punitive
mardi 11 février 2014
L’Europe punitive
L’Europe
punitive
punitive
Ce n'est pas pour rien que l'on appelle cela se comporter en… Suisse ! Dimanche, lors d'une de ces votations dont ils ont le secret, nos amis helvètes ont voté à une infime majorité contre « l'immigration de masse » sans trop se soucier de leurs engagements communautaires. Crime de lèse-Europe pour les uns, indignés par un tel repli identitaire. Victoire de la démocratie pour les autres, envieux de cette reconnaissance de la « vox populi ». À dire vrai, plutôt que d'accabler les Suisses en les menaçant des foudres bruxelloises, mieux vaudrait chercher à comprendre et tirer les leçons d'une consultation révélatrice d'un climat inquiétant à quelques semaines des élections européennes.
On pourrait, bien sûr, souligner tout ce que ce résultat révèle d'incohérences. Outre que le pays s'est divisé, les Suisses ont voté contre leurs propres intérêts économiques. Les transfrontaliers venus de France, d'Italie, du Portugal ou d'Allemagne sont une richesse et non une menace pour ce pays épargné par le chômage. Mais on aurait tort, aussi, de se gausser avec mépris de la position suisse en la caricaturant.
Rien ne permet de dire que les frontières helvètes resteront hermétiquement fermées. Après tout, les Suisses ont opté pour une immigration régulée telle qu'elle se pratique, par exemple, au Canada ou en Australie. Et telle que bien d'autres pays souhaiteraient l'appliquer. Plutôt que de s'abandonner à une posture punitive, l'UE devrait s'attaquer à ce qui nourrit, ailleurs qu'en Suisse, l'euroscepticisme, et expliquer au lieu de vilipender.
Face aux peurs plus ou moins rationnelles, face à la crise, l'Union doit se montrer protectrice plutôt que contraignante et tatillonne. Aux dirigeants des états membres de l'UE, s'impose un vrai travail d'engagement et de pédagogie et pas seulement la grandiloquente condamnation des dérives populistes, au nom d'un idéal malmené. Après tout, quel crédit accorder à une institution communautaire où nos gouvernants recyclent les recalés des élections nationales ? Puisse le vote suisse remettre l'horloge européenne à l'heure.
Les Suisses refusent l’immigration incontrôlée
Les Suisses refusent l’immigration incontrôlée
La Commission européenne et l’Allemagne regrettent le résultat du référendum suisse. Berlin parle des « nombreuses difficultés » que va rencontrer la Confédération, sans qu’on sache s’il s’agit des éventuelles conséquences économiques et sociales de la votation ou de menaces.
Une fois de plus, la Suisse choque l’Union européenne et ses affidés par sa trop grande expression démocratique. En votant à 50,3 % en faveur du référendum « contre l’immigration de masse », alors que leur propre classe politique s’attendait à les voir bénir le trans-frontiérisme à outrance, les Suisses ont décidé de reprendre la main en ce domaine.
Qu’y a-t-il dans le texte ? L’affirmation que la Suisse gère par elle-même l’immigration ; que des quotas sont nécessaires ; que le droit au regroupement familial et aux prestations sociales peut être limité ; que la préférence nationale doit être favorisée ; que les traités internationaux contraires à ces dispositions doivent être renégociés.
Rien d’extraordinaire, donc, si ce n’est qu’en se donnant les moyens de contrôler l’immigration européenne et extra-européenne, la Suisse remet en cause le principe d’une migration totale des peuples louée au nom du multiculturalisme et dont profite surtout le patronat. (Ce que reconnaît ingénument le président du comité de défense des travailleurs frontaliers du Haut-Rhin, Jean-Luc Johaneck : « Bon nombre de frontaliers disposent de contrats précaires et sont employés à moindre coût que les Suisses. ») La Suisse se met en situation de xénophobie et se place, de fait, hors d’un champ « démocratique » où se cultivent les droits de l’homme et autres billevesées despotiques.
Des Suisses lucides
Le ministre des Affaires étrangères et président de la Confédération helvétique, Didier Burkhalter, a admis qu’il s’agit d’un désaveu de la politique gouvernementale. Beau joueur, ou simplement démocrate, car il ne s’est pas laissé intimider par la pression internationale et a défendu le système suisse. « Le peuple est souverain, a-t-il rappelé (…). Le système est sain qui n’oblige pas la population à suivre des autorités politiques qui auraient des compétences démesurées. » Et d’enfoncer le clou démocratique dans les fesses des dirigeants européens : ce rejet de l’immigration « n’est pas une spécificité suisse », mais tous les pays « n’ont pas l’occasion de l’exprimer ».
La presse aux ordres relève avec désapprobation les réactions unanimes et heureuses des partis européens « populistes » ou d’« extrême droite », en Angleterre, en Autriche et… en France. Le Front national a salué « une victoire nette du peuple suisse contre ses élites, la technostructure de l’Union européenne et la bien-pensance qui n’épargne aucun pays d’Europe » et estime que la Suisse donne là – à trois mois des européennes – un exemple aux Français. Il n’y a pas d’obligation ni de fatalité en matière d’immigration.
La France, l’euro et le laissez-passer pour la facilité
La France, l’euro et le laissez-passer pour la facilité
L’euro est trop fort, l’euro nous asphyxie, l’euro nous tue.
Plus la France se rapprochera du Mur des réalités, et plus on entendra ce leitmotiv ; plus on se rapprochera des élections européennes, et plus on trouvera de voix pour relayer cette complainte.
Le Mur des réalités ? C’est ce qui attend la France, au bout de l’impasse économique et sociale dans laquelle elle est engagée. C’est l’obligation qui est désormais la nôtre de réformer dans la douleur le « modèle français », aujourd’hui à bout de souffle. C’est la contrainte qui nous est faite de tailler à vif dans les dépenses de l’Etat, de couper à cru dans les dépenses sociales, bref de réduire dans notre économie la part étouffante de l’argent public et de la redistribution pour permettre à la part privée de redonner du souffle, de recréer de la croissance. Le Mur des réalités, c’est ce qui nous attend à coup sûr après les élections municipales et européennes.
D’ici là, il se trouvera quantité de bons esprits pour appeler à une dévaluation de l’euro. Un petit coup de dopage monétaire qui permettrait de regagner artificiellement et de manière « soft » un peu de compétitivité. Et de repousser les réformes.
En somme, plaider pour l’euro faible c’est, de la part d’un mauvais élève comme la France, tenter d’arracher à nos voisins et à nos créanciers un laissez-passer pour la facilité. C’est croire que les pays qui ont déjà fait de profonds efforts d’ajustement nous regarderont nous en dispenser sans protester. C’est croire que l’Allemagne qui réalise trois fois plus d’excédent commercial que nous n’avons de déficit acceptera de nous absoudre de notre légèreté. C’est aussi naïf que lorsque, en pleine campagne électorale, François Hollande avait tonné qu’il « n’accepterait pas » que la monnaie chinoise ne soit pas réévaluée. Pékin en rit encore.
Que penser du référendum suisse sur l’immigration?
Que penser du
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suisse sur
l’immigration?
référendum
suisse sur
l’immigration?
Dimanche 9 février, le référendum d’initiative populaire suisse sur le rejet de "l’immigration de masse" a vu une victoire du oui par 50,3%. Ce résultat et les commentaires qui ont suivi, expriment à la perfection le fossé dramatique qui se creuse sur le continent européen entre les élites dirigeantes et les peuples. L’Europe officielle, la Commission, les parlements, les gouvernements à l’unanimité, notamment la France et l’Allemagne, les médias, la presse, les pouvoirs publics, n’ont de cesse de fustiger ce vote. L’impasse, pour les centres de pouvoirs et d’influence européens est totale, radicale, absolue: c’est un peuple souverain qui s’est prononcé, et jusqu’où aller dans la condamnation voire les représailles envers les Suisses, sans bafouer de plein fouet l’un des piliers de la civilisation, le pouvoir du peuple: la démocratie? L’Europe est confrontée aujourd’hui à une contradiction historique. Elle ne peut pas s’en sortir avec un arguments du genre – "le peuple doit être éclairé" – à la fois méprisant et de nature totalitaire. Pour autant, cet événement ne se prête aucunement à jubilation. Qui peut se réjouir de cette fracture, de cette crevasse qui conduit à l’abîme? En outre, le référendum suisse est, semble-t-il, principalement dirigé contre les travailleurs européens, visant à limiter par des quotas la possibilité pour des demandeurs d’emplois, notamment français, de trouver un travail dans un pays qui compte 3% de chômage. L’idée qu’un référendum global, sur le modèle suisse, "contre l’immigration de masse", permettrait de régler les difficultés de la maîtrise de l’immigration et de l’intégration, ailleurs en Europe et plus particulièrement en France, relève du leurre ou de l’imposture. Ces questions sont d’une infinie complexité, touchant au droit au mariage, à l’accueil des étudiants, à l’efficacité de la lutte contre l’immigration illégale, à l’avenir du droit d’asile. Bien sûr, tout cela montre que les classes dirigeantes européennes, depuis plusieurs décennies, ont lamentablement échoué face à ces enjeux, par lâcheté, aveuglement ou par idéologie, ouvrant un boulevard aux droites radicales et protestataires dont la vocation est davantage de répandre l’incendie que d’apporter des réponse crédibles. Franchement, avant le désastre final, il est temps que survienne une prise de conscience générale et ce référendum résonne comme un ultime avertissement.
François Hollande veut faire croire aux (investisseurs) américains que tout va bien
"Tout va bien, oui. Enfin, presque..." Le président français est parti aux États-Unis avec un seul objectif : convaincre les milieux d’affaires américains qu' ils peuvent faire confiance à la France et y investir. L’ambition est démesurée. Quand Barack Obama a lancé ce projet d’organiser une visite d’État du président français, il ne pensait pas que la conjoncture serait aussi mauvaise pour François Hollande.
Sur le plan privé d’abord, les américains considèrent que ce qui est arrivé dans le couple Hollande aurait été impossible aux États-Unis. Les présidents américains, de John F. Kennedy à Bill Clinton, n’ont pas eu de comportements irréprochables au niveau de leur couple et au regard de la morale traditionnelle, mais ils ont réussi à gérer leurs mésaventures et à protéger la fonction présidentielle.Ce qui n’est pas le cas en France.
Sur le plan économique ensuite, la Maison Blanche pensait que la France aurait réussi à se mettre en condition pour profiter de la reprise mondiale, or c’est tout le contraire qui s’est passé. Plutôt que d’améliorer la situation économique , le gouvernement français a pris des mesures fiscales et sociales qui ont aggravé les déséquilibres macroéconomiques.
Sur le plan politique enfin, les Américains, comme le reste du monde, sont bien obligés de constater que François Hollande a gaspillé tout son crédit et qu’il n’a plus de majorité.
Alors qu'il sera dans l’avion pour rallier les États-Unis, la majorité socialiste sera en train de se déchirer à propos du pacte de responsabilité et de son financement impossible.
Et c’est dans ces conditions que François Hollande veut convaincre les patrons américains de venir investir en France. Il va sans doute leur faire un grand numéro pour leur dire que les opportunités sont magnifiques.
Pendant ce temps-là les investisseurs américains, qui visent l’Europe, se préparent à aller en Espagne ou en Allemagne, pays plus stables et plus profitables. Ils réclament ce que François Hollande ne peut absolument pas leur garantir. De la visibilité, de la stabilité dans les procédures, de la souplesse, de la fluidité.
Les chefs d’entreprise US ont en mémoire la façon dont certains d’entre eux ont été reçus par les syndicats. Ou même par certains ministres, reçus également par Bercy, surveillés et suspectés par les contrôles fiscaux.
La rencontre mercredi dans la Silicon Valley avec les patrons de Google, de Facebook, et de Twitter, ne va pas servir à grand-chose. Ou bien on assistera à un festival d’hypocrisie, mais les Américains n’ont pas de temps à perdre, ou bien on constatera qu'on ne peut pas être d’accord et ce sera la guerre.
Les Américains de San Francisco peuvent être encore plus pervers. Ils peuvent faire le compte des ingénieurs super-brillants formés à la française et qui ont choisi de venir participer à la prospérité des multinationales de la technologie. Personne ne les a obligés à quitter la France. Bien peu reviendront au pays.
Ce voyage va provoquer un choc de culture assez incroyable. François Hollande arrive dans un pays qui a réussi à sortir de la crise en innovant, en inventant, en prenant des risques, et en autorisant ceux qui prennent les risques à profiter de ce qu'ils gagnent.
Il vient d’un pays européen où le chômage dépasse les 11% de la population active, ou le principe de précaution est constitutionnellement érigé en mode de vie, où nos ancêtres nous ont appris que de travailler dur n’a jamais tué personne, mais comme on ne sait jamais, on évite désormais ce genre de risque grâce aux 35 heures.
Bref, on va assister à la confrontation de deux mondes tellement différents que les échanges peuvent se solder par un dialogue de sourds.
Comme pour le voyage officiel en Chine, ce voyage aux USA va une fois de plus nous montrer qu’un homme, brillamment formé à HEC puis à l’ENA, aura été obligé de devenir président de la République pour mettre les pieds dans un autre monde que le sien.
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