TOUT EST DIT

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vendredi 18 juin 2010

8e séance de hausse à Paris, le Cac 40 au seuil des 3.700 points

La Bourse de Paris a hésité tout au long de la journée avant de signer, sur le fil, une huitième séance de hausse d'affilée. En l'absence de statistique d'envergure et en raison de l'arrivée à échéance des contrats futures sur indices, la tendance est restée très volatile. Le Cac 40 termine à quelques encablures des 3.700 points, en progression de 0,11%. Les valeurs bancaires ont été entourées. Sanofi-Aventis a au contraire pesé.

Fin de semaine en roue libre sur les marchés européens, où la tendance a été hésitante tout au long de la journée. En l'absence de statistique économique d'envergure de part et d'autre de l'Atlantique et compte tenu de l'arrivée à échéance des contrats futures sur indices, les marchés ont repris leur souffle, tout en restant assez volatils. A Paris, on signe pour autant une huitième séance de hausse d'affilée, une première depuis la fin du mois de juillet 2009, où le Cac 40 avait aligné neuf clôtures de suite en territoire positif. L'indice phare de la place parisienne grappille 14 points, un écart de 42 points ayant été enregistré entre le plus haut et le plus bas du jour. Durant toute la séance, deux forces contraires se sont par ailleurs affrontées. Si le secteur bancaire a bénéficié de la décision européenne d'organiser des « stress tests », les analystes tablant généralement sur de bonnes nouvelles concernant la solidité des banques, le secteur pharmaceutique a été affecté par le repli de Sanofi-Aventis, à la suite de rumeurs évoquant des risques de cancer liés à son antidiabétique Lantus.

A la clôture, le Cac 40 termine au seuil des 3.700 points, grignotant 0,11% à 3.687,21 points, après avoir oscillé entre un plus haut de 3.704,59 (+0,58%) et un plus bas de 3.622,58 (-0,55%). Le volume d'affaires atteint 3,77 milliards d'euros sur les valeurs de l'indice. A Londres, le Footsie cède 0,06% à 5.250,84 points et, à Francfort, le Dax abandonne 0,11% à 6.216,68 points. A New York, la tendance est hésitante. Le Dow Jones prend 0,12% à 10.446,52 points, tandis que le Nasdaq Composite gagne 0,11% à 2.309,67 points.

Le baril de brut léger américain grappille 21 cents à 77 dollars, après avoir cédé du terrain une bonne partie de la journée. Sur le marché des changes, l'euro marque le pas à 1,2359 dollar, après être monté jusqu'à 1,2417 ce matin.

Du côté des valeurs, les banques ont ainsi été recherchées, soutenues notamment par l'espoir que la publication prévue des « stress tests » en Europe démontrera la solidité financière des grands établissements. Crédit Agricole progresse de 6,06% à 9,876 euros, Société Générale de 2,95% à 38,23 et BNP Paribas de 2,28% à 50,18 euros.

Danone est resté peu changé, à 43,995 euros (-0,23%). Le groupe a pourtant annoncé la signature d'un accord de fusion d'envergure de ses activités Produits Laitiers Frais dans les pays de la CEI avec celles du russe Unimilk. Ce rapprochement concerne la Russie, l'Ukraine, le Kazakhstan et la Biélorussie. Il donnera naissance au leader du secteur dans la zone CEI et notamment en Russie où l'ensemble Danone-Unimilk, qui sera contrôlé à 57,5% par Danone, détiendra environ 21% du marché, précise le groupe français. Le directeur général d'Unimilk a annoncé que les deux groupes vont investir 500 millions d'euros dans leur coentreprise sur les cinq à sept prochaines années.

A l'inverse, Sanofi-Aventis a reculé de 3,01% à 49,57 euros. Une étude publiée dans le journal Diabetes Care évoque les effets potentiellement cancérigènes de l'antidiabétique Lantus du groupe, selon une note publiée par le broker londonien Hobart Capital Markets. Un porte-parole du groupe indique que « les données disponibles à ce sujet restent largement non concluantes ». Ces craintes relèguent au second plan le feu vert des autorités sanitaires américaines (FDA) à la commercialisation du Jevtana, chimiothérapie pour les cancers avancés de la prostate.

Dans le même secteur pharmaceutique, Ipsen chute de 15,27% à 27,08 euros après l'annonce de retards dans le développement de l'antidiabétique Tapsoglutide dus à des réactions d'hyper sensibilité de la part de patients lors de tests de Phase III. Un retard minimal de 12 à 18 mois est anticipé par le groupe. Oddo Securities et JP Morgan ont dégradé le titre de « achat » « accumuler » pour le premier et de « surpondérer » à « neutre » pour le second.

Vinci cède 0,57% à 38,505 euros. Le géant du BTP a pourtant remporté le contrat de la rénovation de la station de métro Victoria, à Londres. Le groupe français n'a pas dévoilé le montant de l'opération, mais Transport of London, qui a octroyé le contrat, évoque un montant total de 700 millions de livres (840 millions d'euros) pour l'ensemble des travaux.

Longtemps en tête du SRD, Saft s'est adjugé 3,77% au final, à 27,94 euros. La technologie de batteries lithium-ion du groupe a été sélectionnée par le fournisseur d'électricité de la ville de Sacramento, en Californie, dans le cadre d'un projet pilote de stockage d'énergie renouvelable.

De son côté, TF1 a limité son repli en fin de séance à 0,84% (12,325 euros) après avoir perdu plus de 2% durant la majeure partie de la séance. Le titre a été affecté par la défaite de l'équipe de France de football, dont la qualification pour le deuxième tour de la Coupe du monde est plus que compromise.

Denis Lantoine

Le symptôme « PKM »

Nul ne le contestera, Pierre Kosciusko-Morizet, l'une des icônes du nouvel entrepreneuriat français, n'a pas usurpé sa réputation. En vendant son groupe de vente en ligne PriceMinister au japonais Rakuten pour 200 millions d'euros, il réalise une formidable opération. Et chacun attend désormais ce que ce créateur d'affaires hors pair, nanti d'un tel pécule, va trouver pour rebondir. Mais au-delà de son sort personnel - il restera le patron de PriceMinister pendant cinq ans -, c'est une autre vision de l'entrepreneuriat que symbolise ce retrait capitalistique. Il est frappant de constater qu'avant « PKM », d'autres jeunes chefs d'entreprise français aussi respectés que lui ont accompli le même mouvement stratégique, celui de vendre leur société au moment où celle-ci avait atteint une première étape de maturité en termes de chiffre d'affaires et de valorisation. Il est tout aussi frappant de voir que, à aucun moment, ces jeunes patrons ne prennent le risque des étapes suivantes, dans le but ultime de faire de leur entreprise un groupe, si possible « mondialisable ».

Alors pourquoi ? On pourrait rapidement en déduire que cette nouvelle vague d'entrepreneurs n'est pas faite du même bois que ses glorieux aînés, ceux de l'âge classique des bâtisseurs qui a vu des Antoine Riboud, Francis Bouygues, Bernard Arnault ou François Pinault s'atteler à bâtir des empires en partant de modestes PME. On pourrait aussi considérer cet état de fait comme une métaphore de notre époque, celle de l'argent facile, vite gagné grâce à l'omniprésence des marchés, mais désormais rétive à toute action qui s'inscrit dans la durée.

Une autre lecture est de dire que derrière l'apparent phénomène générationnel se cache en réalité un changement radical de système que l'on pourrait résumer en une question : Pierre Kosciusko-Morizet pouvait-il faire autrement que vendre ? Quelle chance avait-il de faire grandir son entreprise alors qu'il est implanté sur un marché de 60 millions de consommateurs, autant dire rien à l'échelle planétaire ? Et quel outil, dans notre système financier actuel, lui aurait-il permis de trouver les moyens financiers de long terme l'autorisant à mener à bien une internationalisation ? Le grand changement est que seuls les entrepreneurs situés dans des bassins de consommation de grande amplitude, comme les Etats-Unis ou la Chine, ont aujourd'hui la chance d'atteindre rapidement la taille critique. C'est l'effet paradoxal de la mondialisation : celui d'enlever quasiment toute chance à l'entrepreneur d'un pays faiblement peuplé… de se mondialiser.

TF1 voit rouge après la défaite des Bleus

La «première chaîne» a enregistré sa meilleure audience de l'année pour le match France-Mexique, avec 56% de part de marché. Mais la très possible élimination de l'équipe de France pourrait lui coûter très cher…
L'équipe de France version Coupe du monde 2010, c'est un peu comme une émission de télé réalité : tout le monde en parle, tout le monde regarde, mais tout le monde est déçu au final. Ainsi, malgré des performances sportives très décevantes, les Bleus ont une nouvelle fois attiré nombre de téléspectateurs lors de ses deux premiers matchs. Jeudi soir, TF1 a même enregistré sa meilleure audience de l'année, avec plus de 15,2 millions de téléspectateurs, et une part de marché de 56%, selon les chiffres de Médiamétrie. Même les femmes françaises se sont prises au jeu puisqu'une sur deux a regardé le match face au Mexique. Un pic d'audience a été atteint dans les dernières minutes du match, avec 17 millions de téléspectateurs devant leur téléviseur, soit 67% de part d'audience ! «Il s'agit du record d'audience de l'année 2010, et la quinzième audience pour un match de foot depuis la création du Mediamat en 1989», se félicite ainsi la première chaîne, dans un communiqué.

Le précédent record de l'année pour TF1 remontait au… 11 juin, à l'occasion du premier match du Mondial des Bleus, face à l'Uruguay. Ce soir-là, la chaîne, confrontée à une érosion de son audience du fait de la montée des petites chaînes de la TNT gratuites, avait déjà réalisé un excellent score, avec une audience moyenne de 14,9 millions de téléspectateurs et un pic de 18 millions sur la fin de la rencontre. De très belles performances pour la chaîne, mais qui ne devraient être sans suite, le dernier match du premier tour des Bleus se disputant à 16h00 de l'après-midi, mardi…

Ces audiences restent néanmoins inférieures à celles enregistrées au premier tour du Mondial 2006, où elles avaient dépassé les 18 millions pour les matchs contre la Corée du Sud et le Togo. La finale de la Coupe du monde allemande entre la France et l'Italie avait réuni plus de 22 millions de téléspectateurs, le record absolu d'audience de la télévision française ayant été battu quelques jours plus tôt lors de la demi-finale France-Portugal, avec 22 millions de téléspectateurs. L'autre demi-finale, entre l'Allemagne et l'Italie, avait séduit un peu moins de 12 millions de téléspectateurs.
Un possible manque à gagner de plusieurs millions d'euros

Au-delà d'une possible forte perte d'audience pour TF1 -qui a déboursé la bagatelle de 120 millions d'euros pour obtenir l'exclusivité de tous les matchs du Mondial 2010, avant de rétrocéder 37 des 64 rencontres à France Télévisions et Canal+ pour 33 millions d'euros -, une éventuelle élimination de l'équipe de France pourrait représenter un manque à gagner de plusieurs millions d'euros, en termes de recette publicitaires, pour la chaîne. Après avoir très bien vendu ses écrans publicitaires pour le premier tour, elle avait prévu de doubler ses tarifs au cours de la deuxième partie de la compétition, si les Bleus passaient le premier tour… «Si l'équipe de France ne se qualifiait pas pour les huitièmes de finale, TF1 pourrait perdre deux points de croissance de revenus publicitaires, soit six millions d'euros de chiffre d'affaires publicitaires et cinq millions d'euros de résultat opérationnel», avance un analyste financier de BNP Paribas.

De son côté, la chaîne filiale du groupe Bouygues a affirmé qu'une éventuelle élimination de la France dès le premier tour de la Coupe du monde était «déjà anticipée» dans ses comptes. TF1 a d'ailleurs adressé à ses annonceurs dès le mois de février une brochure avec ses tarifs publicitaires. Selon ce document, les sports de 30 secondes tarifés en brut hors taxe lors des matchs de soirée des huitièmes de finale seront facturés 160.000 euros à la mi-temps, si l'équipe de France joue, et «seulement» 90.000 euros si elle n'est pas présente.

Pour les quarts de finales, les annonceurs devront débourser 85.000 euros pour un spot de 30 secondes à la mi-temps sans les Bleus, mais jusqu'à 175.000 euros si les Bleus jouent. Idem pour les demi-finales : jusqu'à 200.000 euros à la mi-temps avec les Bleus et deux fois moins sans eux. Quant à la finale, le 11 juillet, les spots coûteront 260.000 euros avec l'équipe nationale, deux fois plus que sans eux.
Le titre TF1 perd du terrain

La défaite de l'équipe de France ne pèse pas uniquement sur le moral des Français et sur le résultat annuel de TF1, mais également sur son titre en Bourse, qui était loin d'être à la fête vendredi. L'action de la première chaîne a perdu plus de 3,37% en milieu de journée avant de se ressaisir et de terminer en baisse de 0,85%, à 12,32 euros, dans un marché légèrement haussier.


JULIEN POMPEY

Crise de l'agriculture : paroles de paysannes

Et elles, qu'en pensent-elles ? De la crise agricole, des prix qui dégringolent, de ce mal-être paysan qui n'en finit pas de gagner du terrain… Qu'en pensent-elles, les femmes d'agriculteurs, elles qu'on entend si peu dans les médias ? On n'étonnera personne : beaucoup de choses. Et pour cause : elles ont rarement autant "soutenu" l'agriculture qu'en ce moment.
Leur contribution est de deux ordres. Psychologique d'abord : dans un milieu où le célibat ne cesse de progresser, leur présence n'est-elle pas le meilleur antidote au désespoir ambiant ? Economique ensuite : les épouses ont, plus que leur mari, cette capacité d'aller travailler en dehors de l'exploitation afin de rapporter un revenu stable, souvent indispensable.

DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES

Le phénomène n'est pas nouveau, certes. L'évolution des mœurs et le désir d'émancipation ont, depuis longtemps, poussé les femmes à chercher des emplois "à l'extérieur", et ce bien avant la création (en 2000) du statut de "conjoint collaborateur" permettant de cotiser au système de retraite sans pour autant être associé statutairement à l'exploitation.

Les difficultés économiques des deux dernières décennies ont cependant renforcé la désaffection féminine. Surtout chez les moins de 35 ans. En 2005 (dernière année de recensement), sept jeunes conjointes sur dix exerçaient ainsi une profession hors de la ferme.

La rudesse des crises récentes, notamment celle du lait, amorcée mi-2008, accentuera-t-elle encore un peu plus la tendance ? A 50 ans passés, jamais Catherine Albouy n'aurait pensé quitter l'exploitation où elle s'est installée professionnellement avec son mari en 1994 du côté de Baraqueville, dans l'Aveyron. "Jusque-là, on a vécu correctement. Ce n'était pas mirobolant, mais on y arrivait, raconte-t-elle. Cela a choqué certains quand j'ai trouvé ce boulot à l'extérieur. Les gens étaient persuadés que notre exploitation marchait bien."

La crise du lait – dont le prix a chuté de 40 % en un an – a eu raison de ce groupement agricole d'exploitation en commun (GAEC) familial de 65 vaches de race Prim'Holstein. Les Albouy ont d'abord renoncé à s'attribuer un salaire, préférant n'en verser qu'un seul à leur fils Vincent, célibataire, qui est aussi leur associé. Catherine, elle, est devenue "aide à domicile" chez une personne âgée, à raison de 17 heures par semaine, le maximum autorisé afin de continuer parallèlement à exercer au sein du GAEC.

"A part des ménages, je ne vois pas ce que j'aurais pu faire à mon âge, explique-t-elle. Mais ce n'est pas le boulot qui est difficile. Plutôt l'idée de se dire qu'on est obligé d'aller chercher un revenu à l'extérieur alors qu'il y a tant de travail à la ferme." Son second métier lui rapporte 500 euros par mois. Cest mieux que rien, mais pas assez : le couple, qui s'est lancé dans l'agrandissement d'un bâtiment en 2007, au moment où le prix du lait était au plus haut, doit puiser dans ses économies afin de joindre les deux bouts.

En Aveyron – département rural où est née en 2009 l'idée d'une "grève du lait " (refus de livrer les laiteries, épandage dans les champs, dons…), à l'initiative d'une association de producteurs indépendants –, Catherine Albouy n'est pas un cas isolé. "Chez les trois quarts des couples qui s'installent aujourd'hui, l'épouse cherche ou a déjà un travail à l'extérieur", indique celle qui est aussi administratrice au Crédit agricole.

Ici comme ailleurs, toutefois, quitter la ferme n'est pas un Rubicon facile à franchir. Milieu rural oblige, la candidate au départ devra d'abord chercher un emploi parmi une offre restreinte de débouchés (services à la personne, restauration…). Il lui faudra, secundo, convaincre son mari d'effectuer à sa place les tâches qui lui incombaient jusque-là (traite des vaches, soin des animaux…). Et enfin braver les pesanteurs familiales, lesquelles restent nombreuses dans une activité encore largement adossée au concept de "transmission" (des terres, du savoir…).

REVENUS CASTRATEURS

"Pendant longtemps, le principal frein a été la belle-famille, confirme Marie-Thérèse Lacombe, auteur de Pionnières ! Les femmes dans la modernisation des campagnes de l'Aveyron, de 1945 à nos jours (éditions du Rouergue, 2009) et veuve de Raymond Lacombe (ancien président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles). Heureusement, les choses changent. On le voit en période d'ensilage, comme en ce moment : avant, les femmes se devaient de préparer un grand repas pour leurs hommes et il fallait que ce soit comme il faut ; aujourd'hui, soit le repas est préparé la veille, soit il est fait de sandwiches, soit on va au restaurant !"

D'autres obstacles, plus profonds, peuvent entraver les velléités de départ, synonymes d'apport d'argent frais. "Voir sa femme rapporter un revenu de l'extérieur peut apparaître aussi castrateur que de toucher des subventions, estime François Purseigle, sociologue à l'Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse (Ensat) et spécialiste des mondes agricoles. On touche là aux fondements mêmes de la masculinité en agriculture et à la figure de l'exploitation patriarcale, dans laquelle l'homme a toujours tenu les cordons de la bourse."

S'ajoute à cela le qu'en-dira-t-on, lequel est loin d'être moribond à la campagne en dépit de l'évolution des mentalités. Parlez-en à Isabelle Cavalerie, 45 ans, infirmière hospitalière à Villefranche-de-Rouergue et épouse d'un éleveur laitier installé à Naussac : "D'un côté, à l'hôpital, on me reproche de travailler en dehors de la ferme sous prétexte que mon mari touche des subventions : en gros, je prends le boulot de quelqu'un d'autre. De l'autre côté, en milieu rural, les gens estiment que mon mari n'est pas à plaindre car sa femme est fonctionnaire – ce qui n'est pas exact, je ne suis qu'assimilée. Tout cela est assez cocasse."

Isabelle Cavalerie en convient cependant : la chute du prix du lait a atténué les jalousies, la médiatisation de la crise ayant permis de mettre en lumière la dramatique situation économique qui est le lot de nombreux agriculteurs. Ainsi son mari : en 2009, Jean-Pierre Cavalerie et ses deux associés – propriétaires de 120 vaches – n'ont-ils pu dégager qu'un salaire. Il a été attribué au seul des trois dont l'épouse ne travaille pas à l'extérieur…

COMPÉTENCES ET CAPITAL

Désespérant ? Oui et non. Aussi dévastatrice soit-elle, la crise n'empêche pas les vocations… féminines. Là n'est pas le moindre des paradoxes. "Comme partout, il y a évidemment moins d'installations qu'avant, mais on voit s'installer de plus en plus de filles qui ont fait des études agricoles et dont c'est la passion", se félicite Marie-Thérèse Lacombe. "On voit aussi, et c'est nouveau, des femmes qui reviennent sur l'exploitation après avoir travaillé à l'extérieur, souligne de son côté François Purseigle. La possibilité de s'occuper de leurs enfants tout en aidant à la ferme fait partie de leurs motivations, mais pas seulement : l'agriculture n'est qu'une étape dans leur parcours professionnel. Elles se sentent légitimes en revenant, car elles mettent au service de l'exploitation leurs compétences et le capital acquis à l'extérieur. En ce sens, elles sont plus modernes que les hommes. Elles ont également un discours de projets plus ancrés sur le territoire, à l'inverse des garçons dont le métier est d'abord de défendre un patrimoine familial."

En Aveyron, plusieurs expériences originales de tourisme à la ferme, de ventes directes sur des marchés de pays ou encore de conversion bio sont nées sous l'impulsion d'agricultrices, comme le décrit Marie-Thérèse Lacombe dans son livre. "Finie l'époque où les femmes restaient à la ferme même si cela ne rapportait rien, conclut-elle. Elles prennent désormais autant d'initiatives que les hommes et sont porteuses de projets. Elles ne se lancent pas dans l'agriculture pour être des potiches." Ni potiches ni soumises, en somme.


Frédéric Potet

Sarkozy, ici Londres

Nicolas Sarkozy a célébré, vendredi, depuis Londres, les 70 ans de l'Appel du 18-Juin lancé par un général de Gaulle exhortant la France libre. En compagnie de David Cameron, le Premier ministre britannique, le chef de l'Etat, après avoir décoré des anciens combattants français, a rendu hommage au père de la Ve République et à la résistance des peuples français et anglais dans la cour du Royal Chelsea hospital.

Soixante-dix après l'appel lancé par le premier président de la Ve République au micro de la BBC, le chef de l'Etat était à Londres, vendredi. Costume sombre sur chemise blanche, souriant mais sérieux, Nicolas Sarkozy, accompagné de sa femme Carla Bruni-Sarkozy et du Prince de Galles, s'est rendu dans la cour du Royal Chelsea hospital, les Invalides britanniques, pour délivrer discours vibrant, rendant un hommage appuyé à l'attitude de la Grande-Bretagne à l'égard de la France et au courage du peuple français.

Le tout frais Premier ministre britannique, David Cameron, est monté le premier à la tribune et, anachronisme de cette commémoration, a salué la décision de Nicolas Sarkozy d'avoir remis la France au cœur de l'Otan, une attitude bien peu gaullienne. "Les mots prononcés par le général de Gaulle ont été un appel à la liberté, un appel à la lutte contre l'oppression", a déclaré David Cameron qui a vanté les "grandes relations" entre la France et la Grande-Bretagne. "Nos deux grands pays ont été ont été côte-à-côte par le passé, mais doivent aussi faire bloc dans le présent", a rappelé le Premier ministre britannique, évoquant notamment l'Afghanistan et se plaçant résolument dans une perspective atlantiste avant de laisser la parole au président de la République.
"Le général de Gaulle a choisi d'être un proscrit"

Nicolas Sarkozy a tout d'abord voulu adresser au peuple britannique "le salut fraternel et la reconnaissance éternelle du peuple français qui se souvient de ce que vous avez accompli pour notre liberté et pour notre honneur" avant de mettre le général de Gaulle à l'honneur avec des mots très forts guidés par la plume volubile de son conseiller spécial Henri Guaino. Un général de Gaulle qui a "choisi d'être un proscrit pour incarner le respect de la parole donnée". "L'Angleterre a signifié à jamais en ouvrant le micro de la BBC au général de Gaulle, avoir reconnu la seule France, celle qui n'a pas trahi, qui n'acceptait pas la défaite", a poursuivi un Nicolas Sarkozy qui a axé son discours sur la résistance, celle du peuple français et celle de la Grande-Bretagne.

"L'appel du 18 juin n'aurait pu être lancé nulle part ailleurs qu'au sein du seul peuple libre en Europe qui luttait contre le nazisme", a poursuivi le chef de l'Etat. "Une voix s'éleva pour dire à tous les Français qu'ils allaient pouvoir continuer à se battre sous les couleurs et l'uniforme de la France". "Si la première résistance se fit à tâtons dans l'obscurité, le général de Gaulle apporta la lumière", a lancé, vibrant, Nicolas Sarkozy. "Il fut un cap, un point de ralliement, un but, une cause à servir".

Soixante-dix ans après l'appel à la révolte du peuple français, la dimension historique du moment et ses conséquences, à la fois dans le déroulement des opérations militaires de la Seconde guerre mondiale et dans le façonnement du visage actuel de la France, ont été rappelés avec vigueur par le chef de l'Etat. "Sans le 18 juin, il y aurait eu des résistants mais il n'y aurait pas eu la France libre, il n'y aurait pas eu la France lavée du déshonneur de la collaboration", a tonné Nicolas Sarkozy. "Le 18 juin le général de Gaulle parle pour l'avenir", a poursuivi le président de la République avant de terminer son discours, avec un brin d'humour en ironisant sur le beau temps britannique, en rappelant les liens forts tissés entre la France et la Grande-Bretagne et la volonté de "construire l'avenir" ensemble après un passé commun qui "nous oblige".

Medvedev exhorte les Occidentaux à venir investir en Russie

Le président russe Dmitri Medvedev assure que son pays est résolument engagé sur la voie de la modernisation et qu'il ne faut plus craindre d'y investir.

Dmitri Medvedev, a lancé vendredi 18 juin une opération de charme envers les Occidentaux lors du Forum de Saint-Pétersbourg. "La Russie change, et pour elle-même et pour le reste du monde", a déclaré le chef de l'Etat russe dans son discours d'ouverture de la quatorzième édition du Forum, qui se déroule dans l'ancienne capitale impériale russe.

Depuis son accession au Kremlin en mai 2008, M. Medvedev a fait de la modernisation de la Russie un de ses leitmotiv pour sortir le pays de sa forte dépendance aux exportations d'hydrocarbures. Celle-ci a été l'un des principaux facteurs de la sévère contraction de l'économie russe en 2009, quand la crise économique mondiale a provoqué une chute des cours du brut. Le pays, qui jusqu'alors pouvait se targuer de taux de croissance flatteurs, avait alors enregistré une chute de 7,9% de son Produit intérieur brut.

Toutefois, de nombreux économistes critiquent le président russe, jugeant son discours purement rhétorique. A Saint-Pétersbourg, M. Medvedev a souligné que transformer une économie n'était pas l'affaire de quelques jours. "Il faut du temps pour changer, mais nous le ferons", a-t-il promis. "La Russie doit devenir un pays qui attire des gens du monde entier désireux de réaliser leurs rêves", a-t-il souligné, ajoutant que ces objectifs étaient "réalistes et accessibles".

Mais pour réussir cette modernisation, le président a reconnu qu'il fallait attirer plus de capitaux de l'étranger. "Il est évident que les investissements sont un des principaux facteurs de développement en terme d'innovation et de modernisation réussie. La Russie a besoin d'un véritable boom des investissements", a-t-il dit.

Dans ce contexte, il a annoncé plusieurs mesures destinées à séduire les hommes d'affaires étrangers, parmi lesquelles la suppression à partir de 2011 des taxes sur les investissements directs de long terme et des impôts sur les dividendes. Il a aussi rappelé que le pays était en train de simplifier le régime des visas de travail pour les étrangers hautement qualifiés.

Par ailleurs, le président a répété que la Russie était en train de sortir de la crise. "Notre économie se rétablit", a-t-il déclaré, indiquant que le pays avait connu sur les cinq premiers mois de 2010 une croissance d'environ 4%. Il a aussi insisté sur le fait que l'économie russe avait été pour l'heure épargnée par la crise de la dette qui a touché la zone euro. "Nous n'avons pas de problème avec notre dette souveraine, elle est minimale", a-t-il dit, ajoutant que le déficit budgétaire du pays se maintenait dans des limites raisonnables.

L'héritage de De Gaulle intrigue la presse britannique

ourquoi la France s'extasie-t-elle devant son vieux président ?" A l'image de The Economist, la presse britannique s'interroge, vendredi 18 juin, sur le retentissement de la commémoration de l'appel du 18 juin en France.
"Le principal aéroport parisien, un porte-avions et 3 633 rues en France portent le nom de De Gaulle. La commémoration du 18-Juin n'est donc qu'une expression de la 'De Gaullemania' française", s'amuse le magazine, avant de tenter d'expliquer : "Les résistants vieillissent et il en restera peu pour le prochain 'grand' anniversaire de l'appel. (...) [Par ailleurs], les leaders politiques français se définissent toujours par rapport au gaullisme."

Mais The Economist voit surtout dans cet anniversaire un symbole dans une période où les scandales des avantages accordés aux politiques se multiplient. "En ces temps économiquement troublés, avec des politiques qui profitent de jolis avantages aux frais du contribuable, commémorer De Gaulle est aussi un moyen pour les Français d'invoquer un modèle d'intégrité et de modestie", estime l'hebdomadaire, qui rappelle que De Gaulle a toujours tenu à payer ses factures de gaz et d'électricité à l'Elysée. "Il est difficile d'imaginer une telle position venir de M. Sarkozy", tranche le magazine.

Même ton critique dans le Financial Times, qui s'intéresse également à l'héritage du gaullisme dans la France d'aujourd'hui : "La suspicion est grande que Nicolas Sarkozy utilise cet anniversaire pour ajouter un peu de lustre à sa présidence ; il l'a déjà fait avec d'autres héros nationaux." Et le quotidien de tacler : "La jeune génération, endurcie par un chômage grandissant et la chute de son niveau de vie, a peu de temps à consacrer à la manipulation de symboles par une classe politique qui échoue à se faire respecter."

CHURCHILLISME VERSUS GAULLISME ?

Toute la presse britannique n'est toutefois pas aussi dure avec la France et son héritage gaullien. "L'empressement du général à rejeter les solutions apparemment séduisantes ne correspond pas aux conventions diplomatiques actuelles, estime ainsi Jonathan Fenby, auteur d'une biographie du général de Gaulle, dans les colonnes du Financial Times. Mais il se peut que le gaullisme, tel qu'il était pratiqué par son concepteur avant son déclin dans les dernières années de sa présidence, puisse donner des leçons pour le climat difficile que nous connaissons. Un climat dans lequel les compromis confortables ne fonctionnent plus."

De con côté, le Guardian rappelle que le 18 juin est aussi la date du célèbre discours de Winston Churchill devant la Chambre des communes dans lequel le premier ministre britannique annonça la fin de la bataille de France et le début de celle d'Angleterre. Le quotidien en profite pour comparer l'héritage du churchillisme au Royaume-Uni à celui du gaullisme en France. "A son crédit, Sarkozy a résolument dépassé la position traditionnelle gaullienne vis-à-vis des Etats-Unis", note ainsi le Guardian. Un pas que n'aurait pas encore fait le Royaume-Uni : "Cameron doit dépasser la position crypto-churchillienne et eurosceptique d'alignement systématique sur les Etats-Unis."

Et il y a urgence pour le journal : "Dans un monde où les puissances non occidentales telles que la Chine sont en train de percer et avec l'actuelle crise existentielle de la zone euro, l'Europe est actuellement face à une sorte de 1940 civil." La solution ? Que la France et la Grande-Bretagne s'emparent du 18-Juin pour s'entendre "sur une nouvelle stratégie churchillo-gaulliste ou gaullo-churchillienne", demande le Guardian.

Enfin, Peter Hoorocks, le directeur de BBC Global News, le service international de la célèbre radio, rend un hommage appuyé à De Gaulle dans les colonnes du Daily Telegraph. "Ce discours a constitué un tournant non seulement pour les Français, mais aussi pour la BBC, estime-t-il. Depuis soixante-dix ans, les exilés et les réfugiés ont la possibilité d'utiliser nos micros quand on leur refuse [la parole] chez eux", rappelle M. Hoorocks en évoquant notamment le service de la BBC en persan, qui a joué un rôle crucial lors des émeutes de 2009 en Iran. "Nuit et jour, la flamme de De Gaulle continue donc de brûler" sur la BBC, conclut-il, dans un lyrisme que le Général n'aurait sûrement pas renié.
Jean-Baptiste Chastand

Egalité d'accès à Internet : NKM prône plus de régulation

a secrétaire d'Etat à l'économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté, vendredi 18 juin, les conclusions d'une consultation publique sur l'accès libre et égal à Internet, prônant une plus grande régulation au nom de l'équité entre les différents acteurs.

"On a besoin d'une réponse de la puissance publique", a-t-elle affirmé en présentant les conclusions d'une consultation sur la "neutralité du Net". Ce principe signifie que l'accès à Internet est le même pour tous, quels que soient l'endroit d'où l'on se connecte, le fournisseur d'accès (FAI) que l'on utilise et le site que l'on consulte. "Cette réponse se trouverait essentiellement dans le rôle d'arbitre que la puissance [publique] pourrait assumer", a poursuivi Mme Kosciusko-Morizet sans préciser si le gouvernement, qui doit rendre un rapport au Parlement début juillet, préconiserait de réglementer par décret ou bien proposerait une loi sur le sujet.

Sans révéler en détail les propositions qui seront faites dans ce rapport, la secrétaire d'Etat a notamment plaidé pour un renforcement des compétences de l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep) qui pourrait résoudre les litiges entre les différents acteurs."Cela pourrait prendre la forme d'un guichet unique qui permettrait de traiter en amont les différends", a-t-elle expliqué. Il faut par ailleurs "une analyse du marché" sur les coûts des flux et la gestion du réseau, a-t-elle aussi affirmé.

APPROCHES DIVERGENTES

La consultation publique, lancée en février, révèle que "les approches divergent franchement" entre les différents acteurs d'Internet, qu'il s'agisse des FAI, ou des fournisseurs de services et de contenus, ou même des internautes, a-t-elle constaté. Les opérateurs se plaignent ainsi d'une saturation croissante des réseaux en raison de l'usage exponentiel d'Internet sur ordinateur, mais surtout sur téléphone portable.

Ils demandent par conséquent aux fournisseurs de contenus, notamment de vidéo, de prendre à leur compte une partie des coûts liés à la hausse des flux, et veulent pouvoir moduler leur offre Internet sur téléphone portable en faisant payer plus les gros consommateurs, au grand dam des associations de consommateurs. Les fournisseurs de services veulent pour leur part proposer toujours plus de contenus (vidéos, jeux, applications) gourmands en bande passante, et dénoncent toute tentative de "discrimination".











Le général Bigeard est mort

Le général Marcel Bigeard, ancien résistant, figure du gaullisme et maître d'œuvre controversé de l'action des parachutistes français durant la guerre d'Algérie (1954-1962), est mort vendredi matin à son domicile de Toul (Meurthe-et-Moselle) à l'âge de 94 ans, a-t-on appris auprès de l'armée. Les circonstances exactes de son décès n'ont pas été précisées.

Né le 14 février 1916 à Toul, il fut d'abord employé de banque à la Société générale avant de combattre dans l'armée lors de la défaite de juin 1940. Blessé puis fait prisonnier, il s'était évadé avant de rejoindre les Forces françaises libres en Afrique. Parachuté dans l'Ariège en juillet 1944, il avait participé à tous les combats pour la Libération dans la région. Il est mort le jour du 70e anniversaire de l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle. Ancien résistant, il est l'une des personnalités militaires les plus décorées de France.

Combattant de la seconde guerre mondiale, des conflits d'Indochine et d'Algérie, son nom reste lié à la bataille de Dien Bien Phu. Parachuté avec son bataillon de parachutistes coloniaux sur le camp retranché encerclé par le Vietminh, Bigeard avait participé aux combats jusqu'à la chute le 7 mai 1954 et avait été fait prisonnier. Il avait gravi tous les grades dans l'armée française, de simple soldat pour son service militaire à la veille de la guerre de 1939 à celui de général de corps d'armée (quatre étoiles).

Il est surtout connu pour son action lors de la bataille d'Alger en 1957, lorsque les parachutistes qu'il commandait avaient repris le contrôle de la ville aux indépendantistes. Il sera accusé d'avoir pratiqué la torture pendant la guerre d'Algérie, accusations qu'il a toujours démenties.

Après avoir quitté l'armée en 1976, Marcel Bigeard est entré en politique comme député de Meurthe-et-Moselle. Il a été secrétaire d'Etat à la défense (1975-1976) sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing.

Dmitri Medvedev inquiet pour l'euro

A quelques jours d'une visite aux Etats-Unis, le président russe, Dmitri Medvedev, exprime son inquiétude pour la crise de la zone européenne, se disant "très intéressé par la stabilité en Europe" et ne cachant pas son inquiétude pour la survie de l'euro. Selon M. Medvedev, interrogé par le Wall Street Journal, il n'est pas exclu qu'à terme l'avenir de la monnaie unique européenne soit compromis. "Nous espérons très fort que les mesures prises pour soutenir l'euro et soutenir l'économie auront des résultats", ajoute le président russe. "Nous sommes très intéressés par la stabilité de l'Europe", conclut-il.

Le président russe se déclare aussi soucieux pour l'avenir de BP, qui est présent en Russie à travers la holding pétrolière TNK-BP, troisième plus gros producteur de pétrole en Russie, qui représente environ un quart de la production mondiale de BP [TNK-BP est détenu à parts égales par BP et par le consortium d'hommes d'affaires russes Alfa Access-Renova (AAR)], espérant que le groupe britannique sera en mesure d'absorber les pertes liées à la marée noire dans le golfe du Mexique.

"COUP DE SEMONCE"

Le quotidien précise que M. Medvedev s'est abstenu de répondre à une question sur le risque que la catastrophe intervenue dans le golfe du Mexique conduise Moscou à remettre en cause l'implantation de BP en Russie. En revanche le président russe voit dans l'explosion de la plate-forme en avril "un coup de semonce", qui pourrait conduire à des changements dans l'exploration pétrolière mondiale.

Dmitri Medvedev répète les critiques russes contre les sanctions supplémentaires prises par les Etats-Unis et l'Union européenne contre l'Iran, appelant les grandes puissances à "agir collectivement" dans le dossier nucléaire iranien."Les Etats-Unis n'ont rien à perdre en imposant des sanctions supplémentaires, puisqu'ils n'ont pas de relation avec l'Iran, à la différence de la Russie et de la Chine", ajoute-t-il. Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des affaires étrangères, a auparavant jugé que des mesures unilatérales supplémentaires pourraient nuire à la coopération sur la crise du nucléaire.

Le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, qualifie de "schizophrénique" l'attitude de Moscou envers l'Iran. "Ils reconnaissent la menace pour la sécurité que représente l'Iran, mais il y a aussi ces possibilités commerciales, et franchement, ils ne sont pas les seuls en Europe", a-t-il commenté devant une commission du Sénat américain, dénonçant les relations commerciales entre l'Iran et l'Union européenne. La question du nucléaire iranien devrait figurer au sommet de leur ordre du jour de la rencontre entre Dmitri Medvedev et Barack Obama.

LE MONDE DEVIENDRAIT-IL DÉRAISONNABLE AU POINT DE S'ATTARDER SUR LES INQUIÉTUDES D'UNE MARIONNETTE; FUT-ELLE RUSSE ?

Combats d'aujourd'hui

L’acte de résistance est d’abord un projet. Si résister commence d’abord par un « non », le refus ne peut vivre, se développer, et finalement l’emporter, qu’en offrant une alternative. En 1940, la France avait perdu une bataille. Il fallait être convaincu qu’elle n’avait pas perdu la guerre. Et choisir, malgré Pétain, de continuer à se battre. On imagine mal ce qu’il a coûté au général de Gaulle, militaire, homme d’ordre et de loyauté, quand il s’est agi de rompre. Il fallait une vision et un projet. Pour de Gaulle, ils ne faisaient qu’un : c’était la France.

En célébrant l’Appel du 18 juin 1940, l’acte fondateur de la Résistance française, en invitant, dans ses pages, Marie-José Chombart de Lauwe et Daniel Cordier pour que ces combattants d’alors livrent leur regard sur l’actualité d’aujourd’hui, La Croix ne propose pas une plongée dans le passé, soixante-dix ans après, même si quelques bonnes leçons peuvent en être tirées. Notre journal choisit clairement de se tourner vers l’avenir.

La Résistance n’est pas seulement un moment daté de notre histoire nationale, de beaucoup d’histoires nationales, d’ailleurs. Elle devient un état d’esprit : « Dire non à tous les symptômes de l’atteinte à la dignité humaine, mais aussi à dire oui au respect profond de l’être humain dans toutes ses dimensions », explique Marie-José Chombart de Lauwe. Comme tel, comment ne pas sentir une exigence ? Plus de domination nazie, certes, peut-être moins de barbarie, sans doute. Mais l’ordre du monde n’a pas atteint un tel degré de perfection qui rendrait tout combat inutile…

Malgré les abus de langage qui font parfois nommer résistance la moindre protestation, il convient malgré tout de s’interroger : où continuer à veiller ?

François Ernenwein

L'unité... la serpe et le tournevis

Enfin une manifestation d'unité européenne, du moins sur la taxation des banques et sur leur transparence grâce à des « tests de solvabilité » rendus publics. De même, ressusciter la vieille idée de la « taxe Tobin » sur les transactions financières internationales montre que l'UE parlera d'une seule voix au G20 à Toronto. Avec, il est vrai, peu de chances de voir l'idée aboutir... Ne s'agissait-il que de rassurer les marchés sur la crédibilité de l'UE, de l'euro et de quelques États dont l'Espagne ? Ce qui a été arrêté hier à Bruxelles ne représente que la partie émergée d'un iceberg qui, progressivement remontera à la surface, glaçant les espoirs d'une relance politique des économies. Ainsi, tout en présentant d'ambitieux projets pour 2020 - en sachant que l'« agenda de Lisbonne » 2000-2010 n'a pas été réalisé - la Commission cite en préalable le « rétablissement de la confiance ». Ou, en langage moins diplomatique, l'instauration d'une nouvelle discipline budgétaire que devront respecter les États membres. Une discipline synonyme de rigueur sous des modalités encore à définir. Mais la tour de contrôle sera à Bruxelles, dans les immeubles de la Commission, et surveillera indifféremment les pays de l'euro (bientôt 17 avec l'Estonie) et les autres. Quel succès pour Angela Merkel ! Il n'y aura pas de gouvernance de la zone euro mais une gouvernance globale de l'UE. On ne touchera pas au fonctionnement de l'euro et à l'indépendance de la Banque centrale de Francfort. La politique monétaire restera figée telle que définie au siècle dernier, et ne tolérera plus aucun écart sous peine de sanctions. Les conséquences sont prévisibles : en se privant d'un « outil » économique - et la monnaie en est un - il faudra utiliser ceux qui restent, essentiellement la serpe pour tailler dans les dépenses et le tournevis fiscal, partout dans l'UE. Sans oublier d'autres mauvaises surprises. Par exemple, il serait étonnant que les banques fassent cadeau à leurs clients de la taxe dont elles devront s'affranchir... Certes, il ne s'agit encore que d'intentions floues puisque les surveillances annoncées restent à préciser. Mais d'ores et déjà ces modalités signifient l'attribution de nouveaux pouvoirs, ou de nouveaux moyens de coercition, à la Commission sous le contrôle - il faut l'espérer - du Parlement européen. Et comment réagiront les parlements nationaux quand il faudra soumettre un projet de budget pour approbation à une instance qui n'est encore que bureaucratie et pas gouvernement fédéral ? Quelle sera l'attitude des États tancés et peut-être coupés de subventions car pris en faute ? A la crise financière et économique pourraient bien succéder des crises politiques...

Jean-Claude Kiefer

Le commentaire politique de Christophe Barbier du 18 juin


APPEL DU 18 JUIN - De Gaulle, un souvenir lointain ?

Voilà 70 ans, un obscur sous-secrétaire d’Etat refusait de se coucher face aux Nazis et lançait son appel à la Résistance depuis Londres. Honni par les uns, encensé et mythifié par les autres, les références à de Gaulle n'ont jamais cessé. Mais que reste-t-il du gaullisme, cette "certaine idée de la France", au XXIe siècle ?
Le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, est aujourd'hui à Londres pour commémorer l'appel du Général de Gaulle (photo AFP) qui, après la débâcle de 1940, "alluma la flamme de l'espoir". C'est une première pour un président français, qui a souhaité un hommage à la hauteur de l’événement. Il y a 70 ans, le Général de Gaulle lançait depuis les ondes de la BBC son appel à la Résistance: "La France a perdu une bataille ! Mais la France n'a pas perdu la guerre !" L'hommage est de rigueur en effet envers celui qui demeure pour beaucoup, le dernier grand homme que la France ait connu. L'image du Général, remarque l'historien britannique Sudhir Hazareesingh, est exemplaire : "libérateur de la patrie, père fondateur de la République, éducateur civique, protecteur de la nation".

Une ombre sur l'Hémicycle
Près de quarante ans après son décès, l’ombre du général de Gaulle hante toujours la vie politique française et brouille les clivages partisans. La République qu’il a fondée en 1958 est toujours en place, même si le quinquennat a remplacé le septennat en 2000. A droite comme à gauche, on évoque de Gaulle lorsqu'il s'agit de la place de la France dans le monde, son exigence de grandeur et d'indépendance. En 2003, le refus de la guerre en Irak du Président Chirac s'inscrit dans cette ligne. De Gaulle reconnaitrait-il aujourd'hui son "cher et vieux pays"? Le franc n'existe plus, la France a rejoint le commandement intégré de l'OTAN, le patriotisme a laissé la place à un débat sur l'identité nationale controversé. Et surtout, en Europe et dans le monde, "la France ne représente qu'une entité moyenne qui ne revendique pas la grandeur ni la domination mais simplement de pouvoir sauver son modèle social original", selon le journaliste Thomas Legrand, dans Slate.

Qui pour reprendre le flambeau à droite ?
Le gaullisme de parti est mort lorsque l'UMP a succédé au RPR, mais entre nostalgie et incantation, les politiciens se disputent son héritage. Au sein de la majorité, c'est Michèle Alliot-Marie qui veut représenter le gaullisme originel avec son club de pensée baptisé le Chêne : "Le gaullisme c'est aujourd'hui le refus du fatalisme, du déclin ou du règne des marchés", explique-t–elle. Un héritage que reprendrait bien à son compte également Dominique de Villepin. L'ex-Premier ministre a prévu de prononcer le grand discours fondateur de son mouvement le lendemain de l'appel, samedi 19 juin. A l'instar du Général, il entend "dépasser les divisions habituelles entre la gauche et la droite". Quant à Nicolas Sarkozy, il déclarait en 2008 : "Le gaullisme, pour moi, c'est la rupture". Mais si, en ce 18 juin, le souvenir de l'appel de Charles de Gaulle est si vivace, c'est peut-être aussi parce que, face à la crise, les Français cherchent une figure tutélaire qui guiderait leurs pas. D'après le journaliste Gérard Moatti, "le mythe gaullien serait ainsi un baromètre de l'angoisse des Français. Aujourd'hui, il n'est pas au beau fixe".

18 juin 1940

Le mois de juin est splendide. Mais la déroute bat son plein. Alors s'ouvre, en France, le terrible débat : poursuivre le combat ou demander l'armistice. Tout s'effondre, en effet. Paris se vide. Le président de la République, Albert Lebrun, et le gouvernement quittent la capitale pour Tours, puis Bordeaux. L'Italie déclare la guerre à la France. La Norvège capitule. Le 14, les Allemands entrent effectivement dans Paris et, tous les jours désormais, ils défileront sur les Champs-Élysées, musique en tête. Des Français désespérés se suicident.

Conformément au pacte secret qui liait Hitler et Staline, l'Armée rouge envahit les Pays baltes et les annexe à l'URSS. Cependant, De Gaulle est entré au gouvernement. Il est envoyé à Londres où Churchill lui demande de transmettre au gouvernement français son projet de fusion des États français et britannique. Revenu à Bordeaux pour faire signer ce nouveau traité, il apprend la démission du président du Conseil, il n'est plus ministre.

Le 17 juin, le maréchal Pétain s'adresse à la France : « C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat ! »

« Pétain démobilise ainsi tout ce qui reste d'énergie dans les armées. Combien pensent que, tout étant fini, ils pouvaient déposer les armes, laissant le champ libre à l'envahisseur ? », écrit Maurice Druon (1).

Mais, le même jour, à la Chambre des communes, Churchill analyse en détail la situation militaire. Il précise : « Nous ignorons encore ce qui se passera en France et si la résistance française se prolongera sur le sol de France et dans l'empire. Le gouvernement français va laisser filer de grandes occasions et compromettre l'avenir de la France s'il ne continue pas la guerre, conformément au traité dont nous n'avons pas cru devoir le délier... »

« Que voulons-nous ? Combattre ! »

« Quoi qu'il advienne, nous ne renierons jamais la fraternité qui nous unit au peuple français... La bataille de France a pris fin. Je m'attends à ce que la bataille d'Angleterre commence : si nous parvenons à tenir tête à Hitler, l'Europe tout entière recouvrera un jour sa liberté... Rassemblons donc nos forces au service de nos devoirs... Si l'empire britannique dure mille ans encore, les hommes pourront dire encore et toujours : ce fut leur plus belle heure ! » Telle était la différence entre le gouvernement anglais et le gouvernement français.

En réponse à la déclaration du maréchal Pétain, le général de Gaulle, revenu à Londres, lance son appel du 18 juin : « Nous avons perdu une bataille... Nous n'avons pas perdu la guerre... J'invite les officiers et les soldats français (...) les ingénieurs et les ouvriers spécialisés (...) à me rejoindre... »

Peu de Français entendirent cet appel. Peu nombreux furent ceux qui, dès le début, y répondirent. Mais les passionnés de la France, de sa grandeur, de son indépendance, ceux-là, instinctivement, firent le pas aussitôt. Beaucoup d'entre eux n'avaient pas 20 ans. Tandis que les sages réfléchissaient, ils s'engageaient avec la fougue et l'ardeur de leur jeunesse.

C'était l'inconnu pour tout le monde et le danger pour ceux qui entreprenaient un combat d'une toute nouvelle nature. « Que voulons-nous ?, disait De Gaulle. Combattre. C'est une guerre mondiale et totale qui s'annonce. » Par sa force d'âme, sa clairvoyance, sa foi dans la patrie, un général deux étoiles au nom prédestiné allait révéler ces nouveaux combattants à eux-mêmes et au monde.

Cependant, l'occupation commençait pour quatre ans. Mais, envers et contre tout, se levait une France combattante pour construire une France libre, galvanisée par un De Gaulle qui entrait dans l'histoire et allait mettre la France au rang des vainqueurs.

(1) C'était ma guerre, ma France et ma douleur, de Maurice Druon, Éditions Plon.

(2) 1940, de l'abîme à l'espérance, de Max Gallo.