TOUT EST DIT

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dimanche 29 novembre 2009

Le policier du futur étoffe sa panoplie

Elle est conçue pour s'adapter aux dernières tendances de la délinquance. Ces innovations pourraient se généraliser à l'horizon 2012.

Alors que l'efficacité de la multiplication des effectifs en tenue sur le terrain est de moins en moins évidente et que les budgets sont à la rigueur, le policier poursuit une spectaculaire métamorphose. L'époque du gardien en pèlerine et de son antique sifflet à roulette est révolue. Au moment où Milipol, le Salon mondial de la sécurité intérieure des États fête à partir de mardi ses 25 ans à la Porte de Versailles de Paris autour d'un millier d'exposants high-tech, Le Figaro dresse le portrait-robot du policier de demain. Loin de la science-fiction puisque ces équipements devraient se développer dans les toutes prochaines années.

Informé par des caméras
La vidéosurveillance, dont le nombre de caméras va tripler, ne suffit plus. Le policier nouveau fait appel à la troisième dimension : «La police loue des avions de surveillance pour les grands événements tels que la Coupe du monde de rugby ou le réveillon de la Saint-Sylvestre, confie Patrick Guyonneau, ingénieur en chef de l'armement et patron du service des technologies de la sécurité intérieure (STSI). Lancé il y a deux ans, un programme de minidrones commence à trouver des applications opérationnelles.» Ainsi, l'aéronef de poche Elsa à aile fixe peut venir en appui pour n'importe quelle mission de renseignement : maniable, projetable à deux kilomètres de son point d'envol, il est truffé de caméras à grande focale, fonctionnant de jour comme de nuit. Un drone quadricoptère miniature de la taille d'une boîte à chaussures complète l'attirail : léger et lui aussi silencieux, ce mouchard du ciel est capable d'espionner en vol stationnaire. Au sol, un camion régie surmonté d'un objectif à haute résolution filmera, à des fins judiciaires et d'identification, les casseurs. Le policier lui-même porteur d'une microcaméra «piéton» enregistrera vidéos et sons en patrouilles. Idéal pour éviter toute forme de «bavure».

Mieux protégé

«Face à la radicalisation croissante de certaines franges de la population contre la police, tout est fait pour mieux protéger nos hommes», martèle-t-on à la Direction générale de la police nationale (DGPN). Doté d'un casque durci dont la visière est plus résistante, le policier va porter des lunettes ergonomiques résistant aux plombs de chasse, comme ceux qui avaient été tirés à Villiers-le-Bel. Au besoin, un curieux bouclier souple, plus maniable, le placera à l'abris des balles tandis que de nouveaux gilets sont censés résister à la plupart des calibres en circulation. Grâce aux dernières évolutions de l'industrie des textiles, les tissus des tenues, plus résistants, protégeront contre les armes blanches. Pour compléter leur arsenal, des centaines de «lanceurs de 40 mm» vont être distribués : jaune et noire, cette arme non létale fera mouche à 50 mètres, c'est-à-dire au-delà du jet de pavé ou de cocktail Molotov. Pour l'heure, le flash-ball n'est précis qu'à quinze mètres… Alimenté par une multitude de munitions, le «LDB 40» pourra marquer à la peinture indélébile des manifestants violents pour mieux les appréhender. Ou les affaiblir grâce à la dernière trouvaille antiémeute, une munition incapacitante à base de poivre de Cayenne appelé à remplacer le lacrymogène.

Plus mobile et communiquant

Gagner en autonomie pour mieux se projeter sur le terrain «Grâce à son assistant personnel électronique (PDA) et son terminal informatique embarqué (TIE), le policier à pied doit disposer d'un environnement complet, comme au commissariat», précise Patrick Guyonneau. En temps réel et sans revenir au bureau, chaque policier pourra interroger les fichiers des personnes recherchées, des véhicules volés ou des permis de conduire, recevoir des photos ou des portraits-robots de suspects en trois dimensions ou encore dresser un procès-verbal électronique. Géolocalisée, sa position sera communiquée en permanence, ainsi que celle des effectifs les plus proches.

Des prouesses scientifiques

Profitant de véritables prouesses en termes de miniaturisations, les enquêteurs vont systématiser la police technique et scientifique de masse. Des kits portables de «détection-révélation» identifieront en quelques dizaines de secondes des poudres ou traces suspectes de drogues ou d'explosifs. D'ici à quelques années, les «blouses blanches» de terrain révéleront des empreintes sur un cambriolage en prélevant des traces grâce à des «lampes miniatures multispectrales». Enfin, par l'apport des biotechnologies, des puces révéleront plus vite l'ADN des indices collectés, mais aussi l'analyse des odeurs piégées sur une scène de crime. Les Experts risquent d'être dépassés.

Plongée dans l'école du futur

Imaginons un peu à quoi pourrait ressembler l'école en 2020.

Le système éducatif français se cherche. Décrochage des élèves les plus faibles, démotivation, absentéisme, baisse du niveau… le constat est sombre. La réforme du lycée, même limitée, ouvre des brèches vers l'autonomie des établissements ou la rémunération au mérite. À quoi ressemblera l'école de demain ? Le Figaro a imaginé le système éducatif en 2020. Rêve ou cauchemar, voilà ce que laissent augurer les projets, rapports et revendications des uns et des autres.


Collèges et lycées : que le meilleur gagne

Le lycée Frédéric-Beigbeder est un bâtiment lumineux, à mi-chemin entre la zone pavillonnaire et les immeubles de la cité. Derrière ses grilles et son portique de sécurité, une vaste cour qui distribue les salles de classe, salles de conférences et bureaux des professeurs. Il y a toujours de la vie derrière ces murs, puisque le lycée ne ferme pas ses portes pendant les vacances. Les bâtiments sont ouverts 365 jours par an, accueillant les élèves pendant les vacances pour des stages de remise à niveau, du perfectionnement en langue vivante… Banalité : toutes les classes sont équipées de vidéoprojecteurs et d'un accès à Internet, de même que les bureaux des professeurs, qu'ils se partagent par groupes de deux ou trois. Le visiteur qui pénètre dans le hall principal découvre une exposition de photos et des installations vidéo. Un tableau illustre le travail d'un preneur de son et d'un monteur. Car le nouveau projet d'établissement a été signé cette année par l'équipe pédagogique et les représentants de parents. Dans un monde où l'image est omniprésente, à travers les sites d'échange de vidéo en ligne, le travail du lycée sera centré sur «l'acquisition des valeurs citoyennes et de la rigueur à travers la création et la transformation d'images». Une section littéraire avec option montage vidéo, des ateliers consacrés aux connaissances scientifiques liées à la transmission d'images, un travail mêlant jeu, danse et mise en scène… Le proviseur est ravi : il a gagné quelques élèves, venus du lycée voisin, qui a fermé à la fin de l'année dernière, faute de public. «Évidemment, ricane-t-il, avec un projet sur les grandes œuvres littéraires françaises…» Son budget a augmenté d'autant : de quoi développer de nouveaux ateliers.

Ce qui existe déjà.

Les portiques de sécurité peuvent être acquis par les conseils généraux et mis à la disposition des établissements scolaires. Les établissements proposent, à l'initiative de Xavier Darcos, des stages pendant les vacances. Les projets d'établissement sont généralisés depuis la loi d'orientation de 2005, certains ayant déjà porté sur le football. La mise en concurrence des établissements découle de l'ouverture de la carte scolaire et aboutit à la fermeture des établissements les moins demandés.


La lourde charge du chef d'établissement

Jean-Marc Mercier, principal du lycée Philippe-Sollers, revient ragaillardi de la formation dispensée par le rectorat : «L'entretien d'embauche dans l'éducation nationale». Il est armé pour jauger les professeurs qui répondent à son appel d'offres. Car, en bon manager, M. Mercier recrute. Avec le budget voté cette année par son conseil d'administration, il a choisi de renforcer son équipe. Le poste en question est strictement décrit : travail en équipe, capacité à gérer une pédagogie différenciée… Il veut des gens jeunes, motivés, prêts à tout tenter. Sa politique de primes a déjà donné le ton. Fini, les professeurs enfermés dans leur classe pour faire un cours classique. Tout le monde doit participer aux ateliers de remédiation qui ont lieu tous les après-midi. D'ailleurs, sa classe sponsorisée par l'entreprise de BTP de la ville fonctionne très bien : les élèves bénéficieront d'un stage et même d'un voyage sur un des chantiers de l'entreprise. L'agence bancaire, elle, a organisé un jeu à destination des jeunes : ils géraient de l'argent fictif en étudiant les cours de Bourse. Le gagnant a eu droit à une ouverture de compte et à une petite cagnotte. Mais M. Mercier a surtout un grand projet pour l'année prochaine : la création d'une fondation d'entreprise, qui lui permettra d'investir dans de nouveaux équipements.

Ce qui existe déjà.

Les postes à profil se sont multipliés avec la généralisation des projets d'établissement. Ce sont donc les chefs d'établissement qui recrutent. L'autonomie des établissements est initiée par la loi d'orientation de 2005, même si elle est pour l'instant très limitée ; mais la réforme du lycée, par le biais des heures d'accompagnement, accorde de plus en plus de liberté pour une organisation locale des enseignements. Le jeu d'argent organisé par une banque a été mis en place à l'occasion du passage à l'euro. Il avait été supprimé après protestation des professeurs.


Le nouveau métier de professeur

Jeanne est à son bureau. Elle attend les élèves qui doivent venir lui demander des précisions sur son cours d'anglais. Puis elle participera à la soutenance d'un petit groupe de la classe de seconde dont elle est le professeur de français. Ils présentent leur projet de fin d'année sur l'archéologie régionale : histoire, présentation d'un chantier de fouilles, rédaction d'un récit sur les habitants de la ville au XIIe siècle… Elle essaiera en fin de journée de se greffer sur une heure d'étude dirigée : avec la rémunération au mérite, il vaut mieux accumuler les activités. À ce jeu-là, son collègue Bernard est plus doué qu'elle. Il a monté un club de théâtre et aide les lycéens à gérer le bureau des élèves. Autant d'heures supplémentaires. Il faut dire que Bernard a des raisons d'être motivé : il a attendu son poste pendant quatre ans. Après son concours, impossible de trouver un poste correspondant à son profil. En attendant, il a travaillé pour une officine de soutien scolaire. Mais maintenant que l'éducation nationale lui offre les mêmes possibilités… Quant à sa jeune collègue Nadia, elle a été recrutée par une procédure spécifique, pour incarner la diversité : indispensable dans un établissement comme le leur, classé ambition réussite.

Ce qui existe déjà.

Le rapport Pochard, du 4 février 2008, sur la redéfinition du métier d'enseignant évoquait l'idée de la rémunération au mérite, la bivalence et un prérecrutement adapté pour un public issu de la diversité. Les «35 heures au lycée» étaient une proposition de Ségolène Royal, mais elles étaient également suggérées sous une autre forme dans le rapport Pochard. Une source ministérielle aurait officieusement évoqué, en février 2009, la possibilité de ne pas attribuer automatiquement un poste aux titulaires des concours de recrutement, mais l'idée n'a jamais été commentée officiellement. La réforme du lycée, en développant les missions des enseignants, ouvre la ­porte à la rémunération au mérite.


Les parents terribles

Isabelle et Stéphane se sont réveillés aux aurores ce samedi matin. Ils sont convoqués au collège de leur fils Jérôme pour une remise à niveau. Pendant deux heures, on va leur donner les bases du «métier de parents». Il faut dire que Jérôme est infernal. Insolent, indiscipliné… C'est décidé, l'année prochaine, ils l'inscrivent dans le privé. Avec leur chèque-éducation, distribué aux familles par le ministère, ils ont le choix de l'établissement. Et puis, même si Jérôme ne fait pas grand-chose en classe, ce qui compte, c'est qu'il ait son bac. C'est pour cela qu'ils ont souscrit l'assurance vendue par une officine de soutien : bachelier ou remboursé. Et pour cette convocation, ils ont tout de même prévenu leur avocat. On ne sait jamais… L'année dernière, ils ont dû porter plainte contre l'Éducation nationale : la sœur de Jérôme, alors en terminale, avait manqué une semaine de cours à cause d'un professeur absent. La justice a tranché : l'institution était responsable de sa mauvaise note de maths au baccalauréat.

Ce qui existe déjà.

Les écoles de parents se multiplient sous forme d'associations. Certaines mairies et certains établissements scolaires proposent des formations à la psychologie de l'enfant, à l'autorité… Le chèque-éducation est une revendication notamment de l'association SOS Éducation. En 2006, l'État a été condamné pour l'absence d'un professeur de philosophie, cause, selon l'élève plaignant, de son 6/20 au baccalauréat.


Les enfants terribles

Le bonheur à l'école, ça existe. Arthur, 15 ans, ne vivra pas les heures d'insupportable ennui qu'ont subies ses parents à écouter vaguement un professeur, assis sur une chaise au fond de la classe. Certes, il ne voit pas bien l'intérêt de ce qu'on lui fait faire, mais il a au moins compris comment avoir de bonnes notes. Et puis, il est payé pour venir en cours : enfin, il voit un sens à l'école. D'ailleurs, sa classe aura droit cette année à un voyage en Espagne. Les élèves de sa classe ont été les plus assidus, avec un taux de présence de 96 %, et leurs résultats sont les meilleurs du lycée. Bon, il a fallu secouer un peu Martin, qui n'était pas motivé, mais tout le monde s'y est mis. Ce matin, Arthur remplit son livret de compétences pour le domaine «autonomie et esprit d'initiative». Il a su mener son projet de groupe sur les langues méditerranéennes, il a eu l'idée d'aller chercher des documents sur Internet et, surtout, d'ajouter un passage sur l'entraide entre les peuples… : il peut cocher tous les items. Et ne parlons pas de ceux qui concernent les langues ! Et comme le livret de compétences valorise les engagements extérieurs, il pourra faire mention de ses cours de batterie et de son groupe de rock. Le matin, il travaille sur ses projets, et l'après-midi, on vérifie les connaissances acquises, on les fixe avec un enseignant. Mais plus de notes surtout : au dernier conseil d'administration, les lycéens ont voté contre ce couperet qui augmente le stress au travail. Et ils sont des travailleurs comme les autres. Arthur a un tuteur et pratique chaque matière dans des groupes de niveaux. Comme les modules sont thématiques, il n'aura peut-être pas traité le même programme que son voisin Yohann. Mais peu importe : il est jugé sur ses capacités méthodologiques, la qualité de ses recherches… Et si les notes ne suivent pas, il pourra toujours attribuer une mauvaise évaluation à l'un des professeurs, puisque les élèves donnent leur avis en fin d'année.

Ce qui existe déjà.

L'organisation en une demi-journée de projets et une demi-journée de vérification des connaissances, ou une demi-journée de cours et une demi-journée d'ateliers, est actuellement expérimentée dans plusieurs lycées en France. La rémunération des élèves assidus est une des dispositions mises en place par le Haut-Commissariat à la jeunesse. Le livret de compétences a été validé par Luc Chatel et Martin Hirsch ; il tient également une place dans la réforme du lycée. L'idée de faire évaluer les professeurs par les élèves est proposée par de nombreux travaux de recherche en sciences de l'éducation. Un site Internet finalement supprimé l'avait mise en place.

Les Etats-Unis étaient en mesure de capturer Ben Laden en 2001

Un rapport de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, rendu public au cours du week-end, révèle que l'armée américaine aurait pu capturer Oussama Ben Laden à la fin de l'année 2001, alors que celui-ci se cachait dans la région montagneuse de Tora-Bora, en Afghanistan. Selon le document, commandé par le sénateur démocrate John Kerry en prévision d'une augmentation du contingent américain en Afghanistan, l'armée américaine aurait pu mobiliser plusieurs milliers d'hommes pour traquer le leader islamiste, qui était à ce moment-là particulièrement "vulnérable".
Mais plutôt qu'envoyer les milliers de soldats à leur disposition, les responsables militaires américains auraient privilégié une approche moins "massive". Ils aurait ainsi rejeté une demande de renforts déposée par les officiers américains responsables sur le terrain, envoyant, en plus de frappes aériennes ciblées, un commando d'une centaine d'hommes aidés par des miliciens afghans. "Les multiples atouts de la puissance militaire américaine (...) ont été laissés de côté", résume le document.

"BEN LADEN ÉTAIT À NOTRE PORTÉE"

Se basant sur des documents déclassifiés, des entretiens et des archives, les auteurs du rapport affirment que ces informations "lèvent tout doute à ce sujet et montrent clairement qu'Oussama Ben Laden était à notre portée à Tora-Bora" aux alentours du 16 décembre 2001. Par la suite, Ben Laden aurait quitté la région "sans encombres" pour se rendre dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, où il se trouverait toujours.

"Eliminer le leader d'Al-Qaida du champ de bataille il y a huit ans n'aurait pas éliminé la menace terroriste pesant sur le monde", explique le document. Mais les décisions prises par l'ancien président George W. Bush, son secrétaire d'Etat, Donald Rumsfeld, et le responsable des armées de l'époque, Tommy Franks, "ont permis à Ben Laden d'apparaître comme une figure symbolique qui continue d'attirer des fonds et d'inspirer des fanatiques dans le monde entier". Le rapport va plus loin, estimant que le fait d'avoir laissé Oussama Ben Laden en liberté a contribué "au renouveau taliban en Afghanistan, tout en attisant les tensions au Pakistan voisin".

La Suisse n'échappe pas au débat sur la visibilité de l'islam

Patrick Haenni, chargé de recherche à l'Institut Religioscope basé à Fribourg (Suisse) a codirigé Les Minarets de la discorde (Infolio éd., novembre 2009), analyse l'interdiction de construire des minarets, une des questions posées par le référendum populaire du 29 novembre en Suisse.
Cette interrogation sur la visibilité de l'islam en pays non musulman est-elle typiquement suisse ?

La spécificité suisse repose sur la votation : ce dispositif impose aux citoyens de se prononcer sur des questions que l'on ne pose pas en ces termes ailleurs ; on crée un effet d'opinion sur un agenda imposé par des groupes particuliers. En Suisse, l'alliance des opposants aux minarets est circonscrite à la droite nationaliste et à une partie des courants évangéliques, liés aux chrétiens sionistes. Mais même au sein de l'Union démocratique du centre (UDC), qui porte le débat, certains sont opposés à ce vote, car ils redoutent les effets économiques, dans les pays arabes, d'une éventuelle interdiction.

Cela dit, la question des minarets s'inscrit dans une dynamique plus large. On la retrouve aussi en France, avec le débat sur l'interdiction de la burqa. La nouveauté de ces mobilisations est qu'elles se font sur la visibilité de l'islam et sur la dimension idéologique de cette religion. L'Union démocratique fédérale, qui est l'expression des évangéliques en Suisse, défend le côté chrétien du pays ; à leurs yeux, l'islam ne représente pas une menace en termes d'immigration, - même si la population musulmane connaît une croissance rapide, avec 400 000 personnes et 5 % de la population - mais porte le risque d'un clash des religions. D'ailleurs, que ce soit en France avec 367 burqas ou en Suisse avec quatre minarets, on est bien dans des logiques de combat symbolique plus que sur des problèmes touchant la société réelle.

Comment se positionnent la population et les associations musulmanes dans ces débats ?

De manière dominante, elles sont en retrait et préfèrent ne pas jeter d'huile sur le feu. D'autant que ces sujets ne font pas forcément consensus dans la communauté musulmane. En Suisse, le débat sur les minarets se déroule principalement entre forces politiques, à l'exception d'interventions de l'universitaire suisse Tariq Ramadan.

Quelle est votre réponse de sociologue face aux peurs "d'expansion de l'islam", qui, pour certains, constituent la toile de fond de ces débats ?

L'islam, en tant que fait théologique, est bien prosélyte et universaliste. Mais quand on s'intéresse au réel, c'est la sociologie qu'il faut mobiliser : l'expansionnisme d'une religion se fait soit par un projet politique ou militaire, soit par les conversions, soit par la démographie. Or, en Europe, les porteurs d'un projet politique, les Frères musulmans, n'arrivent pas à l'articuler dans une situation de minorité. Ils oscillent entre la représentation communautaire (mais l'échec de l'appel au calme de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) lors des émeutes des banlieues en 2005 a montré qu'ils ne contrôlent pas les banlieues) et le retour à la prédication.

Mais, sur ce terrain, le courant qui est vraiment efficace aujourd'hui, c'est le salafisme. Or pour ce courant, certes radical au niveau du dogme, l'idéal c'est la "hijra", le retour dans les terres d'islam. Ses membres s'inscrivent dans du religieux pur, et la perspective du départ provoque un désinvestissement du champ politique. Le fondamentalisme qui marche est donc apolitique. Quant à sa frange djihadiste, elle poursuit un but de destruction sans véritable projet politique. Plus généralement, le "retour de l'islam" se fait non par un projet militant mais par l'individu. Il vise plutôt une normalisation culturelle de l'islam dans le cadre de la culture de masse globalisée (rap islamique, Hallal Fried Chicken, streetwear islamique...)

Restent la natalité et les conversions. Dans les pays musulmans, à l'exception du Pakistan et de l'Afrique noire islamique, la démographie est en chute libre. Quant aux conversions, elles existent, mais fonctionnent dans les deux sens.
Propos recueillis par Stéphanie Le Bars

Les Suisses se prononceraient en faveur de l'interdiction des minarets

Selon les premiers sondages sortie des urnes, les électeurs suisses appelés, dimanche 29 novembre, à se prononcer par référendum sur l'interdiction de la construction de nouveaux minarets auraient voté majoritairement en faveur de celle-ci. Cette votation populaire, organisée à l'initiative du parti de droite populiste Union démocratique du centre (UDC), se terminait à la mi-journée et les résultats définitifs sont attendus dans l'après-midi.
Mais la télévision suisse romande (TSR) était déjà en mesure de dire que le "oui" l'emporterait au niveau national, estimant qu'il a recueilli 59 % des voix. Les présentateurs ont qualifié ce résultat "d'immense surprise", puisque les sondages effectués avant le scrutin donnaient le "non" gagnant. Le quotidien Le Temps rapporte lui aussi des projections qui donnent le "oui" gagnant avec 59 % des voix, alors que la ville de Genève voterait majoritairement "non" à l'interdiction de nouveaux minarets à 59,3 %.

Cinq résultats définitifs sont connus pour l'heure : Glaris, Argovie, Appenzell Rhodes-Extérieures, Schaffhouse et les Grisons (58,6 %) acceptent nettement l'initiative. Lucerne approuverait également le texte, tout comme Zurich à 52,7 %.

L'UDC a appelé les Suisses à interdire la construction de minarets, accusés d'être le "symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux". Si ce résultat venait à se confirmer, il pourrait mettre à mal le gouvernement et le Parlement helvétiques, qui ont estimé cette initiative contraire à la Constitution, qui reconnaît la liberté religieuse. Cependant, si une majorité des 26 cantons helvétiques est favorable à l'initiative, ce qui semble être le cas selon les premières estimations, cela permettrait la modification de l'article de la Constitution sur la liberté religieuse.

La Confédération helvétique compte plus de 300 000 musulmans, soit 4 % de la population. Elle possède plusieurs centaines de mosquées, mais une minorité sont dotées de minarets. La controverse est née de la multiplication des demandes de permis de construire. Pour les partisans du "oui", qui font eux aussi valoir la liberté de culte garantie par la Constitution, les minarets n'ont pas de justification religieuse puisqu'ils ne sont pas mentionnés dans le Coran.

Le carré de dames de Sarkozy pour l'Ile-de-France

Chantal Jouanno, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet et Rama Yade sont les quatre cartes maîtresses de l'UMP pour la conquête de la Région.

Elles s'étaient donné rendez-vous place des Grands Hommes. Nathalie Kosciusko- Morizet est arrivée la première. La secrétaire d'Etat à l'Economie numérique a la réputation d'être toujours à l'heure. Valérie Pécresse et Chantal Jouanno ont suivi quelques minutes plus tard. La ministre de l'Enseignement supérieur et la secrétaire d'Etat à l'Ecologie sortaient d'une conférence de presse non loin de là. Avec Rama Yade. Mais la secrétaire d'Etat aux Sports, retenue par les micros et les caméras, fera attendre quelques minutes supplémentaires ses collègues sur les marches de la place du Panthéon.

Mais ce n'est pas une place au Panthéon que visent ces quatre jeunes femmes. Leur ambition est purement politique : gagner la Région Ile-de-France, détenue depuis 1998 par le socialiste Jean-Paul Huchon. Pour l'occasion, elles se sont dépouillées de leurs oripeaux ministériels et ont revêtu leurs tenues de campagne. Ce carré de dames est l'atout majeur de Nicolas Sarkozy pour la campagne des régionales en Ile-de-France.

Candidate à la présidence de la Région, Valérie Pécresse, 42 ans, a convaincu le chef de l'Etat de concentrer ses efforts sur l'Ile-de-France. C'est au cours d'un rendez-vous début octobre qu'elle a obtenu d'avoir à ses côtés Nathalie Kosciusko-Morizet, 36 ans, Chantal Jouanno, 40 ans, et Rama Yade, bientôt 33 ans. Trois jeunes femmes, nommées au gouvernement par Nicolas Sarkozy et qui se lancent pour la première fois dans la bagarre régionale.

La première, NKM, déjà maire de Longjumeau (Essonne), hésitait à se lancer. Un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy a réussi à vaincre ses réticences. La deuxième, Chantal Jouanno, était sollicitée par Jean-Pierre Raffarin pour défier Ségolène Royal en Poitou-Charentes. Nicolas Sarkozy a tranché en faveur de Paris. Restait le cas Rama Yade. Plus délicat à gérer depuis qu'elle avait publiquement émis des réserves sur son parachutage dans le Val-d'Oise.

Dans cette équation, le plus difficile était sans doute de renouer un fil entre Nicolas Sarkozy et Rama Yade. Brice Hortefeux et Frédéric Lefebvre se sont chargés d'aider la jeune ministre à trouver les mots qu'il fallait pour convaincre le chef de l'Etat. Quand elle a fini par comprendre que l'UMP n'était pas dans une logique de sanction contre elle mais dans une logique stratégique d'efficacité politique, elle a pu écrire qu'elle se mettait à la disposition du chef de l'Etat. Du coup, dimanche dernier, il a tranché, laissant Rama Yade en deuxième position derrière André Santini, chef de file Nouveau Centre (NC) dans les Hauts-de-Seine.

Bataille, pour l'instant feutrée, avec Jean-Paul Huchon

Samedi, le conseil national de l'UMP validera la désignation de ses chefs de file. Quatre hommes viendront compléter ce quatuor féminin de choc : Axel Poniatowski dans le Val-d'Oise, épaulé par la jeune maire adjointe de Pontoise, Stéphanie von Euw, 33 ans ; André Santini dans les Hauts-de-Seine ; Laurent Lafon (NC) dans le Val-de-Marne et, sans doute, Patrick Toulmet, en Seine-Saint-Denis.

Cette délicate étape de la composition des binômes passée - et même s'il reste l'ensemble des listes à compléter -, Valérie Pécresse va pouvoir démarrer sa campagne face à Jean-Paul Huchon, au lendemain de l'inauguration de son siège, installé sur l'Equité, une péniche amarrée quai de Javel.

Entre les deux rivaux, la bataille a déjà commencé. Plutôt feutrée pour le moment, elle se joue dans les coulisses des palais de la République. Dernier épisode en date, un déjeuner à l'Elysée le 16 novembre sur le thème du Grand Paris. Autour de la table : Bertrand Delanoë et Jean-Paul Huchon font face à Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, Christian Blanc et Valérie Pécresse.

«Que faisiez-vous à l'hôtel Ibis de Gennevilliers», demande Nicolas Sarkozy à Jean-Paul Huchon ? «Pour ma précampagne, je passe trente-six heures dans chaque département, et pour prendre, à 6 heures du matin, le premier métro du début de la ligne, je dors à l'hôtel.» «Vous dormez à l'hôtel ?» reprend le président, visiblement interloqué ! «Oui, moi, je suis sur le terrain», lance alors le président de la Région. Et Valérie Pécresse de reprendre la balle au bond : «Il visite tous les hôtels de la Région !» La campagne a déjà commencé.

L'Aïd rouvre la question de l'islam en entreprise

Confrontés à la montée des revendications religieuses, les responsables des ressources humaines se retrouvent face à des situations qu'ils ne maitrisent pas toujours.
Vendredi, les musulmans de France ont célébré l'une de leurs fêtes les plus importantes. L'Aïd-el-Kebir commémore le geste d'Abraham qui aurait accepté de sacrifier son fils en signe de dévotion à Dieu. C'est l'occasion pour les musulmans de se retrouver en famille ou entre amis pour célébrer ce moment de foi partagé. Le calendrier musulman n'étant pas fixe, il arrive souvent que les fêtes tombent en pleine semaine. Chaque année se pose le même dilemme pour les pratiquants: comment concilier foi et activité professionnelle? Ces dernières années, beaucoup ont demandé à leur employeur d'être dispensés de travail ce jour- là. Les principales revendications religieuses concernent des salariés de confession musulmane. Un phénomène que les entreprises doivent maintenant intégrer dans leur gestion du personnel. "Au nom du droit à l'égalité, la jeune génération veut du poisson à la place du porc et prendre le jour de l'Aïd de plein droit", explique Dounia Bouzar, auteur de Allah a t-il sa place dans l'entreprise? (Albin Michel).

Pour concilier liberté de conscience et intérêt de l'entreprise, les managers doivent sans cesse trouver des solutions. Juridiquement un employeur ne peut pas refuser la demande d'absence d'un salarié pour motif religieux tant que cela ne pénalise pas l'entreprise. Les secteurs dans lesquelles les salariés musulmans sont nombreux ont depuis longtemps adapté les conditions de travail aux pratiques religieuses, comme dans l'automobile ou la grande distribution. Renault a fait aménager dès les années 70 des salles de prières dans ses usines. Dans un supermarché du 15ème arrondissement de Paris, où la plupart des caissières sont musulmanes, le gérant a modifié le temps de travail de ses salariées pendant le ramadan pour leur permettre de rompre le jeûne.

De nombreux responsables des ressources humaines restent démunis face à certaines revendications liées aux interdits alimentaires ou à la tenue vestimentaire. "Nous ne savons pas s'il s'agit de revendications légitimes ou d'excès de zèle de la part de nos salariés", se plaint ce responsable du personnel dans un centre d'appel, qui a souhaité garder l'anonymat tant le sujet est délicat. Car les DRH n'ont qu'une hantise : que le refus soit assimilé à du racisme ou à de la discrimination.

La solution? Légiférer, comme le pense ce responsable des ressources humaines d'une chaine de prêt-à-porter: "Je préfère m'abriter derrière la loi pour contrer les comportements radicaux". Pour d'autres une loi ne résoudra pas le problème. "La gestion des revendications religieuses doit se faire au cas par cas au sein des entreprises, sans que l'État n'intervienne, explique un chargé de recrutement dans une banque. Mais les managers doivent être formés à la gestion de la diversité".
NON ! LA DIVERSITÉ N'A PAS EN INTERVENIR DANS L'ENTREPRISE, SI UN MUSULMAN VEUT SE PLIER À SES OBLIGATIONS RELIGIEUSES SUR SON LIEU DE TRAVAIL, QU'IL LE FASSE MAIS HORS DE SON ENTREPRISE, ET QUE SES HEURES SOIENT DÉDUITES DE SON TEMPS DE TRAVAIL.

Van Capet?

Le mépris est sordide quand il s’exprime sans fard, et ce qui entoure Herman Van Rompuy finit par embarrasser.
Donc, le nouveau président de l’Europe est falot, sans envergure ni personnalité, conservateur et flou, un choix pour ne faire d’ombre à personne, ni à Sarkozy ni à Merkel, un président qui n’en sera pas un, un passe-plats, le renoncement même à la puissance, c’est cela? Et en plus, il est belge, on n’oublie rien? C’est délit de sale gueule, le mépris celtillon pour le petit pays d’en face, du pavlovisme politique, une ignorance crasse aussi de ce qui existe ailleurs. Jacques Attali - chez nos confrères du Soir - décrit un autre Van Rompuy que cet ectoplasme que moquent de concert le centre, la gauche et Giscard d’Estaing. Un homme assez habile ou retors pour tenir ensemble toutes les variétés de Belges saura peut-être faire boire les fauves de l’Union?

Mais à la limite, laissons Van Rompuy et concentrons-nous sur l’illogisme des railleurs. Qui voudraient-ils, les indignés? Un patron? Doté de quelle légitimité? Les mêmes, si Blair était passé, auraient fusillé sur place l’ex-"caniche de Bush". Soyons sérieux. On pourrait imaginer un grand Européen présider l’Europe, une autorité tutélaire sans pouvoir politique affirmé, une figure morale, un oiseau rare, un Jean-Paul II laïque et vivant et malléable, parce que tout de même? La seule chose qui n’existe pas, c’est un líder máximo aux contours de l’Union. Heureusement, d’ailleurs. L’Europe est viable aussi de sa modération et de ses compromis…

Valéry Giscard d’Estaing, qui présida la France au siècle dernier, regrette qu’on n’ait pas trouvé un "George Washington" pour aller à Bruxelles. Le concept est curieux. Washington, patricien et révolutionnaire, inventa les Etats-Unis contre l’Angleterre coloniale, après une guerre d’indépendance sanglante… Mais contre qui le Washington européen bataillerait-il? De qui devrait se libérer l’Europe? D’elle-même? De ses gouvernants? Sur quelle base, d’après quelle élection, pour quel programme? Pour le plaisir d’un mot, Giscard forge un concept inutilisable. Cette Europe, pourtant, il la connaît, il l’a faite, il l’a ratée aussi, en fabriquant une constitution invendable et rejetée en 2005…

On en revient toujours au mensonge fondateur de l’Union. L’Europe est en construction par le haut, par les Etats, pas par les peuples, mais qui donc les peuples choisiraient-ils? On pourrait imaginer l’europarlement prenant le pouvoir, tels les Etats généraux de 1789, et désignant en son sein… qui ça, au fait? Un Mirabeau européen? En attendant, la seule autorité reste celle des Etats, et de leurs gouvernants, et c’est pure logique de les voir choisir entre eux celui qui les coordonnera au mieux. Avec eux. Pour eux. Par eux. Il n’y a rien d’autre. Après, on verra bien, et Van Rompuy sera le mouton enragé? On peut aussi rêvasser à l’histoire de France, à ce noble désigné un jour par ses pairs pour être roi de France, pourtant toisé par ses propres vassaux. S’il se hasardait à lever la voix, Hugues Capet se faisait rembarrer: "Qui t’a fait roi?" Puis les capétiens ont mené leur affaire. Mais Van Rompuy, a priori, ne fera pas dynastie.

Querelle de minarets chez les Helvètes

Un vent mauvais souffle au pays des edelweiss. Dimanche, les Suisses vont se rendre aux urnes afin de se prononcer pour ou contre l’interdiction de la construction de minarets aux côtés des mosquées dans la Confédération. A l’initiative de cet étrange référendum?

Un comité formé de membres de l’Union démocratique du centre (UDC, droite populiste) et de l’Union démocratique fédérale (UDF, chrétiens d’inspiration évangélique). Depuis avril 2007, cet attelage est parti en guerre contre les édifices islamiques, dénoncés comme une agression culturelle et politique insupportable sur les verts pâturages helvètes.

L’affaire fait grand bruit. Il suffit de regarder les immenses panneaux posés devant la grande poste de la rue du Mont-Blanc, à Genève, pour se rendre compte de l’ampleur de la polémique qui agite la Suisse. "Non à l’initiative anti-minarets"; "Pas de nouvelle guerre de religion en Suisse"; "Repartir en croisade? Sûrement pas!" Pour une fois, il y a quasi-unanimité: partis politiques de tous bords, associations et églises de tout poil rejettent vivement l’initiative. "Tout simplement parce que personne n’est dupe, explique Patrick Haenni*, chercheur au Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (Gris). A l’ombre du minaret se cache le racisme."
"Une religion agressive se développe"

La campagne, violente, ne recule pas devant les moyens de propagande. Comme ces affiches de l’UDC qui montrent de menaçants corbeaux noirs s’attaquant au territoire helvète. Au siège genevois de l’UDC, on veut croire à une victoire qui semble pourtant improbable: selon le dernier sondage publié cette semaine, 37% des Suisses seraient prêts à valider la guerre contre les minarets – ce qui n’est tout de même pas rien – tandis que 53% se disent opposés à l’interdiction de leur construction.

"Là où il y a un minaret, une religion agressive se développe, souligne avec conviction le député cantonal de Genève et secrétaire général de l’UDC Eric Bertinat. C’est une initiative préventive. Le problème est posé démocratiquement. Après, au gouvernement suisse d’en tirer les conséquences et d’apporter une solution." Et de s’en prendre à ces "cérébraux" qui viennent dire que ce n’est pas en s’attaquant aux minarets que l’on réglera la place de l’islam dans le paysage helvétique. "L’idée, assure-t-il, c’est d’envoyer un signal fort à une population qui a une réelle difficulté à s’intégrer, à l’inverse des Italiens, Espagnols ou Portugais des années 1970."
"Radicalisation identitaire"

En réalité, seuls quatre minarets ont été construits en Suisse, et deux sont encore à l’état de projet. "Cette histoire montre que nous assistons à une nouvelle conflictualité autour de l’islam en Suisse, poursuit le chercheur Patrick Haenni. Désormais, on se mobilise ouvertement contre l’islam, et non contre l’immigration. On est dans une logique de radicalisation identitaire des deux côtés."

S’attaquer directement aux mosquées n’aurait pas marché. Ali Benouari, président de l’association des musulmans laïques, en est convaincu. "En s’en prenant ainsi aux minarets, ces gens se sont prémunis contre le risque que leur projet soit invalidé par les autorités fédérales qui y auraient vu une charge contre l’islam, ce qui est bien sûr contraire à la Constitution helvétique. Maintenant, on peut se poser la question du bien-fondé de ce débat. Je dirais oui, crevons l’abcès. Cette initiative a déjà obligé partis et associations à se positionner et à déclarer leur refus de la discrimination à l’égard de l’islam."

Il n’empêche. Beaucoup se disent déjà qu’il y aura un avant et un après. Pourquoi pas, selon Ali Benouari, qui reste d’un optimisme à toute épreuve. "Après tout, remarque-t-il, ce débat n’est pas seulement helvético-suisse: il concerne aussi les musulmans d’autres pays qui ne peuvent faire l’économie d’une réflexion sur la place de l’islam à l’Ouest." Optimisme qu’est loin de partager le Syro-Libanais Alain Bittar, qui tient une librairie arabe derrière la gare de Genève: "Cette affaire va créer des problèmes au lieu d’en résoudre parce que la lecture du résultat va de toute façon ulcérer une communauté", prédit-il.

* Les Minarets de la discorde, sous la direction de Patrick Haenni et Stéphane Lathion, Religioscope/Infolio
LE DÉBAT DOIT ÊTRE PORTÉ EN FRANCE AUSSI.
Notre pays n'a pas vocation à devenir une république islamique, nous avons déjà 3 millions de musulmans en France, c'est assez, non ?

Quelques événements du 29 NOVEMBRE

29 novembre 1226
Louis IX est sacré roi de France à 11 ans, C'est sa mère et régente Blanche de Castille qui précipite le sacre, une révolte des vassaux menaçant la couronne.

29 novembre 1314
Philippe IV, né en 1268 et surnommé le Bel, fils et successeur de Philippe III, parvint à la couronne en 1285. Il est, avec Philippe Auguste et Louis IX, un des principaux artisans de l'unité française au Moyen Age. Il étend le domaine royal en reprenant les terres que son prédécesseur Louis IX avait généreusement distribuées. Il acquiert de nombreuses villes dont Lille et Douai. Il s'entoure d'hommes de loi pour affirmer une image du pouvoir royal indiscutable. Pour ce faire, il lutte durant tout son règne contre les seigneurs des Flandres, contre l'autorité du Pape Boniface VIII et contre la puissance des Templiers, ordre religieux et militaire.
L'an 1302, les Flamands massacrèrent toutes les garnisons françaises. Philippe envoya aussitôt cinquante mille hommes pour venger cette horrible trahison. Un tisserand, à la tête d'un ramas de paysans, surprend cette armée qui dédaignait de se tenir en garde contre des troupes indisciplinées, et eu fait un grand carnage auprès de Courtrai. Philippe marche lui-même en Flandre à la tête de nouvelles troupes ; il présente la bataille aux rebelles près de Mons en Puelle, et remporte sur eux la célèbre bataille de ce nom (18 août). A son retour il attaque des ennemis plus difficiles à vaincre que les Flamands ; c'était les préjugés de son siècle : il tenta d'abolir cet usage atroce de prendre le fer pour juge de toutes les contestation ; mais malgré cette sage ordonnasse, le duel se renouvela encore.
L'ordre des templiers était parvenu à un degré de puissance qui excitait la jalousie de tous les corps de l'État. Philippe, cédant à la haine universelle, ou plutôt à l'envie de s'emparer de leurs riches dépouilles, anéantit cet ordre en 1312 : des accusations absurdes et infâmes furent le prétexte de la persécution la plus horrible contre eux.
On reproche encore à Philippe d'avoir altéré la monnaie ; ce qui produisit des troubles dans Paris. Le peuple, que ruinait cette variation continuelle des monnaies, lui donnait hautement le nom de faux monnayeur. Ces fautes ne sont point assez réparées par les lois qu'il établit contre le luxe, et par les titres de noblesse qu'il accorda aux français qui avaient bien servi l'État. Il fit tant de mal, qu'on ose à peine le louer du bien qu'il a fait.

29 novembre 1780
Mort de Marie-Thérèse, impératrice d'Allemagne, reine de Hongrie et de Bohème, célèbre par son caractère énergique et par le courage avec lequel elle parvint à reconquérir un trône que lui disputaient la Bavière et la Prusse.

Le Centre Pompidou en grève depuis six jours

Le Centre Pompidou est resté fermé au public samedi, au sixième jour d'une grève des personnels préoccupés par la perspective d'une baisse des effectifs.

Les personnels du Centre Pompidou, réunis samedi en assemblée générale, ont reconduit la grève engagée le lundi 23 novembre pour s'opposer aux réductions de postes prévues, a indiqué l'intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFTC, UNSA de l'établissement public dans un communiqué.


Les salariés demandent également un réajustement de la subvention allouée par l'Etat pour charge de service public, ainsi qu'une revalorisation de la grille des salaires.

L'intersyndicale s'étonne du «silence assourdissant de Frédéric Mitterrand». «Au 6e jour de grève, le ministre de la Culture reste sourd aux revendications» des personnels, déclare-t-elle.

Une grève générale des musées prévue le 2 décembre

Les syndicats contestent l'application au Centre Pompidou, à compter du 1er janvier 2010, de la règle du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, qui est de mise dans la fonction publique. Cela signifierait la suppression de 26 emplois en 2010 et de 23 emplois en 2011.

Les personnels du Centre Pompidou «applaudissent la décision de l'intersyndicale du ministère de la culture d'appeler à une grève reconductible dans tous les établissements et services du ministère à partir du mercredi 2 décembre», écrit l'intersyndicale de l'établissement.

Les organisations syndicales CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, SUD, UNSA du ministère de la Culture ont déposé ce préavis de grève pour protester contre la deuxième phase de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP). Après l'administration centrale du ministère, c'est à présent aux établissements publics culturels (musées, monuments, établissements d'enseignement supérieur, archéologie) d'être touchés par cette politique d'économies.

Nicolas Sarkozy attaque le Parti socialiste et les écologistes

POLITIQUE - Le président de la République a lancé samedi la campagne de l’UMP aux régionales...
Nicolas Sarkozy part en campagne. Le président de la République s'en est pris samedi devant le Conseil national de l'UMP au Parti socialiste, accusé d'agiter le «chiffon rouge» des sans-papiers pour «faire remonter le Front national» alors que les élections régionales se profilent.

«Lorsque je vois qu'une personne pour qui j'ai du respect, qui est responsable d'une grande formation politique républicaine d'opposition, appelle à la régularisation massive des sans-papiers, est-ce que vous croyez que je n'ai pas compris la manoeuvre?», a lancé Sarkozy en évoquant Martine Aubry, lors de ce discours.

«Il n’y aura pas de régularisation générale des sans-papiers»

«De la même façon que le PS dans les années 1980 a exploité le FN pour gagner les élections, il s'agit, à trois mois des élections régionales, d'agiter le chiffon rouge pour faire remonter l’extrême droite», a-t-il ajouté sous les applaudissements.

«Tant que je serai président de la République, il n'y aura pas de régularisation générale parce que cela a été une catastrophe partout où ça a été fait», a-t-il insisté.

Mais Nicolas Sarkozy n’avait pas que le PS dans le viseur. Malgré leur succès aux Européennes, il a également fustigé les écologistes. «Quand j'entends nos écologistes parfois dirent qu'ils vont faire campagne sur le thème de la décroissance… Est-ce qu'ils savent qu'il y a du chômage, de la misère dans le monde et qu'il y a près d'un milliard de gens qui ne mangent pas à leur faim? Est-ce qu’ils savent que la décroissance ça veut dire plus de misère pour tous ces gens-là?», a-t-il asséné.

Un vrai discours de campagne

Le Président en a aussi profité pour justifier l'instauration de la taxe carbone, qui a fait grincer pas mal de dents dans son propre camp. «Je vous demande d'avoir le courage d'assumer des choix structurants. Lorsque les Français recevront leur chèque en février, ils comprendront.»

Au-delà de l'environnement, le chef de l'Etat a longuement justifié toutes les mesures prises depuis son élection, de la baisse de la TVA dans la restauration au bouclier fiscal, évoquant une «oeuvre gigantesque de modernisation de la France».

«Depuis deux ans et demi, tous les débats sans exception, c'est nous qui les portons. Toutes les initiatives sans exception, c'est nous qui les prenons, a-t-il revendiqué. Vous êtes une famille qui est à un niveau jamais égalé dans toute l'histoire de la droite et du centre!» Cette fois c’est sûr, il pense aussi aux régionales en se rasant.

Régionales : blocage chez les Verts sur la candidature de Marie Bové

Les Verts Aquitaine ont désigné, samedi 28 novembre, la conseillère régionale Monique de Marco comme tête de liste Europe-Ecologie pour les élections régionales, mais ont refusé d'entériner la désignation de Marie Bové, la fille de José Bové, en chef de file en Gironde.
Les composants "non-verts" d'Europe Ecologie avaient accepté que Monique de Marco, élue des Verts, prenne la tête de liste régionale mais réclamaient la tête de liste dans trois départements, dont la Gironde.

Les Verts Aquitaine ont toutefois voté contre les deux scénarios qui leur ont été proposés pour la Gironde. Ces deux scénarios confiaient la tête de liste départementale à Marie Bové, 34 ans, militante politique sans être encartée, que le député-maire de Bègles, Noël Mamère, avait proposée à la candidature à la tête de liste régionale.

Ce "blocage", attribué au manque d'expérience de Marie Bové selon plusieurs responsables Verts, devra être résolu dans les prochains jours par le Conseil politique régional. Marie Bové, à l'issue du vote, a rappelé à la presse que "les principes fondateurs d'Europe-Ecologie prévoient une parité parfaite au niveau des têtes de liste" et que la liste ne pourrait se prévaloir du "label Europe-Ecologie" que si les "non-Verts" obtenaient trois chefs de file départementaux, les Verts en ayant deux en plus de la tête de liste régionale.

Or, a-t-elle regretté, outre la situation de la Gironde, les Verts ont désigné samedi trois têtes de liste pour les Verts (Pyrénées-Atlantiques, Dordogne et Landes) contre une seule pour les "non-Verts" (Lot-et-Garonne).

Les médecins militaires appelés en renfort contre la grippe H1N1

Depuis une semaine, les centres de vaccination sont pris d'assaut. Les autorités ont décidé de renforcer le dispositif, faisant appel à l'armée et à la médecine du travail et réquisitionnant des internes.
Devant l'afflux de demandes de vaccination contre la grippe H1N1, le gouvernement a décidé de faire appel au service de santé des armées pour renforcer son dispositif mis en place le 12 novembre. Le nombre de personnes vaccinées est passé de 12.000 le 12 novembre, date d'ouverture des centres de vaccination collective, à près de 120.000 le 25 novembre, précisent les ministères de l'Intérieur et de la Santé samedi dans un communiqué.
"Depuis une semaine, l'adhésion de la population à la vaccination (...) est en forte augmentation, provoquant, souvent et essentiellement dans les centres urbains, des tensions sur le dispositif mis en place", constatent-ils. Sur 1080 centres prévus en métropole, les deux tiers fonctionnent à ce jour et sont souvent pris d'assaut par la population rendue inquiète par la propagation de l'épidémie. Le dernier bilan communiqué vendredi par l'Institut national de veille sanitaire (InVS) faisait état de 76 morts, dont deux à la suite d'une mutation du virus, soit huit décès de plus en deux jours.

Pas de bon, pas de vaccin

Le président Nicolas Sarkozy, en visite dans les Caraïbes, a annoncé peu après un renforcement du dispositif de vaccination. Conformément aux directives du chef de l'Etat, des instructions ont été données aux préfets pour ouvrir "très rapidement" les centres non encore opérationnels et pour allonger les plages d'ouverture de ceux en service, notamment les mercredis et les samedis, indique le communiqué du gouvernement. Des ressources complémentaires sont également annoncées avec 650 internes mobilisés quotidiennement dans les centres et l'appui des médecins du travail et du service de santé des armées. "A partir de la semaine prochaine, nous recrutons des médecins du travail, des médecins salariés qui vont venir dans les centres, et (...) également des médecins du service de santé des armées", a par ailleurs assuré la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, lors d'une conférence de presse.

Première mesure concrète prise à Paris : les capacités de vaccination contre le virus H1N1 pandémique vont doubler dans "chacun des 12 centres pour adultes actuellement ouverts" à Paris, d'ici le "milieu de la semaine prochaine", a déclaré samedi la préfecture de police dans un communiqué.

Les ministères de l'Intérieur et de la Santé rappellent, dans leur communiqué, que "seules les personnes munies d'un bon émis par l'assurance maladie peuvent se présenter" dans les centres afin de respecter les procédures prévues pour la campagne.