TOUT EST DIT

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dimanche 21 août 2011

1991-2011 : les Russes partagés entre nostalgie et désillusion

Vingt ans après le putsch raté contre le réformateur Mikhaïl Gorbatchev, les Russes portent un regard mitigé sur ce moment crucial de leur histoire, prélude à l'effondrement de l'URSS quelques mois plus tard, en décembre 1991. La nostalgie de l'empire les taraude. Selon un sondage réalisé, en mars, par le centre indépendant Levada, un institut d'études de l'opinion publique, 58 % des personnes interrogées disent regretter la fin de l'URSS.

Selon un autre centre, FOM, 17 % des sondés estiment qu'il aurait mieux valu pour le pays que les putschistes mènent leur projet à bien. D'après une étude publiée ces jours-ci par le centre indépendant Levada, 39 % voient le putsch raté comme un "moment tragique qui a eu des conséquences funestes", tandis que 10 % perçoivent la défaite des putschistes comme une avancée de la démocratie. L'heure est à la déception : ainsi, 49 % des personnes interrogées estiment, selon Levada, que la Russie "va dans la mauvaise direction".
Guennadi Iochine, architecte, la cinquantaine, était parmi les "défenseurs" accourus à la "Maison Blanche", à l'époque le siège du Parlement russe (la Russie était l'une des quinze Républiques de l'Union soviétique), pour prêter main-forte à Boris Eltsine, le chef de la rébellion contre les putschistes : "Si c'était à refaire, je le referai.". Vingt ans après, il ne cache pas sa déception : "Les idéaux de liberté et de démocratie qui nous animaient n'ont pas été réalisés. La Russie actuelle est une imitation de démocratie dominée par un capitalisme sauvage, une corruption démentielle et le culte de l'argent."
L'euphorie d'août 1991 est loin. Trois jours avaient alors suffi pour mettre fin au putsch. Excédé par les réformes imaginées par Mikhaïl Gorbatchev, un quarteron de conservateurs - le vice-président de l'URSS Guennadi Ianaïev, le patron du KGB, Vladimir Krioutchov, et d'autres - voulait prendre le pouvoir. Le 19 août, ils firent donner les chars dans Moscou et retinrent Mikhaïl Gorbatchev captif dans sa résidence d'été en Crimée.
Fait extraordinaire, le putsch fut déjoué par la population. Oubliant la peur qui les paralysait depuis l'époque de la "grande terreur" stalinienne, quand un simple retard au travail ou une blague racontée à voix haute sur le système suffisait à envoyer toute une famille au goulag (le système des camps staliniens), les hommes et les femmes de ce pays se mobilisèrent.
Un détail les y incita. Le jour de la conférence de presse des putschistes, une caméra de télévision diffusa un gros plan des mains de Guennadi Ianaïev, le chef de la conspiration. Elles tremblaient ! L'homme était faible, la population pouvait oublier sa peur. Le 22 août, tout était terminé, l'armée avait fraternisé avec la foule. Mikhaïl Gorbatchev put regagner Moscou. Les putschistes furent arrêtés.
La fin de l'URSS vit la renaissance de la Russie. L'idée d'empire resta fortement ancrée dans les esprits. Après l'Empire soviétique, l'Empire tsariste allait servir de marqueur à l'imaginaire collectif, alors que l'idée de démocratie libérale s'estompait. Comme le souligne Dmitri Trénine, directeur du centre américain Carnegie à Moscou : "Vingt ans après, la Russie ne se voit toujours pas comme une nation."
Les changements sont pourtant considérables. Désormais les Russes voyagent, placent leur argent où ils veulent, lisent la littérature de leur choix et n'ont plus besoin de se réfugier à la cuisine, comme c'était le cas, de Staline à Brejnev, pour exprimer une opinion sans craindre d'être épiés par les micros planqués dans les téléphones, les plafonds... "En 1991, nous nous sommes ouverts au monde, c'est vrai. Pourtant, nous ne nous sentons toujours pas propriétaires de ce pays contrairement à nos dirigeants", déplore Guennadi l'architecte.
Mettre l'accent sur l'enrichissement personnel et sur la consommation a, certes, permis de consolider la "monarchie" érigée en modèle à l'avènement du tsar Poutine, susceptible de briguer un nouveau mandat à la tête du pays au moment de la présidentielle en mars 2012.
Mais le modèle a ses limites. Partiellement démantelé par Boris Eltsine en 1992, le FSB, le successeur du KGB (la police politique soviétique), a beau être la "nouvelle noblesse", selon l'expression de son ancien chef Nikolaï Patrouchev, le monopole absolu des "hommes en épaulettes" ne peut que nuire à la modernisation voulue par le Kremlin.
La jeunesse l'a compris et ne songe qu'à une chose : partir. Selon un sondage réalisé par le centre VTsIOM, les 4 et 5 juin, auprès de 1 600 personnes dans 46 régions russes, 39 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans veulent s'installer à l'étranger. Les plus déterminés sont ceux qui utilisent l'Internet (33 %) et ceux qui sont les plus diplômés (29 %). En trois ans, 1,2 million de personnes ont émigré, pour la plupart il s'agissait de jeunes tout juste sortis de l'université.
Rien à voir avec la vieille émigration soviétique. "Les gens ne partent pas comme c'était le cas jadis pour pouvoir acheter trente sortes de saucissons à l'étranger, tout cela existe en Russie et, à y regarder de plus près, la liberté existe aussi", rappelle la journaliste Alla Bogolepova dans Les Nouvelles de Moscou. Alors pourquoi cette envie de fuir ? "Les routes en mauvais état, l'insolence des fonctionnaires, l'irresponsabilité de la police (...) n'y sont pour rien. Les gens partent parce que l'homme est devenu un loup pour l'homme."

PME: Royal veut une banque publique

Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste, préconise la création d'une banque publique pour le financement des PME et une réorientation générale de l'investissement bancaire au profit de l'économie réelle, dans un entretien à Dimanche Ouest-France.

"Il faut mettre enfin le service bancaire au service des entreprises. Aujourd'hui, le crédit est trop cher. Les banques gagnent plus d'argent en spéculant qu'en investissant dans les entreprises. Il faut changer les règles de fonctionnement et les obliger à financer l'économie réelle", déclare-t-elle. "Il faudra créer une banque publique de financement pour les petites entreprises qui ont des projets, mais qui ont du mal à obtenir des prêts bancaires", souligne-t-elle, sans détailler davantage cette proposition.

"Pas de hausses d'impôts"

En matière de fiscalité, Mme Royal réaffirme son opposition aux hausses d'impôts, jugeant prioritaire la lutte contre la "fraude fiscale". Elle se prononce pour le maintien, parmi les niches fiscales, de celles "qui favorisent la croissance verte". Concernant l'agriculture, elle suggère de "réformer les aides pour encourager les agriculteurs à produire propre", notamment au regard du phénomène des algues vertes.

Ségolène Royal doit se rendre ce dimanche à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) où elle visitera notamment les chantiers navals STX et une plage touchée par les algues vertes.

MADAME NEUNEU JOUE LES PROUDHON, OU ALORS VEUT-ELLE RECRÉER LA BANQUE DE JACOB WITT DE 1835 ? 
QUELLE CONNE !!!

Sortir de la crise ? En allant plus loin dans le fédéralisme qui nous y jette !

« Il n’y a aucune perspective de croissance économique négative. La croissance peut être plus faible qu’attendu, plus faible qu’anticipé. Mais nous ne prévoyons pas de croissance économique négative, de récession. » Tel était, jeudi, l’avis clair et, semble-t-il, définitif, du président de l’Union européenne. Herman Van Rompuy a par ailleurs répondu à Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, sur la présidence de la zone euro, qu’il faisait « déjà ce boulot ».
« C’est le sommet de la zone euro d’octobre qui décidera de la nouvelle architecture institutionnelle de gouvernance économique de la zone euro, a-t-il précisé. Je ne peux donc pas accepter quelque chose qui n’a pas encore été officiellement offert, même si je fais déjà ce boulot. »
En clair, cela signifie que la pression fédéraliste est toujours plus forte ; et que nous n’aurons guère à attendre pour savoir à quelle sauce nous serons mangés : octobre !
Herman Van Rompuy est loin, on le sait, d’être seul sur cette ligne. Le Portugal a soutenu jeudi cette perspective en maintenant « une position favorable à une plus grande intégration économique dans l’espace européen », comme le souligne une note du cabinet du ministre des Affaires étrangères Paulo Portas ; qui ajoute, si besoin était de préciser : « Le renforcement de la gouvernance économique est cohérent avec l’union monétaire dans laquelle nous vivons, pour davantage de stabilité et de cohésion. »
Certes, la stabilité est nécessaire à l’heure où, malgré les propos lénifiants d’Herman Van Rompuy, les places financières n’en finissent plus de rechuter. Et que les banques ne savent plus à quel saint se vouer – sans doute n’ont-elles pas essayé saint Matthieu… Ainsi, observe l’économiste en chef de la Banque centrale européenne, Jürgen Stark, « des banques de certaines régions de la zone euro préfèrent déposer leurs liquidités auprès de la BCE plutôt que de le prêter à d’autres banques », de peur que celles-ci ne s’écroulent. Il est vrai que, en Europe, par exemple, les craintes sur la crise des dettes souveraines affectent tout particulièrement le secteur bancaire. Mais, de ce fait, elles finissent par gripper l’approvisionnement en liquidités. La Fed, également, s’en inquiète. Quant à la BCE, elle a indiqué avoir accordé un prêt de 500 millions de dollars pour sept jours, destiné à une seule banque, dont l’identité n’a pas été précisée…
Jürgen Stark, comme le président de l’Union européenne, prône dès lors comme solution un fédéralisme total : « Nous aurions besoin d’une Constitution européenne avec des transferts de souveraineté de tous les pays. »
Il est tout de même symptomatique, alors que les marchés asiatiques, américains (du nord et du sud), européens, mondiaux en définitive, multiplient les journées noires, que les politiques continuent de jouer la méthode Coué contre la réalité.
Les acteurs, pourtant, n’en finissent plus de tirer la sonnette d’alarme. « Il semble qu’on se prépare pour une fin de semaine très moche, avec un marché dominé une fois de plus par la peur et la panique », soulignait jeudi Ben Potter, d’IG Market. Il est vrai qu’à ne regarder que chez nous les replis de la journée sont impressionnants : 4,49 % à Londres, 4,70 % à Madrid, 5,48 % à Paris, 5,82 % à Francfort, 6,15 % à Milan, etc.
La banque Morgan Stanley, elle, n’y va donc pas par quatre chemins. Elle considère désormais l’Europe (et les Etats-Unis) comme « dangereusement proches de la récession ». Et, par conséquent, elle revoit à la baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2011 (+ 3,9 % contre + 4,2 %) et 2012 (+ 3,8 % contre + 4,5 %). Des prévisions, qui, on peut le comprendre, ne sont pas faites pour rassurer les investisseurs…
« Je ne pense pas que le danger d’une autre récession nous guette », a chanté, sur le même air qu’Herman Van Rompuy, pour les rassurer le président Barack Obama.
En attendant, les gouvernements n’en cherchent pas moins les moyens de sauver un tant soit peu la croissance. Paris devrait annoncer mercredi, à l’occasion du conseil des ministres de rentrée, ses pistes pour réduire les déficits publics. La situation est en effet d’autant plus délicate que l’austérité qui se profile chaque jour davantage ne peut être compensée, comme autrefois, par une dévaluation de la monnaie. Car, n’est-ce pas ? il n’y a plus de monnaie. Ou, plus exactement, nous n’exerçons plus de souveraineté sur la monnaie que nous utilisons, et qui ne nous appartient plus…
Notre dépendance se manifeste dans bien d’autres domaines. Dans une réunion consacrée à la crise, le président colombien Juan Manuel Santos et son homologue argentin Cristina Kirchner ont souligné que les turbulences financières et économiques en Europe et aux Etats-Unis « peuvent constituer une magnifique opportunité pour la région ». En effet, précisait Cristina Kirchner, « nous avons l’avantage, car nous possédons ce que n’ont pas les pays en crise : l’eau, l’énergie et les ressources naturelles. »
Il y a pourtant – ou plutôt : parfois – des éclairs de lucidité. Jeudi, le ministre suédois des Finances Anders Borg a souligné la gravité de la situation : « Il faut espérer que cela n’ira pas aussi mal que pendant l’automne 2008, mais le risque que cela soit plus grave que je ne le croyais, ce risque a grandi aujourd’hui. »
Pourtant, la lucidité du constat n’est pas toujours suffisante. Après Georges Soros, Jacques Delors a tiré jeudi la sonnette d’alarme : « Ouvrons les yeux : l’euro et l’Europe sont au bord du gouffre. »
Il n’en tire pas moins la même conclusion que les autres. « (…) pour ne pas tomber le choix me paraît simple : soit les Etats membres acceptent la coopération économique renforcée que j’ai toujours réclamée, soit ils transfèrent des pouvoirs supplémentaires à l’Union. »
Autrement dit, accélérons sur le chemin qui nous a conduits jusqu’ici…
Quousque tandem ?

Pas d'élections anticipées en Grèce

Le Premier ministre grec, George Papandréou, a exclu dimanche d'organiser des élections anticipées, malgré la crise économique et sociale dans laquelle le pays est plongé depuis des mois.

"Notre gouvernement a été élu démocratiquement, nous allons remplir le mandat que les citoyens grecs nous ont confié jusqu'au bout. Les citoyens veulent du changement, pas des élections", a déclaré M. Papandréou dans une interview au journal Real News.
D'après lui, si chacun continue de travailler dur, "nous pourrons montrer le vrai niveau de notre économie". "Si nous faisons tous notre travail, en mettant en place de grandes réformes, non seulement il n'y aura pas besoin d'autres mesures (d'austérité) mais nous serons très vite en mesure de corriger les injustices créées par les décisions prises dans l'urgence", a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement grec a catégoriquement nié tout scénario de sortie de l'euro: "il n'est pas question de sortir de l'euro, au contraire, de cette aventure que nous avons connue à cause du précédent gouvernement (conservateur) l'euro va sortir renforcé".

JMJ - Le pape clôt les JMJ à Madrid

En conclusion de la manifestation, Benoît XVI a appelé les jeunes à ne pas vivre leur foi en solitaire.

Environ un million et demi de jeunes catholiques, selon le Vatican, ont assisté dimanche dans la ferveur, sous le soleil revenu après un violent orage, à une immense messe célébrée par le pape en clôture des Journées mondiales de la jeunesse à Madrid. "J'aimerais pouvoir vous rencontrer dans deux ans" à Rio, a dit Benoît XVI, âgé de 84 ans, aux 10 000 Brésiliens présents en annonçant les prochaines JMJ à Rio de Janeiro en 2013. Les jeunes Brésiliens présents ont exulté, applaudi, chanté, agitant leurs drapeaux jaune et vert. Le Brésil est le plus grand pays catholique au monde, mais les évangélistes y progressent rapidement. La croix des JMJ a été remise par de jeunes Espagnols de rouge vêtus à de jeunes Brésiliens en jaune.
Benoît XVI était arrivé en papamobile au milieu de la foule bigarrée des jeunes de 193 pays, qui venaient de passer une nuit blanche sur la base aérienne de Cuatro Vientos. Il était monté sur l'immense estrade blanche surmontée d'un arbre de vie, symbolisant la croissance de la foi, mais dont la construction coûteuse a été critiquée par le camp laïque. Au milieu de centaines d'évêques et de prêtres, le pape, portant une chasuble jaune dorée, paraissait fatigué. Il fermait parfois les yeux pendant les lectures et les témoignages.
Marée humaine
Selon le Vatican, citant des évaluations de la police espagnole, les participants à la veillée et à la messe pourraient avoir été jusqu'à 1,5 million. Dans la marée humaine, le plus grand rassemblement jamais organisé en Espagne, le recueillement le disputait à la fatigue. Comme le veut le pape, la liturgie a été classique, solennelle, sans innovations, avec certaines prières en latin. "J'espère que vous avez pu dormir malgré le mauvais temps. Je suis sûr que ce matin vous vous êtes réveillés en levant plus d'une fois les yeux au ciel, pas seulement les yeux, mais aussi le coeur", avait lancé de bonne humeur le pape à son arrivée.
En présence du roi Juan Carlos et de la reine Sofia, Benoît XVI a demandé aux jeunes catholiques de travailler "dans la communion de l'Église". "On ne peut pas suivre Jésus en solitaire", a-t-il prévenu, alors que l'Église est divisée en multiples tendances, progressistes et conservatrices. "N'ayez pas peur d'être catholiques", soyez "des témoins courageux et sans complexes, authentiques et crédibles", a-t-il recommandé en français après l'angélus. "La foi n'est pas une théorie", a-t-il ajouté en allemand, et en portugais il a averti les jeunes catholiques qu'ils allaient "se sentir à contre-courant" dans "la culture relativiste qui renonce à chercher et à posséder la vérité".
Violents orages
La nuit à la belle étoile avait été courte, dans des conditions spartiates sur l'immense esplanade à huit kilomètres de Madrid. Le violent orage qui avait perturbé samedi soir la veillée, arrachant la calotte blanche du pape, a eu de sérieuses conséquences sur l'organisation. Sept pèlerins ont été légèrement blessés quand s'est écroulée l'une des dix-sept tentes où l'adoration du saint sacrement était proposée aux jeunes. D'autres tentes dans lesquelles les hosties étaient entreposées ont été endommagées. De ce fait, des stocks d'hosties manquaient pour la communion. En raison d'indispositions dues à la chaleur, 1 580 pèlerins ont eu recours aux services sanitaires et 50 ont été hospitalisés, selon la sécurité civile espagnole.
Le pape n'avait pas semblé déstabilisé par le violent orage. Il était resté souriant, sous un grand parapluie blanc. Selon son porte-parole, le père Federico Lombardi, "le pape est très favorablement impressionné par la résistance des jeunes et leurs prières". Les pèlerins parlaient souvent de l'orage comme d'un signe divin. "Cette pluie a été comme une bénédiction. On avait eu tellement chaud", résumait Ryoko Hasunuma, une religieuse japonaise. Face à l'affluence, des milliers de jeunes n'avaient pas pu rentrer samedi soir sur l'aérodrome, ce qui a créé une grande frustration. Certains ont suivi la cérémonie depuis un autre terrain proche.

Une « règle d’or » biseautée

Présenter un budget en équilibre pour ne pas creuser davantage la dette publique découle du bon sens. C’est l’objectif annoncé sous forme de « règle d’or » mardi dernier par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel pour l’ensemble de la zone euro. Avec une première difficulté : convaincre tous les partenaires de la monnaie unique afin que les « fourmis » (et futures « fourmis ») ne continuent pas à supporter les dettes des incorrigibles « cigales » sous des perfusions sans fin, plus, peut-être demain, ces « eurobonds » encore tant décriés.

Ce n’est pas le seul problème. La « règle d’or » à la française avec ses objectifs pluriannuels semble bien floue. Malgré les exhortations du Premier ministre François Fillon, la gauche - dont les voix sont nécessaires au Congrès en vue d’une inscription dans la Constitution - n’en démord pas en dénonçant le piège politique tout en exigeant que le gouvernement revienne sur ses multiples « cadeaux fiscaux » à la grecque au profit de sa clientèle électorale…

Mais derrière cette polémique apparaît aussi la crainte diffuse de voir l’Etat se lier les mains en se désengageant de plusieurs de ses obligations. Ainsi, dans l’incapacité de payer sous prétexte d’équilibre budgétaire à respecter, l’Etat pourrait privatiser à tout va ou se débarrasser de nombre d’actifs. Des exemples existent : plusieurs pays encadrés par le FMI ont dû subir ce sort et les plans d’aide à la Grèce exigent des privatisations à l’encan de services publics…

On l’oublie trop souvent, l’Allemagne présentée en parangon de vertu par le gouvernement français, avait abandonné une première fois cette « règle d’or » (plus justement appelée « frein à l’endettement ») pourtant inscrite dans sa Loi fondamentale de 1949 dans l’esprit d’une gestion publique en « bon père de famille ». Des décennies durant impossible à appliquer face aux aléas économiques et politiques, le texte a été remis au goût du jour (celui du libéralisme…) en 2009 avec application en 2016 au niveau fédéral et en 2020 dans les Länder. Mais avec de multiples exceptions en cas de coup dur comme des catastrophes naturelles et des cataclysmes économiques !

L’Allemagne est loin d’être ce rempart « anti-dettes » trop complaisamment cité en exemple puisqu’elle se réserve le droit d’agir comme agirait n’importe quel particulier : emprunter, s’il n’y a pas d’autres solutions… Et pour un Etat, cette attitude relève de la normalité. Tant pis si le rempart n’est que paravent !

Alors, à quoi sert cette « règle d’or » de toute façon biseautée ? Elle entre dans l’arsenal psychologique « anti-spéculation », elle doit montrer que les Etats s’engagent à tous les efforts pour garder leur crédibilité financière et, pour certains, leur fameux « triple A ».

Certes, dans la guerre des marchés où les rumeurs les plus folles semblent faire les décisions, tous les moyens sont bons. Mais n’en doutons pas : la France sera surtout jugée sur son projet de budget 2012 avec ses rentrées fiscales et ses économies potentielles. Pas sur un codicille à ajouter à la Constitution.

Quelle règle d’or ?

« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux » (Evangile selon Matthieu, chap. 5, v. 12).

Mais qu’est-ce donc qui affole ainsi les marchés boursiers, alors que le couple franco-allemand vient précisément de s’employer à les rassurer ?
Qu’est-ce qui va sortir de ce sombre tourbillon qui agite les eaux financières et politiques et auquel la grande majorité d’entre nous viennent d’assister en spectateurs, cet été, cherchant à repérer les grands courants sous-marins qui décident de notre devenir.
De quel pouvoir, par exemple, sont investies des agences de notation qui jettent leur sort sur nos peuples ?
Et nous sommes là avec nos questions plus terre à terre, mais vitales : où va la solidarité « nationale » entre ceux qui gagnent bien et ceux qui n’ont pas ou plus d’emplois ? A quelles valeurs voulons-nous à la fois rappeler les grands décideurs et aussi les proposer ou les imposer aux… émeutiers ? Va-t-on continuer à déstabiliser les services publics et en imposer autant à d’autres pays (la Grèce) ?
Les analystes nous diront à quoi correspond le yo-yo des milliards… Mais voilà que des choses sembleraient bouger plus en profondeur. Des déclarations inhabituelles se font entendre, des voix qui, tout à coup, trouvent un écho que l’on n’attendait pas - nous allons «  vers une taxation des hauts revenus », nous informe un quotidien qui ajoute que «  le gouvernement y travaille ». Voilà que les dirigeants français et allemand s’accordent précipitamment pour se faire « architectes » plutôt que « pompiers ».
Les banques tremblent ? Elles qui, plutôt que de consolider leurs fonds propres, ont distribué généreusement leurs larges bénéfices sous forme de dividendes ? Elles qui sont fortement engagées dans les pays en difficulté de la zone euro (645 milliards de dollars, dit-on, en ce qui concerne les françaises).
Parmi les propositions de l’axe Paris-Berlin, l’on trouve, outre la mise en place d’un « gouvernement économique » et d’une taxe européenne sur les transactions financières, la « règle d’or » à savoir l’équilibre budgétaire des pays européens - «  obligatoire », ajoute le président français.

Une attitude éthique

L’on connaissait la célèbre formule de Jésus, en exergue ci-dessus, comme « règle d’or » : une invitation à une attitude éthique vis-à-vis du prochain qui induit une reconnaissance mutuelle, une réciprocité, une sorte de partenariat humain, une communauté humaine au sein de laquelle l’on ne saurait se passer de l’autre.
Le président Sarkozy et la chancelière Merkel ont-ils pensé à une telle réciprocité en parlant de « règle d’or » à propos de la nécessité d’en venir à un équilibre budgétaire ? On entend bien qu’un tel équilibre suppose plus de recettes pour répondre aux dépenses, c’est-à-dire plus d’impôts, ou/et moins de dépenses, c’est-à-dire moins d’investissements publics, moins de solidarité sociale… à moins de parvenir à une répartition plus « juste » de l’impôt, une chasse aux niches fiscales.
C’est donc plutôt du côté d’une plus grande solidarité que l’on aurait attendu une véritable « règle d’or ».
Si le constat, implicite ou explicite que «  le système est à bout de souffle » peut non seulement susciter mais réaliser des mécanismes de fonctionnement basés sur une plus grande solidarité politique européenne, capable de faire des propositions quant au fonctionnement d’une mondialisation contrôlée, les secousses actuelles n’auront pas été inutiles.
La « règle d’or » de Jésus nous encourage à porter la foi des constructeurs soucieux de l’Homme.

La température monte au Moyen-Orient

La guerre des boutons revient au cinéma le 21 septembre prochain. Les bagarres des enfants de deux villages ruraux à la française, sur fond de guerre mondiale, soulève ront des éclats de rire, parfois grinçants. « Ce qu'ils sont bêtes, ces gosses ! » Si ce n'était aussi dramatique, on pourrait s'amuser des échanges puérils qui régissent depuis tant d'années les relations diplomatiques au Moyen-Orien t. « C'est lui qu'a commencé ! » « Non, c'est eux qui font rien que nous bombarder ! » « Puisque c'est comme ça, on rappelle notre ambassadeur. Excusez-vous ! » Le printemps arabe avait rappelé à la communauté internationale que l'Égypte jouait depuis 1979 un rôle d'apaisement avec Israël. Le départ de Moubarak faisait craindre une remise en cause des accords de Camp David : on y est. Des manifestants réclament l'expulsion de l'ambassadeur israélien au Caire. Israël « regrette » d'avoir tué cinq policiers - quand l'Égypte attend des « excuses » - et doit contrer cette escalade diplomatique, engagée qu'elle est dans celle de la violence avec les Palestiniens de Gaza. La Syrie est trop embourbée dans la guerre civile liée aux révolutions arabes, pour se préoccuper de son voisin hébreu. C'est « heureux », si l'on peut écrire, car la poudrière n'a jamais été aussi près d'exploser. Et la communauté internationale aussi incapable de s'imposer d'une seule voix sur tous les fronts : la Syrie, la Libye, l'Irak… Pourvu que les aspirations démocratiques des peuples arabes ne soient pas étouffées par les haines historiques, culturelles et religieuses, qui les feraient tomber de l'horreur d'une dictature dans celle de guerres meurtrières.

Affaire DSK : Kenneth Thompson redoute un abandon imminent des poursuites

L'avocat de Nafissatou Diallo, la femme qui accuse Dominique Strauss-Kahn de l'avoir violée dans un hôtel de New-York le 14 mai, s'attend à un abandon prochains des charges qui pèsent sur DSK. Sa cliente a été convoquée lundi, à 15 heures, par le procureur Cyrus Vance.
"Mon interprétation (...) c'est qu'ils vont annoncer qu'ils classent complètement l'affaire, ou abandonnent certains des chefs d'accusation", a déclaré l'avocat Kenneth Thompson au New York Times. "S'ils ne s'apprêtaient pas à abandonner les poursuites, ils n'auraient pas besoin de la rencontrer. Ils iraient juste au tribunal le lendemain et diraient 'nous allons poursuivre l'affaire'", a-t-il ajouté. En effet, une autre audience  prévue de longue date, est programmée, mardi, en présence de l'ancien patron du FMI.
UN COURRIER "NÉGATIF ET DÉSOBLIGEANT"
De son côté, Douglas Wigdor, l'associé de Kenneth Thompson, a indiqué que le courrier adressé à Nafaissatou Diallo pour l'informer de sa convocation "était très négatif et désobligeant". Il est "symbolique du traitement dont elle a souffert durant toute cette épreuve, et dans ses interactions avec le bureau du procureur".
La  défense de Nafissatou Diallo a été fragilisée par des éléments mettant en doute sa crédibilité, la plaignante ayant plusieurs fois menti sous serment. Si l'affaire est classée, Dominique Strauss-Kahn qui avait plaidé non-coupable le 6 juin de sept chefs d'accusation, dont tentative de viol, agression sexuelle et séquestration, sera libre de rentrer en France. Toutefois, les avocats de Mme Diallo ont intenté une action civile, le 8 août, pour obtenir de DSK des dommages et intérêts.
Plusieurs médias américains ont par ailleurs rapporté vendredi que Kenneth Thompson avait offert de retirer sa plainte au pénal en échange d'un arrangement financier, une information aussitôt démentie par l'avocat.

Des lecteurs impuissants et en colère

Lorsqu'un plaidoyer pour l'Europe suscite une avalanche de commentaires furieux des lecteurs, un journaliste de la Zeit décide d’aller rencontrer l’un d’entre eux. Pourquoi cette colère contre Bruxelles ? La réponse est surprenante et inquiétante à la fois. 

Je fais la connaissance de M. en lisant un de ses commentaires d’un article de la Zeit. Un collègue a réalisé un entretien avec Klaus Kinkel, le dernier ministre des Affaires étrangères de Helmut Kohl, qui défend l’Europe et estime que l’Allemagne doit se porter garante des pays pauvres de l’union monétaire. L’entretien suscite près de 200 commentaires. Le numéro 105 est signé M. : "C’est comme ça quand on laisse faire les gens qui friment et qui brassent de l’air." C’est Kinkel qui est visé. Selon M., l’Europe aurait avant tout ouvert en grand la porte à "ceux qui pensent n’être responsables que de leur compte en banque". Et ceux d’en haut, comment traitent-ils ceux d’en bas ? "Comme de la merde."
Je clique sur le profil de l’utilisateur. Les lecteurs prennent des pseudonymes comme "malin", "matraque" ou "presse mensongère". Pour sa part, M. a choisi "jgmischke" [des initiales et un nom]. Il a déjà posté quelque 500 commentaires. Sous un article annonçant que la Commission européenne veut indemniser les agriculteurs ayant subi des pertes liées à l’épidémie d’Escherichia coli, il commente : "L’euro-cratie ne cesse de tomber plus bas, au point de ressembler de plus en plus à un libre-service." Parmi les commentaires sur la crise de l’euro, on compterait sans doute une bonne majorité de voix contre la monnaie unique. Mais d’où viennent donc cette déception et cette colère ?
J’envoie à M. un e-mail pour lui demander si je peux le rencontrer, car j’aimerais savoir pourquoi il est tellement en rogne – contre l'Europe, la politique. Sa réponse ne met que deux heures à arriver. Au début, M. a pris mon e-mail pour du spam, pour une blague. Mais ensuite, l'idée lui a plu. Il m’envoie son adresse : il vit dans une petite ville de l’Allemagne profonde, en Westphalie. Lorsque nous montons dans sa Fiat, je suis très surpris. Je me l’étais imaginé différent, peut-être moins normal, plus agressif. Je m'étais peut-être même attendu à un chômeur, à quelqu’un qui ne va manifestement pas bien, et je m’en veux.

"On est gouvernés par des imbéciles"

M. a 53 ans. Il me raconte sa vie, un peu excité et sans ironie. Avant de s'installer à la campagne, il travaillait à Düsseldorf, dans l'administration financière, travail qui ne le passionnait guère. Un jour, sa femme et lui ont acheté un numéro du magazine Geo qui publiait un classement de toutes les villes allemandes en fonction du niveau de pollution ; Düsseldorf affichait le pire score, tandis que la Westphalie se classait très bien. "C'est pour cela que nous sommes venus ici."
Pour lui, ce fut un tournant. Il s’est installé à son compte comme programmeur, puis ses deux enfants sont nés. M. travaillait à la maison et il était là "quand il fallait faire faire les devoirs et taper du poing sur la table". A l'entendre, c’était la belle époque. Aujourd’hui, il travaille toujours comme programmeur, mais il est salarié d’une entreprise de taille moyenne.
Côté politique, M. a jeté l’éponge il y a quelques années. Avant, il s’était présenté avec son fils au conseil municipal. Pour les Verts. Sans espoir : le village est un bastion de la CDU, depuis des dizaines d’années. M. ne mâche pas ses mots : "On est gouvernés par des imbéciles. C’est ça le problème." Lorsqu’il parle de politique, il se met en rage, et son discours laisse transparaître presque autant de colère que ses commentaires.

Bruxelles semble très loin

Pourquoi est-il si furieux ? "A la longue, l’impuissance rend furieux", me répond-il. Il a l’impression qu’on ne lui demande guère son avis. "C’est comme si on était dans un train dont les conducteurs sont saouls et foncent droit dans le mur. Les portières sont fermées et personne ne peut descendre". Lorsqu'on entend parler de l’Europe ici, dans ce salon de Westphalie, Bruxelles semble très loin. "Les règlements sur les ampoules – on n’en discute pas", dénonce-t-il ; tous ces textes sont simplement "élaborés". Et ça a toujours été comme ça, d’abord avec l’euro, et maintenant avec la Grèce, le Portugal et l’Irlande.
M. estime que le personnel politique devrait être mieux contrôlé. Et qu'il devrait même être sanctionné lorsqu’il prend une mauvaise décision. Il faudrait plus de spécialistes, et des équipes qui prennent objectivement de bonnes décisions, pas des décisions politiciennes. Plus on discute avec lui, plus on comprend qu'il n'a absolument rien d'un marginal. En fait, c'est plutôt un Allemand lambda, l'un d'entre nous. Il n’a pas de problèmes particuliers, il a un travail, plusieurs voitures – comme la plupart des Allemands.
Faut-il avoir de la compassion pour lui ? Le comprendre ? Lui reprocher de voir les choses trop simplement ? Toujours est-il que ce n’est pas seulement la politique qui s’est éloigné de lui, et que c’est aussi M. qui s’est écarté d’elle ; il a délégué la politique aux dirigeants politiques, pour ensuite dénigrer leur travail. Parfois, me confie-t-il vers la fin de notre entretien, il monte sur le toit de sa maison et regarde les étoiles à travers un télescope. Et il voit à quel point notre planète est petite, à quel point tant de choses qui l’intéressent sont dérisoires. Sur le chemin du retour, il ne me reste que cette phrase en mémoire : "Je suis trop petit pour changer le monde."