TOUT EST DIT

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mercredi 2 janvier 2013

Christian Jacob : "Un matraquage fiscal sans précédent"

Christian Jacob : "Un matraquage fiscal sans... par rtl-fr

Toutes les bonnes résolutions que la France devrait prendre pour relever la tête en 2013

2012 aura été une année difficile pour les Français avec une baisse notoire du moral des ménages et une croissance économique en berne. Il existe pourtant de nombreuses réformes à entreprendre, et qui permettraient aux Français de reprendre espoir.

2012 aura été une année difficile pour les Français avec une baisse notoire du moral des ménages, comme si un constat d’impuissance face à la crise s’était durablement installé. Peut-on dire que cette morosité est aujourd’hui une fatalité dans l’Hexagone ?

Florence Servan-Schreiber
Florence Servan-Schreiber : Je pense que non, puisque tout dépend ici de la perception que l’on a du phénomène. On peut effectivement enregistrer à l’échelle nationale une tendance croissante du pessimisme face à l’avenir du monde et plus particulièrement de la France, mais cela ne se retrouve pas selon moi à l’échelle individuelle dans les contacts que l’on a au quotidien. Même si le chômage augmente, on peut affirmer que la situation de la majorité des Français reste relativement inchangée depuis 2008 (quand on la compare par exemple aux cas portugais, espagnol ou grec ndlr) et qu’il n’y a pas encore de bouleversement massif de nos modes de vie. On peut dire par conséquent qu’une bonne partie de la population a encore une emprise sur son existence, ce qui modère pour l’instant le constat d’impuissance face aux réalités économiques.
Cela ne contredit pas cependant l’idée que les gens ont intégré le ralentissement de la croissance et que cela pourrait à terme menacer leur emploi, même pour ceux qui sont en poste depuis longtemps. La montée galopante du chômage devient effectivement une évidence annoncée plutôt qu’un risque lointain, on le voit tous les jours dans les entreprises qui s’inquiètent d’une contraction de leur activité qui pourrait à terme mener à des plans de restructuration entraînant de nombreux départs. Il y a donc bel et bien une épée de Damoclès qui plane au-dessus de la tête de beaucoup de Français mais il ne faudrait pas oublier qu’au-delà de cet épisode inquiétant, le véritable enjeu se trouve être notre capacité d’adaptation aux changements mondiaux. Que ce soit à l’échelle individuelle ou collective, les ressorts psychologiques pour mieux rebondir existent, et possèdent une puissance créatrice qu’il ne faut pas négliger. Nous sommes actuellement dans la situation où nous nous apprêtons à recevoir un coup de bâton et la peur générée par cette imminence nous empêche d’agir, mais ce sera seulement une fois que le coup aura été pris que nous serons capables d’envisager des perspectives d’avenir porteuses. Cela prouve qu’à terme l’inquiétude et le pessimisme ne sont qu’une étape vers les changements nécessaires à notre adaptation.

Le pessimisme se caractérise souvent par une peur de l’environnement et du changement. Peut-on dire par conséquent que la peur des Français face à la mondialisation explique notre scepticisme actuel ?

Florence Servan-Schreiber : Malgré une certaine inquiétude, il y a toujours à mon avis une certaine capacité de raisonnement et d’anticipation qui fait que nous ne sommes pas exactement désemparés face à l’évolution des tendances économiques globales. Il y a effectivement la sensation que la marche du monde ne s’arrêtera pas sur commande et que des conséquences douloureuses déboucheront de ces bouleversements. Encore une fois, on se retrouve confronté à la sensation d’impuissance évoquée plus haut combinée à une peur de l’inconnu qui peut justifier notre immobilisme actuel. Il serait cependant absurde de parier sur une disparition du modèle français, et il faudrait sortir des procès en pessimisme pour se concentrer sur nos capacités de rebond, qui sont bien réelles.
A l’échelle individuelle on peut prendre l’exemple des personnes recouvrant d’un deuil : il s’agit d’un choc qui nous force à accepter le présent tel qu’il est, le but étant de surmonter le souvenir. Si l’on réussit cela on construit de fait une base plus solide permettant de restaurer notre confiance en soi et d’affronter les problématiques quotidiennes avec cran et réactivité. Cet exemple personnel peut s’appliquer au collectif, dans le sens où les Français doivent faire le deuil de la France telle qu’elle se définissait au XXe siècle pour accepter le présent et reconstruire son identité collective. Bien que l’on ne mesure pas encore toute l’étendue des bouleversements qui nous attendent, je tablerai davantage sur une amélioration de notre situation plutôt que sur une dégradation.

Comment pourrait-on surmonter cet état d’esprit pour retrouver une attitude positive à l’échelle nationale ?

Florence Servan-Schreiber : Le tout serait d’abord de mesurer jusqu’où va notre peur du changement, pour la comparer ensuite à nos capacités réelles : lorsque ce procédé s’opère, on arrive généralement à reprendre une approche plus mesurée de notre environnement et c’est à partir de ce moment que la mécanique de confiance s’opère à nouveau.
On conseille aussi généralement à un individu sous choc psychologique de faire l’inventaire des différentes crises auxquelles il a survécu pour prendre conscience de sa capacité de résistance. Cela peut aussi fonctionner à l’échelle du pays, puisque l’on remarque que la France a connu de nombreuses crises dont elle s’est toujours relevée de manière positive, les Trente Glorieuses n’étant qu’un exemple de ce phénomène.
Un autre procédé permettant de renouer avec le positivisme est d’intégrer et pratiquer le concept de solidarité, j’aide l’autre donc je m’aide moi-même, ce qui encore une fois peut se retranscrire à l’échelle nationale : le développement d’une solidarité dépassant les intérêts corporatistes de telle ou telle profession ou encore de telle ou telle formation politique peut largement nous aider dans l’ensemble à redresser la tête.

Quelles seraient aujourd’hui les 10 réformes qui permettraient à la France de reprendre espoir dans l’actuel contexte international ?

Pierre Maxime : Les mesures à prendre sont nombreuses… mais l’on peut isoler 10 sujets sur lesquels l’Etat peut agir et ainsi améliorer la situation :
1 – Coût du travail
Il s’agit bien sûr d’un problème récurrent de la société française, et cela repose sur la coexistence de deux constats. Tout d’abord on remarque qu’aujourd’hui le chômage touche massivement trois catégories : les jeunes, les seniors et les femmes. Ensuite le fait que le marché du travail soit segmenté par l’utilisation de deux contrats : le CDD et le CDI. Les catégories citées plus haut sont ainsi souvent contraintes d’enchaîner plusieurs CDD ou de travailler à temps partiel, ce qui précarise logiquement le salarié.
La réforme du travail doit être, pour ces raisons, orchestrée au niveau européen afin d’assurer une plus forte harmonisation à travers la création d’un contrat de travail unique : il s’agira ici d’une réforme courageuse puisque cela coûtera aux personnes actuellement en CDI qui perdront une partie de leurs avantages.
Ces mesures d’ajustement en appellent d’autres, notamment sur la protection des chômeurs, puisque la simple adoption d’un texte de loi isolé sur un sujet précis n’aura aucun impact sur le contexte macro-économique dans son ensemble.
2 – Formations des chômeurs
Face à l’émergence de nouveaux marchés et au déclin de certains secteurs économiques (la sidérurgie par exemple), il y a non seulement un risque d’explosion du chômage mais aussi celui d’une installation du chômage de longue durée avec la mise à l’écart d’une masse salariale dont le savoir-faire n’est plus en phase avec les nouveaux besoins de l’économie.
Il y a un an, jour pour jour, Nicolas Sarkozy évoquait déjà ce thème lors de ses vœux à la nation et cela avait suscité une légère polémique, certains assimilant formation à précarisation. L’idée serait donc de démontrer que la période de formation est davantage une période de transition pour le salarié qu’une période de chômage. On pourrait imaginer ici une agence d’Etat qui aurait une logique similaire à celle des cabinets de recrutements en essayant d’accompagner au mieux le salarié dans le perfectionnement de son CV. A terme cela pourra assurer une conversion de la masse salariale des secteurs déclinants dans le but de la rendre plus adéquate aux évolutions économiques actuelles.
3 – Stratégie industrielle
Bien qu’il existe déjà un ministère du Redressement Productif, l’établissement d’une stratégie industrielle de pointe est un enjeu qui reste l’un des gros dossiers pour 2013. La France est un pays qui possède un fort capital de recherche et développement et il est par conséquent nécessaire d’établir un plan d’orientation économique comme l’avait fait le Général de Gaulle dans les années 60 en pariant sur la haute technologie (nucléaire, défense, etc…).
Il s’agit ici de décider quels secteurs seront porteurs dans les 10 ou 20 prochaines années pour permettre de créer des emplois stables et d’assurer un positionnement économique solide face à la croissance des pays émergents. Selon moi l’investissement dans le haut-de-gamme convient aux capacités de notre économie et semble bien plus supportable pour la société française qu’un choix de compétitivité passant par la baisse des salaires et la réduction des dépenses sociales pour s’aligner sur la concurrence asiatique.
4 – Réforme de la fiscalité
Au-delà de toute volonté de polémique, je ne peux m’empêcher de remarquer que l’épisode Depardieu révèle un clivage béant de la société française sur la question de la fiscalité. De manière plus générale, on observe qu’à l’échelle mondiale les dettes croissantes des pays développés incitent les Etats à taxer davantage, entre autres les grandes fortunes, sur une longue période. Cela crée à l’échelle globale une augmentation de l’émigration fiscale qui génèrera bientôt une compétition mondiale visant à attirer les riches particuliers, comme c’est déjà le cas aujourd’hui à l’échelle des entreprises.
Face à cette hémorragie, il y a un risque de voir s’établir un fossé toujours plus béant entre riches et pauvres, ce qui ne fait qu’augmenter les revendications corporatistes et les blocages politiques. Il faudra donc que le concept d’impôt citoyen réapparaisse légitime aux yeux de tous, et le moyen pour cela est bien de mettre en œuvre une grande réforme fiscale. Cela pourrait passer notamment par une taxation plus grande de la consommation plutôt que du revenu, avec notamment une TVA renforcée sur les produits de luxe pour assurer un minimum d’équité, fût-elle symbolique. 
5 – Dépenses publiques
Il s’agit ici d’une mesure qui devrait être adoptée en parallèle de la réforme fiscale pour assainir les caisses de l’Etat. Des efforts peuvent être faits notamment en termes de gaspillage des ressources publiques, mais il faudrait pour ce faire mettre en place une réforme intelligente intervenant à tous les niveaux. Tout d’abord la question du millefeuille administratif doit être sérieusement revue : il est en effet étonnant de se dire qu’il y a aujourd’hui trois niveaux de représentation de l’Etat à l’échelle locale (région, département et commune) lorsque l’on sait qu’il y a dans la plupart des cas un chevauchement des compétences qui peut aller jusqu’à créer un syndrome de compétition contre-productive entre les différentes structures.
Il est donc important de réfléchir à une ré-attribution des compétences pour permettre une intervention plus efficace, avec notamment une segmentation nettes des tâches centrales, qui seraient traitées par l’Etat, et des taches locales. Une révision du statut de fonctionnaire est aussi à envisager dans le but de motiver les salariés publics, on pourrait ainsi réfléchir à une modification du statut d’emploi habilité à vie, puisqu’il s’agit là d’un privilège qui nourrit chaque jour un peu plus le ressentiment de la population à l’égard des fonctionnaires.
6 – Protection sociale
La société française, comme le reste de l’Europe, est fortement touchée par le vieillissement de sa population, ce qui provoquera logiquement une hausse importante des consommations de santé alors que la Sécurité Sociale se trouve déjà mal en point. Il sera donc important de se pencher sur l’inflation galopante des médicaments et des traitements médicaux en mettant en place une réforme solidaire basée sur le revenu de chacun. Dans cette optique on pourrait envisager le maintien du remboursement à 100 % pour les classes les moins favorisées, couplée à un échelonnement du taux de remboursement pour les revenus plus importants, voire au développement de la couverture privée pour ces derniers. Cela permettrait d’améliorer au moins pour un temps les défauts structurels de la Sécu de manière juste et supportable pour l’opinion.
7 – Réforme des retraites
Il s’agit là du deuxième problème majeur lié au vieillissement de notre population : nous allons vivre plus longtemps et nous nous attendons à vivre mieux. Face à ces réalités démographiques il apparaît donc inévitable de repousser l’âge de départ à la retraite (65 ans serait un bon chiffre), à l’exception des carrières réellement pénibles (les conducteurs de TGV ne rentrant pas dans cette catégorie selon moi, alors que c’est le cas pour les ouvriers travaillant dans les hauts-fourneaux par exemple).
De plus, l’adoption d’un système de retraites par points, comme c’est le cas en Allemagne par exemple, pourrait être intéressante, bien qu’il faille se méfier de ses éventuels effets pervers, car cela risque de créer à terme une classe de retraités précarisés qui pourrait, au-delà des conséquences sociales évidemment regrettables, impacter négativement la consommation. Il faudra en conséquence cibler les catégories fragiles et prévoir un moyen viable de les supporter intelligemment.
8 – Transition énergétique
Depuis la campagne électorale, notre actuel président s’est engagé à réduire la part du nucléaire de 75 à 50% du bouquet énergétique d’ici 2025. Cette promesse, que l’on peut juger salutaire ou non, semble aujourd’hui déboucher sur l’impasse lorsque l’on regarde les blocages idéologiques qui animent la société française aujourd’hui. La première illustration de ce phénomène navrant est la question du gaz de schiste qui continue de diviser massivement la classe politique, mais l’on ne peut s’empêcher de remarquer qu’à une échelle moindre le même schéma s’applique aux énergies renouvelables. La France a été pendant des années un pays d’innovation sur l’énergie et il est dommage de voir que cette époque risque aujourd’hui de toucher à sa fin alors que les Américains et les Chinois s’engagent de manière extrêmement volontaire sur leur propre transition énergétique.
9 – Logement
Un rapport très intéressant publié récemment par le National Intelligence Council américain (Global Trends 2030) annonce une tendance croissante à l’urbanisation à l’échelle mondiale, et la France est loin d’échapper à ce phénomène. Cela a pour conséquence de drainer les ressources humaines et économiques dans les grandes villes, ce qui provoque une désertification dans les zones rurales : désertification des services et désertification médicale notamment.
L’Etat Français se devrait de palier ce phénomène en lançant une politique de construction de logements dans les territoires ruraux plutôt que de miser sur des métropoles déjà saturées sur le plan démographique. Cette politique devra cependant être pensée dans son ensemble pour éviter de faire la même erreur que dans les années 60, lorsque nous avons construit des banlieues mal desservies qui sont devenues des enclaves territoriales générant de la précarisation et de l’insécurité.
10 – Un apaisement social
Le dernier point, et non des moindres, porte effectivement sur les clivages croissants de la société française, où l’écart idéologique se creuse sur la plupart des sujets que nous avons évoqués. On retrouve aujourd’hui une sorte de crispation des classes qui fait que les pauvres voient les riches comme des profiteurs et que dans l’autre sens les pauvres sont considérés comme des assistés gâtés. Cette logique de polarisation est extrêmement préjudiciable et favorise les blocages politiques incessants qui sont les nôtres (dernier en date, l’impossible consensus entre partenaires sociaux sur la flexibilité, ndlr). Ces désaccords constants sont très bien illustrés par l’actuelle impopularité du gouvernement, accusé à la fois d’être trop libéral par la gauche et d’être trop socialiste par la droite.
Ces divisions mettent aujourd’hui la société française sous pression, et il m’apparaît donc urgent de surmonter le fossé idéologique pour rétablir la notion d’intérêt général et permettre d’affronter une année 2013 qui s’annonce agitée, que ce soit sur le front économique ou politique.

Vœux de nouvel élan

Vœux de nouvel élan


Impossible de le nier : ce sont des v'œux de… nouvel élan que François Hollande a prononcés à la télé. En huit minutes et vingt-quatre secondes, chrono en main, et dans un débit rapide, faisant abstraction des habituelles hésitations, le chef de l'État est allé droit au but. Ce n'est pas qu'il ait bâclé l'exercice mais il voulait manifestement, par la vivacité de la forme, faire passer une idée de volontarisme, d'optimisme et de confiance. Pas question, en cette soirée de la Saint-Sylvestre, de paraître accablé par l'accumulation des contrariétés. Bien au contraire.
La « première fois » constitue pourtant toujours un exercice difficile pour un président nouvellement élu. Les premiers mois au pouvoir, après l'euphorie de l'élection, génèrent souvent du désenchantement. En politique, le temps passe très vite et les belles résolutions se heurtent aux réalités. Huit mois après sa victoire, François Hollande en a fait l'amère expérience, confronté à une « crise historique » insuffisamment prise en compte.
Le chef de l'État s'est bien gardé, cependant, de céder au défaitisme. Il a souligné les réformes dont il est persuadé qu'elles permettront de sortir de la crise « plus vite et plus fort ». Dans son plaidoyer pro domo, François Hollande a simplement négligé quelques contingences. Sur l'annulation par le Conseil constitutionnel de la taxe à 75 %, il a évoqué promptement un « réaménagement » sans changer d'objectif.
Au final, François Hollande n'a surtout donné aucune raison à ses adversaires politiques, à droite comme à gauche de la gauche, d'être rassurés. Certes, la bataille pour l'emploi sera privilégiée, mais en affirmant que le cap serait tenu « contre vents et marées », le président n'a donné aucun gage à ses turbulents alliés. Une question s'impose donc : ces v'œux de nouvel élan suffiront-ils à relancer l'attelage gouvernemental ?
j'en doute 

2013, un chemin miné

2013, un chemin miné


Pour un Président, les voeux ne sont jamais un exercice commode. Il faut afficher un ton assez grave tout en conservant le sourire de la confiance, assez neutre pour ne pas polluer le fond du discours, assez présidentiel, mais pas trop artificiel. Parler de tout en huit minutes suppose d'adresser des messages plus subliminaux qu'explicites.
François Hollande n'a pas échappé aux contraintes d'un genre dans lequel il faut être tout et son contraire. Surtout quand on ne sait pas si le cap du redressement, au-delà d'engagements martelés avec des mots forts, pourra être tenu.
Chaque intervention du président de la République le confirme : la priorité est bien au désendettement et au soulagement fiscal des entreprises qui se voient allégées d'autant de milliards qu'elles avaient été taxées après le 6 mai. François Hollande, en des termes sévères, confirme qu'après la fête électorale l'État se met à la diète.
Autrement dit, la priorité n'est pas à la redistribution, mais à l'assainissement. Avant de la partager, il faut créer de la richesse. Air connu. Tout se passe comme si le hollandisme c'était du sarkozysme apaisé, corrigé d'un effort un peu mieux partagé.
Politiquement, ce chemin est jonché de mines. Avancer sur le terrain du réalisme économique ne lui ramènera aucun soutien à droite, peu de renforts au centre, mais pourrait lui coûter des défections à gauche. Dès avant l'élection, le Front de gauche, qui n'appartient pas à la majorité, a fait le pari d'un échec de François Hollande.
Un Président fragilisé
Il est plus surprenant de voir le Parti communiste, jadis allié des socialistes et qui aura besoin d'eux aux municipales, consacrer plus d'énergie à combattre la majorité que la droite. Il est significatif d'observer la difficulté du patron des députés PS à discipliner des troupes écartelées entre les attentes de leurs électeurs et le choix de la rigueur. Il est inquiétant de voir les textes majeurs repoussés au Sénat où il n'est de majorité de gauche que théorique, alors que les prochaines sénatoriales s'annoncent difficiles.
Il est encore plus incroyable de voir les écologistes, qui ne doivent leur influence parlementaire qu'au soutien des socialistes, combattre les choix du gouvernement auquel ils appartiennent sur des sujets tels que l'Europe, l'énergie, la fiscalité ou les grandes infrastructures.
La crise à l'UMP n'y change rien : François Hollande est fragilisé au Parlement et, plus ennuyeux, plus minoritaire dans l'opinion que Nicolas Sarkozy à pareille époque. Dans les milieux les plus modestes, les contraintes de la crise et la refiscalisation des heures sup' ont tué dans l'oeuf le peu d'espoir que son élection avait suscité. Malgré un accord sur les tarifs médicaux et le contrat de génération, on ne peut pas dire que la culture de la négociation est suffisante pour garantir la paix sociale.
Il nous l'a presque dit lors de ses voeux : François Hollande rêve d'être plus vieux d'un an. Il a fait de 2013 une parenthèse avec le secret espoir d'une conjonction quasi astrale, entre sa politique et la croissance, qui renverserait la courbe du chômage. Et puisqu'il faut souffrir, autant garder un gouvernement qu'il sera toujours tant de changer lorsqu'il faudra affronter les élections locales de 2014.

Aurélie Filippetti va se pencher sur le financement du cinéma


La ministre de la Culture a déclaré sur iTélé qu'il y avait des «améliorations à apporter» au système de financement de la création, issu notamment des chaînes de télévision en proie à la crise. Ouvrant ainsi une brèche dans l'exception culturelle française.
Faut-il y voir la première balle perdue issue de la tribune sur le cinéma publiée par Vincent Maraval dans le Monde? La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a lancé dimanche une petite bombe. Invitée à s'exprimer sur la situation du cinéma français, la ministre a d'abord rappelé les vertus du système, le seul capable de résister à l'hégémonie d'Hollywood. «La fréquentation des salles augmente depuis plus de 10 ans. Les Français vont de plus en plus au cinéma. Ils vont surtout voir de plus en plus de films français. On est quasiment à 40% de spectateurs pour des films français. Ce qui est exceptionnel. Nulle part ailleurs dans le monde, si ce n'est en Inde, vous ne trouverez un pays qui résiste à ce point au cinéma américain», a déclaré Aurélie Filippetti.
Elle a tout ce qu'il faut pour tourner dans un X ça ferait des cotisations
Aurélie Filippetti ouvre la voie à une réforme
Mais, grande nouveauté, Aurélie Filippetti a également émis des réserves sur l'exception culturelle française, ouvrant la porte à une éventuelle réforme. «Maintenant, évidemment il y a des améliorations à apporter. Et ce qu'il [Vincent Maraval] dit sur la participation des chaînes de télé au financement cinéma, et bien à l'heure où les chaînes ont des budgets qui diminuent des recettes moindres, c'est une question que l'on pourra se poser dans le cadre d'une réflexion globale sur l'amélioration des services rendus à nos concitoyens à travers la télévision notamment le financement de la création, le soutien et l'accompagnement des films d'auteur et des films de qualité».
Selon nos informations, Aurélie Filippetti n'a pas fait ces déclarations en l'air et devrait donner plus de précisions ces prochaines semaines. La renégociation du contrat d'objectif et de moyens (COM), qui fixe le budget et la stratégie de France Télévisions, devrait donner une occasion de faire avance le dossier d'une éventuelle réforme. «D'autres voies fortes vont s'exprimer sur le sujet. C'est le fonctionnement des chaînes en général qui sera évoqué», indique-t-on au sein du gouvernement. L'on ne sait pas si cela concernera uniquement le cinéma, ou la création dans son ensemble. Pour mémoire, France Télévisions s'est engagé surun plancher de 420 millions d'euros par an d'investissements, sur lequel son président Rémy Pflimlin voudrait revenir.
Le cercle vicieux de l'audienceVincent Maraval, qui a fondé la société de coproduction et de distribution Wild Bunch («Astérix au service de sa Majesté» de Laurent Tirard, «The Artist» de Michel Hazanavicius, «La Part des Anges» de Ken Loach), a en effet remis en cause l'un des principes de financement du cinéma français, qui repose sur les obligations faites aux chaînes de télévision co-produire des films français et de les diffuser. Ainsi, TF1 et M6 doivent-elles chaque année investir à hauteur de 3,2% de leurs chiffre d'affaires dans des œuvres européennes (dont 2,5% dans des œuvres françaises). France Télévisions s'est même engagé sur un seuil d'investissement de 60 millions d'euros par an, quel que soit son chiffre d'affaires. Le financement des chaînes gratuites vient en complément de celui du groupe payant Canal Plus, tenu d'investir 20% de son chiffre d'affaires.
Problème: l'audience du cinéma à la télévision. Impossible de mobiliser des millions de téléspectateurs devant un film inédit sans un acteur connu. Les chaînes -en particulier les chaînes privées- se précipitent sur les projets grand public faisant jouer des têtes d'affiche, provoquant elles-mêmes l'inflation des salaires. De fait, seul un petit nombre de films répond à ce cahier des charges: sur plus de 200 films produits chaque année, TF1 en co-produit une quinzaine, M6 cinq ou 6 et France Télévisions encore moins.
«Après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d'euros, alors que le coût moyen d'un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d'euros. Sans les obligations de notre système de financement, il y a bien longtemps que "Les Experts" et la "Star Ac" auraient réduit à néant les cases "Cinéma" des chaînes de télévision», s'emporte celui qui distribue des films français aux gros cachets.
QU'ELLE NE SE PENCHE PAS TROP, ELLE RISQUE DE TOMBER. 


Il ne faut pas qu'elle se penche un peu trop, sinon cela donnera des idées à DSK. Le système des intermittents du spectacle est une hérésie et nous sommes le seul pays à avoir un tel système. Maintenant si l'on veut garder un tel système, il faut que pour chaque euro cotisé par les intermittents, l'Etat verse un euro. Comme cela le budget sera équilibré et il y aura moins de rêveurs dans la profession.
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La Fée Lation va se pencher sur le cinéma français et lui donner un bon coup de braguette magique...

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Un peu de courage et par les temps qui courent stop aux financements et privatisation de France télévision qui ne fait pas mieux que les chaînes privés mais coute fort cher aux contribuables. La télé dans la + part des pays est un système calquer sur l'audience qui est la seule vérité. Le reste en dehors des bobos qui demandent de la culture mais qui ne la regardent, Sur le fond cela fait bien mais sur la forme ils regardent les séries. Alors pour éviter d'avoir une chaîne publique, qui refuse de se réformer comme par exemple encore de l'info nationale sur la 3 alors que nous avons idem sur la 2 , double "facturation" pour rien de plus sauf le coût pour le contribauble, passons soit à sa suppression soit à sa privatisation. Et si les" grandes gueules" de la CGT font grève et bien tant pis puisque ce syndicat ancestral, mais sans grande valeur, défend ce service qui n'en est pas un.




En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts


Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd'hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d'apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes." (Manifeste Roosevelt, 2012.)
"Un diagnostic juste" suppose une pensée capable de réunir et d'organiser les informations et connaissances dont nous disposons, mais qui sont compartimentées et dispersées.

Une telle pensée doit être consciente de l'erreur de sous-estimer l'erreur dont le propre, comme a dit Descartes, est d'ignorer qu'elle est erreur. Elle doit être consciente de l'illusion de sous-estimer l'illusion. Erreur et illusion ont conduit les responsables politiques et militaires du destin de la France au désastre de 1940 ; elles ont conduit Staline à faire confiance à Hitler, qui faillit anéantir l'Union soviétique.

Tout notre passé, même récent, fourmille d'erreurs et d'illusions, l'illusion d'un progrès indéfini de la société industrielle, l'illusion de l'impossibilité de nouvelles crises économiques, l'illusion soviétique et maoïste, et aujourd'hui règne encore l'illusion d'une sortie de la crise par l'économie néolibérale, qui pourtant a produit cette crise. Règne aussi l'illusion que la seule alternative se trouve entre deux erreurs, l'erreur que la rigueur est remède à la crise, l'erreur que la croissance est remède à la rigueur.
L'erreur n'est pas seulement aveuglement sur les faits. Elle est dans une vision unilatérale et réductrice qui ne voit qu'un élément, un seul aspect d'une réalité en elle-même à la fois une et multiple, c'est-à-dire complexe.
Hélas. Notre enseignement qui nous fournit de si multiples connaissances n'enseigne en rien sur les problèmes fondamentaux de la connaissance qui sont les risques d'erreur et d'illusion, et il n'enseigne nullement les conditions d'une connaissance pertinente, qui est de pouvoir affronter la complexité des réalités.
Notre machine à fournir des connaissances, incapable de nous fournir la capacité de relier les connaissances, produit dans les esprits myopies, cécités. Paradoxalement l'amoncellement sans lien des connaissances produit une nouvelle et très docte ignorance chez les experts et spécialistes, prétendant éclairer les responsables politiques et sociaux.
Pire, cette docte ignorance est incapable de percevoir le vide effrayant de la pensée politique, et cela non seulement dans tous nos partis en France, mais enEurope et dans le monde.
Nous avons vu, notamment dans les pays du "printemps arabe", mais aussi enEspagne et aux Etats Unis, une jeunesse animée par les plus justes aspirations à la dignité, à la liberté, à la fraternité, disposant d'une énergie sociologique perdue par les aînés domestiqués ou résignés, nous avons vu que cette énergie disposant d'une intelligente stratégie pacifique était capable d'abattre deux dictatures. Mais nous avons vu aussi cette jeunesse se diviser, l'incapacité des partis à vocation sociale de formuler une ligne, une voie, un dessein, et nous avons vu partout de nouvelles régressions à l'intérieur même des conquêtes démocratiques
Ce mal est généralisé. La gauche est incapable d'extraire de ses sources libertaires, socialistes, communistes une pensée qui réponde aux conditions actuelles de l'évolution et de la mondialisation. Elle est incapable d'intégrer la source écologique nécessaire à la sauvegarde de la planète. Les progrès d'un vichysme rampant, que nulle occupation étrangère n'impose, impose dans le dépérissement du peuple républicain de gauche la primauté de ce que fut la seconde France réactionnaire.
Notre président de gauche d'une France de droite ne peut ni retomber dans les illusions de la vieille gauche, ni perdre toute substance en se recentrant vers la droite. Il est condamné à un "en avant". Mais cela nécessite une profonde réformede la vision des choses, c'est-à-dire de la structure de pensée. Cela suppose, àpartir d'un diagnostic pertinent, d'indiquer une ligne, une voie, un dessein qui rassemble, harmonise et symphonise entre elles les grandes réformes qui ouvriraient la voie nouvelle.
Je dégagerais ce que pourrait être cette ligne, cette voie que j'ai proposée aussi bien dans La Voie que dans Le Chemin de l'espérance, écrit en collaboration avec Stéphane Hessel (Fayard, 2011).
Je voudrais principalement ici indiquer que l'occasion d'une réforme de la connaissance et de la pensée par l'éducation publique est aujourd'hui présente. Le recrutement de plus de 6000 enseignants doit permettre la formation de professeurs d'un type nouveau, aptes à traiter les problèmes fondamentaux et globaux ignorés de notre enseignement : les problèmes de la connaissance, l'identité et la condition humaines, l'ère planétaire, la compréhension humaine, l'affrontement des incertitudes, l'éthique.
Sur ce dernier point, l'idée d'introduire l'enseignement d'une morale laïque est à la fois nécessaire et insuffisante. La laïcité du début du XXe siècle était fondée sur la conviction que le progrès était une loi de l'histoire humaine et qu'il s'accompagnait nécessairement du progrès de la raison et du progrès de la démocratie.
Nous savons aujourd'hui que le progrès humain n'est ni certain ni irréversible. Nous connaissons les pathologies de la raison et nous ne pouvons taxer comme irrationnel tout ce qui est dans les passions, les mythes, les idéologies.
Nous devons revenir à la source de la laïcité, celle de l'esprit de la Renaissance, qui est la problématisation, et nous devons problématiser aussi ce qui était la solution, c'est-à-dire la raison et le progrès.
La morale alors ? Pour un esprit laïque, les sources de la morale sont anthropo-sociologiques. Sociologiques : dans le sens où communauté et solidarité sont à la fois les sources de l'éthique et les conditions du bien-vivre en société. Anthropologiques dans le sens où tout sujet humain porte en lui une double logique : une logique égocentrique, qui le met littéralement au centre de son monde, et qui conduit au "moi d'abord" ; une logique du "nous", c'est-à-dire du besoin d'amour et de communauté qui apparaît chez le nouveau-né et va se développer dans lafamille, les groupes d'appartenance, les partis, la patrie.
Nous sommes dans une civilisation où se sont dégradées les anciennes solidarités, où la logique égocentrique s'est surdéveloppée et où la logique du "nous" collectif s'est "sous-développée". C'est pourquoi, outre l'éducation, une grande politique de solidarité devrait être développée, comportant le service civique de solidarité de la jeunesse, garçons et filles, et l'instauration de maisons de solidarité vouées à secourir les détresses et les solitudes.
Ainsi, nous pouvons voir qu'un des impératifs politiques est de tout faire pour développer conjointement ce qui apparaît comme antagoniste aux esprits binaires : l'autonomie individuelle et l'insertion communautaire.
Ainsi, nous pouvons voir déjà que la réforme de la connaissance et de la pensée est un préliminaire, nécessaire et non suffisant, à toute régénération et rénovation politiques, à toute nouvelle voie pour affronter les problèmes vitaux et mortels de notre époque.
Nous pouvons voir que nous pouvons commencer aujourd'hui une réforme de l'éducation par introduction de la connaissance des problèmes fondamentaux et vitaux que chacun doit affronter comme individu, citoyen, humain.