mardi 26 juillet 2011
E-mail : la boîte est pleine !
Les critiques se multiplient contre les messages électroniques qui ont envahi nos vies professionnelles et privées. Et les réseaux sociaux, Facebook en tête, offrent aux internautes des outils de substitution.
Inventé dans les années 1970, le bon vieux courrier électronique - l'e-mail - perd peu à peu de sa superbe. Pas une semaine sans qu'il subisse des attaques en règle. La plus violente est venue récemment du site de TechCrunch, le site d'actualité qui fait la pluie et le beau temps dans la Silicon Valley : « L'e-mail est le diable absolu », tonne le journaliste MG Siegler dans un message en forme de cri de colère intitulé « I'm Quitting Email » (« J'arrête l'e-mail »). « Il y en a trop. Cela ne s'arrête jamais. Et cela ne fait qu'empirer. »
Pourquoi tant de haine pour cet e-mail, qui a explosé à la fin des années 1990, avec la percée d'Internet dans le grand public et chez les professionnels ? La réponse se résume en deux mots : harcèlement et... désorganisation. Le constat est flagrant dans beaucoup d'entreprises : le temps consacré à trier, à répondre ou à supprimer les courriers électroniques n'a cessé de croître ces dernières années. « Certains cadres passent jusqu'à vingt heures par semaine et traitent entre 100 et 200 mails par jour. C'est un facteur de perturbation important », indique Marc-Henri Desportes, vice-président stratégie et innovation de la SSII Atos. L'arrivée du BlackBerry a, à cet égard, marqué un tournant, en « mettant à disposition » ses détenteurs vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
À l'origine, l'e-mail était « une métaphore du courrier traditionnel », explique Jean-Luc Valente, PDG de BlueKiwi, éditeur de réseaux sociaux pour entreprises. Mais très vite, il a largement débordé le cadre de l'échange privé entre deux individus. Il est maintenant utilisé pour converser en direct, échanger à plusieurs, organiser des événements, faire office de boîte à idées. « Sur un mail, il peut y avoir soixante échanges. À la fin, on ne sait plus où l'on en est », indique une victime de cette inflation.
Le déploiement de Facebook change la donne, en bouleversant les modes de communication. Tchatter, échanger à plusieurs, ou en privé, s'inviter à des spectacles, à des concerts, partager de l'information, des photos, des vidéos, donner son avis, l'internaute retrouve l'usage qu'il faisait du mail, mais de manière fluide et organisée. Du coup, parallèlement à l'explosion du réseau social, l'audience du mail a commencé à baisser. Aux États-Unis, la fréquentation des messageries électroniques grand public (Gmail, Yahoo, Hotmail, etc.) a reculé de 4,1 % entre novembre 2009 et mai 2011 à 156 millions de visiteurs uniques en mai, selon Comscore. Ce phénomène d'érosion est encore circonscrit. Ainsi en France, la conversion au numérique des seniors, qui apprécient « le confort de l'e-mail », maintient les audiences, indique une étude Comscore. Même constat dans le monde du travail, où beaucoup de salariés ne sont pas encore équipés. « Sur 25 millions d'actifs, 12 millions ont une boîte mail, mais 13 millions n'ont pas de PC. La demande est grande. Nous constatons une forte croissance d'Exchange [la messagerie de Microsoft] », indique Marc Jalabert, directeur du marketing opérationnel de Microsoft France.
Certains signaux sont tout de même révélateurs. Les messageries Internet les plus anciennes du Web - Hotmail ou Yahoo - ont enregistré en un an et demi des baisses d'audience respectives de 16 et 10 % en France. La mort de l'e-mail n'est bien sûr pas pour demain. « Il reste l'outil phare pour les conversations très privées ou pour gérer sa vie numérique : achats sur Internet, gestion de factures, des relations bancaires », indique Pierre-Éric Jacoupy responsable de Windows live. Mais il est à l'évidence condamné à évoluer.
La déferlante se déplace sur le mobile
La baisse de l'usage du Webmail (en consultant sur le site Web de la messagerie) constatée par Comscore aux États-Unis est concomitante de l'essor de l'usage du mail depuis son mobile. Dans sa dernière étude sur le sujet en janvier, le cabinet relevait que plus de 43 millions d'Américains possédant un mobile avaient consulté leurs e-mails sur leur smartphone en novembre 2010, une proportion en hausse de 40 % en un an. Le cabinet Gartner estime que le nombre d'utilisateurs de l'e-mail depuis un mobile devrait grimper à 1 milliard dans le monde d'ici à 2014.
Un phénomène lié à la démocratisation accélérée des smartphones dans le grand public et en entreprises. Le nombre d'utilisateurs professionnels du mail sur mobile devrait dépasser les 250 millions dans le monde en 2014 selon IDC, alors qu'ils sont estimés autour de 80 millions actuellement. Par ailleurs, le mobile est souvent le premier moyen d'accéder à Internet dans les pays émergents. Nokia en avait fait un des axes de sa stratégie et avait créé Ovi Mail, permettant de créer son compte directement depuis un portable basique. Le service, qui avait séduit plus de 5 millions d'utilisateurs, est en train de migrer vers Yahoo Mail. (D.C.)
Anders Breivik, itinéraire d’un pauvre type
Des mots aussi simples que "fou" et "ignoble" ne suffiront jamais à qualifier un tel homme et nous pouvons nous attendre dans les jours et les mois qui suivent à une analyse psychiatrique approfondie de cet horrible psychopathe de 32 ans. Nous allons appeler à comparaître et à témoigner toutes les fantasmagories de cet esprit qui se croit supérieur. Aux côtés des enquêtes norvégiens, nous allons essayer de comprendre comment ces démons ont pu le convaincre de commettre un acte d’une telle cruauté préméditée. Et pour ce faire, nous nous appuierons sur le manifeste de 1 500 pages que le meurtrier (et peut-être ses complices) a mis en ligne sur Internet.
Ce document est un monceau d’absurdités : recréer l’ordre des Templiers avec Anders Breivik comme "chevalier justicier". L’objectif annoncé est de rassembler une armée de demeurés haineux pour libérer l’Europe des immigrants d’ici 2083. Breivik semble avoir agi à l’occasion du 200e anniversaire de la mort de Karl Marx, qu’il déteste et accuse d’être responsable du développement de l’égalitarisme, du féminisme, du multiculturalisme et de toutes sortes de maux. Le Mein Kampf de Breivik regorge de ruminations adolescentes piochées sur Wikipédia à propos d’Antonio Gramsci, de Theodor Adorno ou l’islam et je dois bien avouer ne pas avoir m’être acharné à le lire en entier.
J’en ai toutefois lu suffisamment pour en saisir l’essentiel et il se dégage de ses obsessions quelque chose d’à la fois étrange et de troublant. Il déblatère contre l’EUSSR assimilation de l’UE à l’URSS et "l’Eurabia", s’en prend au multiculturalisme qu’il qualifie de "vaste mensonge" et affirme que "le politiquement correct étend son ombre sur les sociétés d’Europe occidentale". "L’Union européenne peut-elle changer ?, demande-t-il. J’en doute. L’Union européenne est tenue par une classe de bureaucrates égoïstes qui ne cherchent qu’à augmenter leur pouvoir et leur budget malgré tout le mal qu’ils font".
Breivik estime que l’Europe a été systématiquement trahie par l’immigration de masse en provenance des pays musulmans, et que les méthodes de cette immigration restent cachées aux yeux des électeurs. Il cite également un grand nombre de commentateurs britanniques pour étayer ses propos. De fait, il est surprenant de voir combien cet extrémiste norvégien maîtrise les discours politiques du monde anglo-saxon.
Des points communs avec certains terroristes islamistes
Chers amis, il n’y a pas d’autre façon de le dire : une bonne partie de ce que raconte ce dangereux déséquilibré pourrait être tiré de divers blogs et commentaires qu’on trouve dans les médias, notamment les plus conservateurs, au Royaume-Uni. Certains en lisant cette horrible logorrhée, se diront qu’il a été poussé à agir par des discours enflammés. Ils diront que cet acte barbare est la conséquence d’une haine féroce de l’EUSSR et de l’immigration, tout comme les attentats du 11 septembre ont été provoqués par des partisans d’un islam fanatique.Il ne fait guère de doute, a priori, qu'Anders Breivik a beaucoup de points communs avec certains terroristes islamistes responsables récemment d'attentats-suicides. L'émancipation féminine le dérange, et il estime que les femmes seraient mieux à la maison. Il semble plutôt remonté contre l'homosexualité. Et par-dessus tout – c'est ce qui le rapproche très nettement des islamistes –, il est convaincu qu'une profonde décadence règne chez les chefs religieux de sa propre confession et qu'ils ont dévié de l'orthodoxie. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un mélange des cultures le dégoûte, comme c'est le cas de bien des terroristes musulmans.
Beaucoup diront que nous sommes face à une image en miroir du terroriste islamiste : un homme motivé par une folie idéologique identique, mais inverse. Il y a certes une symétrie, mais dans un cas comme dans l'autre, dans celui de Breivik comme dans celui du kamikaze musulman, je ne crois pas que l'idéologie soit réellement au cœur du problème.
Dimanche, des journalistes de la télévision avaient retrouvé une de ses connaissances en Norvège, un type du nom d'Ulav Andersson, qui disait avoir bien connu Breivik. Toute l'histoire sur les Templiers l'a surpris, car Breivik n'avait jamais été très pieux, et son ami ne le savait pas versé dans la politique. "Il ne semblait pas avoir d'opinions très arrêtées", résume Ulav Andersson. Il s'était juste montré amer et irritable, se souvient-il, quand une fille qu'il aimait bien l'avait plaqué pour un autre homme, d'origine pakistanaise.
L'explication n'est pas à chercher dans l'immigration, l'Eurabie, les hadiths, ou le complot des eurocrates contre le peuple. L'explication ne tient pas à l'idéologie, ni à la religion. L'explication tout entière est à chercher dans cet homme, et dans son sentiment d'impuissance face à la gent féminine. Elle peut aussi être avancée (et elle l'a été) pour de nombreux jeunes terroristes musulmans. Les raisons fondamentales de leur cruauté prennent leurs racines dans leur sentiment de rejet et d'aliénation. L'idéologie, elle, vient seulement leur donner une cause à brandir, elle vient potentialiser le poison dans leur sang, leur fournir un prétexte pour mettre en scène cette rancœur qui les anime de façon formidable – et un prétexte pour tuer.
Impuissance et rejet
Une leçon importante doit donc être tirée du cas Anders Breivik. Il a tué au nom du christianisme mais, naturellement, nous n'accusons pas pour autant tous les chrétiens ni la "chrétienté". Pas plus que nous ne devrions, de fait, accuser l' "islam" de tous les actes terroristes commis par de jeunes musulmans. Il arrive que certains jeunes hommes pathétiques soient rongés par un sentiment d'impuissance et de rejet et exercent une terrible vengeance sur le monde qui les entoure. Il arrive que des gens se sentent si faibles qu'ils en viennent à ressentir le besoin de tuer pour se sentir forts. Tous ceux-là n'ont pas besoin d'une idéologie pour avoir ce comportement.Michael Ryan, le meurtrier de Hungerford [16 morts en 1987, en Angleterre] n'affichait aucune idéologie, pas plus que Thomas Hamilton à Dunblane [17 morts, dont 16 enfants, dans une école écossaise en 1996]. Chercher toute autre explication à leurs actes (étudier des facteurs "sociaux" complexes, ou se pencher sur les conséquences du multiculturalisme en Scandinavie), ce n'est ni plus ni moins qu'entrer dans leur jeu présomptueux.
Anders Breivik a peut-être bâti un manifeste pontifiant de 1 500 pages, mais comme tant d'autres hommes de son acabit, ce n'est guère plus qu'un individu narcissique et égotiste qui ne supportait pas d'être repoussé. Ne gâchons pas notre temps à réfléchir à son cas, gardons nos pensées pour les victimes et leur famille.
Si, parmi les auteurs de romans policiers ou de thrillers politiques, les Scandinaves ont tant de succès, c’est parce qu’ils savent diagnostiquer les maux de leur pays. Un Straalesen en Norvège, un Mankell en Suède, un Indridason en Islande ont repéré les failles de ce Nord qui n’est pas aussi lisse qu’il veut le croire. Le carnage d’Oslo confirme que la réalité n’a pas de peine à dépasser la fiction; la xénophobie nationaliste évoquée dans les romans peut hélas se muer en tragédie nationale.
Dans un registre moins glorieux, la littérature norvégienne a vu éclore un autre rayon, celui qui, de réunion politique en tract électoral, s’emploie à ancrer l’idée que l’islamisation est en marche, qu’elle va tout balayer et qu’elle est la cause de tous les vices.
Dans ce pays foncièrement protestant qu’est la Norvège, où l’Église luthérienne a rang d’Église officielle, la population étrangère a effectivement progressé en dix ans au point de représenter 10 % des 4,8 millions d’habitants. Mais cette proportion est largement due à des flux riverains venus des pays baltes, d’Allemagne, de Pologne, voire des Danois et des Suédois attirés par le pétrole norvégien et par un chômage inférieur à 3 %. Ce qui n’est pas de nature à bouleverser les équilibres antérieurs.
En surdimensionnant le poids réel de l’immigration pakistanaise, irakienne ou turque, la prose xénophobe qui circule en Norvège s’emploie surtout à exciter les esprits et à créer des réflexes de croisades et de contre-croisades dont le tueur d’Oslo a fait son discours halluciné. Si les partis populistes qui prospèrent en Europe n’ont aucune responsabilité organique dans la préparation des attentats d’Oslo, il faudra bien qu’ils s’interrogent sur le côté pyromane de l’argumentation qui se fait un devoir (et parfois un honneur) de présenter tout musulman comme un ennemi. On ne peut pas ironiser sur les islamistes qui s’inquiètent d’une invasion chrétienne en Somalie, en Irak ou en Afghanistan et s’extasier devant la rhétorique du chaos dont se délectent certains de nos élus européens.
Cette idéologie incite à la surenchère. Anders Breivik s’en est pénétré et l’a adoptée jusqu’à croire utile de tirer au fusil sur les jeunes militants socio-démocrates, comme si cette tuerie allait éliminer la prochaine génération des responsables politiques qu’il exècre tant.
On est ici au cœur d’un concept qui a traversé tous les siècles et toutes les cultures, l’idée que « c’était mieux avant », mieux parce que plus homogène et moins mouvant. En se saisissant de l’étendard chrétien comme s’il se promenait dans un jeu de rôles, Breivik a fait le contraire de ce à quoi il pensait. Il croyait se projeter dans le futur, il s’est couché dans le passé. Le héros qui rêvait de parader au tribunal en uniforme n’est qu’un dangereux paumé tout étonné de n’être pas traité en prisonnier de guerre. Quant au défenseur de la civilisation européenne, il est très banalement le clone occidental des terroristes d’al-Qaïda, aussi misérable, aussi pathétique et aussi stérile qu’eux.
La nouvelle batterie de mesures de l'UMP contre l'immigration
Après les 35 heures, l'immigration. L'UMP a réuni une nouvelle convention thématique sur ce sujet qui vient de faire l'objet d'une nouvelle loi au Parlement, jeudi 7 juillet. Une manière de répondre aux attaques venues à la fois de la gauche et du Front national sur cette question, dont s'est emparé le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, dans la perspective de 2012.
L'ENCADREMENT DE LA BINATIONALITÉ TOUJOURS SUR LA SELLETTE
En juin, la question de la binationalité a donné lieu à une brève passe d'armes entre les deux tendances. Lionnel Luca, membre de La Droite populaire, souhaitait encadrer la binationalité. Mais le gouvernement n'a pas souhaité le suivre sur ce terrain polémique. Notamment parce qu'une bonne partie des Français vivant à l'étranger, qui constituent un vivier électoral pour le parti présidentiel, possèdent deux nationalités.
M. Luca avait menacé de démissionner de son poste de secrétaire national à l'immigration. Mais il est finalement resté, Jean-François Copé ayant promis qu'une autre convention du parti serait consacrée à cette question. Mais Claude Guéant a déjà fait savoir son opposition de principe, rappelant, jeudi sur RTL, que "le gouvernement n'a aucune intention de changer la loi dans ce domaine". Le ministre précise qu'il s'agit d'"un faux problème parce que les binationaux n'ont pas le choix. Ils sont binationaux du fait des législations des Etats, et la réalité du problème c'est celle des conditions dans lesquelles on entre dans la nationalité française".
FUSIONNER LES ORGANISMES DE STATISTIQUES ?
Par ailleurs, le ministre a assuré une nouvelle fois, jeudi, qu'il serait "irresponsable de ne pas agir" pour réduire l'immigration légale, car "les capacités d'accueil de la société française ne sont pas sans limites". L'UMP propose par exemple d'interdire, sauf cas exceptionnel, la régularisation d'une personne entrée illégalement sur le territoire.
Le parti propose également une série de mesures au niveau européen : renforcement des moyens de Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, ou création d'un système de "caution retour" : pour les cas considérés comme "à risque" par le parti, un visa de court séjour ne serait délivré qu'en échange d'une caution financière, rendue lors du retour de la personne.
Le coût de l'immigration, question qui agite l'extrême droite et la frange la plus droitière de la majorité, est également abordé. Le parti ne propose rien de moins que de fusionner l'Institut national de la statistique et des études économique (Insee), la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et l'Institut national des études démographiques (INED) en un seul, l'Institut national des études et statistiques (INES). Celui-ci "serait notamment chargé de proposer des pistes pour améliorer le recensement et les études sur l'immigration (coût, démographie…)".
DES STATUTS MODIFIÉS POUR LES MIGRANTS
L'UMP évoque aussi la mise en place d'un "contrat à durée déterminée de trois à cinq ans pour les travailleurs immigrés" assorti d'un volet de formation, ou encore la possibilité de faire payer aux entreprises qui embauchent des travailleurs immigrés une taxe destinée à prendre en charge une partie des coûts du contrat d'accueil et d'intégration que signent les migrants arrivant en France, et qui oblige à une série de formations, notamment à la langue française. Un système "à points" destiné à sélectionner des immigrés en fonction de compétences spécifiques pourrait aussi être expérimenté.
Enfin, le parti évoque un conditionnement des aides sociales et familiales au respect des "obligations scolaires" des enfants immigrés et au respect des conditions du contrat d'accueil et d'intégration.
La liste des métiers ouverts aux étrangers réduite de moitié
En avril, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, formulait le souhait de "réduire l'immigration légale liée au travail." Le gouvernement voulait alors diminuer de moitié le nombre de permis de travail accordés aux étrangers sur le territoire français. Pour atteindre cet objectif, les ministères de l'intérieur et du travail viennent de transmettre aux syndicats un projet d'arrêté fixant la nouvelle liste des métiers "en tension" ouverts aux étrangers non ressortissants de l'Union européenne. Cette nouvelle liste devrait ainsi être diminuée de moitié par rapport à celle de 2008, affirme le quotidien Les Echos. Désormais, seules quinze familles de métiers seront accessibles aux non-Européens, contre trente auparavant.
Cette liste comprend en outre une nouvelle disposition qui permettra aux régions de l'adapter en fonction de leurs besoins spécifiques. Les préfets pourront en effet décider désormais ne pas retenir certaines familles de métiers de la liste si ces métiers ne sont pas en tension sur leur territoire. Ils pourront même "se contenter d'un seul métier" s'ils le veulent, souligne ainsi Les Echos.
SECTEURS TOUCHÉS : LE BTP ET L'INFORMATIQUE
Sont désormais retirés de la liste des métiers comme agent d'assurance, installateur d'ascenseur ou géomètre, pour lesquels l'immigration par le travail était déjà quasi inexistante. Les restrictions les plus importantes concernent surtout les secteurs de l'informatique et du BTP. "Les postes de chargés d'études, de chefs de chantier et de conducteurs de travaux sortent ainsi de la liste, qui n'inclut plus, dans ce secteur phare, que le poste de dessinateur", explique ainsi le quotidien Les Echos.
Le ministère du travail a indiqué que la liste, soumise aux syndicats, pouvait encore être modifiée et qu'elle serait définitivement arrêtée dans la première quinzaine d'août. Les syndicat s'étaient montrés hostiles à une telle mesure, critiquant une approche "nationaliste" du gouvernement, et le patronat avait considéré que ce n'était pas une priorité.
Chaque année, près de vingt mille visas de travail sont délivrés. Ils concernent le plus souvent des changements de statut pour des personnes déjà présentes sur le territoire. Les conséquences de ces nouvelles restrictions sur le marché de l'emploi sont difficiles à évaluer. Selon les estimations des Echos, entre dix mille et douze mille postes seraient ainsi " libérés" sur le territoire français.