TOUT EST DIT

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dimanche 30 juin 2013

Les médias français au garde-à-vous devant Valérie Trierweiler

A son arrivée en trombe sous fond de scandales divers, de procès intentés pour port de maillot de bain disgracieux ou pour délit d’écriture du roman de sa vie, Valérie Trierweiler a depuis empilé les comportements douteux, notamment lors de cette visite du président où elle tira par sa capuche un cameraman pour l’empêcher de filmer une scène (http://french.ruvr.ru/2013_04_12/Le-geste-inadmissible-de-Trierweiler/). 

Quelques semaines plus tard, après des déclarations officielles ou officieuses sur le ras le bol du président et du gouvernement sur le « bashing » des journalistes, les médias et quelques humoristes sont désormais sommés de cesser leur acharnement, la troupe doit retourner dans le rang !
Force est de constater en effet que le ton a changé depuis l’arrivée de François Hollande en ce mois de juin, dans les bas-fonds de son impopularité. Après tout juste une année de pouvoir, le président français est en effet tombé au score (truqué) de 31 % de satisfaction, ce qui augure d’un score réel tournant autour de 15-25 %. Mais les chiffres ne peuvent pas toujours mentir et les journalistes français, au garde-à-vous ou non, n’ont pu que se résoudre à écrire que pour la première fois également, François Hollande avait perdu des points dans son propre électorat de base. Les socialistes eux-mêmes, s’il en reste, désertent le terrain. Déconfitures après déconfitures, étrillés par les résultats calamiteux du gouvernement dans tous les domaines, certains observateurs éclairés, notamment des politiciens de diverses formations déclarent que la République elle-même serait en danger.
C’est sans doute la raison qui explique le changement subi de ton et les stratégies un tantinet pathétiques mais bien onéreuses, des missions de la première dame de France. Fière et colérique, cette dernière aura beaucoup de mal à rester cantonnée dans le rôle assez peu en corrélation avec le Gender prônée et légiférée par la fameuse loi de Mme Taubira. Voyage humanitaire à Gao, soutien à des ONG, visite d’enfants malades ou estropiés du Mali et de Syrie, soutien aux femmes victimes de viols au Congo, la leçon, indique Philippe Martinat, grand reporter au Parisien,aurait été retenue : humilité, œuvre de charité, malheureux et affamés, il ne manque plus à Valérie Trierweiler que l’antique pouvoir des rois de France pour soigner les écrouelles et l’affaire sera dans le sac. http://www.leparisien.fr/laparisienne/actu-people/mais-si-valerie-trierweiler-a-change-27-06-2013-2932835.php.
Dans cet article qui va dans le mouvement de l’obéissance nationale, il est aussi écrit que la première dame « hystérisait la relation de François Hollande avec l’opinion »… Etrange similitude entre la détestée et tout aussi maladroite Autrichiennehonnie et malmenée par le peuple qui voyait en elle une insulte à sa condition. Les régimes passent, mais l’histoire reste la même, de Marie-Antoinette et Louis XVI en passant par Danièle Mitterrand et Valérie Trierweiler, la recette du pouvoir est vieille, ou presque aussi vieille que les cabinets d’aisance du palais de l’Elysée. D’une manière amusante, remarquons également que la catégorie dans laquelle ledit article a été placé dans les lignes du grand quotidien français, est « Femmes de tête »… notons que si nous ne lui souhaitons pas de la perdre, son illustre et lointaine homologue la perdit un jour d’octobre 93, place de la Révolution aujourd’hui rebaptisée avec beaucoup d’humour, par des plaisantins que Georges Clémenceau n’auraient pas reniés, place de la Concorde.
 De la concorde toutefois, il en faudra une certaine dose pour que Valérie Trierweiler fasse oublier les maillots de bain, les duels au sabre avec Ségolène Royal et quelques déclarations pas si innocentes sur Twitter. Le compagnon enterré dans les sondages, la compagne attaquée sur le coût des « missions » et du « cabinet » (de travail) de sa fonction de première dame, jamais une épouse d’un président de la République ne fut aussi impopulaire et montrée du doigt que Valérie Trierweiler. En haut lieu, les stratèges se sont mis au travail, après avoir encaissé des coups venus de toute part, elle sera donc poussée sur le devant de la scène pour une confrontation (ou exposition) dans les médias, invitée prochaine de « C à vous » sur France 5 durant 90 minutes, je vous en prie !
Les Français versatiles applaudissaient Marie-Antoinette pour mieux la haïr par la suite. Qu’en sera-t-il de Valérie Trierweiler ? Il y a certes beaucoup de malices pour un historien de faire un parallèle aussi audacieux et de rire de l’affirmation non moins audacieuse de Philippe Martinat «que quelque chose a bougé ». Dans le monolithe de la politique française, il sera difficile aux Français, mêmes extrêmement attentifs, de voir ce qui aurait bien pu commencer à se mouvoir… mais passons. « L’élégance discrète » mise en avant par l’auteur du Parisien fera-t-elle oublier le port de sabots crottés des mois précédents ? Rien n’est moins sûr. Qui vivra, verra. N

La démocratie française entre en agonie

Depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, tant par le fait des événements internes, qu’internationaux, la vieille démocratie française se dégrade rapidement. Son entrée en agonie apparaît certaine mais personne n’est en mesure de dire le temps qu’elle mettra à rendre l’âme ou si les Français par un mouvement salutaire viendront à son secours avant qu’il ne soit trop tard.

Tous les indices sont dans le rouge, des manifestants sont placés en garde-à-vue pour des prétextes inexistants, des opposants sont arrêtés et emprisonnés parfois dans des conditions inhumaines et dans une violence terrifiante. Dans les manifestations, des agents des RG et des agitateurs stipendiés répandent le chaos afin de discréditer les causes défendues par les protestataires. Dans les rues, les témoignages d’opposants passés à tabac, matraqués, piétinés se multiplient dangereusement. Parmi les témoins certains citent des propos inouïs de policiers en civils, insultes, menaces à peine déguisées, intimidations. Le pouvoir en place entretient également les divisions pour mieux régner, dissolutions de groupes étiquetés à l’extrême-droite et dans le même temps ménagement des forces se trouvant à l’extrême-gauche, le tout en jouant les uns contre les autres en fonction des situations.
Le mauvais exemple règne évidemment surtout en haut-lieu, l’équipe gouvernementale est elle-même entachée d’opprobre, un Premier ministre et quatre autres ministres dont Mme Taubira ont été condamnés à des amendes et à des peines de prison. L’affaire DSK, puis celle de Cahuzac démontrent à quel point les milieux politiciens sont vermoulus et friables à toutes les tentations. Loin de punir, la Justice fonctionne à deux vitesses, de grands coupables reçoivent des peines insignifiantes tandis que de pauvres hères, voir dans le cas des opposants de simples citoyens innocents sont condamnés à des peines disproportionnées. Dans le même temps le pouvoir donne l’exemple de toutes les corruptions, des responsables de parti comme Harlem Désir, grossièrement pris la main dans le sac sont nommés à des postes clés et sapent la confiance populaire.
Cette confiance populaire s’effondre rapidement devant le progrès du népotisme à tous les niveaux de l’Etat. Initié sous l’ère Mitterrand, c’est désormais l’un des traits principaux de la République française : nominations d’amis de François Hollande à tous les postes possibles même sans qualification dans la charge qui leur incombera, distribution de Légion d’Honneur à des personnages louches, étrangers ou n’ayant absolument rien fait pour mériter cette distinction par un service éclatant au pays, l’appareil du pouvoir est à un niveau de putréfaction dont les Français ne ressentent pour l’instant que les relents putrides, mais d’encore beaucoup trop loin. Les exemples sont en effet si nombreux que ceux qui arrivent à la surface et explosent par mégarde dans les journaux ne peuvent cacher l’immense majorité des malversations, vols et passe-droits qui eux ne sont jamais révélés au public.
Ces collusions nombreuses et les viols les plus élémentaires des droits des Français et de la France elle-même, se traduisent par d’inquiétants événements dans les relations extérieures de la France. Dans les médias sous contrôle et d’ailleurs financés par l’Etat partiellement, il ne se passe pas un jour sans que des pays comme la Russie soient montrés du doigt afin de créer un contraste entre le paradis terrestre en France et le reste du monde en proie à la guerre et à la dictature. Cette basse propagande, martèle en permanence des contre-vérités, quand il ne s’agit pas tout simplement de mensonges éhontés. Pendant ce temps, des meurtriers et des islamistes sanguinaires sont armés en Syrie, en Libye et dans nombre de pays d’Afrique et d’Asie. Des régimes fantoches sont fait et défait, des plans sont établis pour l’asservissement de populations ou le contrôle de ressources diverses parfois pour le meilleur profit d’alliés douteux… voir même dangereux comme le Qatar, l’Arabie saoudite ou les USA.
Car la France est aujourd’hui l’ombre d’elle-même au niveau international. Malgré les avertissements de De Gaulle, la France est entrée à nouveau dans l’OTAN par la décision de Nicolas Sarkozy. Ailleurs des interventions militaires coûteuses se développent, au Congo, au Niger, au Mali, sans compter la Libye, la Côte d’Ivoire derrière nous et la Syrie, l’énorme farce syrienne ou un ministre complètement discrédité dans une sombre affaire de sang contaminé, vient vendre aux Français le mirage syrien pour faire couler un autre sang dans des contrées lointaines et souvent au détriment de chrétiens et de petites gens. La situation internationale est sans doute le reflet le plus éclatant de la décomposition de la démocratie française, encore que l’intérieur du pays soit déjà en ébullition et en grand danger.
 Ce danger c’est celui de l’explosion sociale, dans les banlieues les malaises attisent la violence, la haine et le racisme. En réponse à celui visant les populations greffées sur la Nation, progresse le racisme anti-blanc et anti-français, ce dernier d’ailleurs n’étant jamais cité. Des drapeaux français sont brûlés, l’insécurité progresse, des zones sont hors contrôle et à la merci de la moindre étincelle. Dans les rues, la moindre manifestation, même sportive, peut tourner au drame et à la confrontation. Dans les assemblées des politiciens de gauche discutent de l’opportunité de prendre le contrôle d’internet et de museler la parole des oppositions. Partout d’ailleurs, l’ennemi, l’opposant, est qualifié de « fasciste » sans le moindre discernement, ce qualificatif dévoyé est devenu une arme du pouvoir pour faire taire les plus audacieux et effrayer la masse des citoyens apeurés et goguenards.
Dans les mêmes assemblées, le pouvoir confisqué est assuré par deux formations, aujourd’hui souvent réunis sous le qualificatif d’UMPS. La fin de la proportionnelle a écarté toutes les autres formations, certaines comme le FN, le FG ou EELV devraient disposer de dizaines de députés et former des groupes parlementaires puissants mais ne sont représentés souvent que par deux ou trois malheureux députés noyés dans le système. Devant un constat aussi calamiteux certains trouvent encore la force de déclarer que les changements font peur… ou que « la France est le plus beau pays du monde ». Oui mais pour combien de temps encore ?

Croire au retour de la croissance relève de la "méthode Coué", selon un économiste PS


L'économiste Pierre , membre du bureau national du PS et du collectif Roosevelt, affirme, dans un entretien à Sud Ouest Dimanche, que "tout miser sur le retour de la croissance" relève de la "méthode Coué", jugeant que "la solution n'est pas l'austérité mais la justice sociale".
Le retour de la croissance, qu'espère François Hollande, "plus personne ne peut y croire", estime ce conseiller régional PS d'Ile-de-France, qui avait présenté avec Stéphane Hessel une motion au congrès du PS de Toulouse, en octobre 2012.
Évoquant les sorts de l'Allemagne, "retombée en récession", du Japon, "à deux doigts du chaos", ou encore de la Chine, dont la bulle immobilière "explose", il juge que "tout miser sur le retour de la croissance, c'est la méthode Coué".
"Il y a quarante ans, (...) croissance était synonyme de progrès social" mais "ce n'est plus le cas. Plus on attend la croissance, plus on va vers un pourrissement social et politique au risque d'une explosion", soutient M. Larrouturou, membre du collectif Roosevelt, qui réunit politiques et membres de la société civile et défend des thèses autour de thèmes comme la construction européenne ou la séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires.
A ses yeux, la crise actuelle "n'est (...) pas une crise de l'État-providence mais bien une crise du capitalisme, dont l'ampleur est telle que l'État-providence n'arrive plus à la compenser. La solution n'est pas l'austérité mais la justice sociale".
La réception de ses arguments à l'Elysée et à Matignon ? "+Très intéressant+, nous dit-on à chaque fois. Mais rien ne bouge", déplore ce partisan du partage du temps de travail, qui rappelle que les solutions avancées par son collectif sont "toutes chiffrées et crédibles. C'est une question de volonté politique".
François Hollande "est sûrement conscient de la situation", poursuit M. Larrouturou, qui prend pour exemple le tournant de 1983, lorsque François Mitterrand et son Premier ministre, Pierre Mauroy, ont "eu le courage de dire que leur programme n'était pas adapté à la réalité".
François Hollande et Jean-Marc Ayrault doivent maintenant faire "preuve du même courage", estime-t-il.
La difficulté "est de reconstruire la justice sociale sans croissance (...) C'est tout à fait faisable", assure-t-il, invoquant un "nouvel équilibre, un nouveau partage des revenus, du travail, de l'accès à la culture et du pouvoir".

Incompétence, idéologie, obsession carriériste : les trois mamelles de la nullité du personnel politique français


Actuellement, les politiques ne tiennent pas un discours de vérité et la plupart des réformes sont ainsi poussées de législature en législature.
Le déficit budgétaire continue de se creuser. C’est ce qu’a annoncé Didier Migaud en rendant son rapport. La Cour des comptes continue ainsi d’enflammer le débat sur le déficit budgétaire. Désormais, tous les clignotants sont au rouge. La nécessité contraint de réduire la dépense publique et les projets de réforme qui viennent de l’extérieur du monde politique accentuent l’idée que nos responsables sont à côté de la plaque. Mais pourquoi sont-ils si nuls ? Le dictionnaire nous dit que nul "n’équivaut à rien, est sans valeur". C’est exactement le sentiment de l’opinion publique française à l’égard des hommes politiques qu’ils soient de droite ou de gauche. "Les politiques sont inefficaces, incapables de délivrer un résultat, démagos, prometteurs". On connait la musique dont le refrain en arrive à remettre en cause leur honnêteté et leur morale. L’air du "Tous pourris" tient la tête des hit-parades.
N’exagérons rien. Les hommes politiques sont nuls aujourd’hui parce qu’ils n’ont aucun résultat correspondant aux attentes des populations : pas d’emploi, pas de progrès, pas de richesses créées mais au contraire le sentiment d’un immense gâchis.

Le personnel politique est nul pour trois raisons majeures

La première raison c’est l’incompétence. Les responsables politiques aujourd’hui n’ont pas la compétence pour comprendre et gérer la complexité des dossiers qui s’imposent dans le monde moderne. La mondialisation, le progrès technologique, les questions de santé, de fiscalité, de commerce extérieur, d’éducation requièrent  des expertises que les élus n’ont pas pu acquérir. Alors ils n’ont, certes, pas nécessairement l’obligation de tout savoir. Ils sont entourés d’une administration, d’une batterie de conseillers. Mais encore faut-il qu’ils sachent de quoi il retourne. Sinon, c’est l’administration qui prend le pas alors qu’elle ne porte pas la responsabilité.
La plupart du temps, l’homme politique fait semblant de connaître les dossiers. Il se croit obligé de donner un avis sur tout et n’importe quoi. Très souvent, une promesse qu’il ne tiendra évidemment pas. Au mieux l’opinion ne le prend pas au sérieux, au pire elle se désespère ou se révolte devant tant de maladresse et d’incompétence. Parce que tout se sait. Un homme politique ne peut plus raconter d’histoires.
Aujourd’hui, les problèmes les plus importants sont d’ordre économique et social. Ils naissent et se résolvent dans l’entreprise et interfèrent avec le fonctionnement des marchés mondiaux. Combien de responsables politiques, députés, sénateurs ou ministres ont travaillé dans l’entreprise ? Combien ont voyagé à l’étranger et pratiqué le commerce extérieur qui est le théâtre de la guerre moderne ? Les hommes politiques qui ont cette expérience sont très peu nombreux à droite comme à gauche.
Résultat, les hommes politiques sont inadaptés aux problèmes. Si encore ils savaient comme autrefois gérer les opinions, leur expliquer, les emporter dans leur élan… Si d’ailleurs, ils avaient de l’élan ! Mais ce n’est plus le cas. Les moyens de la communication moderne nécessitent d’autres qualités charismatiques. L’importance des réseaux sociaux fait que l’information ne descend plus du haut vers le bas. Mais circule de façon transversale. Le chef doit donc travailler autrement s’il veut rester en lien.
La deuxième raison, c’est l’idéologie, une maladie bien française. Le responsable politique s’inscrit dans une idéologie. Cette idéologie commande toutes ses propositions et ses comportements. Les actions politiques ne correspondent pas à une réalité mais à un corps de principes. C’est stupide.
Cette maladie est un héritage de l’histoire politique française, de la culture et de l’éducation. La France est soit de gauche, soit de droite. Le problème c’est que depuis l’effondrement du bloc communiste, ce clivage n’a plus de sens. La planète toute entière fonctionne en économie de marché, sauf peut-être en Corée du Nord… et encore.
L’économie de marché a ses règles, ses contraintes et ses réalités auxquelles on peut difficilement déroger sauf à se retrouver hors-jeu. La France est en train de se mettre hors du jeu international. Le vrai clivage aujourd’hui existe entre ceux qui croient au progrès scientifique, à la confrontation, à la concurrence réglementée. Comme le code de la route permet de circuler dans des conditions de  sécurité acceptables. Le clivage ne passe pas entre la droite et la gauche. Il passe à l’intérieur des familles politiques traditionnelles. D’où la confusion, l’inadaptation, l’incapacité à sortir des choix et des stratégies cohérentes et légitimées par des majorités fortes.

Nous avons à gauche des conservateurs et des hommes de progrès. Nous avons à droite le même clivage. Du coup, c’est ingouvernable ou alors dans une direction floue et nulle.

L’emprise de l’idéologie écarte l’action politique de la réalité et de la responsabilité. Certains viendront combattre la mondialisation ou l’Europe parce qu’ils considèrent que l’ouverture des frontières représente un risque de perte de souveraineté. Ce faisant, ils créent les conditions de l’appauvrissement, ce qui est le meilleur moyen de perdre son indépendance. On s’attaquera aux riches jugés idéologiquement comme déplacés alors que le vrai scandale c’est le nombre grandissant des pauvres. Les riches partiront ailleurs.
Par idéologie, certains politiques iront jusqu’à plaider pour la décroissance alors que l’humanité n’a pas d’autre choix que la croissance si on veut sortir la planète des émergents de la misère. Par idéologie les écologistes s’opposeront à toute expérimentation dans les nouvelles énergies alors qu’ils seront les premiers à réclamer des initiatives économiques capables de créer de l’activité et des emplois.
La plupart des aprioris idéologiques ne tiennent pas devant le principe de réalité. Les hommes politiques ne veulent pas assumer les principes de réalité. Donc ils les nient ou alors ils maquillent les faits et les chiffres. C’est nul.
Troisième raison, l’obsession du marché politique. Le responsable politique en France (et d’ailleurs dans la plupart des démocraties) fait une carrière politique. La politique c’est son métier. Le problème est là. Pour l’exercer et garder son job, il doit être à l’écoute de ses clients, de ses électeurs.
Comme le marché politique peut zapper l’homme politique tous les cinq ans, celui-ci a peu de temps pour agir sauf s’il agit pour faire plaisir à ses clients. Ce qu’il fait. A droite comme à gauche, un président, un ministre, un député agira pour conforter la majorité, l’enseigne, à laquelle il appartient.
Il fera tout pour être élu et réélu. D’où le programme et les promesses généreuses. Puis il fera tout pour se maintenir au pouvoir. Faute de résultats, il fera des promesses encore et toujours et multipliera les boucs émissaires en cas de non-résultats. Ce qui fait qu’un homme politique au pouvoir passe plus de temps à trouver des excuses ou des raisons de ne pas avoir fait ce qu’il devait faire plutôt que de le faire vraiment.
En règle générale, l’homme politique se met publiquement en phase avec son électorat. D’où l’envahissement par la démagogie, le populisme, et finalement le blocage. D’où le double langage : public et privé. "Je ne peux pas dire la vérité, mes électeurs ne le comprendraient pas…". Les principaux dossiers servent par conséquent de livret à des championnats d’Europe d’hypocrisie. C’est vrai sur les impôts, les retraites, les dépenses de santé, les dépenses publiques. Toutes les grandes réformes échouent parce que les hommes politiques n’ont pas le courage d’affronter leur opinion publique. Le temps politique est trop court. Les responsables considèrent qu’une réforme qui ne peut produire d’effets qu’à long terme est politiquement suicidaire.
"A quoi bon sortir telle ou telle réforme si c’est pour se mettre à dos la moitié de la France et être battus aux prochaines élections. A quoi bon ?" La plupart des réformes de fond sont donc repoussées de législature en législature.

Keynes disait très cyniquement, "ne nous occupons que du court terme, à long terme on sera mort !"

Dans des contextes de croissance rapide générant des recettes abondantes, on pouvait raisonner à court terme, aujourd’hui ce n’est plus possible. Keynes est mort. Les hommes politiques ne veulent pas le reconnaître. Ils sont prêts à l’accommoder à toutes les sauces. A droite comme à gauche.
C’est inefficace et beaucoup d’indices montrent que les opinions publiques qui ont des poussées de  fièvre populiste ou d’extrémisme sont aussi prêtes à acheter un discours de vérité. Ce qu’elles ne faisaient pas avant, c’est vrai. En bref,  elles attendent des responsables politiques un peu moins de nullité à court terme pour plus de résultats à long terme. Ce ne serait quand même pas difficile que d’essayer.

Europe bashing : la facture pour le PS sera lourde


Depuis qu'Arnaud Montebourg a qualifié José Manuel Barroso de "carburant du Front national" les dirigeants socialistes se déchaînent contre le président de la Commission européenne. Ils l'accusent d'entretenir l'euroscepticisme en prônant des politiques d'austérité.

La stratégie d’"Europe Bashing" menée par certaines figures du PS, y compris au sein du gouvernement, est-elle authentique ou relève-t-elle plus d’une posture électorale éphémère pour résister à la vague eurosceptique de 2014 ? La montée du Front national motive-t-elle une position plus dure du PS sur la question de l’Europe ?

Alexandre Vatimbella : L’anti-européanisme d’une partie du PS est authentique. Certains socialistes voient depuis toujours cette Europe, selon eux "néolibérale, représentée par l’arrogante Commission de Bruxelles, bras armé d’un capitalisme mondialisé triomphant, comme une adversaire, voire un ennemi qu’il faut combattre et, surtout, abattre.
C’est le cas, notamment aujourd’hui, des deux ministres, Arnaud Montebourg et Benoit Hamon, mais pas seulement.
S’il est indépendant d’une posture électorale ou de la montée du Front national, ce positionnement essentiellement idéologique au départ – faire l’Europe "sociale" contre l’Europe libérale, selon ses défenseurs –, peut se transformer aisément en une stratégie électorale d’un «retour aux fondamentaux» de la lutte des classes d’un PS plus combattif idéologiquement parlant, retrouvant des accents ouvriéristes propres à séduire un électorat populaire de plus en plus anti-européen à qui on a désigné depuis toujours, avec le Parti communiste puis avec le Front national, l’Union européenne comme l’ennemi principal.
Yves-Marie Cann : Pendant longtemps, la construction européenne a bénéficié au sein de l'opinion publique d'un relatif consensus. Cette tendance s'est progressivement inversée, cette inversion se traduisant notamment par la courte victoire du "Oui" au référendum sur le Traité de Maastricht en 1992, puis la victoire du "Non" lors du référendum de mai 2005 sur le projet de traité constitutionnel européen. A l'occasion de ce dernier événement l'euroscepticisme de gauche s'est d'ailleurs pleinement exprimé, jusqu'au sein du Parti socialiste où la campagne du "Non" avait notamment été menée par Arnaud Montebourg et Vincent Peillon.

Aujourd'hui lorsque l'on interroge les Français, on s'aperçoit que le rapport à l'Europe n'est plus structuré par le clivage traditionnel gauche / droite mais plutôt par un clivage  opposant les partis de gouvernement, europhiles, aux partis contestataires, eurocritiques. Tout l'enjeu pour les premiers (PS, UMP notamment) est donc de parvenir à concilier les attentes parfois contradictoires de leurs électorats sur ce sujet. La récente déclaration d'Arnaud Montebourg pourrait ainsi être interprétée comme un signal donné à l'aile gauche du Parti socialiste, et à un électorat de plus en plus critique vis-à-vis de l'Europe.

Quels sont les dangers potentiels pour le Parti socialiste à adopter des postures eurosceptiques ?

 Alexandre Vatimbella : Le PS est un parti qui se définit comme pro-européen et pour une plus grande intégration européenne. Bien évidemment, il existe dans ses rangs des anti-européens et des eurosceptiques mais ils sont théoriquement minoritaires et ont été systématiquement marginalisés avec plus ou moins de réussite par la direction du parti à chaque fois que la question européenne a refait surface.
Pour autant, la crise économique avec ses difficultés et ses conséquences sur l’emploi a libéré cette parole anti-européenne présente, il faut le dire, dans tous les partis. Comme le dit le commissaire français, Michel Barnier, à chaque fois que quelque chose va mal, c’est la faute à l’Europe. Et, évidemment, chaque fois que cela va bien, c’est grâce au gouvernement français ! C’est un grand classique de la politique française.
Pour autant, cette façon de fonctionner n’est pas propre à la France. Elle est pratiquée de manière plus ou moins identique par tous les pays de l’Union européenne, dans cette posture schizophrénique où chacun d’entre eux en est membre par sa propre volonté mais en a fait la méchante aux yeux de sa population, projetant sur elle tout ce qui est mauvais pour lui…
Reste qu’une partie de l’électorat n’est pas dupe et il n’est pas mince pour le PS. Il s’agit, entre autres, mais pas seulement, de ces plus ou moins 10% de sociaux libéraux qui avaient apporté leurs voix à François Bayrou lors de l’élection présidentielle de 2007 et qui lui avait permis d’atteindre, contre toute attente, un score de 18,7%. On était alors deux ans après le référendum sur la Constitution européenne où le non l’avait emporté, notamment grâce aux vociférations des leaders «nonistes» du PS.
Si le PS devait s’aligner sur les critiques d’Arnaud Montebourg sur l’Europe et la Commission de Bruxelles comme a semblé le dire la porte-parole du gouvernement Ayrault, Najat Vallaud-Belkacem, cela aurait certainement un effet négatif sur cette partie de l’électorat dont je viens de parler et qui est plus proche de la position d’un Pascal Lamy, l’actuel directeur de l’OMS (Organisation mondiale du commerce) et qui a critiqué les propos du ministre du redressement productif.
Yves-Marie Cann : L'électorat du Parti socialiste est aujourd'hui majoritairement convaincu que l'appartenance de la France à l'Union européenne est une bonne chose pour notre pays. Il manifeste toutefois des critiques à l'encontre des orientations politiques et économiques actuelles de l'Europe. Dans ce contexte, les récentes prises de position du parti pourraient être une opportunité de répondre aux inquiétudes exprimées, notamment par les catégories populaires. De plus, l'expression d'un discours critique sans pour autant remettre en cause l'existence même du projet européen (auquel restent attachés les sympathisants de gauche), permet au Parti socialiste et à ses leaders de ne pas laisser le champ libre aux partis contestataires, de gauche comme de droite. Tout l'enjeu pour le PS est donc de trouver le bon équilibre en la matière.

Les électeurs eurosceptiques peuvent-ils être séduits par cette stratégie ou vont-ils porter leurs suffrages vers le Front de Gauche ou le FN, partis ouvertement eurosceptiques ?

Alexandre Vatimbella : La posture anti-européenne ou plutôt, en l’espèce, anti-Commission de Bruxelles, tout du moins anti-Barroso, le président de ladite commission étant un homme de centre-droit, ne rapportera que peu de voix au PS.
En politique, le plus souvent, on préfère l’original aux copies. D’autant, qu’ici, il n’y a même pas une différence de prix!
En revanche, elle lui permettra peut-être de ne pas perdre celles de ceux qui seraient tentés de voter pour le Front de gauche ou les partis d’extrême-gauche, voire pour le FN et de se prendre une nouvelle veste lors des européennes de 2014.
Yves-Marie Cann : Les enquêtes réalisées dans la perspective des élections européennes qui auront lieu en 2014 tendent à montrer qu’aujourd’hui c'est le Front national qui capterait en premier le vote eurosceptique. Nous voyons dans nos études que le FN domine très nettement les intentions de vote auprès des électeurs pour qui l'appartenance à l'Union européenne est une mauvaise chose pour notre pays. Le Front de gauche, pourtant très critique sur le sujet européen, peine à rassembler au sein de cette catégorie d'électeurs. Au vu de ces résultats, on peut penser que les prises de position du Parti socialiste ne suffiront pas à elles seules à convaincre un électorat eurosceptique de gauche, d'autant plus que le gouvernement pâtit aujourd'hui d'une défiance élevée.

samedi 29 juin 2013

FRANÇOIS HOLLANDE CHARGE NICOLAS SARKOZY SUR LES LIGNES À GRANDE VITESSE


C'EST PAS MOI C'EST L'AUTRE - En déplacement à Bruxelles, François Hollande avait manifestement très envie de parler des lignes à grande vitesse. Alors que le chef de l'Etat n'est pas interrogé sur le sujet lors d'une conférence de presse, il prend lui même les devants pour évoquer le rapport Duron"C'est toujours intéressant de répondre à des questions qui ne sont pas posées", justifie-t-il. 

Ce rapport sur les infrastructures de transport préconise de miser sur la desserte de proximité et non plus sur la grande vitesse. Résultat : une partie des 70 grands projets élaborés sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en particulier des lignes de TGV, sont menacés. 

Et ce vendredi 28 juin, c'est bien l'ancien président de la République que vise son successeur.


Pour lui, trop de lignes à grande vitesse ont été promise sous le précédent quinquennat : 
(Les lignes TGV) avaient  été promises dans des conditions invraisemblables.
Il y en avait pour 240 milliards, et à chaque fois qu'une autorité se déplaçait elle promettait une ligne TGV.
François Hollande reproche à l'opposition un double discours : d'un côté de demander des économies, de l'autre se plaindre de l'arrêt de ces projets. 
Au même moment où d'un côté de l'échiquier politique on dit : il faut faire des économies. (...) Et maintenant les gens disent  : "vous avez annoncez la ligne TGV" -pas nous, mais nos prédécesseurs- mais qui va la payer ? qui va la financer ?  
"C'est de l'argent public, on doit être responsable et cohérent", se défend le chef de l'Etat, attaquant les critiques : 
C'est tellement facile. On demande devant l'hémicycle plus de dépenses, et devant les contribuables moins d'impôts. A un moment ça ne marche plus. 
Problème, les critiques viennent aussi bien de la droite que de la gauche. Privé de ligne à grande vitesse, Jean-Paul Denanot, président socialiste du conseil régional du Limousin a exprimé "certaines inquiétudes", regrettant que "la LGV Poitiers-Limoges ne soit classée qu'en priorité 2".
La députée-maire de Pau Martine Lignières-Cassou, du Parti socialiste,  mise encore sur l'arbitrage de Jean-Marc Ayrault qui doit avoir à l'esprit un souci "d'aménagement du territoire et de solidarité nationale".
"Notre économie béarnaise est entièrement mondialisée. Nous relier au reste de l'Europe et du monde est une nécessité absolue", plaide la parlementaire. 
Le président socialiste de la communauté urbaine de Marseille, Eugène Caselli, a estimé quant à lui que différer la construction de plusieurs LGV, dont celle de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, serait "un mauvais coup porté à Marseille".
Dans l'Aude, les élus locaux ont même boycotté la venue de ministres. Le député-maire socialiste de Carcassonne, Jean-Claude Perez, a affiché sa solidarité avec les protestataires, "tant qu'une position claire ne sera pas prise concernant le dossier important de la LGV".

François Hollande entre pouvoir et devoir


Réformer la France « autant que possible », dit le chef d'Etat. Là est tout le problème. Il ménage trop les intérêts là où il faudrait lancer l'offensive. Il a préféré écarter les refontes complètes de la fiscalité, des retraites ou de la santé.

La France a pris du retard, ma mission est de la faire avancer autant que de possible. »Ainsi s'exprimait François Hollande en introduction de son émission, dimanche 16 juin, sur M6. Cette phrase résume tout : le diagnostic, « le retard » de la France, et sa stratégie politique d'avancer « autant que de possible ». Il faut revenir sur ces deux termes, car ils éclairent la double erreur du chef de l'Etat et laissent prévoir la condamnation de la France à la stagnation.
Le retard. Certes, la France a pris du retard sur toutes ses réformes. François Hollande l'a reconnu devant la gauche allemande : Gerhard Schröder a engagé le fer de la compétitivité dix ans plus tôt. Pareil sur les retraites. Alors que s'ouvre la quatrième réforme en vingt ans, la France rétive a toujours fait « trop tard trop peu » sur ce sujet comme sur les autres et elle doit en permanence remettre l'ouvrage sur le métier au risque de faire fondre la confiance des Français dans le système. La santé idem : la Sécu est annuellement dans le trou. Les performances à l'école reculent sans émouvoir vraiment. Le logement : la pénurie n'a jamais été comblée depuis l'abbé Pierre malgré mille dispositifs, dix mille décrets, cent mille déclarations de ministres et des dépenses publiques deux à trois fois supérieures à celles des autres pays. Le déficit, justement, il comptabilise tous ces « retards » : la France ne change pas, elle maintient par la dette ses habitudes, ses rentes et ses avantages.
Il est donc temps de s'y mettre, François Hollande a raison. Et nous en venons à sa stratégie. Le chef de l'Etat croit bien faire en ouvrant un à un les chantiers du déficit, de la compétitivité, de la flexibilité du travail, des retraites, etc. Toujours, il le fait dans la concertation avec les organisations syndicales et professionnelles, il écoute, pèse et tranche, non sans courage parfois, mais avec l'oeil fixé sur les réactions de rejet. Rejet au sein de son parti, fondamentalement opposé à toutes ces réformes marquées par la rigueur et la diminution « des acquis ». Et rejet du peuple, fondamentalement attaché aux rentes, ce que de Gaulle, qui connaissait les Français, nommait « leur goût des privilèges ». Voilà la source du « autant que de possible ». François Hollande se fait, dans sa conscience, une idée de la vitesse maximale possible des réformes sans aller à l'accident, et partant de là, il pense faire honnêtement et consciencieusement son travail de faire avancer la France, de combler ses retards. Il fait tout ce qu'il peut.
Hélas, il ne fait pas ce qu'il doit. Il doit plus à la France, elle doit faire plus. Pourquoi ? A cause du diagnostic du « retard » qui, sur le plan intellectuel, est à la fois incomplet et faux. L'incomplétude vient du fait que François Hollande ne s'interroge pas, en tout cas ne dit rien, sur le pourquoi du retard français. Il ne dit pas qu'il s'agit d'une bataille idéologique perdue en France à gauche comme à droite : voilà vingt ans que les beaux esprits de la « résistance » à la mondialisation ont banni comme des traîtres ceux qui prônent l'adaptation. Campant à Valmy, ils ont chanté victorieusement que l'ennemi venu de l'extérieur allait égorger « vos fils et vos compagnes », entendez allait s'en prendre à notre modèle social. La mondialisation, cette horreur « antifrançaise ».
Tant que François Hollande n'a pas réglé son compte à ce camp de la résistance, y compris avec ses ministres qui en sont, il ne comblera jamais le retard, ou il le fera toujours mal, toujours en défensive, toujours sans allant, c'est-à-dire en fin de compte toujours insuffisamment. Il lui faut retourner le fond des mentalités : la mondialisation n'en veut pas à notre modèle social, elle s'en moque du moment que l'économie est efficace. Cela impose non pas de le détruire mais d'en réduire un peu le coût (d'environ 10 % du PIB pour ramener les dépenses publiques au niveau allemand) et surtout de l'adapter. Ce n'est pas négligeable, mais la France a largement de quoi supporter cet effort de guerre économique.
« Retard » : diagnostic faux. Il ne s'agit en effet pas simplement d'un retard. L'adaptation de l'Etat providence passe par l'allégement des charges, on vient de le dire, mais surtout par un changement de nature. Les résistants ont raison sur l'analyse, nous sommes entrés dans l'ère schumpétérienne de la mobilité, de la précarité, de l'innovation permanente. Mais, plutôt que de rêver comme eux à un retour impossible à la stabilité d'hier, il faut doter chaque Français d'une capacité à bouger. Puisqu'on a cité de Gaulle continuons, nous sommes dans une guerre de mouvement. C'est là où le« autant que de possible » vient échouer : il ménage les intérêts quand il faudrait inventer l'offensive. Toutes les réformes engagées par François Hollande sont dès lors insuffisantes par nature. Elles laisseront toujours la France en retard.
Dernier exemple en date, l'outre-mer. Les salaires plus élevés qu'en métropole avec une productivité très inférieure font de nos îles lointaines des absurdités économiques et les condamnent au chômage croissant. Après avoir promis des remises en cause fortes, le gouvernement a décidé de juste rogner quelques millions. Que faire ? Combler le vrai déficit français qui est celui des idées. Le président de la République a écarté les refontes complètes, de la fiscalité (comme le proposait l'économiste Thomas Piketty), des retraites (modèle suédois), de la santé (comme le propose le prix Nobel Muhammad Yunus). Il aurait dû au contraire mobiliser son courage politique et le nôtre, et ouvrir sans tabou tous les chantiers d'une nouvelle France sociale, pour la projeter en avance dans le XXI e siècle.

"L'Europe" et ses "élargissements": stop ou encore?


L'adhésion de la Croatie à l'Union européenne (UE) et l'entrée annoncée de la Lettonie dans la zone euro redonnent un peu de vigueur au débat européen sur "l'élargissement" et fournit l'occasion de quelques utiles rappels à la fois civiques, diplomatiques et politiques.
1. Les "élargissements" confirment que "l'Europe" demeure attractive, malgré la crise
La volonté d'adhésion de pays comme la Croatie et la Lettonie confirme tout d'abord que, si la crise européenne en cours a indubitablement affaibli l'image de "l'Europe" auprès de ses citoyens et à l'extérieur, "l'Europe" demeure un authentique pôle d'attraction.
Cinq pays sont actuellement considérés par les autorités européennes comme "candidats" à l'adhésion à l'UE : la Macédoine, le Monténégro, la Serbie, l'Islande et la Turquie, les négociations n'étant à ce stade ouvertes qu'avec les deux derniers. Trois autres sont considérés comme "candidats potentiels", l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. Pour ces pays, l'UE conserve un énorme attrait en tant qu'espace de réconciliation et de stabilité d'abord, comme espace d'échanges économiques également, enfin comme espace historique et géographique incarnant la "famille européenne" aux yeux du monde, et à laquelle il est logique d'appartenir. Seuls des pays aussi périphériques que l'Islande et la Turquie semblent désormais plus réservés quant à la perspective d'aboutir à une adhésion pleine et entière à l'UE, qui demeure en revanche particulièrement mobilisatrice pour les pays de l'Europe du Sud-Est.
La volonté lettonne de rejoindre la "zone euro" traduit une réalité politique du même type : face à une crise financière de dimension mondiale et à des stratégies d'investissement et attaques spéculatives tout aussi globales, l'appartenance à l'union monétaire constitue un point d'ancrage bienvenu d'un point de vue économique et politique. Il faudra naturellement que les tensions liées à la gestion de la crise de la zone euro s'apaisent davantage pour que d'autres pays puissent s'engager sur le chemin de la Lettonie - la Lituanie étant sur les rangs à l'horizon 2015. Pour autant, il est concevable que les citoyens de ces pays pourront faire un calcul comparable à celui récemment opéré par les Européens déjà membres de la zone euro, tous très conscients des avantages d'appartenir à une union monétaire et très majoritairement opposés à un hypothétique retour à leur monnaie nationale.
2. La politique d'élargissement est l'un des principaux outils de la politique étrangère de l'UE

L'adhésion à l'UE de la Croatie rappelle également que la politique d'élargissement est l'un des principaux outils de l'introuvable "politique étrangère et de sécurité", si difficile à faire émerger sur d'autres enjeux. Cette politique a d'ores et déjà permis à l'UE de contribuer à la stabilité et au développement économique de nombre de ses voisins, notamment en Europe centrale. Elle a d'abord pour but de faire entrer l'Europe chez ses voisins, avant que ce ne soit l'inverse, et est à ce titre un vecteur d'influence-clé pour l'UE.
La Croatie a ainsi dû consentir d'intenses efforts tout au long de ses négociations d'adhésion afin de respecter les conditions juridiques, économiques et politiques requises, et être ainsi en mesure de rejoindre l'UE près de dix ans après son voisin slovène. Des efforts comparables ont été engagés par la Serbie, qui a par exemple été conduite à conclure récemment un accord avec le Kosovo dans l'espoir d'obtenir l'ouverture de telles négociations. De même, c'est la perspective d'une adhésion à l'UE qui a conduit les pays de l'ex-Yougoslavie à livrer la quasi-intégralité de leurs criminels de guerre présumés au Tribunal pénal international de La Haye, et donc à créer les conditions d'une réconciliation durable dans cette région.
À l'inverse, l'influence de l'UE vis-à-vis de la Turquie semble avoir décru en proportion des difficultés et atermoiements entourant les négociations ouvertes avec ce pays - d'où la décision récente de les relancer. Si la perspective d'adhésion ne saurait certes constituer l'unique instrument de la politique européenne de "bon voisinage" qu'il s'agit de développer au niveau du continent tout entier, il est donc plus que jamais utile de souligner qu'elle n'a pas encore épuisé toutes ses vertus politiques.
3. La stratégie d'élargissement de l'UE doit être réajustée sur plusieurs points
La stratégie européenne d'élargissement sera d'autant plus efficace et légitime qu'elle sera ajustée d'un point de vue juridique, social et politique.
Ajustement juridique d'abord, dès lors que, pour des raisons diverses, la situation de pays comme la Bulgarie, Chypre, la Grèce, la Hongrie et la Roumanie suscite d'intenses controverses, au point de nourrir un questionnement sur le "voile d'insouciance" qui a parfois pu recouvrir les précédentes vagues d'adhésion. Il s'agit donc désormais d'assortir la stratégie d'élargissement d'un contrôle extrêmement strict du respect des conditions liées aux adhésions au moment des négociations autant qu'après leur conclusion ; cette exigence vaut pour les adhésions à l'UE et à la zone euro tout comme à l'espace Schengen ; elle pourra paraître un peu injuste pour les nouveaux pays candidats, mais c'est le prix à payer pour garantir la cohésion et la solidité des "clubs" qu'ils entendent rejoindre.
La stratégie d'élargissement doit également être ajustée d'un point de vue social, dès lors que l'Europe n'est pas seulement un lieu de réconciliation, mais aussi un espace de délocalisations, aussi limitées dans leur ampleur que coûteuses pour leurs victimes et pour l'image de l'UE. Il convient dès lors d'organiser une prise en charge européenne claire et explicite des Européens qui pourraient pâtir des prochaines adhésions, quand bien même leur impact sera réduit (le PIB de la Croatie représente ainsi 0,3 % du PIB total de l'UE). Si l'entrée de l'Espagne et du Portugal a donné lieu à la mise en place de Programmes intégrés méditerranéens, rien de comparable n'a été établi à l'occasion du "grand élargissement" de 2004. Il est essentiel, à la fois symboliquement et concrètement, que de telles "dépenses d'ajustement" soient prévues dans la perspective de l'adhésion des pays de l'ex-Yougoslavie, et impératif qu'une application étriquée du principe de subsidiarité en matière sociale ne fasse pas obstacle à un tel accompagnement.
La stratégie d'élargissement doit enfin être ajustée d'un point de vue politique, ce qui suppose de tenir un discours clair sur les nouvelles frontières de "l'Europe" afin d'éviter l'impression d'une fuite en avant sans limites. Pour l'UE, cela doit conduire à clarifier rapidement le statut de l'ensemble de nos voisins, qui ne sont pas tous destinés à la rejoindre, notamment en Europe orientale. Pour la zone euro, qui a théoriquement vocation à accueillir la quasi-totalité des pays de l'UE (sauf les deux ayant négocié des clauses d'exemption), il s'agit de préciser à quelles conditions et à quels rythmes de nouvelles adhésions pourraient être envisagées, à la lumière des enseignements de la crise en cours.
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C'est sur de telles bases politiques que les autorités européennes pourront le plus aisément entretenir les dynamiques interne et externe en matière d'élargissement, aussi bien au niveau de l'UE qu'à celui de la zone euro. Tout comme c'est en envisageant ces élargissements à cette double échelle qu'elles pourront le mieux concilier élargissement et approfondissement de l'intégration européenne à court et moyen termes.

Compromis sur le budget et le chômage des jeunes

Compromis sur le budget et le chômage des jeunes



Arrivé jeudi à Bruxelles pour un nouveau sommet européen, François Hollande a dû faire face, pour commencer, à la mauvaise humeur de José Manuel Barroso (et sans doute de l’ensemble de la Commission européenne), après les échanges peu amènes, façon noms d’oiseau, que ce dernier a eu, ces derniers jours, avec certains ministres socialistes français. Situation encore compliquée, si possible, par la déclaration du président français lui-même, assurant que la question des personnes était « secondaire »…
« Lorsque le Front national s’est retrouvé au deuxième tour de la présidentielle française en 2002, était-ce la faute de la Commission que je ne présidais pas encore ? », a lancé jeudi Barroso.
Un point sur lequel, apparemment, ces gens sont d’accord, c’est que la présence du Front national au second tour d’une élection présidentielle pose problème…
Cela dit – parce que les humeurs chagrines de nos hommes politiques sont parfois des révélateurs… –, le but du sommet n’était pas d’étudier ces brouilles personnelles, mais bien de se pencher sur le projet de budget 2014-2020 de l’Union européenne.
De ce fait, il s’agissait encore d’un budget de crise. Mais, en l’état actuel (et quasi systémique) de l’Europe, peut-il en être autrement ? Les difficultés économiques sont nombreuses et, pour tout citoyen européen, qu’il soit Français, Polonais ou Espagnol, les chiffres mêmes du budget européen sont ceux d’un gouffre béant. On s’étonnera, au passage, de ne jamais entendre parler du coût – généralement pharaonique – de ces sommets européens. Il est vrai que, en un temps où nombre d’entre nous sont contraints de se serrer la ceinture, la révélation de ces sommes ferait assurément mauvaise impression – fussent-elles justifiées…
  

Un accord ? Non, des compromis

Dès lors, on devrait être heureux d’apprendre qu’il y a eu, selon la déclaration qu’en a fait à la presse, au terme de la première journée, son président Herman Van Rompuy, « un accord du Conseil européen » ; et qu’en outre « l’approbation par les Etats membres est sans équivoque ».
Ce qui ne signifie nullement qu’il y ait lieu de se réjouir.
D’abord, parce que ce budget ne sera effectif que s’il obtient l’approbation finale du Parlement européen. Or celui-ci a montré à plusieurs reprises, et encore très récemment (Présent du 20 juin), qu’il y avait, sur ces questions économiques, certaines tensions avec le Conseil européen, même si François Hollande les dit aplanies aujourd’hui.
Ensuite, parce que rien ne prouve que ce budget – de 960 milliards d’euros ! – soit un bon budget. L’expérience en la matière commande de rester circonspect, tant il est vrai que les compromis, que sont toujours ces accords, finissent par coincer quelque part – et généralement plutôt au niveau national qu’européen.
Il n’y a pas à chercher bien loin pour s’en assurer… Dès son arrivée à Bruxelles, le Premier ministre britannique a posé un ultimatum à ses partenaires, assurant qu’il ne voterait point ledit budget sans l’assurance de la préservation absolue du rabais britannique. Thatcher pas définitivement morte !
Manifestement, certains pays peuvent se permettre de taper du point sur la table, puisque Herman Van Rompuy a pu rassurer totalement David Cameron, en déclarant qu’il n’y aurait « rien de changé pour le rabais britannique ».
En échange, si l’on peut dire, les autres pays ont obtenu la garantie qu’ils obtiendraient une compensation. Le terme a quelque chose tout à la fois d’insultant et de mesquin…
  

Prudence verbale

Pour en venir – tout de même… – au vif du sujet, François Hollande a déclaré que la France devait « tenir » sa dépense publique en 2013 (ah !), mais jugé néanmoins « prématuré » (tiens donc !) de donner un chiffre. Il faut dire que, après les risques de dérapage des déficits publics signalés par la Cour des comptes, il vaut mieux rester prudent… Car, comme le dit avec une admirable perspicacité Jean-Marc Ayrault : « Malheureusement, du fait de l’absence de croissance, ce que dit la Cour des comptes est vrai. Mais, à la fin de l’année, nous verrons. »
Les Français ont noté le rendez-vous, Messieurs !
Continuant leur réflexion, les dirigeants européens se sont mis d’accord, dans la nuit de jeudi à vendredi, pour affecter environ huit milliards d’euros à la lutte contre le chômage des jeunes. Treize pays, spécialement touchés, seront concernés par cette « Initiative pour la jeunesse ». Dont la France… qui, pour les deux prochaines années, bénéficiera ainsi de 600 millions, pour 300 000 jeunes concernés.
Nos politiques n’avaient guère le choix, depuis que se dresse le spectre d’une « génération perdue », selon l’expression de Barack Obama.
L’avenir des jeunes est un « test de crédibilité » pour l’Europe, a souligné le président du Parlement européen, Martin Schulz. Il est dommage que tous ces responsables politiques agissent comme si les jeunes n’étaient pas, avant tout, l’avenir de leurs pays…
  

Chômage toujours…

Car, en France tout spécialement, une fois de plus, les chiffres ne sont pas bons. Notre ministre du Travail peut évoquer de « petits signes » d’amélioration, mais ceux-ci, après une succession de « mauvais » mois, ne sauraient constituer une tendance. D’autant qu’en mai donc, 36 400 demandeurs d’emploi ont disparu des listes principales de Pôle Emploi, pour la simple raison qu’ils n’avaient pas actualisé leur situation…
La droite n’a pas manqué de moquer Michel Sapin, parlant de « trompe-l’œil statistique » – voire de « maquillage des chiffres » ou d’« effets d’aubaine ». Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a dénoncé, avec même un brin d’honnêteté, la méthode : « On l’a fait aussi, tous les gouvernements s’y sont essayés. »
Bref, l’« éclaircie » revendiquée par les socialistes est à l’image de notre météo depuis l’élection de François Hollande…
Un sondage publié alors que François Hollande arrivait à Bruxelles le prouve logiquement : 76 % des Français sont mécontents de la politique sociale du gouvernement.
Il est vrai qu’il n’en fait pas d’autre. 
Pour la politique, la vraie, c’est Bruxelles qui tient les manettes.