Bertrand Delanoë l'assure : pas de "copinage" entre socialistes
concernant l'attribution de logements dépendant de la ville de Paris."Depuis l'arrivée aux affaires de l'actuelle majorité municipale, aucun logement n'a été attribué à un élu",
affirme-t-on dans l'entourage du maire. Reste que plusieurs
personnalités politiques occupent, depuis de nombreuses années, des
logements du parc immobilier de la ville de Paris, parmi lesquelles Delphine Batho, députée socialiste des Deux-Sèvres et porte-parole de François Hollande.
En novembre 2011, c'était Jean-Pierre Chevènement, sénateur du Territoire de Belfort et président du MRC, qui se faisait épingler par la mairie de Paris. En effet, l'ancien ministre occupe, depuis 1983, un appartement dans le 5e arrondissement de Paris pour un loyer très éloigné des prix que les Parisiens sont obligés de payer sur le marché privé : 1 519 euros pour un logement de 120 m².
Une situation qui n'est pas illégale, mais qui est critiquée par
Bertrand Delanoë.
"J'ai
besoin de logements pour les Parisiens dont les revenus justifient
qu'ils y aient accès . Dès lors que M. Chevènement rendra son logement
du parc social de la ville de Paris, il pourra être attribué à une famille réellement éligible", assurait au
Monde le maire de Paris à l'automne 2011
. Dans les colonnes du
Nouvel Observateur du 1
er décembre, Jean-Yves Mano, adjoint au maire de Paris en charge du logement, enfonçait le clou
: "Au nom du principe républicain d'égalité, [M Chevènement]
devrait comprendre que son appartement pourrait être loué à une famille qui a en besoin." L'ancien
ministre, qui était alors candidat à l'élection présidentielle, a fait
la sourde oreille à la requête et même porté plainte contre la ville de
Paris . Il n'est pas le seul à
profiter des faibles loyers de la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP).
108 M2 POUR 1524 EUROS PAR MOIS
Delphine Batho, députée depuis 2007, occupe un appartement de 108 m
2
pour 1 524 euros par mois. Interrogée sur l'occupation d'un appartement
de la ville par la porte-parole du candidat socialiste, le maire de
Paris a affirmé, lundi 19 mars, en marge du conseil de Paris que ses
déclarations à charge contre l'ancien ministre
"étaient également valables" pour la jeune parlementaire.
M
me Batho, dont le mandat de député lui assure une
indemnité de 7 100 € brut mensuels, auxquels s'ajoutent 6 412 € brut de
frais de représentation et 9 138 € pour rémunérer ses collaborateurs,
justifie son occupation d'un logement de la RIVP en arguant du fait que
"des locataires avec des revenus nettement supérieurs ne paient pas de surloyer pour le même type de logement". Surloyer dont elle s'acquitte, après en
avoir fait la demande à son bailleur, mais qui laisse son loyer loin de ce que doivent
payer les locataires du secteur privé (plus de 37 % d'écart selon la
Chambre régionale des comptes).
Quant au conventionnement de l'appartement qu'elle occupe et qui
selon la RIVP pourrait bénéficier à une famille plus modeste, la
socialiste rétorque qu'elle n 'a
"pas entendu que le bailleur souhaitait transformer les 6 000 logements intermédiaires liés à la mixité sociale de son parc de logements." Pourtant, depuis 2008
" toutes les attributions de logements se font sous la condition de ressource PLS (prêt locatif social)
" rappelle-t-on à la RIVP.
"DES AMALGAMES INJUSTIFIÉS"
La députée estime cependant que c'est sa
"
personnalité et non sa situation locative qui serait visée par des amalgames injustifiés." Dans un
rapport publié en juin 2011, la Chambre régionale des comptes (CRC) explique l'acharnement de quelques élus à se
maintenir dans les appartements de la RIVP :
"La
comparaison avec le secteur privé est sans équivoque, les loyers des
logements, même avec surloyers, restant nettement inférieurs à ceux du
marché à Paris. Par conséquent, très peu de locataires assujettis
quittent leur logement", constatent les magistrats.
La RIVP a invité les politiques à
"résilier leur bail pour des motifs déontologiques. Cette action n'a suscité aucune réponse positive" rapportent les magistrats de la CRC.