TOUT EST DIT

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lundi 17 janvier 2011

Tunisie: 6 ministres de Ben Ali reconduits

Ben Ali, J+4. Les Tunisiens attendent à présent leurs élections libres. Suivez en direct les événements de ce lundi.

 
16h35 La révolution tunisienne se joue dans la rue, pas à la tête de l'Etat. Un gouvernement d'union nationale vient d'être nommé, dans lequel six ministres sont reconduits dans leurs fonctions. Parmi eux, le Premier ministre sortant Mohammed Ghannouchi, ainsi que Kamel Morjane dans ses fonctions de ministre des Affaires étrangères. 
Les ministres de la Défense, de l'Intérieur, des Finances gardent également leur poste. Trois chefs de partis de l'opposition ont également été nommés. 
15h45 Le ministre français de la Défense, Alain Juppé, a déclaré à Bordeaux que les pays "occidentaux", considérant que la Tunisie était un pays "stable", avaient "sous-estimé l'exaspération de l'opinion publique tunisienne face à un régime policier" et "dictatorial". 
"Tous les pays, disons occidentaux au sens large du terme, européens et américains, ont considéré que la Tunisie était un pays stable politiquement, qui se développait économiquement, où le statut de la femme s'améliorait, où des classes moyennes émergeaient, où un effort important a été fait du point de vue de l'éducation", a déclaré Alain Juppé. 
15h18 Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a plaidé lundi pour le principe de non ingérence en Tunisie, soulignant, pour justifier l'attitude du gouvernement français, que "personne ne pouvait prévoit ce qui allait se passer". "Nous n'avons pas à avoir une lecture politique d'événements qui se produisent dans un pays souverain et ami". 
Il répondait à une question sur la proposition de Ségolène Royal que le PS "puisse se constituer en force d'observation" lors des futures élections en Tunisie. "Il y a une procédure pour qu'il y ait des missions d'observation des élections. Elles peuvent être déclenchées à la demande des pays concernés, de l'Union européenne ou de l'ONU. L'Assemblée respectera scrupuleusement la souveraineté des Tunisiens et les procédures internationales", a-t-il ajouté.
"Que diraient les observateurs si la France, s'agissant de surcroît d'un pays qui a été sous protectorat français jusqu'en 1956, se mêlait de manifestations, pour les soutenir ou les combattre, ou se mêlait de l'évolution du régime. C'est une question extrêmement difficile", a-t-il ajouté. 
Retrouvez d'autres commentaires de responsables français sur la situation tunisienne dans le zapping des matinales de ce lundi. 
15h10 Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé lundi à Abou Dhabi à un rétablissement rapide de l'ordre en Tunisie, où l'insécurité persistait trois jours après la fuite du président sous la pression de la rue. 


Steve Jobs de nouveau en arrêt maladie

Le fondateur d'Apple a prévenu lundi ses équipes qu'il prenait à nouveau du temps pour s'occuper de sa santé. Il conserve son titre de PDG et participera aux décisions stratégiques tandis que son numéro deux, Tim Cook, assurera la gestion quotidienne.
Apple a profité du Martin Luther King day, férié aujourd'hui aux Etats-Unis, pour annoncer que Steve Jobs allait s'absenter à nouveau pour raison médicale. Une façon de laisser aux investisseurs américains le temps d'absorber la nouvelle avant la publication, mardi, des résultats du premier trimestre. Le mot que Steve Jobs a envoyé à ses équipesétait bref, promettant un retour dès que possible et assurant qu'il conservait son titre de PDG et qu'il serait impliqué dans les décisions stratégiques.

Comme les fois précédentes, le numéro deux d'Apple, Tim Cook, va assurer l'intérim et gérera l'opérationnel au quotidien. Il avait pris le relais une première fois en 2004, pendant deux mois, quand Steve Jobs s'était fait opérer d'une tumeur au pancréas. Puis une deuxième fois, il y a exactement deux ans à la même époque, lorsque le fondateur d'Apple s'est absenté six mois afin de subir et de se remettre d'une greffe du foie. Ces périodes d'intérim se sont passées sans heurts et les produits ont continué à sortir en temps voulu. Tim Cook, qui était précédemment chez Compaq, est considéré comme le dauphin le plus probable. Mais c'est aussi un dirigeant que certaines sociétés de high-tech aimeraient bien débaucher.
PDG de la décennie

Cette année, Apple est devenue la première capitalisation boursière des valeurs technologiques détrônant Microsoft. Celle-ci s'établit aujourd'hui à 320 milliards de dollars et la firme à la pomme est seulement devancée par Exxon Mobil (392 milliards de dollars). Il est probable que l'annonce du nouveau congé de Steve Jobs pèse sur le titre demain aux Etats-Unis (il a dégringolé de plus de 7% dans l'après-midi à Francfort) mais cet effet pourrait être contrebalancé par l'annonce de très bons résultats qui résultent notamment d'excellentes ventes de l'iPad.

Le dernier produit phare d'Apple est un succès, comme l'ont été l'iPhone, l'iPod et les ventes de portables et de Mac, dont les gammes sont régulièrement renouvelées et conquièrent un public de plus en plus large. « Au cours des dix dernières années, il a radicalement et avec profit réorganisé trois marchés -la musique, les films et les téléphones mobiles-et son impact sur son industrie d'origine, l'informatique n'a fait que grandir », soulignait « Fortune Magazine » en novembre 2009, dans une édition consacrée à Steve Jobs, «le PDG de la décennie ». Son influence sur le cinéma s'est traduite via Pixar, une société spécialisée dans le film d'animation qu'il a depuis revendue à Disney dont il est aujourd'hui l'actionnaire le plus important.
Le bien le plus précieux d'Apple

Steve Jobs a été à l'origine d'Apple mais aussi la clé de son renouveau. L'histoire de l'homme et de la firme a été tumultueuse. Après l'avoir co-fondée en 1976 avec Steve Wosniak, il est renvoyé par le conseil d'administration en 1985. Il reviendra en 1997 après avoir crée entre temps deux sociétés (Next et Pixar) et revitalisera le constructeur informatique, le transformant au passage en un géant de l'électronique grand public. A Londres cet hiver, par exemple, la Tate Museum prêtait des iPod pour suivre les explications audio et vidéo de l'exposition dédiée à Gauguin qu'on pouvait également télécharger sur son iPhone.

L'influence de Steve Jobs sur des pans entiers de l'économie et de la culture, sa vision unique des produits qui plairont au public, son sens des affaires, en font un entrepreneur exceptionnel. Autant dire que sa santé est sans doute l'un des biens les plus précieux d'Apple aujourd'hui.

Le salaire des traders augmenté depuis la crise



Le couple Ben Ali aurait emporté 1,5 tonne d’or



La zone euro sous pression pour augmenter son Fonds d'aide

Les ministres des Finances de la zone euro sont sous pression pour faire avancer leurs discussions sur une possible augmentation des ressources de leur Fonds de secours, lors d'une réunion lundi qui survient après une semaine de cacophonie sur le sujet.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé lundi que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, "compliquait la situation" avec ses appels à une augmentation des capacités du Fonds.
"Ces propositions isolées ne rendent pas la situation plus facile, mais la compliquent", a dit M. Schäuble, interrogé sur la radio Deutschlandfunk alors que les ministres des Finances de la zone euro doivent se retrouver lundi à partir de 17H00 (16H00 GMT) à Bruxelles pour leur rencontre mensuelle.
Elle sera élargie le lendemain aux ministres de l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne.
Le ministre allemand des Finances a répété la position de Berlin, à savoir qu'il ne voyait "absolument aucune raison à court terme de débattre" de l'augmentation de l'aide aux pays en détresse financière en zone euro.
M. Schäuble a toutefois répété qu'il n'était pas opposé à une réflexion "à moyen terme" sur une modification du dispositif.
Aucune décision ne devrait "être prise lundi" sur la hausse du Fonds, assure une source diplomatique européenne. Mais les discussions sur ce sujet se sont accélérées.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a mis la pression en demandant mercredi aux dirigeants des pays de l'UE de décider début février au plus tard, lors d'un sommet européen, d'augmenter les capacités du dispositif.

Objectif: rassurer une bonne fois pour toute les marchés en profitant de la relative accalmie dont jouissent des pays fragiles comme le Portugal et l'Espagne, qui ont obtenu un répit cette semaine après avoir plutôt réussi des émissions obligataires.
Le Fonds est actuellement doté de 440 milliards d'euros de garanties des Etats de la zone euro, auxquels s'ajoutent des prêts du FMI et de l'UE pour atteindre une force de frappe totale de 750 milliards d'euros.
Mais du fait de garanties nécessaires pour obtenir des conditions de prêt attractives, le Fonds ne peut lever effectivement qu'environ 250 milliards d'euros, le reste devant être mis de côté. L'idée à l'étude serait donc de porter cette capacité de prêt effective à 440 milliards.
Le gouvernement allemand répugne à soutenir une augmentation radicale des capacités du Fonds, de peur d'indisposer son opinion publique alors que l'équipe d'Angela Merkel fait face dans les prochains mois à une série d'élections régionales cruciales.
Le ministre libéral des Affaires étrangères Guido Westerwelle a indiqué dimanche que le gouvernement ne voyait "pas à l'heure actuelle la nécessité d'augmenter" l'enveloppe.
"Je n'ai pas compris les propos du président de la Commission européenne M. Barroso", a-t-il dit dans un entretien à l'édition dominicale du quotidien Tagesspiegel, "quand un Fonds n'est utilisé que dans une petite partie (10% environ avec le plan de soutien à l'Irlande fin 2010, ndlr), il n'y a pas de raison de discuter de son augmentation", selon lui.
José Manuel Barroso a rétorqué qu'il avait le devoir "de défendre le bien de l'Europe", dans une interview à paraître lundi dans l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. "J'attends des dirigeants politiques allemands qu'ils acceptent le rôle de la Commission", a-t-il ajouté.
Le ministre belge des Finances Didier Reynders s'est prononcé en faveur d'un montant deux fois plus important des ressources totales disponibles, à 1.500 milliards d'euros, dans un entretien à l'AFP. Selon lui, les discussions en cours en Europe portent sur de tels montants.
Le doublement du Fonds est "une option" envisagée, même s'il y a "aussi d'autres options imaginables", confirme une source diplomatique européenne.
Les Européens envisagent en effet aussi de doter le Fonds d'outils nouveaux, comme la possibilité de racheter sur les marchés de la dette publique, à l'instar de ce que fait actuellement la Banque centrale européenne.
A l'étude également: l'octroi de lignes de crédit à court terme et une baisse des taux d'intérêt des prêts accordés par rapport à ce qui a été décidé pour la Grèce et l'Irlande.

Nouvelle vendeuse

Le Front National modernise… son image. Marine Le Pen est plus présentable que son père ; elle ne traîne pas dans son sillage les jeux de mots douteux du fondateur du parti et les condamnations au pénal qui ont suivi ; elle ne cultive pas une haine du gaullisme héritée de la guerre d’Algérie et qui a contribué à isoler le Front National de la droite parlementaire. Son discours se veut plus rassembleur que celui de son père. Elle va jusqu’à évoquer Jean Jaurès – « trahi par la gauche » — et se pose en « garante » de la laïcité républicaine à la française.

Pour autant, elle ne coupe aucune passerelle idéologique ou politique avec l’extrême droite et ses thèmes récurrents. Dans sa bouche, la laïcité est un alibi pour développer une logorrhée anti-islam qui fait allègrement l’amalgame entre religion et politique… ce qui est le contraire de la laïcité.

Elle s’appuie, comme son père, sur de vraies dérives qui choquent les Français (prières dans la rue, adaptation des horaires des piscines aux femmes musulmanes, « cantines halal ») pour apporter de fausses réponses-miracle. Dans le registre du « y’a qu’à », elle s’inscrit pleinement dans la tradition antieuropéenne du FN, en réclamant la sortie de la zone euro, voire de l’Union tout entière.

Elle dénonce l’argent-roi, le FMI, Bruxelles et, sur ces points, son discours est presque devenu consensuel de la droite la plus dure à la gauche la plus révolutionnaire. Mais dénoncer tout ce qui ne va pas faisait déjà partie de la stratégie de son père. Il n’y a rien de nouveau du côté du populisme protestataire.

À 82 ans, Jean-Marie Le Pen a réussi une transition dans la pure tradition des partis d’extrême droite. Il a choisi sa fille, ce qui affirme la « marque » du parti et de la famille ; il s’est fait élire président d’honneur, ce qui lui ouvre les portes de toutes les instances du mouvement, et surtout, il garde la présidence de Cotelec, le micro-parti qui collecte les prêts et les dons au Front national. En d’autres termes, il garde la haute main sur les finances, et les deux pieds dans la place. La vitrine est neuve, mais la boutique propose les mêmes produits et, dans l’arrière-boutique, le patron veille. La vendeuse Le Pen, au comptoir, aura du mal à aguicher la droite classique. Ou alors, c’est que celle-ci le voudra bien, en toute connaissance de cause.

Un bon client

Jusqu’au bout, il aura été égal à lui-même, s’appliquant à faire voler en éclats cette respectabilité qu’il n’a jamais cessé, au fond, de rechercher, sans jamais y parvenir. Éternel provocateur, l’homme politique qui manie le mieux la langue française - selon l’appréciation de François Mitterrand - et qui sait se montrer courtois quand il le veut, n’a jamais su résister à la tentation d’un de ces calembours au goût douteux quand ils ne sont pas teintés d’antisémitisme. Hier, pour sa sortie, il s’est laissé aller une dernière fois à l’exercice du dérapage, apparemment jubilatoire, qui a fait la ruine de son image.

Jean-Marie Le Pen a-t-il jamais été intéressé par le pouvoir ? Sans doute pas. C’est la scène qu’il préfère, à l’image de ces one-man-show déambulatoires qu’il s’est longtemps imposés pour éprouver le plaisir, raconte-t-il volontiers, de « faire l’amour avec la salle ». Le jeu, avec son lot d’outrance, d’emphase et de solennité de péplum, c’est ce qui l’a porté au-delà de l’ambition pendant 38 ans. 28 plus exactement, si on prend pour origine de son exceptionnelle exposition médiatique, la percée des européennes de 1984 où il a fait passer pour la première fois à son parti la barre des 10 %.

Au nom du politiquement correct, ils jureront le contraire mais ils l’avouent rapidement : certains médias vont se sentir orphelins de ce si bon client qui assurait toujours le spectacle, et qu’ils ont parfois utilisé sans vergogne pour faire de l’audience… en toute bonne conscience : il ne fallait censurer personne, n’est-ce pas ?

Par ses déclarations comme par son positionnement, M. Le Pen n’a jamais été « un homme politique comme les autres », et il s’en honore d’ailleurs. Cette singularité, non seulement assumée mais aussi cultivée lui a permis de perturber durablement l’espace politique jusqu’à aujourd’hui.

C’est précisément cet isolement que voudrait rompre sa fille Marine. Délibérément plus opportuniste que son père, elle a choisi les étendards de la République, de la laïcité et de l’État pour imposer sa différence. Pour faire préférer, aussi l’original à la copie, avec des thèmes, comme la sécurité et l’immigration, largement promotionnés depuis des mois par la droite classique.

Mais il ne faut pas se faire d’illusions : aussi réaliste que son père, la désormais présidente du FN ne bradera jamais le fonds de commerce paternel. Ce qu’elle veut, c’est juste agrandir la boutique. De Jean-François Copé à Xavier Bertrand, les voisins de l’UMP jurent, en boucle, qu’ils ne seront jamais sensibles aux charmes de la nouvelle taulière parce qu’elle ressemble à son père comme deux gouttes d’eau. Comme pour se persuader que le mur mitoyen avec la maison FN n’est pas poreux.


La porte étroite de la démocratie


Espoir de démocratie. Peur du chaos. C'est entre ces deux sentiments que, depuis vendredi, plus de dix millions de Tunisiens vivent, jour et nuit, l'incroyable accélération des événements dans leur pays. Depuis le départ précipité de Ben Ali, tout paraît enfin possible. La dictature n'est plus une fatalité. Ni les portraits géants de Ben Ali un décor immuable. La démocratie, pour laquelle la société civile tunisienne est sans doute la plus mûre du monde arabe, est à portée de la main. Tout est possible, se disent les Tunisiens. Même le pire, redoutent les observateurs.


Car le flottement qui vient de succéder au départ du dictateur est dangereux par nature. Omniprésente dans la société tunisienne pour surveiller les citoyens, la police de Ben Ali n'assure plus l'ordre. Les membres de l'appareil sécuritaire sont même, pour une bonne part, au coeur des tensions. Les scènes de pillages et de règlement de comptes font craindre une dérive anarchique qui mène, généralement, tout droit vers une réaction autoritaire. Éviter cette pente est l'urgence absolue pour la Tunisie. Les habitants, retranchés dans leurs quartiers et leurs habitations, sont les premiers à en être conscients.


Depuis trois jours, et contrairement à ses habitudes, c'est l'armée tunisienne qui occupe ostensiblement l'espace public, pour compenser les errances d'une police désorientée. C'est elle qui a probablement fait comprendre à Ben Ali que la partie était jouée. Que l'alternative était la fuite ou le bain de sang. Que ce que WikiLeaks a publiquement révélé en novembre, la dérive affairiste du clan au pouvoir, tout le pays le savait depuis des lustres. Sans avoir pu le dire ouvertement.


Que va faire l'armée ? C'est l'une des interrogations centrales. Car les hommes qui dirigent par intérim le pays, à commencer par le président de l'Assemblée, sont tous des hommes du régime. Par essence, illégitimes aux yeux de la population. Parce qu'elle a traditionnellement été tenue à l'écart des principaux jeux du pouvoir politique, l'armée tunisienne est peut-être moins portée que d'autres sur le coup de force. Mais, si les troubles persistent, elle pourrait s'y sentir contrainte.


Passer, en soixante jours, d'un régime policier à une authentique démocratie est sans doute illusoire. Le processus de démocratisation d'une société exige généralement du temps et la traversée de plusieurs crises de croissance. La fragilité du moment tient au vide de légitimité du pouvoir sans tête laissé par Ben Ali. Il avait tout fait pour n'avoir ni dauphin ni opposant de marque. Cela rend la transition particulièrement fragile et trouble.


Mais la Tunisie a aussi des atouts incontestables. Une jeunesse éduquée, des défenseurs des droits de l'homme courageux. Des opposants en exil et de nombreux Tunisiens émigrés à l'étranger qui n'ont qu'une envie : rentrer au pays pour participer à ce moment historique et contribuer à faire naître, enfin, un régime démocratique.


La partie se joue à Tunis, mais pas seulement. Depuis vingt ans, les États-Unis et l'Europe déplorent la faiblesse du camp démocrate dans les pays arabes, tout en prétendant exporter la démocratie. La Tunisie est une occasion rare de renverser l'équation. Ce sont les Tunisiens qui demandent le pluralisme. Ils veulent en être les acteurs. Il ne s'agit pas d'exporter la démocratie, mais d'en favoriser l'éclosion. Là où elle ne demande qu'à germer.

Mediator : vendre à tout prix


Par vocation et par définition, le médicament guérit,


le médecin soigne, le contrôle sanitaire protège. L’affaire du médiator et ses morts sur ordonnance met à l’index la chaîne du médicament en France et en doute les principes du bien de la République qui nous est le plus cher : le système de santé. Le diagnostic sans appel du rapport de l’Igas confirme que les laboratoires Servier pensaient davantage à leur santé financière qu’à celle de leurs patients. Pour vendre à tout prix son coupe-faim au nom


de superhéros aux médecins et aux pharmaciens, Servier dépensait sans compter dans des campagnes de marketing et de lobbying au lieu de pousser les recherches sur les effets secondaires. En recevant les plus hautes distinctions de la République des mains des trois derniers chefs d’Etat, monsieur Servier se plaignait de l’administration de la Santé « trop lente, trop lourde, trop tatillonne ». Qu’aurait dit ce cynique marchand de cachets si elle avait fait son travail ? Pendant dix ans, trop de monde a tourné la tête de l’autre côté sur le Médiator. Pour ne pas voir ou ne pas savoir ? Par complicité ou par négligence ? La justice déterminera qui est responsable qui est coupable. Dans cette affaire, les défenses immunitaires de l’Etat ont sauté,


l’argent grille tous les anticorps médicaux et sociaux.


La santé apparaît comme


une marchandise comme


une autre avec pour finalité


le versement de dividendes


à des actionnaires.


Quand ça dérive, la conséquence n’est pas une faillite


ni une banqueroute : ça tue.

Tunisie, une chute annoncée

L es réformes faites à temps n'affaiblissent pas l'autorité, elles la raffermissent et réduisent à l'impuissance l'esprit révolutionnaire. » Le président Ben Ali aurait sans doute tiré profit de la formule d'un des pères de l'unité italienne, le comte Cavour. Ce conseil de sagesse politique aurait été beaucoup plus approprié pour la survie de son régime que toute leçon technique en matière sécuritaire.


Quand l'immobilisme est présenté par le pouvoir comme la seule alternative au chaos et quand les autorités opposent aux frustrations populaires silence, mépris, mensonge, corruption, violence et arbitraire, elles prennent le risque de pousser le peuple au désespoir. Un désespoir qui conduit à la révolution quand tombe le mur de la peur. Le régime a certes favorisé l'émergence d'une classe moyenne, mais il ne l'a pas politiquement traitée en adulte.


La Tunisie est-elle le premier domino qui est tombé ? La « révolution du jasmin » va-t-elle, par capillarité, gagner tous les pays du Maghreb sinon le monde arabe dans son ensemble ? Hier, la sale « guerre civile » qui a dominé l'Algérie pendant les années 1990 avait, par sa sauvagerie, constitué un argument très fort en faveur du statu quo en Tunisie et au Maroc, selon la ligne : « Et si la contestation débouchait sur un scénario à l'algérienne ? »


Lors de la transition monarchique entre Hassan II et Mohamed VI dans les années 2000, le Maroc était souvent décrit comme le maillon faible du Maghreb. N'ayant ni les ressources énergétiques de l'Algérie ni la faible, et donc a priori gérable, population de la Tunisie, il était nécessairement le plus vulnérable des trois, sans mentionner la Mauritanie, un peu oubliée, à tort. Aujourd'hui, cette perception des équilibres régionaux s'est totalement renversée. C'est bien au contraire le royaume chérifien qui apparaîtrait presque comme le plus stable des pays du Maghreb. Ce jugement favorable tient en deux mots : « monarchie » et « réforme ». Face à la contestation, surtout celle des islamistes, le commandeur des croyants possède une légitimité dont ne disposent ni les militaires qui contrôlent le pouvoir en Algérie et en Mauritanie, ni la famille Ben Ali, qui faisait de même en Tunisie. Comme symbole et réalité du pouvoir, le roi du Maroc est seul dans sa catégorie et il s'est entouré d'une classe de jeunes dirigeants et technocrates qui ont compris que, sans début de réforme, le royaume allait à la catastrophe. L'ouverture politique marocaine peut apparaître bien modeste, mais elle n'en contraste pas moins avec l'immobilisme absolu de ses voisins. De plus, le Maroc a bénéficié de la politique des grands barrages mis en chantier par Hassan II. Au Maroc, la pauvreté est peut-être plus grande et plus visible qu'en Algérie ou en Tunisie, mais les estomacs y risquent moins d'être vides. L'autosuffisance alimentaire a toujours été une des clefs de la stabilité des régimes.


Ce qui contribue à expliquer l'incroyable rapidité de la chute du régime en Tunisie, c'est la facilité relative avec laquelle l'information a circulé en dépit d'un régime policier réputé pour un des plus rigides du monde. Certes, les nouvelles technologies de l'information, des images des téléphones portables à Facebook et Twitter, rendent toute forme de contrôle beaucoup plus difficile. Mais la technologie n'explique pas tout. Victime de son aveuglement, de sa rapacité, de la brutalité de son système de répression, de son incapacité à se transformer pour survivre, le régime tunisien a tout simplement chuté comme un fruit trop mûr, sous nos yeux surpris.


Un mélange de printemps des peuples type 1848 en Europe et de révolte de la jeunesse va-t-il s'étendre à l'ensemble des pays de la région ? Pourra-t-on parler un jour de l'Union pour la Méditerranée démocratique (UPMD) ? L'armée, comme dans certains pays d'Amérique latine hier, assurera-t-elle une transition paisible vers la démocratie ? Ou le risque de chaos est-il réel ?


Au sein d'un monde arabe humilié par le comportement de ses dirigeants et les performances de ses Etats, les pays qui semblent les plus vulnérables aujourd'hui sont l'Egypte et l'Algérie. Mais l'Histoire est en marche pour tous. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Jacques Servier

Si, à bientôt quatre-vingt-neuf ans, le patron du laboratoire Servier demeure svelte et alerte, ce n'est pas parce qu'il a pris du Mediator comme coupe-faim, mais parce qu'il s'impose depuis toujours un régime draconien pour éviter l'embonpoint. Ce docteur en médecine et en pharmacie a eu en effet besoin de souffle pour hisser au deuxième rang des labos français le petit fabricant orléanais de sirop pour la toux qu'il a repris il y a soixante ans. Sa silhouette frêle et sa voix fluette ne sont pas sans rappeler celles de Marcel Dassault, mais le discret propriétaire de la neuvième fortune de France possède lui aussi une poigne de fer qui le fait redouter autant que respecter dans son entreprise. Ce patriarche dont les rapports avec ses quatre filles passent pour lointains considère ses salariés comme sa véritable tribu. « Le Docteur » les motive grâce aux slogans inscrits sur les murs du siège de Neuilly, où rien ne saurait lui échapper. Grand procédurier, il eut jadis pour avocat Nicolas Sarkozy, dont il est resté proche. Dénoncer les excès de l'interventionnisme public dans la santé n'a pas empêché ce passionné de l'Asie de se transformer en champion du lobbying et de jouer à merveille de ses réseaux au sein de la Conférence Hippocrate ou de la Société française de cardiologie. Qu'importe si la localité de l'Indre où il est né s'appelle Vatan, il entend bien aujourd'hui rester aux commandes de son empire, malgré les secousses qui en troublent l'ordonnance.

Responsabilités partagées


Le policier est puni avant le malfaiteur. C'est la singulière conclusion à laquelle pourrait conduire la décision prise, ce week-end, par le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, d'assainir le fonctionnement de l'organisme public chargé d'assurer la sécurité des médicaments. Mise en cause par l'Inspection générale des affaires sociales pour avoir fait preuve d'une longue et « inexplicable tolérance » à l'égard du Mediator, l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) se voit infliger par sa tutelle une leçon d'éthique en deux parties. Un : la transparence ne suffit pas à garantir l'indépendance. Aussi, les experts, s'ils veulent le rester, ne pourront plus se contenter de déclarer un intérêt avec un laboratoire, ils devront y renoncer. Juste mais vaste programme dans un milieu inondé, scientifiquement comme financièrement, par l'industrie pharmaceutique... Deux : le principe de précaution a été contourné, sinon retourné, à compter de 1999, date à laquelle les premiers signalements de décès suspects liés au Mediator sont restés sans suite. Désormais pour obtenir la commercialisation d'un médicament, a fortiori son remboursement, un fabricant ne pourra plus s'en tenir à prouver une absence de risque, mais démontrer un bénéfice avéré. Périlleuse pour des laboratoires français déjà à la traîne en matière d'innovation, une nouvelle étape s'ouvre dans la mise en oeuvre du principe de précaution. Ironie de l'histoire, vingt ans après avoir tiré les leçons du scandale du sang contaminé, qui avait conduit à « dépolitiser » la gestion du risque sanitaire, le politique réimpose son autorité sur cette administration déconcentrée. C'est une revanche, aussi, sur la justice, car elle sera moins prompte à sanctionner celui qui, à l'origine de la chaîne, est désigné par l'Igas comme le responsable de l'affaire : Servier. Le rapport est accablant pour une firme désignée pour avoir cyniquement trompé les experts, les autorités et l'opinion sur la nature et les effets de ce Mediator, véritable « subprime » du système de santé. Mais sa mise en cause n'exonère pas d'une réflexion sur les responsabilités à l'autre bout de la chaîne : celles des médecins et des malades. Que des généralistes aient continué de prescrire du Mediator en anorexigène après 1997, date à laquelle les coupe-faim - dont l'Isomeride de Servier -ont été interdits devrait déboucher sur une double obligation, celle de se former en continu et celle de signaler, par écrit, sur l'ordonnance une prescription hors indication thérapeutique. Quant aux malades que nous sommes tous, il nous faut reconnaître cette schizophrénie qui nous fait repousser le principe de précaution quand celui-ci se traduit par le déremboursement ou le retrait d'un médicament familier...

CGT : les vraies raisons d'un faux durcissement

Elle boycotte, du jamais-vu, les voeux du chef de l'Etat. Elle fustige l'agenda social et décidera au « cas par cas » de s'asseoir ou non à la table des négociations. Elle rejette avec virulence l'invitation de Jean-François Copé à un « tour d'horizon social ». Depuis la fin du mouvement sur les retraites, la CGT fait feu de tout bois. Pas une occasion de durcir le ton n'est manquée. Mais à quoi joue-t-elle vraiment ? Contrairement à ce qu'elle veut faire croire, ses gesticulations ne s'expliquent pas par la seule « intransigeance » du pouvoir ou les « provocations » de l'UMP. Elles sont aussi, sinon surtout, le fruit de ses enjeux internes au sortir d'un conflit historique. Et perdu.


En interne, les plus vifs opposants à Bernard Thibault profitent en effet de l'échec du mouvement pour refaire entendre leur petite musique : à trop privilégier l'unité syndicale illustrée par son duo avec François Chérèque (CFDT) et en se refusant à appeler à la grève nationale, le leader cégétiste aurait plus accompagné que combattu la réforme, expliquent les nostalgiques de la lutte des classes et du grand soir. Le leader cégétiste veut absolument éviter que ce discours ne vienne s'enraciner dans le terreau de l'amertume inévitable des troupes après l'échec du conflit. Ses postures visent avant tout à couper court aux accusations récurrentes de trop grande proximité avec le pouvoir. « Ce n'est pas le moment d'aller boire du champagne avec Sarkozy », résume-t-on dans les couloirs de la centrale de Montreuil. Il lui faut aussi soigner l'image contestataire de l'organisation pour limiter les départs d'éventuels déçus, notamment vers Solidaires (SUD). Les reculs électoraux que vient d'accuser, ces deux derniers mois, la CGT dans ses bastions de La Poste, de la SNCF, d'EDF et de GDF Suez lui auront rappelé que le risque de se faire doubler sur sa gauche n'est pas à négliger. Dans ce contexte, Bernard Thibault est d'autant plus tenté par la politique de la chaise vide qu'il sait que peu de chantiers sociaux majeurs n'avanceront d'ici à l'élection présidentielle.


Reste que c'est un pas de côté, non un pas en arrière. Sur le fond, la CGT ne renonce en rien à la ligne impulsée depuis plus de dix ans par Bernard Thibault : celle d'un recentrage vers un syndicalisme équilibrant mieux propositions et contestation. Le constat est le même après le conflit qu'avant : les opposants à ce lent virage réformiste restent bien trop minoritaires pour espérer renverser la vapeur. Ils sont en outre victimes de leurs propres divisions, tant ils forment une kyrielle disparate de rouges vifs du PC, de lambertistes, de NPA ou de LO. Leur discours trouve peu d'écho au sein de l'appareil confédéral, d'autant que Bernard Thibault a pris soin, lors du congrès de décembre 2009, de dessiner un bureau et une commission exécutive (le parlement de la CGT) à sa main, afin d'avoir les coudées franches pour son probable dernier mandat. Lors du conflit des retraites, même les fédérations les plus dures, comme les cheminots et l'agroalimentaire, avaient bon an mal an avalisé la tactique retenue. La révolution n'est pas pour demain, pas plus à la CGT que dans la rue.


Un durcissement durable de la CGT est d'autant plus improbable que, à y regarder de près, le virage réformiste paraît même sortir plus conforté que fragilisé par le conflit. Qu'a, au final, appris le mouvement à la centrale ? Comme le résume un de ses principaux dirigeants : « Il nous a confirmé qu'on ne peut plus vraiment bloquer le pays. Il nous a surtout appris qu'on peut mettre 3 millions de personnes dans la rue pendant deux mois, ce qui est exceptionnel... et pourtant ne rien obtenir, ce qui est un vrai problème. La question, ce n'est pas celle de la ligne de la CGT, mais des moyens de peser plus à l'avenir face au politique. »


La réponse est simple : il s'agit de gagner des adhérents. Dans le désert syndical français (à peine 5 % de salariés syndiqués dans le privé), ce n'est pas de combativité que manque la CGT, c'est de troupes. Les siennes sont vieillissantes et l'affaiblissement de l'organisation obsède Bernard Thibault. Beaucoup reste à faire, tant paraît loin l'objectif du million de cégétistes qu'il s'était fixé. Certes, les adhésions sont reparties à la hausse depuis 2001, mais à une allure de sénateur, passant en dix ans de 650.000 à un peu plus de 700.000 aujourd'hui. Dont un bon quart de retraités. Plus que jamais, la centrale ne peut plus se reposer uniquement sur ses bastions traditionnels des fonctionnaires et des entreprises publiques. Sa priorité absolue, réaffirmée lors du dernier congrès, est de conquérir de nouveaux territoires dans le privé. Or, comme l'explique le sociologue Jean-Marie Pernot (Ires), spécialiste de la CGT, « cela implique d'obtenir des résultats et, au final, de sortir de l'idéologie pour devenir pragmatique ».


La réforme des retraites lui aura permis de faire un vrai pas en ce sens. Toutes les études et sondages témoignent que l'image des syndicats, dont la CGT, a été renforcée par le conflit. Selon une étude TNS Sofres-Dialogues, le taux de confiance envers les syndicats a bondi de 46 % à 54 % - un niveau record -entre septembre et novembre. Les Français ont apprécié leur pragmatisme, leur capacité à rester unis et leur bon équilibre entre combativité et refus de la radicalisation. C'est précisément l'approche qu'avait retenue Bernard Thibault et il semble en récolter déjà les fruits : la centrale revendique 44.000 nouveaux adhérents gagnés durant le conflit. Reste à savoir combien d'adhérents auront à l'opposé rendu leur carte, mais ce nombre s'annonce bien plus limité. Et la leçon est claire. Ce n'est pas en se repliant et en se radicalisant que la CGT avancera. C'est en s'assouplissant et en s'ouvrant.

Ports : la grève de trop

Le scénario est tellement répétitif qu'il ne suscite qu'un vague intérêt, quelques lignes dans la presse et quelques (très) rares images à la la télévision : le trafic marchandises est bloqué sur une partie des ports français... Il n'aura pas fallu deux mois entre la fin du mouvement sur les retraites, qui avait menacé l'approvisionnement en pétrole, et le début de la « mobilisation » suivante. Selon une méthode éprouvée depuis longtemps, qui voit les dockers, les grutiers et les portiqueurs alterner les jours des grèves, les perturbations pourraient continuer en dépit de leur arrêt de principe. Les assemblées générales qui se tiendront un peu partout aujourd'hui constitueront en tout état de cause un vrai test.

L'enjeu porte une fois de plus sur un des volets d'une réforme (initiée en 1992 et votée en 2008) qui tente de rendre attractifs des ports dont se détournent jour après jour les armateurs tant les coûts sociaux sont exorbitants. Le patronat du secteur et la toute-puissante CGT ont négocié un accord qui permettrait à plus de 5.000 salariés de partir quatre ans avant l'âge légal. Nicolas Sarkozy, François Fillon et Thierry Mariani, le secrétaire d'Etat aux Transports, refusent tous trois de l'avaliser. Tout montre qu'ils ont raison.

Le chef de l'Etat a une attitude assez logique : il ne veut pas que le premier accord sur la pénibilité contredise les principes de la réforme des retraites dont l'encre est à peine sèche. Accepter un départ anticipé de quatre ans conduirait les salariés à cesser le travail entre 56 et 58 ans... Un message incompréhensible quand l'âge légal va passer progressivement de 60 à 62 ans. En ce sens, ce bras de fer constitue un marqueur politique.

C'est d'autant plus vrai que l'argent public, à la différence de ce qui s'est passé chez Renault avant Noël, est mis à contribution, puisque les ports sont des entités parapubliques. Plusieurs dizaines de millions d'euros sont en jeu. Accepter que des milliers de salariés largement favorisés (20 heures d'astreinte par semaine, 12 de travail effectif) bénéficient d'un régime dérogatoire au droit commun serait un mauvais signal.

Le gouvernement a trop longtemps laissé croire au patronat du secteur qu'il pouvait négocier dans cette direction. 
Mais il doit tenir bon.

La gauche, la droite et les mahométans

Divers sondages récents font le point sur les réactions des populations face à la présence des communautés musulmanes dans nos sociétés. Ils n'apportent à la vérité aucune réelle surprise. Globalement, 42 % des Français considèrent l'islam comme une menace pour notre identité et 22 % au contraire comme un facteur d'enrichissement culturel. Le plus étrange est que, pour 36 %, ce n'est « ni l'un ni l'autre ». Réponse qui trahit sans doute chez tous ceux-là la crainte de « se mouiller » ; et signe supplémentaire que le sujet est devenu polémique.

La politisation du sujet est confirmée par les « coupes » des opinions recueillies selon les sympathies politiques. Il incombe par exemple au centre d'accéder à l'existence avec autre chose que... 49 % de refus de se prononcer, symptôme de sa difficulté à se distinguer encore du marais. Avec 98 % de diagnostics « menace », le Front national confirme en revanche qu'il ne fait pas dans le détail. Restent les deux grands pôles incontestables de la vie politique française, la gauche autour du PS, la droite autour de l'UMP. Sans surprise encore, 40 % des sympathisants de gauche décident que l'islam peut être pour nous un enrichissement, contre 9 % seulement à droite. Inversement et logiquement, la droite s'en trouve menacée à 62 % (c'est à peu près l'opinion allemande) et la gauche à 24 %. On notera au passage qu'avec un électeur de gauche sur quatre éprouvant cette menace (et par ailleurs plus d'un sur trois se disant neutre), le fait musulman ne peut constituer une occasion pour le PS et ses alliés. Le plus surprenant, en définitif, est peut-être le peu d'écho réservé aux propos du président du Conseil français du culte musulman, qui a recommandé à ses coreligionnaires de modérer leurs revendications sur la viande halal à la cantine, les salles de prière sur les lieux de travail ou encore les mosquées ostentatoires. Les sondages qui précèdent seraient sans doute plus apaisants si on les écoutait.

Pour le patron de la BCE, la France n'a pas fait assez de réformes

Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro dimanche soir, Jean-Claude Trichet a estimé que la France n'avait pas fait assez de réformes structurelles, précisant que le pays pourrait, en réformant, relever sa croissance. 
 Leçon d'économie de Jean-Claude Trichet à la France. Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro dimanche soir, le Président de la Banque centrale européenne a estimé que la France, comme les autres pays de la zone euro, n'avait pas fait assez de réformes structurelles, précisant que le pays pourrait, en réformant,  relever sa croissance potentielle comme tous ses partenaires de la zone euro.

"Naturellement, la France n'a pas fait assez de réformes structurelles. Elle a un potentiel de croissance qui pourrait être largement supérieur, c'est le cas d'ailleurs dans notre analyse de tous les pays de la zone euro", a-t-il dit lors duGrand Jury.  De quelles réformes s'agirait-il ? Le patron de la BCE a cité une plus grande ouverture à la concurrence internationale et une plus grande flexibilité du marché du travail associée à un meilleur soutien des travailleurs perdant leur emploi.  "La France se distingue très souvent parce qu'elle est très réticente vis-à-vis de l'ouverture la plus grande possible à la compétition dans le domaine des services par exemple", a dit Jean-Claude Trichet.

Evoquant le marché du travail, il a cité l'exemple du Danemark, "un pays dans lequel il y a une beaucoup plus grande flexibilité du marché du travail que chez nous, et en même temps une politique extrêmement efficace, extrêmement active de soutien à ceux qui sont dans la difficulté parce qu'ils ont perdu leur emploi". Interrogé sur la récente remise en cause des 35 heures par des responsables politiques français de gauche comme de droite, il a répondu: "La plus grande flexibilité dans ce domaine est évidemment nécessaire, je ne me prononce sur le point de savoir si elle est déjà atteinte ou pas."
Hausse des taux de la BCE si nécessaire

Sur le plan monétaire, alors que l'inflation menace de nouveau la zone euro, malgré une croissance plus que mitigée, qui limite la création d'emplois, le président de la Banque centrale européenne a assuré que son institution n'hésiterait pas à relever ses taux s'il le fallait,  car il y allait de la crédibilité de la politique monétaire européenne. Au risque d'hypothéquer encore plus une reprise rapide du dynamisme économique européen, déjà passablement affaibli par les plans de rigueur en série imposés en Grèce, en Irlande et en Espagne. "Si nous assurons la stabilité des prix et si nous sommes crédibles, nous aurons des taux d'intérêts moins élevés", a relevé M. Trichet. La BCE a replacé l'inflation au centre de ses préoccupations depuis que la hausse des prix en zone euro a franchi la barre des 2% par an, qui sert d'objectif de moyen terme à la banque centrale.

Jean-Claude Trichet a par ailleurs minimisé les divergences existant entre la situation économique de l'Allemagne et celle du reste de la zone euro, en soulignant que le dynamisme allemand actuel n'était qu'un "rééquilibrage" après des années pendant lesquelles ce pays était "l'homme malade de l'Europe". Quand au fonds destiné à secourir les pays de la zone euro en difficulté, M. Trichet a réitéré que ce fonds devait "être amélioré, en quantité et en qualité". Sur ce dernier point, il a précisé que ce fonds devrait être "aussi flexible que possible dans ses interventions".