TOUT EST DIT

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vendredi 8 mars 2013

Amour, carrière, famille... Les femmes ont-elles vraiment réussi à tout avoir en même temps ?


On nous a vendu du rêve : selon la chercheuse Anne-Marie Slaughter, les femmes ne peuvent pas avoir une vie familiale épanouie et une carrière à la hauteur de leurs espérances. Dans son livre "Lean In", l'une des dirigeantes de Facebook va dans le même sens en décrivant la dure réalité des femmes ambitieuses.

La directrice-générale de Facebook Sheryl Sandberg va prochainement publier un livre sur les difficultés qu'éprouvent les femmes carriéristes. Dans un article qui a fait débat aux États-Unis l'été dernier, Anne-Marie Slaughter, professeure à l'université de Princeton qui avait fini par abandonner un poste gouvernemental pour avoir plus de temps avec sa famille, faisait ce constat amer : les femmes ne peuvent pas tout avoir.  Partagez-vous cette affirmation ?

 
Peggy Sastre : En vérité, elle n’a pas abandonné son poste gouvernemental pour se consacrer à sa vie de famille, mais pour reprendre sa carrière universitaire, qui était plus compatible avec sa vie de famille. Ce que je constate, et qui me rend un peu amère, c’est que les femmes sont toujours les premières à se sentir mal si leur vie familiale commence à battre de l’aile et surtout à estimer leur carrière (ou leur personne) responsable de cet éventuel “déséquilibre”. Comme si la carrière d’une femme (ou ses passions si on ne se place pas dans une perspective purement rentable) était une sorte de luxe, de superflu, le truc sur lequel on peut facilement transiger si d’autres secteurs, plus “fémininement” stratégiques sont ou semblent menacés. Dans l’état actuel des choses, je pense que la famille relève davantage d’une charge pour les femmes, d’un vecteur de stagnation. Pour moi “tout avoir”, ce n’est pas forcément avoir une famille et une carrière, c’est pouvoir choisir, de manière autonome, la vie que l’on veut mener, et l’éventail n’a jamais été aussi large pour les femmes qu’aujourd’hui, en Occident.
Sophie Bramly : Comme dans toutes les situations où on veut tout avoir à la fois, on finit souvent par le payer cher. Vouloir cumuler vie familiale et s'épanouir professionnellement n'est pas forcément facile à atteindre. Mais il y a des moments dans la vie, chez les femmes en particulier, où l'on va d'abord faire passer sa carrière, et faire des enfants plus tard, en changent son ordre de priorité. Quand on est jeune, on va privilégier le travail.
Il n'y a pas de différence, tous les hommes ne peuvent pas être patrons d'entreprise et les femmes non plus. Tout cela dépend énormément des cultures, ce sont des questions de choix mais ce n'est pas une question de genre. Penser qu'on ne doit pas sacrifier sa vie familiale, mais avoir une carrière professionnelle à la hauteur de ses espérances est un mélange de vieux acquis culturels dont certaines femmes ont du mal à se débarrasser.
De plus en plus de pères élèvent leurs enfants, et rencontrent de plus en plus les problèmes que les femmes connaissent, par rapport à l'organisation du temps par exemple. Mais quand une une femme veut être Anne Lauvergeon, elle est Anne Lauvergeon. 

Où en sont les femmes aujourd'hui sur le marché du travail ?

Margaret Maruani : Aujourd'hui, le nombre de femmes dans la population active a beaucoup augmenté : elles représentaient un tiers dans les années 60, et aujourd'hui la moitié (48%). Il y a donc une féminisation massive du monde du travail. Parallèlement à ce mouvement,  il y a eu une très nette progression de la scolarité féminine, les femmes ont rattrapé puis dépassé les hommes en termes de réussite à l'école et à l'université  dans années 70.
Les femmes sont donc plus diplômées que les hommes depuis plusieurs générations et elles ont eu des trajectoires professionnelles beaucoup plus continues qui ne se sont pas arrêtées avec la parentalité. Entre 25 et 49 ans, 40% des femmes étaient actives dans les années 60. Aujourd'hui ce taux s'élève à 85%.
Mais les femmes sont plus exposées à la précarité que les hommes sur le marché du travail : 80% des emplois à temps partiels sont occupés par des femmes, elles ont les postes les plus mal payés, les sous-emplois (elles ne travaillent pas autant que ce qu'elles voudraient). 

La pression qui semble s'imposer aux femmes est-elle aujourd'hui plus personnelle que sociale ?

Peggy Sastre : On a beaucoup progressé en termes de pression sociale. Une femme sans enfants, ou même célibataire, n’est plus la paria qu’elle était il y a un peine un siècle. Le problème, c’est que bon nombre d’injonctions sociales sur une “bonne vie” féminine sont aussi intériorisées par les femmes elles-mêmes. Et pour cause, elles relèvent de processus évolutifs très anciens, très ancrés, et malheureusement en décalage avec notre environnement contemporain. L’évolution n’a pas poussé les femmes à l’autonomie, mais à la recherche de la protection d’un plus fort - homme, famille, groupe. Elle n’a pas non plus poussé les femmes à gérer leur fertilité, et encore moins à la retarder. Mais ce sont des handicaps que les avancées technoscientifiques permettent et permettront de moduler.
Sophie Bramly : Les femmes veulent beaucoup de choses car on leur impose des injonctions sur beaucoup de points : il faut qu'elles aient un boulot, qu'elles soient belles, jeunes, mères... Cependant, on n'est pas obligé de subir la pression sociale. Chacun doit choisir d'être beau ou intelligent, ou plus performant au travail, … On ne peut pas ramener ça à une question de genre. Mettre la femme dans une position de victime est une tendance générale très agaçante.
Margaret Maruani : La plupart des femmes cumulent activité professionnelle et vie familiale avec une forte pression. En mesurant le nombre de minutes passées à faire la vaisselle, à balayer, repasser, s'occuper des enfants, on s'est aperçu que le partage des tâches domestiques et de l'éducation des enfants a très peu bougé, alors que les femmes s'activent de plus en plus professionnellement.

Peut-on dire que la culpabilité a changé de camp : les femmes qui font le choix de leur vie de famille seraient-elles davantage stigmatisées ?

Sophie Bramly : Elles ne sont pas stigmatisées, mais elles sont en danger : on n'est plus dans le modèle d'autrefois où le mariage était arrangé pour toute la vie. Plus le temps passe, plus le cycle de durée du mariage raccourcit. Une femme qui quitte sa carrière pour élever ses enfants prend un risque extrêmement élevé. Il est possible qu'un beau matin, elle se lève et se retrouve avec ses enfants sur les bras, et il très compliqué de rentrer sur le marché du travail dans conditions.
Peggy Sastre : Je ne sais pas si elle a changé de camp, tout dépend certainement du contexte dans lequel on vit, mais l’un des autres avantages de notre époque, c’est qu’une femme n’a jamais eu autant la possibilité d’ignorer telle ou telle culpabilité qu’on veut faire peser sur ses épaules. Décider de se foutre des pressions sociales, amicales, familiales, ce n’est plus courir un risque aussi énorme qu’auparavant, mais cela requiert encore un certain effort mental.
Margaret Maruani : Dans les années 50-60, la plupart des femmes, lorsqu'elles avaient des enfants s'arrêtaient de travailler. Aujourd'hui, une écrasante majorité de salariées ne font pas de pause dans leur vie  professionnelle. On est passé d'un modèle dominant de la discontinuité, les femmes entrent sur le marché quand elle sont 20-25 ans, en sortent lorsqu'elles ont des enfants, et reviennent. Aujourd'hui, le modèle est continu : c'est le cumul qu'on observe pour la majorité des femmes en France. Elles travaillent, ont des enfants, et une famille.

Les femmes sont-elles d'ailleurs forcément plus sujettes à la culpabilité sur cette question ?

Sophie Bramly : Chez les générations X et Y il y a des notions de partage plus équilibrées et plus intéressantes. Il y a moins de culpabilité chez les femmes issues de cette génération, et les hommes de cette génération ne placent pas la virilité au même endroit. Il n'est pas dévalorisant pour eux de donner un biberon ou de rentrer plus tôt.
Peggy Sastre : Certainement. Mais la culpabilité est aussi liée à un sentiment d’implication : en moyenne, les femmes se sentent davantage concernées par les questions familiales, domestiques, que la moyenne des hommes. Un exemple très basique : prenez une cohorte d’hommes et de femmes, endormissez-les et passez-leur une cassette de cris de bébés, les femmes seront plus nombreuses à se réveiller que les hommes.  

Comment se définit aujourd'hui la réussite professionnelle d'une femme ?

Peggy Sastre : Je ne sais pas, mais voici comment je la définirais : faire ce qu’on aime, aimer ce qu’on fait et en recevoir une rétribution suffisante pour ne pas être astreint à une pure logique de survie.
Sophie Bramly : Je ne sais même pas ce qu'est une réussite professionnelle pour un homme non plus. Comment se quantifie-t-elle ? Une femme heureuse dans son travail avec des revenus suffisants par rapport à son train de vie.

Quel rôle le travail joue-t-il aujourd'hui dans l'épanouissement personnel ?  

Sophie Bramly : Les hommes savent répondre à cette question depuis des siècles. Le travail est extraordinairement épanouissant d'un point de vue personnel et c'est la raison pour laquelle ils sont accrochés à leur fauteuil. Les femmes, elles, le savent de plus en plus elles aussi. Il est intéressant de constater que l'adage "quand on veut en peut" s'adresse à tous aujourd'hui, il suffit de connaître ses priorités. La seule chose sur laquelle je suis vigilante est la victimisation de la femme à tout prix, qui fragilise la femme. Il faut être très méfiant vis-à-vis de cette tendance.
Avant les hommes avaient besoin de bien gagner leur vie pour avoir une femme qu'ils devaient entretenir et lui faire des enfants. Cette problématique est aujourd'hui dédoublée, c'est donc absolument normal qu'hommes et femmes choisissent d'abord de quoi être autonomes, puis décider d'avoir ou non des familles.

Au final, le problème ne réside-t-il pas dans la tendance à la généralisation sur ces questions : tout le monde, homme comme femme, ne ressent pas les mêmes besoins (d'avoir une vie professionnelle et une vie familiale épanouies) ?

Peggy Sastre : Pour faire une généralité, je pense que beaucoup de problèmes viennent de généralisations excessives, voire de généralisations tout court. Tout le monde ne définit pas non plus “l’épanouissement personnel” de la même façon, et tout le monde ne voit pas non plus dans “l’épanouissement personnel” une nécessité. Ce qui me paraît souhaitable, c’est de déplacer le curseur : mettre l’accent sur l’individu et non plus sur le collectif, n’importe quel collectif. Prendre la diversité en compte et ne rien imposer à personne.

Sarkozy "abasourdi" par l'article de Valeurs actuelles

Critiques frontales de François Hollande, propos jugés inopportuns même à droite : l'article de Valeurs actuelles citant des propos de l'ancien président, dans lesquels il évoque son possible retour en politique n'aurait finalement pas fait le bonheur de l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, affirme le JDD.

Il ne s'agissait pas d'une interview, tout au plus de propos rapportés ; mais depuis quelques jours, ils agitent toute la sphère politique - au point, assure le Journal du Dimanche, de provoquer le malaise jusque dans l'entourage proche deNicolas Sarkozy. Et d'y ranimer des guerres intestines à propos de délicates questions de timing et de gestion de l'image publique de l'ancien président. Au coeur de ce "coup" médiatique, un homme, Patrick Buisson, dont la stratégie de "droitisation" avait déjà été très contestée lors de la défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande lors de la présidentielle d'avril-mai dernier. Ancien patron de Valeurs actuelles, c'est lui, de concert, assure France Info, avec l'actuel vice-président du magazine Jean-Claude Dassier, qui aurait orchestré le déjeuner au cours duquel Nicolas Sarkozy a glissé les confidences qu'il semble lui-même regretter aujourd'hui.
Sur le fond, l'article de Valeurs actuelles se présente comme un reportage ; sous la plume du directeur général de la rédaction, Yves de Kerdrel, Nicolas Sarkozy y apparaît tel qu'en lui-même, dépouillé de l'habit de chef de l'Etat. On le voit dans les vestiaires du Parc des Princes "en costume gris foncé, chemise blanche et barbe de trois jours soigneusement entretenue", en train de bavarder, en anglais, avec David et Victoria Beckham. "Vous viendrez bien dîner à la maison ?" glisse l'ancien président. On le voit aussi dans ses bureaux du 77, rue de Miromesnil, discutant à bâtons rompus avec un grand patron. Une adresse où se croisent des personnalités aussi éclectiques que Nicolas Bazire, directeur général de Groupe Arnault, le pilote de rallye Sébastien Loeb, l'écrivain Jean d'Ormesson, Pierre Blayau, patron du fret à la SNCF, Thierry Breton, qui fut patron de Thomson et de France Télécom avant de devenir ministre de l'Economie... L'auteur de l'article trace le portrait d'un ancien président qui "aspire à la sérénité, à la tranquillité, à la vie de famille, au bonheur de son couple". Mais tout en émaillant son propos de petites phrases parfois cinglantes...
"Ce procédé est inacceptable et grossier"
Quelques-uns des grands sujets du moment passent ainsi à la moulinette de ces commentaires percutants. Les relations franco-allemandes ? "Hollande a cassé tout ce que j'avais réussi à construire avec Angela Merkel. Pas tellement parce qu'il ne s'entend pas avec elle, mais parce qu'il mène une politique exactement contraire à celle de l'Allemagne." Le mariage pour tous ? "Avec leur "mariage pour tous", la procréation médicalement assistée, la gestation pour autrui, bientôt, ils vont se mettre à quatre pour avoir un enfant." Les interrogations sur les contrôles de l'industrie agro-alimentaire ? "Tout le monde veut savoir s'il y a du cheval dans ce qu'on mange. Mais la traçabilité des enfants, qu'est-ce qu'on en fait ?" Sans compter son possible retour : "Il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus : "Avez-vous envie ? " mais "Aurez-vous le choix ? " (...) Dans ce cas, effectivement, je serai obligé d'y aller. Pas par envie. Par devoir. Uniquement parce qu'il s'agit de la France."
Les citations issues de cet article qui ont filtré avant la publication de Valeurs actuelles, jeudi, ont provoqué les condamnations du PS tout en plongeant les camps Fillon et Copé dans des abîmes de réflexion. Du côté de l'ancien Premier ministre, on y voit une attaque directe. Côté Copé, la sortie paraît incompréhensible. Les petites phrases de ceux qui, à l'instar de François Fillon, évoquent à mots couverts leur envie de tourner la page du sarkozysme, se sont multipliées, de la part de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui fut pourtant porte-parole du candidat Sarkozy en 2012, ou encore du côté de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. De manière générale, chez les soutiens de Sarkozy, on craint une maladresse. Le Point évoque "un raté complet". Un écart par rapport à la ligne de conduite que l'ancien président s'était fixée : "Eviter tout contact avec les journalistes, plus encore ceux traitant de la politique." Le JDD évoque un Nicolas Sarkozy "abasourdi" par la présentation, la teneur et la mise en avant sur la "Une" de Valeurs actuelles de ce reportage reproduisant de trop nombreux propos à bâtons rompus.
Ce que souligne l'un de ses collaborateurs, également cité par l'hebdomadaire : "Il y a eu beaucoup trop de citations qui n'étaient pas destinées à être publiées." La colère est perceptible chez ce proche anonyme de l'ancien chef de l'Etat : "Ce procédé est inacceptable et grossier. Nicolas Sarkozy n'a jamais demandé une interview et vous imaginez bien qu'il ne la fera pas en catimini dans Valeurs actuelles". Et un autre anonyme, présenté comme "un sarkozyste du premier cercle", va jusqu'à lancer : "Buisson est fou, on ne va pas pouvoir continuer comme ça avec lui."

Gros doute sur la refondation de l’école


La France a l’un des plus importants taux d’échec des pays de l’OCDE en matière d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. La réforme proposée par Vincent Peillon n'y changera rien.
Depuis plusieurs semaines, le Ministre de l’Éducation nationale occupe tout le monde, professeurs, éducateurs, parents d’élèves avec la réforme des rythmes scolaires. Il n’en finit pas de sortir des scoops, et le dernier en date remonte à ce week-end avec des vacances d’été qui seraient ramenées à 6 semaines.
Sauf que l’on est train d’oublier l’essentiel, à l’heure où le projet de loi sur la refondation de l’école sera exa­miné par les dépu­tés en séance publique à par­tir du 11 mars. Rien ne sert de changer les emplois du temps des enfants si l’on ne modifie pas profondément les méthodes d’enseignement.
La France a l’un des plus importants taux d’échec des pays de l’OCDE en matière d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. 40% des enfants arrivent en sixième sans maîtriser la lecture et l’écriture. Il faut bien comprendre ce que cela veut dire. Plus du tiers des enfants âgés de 11 ans n’ont pas le niveau de lecture d’un enfant de 7 ans.
La chute de notre école n’est plus un secret
Même le journal Le Monde sonnait le tocsin le 20 février dernier. Voilà ce que l’on pouvait lire dans un article titré « Le niveau scolaire baisse, cette fois-ci, c’est vrai ! » :
 Si le niveau est resté stable de 1987 à 1997, il a en revanche chuté de 1997 à 2007. Le niveau de lecture qui était celui des 10% les plus faibles en 1997 est, dix ans plus tard celui de 21% des élèves.

Cela fait dix ans que l’OCDE nous met en garde sur la chute de notre niveau. Et ses publications sont aujourd’hui devenues suffisamment alarmistes pour que tout le monde en parle, mais personne n’agit.
Or quand on regarde les rapports officiels, quand on reprend les résultats des journées de défense et de citoyenneté, on s’aperçoit que l’Éducation nationale n’arrive pas à apprendre à lire et à écrire à tous les enfants. Pire, elle y arrive de moins en mois. Chaque année, un enfant sur quatre est en échec dès le CP. Jamais notre école n’a eu autant de mal à transmettre les fondamentaux à tous les enfants.
Affronter les responsables du blocage
Face à cet échec, le gouvernement ne prend aucune mesure. Pourtant des solutions, il en existe. Elles ne sont ni ruineuses, ni compliquées mais elles demandent d’affronter ceux qui sont responsables du blocage sur cette question. Ils sont surtout responsables de la non-information des professeurs, en entretenant le mythe que toutes les méthodes d’apprentissage se valent.
Les études qui comparent le mixte et le syllabique
Toutes les méthodes ne se valent pas. Les Anglais l’ont démontré sur des générations entières de jeunes élèves. Outre-Manche, des études comparatives ont été menées depuis 1997 sur l’efficacité comparée des méthodes d’apprentissage de la lecture. Elles ont démontré que les méthodes mixtes ne permettaient pas à tous les élèves d’apprendre correctement à lire.
Pour réussir auprès de toutes les populations, anglophones, non anglophones, favorisées, défavorisées, il faut avoir recours à des méthodes exclusivement syllabiques. Elles passent d’abord par l’apprentissage systématique des sons et ne donnent jamais à lire des mots ou des phrases que les enfants ne peuvent pas déchiffrer.
En France, ces études n’ont jamais été menées mais, pire encore, nos chercheurs n’ont pas diffusé les résultats des études menées en Angleterre, privant ainsi des générations de professeurs de l’information qui leur est nécessaire pour bien exercer leur métier. Quand vous êtes professeur aujourd’hui, que vous cherchez à vous former correctement, personne ne va vous dire que des méthodes sont plus efficaces que d’autres. On va simplement affirmer que l’important, c’est d’innover. C’est encore une fois ce que fait la loi de refondation de l’école.
Une information à porter aux professeurs
Pour réussir à enseigner correctement aux enfants, il est surtout nécessaire d’être informé et d’être informé sur ce qui marche avec tous les enfants. Aujourd’hui les écoles publiques anglaises des quartiers ultra-défavorisés où personne ne souhaitait, il y a encore dix ans, scolariser son enfant, rivalisent avec les meilleures écoles des quartiers chics. Voilà ce que l’on ne nous dit pas en France et voilà ce que SOS Éducation, à travers l’étude réalisée par Constance de Ayala, a mis sur le bureau de chaque parlementaire.
Nos hommes politiques sont donc informés sur cette question, ils ont donc les moyens d’agir dans le bon sens. En effet, c’est grâce aux parlementaires que l’Angleterre est parvenue à faire savoir à toute sa population de professeurs que l’on pouvait réellement apprendre à tous les élèves à lire à une condition et une seule : appliquer des méthodes efficaces pour tous les enfants.
Les parlementaires ont eu le courage d’affronter les blocages des différents idéologues sur la question pour permettre à la population dans son ensemble d’avoir accès à ces méthodes. Et les résultats sont là. Les progrès de l’Angleterre sont maintenant reconnus au niveau international. La dernière enquête menée par l’université de Boston auprès des enfants de 10 ans, l’enquête internationale PIRLS publiée en décembre dernier, atteste que l’Angleterre vient de gagner huit places en cinq ans. Les écoliers anglais n’ont pas atteint encore le peloton de tête mais ils sont déjà remontés à la 11e place. Dans ce même classement international, la France occupe la 23eposition, elle est maintenant en-dessous de la moyenne européenne et elle a encore perdu six places en cinq ans. Qui va tirer la sonnette d’alarme, si ce n’est vous ?

PIRLS : la France, 29è sur 40

Progress in International Reading Literacy Study : Cette enquête réalisée tous les 5 ans mesure l’évolution de l’apprentissage de la lecture dans une quarantaine de pays sous l’égide de l’International Association for the Evaluation of Educationnal Achievement (IEA).
Elle concerne les élèves de CM1 (9/10 ans). En 2012, la France est 29è sur 40.

Un espoir pour tous les enfants
Car il est fort à parier que nos syndicats n’ont pas vraiment fait la publicité de cette révolution anglaise auprès des professeurs. Pire, ils prétendent que l’on ne peut comparer l’anglais et le français. Les chercheurs classent l’anglais et le français au niveau des langues opaques, c’est-à-dire des langues qui vont écrire un même son de différentes manières : « o, ot, au, eau, etc. ». Les langues opaques sont plus difficiles à maîtriser que des langues où tous les sons s’entendent et où chaque son ne s’écrit que d’une seule et unique manière. Le français compte 35 phonèmes (la plus petite unité de son), qui peuvent se transcrire de 135 manières différentes. L’anglais compte 60 phonèmes, qui peuvent se transcrire de 1100 manières différentes !
Si les Anglais ont réussi à apprendre à lire à tous les enfants y compris et surtout à ceux qui ne parlent pas anglais à la maison, nous devrions aussi y arriver. Évidemment, cela demanderait de revenir, non pas sur la liberté pédagogique comme on nous le fait croire, mais sur la liberté d’information.
Qu’a fait la Grande-Bretagne sous l’impulsion des parlementaires pour permettre un changement de pratiques dans l’art d’enseigner la lecture et l’écriture aux plus jeunes ? Elle a fait connaître les résultats de ces études comparatives, elle a initié des formations auprès de ces professeurs qui avaient réussi à transformer leur école en école de la réussite, elle a encouragé les éditeurs à publier des méthodes stricto sensu syllabiques en élaborant un cahier des charges, elle n’a pas imposé cette méthode dans toutes les écoles mais elle a demandé aux écoles qui étaient en échec de l’essayer.
Pourquoi tout cela ne serait-il pas possible en France ?