronde de magistrats qui veulent être entendus mais font la grève des audiences. D'abord parce que Nicolas Sarkozy n'esquive pas ces écueils : il l'a encore montré hier en définissant de nouvelles règles de rigueur pour les vacances ministérielles. Ensuite parce que ces spasmes de l'actualité sont le quotidien du président depuis son élection. C'est la rançon de son activisme et de son ambition. A-t-il jamais fait une émission sans pression, contestation, confrontation ? Voici un an, c'était l'affaire de la « double casquette » et de la double rémunération d'Henri Proglio, alors à la tête d'EDF et de Veolia, qui devait parasiter le premier numéro de « Paroles de Français ». Pas un des invités n'évoqua le sujet.

Aujourd'hui comme hier, sur l'agenda personnel des Français, il y a sans doute le voeu récurrent quoique utopique d'une République impeccable, mais il y a surtout le souhait ardent, urgent de l'emploi, du niveau de vie, du logement. Or nul n'a oublié que l'an passé, devant semblable public, Nicolas Sarkozy avait annoncé une baisse du chômage. Elle n'a pas eu lieu. C'est sur sa capacité à faire reculer ce mal français qu'il est attendu dans l'année qui vient, dut-il par pragmatisme rouvrir provisoirement les vannes de l'emploi aidé, coupées six mois trop tôt. Le regain de la croissance détecté en ce début 2011 devrait aider le président à redonner aux Français cette confiance en eux, qui les a abandonnés. Chômage, croissance, confiance : ce soir, le président ne doit pas seulement rétablir une morale publique, mais restaurer un moral collectif.

La fausse peur de l'inflation

Le tocsin de l'inflation retentit sur toute la planète. Les prix à la consommation accélèrent partout ou presque sur un an, ils ont progressé de 2,4 % dans la zone euro et de 3,7 % au Royaume-Uni. La hausse dépasse 4 % en Corée, 5 % en Indonésie, au Brésil et en Chine. Elle approche 10 % en Russie et en Inde. L'or repart à la hausse. Les banques centrales de dix-sept pays ont sorti leurs voitures de pompier au cours de l'année écoulée : elles ont relevé leurs taux d'intérêt. Sommes-nous au bord de l'embrasement ?

Non. Car, à y regarder de plus près, ce que nous voyons aujourd'hui n'est pas de l'inflation. L'inflation, c'est le champ entier qui prend feu, violemment, bien au-delà de la combustion lente à 1 % ou 2 % généralement considérée comme souhaitable pour entretenir le tissu végétal de l'économie. Une spirale entre prix et salaires s'enclenche, nourrie de craintes de pénurie (produits, machines, main-d'oeuvre). Or, aujourd'hui, ce n'est pas le cas ou, du moins, pas partout. Il y a en fait deux feux isolés aux causes parfaitement identifiées. Le premier porte sur le pétrole - un matériau dont les produits dérivés sont réputés pour leur capacité à s'enflammer facilement. Le baril vaut 100 dollars, moitié plus qu'il y a six mois. Un coup de chaud qui vient davantage des tensions géopolitiques du moment au Proche-Orient que de l'équilibre entre l'offre et la demande. A l'inverse de ce qui s'était passé en 2008, quand l'or noir avait atteint ses sommets, il y a de quoi produire, transporter et raffiner davantage de pétrole. Le second foyer porte sur les produits alimentaires. Les grands indices mondiaux des matières premières alimentaires ont pris plus de 60 % en deux ans. Avec deux grandes explications : la montée de la demande des pays émergents pour nourrir une population devenue plus aisée et l'accumulation d'aléas climatiques (sécheresse en Australie, incendies en Russie, etc.).

Ces deux foyers sont bien connus. Dans les pays développés, on calcule depuis des années des indices de prix d'où sont exclues énergie et alimentation, pour distinguer la « vraie » tendance. Hervé Péléraux, économiste à l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), montre que l'indice français sous-jacent ne cesse de décliner depuis trois ans, et il est désormais sur une pente de progression de moins de 1 %. Péléraux redoute même la déflation. La situation est un peu différente en Allemagne, où le chômage est plus bas et où les machines des entreprises tournent davantage. Mais les négociations salariales débouchent sur des hausses modérées. Dans les pays émergents, la situation est plus tendue, car l'alimentation pèse davantage dans les budgets des particuliers. Son poids atteint 34 % dans l'indice des prix en Chine et 47 % en Inde, contre 16 % en France ! La pression à la hausse sur les salaires va donc être plus forte, d'autant plus que les entreprises ont souvent du mal à embaucher, à faire venir de nouveaux salariés des campagnes. Elles peinent aussi à produire assez pour répondre à la demande. Rien à voir avec la plupart des pays développés, où le chômage est massif et les capacités de production encore peu utilisées au regard des moyennes de long terme.

Pourquoi, alors, cette peur de l'inflation alors que les risques sont cantonnés dans des secteurs et des pays bien précis ? La première réponse est évidente : c'est la crainte de la contagion. La Chine a exporté de la déflation des années 1990 jusqu'à la fin des années 2001, elle pourrait maintenant exporter de l'inflation. Mais l'impact serait limité. Ethan Harris, économiste de Bank of America, donne l'exemple d'une paire de baskets made in China : vendue 100 dollars aux Etats-Unis, elle est exportée de Chine à 10 dollars, qui se décomposent en 2 dollars de composants importés, 3 dollars de matériaux et 5 dollars de salaire. Si le salaire monte de 20 %, le prix de la paire de basket augmente de 20 % de 5 dollars, soit... 1 dollar. On est loin de l'incendie.

L'angoisse de l'inflation s'explique en réalité par une seconde raison : on a arrosé l'économie de combustible ces trois dernières années. Une allumette pourrait donc avoir des effets catastrophiques. Le combustible, c'est bien sûr l'argent injecté massivement dans le système financier pour sauver les banques puis les Etats. Selon les calculs des économistes de Natixis, la base monétaire mondiale (espèces et comptes des banques dans les banques centrales) a pratiquement doublé depuis 2007. Aux Etats-Unis, coeur de la finance planétaire, elle aura triplé entre la mi-2008 et la mi-2011.

Normalement, cet argent devrait faire flamber les prix. Selon la théorie quantitative de la monnaie, qui s'est imposée depuis les années 1970, le lien est direct. Pour une fois, on se permettra ici une équation : MV = PT. La quantité de monnaie multipliée par sa vitesse de circulation est égale au niveau de production multiplié par le niveau des prix. Si M monte, P doit aussi monter. D'où la crainte actuelle d'une flambée des prix. Mais, dans ce raisonnement, on oublie que la vitesse de circulation peut changer brutalement. Or c'est ce qui se passe aujourd'hui. Pour faire simple, les banques empruntent l'argent fabriqué par les banques centrales pour acheter des obligations publiques qui roupillent dans leurs comptes et reconstituent ainsi leurs marges (elles empruntent moins cher à la banque qu'elles ne prêtent aux Etats). La vitesse de circulation est quasi nulle. L'incendie ne peut pas prendre. Et les nouvelles règles de prudence imposées aux banquiers leur imposent de garder beaucoup d'obligations publiques dans leurs comptes. Elles ignifugent l'économie.

Un jour peut-être, une partie de ce combustible finira néanmoins par fuir, sans être pompée par les banques centrales. Et le chômage baissera en Europe et aux Etats-Unis. Et les entreprises utiliseront leurs machines à plein. Et les investisseurs accepteront de voir une hausse des prix rogner la valeur de leur épargne sans demander aussitôt des taux d'intérêt plus élevés. Ce jour-là, il deviendra possible d'augmenter les prix. Il sera temps alors de crier à l'inflation. Mais ce n'est pas pour 2011.

Une réforme raisonnable

Martine Aubry avait confié à Manuel Valls, député-maire d'Evry, le soin de proposer une réforme des institutions de la V e République. La copie qu'il vient de rendre comprend de nombreuses pistes dignes d'intérêt et formant un ensemble raisonnable. La meilleure preuve en est qu'il s'est aussitôt attiré les foudres de ses camarades Henri Emmanuelli et Arnaud Montebourg, experts en grands soirs économiques, fiscaux, judiciaires et constitutionnels qui n'arrivent jamais pour la bonne raison qu'ils sont impraticables !

Les deux orientations principales retenues par M. Valls concernent le rôle du Parlement, d'une part, et l'impartialité de l'Etat, d'autre part. Sur le premier point, il est proposé que le Premier ministre soit tenu, au début de chaque session, de présenter un calendrier des réformes envisagées afin d'éviter que la politique de la France soit rythmée par le journal télévisé. Il est proposé également qu'un contrerapporteur de l'opposition soit associé à la présentation de chaque projet de loi et que la délégation chargée d'enquêter sur l'application des lois par les administrations soit présidée par un parlementaire de l'opposition. Ces idées simples feraient incontestablement vivre le débat démocratique.

Quant à l'impartialité de l'Etat, elle progresserait par l'exigence d'une approbation des principales nominations aux fonctions dirigeantes des grands services publics par une majorité des trois cinquièmes de la commission parlementaire compétente. Plus important encore, les trois cinquièmes du Parlement auraient pouvoir de nomination des membres du Conseil constitutionnel.

Ces réformes ne coûteraient rien, seraient aisées à mettre en oeuvre et amélioreraient notre système institutionnel. Faut-il y ajouter, comme le suggère Manuel Valls, une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin législatif ? La GrandeBretagne, mère de la démocratie, ne l'a jamais fait en raison de la perturbation que cela introduit dans le balancier majorité-opposition. Mais, sous la pression du Parti libéral, elle y songe. Alors, pourquoi pas ?

Dette : l’opération Ouzo² est une mauvaise idée


L’opération Ouzo² est une mauvaise idée. Elle consiste à racheter la dette grecque à bas prix sur le marché en évitant ainsi le défaut (d’où son nom : Ouzo², c’est avoir l’ouzo et l’argent de l’ouzo). Incohérente, elle ne marchera pas ; coûteuse, elle ne servira qu’à subventionner par dizaines de milliards d’euros les spéculateurs. Les grandes banques apprécient évidemment cette idée. Mais pourquoi donc certains Etats y tiennent-ils tant, alors qu’ils sont sûrs de recevoir des tomates grecques, une fois l’ampleur de la subvention à la spéculation connue de leurs électeurs ?


Sur le papier, l’idée est simple. La dette grecque traitant avec une décote de 30 %, prêtons de l’argent européen à la Grèce pour qu’elle rachète ses propres obligations décotées. Sa dette passerait alors de 150 % à 120 % du PIB (niveau encore trop élevé !), sans défaut. Hélas l’Ouzo² ne marchera pas. Dès son annonce (150 milliards d’euros -à moins, il y aurait défaut), les marchés anticiperaient que l’Union européenne veut à tout prix éviter un défaut, et donc les obligations grecques perdraient immédiatement leur décote : pas de décote de défaut sans menace de défaut effectif ! Pris par leur engagement (« aucun défaut souverain en zone euro »), les Etats de l’Union devraient alors racheter l’ensemble de la dette grecque à sa valeur faciale, soit 215 milliards. Les économistes Jeremy Bulow et Kenneth Rogoff montrent dans leur livre, « The Buyback Boondoggle » (1988, Brookings), que les rachats de dettes souveraines par le pays émetteur reviennent toujours à une subvention de l’Etat débiteur vers les créanciers. C’est pourquoi ils les appellent un « boondoggle », ce qui veut dire à la fois scoubidou et gâchis d’argent public.


L’opération Ouzo² serait un gros scoubidou, un énorme gâchis d’argent public européen de 65 milliards d’euros (dont 13,5 milliards pour la seule France) au profit d’investisseurs crédules ou de spéculateurs -sans aider la Grèce d’un seul euro ! Sans compter que, une fois l’Europe devenue unique créancière des 330 milliards de dette publique grecque, il se trouvera bien un gouvernement grec dans cinq ans pour dire (à raison) que seul Ceausescu a affamé son peuple pour rembourser intégralement sa dette exorbitante. Bien entendu, l’Union européenne ne pourra alors que réduire massivement cette dette. Heureusement pour les contribuables français, Angela Merkel a dit non au scoubidou de l’Ouzo².


Que faire à la place ? La première étape est de reconnaître enfin que la Grèce est insolvable et que les pertes doivent être portées par ceux qui les ont créées (les Grecs et les investisseurs initiaux), et non par les pompiers venus éteindre le feu (FMI et Union européenne). Sinon, les pompiers vont se défiler au prochain incendie ! Suivant la jurisprudence du Club de Paris, cela passe par la séparation de la dette grecque en deux : celle émise depuis mai 2010 (FMI et Europe) est « senior » et doit être servie rubis sur l’ongle, celle émise avant mai 2010 est « junior » et restructurée. Cela passerait par un allongement de quinze ans de sa maturité, ce qui la diviserait en deux et ramènerait la dette grecque totale de 150 % du PIB aujourd’hui à 90 % ou 100 %. Puis il faudrait contraindre les banques européennes détentrices de dette grecque à renforcer leurs fonds propres à proportion (en émettant des actions) et à fermer de manière ordonnée les plus touchées (les grecques).


Enfin, pour éviter que d’autres pays ne soient tentés de suivre les Grecs, l’Union devrait demander à la Grèce en garantie de la dette le prélèvement d’une taxe exceptionnelle et unique sur l’ensemble de l’immobilier des ménages et entreprises grecs de 20 %, payable sur dix ou quinze ans (ce qui rapportera au total l’équivalent à 60 % du PIB grec). La taxe reprendra une partie de l’évasion fiscale passée dont le principal réceptacle était l’immobilier. En soldant une fois pour toutes les comptes du passé par une double expropriation des responsables de la tragédie grecque (investisseurs par la restructuration et propriétaires grecs par la taxe à 20 %), cette mesure permettrait à la Grèce de se focaliser sur son avenir, notamment en attirant massivement de l’investissement direct étranger qui saurait que le fardeau de la dette passé ne menacerait plus la croissance future du pays. Mieux vaut Hermès, dieu du commerce, que Sisyphe, faisant rouler éternellement sa dette.

Ces nouveaux médias qui transforment l'info

Crise de la presse, affirmation des réseaux sociaux, émergence des « fermes de contenu » et du journalisme citoyen... Les nouveaux médias changent l'information, tant pour le lecteur que pour les journalistes et pour les entreprises de presse. Photographie instantanée de l’état des médias et de l’information en ce début d’année 2011, par l’équipe des étudiants en Master 2 de Journalisme à l’Institut Français de Presse.

Crise publicitaire, perte de lecteurs, nouveaux outils informatiques, démocratisation d’Internet... L’information est en pleine mutation et doit affronter un avenir incertain.
Journalistes et patrons de presse s’interrogent. Ces dernières années, de nouveaux médias et de nouvelles formes d’écriture journalistique ont émergé, modifiant le rapport de la société à l’information.
Les « fermes de contenu », le journalisme citoyen, les réseaux sociaux : qu’apportent ces nouvelles pratiques aux lecteurs, aux téléspectateurs, aux internautes ? Comment font-ils évoluer le métier de journaliste, de kiosquier ou d’éditeur de médias ?
Sur Médi@bullition, nous avons voulu analyser ces changements et faire une cartographie des nouveaux usages des médias au travers de trois axes de réflexion :
• « Media Business : en quête de recettes », regroupe nos rencontres avec celles et ceux qui pensent, avec succès ou non, la nouvelle économie des médias.
• « Journalistes : révolution d’une profession », se concentre sur les nouvelles façons de s’adresser au public. Les nouveaux outils entraînent-ils nécessairement une pratique différente du métier ?
• « Nouveaux usages : quand le public s’implique », c’est décrire au mieux une pratique émergente, celle dite du journalisme citoyen, du journalisme par tous et pour tous, au moment où chacun se forme aux outils de la mobilité et de l’instantanéité.
Médi@bullition est donc une tentative de réponse à toutes ces questions, fatalement éphémère car les médias sont en évolution permanente.
Photographie instantanée, donc, de l’état des médias et de l’information en ce début d’année 2011, par l’équipe des étudiants en Master 2 de Journalisme à l’Institut Français de Presse, à Paris.

Tout nouveau, Zelium fait le pari du kiosque... en 2011 !

Ce mensuel satirique réunira des anciens de Siné Hebdo ou encore de Backchich. Il sera disponible le 11 février 2011. Son unique source de revenus : les ventes en kiosques. 

Un journal sans actionnaire, sans abonnement, sans pub : à priori, l’équation semble aujourd’hui impossible à résoudre. C’est pourtant le pari que fait Zelium, nouveau mensuel satirique. A l’heure où les entreprises de presse sont en quête de nouveaux modèles économiques, le jeune titre, lui, ne compte que sur le fruit de ses ventes en kiosque. Le journal de 24 pages sera vendu 3 euros.
Suicidaire ? « Pas tant que ça » , affirme Maël Nonet, fondateur de l’association sur laquelle repose le journal. Car mettre en place des abonnements coûte cher. « Souvent, les journaux proposent des cadeaux avec les coupons d’abonnement, ce qui coûte finalement plus d’argent que ça n’en rapporte », ironise-t-il.
Générique des vidéos du Zélium, format 4/3 from Journal Zélium on Vimeo.
D’autant que Zelium part avec un avantage puisqu’il n’a aucune charge. Pas de locaux, pas de salariés : il ne reste qu’à payer l’impression. Journalistes et dessinateurs seront rémunérés à la pige. Pour survivre, le journal devra écouler chaque mois 10 500 numéros afin de couvrir les frais d’impression.
« Un système communiste » Un fonctionnement que le journal expose clairement sur son blog. « Nous voulons un maximum de transparence envers nos lecteurs », explique Maël Nonet. C’est aussi la raison pour laquelle nous n’aurons ni pub ni actionnaires, afin de garantir l’indépendance éditoriale », souligne-t-il. En interne également, le contrat est clair. Chaque journaliste sera payé en fonction de la taille et de la nature de son article, mais aussi proportionnellement au nombre de ventes en kiosque. « Un système communiste en quelque sorte », résume Maël Nonet.
C’est aussi un acte militant. Avec ce modèle, Zelium souhaite revenir à l’essentiel : proposer un journal de qualité qui laisse une large place à l’enquête, et assurer leurs commissions aux kiosquiers, en difficulté.
Mais Zelium a quand même les pieds sur terre. Depuis quelques jours, le blog du journal fait appel aux dons des futurs lecteurs. L’idée : créer un compte de sûreté qui lui permettra de survivre en cas de difficultés, à l’image du Canard Enchaîné. Pour l’instant, 600 euros ont été récoltés.

Moubarak n’est pas Gorbatchev

L’administration Obama a fait une erreur – une de plus me direz-vous. En poussant à la démission précoce et immédiate du Président Moubarak, la Maison Blanche a porté atteinte à son propre intérêt dans le monde musulman, car il est peu probable que le dirigeant égyptien quittera le pouvoir avant septembre. Tout le monde pouvait s’en douter. L’Égypte n’est pas la Tunisie. Dieu merci ! En fait, l’erreur d’Obama, celle d’avoir voulu jeter Moubarak quand il aurait dû le soutenir, pourrait même s’avérer catastrophique pour l’Oncle Sam.
 Si Moubarak parvient à mobiliser une partie importante de la société en sa faveur et à maintenir la loyauté des services militaires et de sécurité, il sera en mesure de stabiliser la situation dans le pays jusqu’en septembre. Il mènera alors les réformes promises et mettra en place un nouveau gouvernement adapté aux nouvelles réalités politiques de l’Égypte.
Aussi bien dans les yeux de l’élite politique égyptienne et que dans ceux du peuple, sans même parler de l’intégralité du monde arabo-musulman-, cela signifierait surtout une sévère défaite de l’administration Obama et de sa politique étrangère.
Cela est particulièrement vrai dans des pays comme la Jordanie et l’Arabie saoudite, où les dirigeants sont restés de fidèles alliés des États-Unis pendant des décennies. Les parties prenantes dans ces pays perdront confiance dans l’administration Obama et, très probablement, arrêteront de croire que Washington est un partenaire fiable, sur qui l’on peut compter lors d’une crise interne.
Curieusement (et d’un point de vue russe), l’appel de l’Amérique aux autorités égyptiennes de s’abstenir à l’usage de la force contre les manifestants, peut aussi se révéler être une catastrophe pour le pays. Lorsque les autorités n’osent pas employer la force, les mouvements d’opposition n’acceptent presque jamais le moindre compromis. Comme le montre l’expérience de la Russie tsariste, le non-usage de la force par les autorités et l’abdication du tsar Nicolas II, ont accéléré l’effondrement de l’État.
La décision de Gorbatchev de ne pas utiliser la force lorsque l’opposition exigeait des réformes radicales, a entraîné la désintégration de l’Union soviétique.
Actuellement, il n’existe pas de force politique importante et réellement organisée en Égypte en dehors de la force politique au pouvoir. Il y a très peu de communication directe avec la société civile. Dans de telles circonstances, des élections anticipées, libres, démocratiques et compétitives signifierait le transfert du pouvoir aux Frères Musulmans. Nous avons déjà vu cela avant, avec les élections au sein de l’Autorité Palestinienne et celles au Liban, où les démocrates libéraux ne sont pas dans la majorité, et où des partis et mouvement terroristes tels que le Hamas et le Hezbollah  sont plus proches des espoirs et des aspirations de l’homme dans la rue.
Par conséquent, dans les circonstances actuelles, il y a trois scénarios possibles. Le premier est le suivant : en dépit des demandes officielles de Washington, Moubarak restera en place et en septembre, proposera des élections libres et propres.
Le deuxième résultat potentiel : si la crise continue de la sorte, une dictature militaire suivra avec des conséquences floues. Selon les experts, l’armée égyptienne n’a pas l’expérience politique nécessaire pour cela.
Et enfin : Moubarak va démissionner dans un proche avenir sous la pression exercée par les manifestants et par Washington. L’Égypte sera alors balayée par le chaos. Après les élections, la faiblesse des institutions sera mise en valeur avec la prise de pouvoir des radicaux religieux.
Après un Bush fort et ne tremblant devant rien, l’Amérique propose un Obama faible et sans stratégie géopolitique fiable. Tout le travail de la diplomatie américaine est aujourd’hui effacé et personne ne peut plus faire confiance à Washington. Combien de temps faudra-t-il aux Républicains pour regagner la confiance des régimes amis ? Personne ne le sait. Est-ce au moins possible ?

Egyptian revolution and nuclear proliferation…

When the Iranian Revolution overthrew the Shah in 1979, years of “peaceful” U.S. nuclear cooperation with the Persian dictator suddenly seemed like they had been a bad idea. In part as a result of this early assistance, Tehran is on the road to producing a bomb’s worth of weapons-grade uranium in roughly a year or less. And with protests upending governments in Egypt, Tunisia, and the rest of the Middle East, this sequence is on the cusp of repeating itself to produce a nuclear domino effect. Yet, remarkably—given its stated commitment to denuclearization—the Obama administration seems eager to pursue policies that will only make the threat worse.
The United States has had formal civilian nuclear cooperation ties with Egypt since 1981, when the country ratified the Nuclear Nonproliferation Treaty (NPT). Before that, Cairo made several haphazard attempts to get the bomb. Such flirtations with nuclear weapons were supposed to come to an end with ratification, but unfortunately, they didn’t. Instead, President Mubarak made several public statements that Egypt would not hesitate to get nuclear arms if necessary. He has refused U.S. requests to forswear making nuclear fuel (a process that can bring states to the brink of acquiring nuclear weapons). And in 2005, his nuclear scientists admitted they had violated Egypt’s pledge to declare all sensitive nuclear activities to the International Atomic Energy Agency (IAEA).

Even more dangerously, unlike Iraq, Syria, and Libya—all of which have been caught attempting to develop a nuclear weapons option—Egypt has the technological capability to separate weapons-usable plutonium from spent reactor fuel, and it operates a research reactor large enough to make a bomb’s worth of plutonium each year. Meanwhile, the Muslim Brotherhood, Egypt’s largest political party clamoring for a say in Cairo’s future, is on record demanding that Egypt develop nuclear weapons to balance those of Israel.
We can only hope that most Egyptians ignore this group. If, however, Egypt goes radical or remains politically unstable, the country’s nuclearization would be a major danger. One of Europe’s leading nuclear experts projects that if this were to happen, Algeria—which also has the technology to extract nuclear-weapons–usable plutonium and a reactor making nearly a bomb’s worth of the stuff each year—would be politically compelled to match Egypt bomb for bomb. And such a nuclear domino effect could easily occur in the context of popular revolutions spreading throughout the Middle East: According to Standard and Poor’s Jordan and Algeria are the next Arab states whose governments are likely to be destabilized.
Jordan currently lacks any major nuclear facilities, but it is actively seeking French and South Korean help to build several large reactors, and it has resisted American pleas to forswear making nuclear fuel in exchange for U.S. nuclear assistance. Likewise, there is a proliferation threat from Saudi Arabia, a country that has more than hinted that it will get its own bomb if and when Iran does. It, too, is seeking “peaceful” nuclear reactors and has rejected American pleas to forswear making nuclear fuel as a condition for securing U.S. nuclear cooperation.
What is truly flabbergasting, though, is the fact that the Obama administration seems willing to accede to both Jordan’s and Saudi Arabia’s demands. At almost exactly the same time Egyptian protestors were filing into Tahrir Square on January 25, a highly respected arms control news service reported that the U.S. government was discussing nuclear deals with Jordan and Saudi Arabia which would not include the “gold standard” safeguards that the Obama administration has demanded from other countries, such as the United Arab Emirates (UAE), to ensure that nuclear cooperation is less likely to enable nuclear proliferation. In specific, these deals lacked any requirement that Saudi Arabia or Jordan forswear making nuclear fuel or ratify a new, tougher nuclear inspections regime known as the IAEA Additional Protocol.
Within 24 hours of this Internet report, Under Secretary of State for Arms Control and International Security Affairs Ellen Tauscher’s office called up to Capitol Hill to arrange a meeting where Tauscher and Deputy Energy Secretary Daniel Poneman could explain that the story was exaggerated. But it wasn’t exaggerated by much. As one veteran nuclear reporter noted a week later, the State Department has clearly retreated from the “gold standard” in these deals. The United States agreed that it would only insist that Jordan refrain from making nuclear fuel for the first ten years of any U.S. nuclear cooperation agreement. Presumably, the same would be allowed of Saudi Arabia. (And, once the UAE sees the bar being lowered for its neighbors, it has the legal right under the terms of its own nuclear agreement to abandon its commitment to the “gold standard” as well.)
This, in turn, has aggravated members of Congress. The chair of the House Committee on Foreign Affairs, Republican Ileana Ros Lehtinen, was already on the warpath over the administration’s unwillingness publicly to explain the generous terms of the U.S.-Russian nuclear cooperation agreement which entered into force in January 2011. She and others in Congress were also irked about reports that the Obama administration wanted to cut a U.S. civilian nuclear cooperation deal with Vietnam which was similarly lacking the UAE nonproliferation conditions. And now, the House committee is poised to mark up legislation that would require both the House and the Senate to vote on all nuclear cooperation agreements if they fail to contain the “gold standard” level of nuclear safeguards. Senator John Ensign has introduced similar legislation in the Senate, which would require all U.S. nuclear cooperation agreements to be approved by Congress.
White House officials seem to think this will all soon blow over. They’ve backed away from the deals on the Hill, saying that none of the reported deals with Jordan or Saudi Arabia are imminent; and they are temporarily slow-rolling further nuclear negotiations until—presumably—the political situation in Egypt looks more stable. But it would be foolish for anyone who is concerned about a Middle Eastern nuclear domino effect, whether a Republican or Democrat, to let these agreements go forward without adequate safeguards. And the Obama administration, which has made such a show of its commitment to ending the spread of nuclear weapons, has a lot of explaining to do.
Correction: Originally, this article stated that Under Secretary Tauscher and Deputy Secretary Poneman rushed up to Capitol Hill to assure lawmakers that the story was exaggerated. In fact, Tauscher’s office called up to the Hill to arrange a meeting where they could explain that the story was exaggerated. We regret the error.