TOUT EST DIT

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samedi 26 janvier 2013

"Moi, homophobe et raciste ?!" La réponse de Christian Millau à Guy Birenbaum qui n'a pas souhaité le croiser au micro d'Europe 1


Invité sur Europe 1 pour présenter son "Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi", Christian Millau a été informé au dernier moment que sa présence n'était plus souhaitée. Motif : un des animateurs de l'émission "Des clics et des clacs", Guy Birenbaum, prétend avoir trouvé dans cet ouvrage des "propos homophobes et racistes".
La censure, en général, est l’une des basses-oeuvres d’un pouvoir d’Etat. Plus rarement de ce que, faute d’une expression mieux appropriée, il me faut bien, dans ce cas précis, appeler un “journaliste”. Je remercie donc ce monsieur dont j’ignorais jusqu’à présent l’existence de me faire le cadeau de ce qui est pour moi une “ première “.
Il a raison sur toute la ligne.
Mon “Dictionnaire d’un peu tout et n’importe quoi” révèle en effet l’aspect caché d’un personnage immonde, c’est à dire moi. J’aurais même dit un nazi si une bonne partie de ma famille maternelle, russe et juive, n’avait pas anticipé sa retraite dans les camps de la mort allemands ou au goulag de la Mer Blanche.
Homophobe ? Mais comment donc ! Certes, je ne m’élève pas à la hauteur spirituelle de l’ayatollah Musava Anadasill qui, en 1998, à l’Université de Téhéran, prêchait ainsi la bonne parole : “Il faudra se saisir de la personne homosexuelle, la maintenir debout et , avec le tranchant d’une lame, la partager en deux “. Néanmoins, je le confesse, j’ y vais fort quand j’écris : “Sergio Coronado, député EELV a informé l’univers, passionné, qu’ ”il en est “ Et une  chose lui fait souci : seuls 3 parlementaires sur 900 ont osé. C’est sûr que le compte n’y est pas (…) Il faudra aussi que les députés et sénateurs abonnés aux partouzes se fassent connaître “. Vite, vite , le Mrap ! Vite, vite, les tribunaux ! Je ne l’aurais pas volé après avoir lâché des horreurs pareilles.
Honte à moi quand j’écris : ”Quel titre attribuera-t-on au compagnon du premier président de la République ouvertement gay ? Difficile de faire de lui une Première dame (…) Reste donc le “premier monsieur “. On ne s’embarassa pas de donner du “Monsieur “ au frère de Louis XIV qui était une drag queen de haute lignée “ ; Et voila qu’en plus, ce Millau insulte la monarchie !
Autre exemple de mon homophobie ignominieuse quand j’ose ceci : ”C’est à  n’y rien comprendre. Le mariage homosexuel “fait sociétal “de première importance mobilise les foules mais le divorce homosexuel : silence radio. Deux poids, deux mesures !” Ou, plus écoeurant encore, cette vanne : ”Un ministre de la Culture est gay. Un adjudant -chef de la Légion, un pédé".
Enfin, qui mérite carrément douze balles dans la peau : “Tout le monde a son avis sur le mariage gay. Sauf évidemment les enfants à venir. Ils seront, parait-il, enchantés de dire à leurs petits copains : ”Le monsieur, ici, c’est mon papa et le monsieur, là bas, c’est mon papa “ - “Et ta maman ? “ , Ben, j’sais pas. Ils m’ont pas dit qui fait quoi”.
Maintenant, le racisme…Alors, là, on a bien raison d‘empêcher cette ordure de Millau de s’exprimer au micro d’Europe 1 où, scandaleusement, on l’a laissé travailler pendant 27 ans de sa vie sans s’apercevoir de rien.
Voilà un type qui ose écrire en rigolant : ”Nègre : mot interdit qu’il est prudent de prononcer seulement dans le noir”. Puis de citer Pierre Desproges, le raciste hystérique bien connu  :”Quand un Blanc dit qu’un Noir est con, on dit que le Blanc est raciste. Quand un Noir dit qu’un Blanc est con, on dit que le Blanc est con. “
Mais le pire reste à venir. Comment laisserait-on l’usage d’un micro “républicain et équitable “ à une hyéne facho qui se permet de donner le nom d’”hitlériens” aux salafistes qui réclament l’extermination des Juifs alors qu’ils sont tout simplement “les nazis du djihad” dont la figure tutélaire fut le grand mufti de Jérusalem qui fit allégeance à Hitler  en 1941 “ ?  A une vipère lubrique qui cite cet autre facho de Voltaire parlant de Mahomet comme d' “un monstre qui ravit les filles et égorge les pères “, fait appel à Karl Marx, ce philosophe réactionnaire, qui proclamait  :”Je ne pense pas que les Noirs aient une âme “ou cet Emmanuel Kant, gestapiste bien connu dont il rapporte sans vergogne cette phrase : “La nature n’a doté le Nègre d’Afrique d’aucun sentiment  qui ne s’élève au dessus de la niaiserie".
Toutefois, iI y a une définition en “parler correct” dans ce Dictionnaire que notre bon monsieur a oublié de relever :
“Connard : citoyen né en cessation d’intelligence “. Et cette autre, en prime : ”Abrutis : le pourcentage d’abrutis, de malfaisants ou de franches canailles est beaucoup plus important que ce qu’une observation, même attentive, de la société pourrait laisser croire."
Je conseille à mon censeur de lire plus souvent Philippe Geluck. Il aurait trouvé sous sa plume matière à méditer : “Un pays n’a plus de sens si on ne peut pas rire ensemble “

"Communisme : système généreux qui consiste à enrichir la société en l'appauvrissant"


Christian Millau mélange avec humour grande Histoire et petites histoires, journalisme et littérature. Extrait du "Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi".
COMMUNISME
Système généreux qui consiste à enrichir la société en l’appauvrissant et à rendre l’homme plus libre en l’enfermant. "Le communisme, ça marche. Il suffirait juste de le privatiser» (les Guignols de l’info). C’est exactement ce qu’ont fait les Chinois.

COMMUNISTE (militant)
Sincère, fraternel, courageux jusque, parfois, au sacrifice, il a toujours été la première victime du communisme.

COMPÉTENCE
Nuit gravement au succès d’une carrière politique ou militaire. Pierre Mendès France et Raymond Barre, parmi d’autres, en firent les frais. L’incompétence est, à l’inverse, un atout pour parvenir aux plus hauts postes. Vrai également dans le secteur de la presse, où j’ai bien connu un homme absolument charmant qui, après avoir carbonisé un hebdomadaire et un quotidien, s’est vu aussitôt proposer la direction d’un mensuel. (…)
Aujourd’hui, l’industrie française étant en compote (de par la faute de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis trente années), il devenait donc urgent de mettre à la tête du ministère chargé de son redressement un arrogant Montebourg, plutôt qu’un spécialiste qui a fait ses preuves, comme Louis Gallois.
Il est probable que ce dernier, si on lui avait demandé de sauver Peugeot, aurait baissé le montant insupportable des charges qui pèsent sur le secteur industriel. Une erreur sûrement fatale à une carrière, alors qu’il est tellement plus simple de subventionner grassement les acheteurs de voitures électriques ou hybrides qui représentent moins de 2 % d’un marché tenu en majeure partie par les Japonais et par Renault, concurrent historique de Peugeot, et qui fait fabriquer les siennes à l’étranger. (…)

CON (vieux)
A l’avantage de durer moins longtemps que le jeune con, à qui il est d’ailleurs toujours prêt à passer le flambeau.

CONCERTATION
Concertation, dialogue, table ronde, grande conférence sociale, commission, Grenelle de… Mots-clés de tout gouvernement français bien décidé à ne rien décider. Fait partie de l’arsenal de la câlinothérapie participative et de l’enfumage de terrain dont, dernier en date après tant d’autres, François Hollande est le Paganini.

CONTEXTE (sorti du)
M. Sorti-du-contexte est une spécialité française. Aux États-Unis, quand un personnage officiel sort une grosse connerie, il laisse passer l’orage ou il s’excuse en disant que ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire, ou bien encore il essaie de se rattraper le lendemain par une déclaration en sens contraire, comme le fit à Londres Mitt Romney, le candidat républicain à la Maison-Blanche, après sa sortie idiote sur l’"impréparation des JO".
Il est rare que le gaffeur américain fasse endosser sa bourde par un journaliste, sachant que cela lui coûterait encore plus cher. Chez nous, c’est tout le contraire. Quand il vient d’en sortir une bien grosse qui lui retombe sur le nez, M. Sorti-du-contexte se retourne tout naturellement contre la presse, puisque c’est évidemment de sa faute si sa petite phrase à lui a été "sortie de son contexte".
Un coup, c’est Georges Frêche, après avoir traité d’"esclaves" de pauvres bougres de harkis. Une autre fois, c’est Pascal Sevran, qui avait pourtant bien dit que c’était la "bite des Noirs" qui était responsable des famines en Afrique.
Chez Le Pen, le "sorti du contexte" va de soi, qu’il s’agisse du "détail de l’histoire" à propos de la Shoah ou de l’"incident", parlant du 11 septembre 2001. Plus récemment, le "sale mec" de Hollande, blaguant Sarkozy, a dû être remis laborieusement dans son "contexte".
À ce jeu-là, dès qu’un propos risque de fâcher, son auteur se débine, alors même que ce qu’il a dit n’était pas complètement absurde. Je pense à Nadine Morano qui a failli se faire étriper, y compris dans ses propres rangs, pour avoir déclaré : "Ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c’est qu’il aime son pays, trouve du travail, ne parle pas verlan et ne mette pas sa casquette à l’envers." Concernant les trois dernières propositions, carrément stupides, la dame aurait mieux fait de fermer son bec. En revanche, n’est-ce pas la moindre des choses, musulman ou pas, que d’aimer son pays ?

Grandeur et décadence de la plus vieille banque du monde


Fondée en 1472, la banque Monte dei Paschi a contribué à hisser Sienne en tête du classement des villes pour sa qualité de la vie et sa bonne gouvernance. Mais le scandale politico-économique qui a éclaté autour de “MPS” pourrait marquer la fin d’un système et même, d’une époque.
“Sienne est rouge, mais de honte” : devant un café, un fin connaisseur des affaires siennoises commente les pertes abyssales de la banque Monte dei Paschi. Il faut dire que depuis presque sept cent ans, les Siennois ont devant les yeux la meilleure représentation qui soit des états d’âmes de leur ville : les Effets du bon et du mauvais gouvernement, la série de fresques d’Ambrogio Lorenzetti [qui ornent le Palazzo pubblico – la mairie], montrent la ville en ruines et les campagnes à l’abandon si elles sont laissées aux mains d'un “mauvais gouvernement”.
Roberto Barzanti, figure très respectée de la gauche locale, maire de feu le Parti communiste (PCI) à l’époque où le Monte dei Paschi fêtait le 500ème anniversaire de sa fondation, attribue les maux d’aujourd’hui à l’“esprit superstitieux des Siennois”, responsable du mariage indissoluble entre la banque et la vie politique locale.
“La transformation, en 1995, de la vieille institution de droit public en une société par actions a été vécue plus douloureusement ici qu’ailleurs”, raconte cet ancien parlementaire européen. “Les Siennois ont eu beaucoup de mal à admettre la séparation entre les activités philanthropiques du "Monte" et celles de la banque proprement dite, qui aurait dû se concrétiser par la création d’une part, d’une fondation, et de l’autre, d’une banque cotée en bourse. Aussi, quand le pas a finalement été franchi, les choses ont certes changé, mais tout a été fait pour que rien ne change vraiment”.

Vache à lait

De là est né cet “enchevêtrement harmonieux” , ces liens indissociables qu’entretenaient la vieille Démocratie chrétienne et le vieux Parti communiste, l’Église et la franc-maçonnerie, les syndicalistes et les banquiers. Les nominations à la banque se décidaient dans les réunions des partis, dans les conseils municipaux, à la banque — ces 25 dernières années, tous les maires de Sienne ont commencé leur carrière au Monte dei Paschi, à l’exception du dernier, Franco Ceccuzzi, resté en poste à peine plus d’un an avant d'être emporté à son tour par la crise du “Monte”. Le “Père Monte”, comme on l’appelle ici ou, “la vache à lait” selon les mauvaises langues, en ce sens que chacun, lors de son passage par la banque, ne se privait pas de la traire.
Il faut dire que du lait, il y en avait en abondance, et pour tous : de 1995 à 2010, la Fondation a inondé “le territoire” à elle seule avec près de 2 milliards d’euros. Des routes, des restaurations du patrimoine, des installations sportives, des associations et leurs bénévoles. Tout cela, selon une répartition immuable, de sorte que personne, quelque soit sa couleur politique, n’a eu vraiment à se plaindre.

Système en miettes

Il y a un an, le jeu a pris fin quand la Fondation a découvert qu’elle était au bord du gouffre. À partir de là, tout s’est précipité. Le Parti démocrate [héritier du PCI] local s’est désagrégé lors du vote de confiance : une faction a refusé de voter la confiance à l’ancien maire Franco Ceccuzzi, lors de la présentation du budget, en contestant la répartition des subventions accordées par la Fondation.
Alors que le petit monde politique local se déchire avec les débris du “système Sienne” aujourd’hui en miettes, la société civile s’interroge sur son avenir. L’austérité imposée par les comptes dans le rouge a conduit ces derniers jours à des coupes drastiques dans les financements et les patronages. Les premiers à en faire les frais sont le club de foot, Siena Calcio, dont les subventions sont brutalement passées, selon des indiscrétions, de quatre à deux millions d’euros, et l’équipe de basket, Mens Sana, la grande passion des Siennois, qui aurait vu son enveloppe réduite de 12 à 4 millions d’euros.
Mais ce n’est pas tout. Les subventions du célèbre palio ont elles aussi diminué de 250 000 euros, soit 15 000 de moins pour chaque contrada[quartier] concurrente. Cela paraît peu, mais c’est un signal fort.
“Paradoxalement, la fin de l’ère des largesses pourrait avoir au moins un aspect positif. Chacun va devoir comprendre qu’une époque est terminée, pour toujours”écrit sur son blog l’”Hérétique de Sienne”, un commentateur précieux et très écouté de la vie siennoise.

Superstar à Davos, Christine Lagarde pourrait-elle être l'espoir de la droite ?


Comme DSK en son temps, la nouvelle patronne du FMI, Christine Lagarde, a été accueillie comme une star au forum de Davos par l'élite financière mondiale. Peut-elle, néanmoins, représenter un recours en 2017 pour une droite en panne de leader ?

Christine Lagarde a été accueillie comme une star au forum de Davos. Officiellement, la directrice du Fonds monétaire international (FMI) depuis juin 2011, se tient éloignée de la politique. Peut-elle, néanmoins, représenter un recours en 2017 pour une droite en panne de leader ?

Josée Pochat : Ce n'est pas un scénario qui me paraît crédible. Christine Lagarde, qui est très aimée des médias internationaux car elle parle très bien anglais, a une stature internationale, mais pas de stature nationale. Certes, elle a été la première femme à diriger Bercy. Mais, elle vient du secteur privé et a une image de "grande bourgeoise". Lorsqu'elle est arrivée à Bercy, alors que l'essence était en forte hausse, elle avait suggéré aux Français de "faire de la bicyclette". Elle avait alors été comparée à Marie-Antoinette lorsqu'elle avait dit aux parisiens  : " Il n'y a plus de pain, vous n'avez qu' à manger de la brioche ! " Par ailleurs, elle n'a pas de véritable ancrage local ce qui est toujours un handicap en politique. Elle n'a jamais été élue ailleurs que dans le Xe arrondissement de Paris. Enfin, ce n'est pas une femme d'appareil. Elle n'est pas impliquée dans la vie interne de l'UMP et n'a ni courant, ni réseau structuré autour d'elle. C'est tout de même un peu court comme CV pour prétendre à un destin national. 
Christian Delporte : Pour incarner un recours, il lui faudrait profiter d’un contexte exceptionnel. D’abord un effondrement économique de la France qui valoriserait son expertise et la présenterait comme la femme providentielle. Nous n’en sommes pas là. Ensuite un puissant élan à droite qui, en l’absence de tout leadership à un ou deux ans de la présidentielle, la porterait à une candidature. Compte tenu des ambitions des uns et des autres, on imagine mal Copé, Fillon, Borloo (la liste n’est pas exhaustive) dérouler le tapis rouge à Christine Lagarde. Et puis, le recours "naturel" à l’UMP a déjà un nom : il s’appelle Nicolas Sarkozy. Surtout, peut-être, le handicap de Christine Lagarde est son inexpérience politique. Pour gagner une élection présidentielle, il faut savoir faire campagne, connaître le terrain (elle n’a jamais conquis de mandat électif), entraîner les militants, mouiller sa chemise. C’est rude, il faut savoir rendre coup pour coup et cela s’apprend au fil des années. Rien n’est jamais acquis d’avance. A des degrés divers, les populaires Barre, Rocard ou Delors l’ont compris à leurs dépens. L’ex-avocate d’affaire, devenue ministre de l’Economie avant de rejoindre la tête du FMI a d’abord une image de technicienne : un avantage qui peut se retourner à l’heure d’une éventuelle bataille politique. La technicienne reconnue peut vite devenir, aux yeux de l’opinion, travaillée par ses adversaires, la "technocrate du FMI".

En novembre 2012, Christine Lagarde était la personnalité politique préférée des Français  dans le baromètre mensuel IFOP. Dominique Strauss-Kahn avait, lui aussi, vu sa cote de popularité s’envoler après son arrivée au FMI. La situation de Christine Lagarde est-elle comparable ? Sa stature internationale lui confère-t-elle un réel avantage ?

Josée Pochat : Les Français sont toujours fiers d'avoir un responsable politique qui a un poste international prestigieux. En politique, les absents n'ont pas toujours tort. Cela lui donne une bonne cote dans les sondages en terme de popularité. Toutefois, je crois que c'est aussi une illusion d'optique. Les sondages ne font pas les bulletins dans l'urne au moment d'une élection, notamment auprès des militants. Christine Lagarde n'est pas là pour se battre au quotidien auprès des Français. Je pense que ça risque de peser dans la balance lors de son éventuel retour.
Christian Delporte : Superficiellement, les deux situations se ressemblent. Les Français aiment les personnalités de leur pays qui brillent sur le plan international et y sont reconnus pour leurs compétences. L’éloignement de la lutte politique quotidienne protège Christine Lagarde comme elle a épargné Dominique Strauss-Kahn, en son temps. Reste que dès qu’on entre dans l’arène, on perd vite des plumes… Cependant le parallèle s’arrête là. DSK, avant d’être nommé au FMI, était considéré comme un remarquable économiste mais aussi comme un fin politique. Il avait une expérience de parlementaire et s’était porté candidat, en 2006, à la primaire socialiste. Surtout, il avait des relais connus et influents au sein du PS qui pouvaient lui "chauffer la place", des militants fidèles et actifs qui entretenaient la flamme, tandis qu’il présidait le FMI. A l’inverse : Christine Lagarde, combien de divisions ? Il y avait des strauss-kahniens, il n’y a pas de lagardiens, ou alors ils sont très discrets ! Et puis, ne confondons pas la « popularité » mesurée dans les sondages et la capacité à mobiliser et le parti (incontournable) et l’électorat. Sinon, les derniers présidents de la République auraient pu s’appeler Jack Lang ou Bernard Kouchner ! Christine Lagarde a certes acquis une stature internationale (8e femme la plus puissante du monde en 2012, selon Forbes), mais ce ne sont ni les médias étrangers ni les chefs d’Etat du monde occidental dominant qui élisent le président de la République en France.

Sur le plan idéologique, dans quel courant pourrait-elle s’inscrire ? Peut-elle incarner l’aile libérale de l’UMP ?

Josée Pochat : Il est difficile d'inscrire Christine Lagarde dans un courant idéologique précis. On l'a connue à Bercy au moment de l'"hyper-présidence" de Nicolas Sarkozy. A l'époque, la politique économique se décidait à l'Elysée. Par définition, Christine Lagarde appliquait la politique économique de Nicolas Sarkozy. Elle n'a pas été assez présente sur la scène nationale pour qu'on puisse dire Christine Lagarde est une "libérale" ou une "gaulliste sociale". Pour l'instant, la patronne du FMI n'a pas de vraie consistance politique sur le plan national.
Christian Delporte : Quand elle est arrivée au FMI, en 2011, Christine Lagarde a annoncé vouloir défendre un "libéralisme tempéré", entendons un libéralisme encadré par des règles. Au plus fort de la crise, elle a recommandé de "ne pas tuer la croissance" par une politique trop centrée sur la réduction de la dette. Cependant, ses déclarations à l’emporte-pièce sur la Grèce et l’encouragement du FMI à une privatisation à tout crin dans les pays sous tutelle ont brouillé l’image du "libéralisme tempéré" appelé de ses vœux. Au fond, la politique qu’elle conduit au FMI ne se distingue pas par son originalité. Dans ce cas, que peut-elle apporter de neuf à l’aile libérale de l’UMP ? La question fondamentale n’est pas de savoir qui peut l’incarner, mais quelles réponses apporte l’aile libérale au problème, angoissant pour l’opinion, de la mondialisation économique et de ses effets sociaux.

Xavier Giocanti, son compagnon, a déposé plusieurs noms de domaines sur Internet, du type "ChristineLagarde2017"! N'est-ce pas, malgré tout, révélateur de l'ambition national de l'ancienne ministre des Finances ?

Josée Pochat : Xavier Giocanti a peut-être des ambitions pour sa compagne. C'est une très jolie attention. Je crois qu'il s'agit d'un jeune couple très amoureux. Mais honnêtement, je ne suis pas capable de répondre. La réponse appartient à Christine Lagarde.