TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 10 mai 2009

Rubik's cube à la tête de l'Union européenne

A Bruxelles, les capitales doivent choisir : le prestige ou le pouvoir. Le prestige, dans une Europe qui peine à affirmer une politique étrangère commune, c'est de placer son champion à la tête de la diplomatie européenne, au poste de haut représentant pour la politique étrangère qu'occupe actuellement l'espagnol Javier Solana. Le pouvoir, c'est d'obtenir pour son commissaire le portefeuille du marché intérieur, jugé le plus stratégique en ces temps de nécessaire réglementation économique et financière : celui jadis occupé par le célèbre et controversé commissaire néerlandais Frits Bolkestein, l'inventeur de la directive du même nom dite "du plombier polonais".
Le ministre de l'agriculture, Michel Barnier, favori pour représenter la France à Bruxelles, choisirait bien le prestige. Mais en période de crise économique, Nicolas Sarkozy préfère le pouvoir. Seul problème, Angela Merkel, la chancelière allemande, brigue aussi pour son pays un des gros portefeuilles économiques (concurrence, marché intérieur, commerce). Elle a imaginé, lors du dernier conseil des ministres franco-allemand, de pousser la candidature de l'ancien ministre des affaires étrangères français pour succéder à M. Solana.

A Paris, on n'avait pas osé y penser. La diplomatie européenne n'est pas censée échoir à un grand pays et le quai d'Orsay a des réticences pour ce poste : il craint de voir la marge de manoeuvre du ministre français entravée par un haut représentant de la même nationalité, avec lequel il faudrait par nécessité être à l'unisson.

"SO FRENCH" MAIS PAS TROP

La priorité de Paris, c'est donc le marché intérieur. Soudain un doute surgit. Michel Barnier est-il le meilleur candidat pour un poste toujours refusé aux Français, accusés d'être d'horribles interventionnistes ? A Bruxelles, Bercy ou Matignon, on susurre le nom de la ministre des finances, Christine Lagarde, qui aurait, elle, toutes ses chances d'emporter le morceau : elle est femme, ministre des finances, ancienne patronne d'un cabinet d'avocat américain, parle parfaitement anglais et comprend la City. Bref, "so french", mais pas trop française.

A l'Elysée, on assure que Michel Barnier, qui a déjà passé un mandat à Bruxelles dans la Commission présidée par Romano Prodi (1999-2004) et est apprécié dans toute l'Europe, reste le seul candidat de la France. Les Allemands, eux, jouent la montre : ils devraient attendre leurs élections générales en septembre pour désigner leur candidat. Officiellement, le seul maître pour attribuer les portefeuilles est le président de la Commission, actuellement le Portugais José Manuel Barroso, seul candidat déclaré à sa succession. Les prénégociations vont bon train.

Les postes européens de responsabilité sont un grand marché qui nourrit toutes les spéculations : le président de la Commission, le haut représentant aux affaires étrangères et le président du Parlement. Le plus prestigieux, celui de président stable du Conseil européen, ne sera créé qu'en cas d'entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Chacun fait comme s'il était déjà à pourvoir mais il n'a pas été trouvé de candidat à sa mesure. Nicolas Sarkozy avait émis le nom de Tony Blair, rejeté par Angela Merkel.

Si le traité de Lisbonne n'est toujours pas ratifié à la fin de l'année et que l'Europe continue à fonctionner sur la base du traité de Nice, il faudra réduire le nombre de commissaires. Tous les pays n'auront pas le leur. Et si ceux-ci étaient désignés par tirage au sort, comme l'assure un diplomate français, qui peut assurer que le Portugais sortirait du chapeau ? Cela donnerait un tour amusant au feuilleton apparemment déjà écrit de la présidence de la Commission.
Arnaud Leparmentier et Marion Van Renterghem

Quand Ségolène Royal tente de se mettre un journaliste dans la poche

Hier, invité de (l'excellent) "grand direct" sur Europe 1 animé par (l'excellent) maître Maubert pour causes de vacances de l'excellent JMM, un (excellent) journaliste de "Courrier International", Anthony Bellanger, a narré au micro une petite anecdote fort instructive.

Donc, Anthony Bellanger raconte. Quinze jours auparavant, à ce même micro d'Europe 1, il a pris la défense de Ségolène Royal qu'il estime injustement maltraitée par les dignes et respectables membres de l'UMP qui semblaient douter de sa santé mentale. Il se livre à cette plaidoirie de son plein gré, sans contrepartie attendue, bénévolement, librement, bref, en journaliste.

Quelques jours plus tard, notre journaliste est tout surpris de recevoir un petit mot de Ségolène Royal le remerciant de son intervention. Et lui de s'étonner. Pourquoi ce petit mot? Il n'a fait que du journalisme, pas du militantisme. Et de nous confesser qu'en tant que journaliste, il a fini par juger le procédé "malsain". Oui, "malsain".

Je ne sais si Bellanger est un journaliste politique d'origine. Je ne le pense pas, car son étonnement et son honnêteté à rapporter l'épisode ont quelque chose de touchant, et le fait d'avouer que cela lui a déplu, est tout aussi touchant.

De cette anecdote, il y un enseignement à tirer. Ségolène Royal a le même rapport aux journalistes que l'actuel chef de l'Etat. Pour eux, ils ne peuvent qu'être amis ou ennemis, et sont déclarés ennemis tous ceux qui ne se déclarent pas amis. Se dire que l'on peut se mettre définitivement un journaliste dans la poche avec un petit mot de compliment, c'est effectivement "malsain", voire humiliant. C'est un constat que je formule avec tristesse.

A vrai dire, bien des épisodes narrés par des confrères sur leurs épineuses relations avec Ségolène Royal m'avaient déjà guidé sur la voie de cette douloureuse conclusion. A titre d'exemple, les poursuites qu'annonce parfois Ségolène Royal à l'encontre de certains journaux sont souvent ridicules, notamment celle où elle entendait poursuivre Paris Match pour la publication d'une photo la montrant en train de prier dans une église. Je me souviens aussi d'une altercation avec (l'excellent) JP Lepers dans un bus, lors de la campagne présidentielle, où elle s'adressait à lui telle Alice Sapritch à ses enfants dans l'adaptation filmée de "Vipère au poing".

Ainsi la conclusion s'impose d'elle-même. En matière de liberté de la presse et des journalistes, comme Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal a un comportement "malsain". Pourvu que ça change...

Laisse aller c'est une valse

Les Tontons Flingueurs